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Chapitre 8: Conclusions et recommandations

Un consensus a été obtenu sur les conclusions et recommandations suivantes. Les experts ont insisté sur le t'ait que l'éducation nutritionnelle représente un des premiers moyens de protéger et de promouvoir le bien-être nutritionnel du public. Ils ont rappelé l'importance accordée à l'éducation nutritionnelle par la Conférence internationale sur la nutrition (CIN) qui s'est tenue à Rome, en Italie, en décembre 1992. Ils ont noté que le Plan d'action mondial pour la nutrition adopté par la CIN donne des directives et propose aux gouvernements des actions à prendre en compte en partenariat avec les communautés, les organisations non-gouvernementales et le secteur privé, en plus des organisations des Nations Unies, des agences bilatérales et d'autres agences de financement. Ces directives tiennent compte de l'importante contribution que l'éducation nutritionnelle et la communication peuvent apporter pour atteindre les objectifs de la Déclaration mondiale sur la nutrition adoptée par la CIN. L'éducation nutritionnelle et la communication sont considérées comme faisant partie intégrante des Plans nationaux d'action pour la nutrition. Les grands principes d'action adoptés par la CIN comportent le développement des ressources humaines. Ceci dépend d'une planification, d'une mise en oeuvre et d'une évaluation efficaces de l'éducation nutritionnelle et de la communication à travers les secteurs et les groupes de population. Le Plan d'action pour la nutrition comprend neuf stratégies thématiques avec leurs activités. Chacune des stratégies inclut l'éducation nutritionnelle et la communication en tant que composantes spécifiques (voir annexe 6). Ces stratégies thématiques sont les suivantes:

· Intégrer dans les politiques et programmes de développement des objectifs, des considérations et des éléments d'ordre nutritionnel (para 27:k).

· Améliorer la sécurité alimentaire des ménages (para 31:o).

· Protéger le consommateur en améliorant la qualité et la salubrité des produits alimentaires (para 32:j).

· Prévention et traitement de maladies infectieuses (para 33:d).

· Promotion de l'allaitement maternel (para 34:e, f)

· Prise en charge des personnes défavorisées sur le plan socio-économique et vulnérables sur le plan nutritionnel (para 36:e).

· Prévenir et combattre les carences spécifiques en micronutriments (para 43:g).

· Promouvoir des régimes alimentaires appropriés et des modes de vie sains (para 45: d, e, f, g, 1).

· Evaluer, analyser et surveiller la situation nutritionnelle (para 46: d, f).

La communauté internationale, y compris les agences et les institutions bilatérales, internationales et multilatérales sont instamment priées d'élargir leur mandat et de fournir des ressources pour aider les pays dans la consolidation et la mise en oeuvre de leurs plans d'action nationaux qui doivent inclure l'éducation nutritionnelle et là communication.

Cette "Consultation d'experts sur l'éducation nutritionnelle du public" a été organisée par la FAO pour promouvoir davantage le développement de politiques, de programmes et d'activités d'éducation nutritionnelle et de communication dans le déroulement des plans d'action nationaux. Cette consultation a aussi offert l'occasion de stimuler et de renforcer une coopération plus efficace entre les agences des Nations Unies et la communauté des professionnels. Les programmes d'éducation nutritionnelle et de communication comprennent plusieurs étapes, dans plusieurs secteurs, et à différents niveaux. De même, beaucoup d'agences des Nations Unies sont impliquées dans un large éventail d'actions pour l'éducation nutritionnelle et la communication et elles ont un rôle majeur à jouer dans la promotion d'une éducation nutritionnelle efficace du public. La coopération entre les agences des Nations Unies de ce point de vue, doit être élargie et renforcée.

