La recherche aquacole relève entièrement du Ministère de la Recherche Scientifique et Technologique pour le développement (MRSTD) excluant ainsi toute participation du secteur privé. Dans le cadre des projets qu'il exécute, le MERH entreprend aussi des recherches appliquées et des recherches de développement qui répondent aux besoins immédiats des utilisateurs.
Les organismes qui effectuent des recherches aquacoles sont actuellement au nombre de quatre:
Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural (CENRADERU ou FOFIFA)
Créé en 1974, ce centre comporte un Département de recherches forestières et piscicoles (DRFP) qui intervient dans les recherches sur la pêche et l'aquaculture continentale.
La FOFIFA a le statut d'établissement public à caractére industriel et commercial (EPIC), doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Elle est sous la tutelle du Ministère des finances pour ce qui concerne l'administration financière. L'instance de décision du FOFIFA est le Conseil d'administration avec des représentants des Ministères de tutelle, de la Direction générale du FOFIFA, du Ministère de l'agriculture, du MERH et de la Direction générale du plan. Ce conseil identifie les besoins de recherche, en consultation avec tous les intéressés et détermine l'ordre de priorité des interventions de la recherche en fonction des objectifs du plan de développement agricole. Il décide de l'allocation des ressources humaines, financières et matérielles mises à la disposition du FOFIFA.
Le Directeur général est conseillé par un Comité scientifique sur le contenu et le financement des programmes scientifiques. Ce Comité scientifique a pour attributions d'évaluer les travaux de recherche et les activités des chercheurs, de donner ses avis sur la documentation scientifique, la diffusion des résultats de recherche et les liaisons avec les organismes scientifiques extérieurs et les responsables du développement.
Centre National de Recherches Océanographiques (CNRO)
Créé en 1977, c'est un établissement public à caractère industriel et commercial doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Il est à la fois sous la tutelle du Ministère des Finances et du MRSTD. Il participe à l'élaboration et à la mise en oeuvre de la politique nationale en matière de recherche concernant le développement et la rationalisation de l'exploitation des ressources marines et halieutiques.
Jusqu'ici, le CNRO n'a pas inclu de programmes relatifs à l'aquaculture mais, en effectuant des études de biologie des espèces marines comme les crevettes, il participe indirectement à la recherche aquacole.
Unité de Formation Supérieure Halieutique (UFSH)
Instaurée en 1986 au sein de l'Université de Toliara, l'UFSH a pour mission de former des ingénieurs halieutes. Elle effectue également des recherches. Elle est placée sous l'autorité d'un Directeur et dotée d'un Conseil d'orientation.
Depuis ses cinq ans d'existence, les thèmes étudiés par les étudiants dans le cadre de leur mémoire de fin d'étude se rapportant à l'aquaculture sont au nombre de 11 sur 50. Selon la Coordination du projet, ils sont choisis après concertation avec le département utilisateur (MERH, projets de développement) et en fonction des opérateurs et de la capacité de l'étudiant.
En matière de recherche proprement dite, pour la première fois, l'UFSH a entrepris en 1992 des études en aquaculture visant à la production en masse de cistes et d'adultes d'artemia (Artemia salina) destinés à la production de post-larves dans les fermes crevettières malgaches.
Centre National de Recherches sur l'Environnement (CNRE)
Il a le même statut juridique que le CENRADERU, le CNRO et l'UFSH. Comme ces deux derniers, il intervient indirectement au programme de recherche aquacole en s'occupant des zones de mangroves.
Il faudrait ajouter à ces quatres organismes les projets de développement actuellement fonctionnels qui exécutent des recherches de développement et des recherches appliquées: MPARA/PNUD/FAO-MAG/86/005, MERH/PNUD/FAO-MAG/88/005 et MERH/PNUD/FAO-MAG/88/006.
L'intérêt des malgaches pour la pisciculture n'est pas récent, bien que l'élevage ait été jusqu' à présent, essentiellement de type extensif à faible rendement. Cet engouement a été mis à profit par le Service des Eaux et forêts dès l'année 1953 qui a vu la création d'un Service spécialisé de coordination et de recherche piscicole. L'une de ses responsabilités était de construire et de mettre en oeuvre des stations piscicoles où s'effectuaient les mises au point de techniques d'élevage et la formation de personnel.
De 1961 à 1973, la recherche a été confiée au Centre technique forestier tropical et le champs d'investigation élargi à la sélection génétique des espèces, à la reproduction induite de la carpe royale, à l'hydrobiologie et à la mariculture (élevage de Chanos chanos, système acadja en collaboration avec le PNUD/FAO). Le CTFT a adapté au milieu particulier de Madagascar les schémas d'élevage qui commençaient à se développer sur le continent africain, à savoir la construction d'étangs, la production d'alevins, la vulgarisation.
A partir de 1974, la relève a été prise par le DRFP. Bien que la recherche et le développement fussent rattachés à deux départements ministériels différents, leurs activités restaient étroitement liées, étant dirigées par une même personne et ce jusqu'en 1990.
La disponibilité théorique en poisson per capita a augmenté de 4,9 kg en 1960, à 7,4 kg en 1989, soit une augmentation de 51 pour cent. Dans le plan quinquennal 1986/1990, l'un des objectifs pour le développement agricole était l'autosuffisance alimentaire. Pour y arriver, on a développé les exploitations paysannes qui étaient considérées comme les plus aptes à répondre rapidement aux sollicitations du marché. En gros, ce plan 1986/1990 attribuait un rôle primordial à la recherche agricole dans la réalisation des objectifs de développement de l'aquaculture. Le plan directeur de la recherche agricole paru en 1988 précise que le développement intensif de l'aquaculture pourrait contribuer au redressement de la situation nutritionnelle défavorable qui frappe surtout le milieu rural. Ce secteur figurait parmi les programmes de recherche prioritaires en raison de son importance nationale.
On estimait pouvoir obtenir l'accroissement de production par:
la mise au point de techniques de production adéquates basées sur la connaissance parfaite de la biologie des espèces intéressantes et des systèmes d'élevage;
une meilleure interaction entre recherche et développement par le renforcement des liens avec la vulgarisation.
La stratégie du programme à court terme reposait sur:
la mise à disposition des résultats immédiatement disponibles;
la réduction des coûts de recherche;
l'affection des ressources à des thèmes susceptibles de produire des résultats utilisables rapidement.
Le plan 1992–1996 reprend en matière de recherche la même politique que celle du plan précédent, à savoir la rapide croissance du secteur agricole. On peut donc statuer que ce sont les plans nationaux de développement qui ont déterminé les objectifs des programmes de recherche, surtout à partir de 1986. Ces objectifs, rappelons-le, sont liés à l'accroissement de la production.
Après la mise en place des différents services et moyens (laboratoire, stations piscicoles, formation de personnel, introduction d'espèces exotiques) pour la mise en oeuvre des programmes de recherche, les actions entreprises ont couvert plusieurs aspects:
biotechnologiques: sélection et reproduction des espèces, techniques d'élevage, systèmes d'élevage;
économiques: faisabilité de modèles de production et de gestion, estimation de la production, pré-vulgarisation;
environnementaux: délimitation des zones pouvant être aménagées en aquaculture, impact sur l'environnement;
sociaux: habitudes de consommation, niveau de vie, profils d'activités.
Cette section ne traite que des ressources se rapportant au DRFP, l'unique organisme officiel chargé de la recherche piscicole.
Infrastructures
Le Département des Recherches forestières et piscicoles (DRFP) dispose actuellement de deux stations piscicoles (Tableau 6).
Andasibe à l'est, à 125 km d'Antananarivo sur la route de Toamasina, d'une superficie de plus de 3 ha, dont 2,08 ha sous eau et 1,20 ha en production. Il s'y trouve une écloserie moderne d'une capacité de trois à quatre millions de carpillons, avec un petit laboratoire. Les cyclones y passent fréquemment et causent des inondations et des dégâts matériels importants, à l'origine de la dégradation actuelle des installations.
Kianjasoa, dans le moyen ouest, à 170 km d'Antananarivo, contenant 80 ares d'étangs. Cette station est également dotée d'une écloserie d'un modèle plus réduit que celle d'Andasibe. Elle est difficile d'accès en saison des pluies.
