FAO/SMIAR: Rapport Special sur l'Afrique, novembre 1997

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PREMIERE PARTIE: VUE D’ENSEMBLE

   

Alors que 1997 touche à sa fin, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne sont toujours confrontés à des difficultés d’approvisionnement alimentaire. D’après les informations disponibles, la production céréalière totale de 1997 devrait être légèrement inférieure à celle de 1996, en raison essentiellement des conditions météorologiques. En Afrique de l’Est, une grave sécheresse en début d’année a sensiblement réduit la production vivrière de la campagne secondaire au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda, en Somalie et dans une grande partie du sud de l’Ethiopie, tandis que les précipitations tardives ou irrégulières qui ont suivi ont nui aux récoltes de la campagne principale dans certains pays, comme la Tanzanie et l’Ouganda. Dans la région des Grands Lacs, la sécheresse qui a sévi dans certaines parties du Rwanda et du Burundi, associée à l’insécurité dans les zones touchées par le conflit, explique la reprise assez lente de la production vivrière, tandis qu’en Afrique australe, la production céréalière totale devrait être inférieure de quelque 9 pour cent à celle de l’an dernier en raison des conditions météorologiques défavorables. En Afrique de l’Ouest, une période de sécheresse prolongée à mi-campagne a nui considérablement aux récoltes au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie, bien que des pluies satisfaisantes aient ensuite limité les pertes de culture et amélioré les perspectives de récolte.



DES DIFFICULTES D’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE PERSISTENT EN AFRIQUE DE L’EST

Encore sous le coup de la grave sécheresse du début de l’année, l’Afrique de l’Est a souffert à nouveau des conditions météorologiques défavorables plus tard dans l’année.

En Tanzanie, après une récolte céréalière en forte baisse en 1997, qui avait fait l’objet d’une alerte spéciale du SMIAR en avril dernier, la situation des approvisionnements alimentaires est très tendue dans les régions où la récolte a été mauvaise, notamment dans les zones du nord qui connaissent deux périodes de pluie par an et où les récoltes de la campagne des longues pluies ont été décevantes pour la deuxième année consécutive. Le gouvernement estime que 3 millions de personnes environ sont confrontées à de graves pénuries alimentaires et a demandé récemment à la communauté internationale 76 000 tonnes d’aide alimentaire d’urgence. Les régions les plus touchées sont les suivantes: Mara, Shinyanga, Kagera, Kigoma, Tabora, Singida, Dodoma, Arusha, Kilimandjaro, Tanga, Morogoro, la Côte, Lindi et Mtwara, où les approvisionnements alimentaires demeureront tendus jusqu’à la prochaine récolte qui aura lieu à partir de janvier dans le nord et à partir de mai dans le centre et le sud. Une aide alimentaire d’urgence est nécessaire pour les populations touchées.

A l’échelon national, le déclin de la production céréalière en 1997, associé au faible niveau de la réserve stratégique de céréales dû à l’échec des cultures "Vuli" du début de l’année, a entraîné un déficit céréalier national de 900 000 tonnes pour la campagne commerciale 1997/98 (juin/mai), compte tenu de la consommation de cultures vivrières non céréalières de remplacement. L’essentiel du déficit devrait être couvert par des importations commerciales. Les prix du maïs, du riz, du sorgho et du manioc ont déjà plus que doublé par rapport à l’an dernier à la même époque.

Une mission FAO/PAM d’évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires de la Tanzanie est prévue pour début janvier. Elle sera chargée d’évaluer les cultures "Vuli" dans les régions septentrionales et les perspectives en ce qui concerne les approvisionnements alimentaires du pays en 1998. Les résultats de la campagne "Vuli" seront déterminants pour les approvisionnements alimentaires dans les régions du nord et du nord-est touchées par deux mauvaises récoltes céréalières consécutives.

