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CHAPITRE 3: Des propositions pour l'action


1. Quatre facteurs à prendre en compte
2. Cinq orientations et grands principes d'action
3. Deux remarques complémentaires

Les propositions ci-après reposent sur l'analyse des difficultés rencontrées par des approches sectorielles et/ou d'inspiration technocratique et sur les enseignements tirés des programmes de développement local en Afrique (acquis et problèmes). Elles sont des orientations pour l'action plus que la description de méthodes et d'outils qui n'auraient pas leur place dans cette étude mais qui ont fait l'objet de diverses publications récentes.

Les propositions méthodologiques sont précédées du rappel de quatre facteurs à prendre en compte et leur présentation s'organise autour de cinq grands principes d'action qu'il a semblé utile d'expliciter. Elles sont suivies d'indications concernant le rôle nécessaire de l'Etat et de quelques remarques relatives à la formation des cadres.

1. Quatre facteurs à prendre en compte


a. la présence d'acteurs multiples
b. l'interdépendance des acteurs et des niveaux
c. les systèmes fonciers en transition
d. l'initiative laissée aux acteurs locaux

a. la présence d'acteurs multiples

Des acteurs multiples agissent à l'échelon local, utilisent les ressources naturelles et interviennent dans leur gestion. Renonçant à s'enfermer dans un tête-à-tête avec les seuls paysans (les hommes, en règle générale), réduits parfois de surcroît à leur seule dimension de producteurs, les projets devraient prendre en compte les acteurs multiples qui agissent directement à l'échelon local ou qui prennent des décisions (à d'autres échelles géographiques) qui se répercutent sur la réalité locale. Parmi ces acteurs, on peut citer de façon non exhaustive:

- les "ruraux" bien sûr (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, artisans, petits commerçants) dont certains sont pluri-actifs, en distinguant la diversité de leurs situations. Le sexe, l'âge, le statut social déterminent en effet un accès différencié aux ressources naturelles et aux moyens de production, un pouvoir de décision variable, des possibilités d'investissement et de prise de risques différenciées;

- les organisations paysannes (groupements, associations, fédérations) qui agissent à l'échelon villageois et intervillageois et qui peuvent être affiliées à des organisations régionales et nationales;

- les collectivités locales publiques, quand elles existent, jouent un rôle en matière de gestion foncière et d'équipement collectif, parfois en matière de développement économique ou de planification, par exemple les communes au Rwanda et au Burundi. Elles offrent un cadre juridique adapté pour la définition et le pilotage de programmes concertés; en la matière, ces structures pérennes peuvent représenter une alternative durable aux projets de développement qui évolueront alors vers des programmes d'appui aux collectivités locales. Il ne revient cependant pas aux élus locaux de définir, seuls, des projets dont la mise en oeuvre dépend aussi d'autres acteurs économiques et sociaux;

- les opérateurs économiques privés (commerçants, industriels, transporteurs, etc..) qui interviennent dans la vie économique locale, soit parce qu'ils y sont implantés soit parce qu'ils assurent diverses fonctions en amont et en aval de la production;

- l'Etat et ses diverses émanations (administration locale, services techniques, structures de formation, etc...);

- les intervenants extérieurs qui agissent sur la vie locale par leurs propositions, qu'ils relèvent de projets para-publics, d'ONG, etc... ainsi que les bailleurs de fonds qui soutiennent (et parfois orientent) les projets.

L'utilisation des ressources naturelles et leur gestion sont un exemple de la multiplicité des acteurs qui interviennent. Les paysans et les éleveurs sont les usagers privilégiés des ressources naturelles mais il y a d'autres usagers: les artisans (menuisiers, potiers, maçons), les chasseurs et les pêcheurs, et des acteurs extérieurs qui viennent exploiter des ressources forestières locales (charbonniers, commerçants intéressés par les produits de cueillette, scieries, migrants saisonniers et pionniers) ou fourragères (éleveurs transhumants ou nomades).

Les paysans jouent un rôle dans la gestion des ressources naturelles mais ils ne sont pas les seuls. L'Etat, par sa législation, ses politiques, son administration, intervient dans la gestion ainsi que les bailleurs de fonds qui font actuellement de l'environnement un axe important de la coopération Nord-Sud. L'Etat délègue parfois certaines de ses responsabilités dans ce domaine à des collectivités locales publiques dans le cadre de la politique de décentralisation (cas par exemple des communautés rurales sénégalaises qui sont chargées de la gestion foncière dans le territoire qu'elles administrent).

L'identification des différents acteurs concernés, directement ou indirectement, par l'intervention projetée, la caractérisation de leur perception de la réalité, de leurs priorités et stratégies, l'identification des convergences d'intérêts ou des incompatibilités qui existent devraient être une action prioritaire des interventions.

b. l'interdépendance des acteurs et des niveaux

La réalité économique et sociale se caractérise par des espaces "emboîtés" et des niveaux de décisions différents mais interdépendants. C'est là le deuxième facteur à prendre en compte par les projets qui visent en particulier une meilleure gestion des ressources naturelles.

