Les perspectives concernant les disponibilités alimentaires mondiales ont peu évolué depuis le dernier rapport et, selon les dernières indications, laissent toujours entrevoir une situation de l’offre et de la demande en équilibre fragile en 1997/98. Les récoltes céréalières mondiales étant, pour l’essentiel, déja rentrées ou sur le point de l’être, les prévisions de la FAO se sont affinées et indiquent aujourd’hui une hausse marginale par rapport à l’an dernier de la production mondiale qui atteindrait le niveau record de 1 888 millions de tonnes (y compris le riz en équivalent usiné). A ce niveau, la production céréalière mondiale sera proche des besoins de consommation estimés de 1997/98, mais les stocks continueront de baisser alors qu’ils sont déjà réduits. Le rapport mondial stocks-utilisation pour 1997/98, à environ 15 pour cent, se maintiendrait une nouvelle fois bien en dessous de la fourchette de 17-18 pour cent que le Secrétariat de la FAO considère comme le minimum nécessaire pour préserver la sécurité alimentaire mondiale. L’année 1997 touchant à sa fin, les risques d’une nouvelle détérioration importante des perspectives mondiales de 1997/98 s’amenuisent, mais de mauvaises conditions météorologiques, notamment du fait de El Niño (voir le rapport spécial consacré à El Niño), pourraient encore affecter certaines des dernières récoltes de 1997.

SOURCE: FAO
1/ Les données se réfèrent à l’année civile, première année mentionnée. Y compris le riz usiné.
2/ Production, plus stocks d'ouverture.
3/ Base juillet/juin pour le riz et les céréales secondaires et année civile pour le riz.
4/ Ne correspond pas exactement à la différence entre les disponibilités et les utilisations du fait que les campagnes commerciales couvrent des périodes différentes selon les pays.

Cependant, même sans modification par rapport aux prévisions actuelles, il faudra attendre encore au moins une année, et disposer d’une production 1998 en forte hausse, pour pouvoir reconstituer les stocks céréaliers à un niveau permettant de garantir la sécurité alimentaire mondiale. Les semis du blé d’hiver des récoltes 1998 sont déjà en cours dans les principaux pays producteurs de l’hémisphère Nord et les conditions sont généralement favorables. Selon les premières indications, les superficies ensemencées seraient égales à celles de l’an dernier. Toutefois, le puissant phénomène météorologique El Niño auquel on assiste actuellement, et qui devrait atteindre son paroxysme en décembre, continue d’être préoccupant dans certaines régions de production importantes de l’hémisphère Sud où les anomalies climatiques qu’il provoque pourraient avoir de graves incidences sur les récoltes 1998. A l’heure actuelle, la marge de sécurité que procurent des stocks de réserve à un niveau relativement bas est si étroite que même une légère détérioration des perspectives de récoltes 1998, risque de provoquer une flambée des prix, avec des conséquences graves pour la sécurité alimentaire de nombreux pays à faible revenu et à déficit vivrier, notamment ceux don’t les besoins alimentaires sont couverts, pour une grande partie, par les importations. Selon les dernières évaluations de la FAO, 29 de ces pays, alors qu’ils n’étaient que 25 en 1996, sont encore confrontés à des pénuries alimentaires de gravité variable (voir encadre page 4). La situation devra donc être suivie de près dans les mois à venir.

Comme il est indiqué plus haut, la FAO estime maintenant que la production céréalière mondiale de 1997 s’établira au niveau record de 1 888 millions de tonnes (y compris le riz en équivalent de riz usiné), soit 19 millions de tonnes de plus que lors du rapport précédent et une légère augmentation par rapport à l’estimation révisée de la production de1996. La plupart des récoltes de blé de 1997 de l’hémisphère Nord, qui représentent l’essentiel de la production mondiale de blé, arrivant à leur terme, les dernières indications laissent prévoir une récolte de blé record de 606 millions de tonnes en 1997, soit 16 millions de tonnes de plus que le bon niveau de l’an dernier. Des récoltes plus abondantes qu’escompté ont été rentrées dans plusieurs pays de l’hémisphère Nord, notamment dans la CEI. Dans l’hémisphère Sud, en dépit des craintes antérieures sur les effets possibles de El Niño, la récolte devrait être bonne en Australie. Néanmoins, en Amérique du Sud, où la récolte de blé 1997 n’est pas encore rentrée, des pluies éventuelles liées à El Niño pourraient encore avoir une incidence importante sur la production. En ce qui concerne les céréales secondaires, les estimations de la FAO concernant la production mondiale de 1997 ont été relevées de 12 millions de tonnes depuis le dernier rapport; celle-ci s’établirait à 900 millions de tonnes, soit légèrement en dessous de la production de 1996, mais toujours au-dessus des chiffres tendanciels. Cette dernière révision reflète les ajustements à la hausse des estimations pour l’Europe, la CEI et l’Australie. La production mondiale de riz paddy de 1997 est aujourd’hui estimée à 568 millions de tonnes (381 millions de tonnes en équivalent usiné), soit 1 million de tonnes de plus que les estimations précédentes, un niveau pratiquement inchangé par rapport à la récolte record de l’an dernier. La dernière révision est le fait principalement de la hausse escomptée de la production en Chine. Les principales récoltes de paddy de l’hémisphère Nord sont à un stade avancé de croissance et les récoltes ont débuté dans plusieurs pays.