En Ethiopie, malgré des approvisionnements alimentaires généralement satisfaisants, quelque 4,6 millions de personnes, selon des sources officielles, ont besoin d’une aide alimentaire. Ce chiffre inclut les populations des zones à déficit vivrier traditionnel, où la récolte de la campagne principale de 1996 a été insuffisante pour répondre aux besoins alimentaires, les populations des zones pastorales de l’est et du sud touchées par l’insuffisance des "courtes pluies" du début de l’année et 1,9 million de personnes touchées par la mauvaise récolte "Belg" récemment engrangée.

La situation est particulièrement inquiétante dans plusieurs régions de culture "Belg", où les perspectives de la prochaine récolte "Meher" (à partir de décembre) sont défavorables. Dans certaines zones de Tigray sud et de Wollo nord et sud, ainsi que dans certaines régions du sud, les précipitations inférieures à la moyenne de ces derniers mois ont nui au développement des cultures. On prévoit des récoltes réduites en plusieurs endroits, rendant nécessaire une assistance alimentaire prolongée en 1998.

Bien que les perspectives pour la récolte "Meher" de 1997 soient généralement favorables ailleurs, la récolte pourrait être sensiblement inférieure à celles supérieures à la moyenne, des deux dernières années. Les perspectives pourraient se dégrader du fait des fortes pluies enregistrées récemment. Une mission FAO/PAM se trouve actuellement dans le pays pour évaluer la récolte "Meher" de 1997 et les besoins d’importations céréalières pour 1998, aide alimentaire comprise.

En Somalie, les fortes pluies de fin octobre ont entraîné des inondations dans les zones agricoles, notamment dans la vallée de Juba. Les perspectives en ce qui concerne les cultures céréalières des "courtes pluies" de 1997/98 sont encore incertaines. La récolte céréalière "Gu" de 1997 serait voisine de celle de 1996, autrement dit inférieure aux niveaux d’avant la guerre à cause des périodes de sécheresse, des infestations de ravageurs et des maladies non maîtrisées et de l’insécurité persistante dans la plupart des régions. Il s’agirait de la troisième mauvaise récolte consécutive, alors que les stocks des agriculteurs sont épuisés. Les approvisionnements alimentaires sont à peine suffisants partout dans le pays. Bien que les prix du sorgho et du maïs aient baissé après la récolte, ils demeurent sensiblement supérieurs à ceux de l’an dernier.

En supposant une récolte "Deyr" secondaire normale en 1998 (récolte moissonnée en janvier), le déficit céréalier pour 1997/98 (août/juillet) est estimé à 247 000 tonnes, dont 215 000 seraient importées à des conditions commerciales, les 32 000 tonnes restantes étant couvertes par l’aide alimentaire. Toutefois, l’insécurité dans les grandes régions agricoles du sud continue à entraver le transport des céréales excédentaires locales et des produits importés, ainsi que la distribution de l’aide alimentaire. La situation alimentaire serait particulièrement grave dans les districts de la région centrale de Hiran et dans les régions de Bay, Bakool et nord-ouest, où les récoltes céréalières ont été très décevantes. Des taux élevés de malnutrition infantile sont signalés dans certains districts du sud (voir Encadré page 3).

Au Kenya, la situation en matière d’approvisionnements alimentaires s’améliore, avec la récolte en cours des cultures de la saison des "longues pluies" de 1997. Les conditions météorologiques ayant été généralement favorables dans les principales zones agricoles, la production de maïs devrait se redresser par rapport à son niveau réduit de 1996 et atteindre un niveau moyen. De ce fait, les prix du maïs, qui n’ont cessé d’augmenter l’an dernier, ont commencé à baisser à partir de septembre. Toutefois, dans les régions proches du lac Victoria, notamment dans la province de Nyanza, où les précipitations ont été irrégulières, la production est réduite. En outre, le temps excessivement humide qui a sévi à partir de la mi-octobre et qui a coïncidé avec la récolte du maïs pourrait avoir causé des pertes substantielles aux récoltes qui n’ont pas correctement séché et pourrait avoir nui aux cultures de la saison des "courtes pluies" de 1997/98 récemment semées. Dans les zones pastorales du nord et de l’est touchées par une grave sécheresse au début de l’année, la situation alimentaire s’est progressivement améliorée grâce au rétablissement des pâturages et du bétail.