Au niveau local, il n'y a pas un espace régi par des règles uniques mais des espaces auxquels correspondent des centres de décision particuliers:

- ainsi, à l'échelle d'un champ, c'est celui qui en a la responsabilité qui décide (dans la limite des moyens et informations dont il dispose) des pratiques culturales qui seront mises en oeuvre;

- à l'échelle d'une exploitation, c'est le chef d'exploitation qui prendra les décisions importantes: défricher de nouvelles terres, faire ou non une jachère, dégager une, surface pour faire un verger, etc..;

- à l'échelle du quartier et/ou du village, il existe dans maints endroits une instance de décision (et d'arbitrage) qui peut statuer sur le partage des zones de culture et des zones de pâturage, sur la délimitation de chemins de parcours pour le bétail;

- à l'échelon intervillageois, des concertations de même type peuvent avoir lieu pour la gestion des pâturages, l'exploitation d'une forêt commune ou d'un bas-fond, la construction d'un barrage anti-sel dans une vallée.

Les décisions prises à chacun des échelons sont influencées (et parfois régies) par les décisions prises aux autres échelons; la marge de manoeuvre (d'initiative et d'autonomie) de chaque centre de décision est variable. Ainsi, les décisions du "chef d'exploitation" tiennent compte des décisions prises au niveau villageois "et intervillageois mais il peut influer sur ces dernières. Il peut imposer des choix et des pratiques à ceux qui dépendent de lui (les femmes, les jeunes à qui il attribue des champs) mais il tient aussi compte de leurs aspirations.

L'échelon local fait partie d'ensembles géographiques et politiques plus vastes (région, pays, etc..) où se situent des centres de décision qui influent sur les pratiques de mise en valeur et de gestion aux niveaux inférieurs.

Une politique nationale de gestion des terroirs soutenue par les bailleurs de fonds étrangers influe considérablement sur la nature des interventions de développement et peut se traduire par la création d'instances villageoises nouvelles chargées de la mettre en oeuvre (cas du Burkina Faso par exemple).

A chaque échelon pré-cité correspond un niveau de décision et souvent plusieurs décideurs existants ou potentiels, ce qui complique la perception de la réalité locale par les projets. Avant de proposer des changements dans l'utilisation des ressources naturelles, il convient donc d'identifier les espaces concernés et les centres de décision qui les régissent ainsi que les relations entre ces espaces et ces centres de décision.

c. les systèmes fonciers en transition

Les différents niveaux de gestion de l'espace, la répartition des droits et des fonctions liés à chacun des espaces constituent le système ou le régime foncier qui peut être partiellement ou globalement formalisé (écrit sous la forme d'un code rural par exemple) ou être non formalisé mais inscrit dans la tradition.

Les systèmes fonciers africains sont très divers, et nombreux sont les spécialistes qui se demandent s'ils sont favorables à la préservation des ressources naturelles ou si les ambiguïtés et contradictions dont ils sont porteurs ne favorisent pas au contraire le processus de dégradation. Dans divers pays d'Afrique de l'Ouest, la situation foncière se caractérise par la conjonction de deux références juridiques:

- d'une part, le droit moderne hérité du droit colonial puisant ses sources dans les références culturelles occidentales,

- d'autre part le droit coutumier ou traditionnel lié à l'organisation politique, sociale et familiale des sociétés africaines pré-coloniales.

Si les cadres juridiques actuels reconnaissent dans l'ensemble la notion de la "terre à celui qui la travaille", ils reconnaissent mal celle de la "terre à celui qui l'occupe". Dans la pratique, en dehors des espaces directement appropriés (défrichés ou cultivés), tout l'espace "interstitiel" relève d'un droit flou où se juxtaposent le droit éminent de l'Etat, difficile à exercer, et des droits traditionnels, difficiles à défendre (le village peut y étendre son domaine cultivable, mais peut par exemple difficilement y refuser l'installation d'un migrant). Ainsi, ces cadres juridiques actuels reconnaissent en général pour les zones rurales:
- d'un côté le domaine villageois (terroir cultivé), assez bien reconnu mais qui peut être réapproprié par l'Etat en vue de travaux d'intérêt public (périmètres irrigués notamment);

- à l'autre extrême, le domaine classé qui appartient clairement à l'Etat (forêts classées, parcs et réserves) est souvent mal défendu;

- entre les deux, on reconnaît des domaines moins clairement appropriés où s'exercent deux pouvoirs concurrents (c'est le cas par exemple du domaine protégé au Mali). La limite entre les deux domaines "villageois" et "protégé" reste souvent floue.