Les estimations concernant la production céréalière 1997 sont aujourd’hui plus précises que dans le dernier rapport, car les récoltes ont bien progressé ces deux derniers mois dans plusieurs pays répartis dans le monde entier. Toutefois, les principales récoltes de blé dans l’hémisphère Sud, et la plus grande partie de la récolte du riz paddy de la campagne principale en Asie, doivent encore être rentrées. Aussi, les prévisions ci-dessus sont-elles encore susceptibles d’être modifiées. Comme mentionné plus haut, le phénomène El Niño, que l’on observe depuis le mois de mars de cette année et qui, selon les dernières informations, évolue comme prévu pour atteindre son paroxysme en décembre, provoque des inquiétudes dans plusieurs régions du globe. Toutefois, les incidences les plus fortes étant escomptées entre décembre de cette année et mars 1998, ce sont les récoltes céréalières de 1998 de plusieurs pays de l’hémisphère Sud, qui sont actuellement semées ou sur le point de l’être, qui sont les plus exposées.

Les prévisions de la FAO concernant les importations mondiales de céréales en 1997/98 (juillet/juin) ont été relevées, depuis le mois de septembre, de 1 million de tonnes. Avec 202 millions de tonnes, elles seraient supérieures d’environ 4 millions de tonnes, soit 2 pour cent, au volume estimatif révisé réduit de l’an dernier. La dernière révision est due à la hausse des estimations concernant les importations de céréales secondaires et de riz qui, globalement, devrait plus que compenser une forte correction à la baisse de celles concernant le blé. Les importations mondiales de blé de 1997/98 sont maintenant estimées à 93 millions de tonnes, soit un recul de 1 million de tonnes depuis septembre, et un niveau proche du volume estimatif révisé de 1996/97. Si cette dernière révision est due aux ajustements à la baisse des estimations concernant les importations de certains pays en développement en Asie, les importations totales de l’ensemble des pays en développement devraient progresser de 3 millions de tonnes par rapport à l’an dernier et s’établir à environ 76 millions de tonnes. Par contre, compensant cette hausse, les importations globales des pays développés devraient diminuer de 3 millions de tonnes et se situer à 17 millions de tonnes. Les importations mondiales de céréales secondaires en 1997/98 (juillet/juin) sont maintenant estimées à 90 millions de tonnes, soit 1 million de tonnes de plus qu’en septembre, et environ 3 millions de tonnes de plus que le volume de l’an dernier. La hausse des importations des pays en développement, qui devraient, avec environ 59 millions de tonnes, approcher le niveau de 1995/96, compte pour la totalité de la progression escomptée cette année. L’augmentation dans ces pays devrait plus que compenser la réduction escomptée des importations de céréales secondaires dans les pays développés, pour la sixième année consécutive. En ce qui concerne le riz, les importations mondiales de 1998 s’établissent, selon les premières estimations, à environ 19 millions de tonnes, contre un volume estimé de 18 millions de tonnes en 1997. Dans de nombreux pays parmi les principaux importateurs, les stocks d’ouverture de 1998 devraient être inférieurs à l’an dernier, alors que l’on s’attend à une hausse de la consommation.