En Ouganda, la récolte de la campagne secondaire de 1997 a souffert du démarrage tardif de la saison des pluies et de périodes de sécheresse en mai et les dix premiers jours de juin; la production serait bien inférieure à la moyenne. Après deux mauvaises récoltes consécutives, les approvisionnements alimentaires sont tendus et les prix des denrées alimentaires, qui baissent normalement après la récolte, ont au contraire augmenté au cours du dernier mois. La situation est particulièrement difficile dans l’est et le nord-est, où les récoltes des campagnes précédentes ont aussi été décevantes, ainsi que dans les districts de Gulu et Kitgum, au nord, où des troubles civils persistants continuent à bouleverser les activités économiques et agricoles. Une insécurité croissante est également signalée dans le district occidental de Bundibugyo, où d’importants déplacements de population ont eu lieu.

En Erythrée, les premières prévisions pour les cultures céréalières de 1997 indiquent une récolte inférieure à la moyenne pour la troisième année consécutive. Le manque de disponibilités exportables de l’Ethiopie voisine risque d’être un facteur aggravant. La sécurité alimentaire d’importants groupes de population qui, même les années normales, ne produisent pas suffisamment pour assurer leur subsistance, pourrait être menacée.

Au Soudan, la situation tendue des approvisionnements alimentaires dans le sud du pays, victime d’un conflit civil prolongé, s’est aggravée du fait des mauvais résultats de la première campagne. Ainsi, malgré une situation des approvisionnements alimentaires dans l’ensemble satisfaisante et des perspectives favorables pour la prochaine récolte, une aide alimentaire accrue est nécessaire dans le sud du pays.
 
 
 

SITUATION DES CULTURES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN SOMALIE

Une mission FAO/PAM qui s’est rendue récemment en Somalie a constaté que si la campagne "Gu" de 1997 avait commencé tôt et avec de bonnes précipitations dans la plupart des régions, les pluies s’étaient raréfiées, tombant à des niveaux inférieurs à la normale au mois de mai, pour reprendre en juin et début juillet. Alors que les superficies récoltées pendant la dernière campagne "Gu" étaient en forte augmentation, la superficie moissonnée pendant cette campagne a diminué de 6 pour cent par rapport à l’an dernier pour tomber à 423 000 hectares, soit 17 pour cent de moins que la moyenne d’avant les conflits civils (1982-88). Ont contribué à ce déclin dans certaines régions la situation nutritionnelle catastrophique des agriculteurs, l’abandon des champs ou l’absence de moisson en raison de l’insécurité, les dommages causés par les ravageurs et la sécheresse. Si les rendements moyens ont augmenté pendant cette campagne "Gu", compensant le déclin des emblavures, ils demeurent inférieurs à leur niveau d’avant la guerre civile (1982-88), du fait essentiellement du manque d’humidité au stade critique de la croissance des cultures. 

Avec un total estimé à 241 000 tonnes, la production de sorgho et de maïs de la campagne "Gu" de 1997, quoique proche de celle de l’an dernier, est inférieure à la moyenne d’avant la guerre pour la troisième année consécutive. Sur ce total, le sorgho représenterait 123 400 tonnes (51 pour cent) et le maïs 117 672 tonnes (49 pour cent). On constate des variations considérables d’une région à l’autre par rapport à la campagne "Gu" de l’an dernier: des améliorations sensibles tant pour le sorgho que pour le maïs ont été enregistrées dans les districts de Shebelle inférieur et moyen, Juba inférieur et moyen, Gedo et Hiraan, bien que ces progrès soient loin d’être uniformes. On prévoit un recul sensible de la production dans les grandes régions agricoles de Bay et Bakool; la production de la région nord-ouest serait également en baisse pour cette campagne "Gu". Cinq districts risquent plus particulièrement de connaître des pénuries alimentaires dues aux mauvaises récoltes: il s’agit de deux districts de la région de Bay (Baidoa, Bur Hakaba), de deux districts de la région de Bakool (Xuddur et Tieglow) et d’un district de la région de Hiraan (Bulo Burti). Ces districts auront besoin d’une assistance particulière. 