Tableau 6
Infrastructure de recherche (1992)
Station de pisciculture | Etangs | Superficie utilisée | ||
---|---|---|---|---|
Nombre | Superficie sous eau (ha) | ha | % total | |
Andasibe | 44 | 2,08 | 1,20 | 57 |
Kianjasoa | 26 | 0,80 | 0,40 | 50 |
Fin 1987, le DRFP a cessé de gérer la station de recherches d'Ampamaherana qui a été transférée au Ministère chargé de l'administration de l'aquaculture. Elle est redevenue opérationnelle après réhabilitation dans le cadre d'un projet et mise à disposition du projet MERH/PNUD/FAO-MAG/88/005, tout en lui assurant une autonomie financière.
Les étangs des stations d'Andasibe et de Kanjasoa ne sont pas suffisamment entretenus et sont sous-utilisés par manque de ressources financières et humaines qualifiées. L'écloserie d'Andasibe n'est pas opérationnelle actuellement, d'autant plus qu'elle est située en dehors des zones d'actions des projets actuels de développement.
Il est à noter que le DRFP a utilisé les installations rizicoles du Département des Recherches agronomiques (DRA) sis à Mahitsy pour la conduite d'essais de rizipisciculture. Ces essais mettaient à profit les recherches sur la fertilisation effectuées par le DRA.
En 1979/1980 des étangs de la saline d'Antsiranana étaient utilisés à titre gratuit pour des essais d'élevage de Chanos chanos.
Equipements
La DRFP dispose des équipements ci-après:
Tous ces équipements sont fonctionnels.
Financement de la recherche piscicole
Tableau 7
Budget de fonctionnement (en milliers de MGF)
1986 | 1988 | 1989 | 1990 | 1990/91 | 1991/92 | 1992/93 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Crédit | 15 000 | 16 500 | 5 083 | 11 000 | 18 000 | 17 667 | 14 700 |
De 1975 à 1989, la recherche aquacole a fonctionné sans assistance financière extérieure; elle était financée uniquement sur le budget local FNDE. Comme le montre le Tableau 7, le budget a été réduit à un tiers en 1989, avant d'augmenter à nouveau au cours des années suivantes.
A noter toutefois qu'en 1976 la recherche a bénéficié d'un financement de la Fondation internationale pour la science (FIS) pour l'amélioration de la reproduction de la carpe en laboratoire.
Ressources humaines
Une petite équipe de scientifiques composée de deux cadres supérieurs (un ingénieur halieute et un DEA), cinq techniciens et deux employés temporaires travaille sur l'hydrobiologie et les techniques d'élevage.
Compte-tenu des programmes de recherche envisagés pour la période 1992–1996, le programme aura besoin de deux cadres supérieurs supplémentaires (un biologiste et un généticien) et de deux autres techniciens.
Tous les cadres ont été formés sur place: les cadres supérieurs à l'Etablissement d'enseignement supérieur des sciences agronomiques (EESSA) et à l'Unité de formation supérieure halieutique (UFSH), et les techniciens à l'Ecole d'application des sciences et techniques agricoles (EASTA).
Au niveau de la recherche, un programme se définit comme un ensemble cohérent d'opérations de recherche qui concourent à l'obtention des résultats définis par des objectifs normalement liés aux priorités nationales. Le programme pisciculture comprend trois opérations: biologie des espèces, systèmes d'élevage et hydrobiologie.
Le programme “pisciculture” en eau douce a pour objectif d'augmenter la productivité piscicole. Pour y parvenir, un certain nombre d'opérations ont déjà été réalisées, soit entièrement, soit partiellement:
Par la Direction des Eaux et Forêts, le CTFT puis le DRFP
biologie des espèces
La carpe commune Cyprinus carpio, variété royale:
Des transferts de technologie relatifs à la reproduction induite et au contrôle de premier alevinage ont été également mis en oeuvre pour deux espèces nouvellement introduites: la carpe argentée, Hypophthalmichthys molitrix, consommatrice de phytoplancton et la carpe marbrée, Aristichthys nobilis, consommatrice de zooplancton et d'algues bleu-vert.
Les tilapias Oreochromis sp., Tilapia sp. et Paratilapia polleni:
étude sur l'évolution comparée des peuplements mixtes d'une seule espèce afin de déterminer la charge maximale en pisciculture semi-intensive;
hybridation interspécifique entre T. zillii et T. rendalli et entre O. mossambicus et O. niloticus.
Le black-bass à petite bouche Micropterus salmoides:
étude des conditions de reproduction de l'espèce et du ratio de mise en charge black-bass/tilapia assurant un contrôle optimal du recrutement en alevins de tilapia.
Heterotis niloticus:
association d'élevage de l'Heterotis niloticus avec les autres espèces.
Le cyprin doré Carassius auratus:
étude de ses performances zootechniques. La nécessité de l'étude a été liée au choix des consommateurs malgaches, friands de l'espèce.
Systèmes d'élevage:
pisciculture en étang et élevages associés (porc-poisson, canard-poisson);
pisciculture en rizière.
Hydrobiologie:
contrôle des caractéristiques physico-chimiques des eaux des stations de recherche piscicoles, notamment des étangs d'élevage;
études des populations de plancton et de benthos.
Par les différents projets de développement MPAEF/PNUD/FAO (1974 à ce jour)
Systèmes d'élevage:
pisciculture en étang et en rizière;
pisciculture en enclos et en cage.
Etude socio-économique:
production d'alevins par le secteur privé.
Le programme “aquaculture marine” en eaux saumâtre et marine porte sur:
La biologie des espèces
Le milkfish Chanos chanos:
détermination de la période de frai.
L'étude a été réalisée par le DRFP, en collaboration avec le MDR et le PNUD/FAO dans des étangs de la saline d'Antsiranana.
Les crevettes marines, genre Penaeus:
C'est le projet MERH/PNUD/FAO-MAG/88/006 qui a mené ces recherches à la ferme pilote de Nosy-Be.
Les systèmes d'élevage
Aquaculture de crevettes pénéides en étangs côtiers.
Aquaculture d'Artemia salina.
A l'origine, les recherches entreprises à Madagascar étaient de nature empirique et appliquée. Le programme prévoyait la création et le développement de la pisciculture en rizière et en étang, dans certaines régions des Plateaux et dans la zone intermédiaire de leur bordure orientale. La réalisation de ce programme nécessitait:
l'étude de la biologie des espèces pouvant s'acclimater aux conditions écologiques de Madagascar;
la mise au point de techniques d'élevage de poisson en étang et en rizière;
la mise en oeuvre d'une politique d'application et de vulgarisation de ces techniques, la production des alevins nécessaires, l'encadrement des pisciculteurs.
Ce qui revient à dire que la recherche et le développement, au lieu de se succéder dans le temps, ont été pratiquement mis en route en même temps, sous la direction du Service des Eaux et forêts qui comportait une section recherche.
Suite à une orientation globale de la recherche agricole effectuée en 1986/87 concernant les cultures d'autosuffisance alimentaire et qui doit être axée sur le redressement des rendements, le programme de recherche aquacole a été défini dans un document intitulé “Plan directeur de la recherche agricole”. Paru en 1988, ce programme a été conçu pour dix ans et édité par la Direction de la Planification et de la coordination du MRSTD. La pisciculture figure parmi la liste des programmes prioritaires. Le programme prévoit le renforcement des thèmes de recherche déjà retenus avant 1988: hydrobiologie, biologie des espèces, techniques de pisciculture, lutte contre les parasites et les prédateurs. Il découle de l'analyse des contraintes (surtout celles liées au développement) et des potentiels.
La recherche est financée sur les recettes d'exploitation (vente d'alevins et de poisson de consommation) et les subventions. On a cherché à bénéficier d'une coopération étrangère mais en vain. L'équipe de chercheurs devrait être renforcée à long terme en fonction des thèmes de recherche envisagés:
Hydrobiologie | 11 mois/an |
Lutte contre les parasites et les prédateurs | 6 mois/an |
Rizipisciculture | 5 mois/an |
Techniques de pisciculture | 9 mois/an |
Amélioration des espèces | 2 mois/an |
La coordination avec le Ministère utilisateur devra être maintenue en permanence en vue de tester les résultats techniques en milieu rural et d'identifier la nécessité de mettre au point d'autres techniques de recherche.
Un système de suivi et d'évaluation a été mis en place afin que la FOFIFA puisse informer les bailleurs de fonds sur l'exécution du Plan directeur de la recherche agricole (PDRA).
Quoi qu'il en soit, malgré les résultats acquis en recherche piscicole, on a constaté qu'il manque un système efficace de transfert de technologie et de communications entre la recherche et le département chargé de la vulgarisation.