Selon les prévisions, l’utilisation mondiale des céréales atteindra 1 888 millions de tonnes en 1997/98, soit une augmentation de près de 2 pour cent ou 36 millions de tonnes par rapport à l’an dernier. Elle serait supérieure à la tendance à long terme (1984/85-1996/97) pour la seconde année consécutive. La consommation mondiale de céréales devrait augmenter de 1,5 pour cent en 1997/98 pour s’établir à 950 millions de tonnes, l’essentiel de la hausse provenant des pays en développement. Cette progression suffira vraisemblablement à maintenir la consommation alimentaire par habitant au niveau de l’an dernier. L’utilisation mondiale pour l’alimentation animale est estimée à 667 millions, soit une hausse appréciable d’environ 3 pour cent. L’augmentation dans les pays développés comme dans les pays en développement témoigne de l’abondance des récoltes de céréales secondaires et de la baisse générale des prix par rapport à la campagne précédente.

Selon les premières indications, les expéditions d’aide alimentaire en céréales en 1997/98 (juillet/juin) resteraient proches du niveau réduit de 1996/97, estimé aujourd’hui à environ 5 millions de tonnes. Les expéditions de céréales ont baissé l’an dernier pour la quatrième année consécutive d’environ 2,8 millions de tonnes, soit de 37 pour cent par rapport à leur niveau de 1995/96. Les expéditions de céréales à destination des PFRDV se sont élevées à 4 millions de tonnes en 1996/97, soit 2,6 millions de tonnes, ou 39 pour cent, de moins qu’en 1995/96, ce qui n’a couvert que 6,5 pour cent des importations totales estimées de ces pays contre 13 pour cent en 1993/94. Les expéditions d’aide alimentaire non céréalière ont également diminué en 1996 (janvier/décembre) et, selon les premières indications, diminueront encore en 1997. Par ailleurs, en ce qui concerne l’obligation découlant de la Convention relative à l’aide alimentaire de 1995, les expéditions totales de céréales (y compris les légumineuses et produits dérivés) en 1996/97 ont avoisiné les engagements minimaux de 5,35 millions de tonnes (en équivalent blé).

Les prix à l’exportation de la plupart des céréales sont restés fermes ou ont quelque peu augmenté en septembre et début octobre, notamment du fait d’un marché actif. Fin octobre, le prix nominal du blé n° 2 des Etats-Unis (Hard Red Winter, fob) était de 158 dollars E.-U. la tonne, soit une hausse d’environ 8 dollars E.-U. la tonne depuis septembre, mais encore près de 22 dollars E.-U. la tonne de moins que l’an dernier. Les cours mondiaux du maïs ont continué de se raffermir, du fait d’une situation fondamentalement tendue de l’offre à long terme, de la forte demande récente d’importation et des inquiétudes concernant les perspectives de production de 1998 chez certains producteurs de l’hémisphère Sud où l’on craint les effets négatifs de El Niño. A la fin octobre, les cours du maïs s’établissaient à environ 123 dollars E.-U. la tonne, soit une hausse d’environ 11 dollars E.-U. la tonne depuis septembre. En revanche, les cours mondiaux du riz sont restés déprimés ces dernières semaines du fait de l’arrivée des nouvelles récoltes dans plusieurs pays d’Asie et d’un renouvellement limité de la demande. L’indice FAO des prix à l’exportation pour le riz (1982-84=100) était en moyenne de 121 points dans les trois premières semaines d’octobre, soit 1 point de moins que le mois précédent. Pendant la même période, le prix moyen du Thaï 100B était de 281 dollars E.-U. la tonne, soit une baisse de 2 dollars E.-U. la tonne par rapport au mois précédent, et d’environ 40 dollars E.-U. par rapport à l’an dernier.

Les prévisions de la FAO concernant les stocks de report des céréales pour les campagnes se terminant en 1998 ont été revues à la baisse de 2 millions de tonnes depuis le dernier rapport pour être ramenées à environ 278 millions de tonnes, soit 2 pour cent au-dessous des niveaux d’ouverture, la différence par rapport à l’an dernier étant amplifiée par la révision à la hausse des stocks de clôture de l’an dernier. L’essentiel du recul des stocks mondiaux de céréales de cette année devrait concerner les céréales secondaires et le riz. Même si l’on s’attend, pour la deuxième année consécutive, à une hausse des stocks de blé, surtout parmi les pays importateurs, les stocks mondiaux de blé resteront très en retrait des niveaux atteints au début des années 90. A l’échelle mondiale, le rapport des stocks de fin de campagne de 1998 à l’utilisation tendancielle de 1998/99 devrait être légèrement inférieur à 15 pour cent, soit bien en dessous de la fourchette de 17-18 pour cent que le Secrétariat de la FAO considère comme le minimum nécessaire pour préserver la sécurité alimentaire mondiale.