En ce qui concerne la situation nutritionnelle, la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans demeure élevée, voire alarmante, dans les régions de Bay et Bakool et à Mogadishu. Toutefois, bien que dans ces districts et dans d’autres, un grand nombre d’activités de surveillance locale soient en cours, il a été impossible à la mission de tirer quelque conclusion que ce soit sur la situation nutritionnelle générale. 

Avec l’arrivée sur le marché de la récolte "Gu" de cette année, les prix du sorgho et du maïs, qui avaient augmenté par rapport à mai 1996, sont retombés entre mai et fin juillet 1997. L’augmentation des prix de détail du sorgho par rapport à l’an passé est de 17 à 100 pour cent (mai 1997 par rapport à mai 1996). Les fluctuations des prix du maïs vont d’augmentations supérieures à 4 pour cent à des diminutions pouvant aller jusqu’à 28 pour cent. Ces différences tiennent en partie aux difficultés de commercialisation dues à l’insécurité dans certaines régions. Les prix des chèvres et des bovins sont en général en baisse sensible. A l’échelle du pays, la situation en ce qui concerne l’accès aux aliments, influencée par les prix du marché, varie considérablement d’un produit et d’une région à l’autre. 

En supposant une production moyenne pour la campagne "Deyr" 1997/98 de 95 000 tonnes de sorgho et de maïs (moissonnés en janvier/février 1998), le déficit céréalier total pour la campagne commerciale août 1997/juillet 1998 est évalué à 247 000 tonnes, dont 215 000 tonnes feront l’objet d’importations commerciales. Le déficit à couvrir par l’aide alimentaire sera de 32 000 tonnes de céréales. Il faudrait planifier dès que possible l’aide alimentaire, compte tenu de l’insécurité qui continue à entraver les transports d’aliments et de secours humanitaires dans plusieurs régions du pays, retardant les livraisons effectives.

PERSPECTIVES ALIMENTAIRES DEFAVORABLES POUR LE BURUNDI TANDIS QU’UNE ASSISTANCE ALIMENTAIRE DEMEURE NECESSAIRE DANS D’AUTRES PARTIES DE LA REGION DES GRANDS LACS

Malgré une amélioration de la situation des réfugiés dans la région des Grands Lacs, de graves difficultés d’approvisionnement alimentaire subsistent à cause, notamment, des mouvements massifs de population, de l’insécurité persistante et des mauvaises récoltes dues aux conditions météorologiques défavorables dans certaines régions.

Au Burundi, si la situation des approvisionnements alimentaires s’est un peu améliorée grâce à l’augmentation de la production pendant la dernière campagne, elle demeure toutefois précaire. La production alimentaire demeure inférieure à la moyenne d’avant la crise et les activités économiques et commerciales continuent à être entravées par l’embargo imposé par les pays voisins. La situation alimentaire est particulièrement grave pour d’importants groupes de population qui vivent dans des camps de regroupement et ont un accès au mieux limité à la terre. L’insécurité persistante, notamment dans les préfectures rurales de Bubanza, Cibitoke, Makamba et Bujumbura, demeure un obstacle aux activités agricoles. Les perspectives pour la prochaine récolte qui aura lieu à partir de décembre sont incertaines du fait que la saison des pluies a commencé avec trois semaines de retard. Ce retard pourrait avoir entraîné une réduction des emblavures et avoir rendu les cultures plus vulnérables en cas d’arrêt prématuré des pluies. Une mission FAO/PAM d’évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires se rendra dans le pays fin décembre/début janvier.

