FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries Alimentaires 08/96

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RESUME


CONDITIONS METEOROLOGIQUES ET PERSPECTIVES DE RECOLTE

En Afrique du Nord, on estime que la production de blé de 1996 a sensiblement remonté par rapport au niveau inférieur à la moyenne de l’an dernier. Tous les pays de la sous-région ont rentré des récoltes supérieures à la moyenne. En Algérie, la production aurait augmenté de 1,3 million de tonnes pour atteindre 2,8 millions de tonnes. Malgré une légère diminution des superficies emblavées, la production en Egypte est estimée à 5,74 millions de tonnes, soit une légère amélioration par rapport à l’an dernier, alors qu’au Maroc, la production a été plus de cinq fois supérieure à celle de l’an dernier, qui avait été réduite par la sécheresse et n’était que de 1,1 million de tonnes. Après deux années consécutives de très faibles récoltes, la production en Tunisie a atteint le niveau record de 1,8 million de tonnes. En 1996, la production totale de céréales secondaires de la sous-région a aussi considérablement remonté pour atteindre, selon les estimations, 13,5 millions de tonnes, soit une augmentation de 60 pour cent par rapport à la récolte inférieure à la normale rentrée en 1995.

En Afrique de l’Ouest, des pluies inférieures à la normale du début à la mi-juillet ont nui aux cultures dans plusieurs pays du Sahel, mais les conditions se sont améliorées depuis la fin du mois de juillet. Après des pluies généralement suffisantes en mai et en juin, sauf au Burkina Faso, les précipitations sont restées inférieures à la normale du début à la mi-juillet dans le nord du Sénégal, dans l’Ouest et le centre du Mali, un peu partout au Niger et dans la zone sahélienne du Tchad., où d’importantes surfaces ont dû être réensemencées. Cependant, les pluies ont sensiblement augmenté pendant la dernière décade de juillet, notamment dans le sud de la Mauritanie, l’ouest et le centre du Mali et le sud et le centre du Tchad. Les précipitations ont nettement faibli au début août, au Sénégal, au Mali et au Niger, mais ont repris à la mi-août, sauf dans le centre du Mali. Les réserves d’humidité des sols se sont généralement reconstituées. Des pluies généralisées et abondantes en juillet et au milieu du mois d’août ont favorisé le dessalement des cultures de riz aquatique en Guinée-Bissau et la levée des cultures en Gambie. Au Cap Vert, les pluies sont arrivées sur toutes les îles, ce qui a permis de semer le maïs de la première campagne. Dans les pays côtiers bordant le Golfe de Guinée, les précipitations ont faibli en juillet et étaient encore peu abondantes à la fin du mois. Cependant, les pluies cumulées jusqu’ici pendant la saison sont à peu près normales. La récolte du maïs de la première campagne est en cours et commercialisée dans le sud, et le mil et le sorgho se développent bien dans le nord. On prévoit une amélioration en Sierra Leone, mais la production alimentaire est à nouveau très faible au Libéria, où l’insécurité s’aggrave.

En Afrique centrale, des pluies généralisées et abondantes ont favorisé la croissance des céréales secondaires. La moisson du maïs de la première campagne touche à sa fin au Cameroun, en République centrafricaine et au Congo, alors que le temps sec prévaut au sud et au centre du Zaïre.

En Afrique de l’Est, les premières perspectives pour la production céréalière de 1996 sont inégales. En Tanzanie et en Ouganda, grâce aux bonnes pluies tombées pendant la campagne principale, on rentre en ce moment des récoltes céréalières supérieures à la moyenne. Au Rwanda, la production des cultures vivrières de la deuxième campagne de 1996 a été plus élevée que l’an dernier, mais encore inférieure aux niveaux d’avant-guerre. Au Burundi, la production des cultures vivrières de la deuxième campagne devrait être plus faible que l’an dernier en raison de l’aggravation de l’insécurité. En Somalie, les pluies de juin ont amélioré les perspectives globales pour les récoltes "Gu" de 1996, que l’on rentre en ce moment. Au Kenya, la récolte principale de maïs de 1996 devrait être médiocre par suite d’une diminution des semis. En Ethiopie, les premières perspectives pour les cultures de la campagne principale "meher" de 1996 sont favorables, grâce aux pluies abondantes des derniers mois. Ces pluies ont aussi favorisé les cultures de la campagne secondaire "belg", d’où une bonne récolte. En Erythrée, les pluies du début août ont amélioré les perspectives pour les récoltes céréalières de 1996. Au Soudan, les pluies tombées à partir de la mi-juillet ont permis d’achever les semis des céréales secondaires de 1996.