La recherche aquacole a été incluse dans les différents plans quinquennaux qui se sont succédés dans le pays.
Le plan quinquennal 1986–1990 ayant fixé entre autre comme objectif l'autosuffisance alimentaire, a attribué un rôle primordial à la recherche agricole (dont l'aquaculture) dans la réalisation de cet objectif.
Le Plan directeur des pêches et de l'aquaculture pour la période 1992/1996 a été élaboré sur les bases du séminaire sur les politiques et la planification du développement des pêches et de l'aquaculture à Madagascar et du plan quinquennal 1992–1996 en cours d'élaboration, qui devrait avoir pour objectif principal l'accélération de la croissance agricole. Ce plan prévoit un programme de support aux principales institutions concernées par le développement des pêches et de l'aquaculture, dont celle de la recherche. La recherche aquacole a toujours été considérée comme un des moyens pour appuyer les schémas de développement existants.
Cette collaboration a été motivée par:
des contacts individuels entre chercheurs, vulgarisateurs et producteurs; ils ont lieu durant les cessions des surplus d'alevins qui n'ont pas servi aux recherches. Ce sont des occasions pour les chercheurs de se rendre compte sur le terrain des besoins des producteurs;
la disponibilité du secteur de production à accueillir les activités de recherche; beaucoup de producteur sont enclins à accueillir des recherches appliquées tout en espérant déboucher sur des productions améliorées;
la participation des producteurs, parfois par le biais des vulgarisateurs, à l'identification de programmes de recherche; des producteurs soucieux d'améliorer ou de diversifier leurs exploitations peuvent suggérer qu'on effectue des recherches sur une espèce donnée telle que grenouille, crevette, écrevisse, huître, anguille, etc.
Par manque de ressources financières et humaines, ce type de collaboration n'existe pratiquement plus avec le DRFP. En revanche, c'est devenu chose courante avec les projets de développement tels que MERH/PNUD/FAO-MAG/88/005 et MAG/88/006.
La collaboration recherche-production porte sur des sujets variés:
techniques: l'utilisateur fournit les équipements (écloserie, matériel d'écloserie et de laboratoire, etc.), tandis que la recherche procure la technologie et les produits (larves, alevins);
économiques: commercialisation (importation de souches sélectionnées, importation d'aliments, ventes de produits issus des recherches). En fait, il n'y a pas encore eu d'étude sur la commercialisation du poisson de consommation provenant de l'élevage, ni sur sa rentabilité (prix, circuits commerciaux, stratégies commerciales). La raison est due au fait que l'aquaculture en général et la pisciculture en particulier ne se sont jamais suffisamment développées à Madagascar, n'ayant pas d'impact substantiel sur l'économie d'autant plus que l'ensemble de la production est auto-consommé;
sociaux: par exemple, identification de technologies appropriées, accroissement des revenus des aquaculteurs, lutte contre les vols, création d'emploi;
environnementaux: par exemple, identification des zones à vocation aquacole et impact de la production sur l'environnement (système acadja pour lutter contre la désertification biologique de la lagune des Pangalanes).
De 1960 à 1983 les stations expérimentales bénéficiant de financement extérieur et/ou de financement local ont mené des programmes de recherche bien définis et ont obtenu des résultats vulgarisables, publiés dans des fascicules de vulgarisation ou sous forme de rapports annuels.
Les activités de recherche du DRFP sont actuellement extrêmement réduites par insuffisance de budget de fonctionnement et de personnel chercheur. Deux projets de développement et un de formation, financés par le PNUD et mis en oeuvre par la FAO, ont inclus dans leurs activités un volet de recherche d'appui et de vulgarisation des résultats. Il s'agit:
en aquaculture marine, du projet MERH/PNUD/FAO-MAG/86/02 “Ferme pilote d'aquaculture de crevettes à Nosy-Be” et du projet MRSTD/PNUD/FAO-MAG/84/002 “Développement des pêches. Formation de cadres” (UFSH); et
en aquaculture d'eau douce, du projet MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins”.
Ces projets ont élaboré des documents techniques basés sur les résultats de recherches appliquées obtenus en milieu rural; de plus, il font de la vulgarisation et organisent des séances d'information, de formation et d'évaluation de soutien. Des problèmes urgents sont résolus mais ceux des après-projets continuent à se poser avec acuité. En effet, plus les activités sur le terrain s'amplifient, plus les thèmes de recherche-développement deviennent nombreux.
Pour le futur, dans le domaine de la recherche-développement, il devient évident qu'une coordination de la programmation des activités d'aquaculture entre les institutions de recherche, l'administrateur de l'activité et les développeurs est primordiale. La répartition des travaux à réaliser devra se faire en fonction des thèmes de recherche, des moyens à mettre en oeuvre, des localités où seront menées les expérimentations.
Aquaculture en eau douce
Par la Direction des Eaux et Forêts, le CTFT puis le DRFP
Le programme pisciculture a réalisé les objectifs visés en ce qui concerne:
La biologie des espèces
Les différents travaux de recherche ont permis de sélectionner les espèces les mieux adaptées aux conditions de Madagascar. L'espèce principale est la carpe commune, Cyprinus carpio, variété royale.
Ont été mis au point:
La reproduction semi-contrôlée de la carpe par la méthode des kakabans et l'incubation en caisse, mettant les oeufs et les larves fraîchement écloses à l'abri des prédateurs.
La reproduction induite de la carpe commune et des carpes chinoises par injection d'extraits hypophysaires, avec incubation en jarre où le taux d'éclosion peut atteindre 95 pour cent. La méthode permet cinq fois plus d'alevins par femelle et par ponte qu'en reproduction naturelle.
La méthode de grossissement des larves jusqu'au stade d'alevins, avec production de plancton (rotifères surtout), leur aliment de base. Ici, c'est la fumure de poule qui s'est avérée le meilleur fertilisant pour la production de plancton.
La possibilité d'obtenir chaque année une double reproduction de la carpe commune dans le moyen-ouest, moyennant un nourrissage intensif des géniteurs entre les deux pontes.
Pour la sélection génétique, l'on a adopté la sélection des géniteurs “haute fécondité” en gardant des lots d'alevins issus des femelles les plus fécondes. Cette sélection massale a été ensuite suivie d'une sélection individuelle basée sur le taux de croissance et la morphologie externe des futurs géniteurs.
Parmi les tilapias étudiés, c'est O. niloticus qui présente la croissance la plus rapide. O. macrochir a donné les plus mauvais résultats. O. mossambicus et T. zillii ont eu en moyenne des croissances 25 pour cent plus faibles que celles d'O. niloticus.
Le cyprin doré (Carassius auratus) et le Paratilapia polleni, à croissance très lente, se sont révélés d'intérêt aquacole peu intéressant.
Le black-bass (Micropterus salmoïdes) s'est confirmé comme un prédateur efficace sur les alevins de tilapia.
La maîtrise des techniques de reproduction et d'alevinage de l'Heterotis niloticus a permis d'obtenir un taux de survie élevé des alevins. Il s'agit plutôt d'une espèce de grands lacs et barrages.
Les systèmes d'élevage
En étang: les essais comparatifs de production en étang fertilisé ont permis d'obtenir, après cinq mois d'élevage à la densité de mise en charge de 0,5 alevins/m2, les résultats suivants: O. niloticus: 4,195 kg/are; O. mossambicus: 3,105 kg/are; O. macrochir: 1,995 kg/are; T. zillii: 2,82 kg/are; C. auratus: 2,94 kg/are. Le poids moyen maximum observé a été le plus élevé chez O. niloticus (93 g) et le plus faible chez C. auratus (37 g). Avec C. carpio, les productions moyennes suivantes ont été obtenues:
nourriture + engrais organique: 2 022 kg/ha/an
nourriture + engrais minéraux: 1 997 kg/ha/an
nourriture + engrais organique et minéraux: 2 341 kg/ha/an
Les étangs se révèlent ici sous-exploités puisque des essais ont montré que le rendement annuel en pisciculture semi-intensive pouvait atteindre sans difficulté 3 000 kg/ha/an.
Les élevages associés porc-poisson, à la densité de un porc/are, ont permis d'obtenir des rendements de 3 t/ha/an, alors que les associations canard-poisson (10 canards/are), n'ont produit que 2,5 t/ha/an de poisson. La polyculture carpe-tilapia du Nil valorise mieux la présence d'un élevage associé que la monoculture. Mais en petits étangs l'O. niloticus tolère mal la concurrence.