Au Rwanda, la situation des approvisionnements alimentaires s’est détériorée au cours des derniers mois. Les prix des produits alimentaires de base ont fortement augmenté et de graves pénuries alimentaires sont signalées dans certaines régions, notamment dans le sud. Bien que la production vivrière ait augmenté au cours de la dernière campagne, la production demeure inférieure à la moyenne enregistrée avant la crise, alors même que la population a beaucoup augmenté à la suite du retour massif des réfugiés en décembre dernier. Dans les préfectures du nord-ouest, notamment à Gisenyi et Ruhengeri, l’insécurité bouleverse les activités agricoles et la distribution des secours. Les perspectives pour les récoltes de la campagne A de 1998 sont incertaines du fait que la saison des pluies a commencé avec trois semaines de retard. Une mission FAO/PAM chargée d’évaluer les cultures vivrières de la campagne A de 1998 et d’estimer les besoins d’importation pour 1998, y compris en matière d’aide alimentaire, devrait se rendre dans le pays fin décembre-début janvier.

Dans les provinces de Kivu nord et sud dans l’est de la République démocratique du Congo, l’insécurité demeure un problème majeur, au détriment des activités agricoles et de la fourniture de secours. L’instabilité et les troubles civils se sont intensifiés le long de la frontière avec le Rwanda au cours de ces derniers mois et le gouvernement a décidé de fermer tous les points d’entrée pour empêcher un retour des réfugiés. Le sort des réfugiés rwandais restés sur place est incertain, après le départ récent et forcé du Haut Commissariat pour les réfugiés de la région.
 



LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE CONTINUE A SE DEGRADER EN SIERRA LEONE

La situation alimentaire en Sierra Leone a continué à se dégrader après le coup d’Etat du 25 mai 1997. Les prix des denrées alimentaires sont montés en flèche et de graves pénuries alimentaires sont signalées malgré les secours parvenus ces dernières semaines en petites quantités. Une forte proportion de la population a désormais un accès extrêmement limité aux aliments vendus dans le commerce et la malnutrition progresserait. Avec l’embargo imposé récemment et le blocus qui s’en est suivi, qui ont déjà frappé les approvisionnements en carburant, la situation alimentaire ne peut qu’empirer. En outre, la sécurité est de plus en plus précaire et il ne faut pas exclure une dégradation de la situation, à moins que la restauration récemment convenue de l’administration civile ne se matérialise.

Malgré des conditions météorologiques favorables à la production alimentaire, l’insécurité continue à entraver les activités agricoles et en ce qui concerne les cultures semées, la réduction des activités de gestion des cultures à un moment critique de leur cycle de croissance, associée à une pénurie d’intrants pour de nombreux ménages, entraînera une baisse des rendements et de la production totale. Selon les premières estimations du SMIAR, les besoins d’importations céréalières pour 1997 étaient évalués à 260 000 tonnes, dont 80 000 tonnes d’aide alimentaire. Avec le bouleversement des activités commerciales et humanitaires survenu depuis mai, il est probable qu’une grande partie de cette aide n’aura pas été reçue avant la fin de l’année. Il faudrait procéder d’urgence à une évaluation sur place de la situation des approvisionnements alimentaires, si les conditions le permettent, afin de déterminer les besoins alimentaires pour 1998, y compris les besoins de secours.

On compte actuellement plus de 92 000 personnes déplacées dans leur propre pays qui auraient besoin d’une assistance alimentaire, contre 65 000 en mai. Quelque 20 000 personnes ont fui dans les pays voisins après le coup et, plus tard, des milliers d’autres sont passés au Libéria à partir de la région de Pujehun pour échapper aux combats pour le contrôle de la frontière.

