FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.3 - Juin 1999 - P. 9

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SUCRE

La FAO prévoit que le marché mondial du sucre continuera d'être excédentaire en 1998/99 étant donné que la production progresse plus rapidement que la demande. L'offre excédentaire viendrait s'ajouter à des stocks déjà très importants et devrait limiter tout relèvement des prix. La situation est aggravée par les perspectives économiques maussades dans plusieurs pays gros importateurs, ce qui ne permet guère d'espérer un redressement sensible par rapport aux bas niveaux actuels, du moins à court terme.

Les cours mondiaux du sucre ont continué leur baisse tendancielle lorsque la campagne 1998/99 (oct.-sept.) a commencé. Le prix quotidien moyen de l'Accord international sur le sucre a baissé de plus de 35 pour cent durant les sept premiers mois de la campagne 1998/99, s'établissant en moyenne à 7,14 cents E.-U. la livre durant cette période. Les prix ont chuté de 16 pour cent, passant d'une moyenne de 8,11 cents E.-U. la livre en janvier 1999 à 6,82 cents la livre en février 1999, avant de toucher le niveau le plus bas enregistré en 13 ans, soit 4,78 cents la livre à la fin d'avril 1999.

L'estimation de la FAO de la production mondiale de sucre (en valeur brute) en 1998/99 a été révisée à la hausse, s'établissant à 129,6 millions de tonnes. A ce niveau, la production en 1998/99 serait supérieure de 6,5 pour cent à l'estimation de la production de 126,6 millions de tonnes pour la campagne 1997/98. Des révisions à la hausse ont été faites pour les estimations concernant les pays producteurs de canne, principalement le Brésil et l'Inde, qui ont largement compensé les ajustements à la baisse de la production de sucre de betterave, en particulier dans la CE. La production de sucre de canne est estimée à 93 millions de tonnes, ou 72 pour cent de la production mondiale, tandis que la production totale de sucre de betterave devrait baisser encore jusqu'à 36,6 millions de tonnes. On estime que dans les pays en développement, la production de sucre augmentera de 5,4 millions de tonnes, passant de 82,2 millions de tonnes en 1997/98 à 87,6 millions de tonnes en 1998/99.

En Amérique latine, la production devrait progresser de 4 pour cent, pour s'établir à 38,7  millions de tonnes, l'essentiel de cet accroissement étant dû à la production record de 18,8 millions de tonnes enregistrée au Brésil, soit près de 2 millions de tonnes de plus que durant la campagne précédente. Une utilisation plus faible de la canne pour la fabrication d'alcool imputable à la constitution de stocks excessifs et aux prix moins rémunérateurs de l'alcool a soutenu la hausse. En outre, le temps favorable durant la dernière partie de 1998 a contribué à améliorer les rendements. Les effets négatifs des phénomènes climatiques en Amérique centrale et dans les Caraïbes, particulièrement les dégâts causés par l'ouragan Mitch, ont réduit les perspectives d'une production plus élevée dans plusieurs grands pays producteurs, y compris le Mexique et le Guatemala où la production devrait atteindre 5,0 millions de tonnes et 1,8 million de tonnes, respectivement. A Cuba, la production est évaluée à 3,3 millions de tonnes, à peine un peu plus que le plus bas niveau enregistré en 50 ans de 3,2 millions de tonnes indiqué pour 1997/98, du fait que les intrants agricoles ont continué de faire défaut.

PRODUCTION ET CONSOMMATION MONDIALES DE SUCRE CENTRIFUGÉ

     
Production
Consommation
1997/98
1998/99
1998
1999
(. . millions de tonnes, équivalent sucre brut . .)
MONDE
126,6
129,6
124,1
125,6
Pays en développement
82,2
87,6
79,1
80,3
Amérique latine
37,2
38,7
22,5
23,0
Afrique
4,4
4,5
6,4
6,6
Proche-Orient
5,3
5,4
9,4
9,6
Extrême-Orient
34,9
38,7
40,6
41,1
Océanie
0,4
0,2
0,1
0,1
Pays développés
44,4
42,1
45,0
45,3
Europe
23,8
21,9
19,6
19,7
dont: CE
(19,1)
(17,6)
(14,4)
(14,4)
Amérique du Nord
7,2
7,3
10,3
10,4
CEI
4,1
4,0
9,7
9,7
Océanie
5,9
5,3
1,2
1,2
Autres pays
3,4
3,6
4,3
4,3