En rizière: les premières productions obtenues dans les casiers d'environ 30 ares stockés en carpes et en O. mossambicus variaient de 16 à 72 kg par cycle de culture du riz, soit 120 jours.
Les essais conduits après 1976, avec les associations carpe et O. niloticus ont permis d'espérer des productions supérieures à 100 kg (305 kg/ha/4 mois) contre 183 kg/ha/4 mois en rizi-pisciculture familiale.
A la station agronomique de Mahitsy, un essai d'influence des engrais sur la production de carpe a été mené à partir d'alevins de 3 g, sans nourriture additionnelle, pendant 154 jours. Cet essai a montré la supériorité de l'application de la seule fumure organique sur tous les autres traitements (NPK, fumure + NPK), en termes de production à l'hectare (177 kg/cycle) et de taux de survie (62 %).
Hydrobiologie
On a vu plus haut la nécessité de produire massivement du plancton en étang d'alevinage.
Par ailleurs, des études écologiques en étangs de grossissement ont montré qu'on ne peut pas compter seulement sur la nourriture naturelle produite dans ces étangs pour produire des poissons de consommation, bien que les eaux possèdent les qualités requises pour l'élevage de carpe. Un apport additionnel de nourriture artificielle riche en protéines est nécessaire en plus d'une bonne fertilisation des étangs.
Les recherches qui n'ont pas été menées à terme sont l'élevage en cage, la biologie d'Ophicephalus striatus, l'élevage associé lapin-poisson, l'étude de la croissance de poissons nourris aux graines de Pinnatifida tacca (Moyen-Ouest).
Par les différents projets de développement
Les systèmes d'élevage
Pisciculture en étang en rizière
Le projet MPAEF/PNUD/FAO-MAG/88/005 a insisté sur l'approche pratique de la carpiculture, autant pour la production d'alevins que pour le grossissement.
Des essais avec la carpe commune ont démontré l'intérêt de densités élevées à l'empoissonnement, allant de 15 000 à 30 000 larves/are (1,5 à 3 millions par hectare) et de l'utilisation d'aliments de complément simples, comme du maïs et du son. Ces essais ont confirmé l'importance des facteurs de milieu, comme la température et le taux d'oxygène dissous, ainsi que de la productivité naturelle et de la fertilisation.
Des essais de rizipisciculture en milieu rural ont démontré que dans des rizières empoissonnées à 25 alevins de carpe/are (2 500 alevins/ha) des rendements de 200 à 250 kg/ha/cycle sont réalisables sans autre apport qu'une compostière.
Pisciculture en enclos et en cage
Au lac Itasy, un élevage en enclos de 20 ares à partir d'alevins de carpe de 2 g a été expérimenté. Après 3 mois de grossissement, les alevins atteignaient 50 g de poids individuel moyen. Ils furent relâchés dans le lac aux fins de repeuplement.
Toujours au lac Itasy, un élevage en cage fut entrepris avec O. niloticus. L'essai devrait être recommencé, tout en insistant davantage sur la qualité de la nourriture à distribuer et sur les densités d'empoissonnement.
L'étude socio-économique
Le projet MPAEF/PNUD/FAO-MAG/88/005 vise la création d'un réseau de producteurs privés qui doit assurer l'approvisionnement du milieu rural en alevins de carpe. Cette nouvelle approche de développement a été conduite avec un certain succès. Actuellement, on dénombre dans la zone d'action du projet 58 producteurs privés d'alevins (Tableau 3). L'étude de faisabilité d'une telle exploitation a été entreprise. Elle comprend l'étude de marché, l'étude technique, l'étude organisationnelle et l'étude financière.
Après avoir démontré l'existence d'un marché potentiel en alevins, l'étude a conclu à la faisabilité technique de la spéculation et à sa rentabilité financière, pour la vente en moyenne de 100 000 alevins par campagne et par producteur privé. Cette rentabilité financière doit pourtant être nuancée, car une chute de production de 30 pour cent en alevins réduit le taux de rentabilité de 71 à 31 pour cent.
Aquaculture marine
Dans le domaine de l'aquaculture marine, les recherches ont toutes été menées dans le cadre de projets de développement:
La période de frai du Chanos chanos se situe de novembre à mars. A partir de larves collectées dans les eaux côtières, des productions de 572 kg/ha/an ont été obtenues en quatre mois, sans apport alimentaires exogène.
En 1978, des acadjas ont produit 63 kg de poissons de différentes espèces sur une superficie de 25 ares, soit un rendement moyen de 250 kg/ha/an, alors que la productivité naturelle de la lagune des Pangalanes (Ambila) était estimée à 27 kg/ha/an en 1967 et à 8 kg/ha/an au début des années 1980.
En aquaculture de crevettes, la ferme pilote de Nosy-Be a:
testé et comparé différentes types d'aliments, importés ou locaux.
L'UFSH a entrepris des élevages expérimentaux d'Artemia salina dans les bassins de la saline de Toliara. L'étude a pour objectif la fourniture de cystes et d'adultes d'Artemia aux futures fermes crevettières. Une partie de la production pourrait être destinée à l'exportation. Les essais se poursuivent avec l'appui financier d'un privé et l'assistance technique d'un expert vietnamien.
Les recherches sur le Chanos chanos et le système acadja méritent d'être reprises afin de pouvoir compléter et confirmer les observations antécédentes.
L'objectif général du développement de la pêche et de l'aquaculture à Madagascar est d'augmenter la production de 104 000 t en 1990 à 144 000 t en 1996, d'élever le niveau de vie des pêcheurs et des pisciculteurs, d'améliorer la situation nutritionnelle des populations et d'accroître les exportations. A la base de la stratégie, définie pour réaliser ces objectifs, un plan quinquennal sectoriel a été élaboré. Il contient plusieurs actions prioritaires à mener par l'administration malgache elle-même ou en collaboration avec différents partenaires étrangers. Parmi ces actions, il faut citer, dans le domaine de l'aquaculture, les suivantes:
L'objectif est la mise en place progressive d'un système autonome de producteurs d'alevins en milieu rural et la vulgarisation des techniques d'élevage.
Trois différents bailleurs de fonds ont été sollicités pour le financement de cette action, localisée dans quatre zones distinctes:
• | Financement PNUD pour la zone Antsirabe-Ambositra-Fianarantsoa; financement acquis seulement pour 1993: | |
246 000 USD (PNUD) | ||
1 307 millions MGF (local) | ||
Durée: | un an | |
• | Financement Japon pour la zone Manjakandriana-Moramanga-Ambatondrazaka; coût soumis au financement extérieur: | |
1 651 000 USD | ||
• | Financement FED pour les zones d'Andapa et de Bezaha; financement total acquis en 1992 pour: | |
2 300 000 ECU (FED) | ||
264 millions MGF (local) | ||
Durée: | cinq ans |
L'étude serait réalisée avec la collaboration des centres et des institutions de recherche existantes et sur la base de leur potentiel humain et technique.
Durée: | 7 mois |
Coût estimé: | 57 000 USD |
L'objectif est de démarrer et développer l'aquaculture de crevettes à Madagascar.
Phase 1
Phase 2
Les objectifs sont la création d'une nouvelle filière de formation et la formation des 30 premiers techniciens supérieurs; poursuite de la formation d'ingénieurs halieutes.
Coût prévisionnel: | 320 000 USD |
Elles ont été déterminées en 1988 pour l'aquaculture en eau douce, en se basant sur l'analyse des résultats de la recherche depuis les années soixante. Cette évaluation s'est effectuée par un groupe de travail de la FOFIFA composé de chercheurs nationaux et de responsables de la recherche. Elle a servi à orienter le Plan Directeur de la recherche, avec l'appui méthodologique et logistique de l'“Institute Service for National Agricultural Research” (ISNAR).
Les priorités de recherche du CENRADERU ont été établies en fonction de celles du développement (Plan 1986–1990), de l'intérêt économique et social des programmes et de l'impact prévu de la recherche sur l'augmentation des rendements.
La démarche de priorité a été effectuée en deux étapes:
une première étape basée sur:
l'efficacité interne des programmes de recherche.
une deuxième étape basée sur:
A l'issue de cette démarche, la recherche aquacole en eau douce a été classée programme de première priorité, ayant obtenue des indicateurs élevés et répondant aux priorités de développement.