En Afrique australe, la moisson des céréales secondaires de 1995/96 est achevée. La production céréalière totale est estimée à 24 millions de tonnes, soit 65 pour cent de plus qu’en 1995 et 34 pour cent de plus que la moyenne. La plupart des pays ont rentré des récoltes supérieures à la moyenne cette année, y compris le Malawi, l’Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe, qui sont les plus gros pays producteurs. Des pluies favorables et d’excellentes conditions pour la croissance des cultures ont incité à ensemencer de grandes surfaces en Angola et au Mozambique et on prévoit une production supérieure à la moyenne pour les céréales, les légumineuses et les tubercules, comme le manioc. Seule la Namibie a enregistré des précipitations inférieures à la normale, qui ont entraîné des dommages localisés aux cultures, mais gravement nui au bétail et aux pâturages. Grâce à une bonne production, la situation des approvisionnements alimentaires dans la sous-région devrait s’améliorer considérablement pendant la campagne commerciale de 1996/97. Les approvisionnements de maïs devraient permettre de couvrir les besoins, et même de reconstituer les stocks qui étaient pratiquement épuisés dans plusieurs pays, notamment au Malawi, au Mozambique, au Swaziland et au Zimbabwe. Au total, on prévoit un excédent de maïs de quelque 2 millions de tonnes, provenant principalement de l’Afrique du Sud, du Zimbabwe, et de la Zambie. Cependant, plusieurs pays auront encore besoin d’une aide alimentaire importante, notamment l’Angola, le Lesotho et le Mozambique.

En Asie, de fortes pluies ont provoqué des inondations étendues dans plusieurs régions, qui ont entraîné des décès et gravement endommagé les biens, les infrastructures et les cultures. Les pays les plus touchés ont été la Chine, le Bangladesh, l’Inde, la République de Corée, la République populaire démocratique de Corée et le Népal. Les typhons Frankie, Gloria et Herb ont aussi provoqué des décès et des dégâts étendus au Viet Nam et aux Philippines. En revanche, à Sri Lanka, de récents rapports signalent une amélioration des pluies après la sécheresse qui a considérablement réduit la production rizicole de 1995/96. Ailleurs, les perspectives de récolte sont généralement satisfaisantes au Pakistan., où la mousson s’est déroulée normalement cette année. Par suite de pénuries d’intrants agricoles et de l’insécurité, la production a à nouveau été inférieure à la normale en Afghanistan. En Iraq, par suite de dégâts dus aux ravageurs et de pénuries d’intrants agricoles, la récolte de blé a été à la fois inférieure à la normale et à celle de l’an dernier. Quoiqu’encore en-dessous de la moyenne, la production s’est améliorée en Turquie, mais a légèrement régressé en Syrie. En Arabie saoudite, où le gouvernement a pris des mesures pour réduire la production intérieure, la production serait inférieure à la moyenne et au niveau de l’an dernier.

En Amérique centrale et aux Caraïbes, la moisson des céréales secondaires de la première campagne de 1996/97 a commencé. Pour ces cultures, les perspectives sont incertaines: le résultat dépendra principalement des récoltes de maïs et de sorgho au Mexique, qui ont souffert de la sécheresse, mais qui pourraient s’améliorer grâce aux pluies récentes. Ailleurs, on prévoit une production de céréales secondaires moyenne ou supérieure à la moyenne. Aux Caraïbes, la production de céréales secondaires devrait dépasser la moyenne en République dominicaine; à Cuba et en Haïti, la récolte de maïs devrait être dans les normes.

