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Chapitre 5: Besoins en formation pour l'éducation nutritionnelle: directives pour la formation en cours d'emploi des éducateurs en nutrition

La consultation a examiné les questions majeures soulevées dans le document de travail no. 4 qui a été présenté par Mme C. Hosmer, Mme J.T. Dwyer et M. A. Villarroel. M. Villarroel en introduisant le document a commencé par poser la question de savoir qui forme l'éducateur en nutrition. Idéalement, il devrait exister une formation initiale intensive pour les éducateurs. Cependant, dans beaucoup de pays cette formation initiale est assurée par les professionnels de la santé, dont beaucoup manquent d'une formation en nutrition ou sont plutôt formés à l'aspect clinique qu'à l'aspect communautaire ou éducationnel. La formation en cours d'emploi peut être une option valable dans ce cas, au moins pour le court-terme. La formation en cours d'emploi permet une mise à jour régulière des compétences et la formation d'éducateurs en nutrition de toute une série de secteurs. Le point de départ peut être la constitution d'une masse critique de formateurs pour cette formation en cours d'emploi.

La première étape dans la planification de la formation consiste en une évaluation des besoins des participants en tenant compte de leur formation antérieure et de leur expérience. On a insisté sur la nécessité de formuler des objectifs clairs, réalistes, possibles à atteindre et basés sur la compétence, pour chacune des futures tâches spécifiques des personnels formés. Ces objectifs devraient être expliqués à tous ceux intéressés par la formation.

L'importance de l'utilisation de méthodes d'enseignement adaptées aux adultes a été aussi mise en avant, c'est à dire une approche par le "partage des compétences" plutôt que des méthodes didactiques. Les formateurs devront bien se familiariser avec la théorie et la pratique de l'éducation des adultes et devront être capables d'utiliser une grande variété de méthodes et de techniques d'instruction.

Un modèle en quatre étapes a été proposé, qui pourrait être utile dans la formation. L'instructeur fait la démonstration des compétences et des réponses à donner. Puis, des sessions pratiques guidées de plus en plus indépendantes sont organisées. Ensuite, on fournit une rétroinformation sur la pertinence et la précision des réponses. Finalement, le comportement des participants est renforcé par un soutien et un encouragement.

Des manuels peuvent fournir des aides valables à la formation. En élaborant ces manuels, il est important de taire très attention aux antécédents éducationnels et culturels des participants. En général, les manuels de formation contiennent une description de chaque session avec ses objectifs clairement définis. Ces manuels peuvent inclure l'information nécessaire pour chaque session avec une liste des activités d'apprentissage, par exemple, jeux de rôle, études de cas, et activités de terrain. En outre, ils peuvent donner des informations supplémentaires, des références, des documents et des fiches de travail qui peuvent être reproduites. Il est important de préparer des manuels de formation qui soient assez souples, pour permettre des ajouts de la part des participants et des exemples locaux.

Bien que les principes de la formation soient les mêmes, le. contenu des programmes de formation varie considérablement en fonction des besoins des étudiants et de leur rôle futur. Les besoins éducationnels des éducateurs de volontaires villageois qui doivent accomplir un nombre limité de tâches dans un projet seront différents de ceux d'un éducateur en nutrition qui aura à susciter, planifier, mettre en oeuvre et évaluer un éventail de programmes.

Quel que soit leur futur rôle, les éducateurs en nutrition devront avoir des compétences et un savoir dans le domaine de l'alimentation et de son contexte (c'est à dire la manière dont l'alimentation est intégrée dans une culture) et comment ils peuvent affecter la santé, la pérennité des approvisionnements alimentaires et les économies domestiques. Les éducateurs en nutrition devraient être formés en éducation et communication, c'est à dire savoir comment les gens apprennent, connaître la théorie et la pratique des modifications des comportements, les méthodes d'apprentissage appropriées dans différents environnements et comment se comporter avec les apprenants. Une réflexion critique et la résolution de problèmes devront être encouragées. Les éducateurs en nutrition devront avoir une idée claire de leur rôle, de leurs responsabilités et de leurs limites. Certains devront aussi avoir des compétences en évaluation des besoins, en planification, gestion et mise en oeuvre de programmes, en évaluation, en plaidoyer et en collaboration interinstitutionnelle ou interdisciplinaire.

L'évaluation du programme de formation et de la performance des apprenants est essentielle. L'évaluation des apprenants doit être basée sur des objectifs clairement exprimés et doit être entreprise pendant et après la période d'apprentissage, pour évaluer l'efficacité globale du programme en même temps que les résultats individuels. On utilisera des méthodes d'évaluation adaptées aux étudiants et aux objectifs du programme. Elles peuvent comprendre des évaluations écrites sous forme de pré- et post-tests, des questions à choix multiples, l'observation des compétences des apprenants, et des exercices pratiques. On recueillera la rétroinformation des apprenants à la fin de chaque session dans le cadre du suivi du programme et comme moyen de planifier les sessions suivantes. Une évaluation de base du savoir, des attitudes et des compétences des étudiants sera toujours réalisée dans le cadre de l'appréciation des besoins pour la planification et pour mesurer l'impact du programme.