Le DRFP est chargé de l'exécution de ce programme. Une augmentation de l'effectif actuel en ressources humaines est prévue. Les ressources financières correspondantes n'ont pas été évaluées, mais en raison des nouvelles stratégies en matière de développement de l'aquaculture, il y aurait lieu de revoir les besoins réels du secteur de la recherche. Il faudra élaborer un plan de recherches appliquées/développement qui devront correspondre aux actions prévues pour promouvoir et gérer l'exploitation piscicole.
Une fois les activités de recherche définies, il faudra identifier les besoins en moyens financiers, matériels et humains pour l'exécution du plan, en faisant des prospections auprès de l'administration, des bailleurs de fonds et des opérateurs qui peuvent être eux-mêmes les utilisateurs des résultats de recherche.
La dernière étape consistera à étudier l'instauration d'un système de collaboration et de communication entre l'administration de l'aquaculture, la recherche et les professionnels du secteur production.
A noter que, depuis 1984, un nouveau Département recherche développement (DRD) a été créé au sein du MRSTD. Comme son nom l'indique, il a pour mission d'assurer la liaison entre la recherche et le développement, donc entre le MRSTD et le MERH, entre chercheurs et développeurs, à la lumière des connaissances des situations agricoles. La mise en pratique d'expérimentations en vraie grandeur en milieu réel avec la participation effective des paysans constitue la pierre angulaire de cette nouvelle approche. Aussi, le DRD se doit-il de contribuer:
au niveau de la recherche, à la fourniture de données pour l'orientation des programmes ou thèmes de recherche;
au niveau du développement, à l'appui au transfert de nouvelles technologies adaptées à chaque milieu rural.
A notre connaissance, la liaison entre le Département de recherche (DRFP/FOFIFA) et les développeurs en matière de pisciculture n'existe pas encore; il n'y a pas eu jusqu'ici d'initiative de ce Département dans ce domaine, ni d'ailleurs des développeurs du MERH.
Par ailleurs, si le CNRO a élaboré en 1988 un plan directeur de la recherche océanographique, il n'a défini ni les programmes de recherche en matière d'aquaculture marine, ni les priorités. Comme en aquaculture d'eau douce, le même schéma doit être concu pour déterminer les lignes prioritaires de recherche de ce secteur: élaboration de plans de recherche/développement, identification des moyens à mettre en oeuvre, instauration de collaboration et de communication.
Le Séminaire national sur la planification du développement des pêches et de l'aquaculture à Madagascar, organisé en 1990, a défini un plan quinquennal sectoriel qui contient des propositions concrètes concernant la recherche. Il s'agit pour le département ministériel chargé du développement de participer à la réalisation des recherches de développement de l'aquaculture et d'assister les producteurs intéressés, sur les bases des résultats obtenus par les projets de développement.
Le programme futur prévoit le renforcement des thèmes de recherche déjà commencés et qui restent encore à approfondir et à confirmer. Les thèmes prioritaires identifiés sont présentés ci-dessous en 3.2.1 et 3.2.2.
Outre la poursuite du programme de recherche piscicole antérieur, il existe d'autres thèmes de recherche appliquée qui ont été identifiés lors de l'exécution des projets de développement de la piscicultures. Plus les activités de ces projets s'amplifient, plus de nouveaux thèmes de recherche d'appui et de thèmes de recherche de développement apparaissent. De plus, grâce aux contacts individuels chercheurs-vulgarisateurs-producteurs qui se sont multipliés, la recherche se rend de mieux en mieux compte des besoins réels des producteurs. Ces recherches, également considérées comme prioritaires, sont présentées ci-dessous à partir du point 3.2.3.
La carpe commune Cyprinus carpio, variété royale, a tendance à perdre les caractéristiques particulières de développement des myomères (bosse nucale) et à revenir au type ancestral, surtout quand elle est livrée à elle-même. Aussi, pour la conservation de la souche, il est indispensable de:
La conduite de cette étude se justifie par les raisons suivantes:
la carpe (avec les tilapias), constitue une part importante des captures réalisées par les pêcheurs dans les plans d'eau continentaux;
c'est l'espèce qui s'adapte le mieux au biotope rizière et qui grossit très vite pendant le court cycle de croissance du riz;
les populations l'apprécient beaucoup et la carpe constitue un apport protéique non négligeable à leur alimentation.
La même étude pourrait être faite avec l'espèce Oreochromis niloticus.
Méthode d'exécution:
Pour la réalisation de l'étude, il faudrait un généticien national et/ou expatrié.
Coût estimé de l'étude: 35 millions MGF.
L'objectif est l'amélioration de l'exploitation et de la gestion des stocks basée sur les caractéristiques du milieu d'élevage dont dispose le producteur.
Les activités prévues sont:
A partir de ces études, on pourrait changer la structure de l'écosystème aquatique en l'améliorant selon la biologie de l'espèce que le pisciculteur élève et selon les carences identifiées.
Compte-tenu de l'ampleur de l'activité d'une part et de l'insuffisance des moyens matériels et humains disponibles d'autre part, ces études hydrobiologiques pourraient être réalisées par zone, mais en priorité, dans les sites où sont exécutés des projets de développement.
Coût de l'étude: 30 millions MGF.
En pisciculture, pour obtenir des productions élevées, il est indispensable de nourrir artificiellement les poissons car la nourriture naturelle procurée par l'apport de fertilisants (organiques et minéraux) s'épuise très vite, même si les eaux possèdent les qualités requises pour l'élevage. Mais les aliments coûtent cher et leur approvisionnement est difficile. Il faudrait identifier des aliments comparés performants:
Il faudrait également étudier la possibilité d'utiliser d'autres ressources naturelles (par ex. graines de viha = Typhonodorum lyndleyanum; farine de tavolo = Tacca leontopetaloides; vers de terre), spécifiques par région.
Exécution des recherches:
Recensement et récolte des ingrédients disponibles sur place dans chacune des régions intéressées
Fabrication de différents types d'aliments et test de leur valeur alimentaire et de leur digestibilité
Détermination du coût de revient
Pour son exécution il faudrait un nutritionniste.
Cette recherche pourrait être combinée avec la fabrication d'aliments destinés au nourrissage des crevettes d'élevage que le projet PNUD/FAO-MAG/86/005 “Ferme pilote d'aquaculture de crevettes” entreprend déjà.
Zone d'étude: zones d'implantation des projets de développement.
Coût estimé de l'étude: 40 millions MGF.
L'unique étude de rentabilité dans le secteur de la pisciculture a été réalisée par le Projet PNUD/FAO-MAG/88/005: “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins”. Elle a conclu à la faisabilité technique de la production d'alevins et à la rentabilité de cette spéculation.
Si la recherche et certains projets de développement ont mis au point différents types d'exploitation (rizi)piscicole, les études qu'elles ont menées ont été essentiellement bio-techniques. La prochaine phase d'études doit se concentrer sur la rentabilité financière de ces types d'exploitation techniquement maîtrisés: rizipisciculture, pisciculture (mono-et polyculture), élevages associés porc-poisson et canard-poisson.
Les études devraient comprendre pour chaque type d'exploitation:
Ces études permettraient aux producteurs de passer à l'exploitation spéculative.
Pour cette phase d'études, il faudrait un économiste.
Coût estimé des études: 40 millions MGF.
Le marché en alevins a déjà fait l'objet d'une étude globale par le projet MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins”. Un chapitre de cette étude essaie d'établir sommairement une projection des productions potentielles de carpe en aval, basée sur les alevins distribués en milieu rural. Il s'agit en fait d'une brève analyse fictive qui ne donne qu'une image de la rentabilité de l'élevage de poissons de consommation. La recherche se doit de réaliser une étude réelle de faisabilité du marché de poissons d'aquaculture, ceci en priorité dans les zones où sont exécutés actuellement des projets de développement: Fianaranstsoa, Ambositra, Antsirabe, Andapa et Bezaha. En effet, dans ces zones, des résultats positifs sont attendus, surtout qu'en rizipisciculture les récoltes ont lieu à la même époque. Une saturation du marché est à prévoir dans la mesure où ce marché de poisson n'est pas organisé. Il en résulterait une dépréciation des prix qui pourrait décourager les opérateurs de continuer leur exploitation.
Coût estimé de l'étude: 40 millions MGF.