L'appropriation foncière individuelle, quant à elle, s'exerce, au sein du système villageois, selon les références traditionnelles qui reconnaissent un droit de jouissance. Ce droit, en termes de garantie de pérennité de l'occupation du sol, et en général, de la transmission de ce droit aux descendants, est très proche du droit de propriété mais il s'en distingue par la "non valeur" du foncier que l'on ne peut vraiment vendre. Derrière ce schéma théorique d'ensemble, existent cependant deux situations forts différentes. Il faut distinguer en effet deux statuts, les personnes ayant un droit garanti sur les terres familiales. appartenant aux lignages d'origine, sortes de "propriétaires éminents" et les personnes qui n'ont un droit d'occuper et de cultiver que sur accord des premières qui leur cèdent une partie de l'espace qu'elles contrôlent. Ce deuxième droit, beaucoup plus précaire, rappellerait un peu la notion de fermage par son caractère temporaire, même s'il n'y a généralement pas de monétarisation de cet accès à la terre. Cette précarité foncière d'une partie importante des agriculteurs est souvent un facteur limitant pour une gestion des ressources naturelles dans une visée à long terme.

Dans de nombreuses régions, les systèmes fonciers en vigueur semblent favoriser des pratiques peu conservatrices du milieu naturel:

- au sein du village, les agriculteurs jouissant de la terre à titre précaire ne peuvent s'engager dans des actions ayant des effets à long terme (la plantation d'arbres par exemple car les propriétaires en titre veulent éviter d'éventuelles revendications ultérieures). La mise en place des lois foncières basées sur "la terre à celui qui la travaille" raccourcit encore la durée des prêts et rend impossible des améliorations foncières;

- la coexistence de deux formes d'appropriation (par l'Etat et l'appropriation coutumière) se traduit fréquemment par des évolutions qui paraissent contradictoires. D'une part, le droit de culture prend le pas sur tous les autres droits d'usage, en particulier pastoral, et il tend vers un droit de propriété de type occidental (vente et mise en gage des terres en zone péri-urbaine par exemple). D'autre part, le respect des autorités et des règles coutumières concernant les droits de défrichement et d'usage (cueillette, chasse, pâturage...) sur les espaces collectifs s'affaiblit. L'Etat n'ayant pas les moyens de faire respecter les règles juridiques modernes, ces espaces communs connaissent souvent des utilisations abusives.

Cette situation de déresponsabilisation se traduit souvent par une gestion déréglée des ressources naturelles et une surexploitation du milieu, aussi bien en zone pastorale, autour des puits cimentés et des forages financés par l'Etat qu'en zone agricole où elle peut contribuer notamment à une exploitation abusive des ressources forestières.

Il n'est pas du ressort des intervenants de terrain (agents de l'Etat ou responsables d'organisations paysannes) de modifier les système fonciers existants. Ils doivent cependant les connaître, les comprendre, en tenir compte dans les propositions qu'ils font, et mettre en évidence les ajustements et révisions qui semblent nécessaires.

d. l'initiative laissée aux acteurs locaux

Certains contextes politiques sont un obstacle à la participation populaire. Elle est, en effet, une pratique de la démocratie, difficilement compatible avec des régimes autoritaires. Comment la population pourrait-elle exprimer ses besoins et ses priorités, faire entendre sa voix, négocier la nature des projets qui la concernent si les droits d'expression et d'organisation sont fortement limités?

Dans le domaine socio-économique, l'omniprésence de l'Etat (dans certaines filières par exemple) réduit aussi l'espace d'initiative laissé aux acteurs locaux.

Les processus de démocratisation de la vie publique ainsi que la libéralisation de l'économie créent en maints endroits un contexte plus favorable que par le passé aux initiatives de la "société civile". Cependant, des limitations existent encore:

- avec des modèles d'organisations uniformes définis à l'échelon national qui sont plaqués sur la réalité locale,

- avec des difficultés à prendre en compte la diversité socio-culturelle,

- avec la présence de législations et procédures obsolètes, etc...

Une juste appréciation de l'espace d'initiative réel qui est laissé aux acteurs locaux permet de définir, à un moment et dans un lieu donnés, des objectifs réalistes.

2. Cinq orientations et grands principes d'action


a. les nouveaux équilibres
b. le rôle central des ruraux
c. l'approche contractuelle
d. la responsabilisation des acteurs locaux
e. la remontée du local

a. les nouveaux équilibres

Les interventions devraient viser la création de nouveaux équilibres entre les milieux physiques et les sociétés qui les mettent en valeur. La préoccupation légitime de conservation de l'environnement amène parfois les intervenants extérieurs à lui accorder plus de valeur qu'aux hommes qui y vivent. On arrive alors à une déviation environnementaliste qui consiste à protéger le milieu contre l'action de populations considérées comme prédatrices. C'est oublier:

- que les sociétés sont obligées d'exploiter les ressources naturelles pour satisfaire leurs besoins alimentaires, monétaires, pour se soigner, se vêtir, construire leur habitat, etc..