Stratégies pour le développement de programmes

Conclusions

La pérennité et l'efficacité des programmes d'éducation nutritionnelle sont renforcées par l'engagement des leaders politiques, des décideurs et des bailleurs de fonds. Obtenir cet engagement représente une étape initiale importante dans la planification et le lancement d'une stratégie pour l'éducation nutritionnelle. Les expériences et les résultats obtenus dans les programmes antérieurs doivent être rassemblés et disséminés dans les pays pour être utilisés dans la planification et la mise en oeuvre de programmes futurs. Une aide financière et technique supplémentaire doit être allouée pour entreprendre l'évaluation nécessaire des programmes d'éducation nutritionnelle.

Il existe une grande variété de bons manuels et guides sur l'éducation nutritionnelle et la communication. Ils manquent cependant, des éléments essentiels pour la planification, la gestion et l'évaluation des programmes. C'est pourquoi, l'on a spécialement besoin de manuels et de moyens pour:

a) l'usage des mass média,
b) la formation, et
c) l'évaluation sur le terrain.

Les stratégies des programmes doivent être adaptées aux groupes cibles et au lieu d'intervention. Des stratégies spécifiques sont nécessaires pour chacune des trois catégories de groupes cibles: primaires - ceux qui doivent opérer des changements; secondaires - ceux qui enseignent et aident au changement; tertiaires - ceux qui influencent la communauté et qui peuvent apporter un soutien. Les groupes cibles peuvent être segmentés en fonction des connaissances locales, du contexte et des ressources du lieu.

Un large éventail de stratégies est disponible pour les planificateurs. En général, les stratégies pour les programmes d'éducation nutritionnelle devraient combiner les mass média pour familiariser le public avec la communication interpersonnelle pour faciliter les changements de comportements. Dans les programmes basés dans la communauté, les stratégies de mobilisation sociale facilitent la prise de conscience d'un sentiment de propriété locale sur le programme, ainsi qu'une certaine maîtrise locale sur la solution des problèmes de nutrition.

Un endroit clé pour développer des activités d'éducation nutritionnelle est l'école. Développer et renforcer les écoles ou l'on fait la promotion de la santé dépendent d'une bonne gestion de l'école en même temps que de la participation active et du soutien des écoliers, des parents et de la communauté.

Un soutien accru aux activités d'éducation nutritionnelle peut être obtenu grâce à des contacts entre le gouvernement, le secteur privé et les groupements de consommateurs. La mise en place d'un partenariat équilibré entre les intérêts du secteur public et du secteur privé doit être recherchée et facilitée par la discussion de questions telles que:

· le rôle du marketing et de la publicité dans l'éducation nutritionnelle;

· l'accès gratuit à des temps d'émission sur les ondes d'un service public de radiodiffusion;

· la possibilité d'obtenir des financements supplémentaires pour la promotion de la santé et l'éducation nutritionnelle à partir de sources émanant du secteur public et du secteur privé.

A cause des changements technologiques actuels, ou que l'on peut anticiper dans les approvisionnements alimentaires, il serait bon de mettre à jour périodiquement les méthodes et les stratégies utilisées en éducation nutritionnelle.

Des réseaux régionaux de professionnels responsables de programmes d'éducation nutritionnelle devraient être mis en place et soutenus.

Recommandations

On devrait utiliser des approches multidisciplinaires et multisectorielles pour la planification, la mise en oeuvre et l'évaluation des programmes d'éducation nutritionnelle. Un organisme de conseil au niveau national devrait être établi, comprenant des représentants de tous les groupes sociaux et professionnels (organisations gouvernementales et non-gouvernementales et secteur privé).

Les professionnels devraient développer et disséminer des matériels de plaidoyer pour la promotion de l'éducation nutritionnelle.

L'éducation nutritionnelle du public devrait s'étendre des stratégies traditionnelles curatives et thérapeutiques à des stratégies de prévention comprenant la promotion et l'amélioration de l'état de santé nutritionnelle.

L'éducation nutritionnelle doit recevoir la priorité là où un système en place est destiné à atteindre une certaine audience, par exemple, les enfants à l'école et les adultes au travail.

