Perspectives de l'Alimentation 06/97 (FAO/SMIAR)

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SUCRE


Au second semestre 1996 les prix mondiaux du sucre ont baissé sous l’effet de prévisions d’un excédent pour la troisième campagne consécutive en 1996/97. Toutefois la tendance à la baisse des prix s’est atténuée vers la fin 1996 et début 1997. Une demande nouvelle en provenance de certains pays importateurs a appuyé une reprise des prix, qui a duré jusqu’à avril 1997. A la fin mai, les prix s’affaiblissaient de nouveau, en raison de l’accroissement des disponibilités et en l’absence de nouvelles progressions de la demande d’importation. Le prix au jour le jour de l’Accord international sur le sucre (AIS) s’est dégradé d’une moyenne de 12,81 cents la livre en juillet 1996 à 10,69 cents la livre en janvier 1997, et a atteint le point le plus bas depuis trois ans, à 10,20 la livre, le 24 janvier. Pour les quatre premiers mois de 1997, le prix AIS s’est établi en moyenne à 10,98 la livre, soit 12 pour cent de moins que dans la même période en 1996.

La FAO estime la production mondiale de sucre pour 1996/97 à 122,5 millions de tonnes en valeur brute, soit un peu moins que le niveau record de 122,9 millions de tonnes atteint en 1995/96. Ce tassement est imputable à la production réduite de sucre de canne, estimée actuellement à 86,4 millions de tonnes, soit un pour cent de moins qu’en 1995/96, tandis que la production de sucre de betterave devrait progresser quelque peu, de 1,1 pour cent, pour atteindre 43,5 millions de tonnes. En Amérique latine la production est estimée s’établir à un niveau équivalent à celui de 1995/96. Un accroissement de la production de 3 pour cent est escompté au Brésil, en raison des conditions météorologiques favorables et de l’expansion des superficies de canne à sucre. La production du Mexique devrait être d’environ 4,6 millions de tonnes, les dommages faits par la sécheresse n’ayant pas été aussi graves qu’on le redoutait, tandis qu’à Cuba la production est estimée à 4,4 millions de tonnes , soit environ 100 000 tonnes de moins qu’en 1995/96, pour partie à cause de dommages dus aux cyclones.

La baisse de la production de 5 pour cent en Extrême-Orient, jusqu’à 36,8 millions de tonnes, est presque entièrement imputable à la baisse de la production indienne. La surproduction de 1995/96 dans ce pays, avec environ 17,9 millions de tonnes, a eu pour effet une dépression des prix et des retards de paiement aux planteurs. Le passage consécutif à des cultures de remplacement comme les céréales ou le coton devrait déterminer une baisse de production de 13 pour cent, jusqu’à 15,6 millions de tonnes. La production chinoise, par ailleurs, devrait augmenter de 1,5 pour cent pour se monter à 6,4 millions de tonnes, consécutivement aux investissements publics dans le secteur sucrier, tandis que la production de la Thaïlande et des Philippines devrait demeurer aux niveaux de 1995/96 avec 6,4 et 1,8 millions de tonnes respectivement.

Un accroissement de la production est aussi attendu en Afrique: L’Afrique du Sud devrait produire 2,4 millions de tonnes et le Zimbabwe environ 500 000 tonnes, soit un accroissement d’environ 10 pour cent pour chacun de ces pays . A Maurice, une expansion de la superficie sucrière devrait se traduire par une reprise de 9 pour cent, portant la production à 625 000 tonnes.

En Océanie, la poursuite de l’expansion des superficies sucrières devrait se traduire par un accroissement de la production de 9 pour cent en Australie, pour atteindre 5,6 millions de tonnes, tandis que la production de Fidji devrait rester stable à environ 500 000 tonnes. Les superficies betteravières en Europe et en Amérique du Nord ont bénéficié de bonnes pluies d’automne. Toutefois la production en retrait de canne à sucre aux Etats-Unis, surtout à Hawaii, devrait causer un léger repli de la production globale. De mauvaises conditions météorologiques associées à la poursuite des difficultés économiques devraient se traduire par une récolte en recul dans la CEI, notamment en Ukraine et dans la Fédération de Russie, où la production est estimée à 3,0 millions et 1.8 millions de tonnes, respectivement.