- que si on constate une surexploitation des ressources naturelles, c'est que les équilibres anciens sont devenus inadaptés aux nouvelles conditions créées par la croissance démographique, l'augmentation des besoins monétaires, etc...

La question de la conservation et de la gestion des ressources naturelles devrait donc être posée en termes de dynamique des milieux et des sociétés. Il ne s'agit pas de préserver ou de vouloir revenir à des équilibres anciens, il s'agit de trouver de nouveaux équilibres bâtis sur des modes de mise en valeur des ressources qui permettent leur régénération et si possible leur amélioration.

Au plan opérationnel, le respect de ce principe se traduit par le rejet d'approches basées uniquement sur des mesures coercitives ou une attitude culpabilisante vis-à-vis des paysans. Elles freinent la réflexion, la recherche de solutions et peuvent susciter des réactions de défense, des blocages. En revanche, la mise en pratique de ce principe invite à des approches basées sur:

- l'analyse concertée de la nature des déséquilibres constatés, des causes multiples (croissance démographique, augmentation des besoins monétaires, insécurité alimentaire, etc...) qui conduisent à la destruction des ressources naturelles, des conséquences actuelles et prévisibles (baisse du rendement, diminution du potentiel écologique, etc...);

- des propositions multisectorielles permettant simultanément d'alléger la pression sur les ressources naturelles, de prendre les premières mesures conservatoires pour l'environnement, de répondre aux urgences (vivrières et monétaires) du court terme et de mettre en oeuvre un plan-programme d'accroissement des capacités de la population à s'adapter aux nouvelles conditions qui sont les siennes.

b. le rôle central des ruraux

Les ruraux doivent jouer un rôle moteur dans la définition d'objectifs et de programmes d'action qui les concernent. La démarche de planification locale, avec ses multiples variantes, est un moyen qui s'est révélé adapté dans des situations très diverses. On se bornera à rappeler ici ses principales étapes.

- Le diagnostic concerté est multisectoriel (les secteurs étudiés sont définis par les villageois). Il inclut bien sûr l'évaluation des ressources naturelles locales mais aussi, s'ils sont cités par les villageois, l'identification des problèmes liés à la santé, à l'éducation, aux équipements collectifs et aux infrastructures. Il peut comprendre trois grandes composantes:
- le diagnostic externe, réalisé par l'intervenant extérieur. Il doit être rapide avec une observation attentive des paysages, des activités, le recours à des personnes connaissant la zone, des enquêtes légères et rapidement dépouillées peuvent permettre de bâtir une première analyse de la situation qui sera approfondie dans les étapes suivantes;

- la restitution du diagnostic externe aux villageois, sous une forme accessible et attrayante, permet d'amorcer une analyse par les paysans et la recherche concertée de solutions aux problèmes identifiés. La restitution se fait généralement à travers plusieurs réunions, rapprochées dans le temps, avec différents sous-groupes homogènes (adultes, jeunes, hommes, femmes), aux échelons les plus bas (quartier, village) pour favoriser la participation du plus grand nombre;

- la formulation synthétique du diagnostic initial résulte des apports des différents sous-groupes; elle s'efforce de mettre en évidence les grandes évolutions, les principaux constats, les problèmes prioritaires dans chacun des secteurs étudiés, les atouts dont dispose la société locale pour les aborder, etc...

- La définition d'un programme d'action prioritaire, à court terme, devrait être le premier résultat opérationnel de la réflexion menée. Ce programme est nécessaire pour soutenir la réflexion des villageois car sa réalisation prouve le caractère concret de la démarche engagée qui aboutit rapidement à des actions concrètes.
Le contenu de ce programme dépend des priorités des villageois et des moyens mobilisables (solutions disponibles, moyens existants, etc...). Il convient en effet de privilégier des actions qui ont de sérieuses chances de réussir.

Dans le domaine agricole, il peut s'agir d'essais en milieu paysan pour tester l'efficacité d'une technique nouvelle ou la cohérence de plusieurs techniques. La priorité peut être l'amélioration de l'approvisionnement en intrants. Il peut s'agir d'actions dans d'autres domaines tels que l'hydraulique villageoise, la santé, etc...

Certaines actions concernant la conservation des ressources naturelles peuvent être prévues dans le programme prioritaire. Ce sont alors des actions à effet visible rapide dont parfois les paysans sont spontanément demandeurs. D'autres actions ne peuvent être parfois programmées que plus tard:

- parce qu'elles se traduisent dans un premier temps par une diminution des ressources disponibles (c'est le cas parfois pour la mise en défens d'une zone de terroir);

- parce qu'elles nécessitent des réaménagements importants au sein de l'exploitation, du quartier ou du village et qu'elles sont donc conditionnées par plusieurs préalables;

- parce qu'il faut que les paysans reprennent confiance (à partir d'actions ponctuelles réussies) avant de s'engager dans des actions de plus grande envergure (matérielle ou sociale);

- parce qu'elles susciteraient des conflits ou des tensions entre des groupes ayant des intérêts différents alors que ces groupes ne sont pas prêts à négocier des compromis.