L'éducation nutritionnelle doit aller au delà des groupes bénéficiaires traditionnels (mères et enfants) pour en atteindre d'autres (par exemple, les femmes, les jeunes, les travailleurs, les personnes âgées), elle doit aller au delà des localisations traditionnelles (par exemple, les centres de santé et les écoles) pour trouver d'autres endroits habituellement négligés (par exemple, les marchés, les lieux de travail, les centres de sports et de loisirs, les établissements religieux).

Les gouvernements devraient soutenir l'établissement de directives diététiques basées surles aliments, et spécifiques à leur pays, pour orienter les programmes d'éducation nutritionnelle, de communication et de changements de comportements.

Par la suite, les gouvernements devraient penser à la nécessité de développer des guides alimentaires prenant en compte des directives diététiques culturellement pertinentes, adéquates du point de vue nutritionnel et répondant à la perception et à l'utilisation que fait le public des aliments. On aiderait ainsi ce public à utiliser les connaissances scientifiques existantes sur l'alimentation et la nutrition dans la vie de tous les jours.

Il faudrait s'efforcer d'élaborer des programmes pour l'éducation nutritionnelle en utilisant un cadre conceptuel vaste et systématique, basé lui-même sur une analyse des expériences antérieures

Tous les secteurs impliqués dans des programmes d'éducation nutritionnelle et de communication, y compris l'évaluation, doivent encourager la participation des bénéficiaires pour qu'ils contribuent à l'efficacité, à la pérennité et au développement des capacités. L'éducation sanitaire, mettant l'accent sur l'éducation nutritionnelle, devrait être intégrée en tant que "composante de base" au moins, dans le curriculum de l'enseignement élémentaire et elle devrait être évaluée. On devrait essayer d'en faire un sujet obligatoire à l'occasion des révisions des programmes. L'environnement physique et psychologique (y compris quand ils existent, les jardins scolaires et la restauration collective en cantine) devrait servir de toile de fond au curriculum sur l'éducation nutritionnelle.

Formation

Conclusions

Les programmes et les activités en éducation nutritionnelle ne maintiennent souvent pas leur impact à cause de l'absence de personnels compétents dans leur planification, leur gestion et leur évaluation. On a besoin d'un nombre suffisant de praticiens bien formés, à tous les niveaux et de tous les secteurs, pour participer aux programmes. Un des objectifs de la formation initiale et de la formation en cours d'emploi consiste à améliorer les connaissances et les compétences en éducation nutritionnelle et en communication du personnel des divers secteurs concernes (santé, éducation, agriculture, services sociaux).

Actuellement, les programmes de formation échouent souvent dans leur volonté de fournir aux étudiants les compétences en communication et en gestion nécessaires pour développer et gérer efficacement des programmes d'éducation nutritionnelle. Bien que le potentiel qu'offre les mass média soit reconnu, il n'y a pas suffisamment de professionnels des média qui soutiennent l'éducation nutritionnelle. Il est nécessaire que les agences des Nations Unies et les bailleurs de fonds apportent un appui à la formation en éducation nutritionnelle, y compris en facilitant une meilleure et plus large distribution de documents existants et en aidant à la production de matériels éducatifs additionnels, si nécessaire. L'utilisation de l'enseignement à distance peut être efficace pour augmenter les possibilités de formation en nutrition.

Recommandations

La formation des éducateurs en nutrition doit être une activité permanente, reconnue comme un élément intégral des programmes d'éducation nutritionnelle du public.

La formation du personnel pour l'éducation nutritionnelle, à tous les niveaux et dans toutes les catégories de formation, (initiale, en cours d'emploi, continue, et à distance) doit être renforcée. Une telle formation doit proposer des approches participatives qui impliquent les étudiants et les communautés dans le processus d'enseignement et qui couvrent les aspects de planification, de mise en oeuvre et d'évaluation.