PRODUCTION ET CONSOMMATION MONDIALES DE SUCRE CENTRIFUGE

Production Consommation

1995/96 1996/97 1996 1997

(. . million de tonnes, équivalent sucre brut . .)
MONDE 122,9 122,5 118,1 120,6
Pays en développement 80,8 79,8 73,4 75,6
Amérique latine 33,1 33,3 21,4 21,8
Afrique 4,2 4,4 5,9 6,1
Proche-Orient 4,3 4,7 8,8 9,2
Extrême-Orient 38,7 36,8 37,2 38,4
Océanie 0,5 0,6 0,1 0,1
Pays développés 42,1 42,7 44,7 45,0
Europe 20,5 21,5 18,8 18,9
dont: CE (17,2) (17,9) (14,3) (14,3)
Amérique d, N, 6,8 6,7 10,0 10,1
CEI 6,6 5,5 10,5 10,6
Océanie 5,1 5,6 1,1 1,1
Autres pays 3,0 3,3 4,3 4,3

SOURCE: FAO

Prix international du Sucre - Graphique

La consommation mondiale de sucre en 1997 devrait s’accroître de 2,1 pour cent pour atteindre 120,6 millions de tonnes en valeur brute, soit 2,5 millions de tonnes de plus que le chiffre révisé estimé par la FAO pour 1996. Un accroissement estimatif de 3,6 pour cent de la consommation est attendu dans les pays en développement d’Asie, ce qui est conforme au rôle de cette région sur un marché mondial en expansion. En Inde, des disponibilités abondantes, des prix intérieurs bas, et l’accroissement démographique devraient pousser la consommation de 4,5 pour cent, à environ 15,1 millions de tonnes. La croissance de la consommation de boissons gazeuses fait progresser l’utilisation de sucre en Chine et en Indonésie, les prévisions de consommation s’établissant à 8 millions de tonnes et 3 millions de tonnes respectivement. La tendance ascendante de la consommation en Asie se maintiendra probablement sous l’effet combiné de la hausse des revenus, de l’accroissement démo-graphique et des niveaux actuels de consommation, relativement bas mais orientés à la hausse.

De même l’accroissement démographique et la baisse des prix intérieurs devraient avoir une part dans l’accroissement de 1,7 pour cent que l’on prévoit pour la demande en Amérique latine, notamment au Brésil, en 1997. Pourtant on escompte une baisse de la consommation par habitant au Mexique, en raison de la diminution du pouvoir d’achat. La demande en Afrique devrait s’accroître proportionnellement à la population, sans grand changement de la consommation par habitant.

Dans les pays développés, la demande paraît relativement stable, la consommation dans l’UE et en Amérique du Nord devant prévisiblement se maintenir à ses niveaux de 1996, avec une certaine croissance dans les pays d’Europe orientale, notamment en Pologne, en raison de la baisse des prix intérieurs. La demande mondiale (brute) d’importation de sucre en 1996/97 devrait baisser d’environ 4 pour cent pour passer à 31,5 millions de tonnes, le plus gros de la baisse résultant de l’accroissement des disponibilités en Europe, à savoir dans l’UE et en Europe orientale. Les besoins d’importation de la Fédération de Russie sont estimés à 3,3 millions de tonnes, la part du sucre brut augmentant sous l’effet de la taxe de 25 pour cent qui frappe l’importation de sucres raffinés pour revitaliser le secteur du raffinage. Les importations chinoises devraient s’élever à 1,9 millions de tonnes, soit un peu moins que les 2 millions de tonnes importées en 1996. Les Etats-Unis devraient aussi rester un importateur important, avec environ 2,3 millions de tonnes.

Du fait des excédents accumulés sur trois campagnes consécutives jusqu’à 1996/97, les stocks mondiaux de sucre devraient augmenter d’environ 1,8 millions de tonnes, soit 4 pour cent, d’ici à la fin de la campagne, portant le ratio stocks-consommation à près de 40 pour cent.


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