Finalement, certains aspects concernant la durée et les lieux d'intervention des programmes doivent aussi être considérés. Le temps alloué pour compléter la formation nécessaire doit prendre en compte la période de temps pendant laquelle des adultes demeurent attentifs dans un environnement d'apprentissage. L'idéal serait d'assurer une première formation suivie de sessions avec une évaluation et une supervision sur le terrain. Si cette formation de début peut être assurée pendant plusieurs heures par semaine, plusieurs semaines consécutives, on se donne la possibilité de faire de la pratique entre les sessions. Si la distance et les coûts rendent obligatoire de dispenser la formation sur plusieurs jours consécutifs, il est important d'avoir des journées pleines, pas trop longues, et avec des pauses pour réduire la fatigue. Il est souhaitable de varier les approches éducatives et d'encourager la participation des étudiants.

Des lieux d'interventions centralisés permettent d'offrir plus de ressources et d'équipements mais peuvent limiter la pertinence des activités de terrain. D'un autre côté, la formation sur le terrain, en situation, permet d'assurer une pratique "sur le tas" très pertinente. Cependant, dans les zones rurales les possibilités sont moins grandes d'accéder à des endroits pour se réunir et d'utiliser des aides technologiques et professionnelles. La formation à distance dans laquelle l'apprenant n'est pas au même endroit que l'enseignant et où la communication se fait au moyen de technologies élaborées peut être envisagée comme une option. La pratique sur le terrain doit être soigneusement planifiée dans le cas de l'utilisation de cette méthode et l'accès au terrain de stage doit être rendu facile à l'apprenant.

Discussion:

Les délibérations des experts sur les questions de formation ont porté sur l'éducation à distance incluant l'usage du téléphone, du satellite, du fax et de la vidéo, avec une discussion sur les avantages et les inconvénients de ces différentes techniques. Le fossé existant entre les éducateurs qui peuvent utiliser ces techniques et ceux qui ne le peuvent pas a aussi fait l'objet d'une réflexion. On a aussi soulevé la question du coût de ces techniques et de l'absence de personnel formé. Les experts ont noté que même si les coûts devaient être pris en compte cela ne devrait pas décourager le développement futur de ces techniques. Le contexte et les besoins des participants devraient finalement aider à choisir la meilleure approche.

Les participants à la consultation ont noté que la formation à distance n'est pas courante en éducation nutritionnelle mais qu'elle représente un potentiel important qui devrait être exploré. Les experts ont exprimé une certaine préoccupation devant le danger de voir s'élargir encore plus le fossé entre les pays qui ont accès à toutes ces nouvelles technologies et ceux qui ne l'ont pas. On a constaté que les coûts de certaines de ces technologies diminuaient rapidement et qu'elles devenaient plus accessibles.

Les experts sont d'accord qu'une fois que la technologie est en place, la formation à distance permet de toucher un grand nombre de personnes pour un coût réduit. Ils ont insisté sur le fait qu'avant de se lancer dans des activités de formation à distance, il fallait assurer la formation des instructeurs. Cette formation devrait aussi inclure une composante d'éducation en face-à-face, en particulier parce qu'il est nécessaire de développer des rapports avec le formateur et de développer des compétences pratiques. Les problèmes liés à l'absence d'enseignants du scolaire bien formés, en particulier dans certains pays plus pauvres, ont été soulevés. Les experts se sont mis d'accord sur le fait qu'il faut trouver des solutions pour surmonter ces contraintes.

On a insisté sur la nécessité de compléter l'enseignement théorique à l'école par des activités pratiques comme la restauration à l'école et les jardins scolaires. Pour créer le lien entre les sujets sur la nutrition et ces activités, à l'école aussi bien qu'à la maison et dans la communauté, il faut que la formation des enseignants soit considérée comme prioritaire. Elle doit porter sur les compétences en communication, l'évaluation des besoins, l'évaluation des matériels d'éducation nutritionnelle, l'utilisation des méthodes d'enseignement participatives et les besoins en évaluation.

Beaucoup de problèmes liés à la jeunesse ont été mentionnés et la nécessité de mettre en place des activités et une formation à l'intention de ce groupe d'âge est apparue comme importante. Les jeunes sont souvent sensibles aux vigoureuses campagnes de marketing des grandes firmes de l'alimentaire et les effets de la publicité ont été discutés. Les éducateurs en nutrition devraient être capables de tirer des enseignements des comportements de ces firmes et ils devraient essayer de développer des stratégies similaires pour promouvoir une meilleure nutrition. Ces stratégies consistent principalement à identifier les besoins des clients et à préparer les messages correspondants à ces situations particulières. es mass média, les leaders religieux, les groupes déjeunes et les groupes sportifs devraient tous être utilisés pour atteindre les jeunes qui sont en dehors du cadre scolaire.

On a proposé que ceux qui enseignent dans des institutions académiques restent en contact étroit avec les praticiens de terrain de l'éducation nutritionnelle et utilisent des exemples de pratique réelle du terrain dans leurs enseignements, plutôt que d'assurer seulement un enseignement théorique. Ceci rendrait l'enseignement plus pertinent et plus intéressant pour les étudiants. Il a été aussi recommandé que la formation formelle inclue un enseignement de la méthodologie de l'éducation et de la communication. Les participants à la consultation ont pensé que des activités de formation régionales pourrait être intéressantes du point de vue des coûts mais que les différences sociales et culturelles devraient être prises en compte.


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