Au Libéria voisin, la production alimentaire de 1997 devrait accuser une légère hausse grâce à la paix et à la stabilité relatives qui y règnent et au retour de réfugiés et de personnes déplacées dans leur région d’origine. Les conditions de croissance des cultures ont également été favorables. Toutefois, le pays continuera à avoir besoin d’une aide alimentaire et d’intrants pendant quelques mois encore.



PERSPECTIVES DE RECOLTE MITIGEES DANS LE SAHEL APRES DES PERIODES DE SECHERESSE EN JUILLET ET AOUT DANS PLUSIEURS ZONES

Dans l’ouest du Sahel, les perspectives des récoltes se sont améliorées après les pluies abondantes et généralisées de fin août/septembre, qui ont compensé dans une large mesure la sécheresse précédente. Après un démarrage précoce de la saison des pluies en mai/juin, les précipitations sont tombées à un niveau inférieur à la normale de la mi-juillet à la mi-août dans la plupart des régions du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie, au détriment des cultures semées précocement. Des précipitations abondantes fin août/début septembre ont reconstitué les réserves d’humidité des sols dans ces pays et rempli les barrages en Mauritanie, améliorant les perspectives des cultures de décrue et des cultures irriguées. Des pluies abondantes en septembre et octobre ont également été bénéfiques aux cultures en Guinée-Bissau. Dans le centre du Sahel, grâce à des conditions de croissance généralement favorables, les perspectives des récoltes sont généralement bonnes au Mali et dans l’ouest du Burkina Faso, mais elles sont moins favorables dans les autres régions de ce dernier pays. Dans l’est du Sahel, les perspectives des récoltes sont mitigées au Niger, de mauvaises récoltes étant prévues ici et là. Au Tchad, les précipitations ont été en général abondantes et régulières, mais les criquets pèlerins menacent les cultures dans le nord-ouest. Au Cap-Vert, on prévoit une autre mauvaise récolte de maïs cette année. Les dernières images satellites témoignent de la disparition quasi-totale du couvert nuageux, marquant la fin de la saison des pluies.

Une série de missions FAO/CILSS d’évaluation des cultures s’est rendue dans les neuf pays membres du CILSS à partir de la mi-octobre pour discuter avec les services nationaux et les unités d’alerte rapide des premières estimations de la production céréalière de 1997. D’après les dernières informations disponibles, les récoltes seront inférieures à la moyenne au Burkina Faso, au Cap-Vert, en Gambie et au Sénégal, conformes à la moyenne en Mauritanie et au Niger et supérieures à la moyenne en Guinée-Bissau, au Mali et au Tchad. La production céréalière totale des neuf pays membres du CILSS est actuellement estimée à 9,1 millions de tonnes, soit 1 pour cent de moins que la production de 1996, niveau proche de la moyenne de ces cinq dernières années. 



LA SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES DEMEURE STABLE EN AFRIQUE AUSTRALE, MAIS EL NIÑO CONSTITUE UNE MENACE POTENTIELLE

La production céréalière totale pour 1997 est supérieure à la moyenne, mais inférieure de 9 pour cent à celle de l’an dernier. Grâce aux importants stocks de report de la récolte de 1996 constitués par plusieurs pays, la situation générale des approvisionnements alimentaires devrait rester généralement stable pendant la campagne commerciale 1997/98, sauf dans certaines régions du Malawi où les approvisionnements sont tendus à cause d’une production céréalière réduite par la sécheresse. Bien que les criquets aient endommagé les cultures dans les régions méridionales de Madagascar, le déficit de production dans les zones affectées a été compensé par de bonnes récoltes dans les autres régions, qui assurent 90 pour cent de la production céréalière totale.

Toutefois, on s’inquiète dans la sous-région d’une éventuelle sécheresse pendant la prochaine campagne due au phénomène El Niño, dont l’impact se fait déjà sentir dans certaines régions d’Asie et d’Amérique latine. Les gouvernements ont lancé un processus de planification d’urgence et encouragent les semis de cultures tolérant la sécheresse, ainsi que l’adoption de mesures de conservation de l’eau plus efficaces. En outre, quelques-uns des plans précédemment envisagés pour les importations et les exportations régionales sont en cours de réexamen.