La production de sucre pour 1998/99 en Extrême-Orient devrait croître d'environ 10 pour cent pour s'établir à 38,7 millions de tonnes. En Inde, où la production devrait atteindre 16,5 millions de tonnes représentant environ 40 pour cent du total régional, de meilleurs prix payés aux producteurs ont conduit à une expansion de 5 pour cent des superficies récoltées et ont réduit le volume de la canne utilisé pour la production de gur. L'amélioration des rendements et des taux de reprise a aussi contribué à cet accroissement. Les estimations précédentes relatives à la production de la Thaïlande ont été révisées à 4,9 millions de tonnes après l'annonce de pluies suffisantes et de meilleurs taux de reprise. Une production plus abondante de canne à sucre due à une expansion des superficies cultivées représenterait une augmentation de 4 pour cent dans la production de sucre de la Chine, compensant une légère baisse dans la production de sucre de betterave. On estime que dans les pays développés, la production atteindra 42,1 millions de tonnes. Dans ces pays, un recul de 8 pour cent jusqu'à 17,6 millions de tonnes est prévu pour la CE à cause d'une réduction des superficies plantées et d'une baisse des rendements, et un recul de 10 pour cent jusqu'à 5,3 millions de tonnes est prévu pour l'Australie, attribuable à une réduction des semis et aux pluies excessives.

Le taux de croissance de la consommation mondiale de sucre en 1999 devrait être seulement de 1,3 pour cent, contre 2,2 pour cent en 1998, pour atteindre 125,6 millions de tonnes, les pays en développement représentant environ 64 pour cent du total. Les baisses les plus importantes du taux de croissance seraient le fait de l'Extrême-Orient, en raison de la réduction du pouvoir d'achat sur plusieurs marchés importants due à la faiblesse de leurs économies. La consommation dans la région n'augmenterait que de 1,2 pour cent pour passer selon les estimations à 41,1 millions de tonnes en 1999, soit un chiffre nettement inférieur aux taux de croissance moyen sur cinq ans de 3,5 pour cent. La consommation en Inde, premier consommateur de sucre du monde, semble être une exception, car les abondantes disponibilités à des prix subventionnés entraîneraient une hausse de 2,5 pour cent jusqu'à 16,4 millions de tonnes. L'Amérique latine devrait aussi connaître un taux de croissance plus lent de 2 pour cent. La consommation dans les deux plus grands marchés d'Amérique latine, le Brésil et le Mexique, est estimée à 9,3 et 4,4 millions de tonnes, respectivement. Dans les pays africains en développement, on estime que la consommation augmentera de 200 000 tonnes environ, s'établissant à 6,6 millions de tonnes, principalement en raison de l'expansion démographique et des bas prix au détail maintenus grâce à l'intervention du gouvernement dans quelques pays. La consommation dans les pays développés devrait rester à des niveaux semblables à ceux de 1998, avec une augmentation de 0,7 pour cent, en raison de la stabilité des habitudes alimentaires. Une progression de 1 pour cent jusqu'à 10,4 millions de tonnes en Amérique du Nord est due principalement à un accroissement de la consommation aux Etats-Unis, évaluée actuellement à 9,1 millions de tonnes.

Le commerce mondial du sucre en 1998/99 continuera d'être caractérisé par un déséquilibre entre les disponibilités exportables et la demande d'importation. Au Brésil, des prix à l'exportation compétitifs après la dévaluation monétaire et l'accroissement de la production permettraient aux exportations d'atteindre 8 millions de tonnes, qui neutraliseraient le recul des exportations à partir de
plusieurs grands pays exportateurs, tels que les pays de la CE, le Mexique et la Thaïlande. Les exportations de l'Australie, le troisième grand exportateur, restent stables à environ 4,2 millions de tonnes. Quant aux importations, on prévoit un fléchissement de la demande en Fédération de Russie, où elle devrait passer des 4,5 millions de tonnes enregistrés l'an dernier à 3,6 millions de tonnes cette année, et aux Etats-Unis où les importations devraient fléchir à la suite de la suppression récente de la tranche des importations de mars au titre du Contingent tarifaire. La situation d'offre excédentaire qui en résulte conduirait à un gonflement des stocks mondiaux. Ceux-ci augmenteraient d'environ 4 millions de tonnes jusqu'à un niveau proche de 50 millions de tonnes et un rapport stocks/consommation de 40 pour cent.

Alors que les premières prévisions pour la campagne 1999/2000 n'indiquent pas une variation sensible dans la production mondiale, les prix dépendront en grande partie de l'évolution de la situation économique générale dans les grands pays importateurs. Les niveaux actuels des stocks mondiaux impliquent que les prix resteront bas à moins que la demande ne fasse un grand bond en avant.


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