En Amérique du Sud, la production de maïs a été supérieure à la moyenne en Argentine et au Brésil, où les semis du blé de la campagne de 1996/97 sont pratiquement achevés. D’après les premières perspectives, les récoltes pourraient frôler des records. Dans les pays andins, en Bolivie, en Equateur et au Pérou, la production de maïs a aussi dépassé la moyenne. La récolte de blé de cette année s’annonce bonne, en particulier au Pérou, et l’on prévoit une production supérieure à la moyenne. Les semis des céréales secondaires sont en cours au Venezuela, où la superficie ensemencée devrait être de l’ordre de la moyenne et en Colombie, où elle devrait diminuer.

En Europe, les perspectives restent dans l’ensemble satisfaisantes pour le blé et les céréales secondaires de 1996. La production céréalière totale dans la CE devrait augmenter, mais on prévoit un recul de la production dans plusieurs pays de l’Est. De fortes réductions sont attendues en Bulgarie, où les approvisionnements en céréales sont déjà difficiles après les exportations massives de l’an dernier. Les pluies tombées pendant la deuxième décade d’août ont amélioré les perspectives pour le maïs de printemps de 1996 en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, dans l’ex-république yougoslave de Macédoine et dans la République fédérale de Yougoslavie, après le temps sec et les températures élevées des semaines précédentes. Dans les pays Baltes, d’après les premières indications, la production céréalière de 1996 devrait augmenter fortement, même si la moisson est un peu retardée et si le résultat final sera fortement conditionné par le maintien des conditions météorologiques favorables.

Dans la Communauté des Etats Indépendants (CEI), la production de céréales et de légumineuses de 1996 pourrait dépasser de quelque 10 millions de tonnes celle de 1995, estimée à 126 millions de tonnes, principalement grâce à des récoltes plus abondantes dans la Fédération de Russie, et au Kazakhstan. On prévoit aussi une production plus élevée que l’an dernier en Azerbaïdjan, au Bélarus, en Géorgie, dans la République kirghize, au Tadjikistan et en Ouzbékistan. A l’inverse, en Ukraine et dans la République de Moldova, où le temps sec a persisté, on prévoit une forte diminution de la production. En Arménie, la récolte risque d’être bien inférieure à la normale, en raison d’importants dégâts dus au froid, alors qu’au Turkménistan, le résultat est encore incertain. Dans l’ensemble, d’après les premières indications, on estime que, grâce à une expansion des superficies emblavées en blé (+ 10 pour cent ) et à une amélioration des rendements, la production pourrait augmenter d’environ 9 millions de tonnes, et atteindre 69 millions de tonnes. La superficie sous céréales secondaires a encore diminué, mais, comme les rendements ont dans l’ensemble été meilleurs que l’an dernier, la production totale pourrait ne baisser que très légèrement, à 60 millions de tonnes.

En Amérique du Nord, une récolte de blé plus abondante est attendue aux Etats-Unis. Une augmentation sensible de la production de blé de printemps devrait compenser largement la récolte réduite de blé d’hiver. La production de céréales secondaires devrait remonter sensiblement par rapport au faible niveau de l’an dernier, grâce à une forte expansion des semis de maïs et aux conditions de croissance généralement favorables. Cependant, les conditions météorologiques des prochaines semaines auront une influence déterminante et le résultat est encore incertain. Au Canada, grâce à une augmentation des semis et à des conditions généralement favorables, la production de blé et de céréales secondaires devrait être plus abondante.

En Océanie, les perspectives sont bonnes pour le blé d’hiver et les céréales secondaires de 1996 en Australie, grâce aux conditions idéales pour les semis dans la plupart des régions et aux bonnes pluies, qui ont reconstitué les réserves d’humidité des sols. La récolte de blé s’annonce exceptionnelle. La récolte de céréales secondaires d’été, qui vient d’être rentrée, a retrouvé un niveau normal, alors qu’elle avait été réduite par la sécheresse pendant trois ans.


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