- La mise en oeuvre du programme d'action prioritaire et la définition d'un plan local de développement et d'aménagement à moyen terme est la troisième étape de la démarche de planification locale. La réalisation du programme d'action prioritaire doit retenir l'attention car sa réussite renforce la crédibilité de la démarche. Elle suppose que soient identifiées, avec les paysans, les tâches à réaliser, les collaborations nécessaires, les conditions en termes d'organisation, de formation, etc...
La mise en oeuvre du programme prioritaire donne confiance aux villageois et met en évidence la possibilité d'alliances à l'échelon local. Elle crée ainsi les conditions favorables à l'élaboration concertée d'un plan pluriannuel (3-4 ans).

Elaborer un plan local, c'est définir des priorités qui prennent en compte les besoins exprimés par les ruraux et les atouts et contraintes externes qui déterminent à un moment donné ce qui est possible.

Il ne s'agit pas de choisir à la place des paysans et des autres acteurs locaux ou de leur expliquer le bien fondé du choix mais de parler sérieusement avec eux de ce qui est souhaitable et de ce qui est possible, des conditions auxquelles le souhaitable peut devenir possible.

C'est aussi rechercher la cohérence entre les actions prévues. En effet, dans la recherche de solutions aux problèmes rencontrés, on est souvent obligé de travailler de façon sectorielle: l'agriculture pluviale, les activités de contre-saison, l'élevage, la santé, etc... Des contradictions peuvent ainsi apparaître: objectifs divergents, concurrences en termes de calendrier, d'utilisation de la main d'oeuvre. Au-delà d'une cohérence sectorielle (enchaînement logique des actions envisagées dans un même domaine d'activité), il faut donc vérifier la cohérence entre les actions envisagées dans différents secteurs. A noter que cette cohérence peut être recherchée aussi par l'élargissement progressif à diverses activités d'un service créé à l'échelon local pour une activité donnée.. Par exemple:

- une forge mise en place pour fabriquer un petit outillage maraîcher (arrosoir, pelles, râteaux, etc...) peut devenir un moyen de maintenir en bon état du matériel agricole (charrues, houes, etc...) destiné aux cultures pluviales;

- un magasin d'intrants conçu pour les grandes cultures peut avoir une section maraîchage, arboriculture, etc..;

- un système d'épargne et de crédit tourné vers l'agriculture et l'élevage peut offrir du crédit-argent pour lancer des activités de transformation, de commerce, etc..

La gestion des ressources naturelles est une composante du plan local. Les actions retenues dans le domaine économique prennent en compte l'objectif de préservation et de régénération du potentiel écologique. A l'inverse, cet objectif peut induire des actions économiques qui permettent d'alléger la pression sur les ressources naturelles (cas de la diversification des activités agricole et extra-agricoles).
- La réalisation du plan local pluri-annuel et multisectoriel soulève des questions diverses relatives au financement (ressources des acteurs locaux, financements publics ou privés, etc...), de programmation, de suivi-évaluation et de ré-ajustement qui doivent être eux aussi définis de façon concertée.

c. l'approche contractuelle

Le troisième principe consiste à promouvoir des approches contractuelles tout au long de la démarche de planification locale. Les contrats peuvent être de différents types. Il peut s'agir:

- de contrats internes à la société rurale pouvant concerner des catégories professionnelles (agriculteurs, éleveurs, paysans, exploitants forestiers et artisans, etc...) mais aussi parfois des catégories sociales (hommes, femmes, adultes, jeunes), etc...;

- des contrats entre les ruraux et les autres acteurs locaux. Les objectifs et les programmes d'action définis par les ruraux devraient être négociés avec les autres acteurs locaux. Cela suppose que ces derniers soient associés à la démarche de planification locale, qu'ils soient informés dès le départ et que soient trouvés des moyens pour qu'ils participent, de façon modulée, au diagnostic concerté, aux différentes programmations, etc... Dans beaucoup de cas, l'expérience a montré que c'est souvent autour d'objectifs limités mais réalistes que peuvent se définir, au début, les modalités concrètes et concertées d'une collaboration, qui ira en s'élargissant. Il n'est donc pas nécessaire de tenter dès le départ de la démarche une collaboration avec tous les acteurs locaux, ni de prétendre arriver d'emblée à un contrat pluri-annuel.