MISSIONS D’EVALUATION DES RECOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES RECENTES ET A VENIR

Entre novembre 1997 et janvier 1998, plusieurs missions SMIAR d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires se rendront dans un certain nombre de pays d’Afrique de l’Est, de la région des Grands Lacs et d’Afrique centrale. A la mi-octobre, au moment où le présent rapport a été établi, une série de missions d’évaluation des récoltes se trouvaient au Sahel pour évaluer les perspectives de récoltes à la clôture de la campagne agricole et procéder à une première estimation de la production céréalière dans les neufs pays concernés, à savoir - Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces missions étaient organisées conjointement avec le programme DIAPER (Diagnostic permanent) et le Centre Agrhymet du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). Leurs conclusions seront présentées fin novembre lors d’une réunion du Réseau pour la prévention des crises alimentaires du Club du Sahel (OCDE).

Afrique de l’Est: Compte tenu de l’irrégularité des précipitations dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Est en 1997 et de son impact négatif probable sur la production agricole, des missions d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires sont prévues dans la Corne de l’Afrique et en Tanzanie pour y examiner la situation et les perspectives de l’offre et de la demande alimentaires et estimer les besoins d’importations céréalières, aide alimentaire comprise. Dans le cas de la Tanzanie, les perspectives de la campagne "Vuli" à peine commencée seront également évaluées.

Région des Grands Lacs: Début janvier, des missions SMIAR se rendront au Rwanda, au Burundi et, si les conditions le permettent, dans l’est de la République démocratique du Congo pour y évaluer les résultats des récoltes de la première campagne de 1998 et les besoins d’importations, aide alimentaire comprise, pour 1998.

Afrique centrale: Avec l’apaisement du conflit à Brazzaville, République du Congo, le SMIAR participera à une mission interorganisations d’évaluation des besoins prévue pour début décembre 1997.



ANNONCES ET LIVRAISONS D’AIDE ALIMENTAIRE

Les besoins d’importations céréalières de l’Afrique subsaharienne pour 1997/98 devraient augmenter, compte tenu des récoltes réduites en Afrique de l’Est et en Afrique australe. En ce qui concerne les 16 pays qui sont déjà entrés dans la campagne commerciale 1997/98, les estimations préliminaires du SMIAR pour la production de 1997 et les besoins d’importations et d’aide alimentaire pour 1997/98 sont résumés dans le tableau 1. Les besoins totaux d’aide alimentaire de ces pays en 1997/98 sont évalués à quelque 0,8 million de tonnes, soit au même niveau que l’an dernier. Les annonces d’aide alimentaire sous forme de céréales distribuées à 16 pays en 1997/98, y compris celles reportées de 1996/97, s’élèvent à 562 000 tonnes, dont 264 000 ont déjà été livrées.

Pour les 32 pays d’Afrique subsaharienne où la campagne commerciale 1996/97 n’est pas encore terminée, les annonces d’aide alimentaire s’élèvent à 1,4 million de tonnes, dont 1,2 million de tonnes environ ont déjà été livrées.



DOMAINES D’ACTION PRIORITAIRES

La situation continue à se dégrader en Sierra Leone, tandis que les approvisionnements alimentaires demeurent bien inférieurs aux besoins dans la région des Grands Lacs. A cause de l’irrégularité et de l’insuffisance des précipitations en Afrique de l’Est et dans certaines régions d’Afrique australe, l’Ethiopie, la Somalie, la Tanzanie, l’Ouganda et le Malawi connaissent des difficultés d’approvisionnements alimentaires. Dans ce contexte, l’attention de la communauté internationale est appelée sur quatre grands domaines où une assistance est nécessaire.


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