Andriamahaly, L.R. et Rabelahatra, A., 1982. Madagascar. L'utilisation des zones côtières pour le développement de l'aquaculture. pp. 52–61. Aquaculture côtière: perspectives de développement en Afrique et exemples d'autres régions. Rome, FAO, Doc.Tech.CPCA, (9):259p.
Andrianaivojaona, C. Kasprzyk, Z.W. et Dasylva, G., 1979. Pêches et aquaculture à Madagascar. Tome I. Bilan diagnostique. Antananarivo, MERH/PNUD/FAO/MAG/85/014, 153 p.
Collart, A., et Rabelahatra, A., 1978. Premiers résultats sur les prospections et sur l'élevage de Chanos chanos à Madagascar. Doc. Tech., MDRPA/DRFP/PNUD/FAO, 31 p.
Collart, A., et Rabelahatra, A., 1978. Premiers résultats d'un essai pilote d'élevage associé porc-poisson. Antananarivo, Doc. Tech., MDRRA/DRFP/PNUD/FAO, 14 p.
Collart, A., et Randriamanalina, 1978. Premiers résultats sur l'introduction d'une pêcheries pilote acadja aux Pangalanes. Antananarivo, Doc. Tech., MDRRA/DRFP/PNUD/FAO, 19 p.
Collart, A., Rabelahatra, A. et Rasolofo, A.L., 1979. Plan de développement et d'encadrement des pêches continentales et de l'aquaculture de 1980 à l'an 2000. Antananarivo, Projet PNUD/FAO/MAG/76/002. Doc. Tech., MDRRA/SPA, 80 p.
Collart, A. et Vincke, M., 1979. Bilan diagnostique des pêches continentales et de l'aquaculture à Madagascar. Antananarivo, FI:DP/MAG/85/014. Rapport de mission, 42 p.
Janssen, J., 1990. L'aquaculture en eau douce. Exemple d'une nouvelle approche du développement. Document de Projet MPAEF/PNUD/FAO/MAG/88/005. Séminaire national sur les politiques et la planification de développement des pêches à Madagascar, 5 p.
Kiener, A., 1963. Poisson, pêche et pisciculture à Madagascar. Nogent-sur-Marne, CTFT, 160 p.
Kiriloff, M., 1989. Gestion des stations piscicoles, Doc. Tech., FI:DP/MAG/82/014, 46 p.
Lardinois, P. et Janssen, J., 1990. Etude de faisabilité d'une station privée de production d'alevins de carpe commune à Madagascar. Etude fictive. Projet MERH/PNUD/FAO/MAG/88/005, Doc. Tech., (1):36 p.
Lardinois, P. et Janssen, J., 1992. Etude de faisabilité d'une station privée de production d'alevins de carpe commune à Madagascar. Etude réelle. Projet MERH/PNUD/FAO/MAG/88/005, Doc. Tech., (2):43 p.
Lemasson, J., 1956. Etude de la situation des travaux de pêche et de pisciculture à Madagascar et révision de leur programme. Rapport de mission. CTFT, Nogent-sur-Marne, 93 p.
Rabelahatra, A., 1981. La rizipisciculture à Madagascar. Projet PNUD/FAO/MAG/76/002, MDRRA, 25 p.
Rabelahatra, A., 1988. Etudes nationales pour le développement de l'aquaculture en Afrique. 22. Madagascar. FAO Circ.Pêches, (770.22):82 p.
Rabelahatra, A., 1989. Bilan de recherches agricoles (Filière Pisciculture et pêche) à Madagascar. Rapport dactylographié, 13 p.
Rabelahatra, A., 1991. La rizipisciculture en Afrique. FAO Circ.Pêches, (836):36 p.
Ralambomanana, O., 1989. Les étangs d'alevinage en intersaison. Etude en vue de la production de poissons marchands. DRFP/FOFIFA, 9 p.
Rakotomanampison, A., 1966. Premiers résultats de l'acclimatation de l'Heterotis niloticus à Madagascar. Direction des eaux et forêts, 10 p.
Ranaivoarijaona, D.J.B., 1992. Les producteurs privés d'alevins en milieu rural dans la région pilote du Vakinankaratra. Projet MERH/PNUD/FAO/MAG/88/005, Doc. Tech., (5):63 p.
Randriamiarana, R.H., 1988. Prospection pour la vulgarisation de la rizipisciculture dans le faritany de Fianarantsoa. Antananarivo, Mémoire, 41 p.
Vincke, M., 1972. Essai d'estimation de la production piscicole. Madagascar, CTFT. 89 p.
Vincke, M., 1973. Elevage associé canard-poisson. Antananarivo, 6 p.
Vincke, M., 1973. Bilan de dix ans de recherches piscicoles à Madagascar (1960–1970). Paris, CTFT, Notes et documents sur la pêche et la pisciculture, 5 p.
Anonyme, 1977. Développement des pêches continentales et de l'aquaculture. Antananarivo, Doc. de Projet MPARA/PNUD/FAO/MAG/76/002, 20 p.
Anonyme, 1977 à 1988. Activités du Département des Recherches forestières et piscicoles. Rapports annuels. Antananarivo
Anonyme, 1984. Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale. Antananarivo, Document de Projet MPAEF/PNUD/FAO/MAG/82/014, 33 p.
Anonyme, 1986. Assistance à l'administration des pêches et de l'aquaculture. Antananarivo, Doc. de Projet MPAEF/PNUD/FAO/MAG/85/014, 27 p.
Anonyme, 1986. Plan quinquennal. Antananarivo. Loi No. 86.009 du 12 juillet 1986, 107 p.
Anonyme, 1987. Etude de développement de l'aquaculture de crevettes dans le nord-ouest de Madagascar. Antananarivo, Document de Projet MPAEF/PNUD/FAO/MAG/86/006, 5 p.
Anonyme, 1988. Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins. Antananarivo, Document de Projet MPAEF/PNUD/FAO/MAG/88/005, 28 p.
Anonyme, 1988. Ferme pilote d'aquaculture de crevettes. Antananarivo, Doc. de Projet PNUD/FAO/MAG/88/006, 12 p.
Anonyme, 1988. Plan directeur de la recherche agricole. Antananarivo, Ministère de la recherche scientifique et technologique pour le développement, Direction de la Planification et de la coordination FOFIFA, Tome I, 75 p. et Tome II, 201 p.
Anonyme, 1989. Bilan de la recherche sur les pêches et la pisciculture en eaux continentales. Rapport technique CTFT/CIRAD, 14 p.
Anonyme, 1991. La crevetticulture à Madagascar. Cahier d'information des pêches, (5):95 p.
Anonyme, 1992. Programme cadre global de développement de la pêche et de l'aquaculture pour la période 1992–1996. Antananarivo, Document de Projet MERH/DRHP/PNUD/FAO/MAG/85/014, 97 p.
Anonyme, 1992. Pêches et aquaculture à Madagascar. Tome II, Plan directeur, Madagascar. MERH/DRH/Projet PNUD/FAO/MAG/85/014, 89 p.
Anonyme, 1992. Pêches et aquaculture à Madagascar. Tome III, Programme cadre global de développement de la pêche et l'aquaculture pour la période 1992–1996. MERH/DRH/Projet PNUD/FAO/MAG/85/014, 98 p.
Anonyme, 1992. Compte-rendu de la campagne rizipiscicole et piscicole 1989–1990 sur les Hautes-Terres de Madagascar. Projet MERH/PNUD/FAO/MAG/88/005, Doc. Tech., (3):49 p.
Anonyme, 1993. Manuel pour le développement de la pisciculture à Madagascar. Projet MERH/PNUD/FAO/MAG/88/005, Doc. Tech., (4):206 p.
Anonyme, 1993. Compte-rendu de la campagne rizipiscicole et piscicole 1990–1991 sur les Hautes-Terres de Madagascar. Projet MERH/PNUD/FAO/MAG/88/005, Doc. Tech., (6):67 p.