- des contrats entre les villageois et des acteurs situés à d'autres échelles géographiques et d'autres niveaux de décision ne sont pas toujours aisés au départ mais ils doivent rester un objectif. Ils seront facilités si les villageois ont des structures de représentation capables de formuler des demandes, des propositions et des offres concrètes (ayant l'appui des autres acteurs locaux) à des partenaires bien identifiés au préalable (administrations régionales, services techniques, grands projets et programmes régionaux, bailleurs de fonds, etc...).

d. la responsabilisation des acteurs locaux

Le quatrième principe d'action consiste à créer, en permanence, les conditions d'une responsabilisation effective des acteurs locaux et en premier lieu des villageois. Quatre conditions apparaissent essentielles:

- l'organisation des producteurs. Dès que l'on dépasse l'échelon micro-local, les ruraux ne peuvent participer aux prises de décisions que s'ils se dotent de structures qui soient représentatives et mandatées par eux. Au plan opérationnel, cela suppose l'appui à l'émergence ou (quand elles existent déjà) au renforcement d'organisations capables d'exprimer les intérêts de leurs adhérents et de les défendre et capables de prendre en charge (seules ou en collaboration avec d'autres acteurs) des tâches liées à la réalisation des actions programmées, des fonctions économiques, de conseil aux adhérents, de contrôle, etc...
Dans beaucoup de cas en effet, l'organisation sociale héritée de la tradition se révèle inadaptée pour résoudre certains des problèmes posés. Face aux défis d'un type nouveau qu'elles doivent relever, les sociétés rurales ont besoin de se doter de formes d'organisations nouvelles, sans qu'elles aient pour cela à se renier du point de vue socio-culturel. Qu'il s'agisse d'organisations micro-locales, bâties autour de tâches précises, d'organisations sectorielles, ou d'organisations plus englobantes, les sociétés locales doivent les construire elles-mêmes. Qu'elles aient besoin d'appuis divers pour y parvenir ne saurait signifier que les modèles d'organisation peuvent leur être imposés.
- l'acquisition de compétences nouvelles. La prise de responsabilité par les ruraux ne peut s'opérer de façon efficace et durable que si elle s'accompagne d'un transfert de compétences. Cela suppose notamment un accès accru à une information diversifiée, véhiculée par des canaux multiples et des efforts considérables et suivis en matière de formation (appui à la réflexion collective, formation et conseil technique et en gestion, alphabétisation, etc...)
Les actions dans ce domaine devraient, elles aussi, être définies de façon contractuelle avec les bénéficiaires, prendre en compte les savoirs populaires et accorder une place importante aux processus d'évaluation et d'appropriation des connaissances transmises.
- un suivi-évaluation concerté. Le plan crée un cadre de référence pluri-annuel pour les actions de développement et la gestion des ressources naturelles, mais il ne doit pas devenir un carcan, étouffant les initiatives ou conduisant à refuser des opportunités qui sont conformes aux orientations générales définies. Plusieurs facteurs peuvent pousser à ré-ajuster le plan local:

- des contraintes extérieures (une sécheresse par exemple), institutionnelles (lenteur dans l'élaboration de contrats avec un partenaire extérieur), financières, etc..

- des initiatives émanant d'acteurs locaux novateurs (l'implantation d'un agro-industrie par exemple);

- des opportunités institutionnelles (un programme de santé, décidé au niveau national par exemple) ou d'équipement.

Tout réajustement du plan doit cependant être réfléchi par rapport au diagnostic et aux orientations générales définies, et concerté avec les différentes acteurs locaux. C'est le suivi-évaluation qui fournit les données nécessaires aux réajustement du plan local. Il doit permettre d'identifier les actions effectivement menées et les problèmes rencontrés dans la pratique, les facteurs qui expliquent les réussites ou les échecs, les dysfonctionnements internes et externes constatés, etc... Il doit également permettre de mesurer les effets des actions menées et les éventuels écarts entre les objectifs et les résultats obtenus.

Si le suivi est permanent, l'évaluation doit quant à elle intervenir à l'issue de chaque phase. Le suivi et surtout l'évaluation doivent être concertés. Cela suppose une évaluation externe, quantitative et qualitative, qui peut être réalisée par les animateurs locaux du programme et leurs appuis. Cela suppose aussi la restitution des résultats de l'évaluation externe aux différents acteurs engagés dans le programme.

Cette concertation permet aux acteurs locaux de progresser dans le diagnostic de leur réalité locale et de son environnement. Elle permet aussi l'ouverture d'un débat interne pour ajuster les moyens mobilisés aux objectifs poursuivis.