Des efforts doivent être déployés pour relier la formation supérieure (c'est à dire la formation et la recherche en éducation nutritionnelle) avec les communautés. Les curricula et les matériels éducatifs pour la formation supérieure en nutrition doivent être développés en collaboration entre les enseignants de l'université et les praticiens de terrain. En retour, une fois développés, ils doivent être revus par les enseignants, les communautés et les éducateurs en nutrition, pour s'assurer de leur pertinence éducationnelle ainsi que de leur pertinence et de leur justesse nutritionnelles.

Les personnes clés dans la mise en oeuvre, tels les gestionnaires et les superviseurs des programmes d'éducation nutritionnelle, devraient bénéficier d'une formation en gestion et en utilisation des techniques de communication efficaces. Les agences des Nations Unies sont priées de s'efforcer d'identifier les besoins et les appuis à fournir à la formation en nutrition des personnes responsables de la partie éducation nutritionnelle des Plans nationaux d'action pour la nutrition (suivi de la CIN) dans les pays.

La FAO ainsi que les autres agences des Nations Unies et les gouvernements devraient encourager la production locale de matériels d'enseignement pour l'éducation nutritionnelle.

La FAO et les autres agences des Nations Unies devraient promouvoir et renforcer la création de réseaux de centres de formation pour l'éducation nutritionnelle.

Evaluation

Conclusions

Une évaluation adéquate des activités d'éducation nutritionnelle antérieures et en cours est essentielle pour développer un programme, le mettre en oeuvre et le défendre. Cependant, la plupart des initiatives en éducation nutritionnelle soit ne sont pas évaluées du tout ou si elles le sont, le sont de manière inadéquate. Communément, ceci est dû à des ressources insuffisantes, au manque de personnel qualifié, ainsi qu'à l'absence de prise de conscience des bénéfices de l'évaluation qui est souvent associée à une appréhension vis-à-vis des résultats.

Recommandations

Les gouvernements et les bailleurs de fonds doivent s'assurer que l'évaluation fait partie intégrante à la fois des programmes d'éducation nutritionnelle et de la formation, et que des ressources appropriées sont disponibles pour l'évaluation (c'est à dire du temps, des personnes et des fonds) depuis le stade de la planification. La formation pour l'évaluation doit faire l'objet d'une attention particulière dans l'enseignement formel et informel des éducateurs en nutrition et des planificateurs. Les gouvernements, les agences concernées et les autres institutions pertinentes doivent développer des matériels éducatifs pour les analyses coût/efficacité et des stratégies pour la dissémination des résultats de l'évaluation.

Utilisation des technologies informatiques

Conclusions

Une masse considérable de nouvelles technologies de la communication est disponible dans le monde, qui pourrait grandement faciliter la formation et l'éducation ainsi que l'échange d'information. Même si l'accès à ces technologies est inégal à l'heure actuelle, elles sont utilisées dans le monde et de telles technologies ont révolutionné beaucoup de disciplines et de domaines techniques. Bien que leur utilisation par les nutritionnistes ait pris du retard en comparaison à d'autre groupes d'utilisateurs, il existe un potentiel important pour une plus large application, même clans les pays en développement. Les éducateurs en nutrition doivent se familiariser avec les technologies informatiques pour améliorer leurs compétences.

Recommandations

Les éducateurs en nutrition, particulièrement ceux qui sont dans des institutions d'enseignement supérieur, doivent explorer les moyens de faire le meilleur usage des ordinateurs pour améliorer l'efficacité de leur enseignement.

Les éducateurs en nutrition doivent se familiariser avec les possibilités croissantes de communiquer offertes par l'utilisation de l'Internet ou d'autres réseaux d'information et, au besoin, ils doivent accéder à ces réseaux pour améliorer le recueil, le partage et la dissémination de l'information en nutrition.

Un serveur, LISTSERV, sera établi immédiatement par les participants de cette consultation de manière à faciliter les échanges d'informations techniques et pour améliorer la communication. Les agences des Nations Unies impliquées dans l'éducation nutritionnelle devraient explorer les possibilités qu'offre l'ordinateur pour élaborer, partager et disséminer des matériels éducatifs.


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