Projet | Période | Financement | Agences d'exécution | Bailleurs de fonds | Objectifs piscicoles principaux | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Extérieur (USD) | Local (MGF) | ||||||
Développement de la pisciculture | 1974–1975 | 166 400 | MDRRA/FAO | Bröt für die Welt | - | Restauration de 2 stations piscicoles | |
- | Amélioration des techniques de reproduction et d'alevinage | ||||||
Projet MAG/76/002: Développement de la pêche continentale et de l'aquaculture | 1977–1983 | 1 329 630 | 113 780 000 | MPARA/FAO | PNUD/MPARA | - | Formation en pisciculture |
- | Aménagement, équipement et gestion des stations piscicoles principales | ||||||
- | Elevages expérimentaux d'huîtres, de Chanos chanos | ||||||
- | Aménagements piscicoles des Pangalanes (acadja) | ||||||
Projet MAG/82/014: Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale | 1985–1987 | 798 640 | 256 000 000 | MPAEF/FAO | PNUD/MPAEF | - | Formation vulgarisateurs |
- | Amélioration alevinage carpe | ||||||
- | Distributions d'alevins | ||||||
- | Vulgarisation (rizi)pisciculture | ||||||
Projet MAG/88/005: Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins | 1988–1993 | 1 272 431 | 507 500 000 | MPAEF/FAO | PNUD/MPAEF | - | Mise en place de producteurs privés d'alevins |
- | Vulgarisation de la (rizi)pisciculture | ||||||
Projet MAG/86/005: Développement intégré de la région du lac Itasy | 1989–1993 | 100 000 | MPARA/FAO | PNUD | Volet pisciculture: élevage en cages, appui production de distribution d'alevins | ||
Projet MAG/88/006: Ferme pilote d'aquaculture de crevettes | 1988–1991 | 1 100 000 871 820 055 (MGF) | 1 122 237 300 | MPAEF/FAO | PNUD, MPAEF, Pêcherie Nosy-Be (FCV) | Détermination approche méthodologique en vue élevage crevettes de mer en exploitation commerciale | |
Projet TCP/MAG/0053 Plan directeur d'aquaculture de crevettes | 1988 | 90 000 | MPAEF/FAO | FAO | Evaluation es sites favorables à l'aquaculture de crevettes | ||
Projet FED/6607.30.35.039: Etude de faisabilité de vulgarisation de la pisciculture dans les autres zones non touchées par le programme actuel FAO | 1988 | 54 777 | SERDI | FED | Extension des opérations de promotion et de vulgarisation de la (rizi)pisciculture à Andapa et à Bezaha | ||
Projet MAG/6023: Promotion et vulgarisation de la rizipisciculture | 1992–1997 | 2 300 000 | 268 400 000 | MERH, firme privée (sélection en cours | MERH/FED | Augmentation de la production de poissons dans la cuvette d'Andapa et dans la région de Bezaha de 270 t |
Jean Bosco KABAGAMBE
Service Pisciculture Nationale
Butare, Rwanda
Figure 1. Rwanda: Principales ressources piscicoles naturelles (d'après Mahy, 1977)
BRD | Banque Rwandaise de Développement |
CERAI | Centre d'Enseignement Rural et Artisanal Intégré |
CRFC | Centre Rwandais de Formation des Cadres |
CRSP | Collaborative Research Support Program |
ELADEP | Empoissonnement des Lacs et Développement de la Pêche |
FCCE | Fonds de Contrepartie de la Communauté Européenne |
RWF | Franc rwandais |
MINAGRI | Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage |
MINESUPRES | Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique |
ONG | Organisation non-gouvernementale |
PPN | Projet Pisciculture Nationale |
SPIR | Station Piscicole de Rwasave |
SPN | Service Pisciculture Nationale |
TP | Travaux pratiques |
KUL | Université Catholique de Leuven, Belgique |
UNR | Université Nationale du Rwanda |
USAID | Agence des Etats-Unis pour le Développement International |
USD | Dollar USA (avril 1993: 1 USD = 144 RWF) |
La pisciculture a été introduite au Rwanda dans les années '50 avec la construction de la station piscicole de Kigembe en 1949–51. A la fin de cette décennie, on dénombrait un peu plus de 200 étangs ruraux produisant en moyenne 4 kg/are/an. Jusqu'à l'indépendance (1962), la pisciculture au Rwanda s'est relativement bien développée malgré les productions médicores comparées à celles à ce que l'on observait dans la plupart des autres pays africains (Deceuninck, 1990).
Cependant, après l'indépendance, un déclin fut observé, dû essentiellement aux problèmes suivants:
En 1966, il y avait 448 étangs construits, mais très peu d'entre eux étaient vraiment opérationnels. A partir de 1967, le gouvernement demanda une assistance extérieure pour redémarrer le développement piscicole. C'est ainsi que les organismes et pays suivants intervinrent successivement:
De 1967 à 1970, la FAO examina et apprécia les potentialités des eaux intérieures du point de vue de son potentiel piscicole. Les résultats (de Vries, 1971) incluent des données sur les expériences de production piscicole avec la carpe commune, le Tilapia rendalli, l'Oreochromis (syn. Tilapia) macrochir et l'O. niloticus. Les productions de tilapia en monoculture pouvaient atteindre de 4,5 à 5,8 kg/are/an en milieu rural.
De 1972 à 1975, la FAO mit en place un projet de suivi dirigé en priorité vers la pêche continentale. La production piscicole potentielle en milieu rural fut estimée pouvoir atteindre de 5 à 40 kg/are/an (Dunn, 1974).
En 1975, le consultant FAO C.Reizer passa deux mois à développer une stratégie en vue d'augmenter la production de poisson. Il nota que la pisciculture familiale n'était pas bien développée et que les productions était généralement très basses.
En 1977, G. Mahy (assistance canadienne) nota qu'il y avait une nette insatisfaction des efforts de la FAO parce que chaque intervention ne considérait pas le développement à long terme de l'aquaculture et qu'aucune forme de recherche appliquée n'était envisagée dans les conditions du Rwanda. Se basant sur l'hypothèse de Van der Lingen, que par la fertilisation et le nourrissage des étangs à tilapia l'on pouvait produire sept fois plus que dans les eaux naturelles, il suggéra que les étangs piscicoles au Rwanda pouvaient produire 21 kg/are/an.
En 1978, démarra le projet ELADEP (Empoissonnement des lacs et développement de la pêche) financé par le Centre de recherche pour le développement international (Canada). Ce projet visait le développement de la pêche par empoissonnement d'alevins. Ces alevins devaient être produits dans les stations piscicoles existantes. Une attention minime fut réservée à la vulgarisation piscicole. Quelques agents de pêche furent formés mais aucun programme de vulgarisation piscicole ne fut exécuté. A la suite de problèmes administratifs, le projet se termina en 1979, soit une année avant la date prévue et sans résultats apparents. A la fin de ce projet, le Rwanda comptait 2 662 étangs piscicoles (MINAGRI, Rapport annuel 1979).
En 1980, à la demande du gouvernement rwandais et avec l'aide financière de l'USAID, la FAO envoya une mission afin d'étudier la faisabilité d'un projet de développement de la pisciculture à petite échelle. Cette mission suggéra que la stagnation du développement de la pisciculture était principalement due à l'absence d'un service de vulgarisation approprié (Schmidt et Vincke, 1981). La mission observa en outre que l'intérêt des paysans pour la pisciculture existait et qu'il n'y avait pas de contrainte majeure pour l'élevage de poisson des points de vue biologique et technique. Suite aux recommandations de cette mission, le Projet Pisciculture Nationale (PPN) fut signé entre le gouvernement rwandais et les Etats-Unis. Ce projet, d'une durée prévue de quatre ans, a démarré en septembre 1983, avec pour objectifs:
Réhabiliter les stations piscicoles gouvernementales jugées nécessaires pour la production d'alevins.
Développer et consolider un service de vulgarisation piscicole capable de dispenser aux paysans rwandais des conseils utiles à la construction des étangs et d'améliorer la gestion piscicole des étangs en vue d'en augmenter la productivité.
Le Service pisciculture nationale (SPN) succèda au Projet Pisciculture Nationale en 1988, sans financement extérieur jusqu'en 1990. Il bénéficie depuis 1990 et pour cinq ans d'un appui financier de USAID dans le cadre d'un projet global d'aménagement des ressources naturelles.
L'évolution du développement piscicole depuis 1984 est résumée au Tableau 1.
Tableau 1
Données de pisciculture rurale 1984–1991
PPN | SPN | |||
---|---|---|---|---|
1984 | 1987 | 1988 | 1991 | |
Nombre d'étangs | 1 436 | 2 408 | 2 889 | 3 896 |
Superficie (ares) | 4 380 | 8 606 | 9 641 | 12 772 |
Production marchande (kg) (poids moyen individuel ≥ 100 g) | 1 010 | 21 741 | 19 887 | 97 524 |
Familles impliquées dans la pisciculture | - | 2 368 | 17 601 | 18 802 |
Source: Rapports annuels PPN et SPN
Le Rwanda possède 16 stations piscicoles (Tableau 2). Quinze de ces stations appartiennent au MINAGRI, dont plusieurs ont été cédées aux privés par contrat. Une station (Rwasave) appartient à la Faculté d'agronomie de l'Université nationale du Rwanda.