- un élargissement de la participation populaire et le contrôle interne et externe sont des conditions importantes de la responsabilisation des ruraux. Quels que soient, en effet, les efforts investis au départ pour susciter la participation du plus grand nombre, des "marginalisations" se produisent qui sont dues à la structuration sociale pré-existante, à des attitudes héritées des expériences de développement antérieures, etc.. Les interventions peuvent renforcer des avantages (fonciers, économiques, sociaux) existants, créer parfois des "élites" paysannes nouvelles qui monopolisent les actions à leur profit économique ou politique, favoriser des attitudes opportunistes et parfois l'opacité des comptes, etc.. Ces dysfonctionnements sont inévitables en grande partie et ne peuvent être réduits que par la mise en place de mécanismes qui permettent une transparence accrue des prises de décision. Plusieurs moyens peuvent y contribuer, par exemple:

- une décentralisation effective de la programmation qui permette aux bénéficiaires d'une action de s'exprimer;

- la restitution régulière des résultats des suivis et des évaluations aux différents sous-groupes professionnels et sociaux;

- des efforts spécifiques pour informer et former les groupes sociaux les plus défavorisés;

- la mise en place d'instances de contrôle interne;

- un contrôle externe des comptes (sous forme d'audit annuel par exemple), avec diffusion publique des résultats;

Tous ces moyens et leurs modalités de mise en oeuvre ne devraient pas être imposés à ceux qui sont au départ les interlocuteurs privilégiés des intervenants extérieurs. Ils devraient être proposés, argumentes et eux aussi négociés.

e. la remontée du local

Le cinquième principe consiste à tirer des enseignements, en termes de politiques régionales et nationales, des actions menées à l'échelon local et des résultats obtenus. Ce n'est certes pas le principe le plus aisé à mettre en oeuvre car si les acteurs locaux sont censés s'accommoder de décisions prises à des échelons supérieurs, la démarche inverse est encore peu fréquente. Il serait pourtant utile que les résultats des actions situées à l'échelon local (acquis et faiblesses, facteurs favorables et freins) puissent être capitalisés, débattus avec les niveaux de décisions supérieurs, et qu'ils puissent influer sur les choix effectués.

En matière d'environnement par exemple, l'Etat a une responsabilité dont il ne peut se dessaisir. Il lui appartient par exemple de veiller à la cohérence des différentes initiatives locales et régionales et au respect de l'objectif de maintien du potentiel de production. Cette responsabilité se traduit dans la réglementation, dans des plans d'aménagement du territoire, des schémas directeurs, qui dépassent l'échelon local et s'imposent à lui. Les initiatives locales doivent se situer à l'intérieur de ce cadre.

Le respect de ces orientations et de ces décisions serait sans doute accru si les sociétés locales étaient associées (par le biais de représentants reconnus comme des partenaires à part entière) à leur élaboration. Il en découlerait en outre un renforcement de l'autorité de l'Etat pour les faire respecter.

3. Deux remarques complémentaires


a. le rôle de l'Etat
b. la formation des cadres

a. le rôle de l'Etat

Le rôle accru donné aux acteurs locaux dans le cadre d'un développement décentralisé ne signifie pas que l'Etat n'a plus un rôle important à jouer. En effet, pour qu'émergent et se consolident des dynamiques locales, diverses mesures sont nécessaires et elles relèvent pour l'essentiel de politiques étatiques. Sans exhaustivité, on peut citer:

- des dispositions législatives et réglementaires libérant (et stimulant) l'initiative des acteurs locaux. Parmi ces dispositions devraient figurer en bonne place la création et/ou le renforcement des collectivités locales publiques. Elles devraient avoir un rôle important à l'avenir en matière de planification locale, de coordination des actions en vue de leur intégration, de soutien financier aux projets locaux, de suivi-évaluation;

- des dispositions souples et incitatives devraient concerner les collectivités locales privées (groupements, mouvement associatif, organisations de type coopératif, etc...) et aussi l'intervention d'autres acteurs (ONG, opérateurs économiques privés, etc...).

- des dispositions législatives et réglementaires permettant une véritable sécurisation foncière seraient également nécessaires à la réussite durable d'actions visant la gestion des ressources naturelles;

- il revient prioritairement à l'Etat de promouvoir un contexte socio-économique sécurisé et incitatif qui permette aux acteurs locaux, et en premier lieu aux paysans, de retirer un bénéfice correct des actions entreprises. Cela suppose un appui de l'Etat en matière d'organisation de filières, des mesures moins défavorables aux productions en matière de prix aux producteurs, une attention à la création de conditions pour que d'autres fonctions économiques (telles que l'approvisionnement, le crédit) soit assurées dans des conditions adaptées aux moyens et possibilités des producteurs;

- il revient sans doute aussi à l'Etat de promouvoir des interventions de terrain, négociées dès le départ avec les intéressés, évolutives, ouvertes. Cela suppose une meilleure articulation de la recherche sur les besoins des producteurs afin que des propositions techniques diversifiées soient proposées à ces derniers. Cela suppose aussi la mise en place de cadres de concertation qui permettent la négociation entre les différents acteurs la mise à la disposition d'un personnel qualifié chargé d'une fonction de conseil et le transfert de ressources matérielles et financières aux collectivités locales publiques mais aussi aux organisations paysannes.

- il revient sans doute aussi à l'Etat de veiller à la cohérence des actions menées. Cela suppose que l'Etat soit perçu par les acteurs locaux comme plus intégré et plus synthétique qu'il ne l'est parfois aujourd'hui et que se constitue, aux différents échelons, une personnalité morale forte qui soit chargée de veiller à cette mise en cohérence. Les politiques de décentralisation administrative, de régionalisation (Sénégal) qui sont en cours vont dans ce sens.

b. la formation des cadres

Des éléments pour la formation et le recyclage des cadres sont aussi nécessaires. Le préalable (et une condition permanente) est sans doute de rassurer les cadres en leur ouvrant des perspectives d'avenir motivantes. Il est illusoire, semble-t-il, d'attendre des cadres les investissements intellectuels, en temps de travail et en créativité, nécessaires pour assumer les tâches qu'appellent les approches de développement local s'ils ne reçoivent pas des assurances sur leur avenir et si leur statut n'est pas revalorisé.

Le désengagement de l'Etat s'accompagne souvent d'analyses fort critiques des appareils de développement. Elles atteignent les agents de développement d'autant plus durement qu'il en découle des déflations d'effectifs et parfois des interrogations ouvertes sur leur utilité. Ces constats et perspectives, posés parfois en termes seulement négatifs, sont peu propices à des remises en question productives, à des recyclages voulus. Ils alimentent parfois des résistances, conscientes ou inconscientes, de la part des cadres qui redoutent alors qu'une responsabilisation croissante des producteurs les prive à terme de leur emploi.

Outre le fait que le rôle des agents de développement a été par le passé fort utile dans maints endroits, il faut souligner que le transfert de responsabilités aux producteurs devrait s'accompagner d'une modification de leurs fonctions mais non de leur disparition, bien au contraire. Ce qui change déjà, et qui devrait changer plus à l'avenir, c'est la nature de l'appui que les cadres peuvent apporter aux paysans, les modalités selon lesquelles cet appui pourrait leur être apporté et le type de relation qui devrait s'instaurer. Cela ne remet pas en cause le besoin d'appuis efficaces et diversifiés, la demande devant plutôt s'accroître.

Permettre aux cadres d'améliorer leur compréhension des sociétés locales et des demandes des producteurs est une autre nécessité. La spécialisation des cadres les a parfois enfermés, dans le passé, dans des analyses sectorielles où la réalité était perçue à travers les objectifs de leur institution et les outils de leur spécialité. Il ne s'agit pas de remettre en cause la nécessaire spécialisation technique qui garantit l'efficacité des appuis. Il s'agit de la resituer par rapport à d'autres analyses, sectorielles ou englobantes.

Sans transformer des techniciens en sociologues ou en économistes, il paraît important de leur donner quelques outils qui leur permettent de mieux comprendre l'organisation et le fonctionnement des sociétés rurales, d'analyser les résistances qui se manifestent face à certaines de leurs propositions. De la même manière, il paraît utile d'aider les cadres à analyser les évolutions socio-économiques en cours, leur portée et les risques qui les menacent. Dans beaucoup de cas, il s'agira moins d'une découverte que de l'organisation d'analyses personnelles et d'observations que les cadres ont déjà faites sans en tirer toujours des enseignements pour leur pratique professionnelle.

Donner aux cadres des méthodes et des outils adaptés aux objectifs visés ainsi que les moyens d'en évaluer l'efficacité, des les adapter. Pour cela des méthodes et des outils existent, mis au point et testés dans des contextes différents. Il est utile de les inventorier, de les systématiser, de créer les conditions d'un transfert de connaissances. Ce dernier peut prendre diverses formes:

- des sessions de perfectionnement, si elles ont des objectifs clairs pour les bénéficiaires et si elles sont articulées à une demande des cadres que l'on a pris la peine d'identifier au préalable;

- des recyclages de plus ou moins longue durée visant l'adaptation du profil des cadres à des fonctions nouvelles;

- un accès accru des cadres de terrain à l'information. La visite d'expériences novatrices en Afrique et dans des pays du Nord, l'utilisation de films, de montages diapos, la participation à des réseaux, l'abonnement à des publications, etc.. sont des moyens qui peuvent aider les cadres à s'interroger sur leurs pratiques et stimuler leur créativité.

Les méthodes et outils qui sont transmis par les formations et les recyclages sont cependant rarement utilisables tels quels: ils demandent des adaptations aux réalités locales, aux stades divers d'évolution des processus enclenchés. Les cadres ne peuvent contribuer à ces adaptations que s'ils sont associés à leur élaboration et à leur évaluation, s'ils sont placés en situation de responsabilité et si leurs initiatives sont valorisées. Cela demande parfois une relecture du fonctionnement hiérarchique de certains appareils de développement.


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