Station de Kigembe
Kigembe est la plus grande des stations piscicoles du pays. Elle est constituée de 101 étangs couvrant une surface de 10 ha, dont 32 étangs pour la production et l'alevinage, 30 étangs pour la formation et 39 petits étangs non utilisés actuellement. Vu le nombre élevé des étangs de production, (32 étangs pour 9,16 ha), la quantité d'intrants nécessaire pour une production semi-intensive s'est avérée considérable. C'est pourquoi la gestion de ce centre a opté pour l'intégration de l'élevage à la pisciculture. On rencontre à Kigembe trois étangs avec des porcs, six étangs avec poules, deux avec lapins et un avec des canards.
Station de Rwasave
Cette station est décrite en détail à la section 2.1.4.
Tableau 2
Stations piscicoles du Rwanda et leur affectation
Nom de la station | Nombre d'étangs | Superficie | Affectation actuelle | Affectation envisagée |
---|---|---|---|---|
Kigembe | 101 | 1 000 | F/P/A/R | F/P/A |
Runyinya | 15 | 138 | A | A |
Rushashi | 9 | 124 | A/P | A/P |
Rugeramigozi | 16 | 138 | P* | P* |
Rusumo | 16 | 160 | A/P | P |
Gatsibo | 8 | 60 | P* | P* |
Cyamutara | 3 | 113 | A | P* |
Muko | 8 | 65 | A | P* |
Bwafu | 6 | 45 | P* | P* |
Ndorwa | 28 | 112 | P* | P* |
Kazabe | 24 | 106 | P* | P* |
Mabanza | 6 | 48 | P* | P* |
Kivumu | 12 | 86 | P* | P* |
Karengera | 3 | 66 | P* | P* |
Nkungu | 15 | 215 | F/A | F/A |
Rwasave | 96 | 850 | R/F/P/A | R/F/P/A |
Total | 366 | 3 326 |
A = Alevinage;
P = Production de poisson de consommation;
R = Recherche;
F = Démonstration/Formation;
* cédée par contrat aux privés
Tableau 3
Répartition du personnel de la Division Pêche et Aquaculture du MINAGRI.
Qualification | Division Pêche et Aquaculture | Projets de pêche | SPN | Total | |
---|---|---|---|---|---|
A0 | 2 | 4 | 2 | 8 | |
A1 | - | - | - | - | |
A2 | - | 4 | 3 | 7 | |
A3 | - | 7 | 4 | 11 | |
Primaire ou CERAI | - | 38 | 7 | 115 | |
Total | 2 | 53 | 86 | 141 |
La Division Pêche et Aquaculture (administration centrale) est composée d'un chef et d'un agent qui s'occupe des activités de pisciculture. Le personnel de terrain est composé d'un personnel de différents niveaux d'étude (Tableau 3).
Dans l'ensemble, on constate que le personnel n'est pas suffisant pour répondre aux besoins. L'efficacité du système administratif devrait aussi être sérieusement améliorée par la définition d'objectifs clairs, un meilleur encadrement du personnel subalterne et un suivi régulier des actions de développement sur le terrain. L'amélioration de l'efficacité de la collecte et du traitement des données statistiques est également une priorité.
Législation
Actuellement une certaine incertitude règne quant au statut juridique des eaux au Rwanda (Bonucci, 1989). Les textes qui évoquent la question (décret du Roi-souverain du 9 août 1893 et décret du 30 juin 1913 portant code civil) sont apparemment contradictoires. De plus, ces textes considèrent seulement la pêche et ne mentionnent même pas la pisciculture.
La situation devrait se clarifier par l'adoption d'une loi relative à la pêche et à l'aquaculture. Cette loi-cadre en préparation introduit un contrôle administratif à deux niveaux sur les établissements d'aquaculture: l'autorisation administrative et la concession. Néanmoins la situation est compliquée par d'autres textes en préparation. Ainsi l'avant-projet de loi relative à la gestion des ressources en eaux et celui de la loi relative à l'utilisation des terres des marais requièrent des autorisations de la part des pisciculteurs.
Pour contourner ces problèmes, la loi sur la pêche et l'aquaculture fixe un cadre institutionnel dans lequel il sera possible d'agir, en attribuant à une commission mixte ad hoc le droit d'examiner les demandes de concession en aquaculture. Cette commission, dont la composition exacte et les prérogatives et règles de fonctionnement doivent être fixées par voie réglementaire, doit inclure au minimum un représentant des ministères ayant dans leurs attributions respectives la gestion des eaux, la gestion des terres des marais et l'aquaculture. Elle délivrera un permis d'exploitation.
Vulgarisation
La stratégie de vulgarisation utilise un système de visite et formation modifié. Les moniteurs piscicoles sont suffisamment bien formés pour solutionner une partie des problèmes rencontrés sur le terrain. Le Service de pisciculture nationale utilise 87 moniteurs piscicoles dans tout le pays.
Chaque moniteur a en moyenne un rayon d'action d'environ 15 km qui peut contenir 25 (ou plus) étangs répartis dans plusieurs vallées, dénommées “marais” au Rwanda. Un programme de sortie en vulgarisation est bien respecté par chaque moniteur, qui réside au milieu de sa zone. Le programme demande un contact toutes les deux semaines avec chaque pisciculteur. La stratégie demande aussi des contacts en groupe pour les démonstrations, mais ceci semble ne pas être très respecté.
Dans le cadre d'une réorganisation des services agricoles et d'une redéfinition du rôle des projets, cette approche de vulgarisation est en train d'être revue et les activités réorganisées en un seul programme national de vulgarisation. Le nouveau système est basé sur des agents vulgarisateurs multidisciplinaires, appelés encadreurs de base. Ils sont affectés au niveau des secteurs administratifs. Un groupe de huit agents est supervisé par un coordinateur au niveau communal. Des techniciens spécialisés dans différents domaines agricoles, dont la pisciculture, se trouvent à la sous-préfecture.
C'est à ce niveau que l'on trouvera un spécialiste en matière piscicole, plutôt qu'au niveau communal comme c'est le cas actuellement. Les moniteurs piscicoles sont donc appelés à intégrer ce système national de vulgarisation agricole.
Crédit
Il n'y a pas de système de crédit spécifique à la pisciculture. Cependant, il faut noter que les banques ne sont pas très enclines à lui octroyer des crédits. Ceci est peut être dû à l'échec du seul cas de crédit consenti par la Banque rwandaise de développement (BRD) à un particulier qui s'était lancé dans l'élevage piscicole semi-intensif intégré à l'élevage de bovins. Son entreprise n'a pas bien marché.
Toutefois s'il y a des projets intéressants, les banques et surtout les banques populaires sont disposées à accorder des crédits aquacoles.
Recherche
Les activités de recherche sont concentrées à la Station piscicole de Rwasave (SPIR) qui dépend de la Faculté d'agronomie de l'Université Nationale du Rwanda (UNR). Au sein de la SPIR, il y a trois programmes de recherche, dont un propre à l'UNR et deux autres financés avec l'aide extérieure.
A cela, il faut ajouter quelques recherches et expérimentations ponctuelles menées par d'autres institutions comme le SPN et les ONG. La station piscicole de Kigembe est équipée pour permettre des essais dans différents domaines: polyculture, fertilisation des étangs, élevages associés, application de compost et chaulage.
La recherche aquacole sera présentée plus en détail dans le chapître 2.
Autres formes de support
Le prix du poisson frais des étangs est libre. Avant 1985, le prix du poisson était fixé par le Ministère des Finances en collaboration avec le MINAGRI. Ceci n'a toutefois jamais été respecté. De même, le prix de 200 RWF/kg suggéré par le SPN à partir de 1990 n'est effectivement pratiqué que dans les stations piscicoles du SPN et à la SPIR. Ailleurs, les pisciculteurs obtiennent entre 130 et 200 RWF/kg, selon les lois du marché.
Nouvelles orientations de la politique de développement
Selon les recommandations de la Banque mondiale, la politique actuelle de développement est basée sur la libéralisation et la privatisation des activités de production dans les différents secteurs de développement.