4.1 INDICATEURS ET VARIABLES
4.2 SPÉCIFICATIONS APPLICABLES À LA SÉLECTION DES VARIABLES ET DES DONNÉES
4.3 INDICATEURS ET TYPES DE DONNÉES ET VARIABLES ASSOCIÉS
Une fois que les objectifs des politiques et de l'aménagement ont été définis, avec leurs points de référence respectifs, on peut identifier des indicateurs appropriés des résultats, de même que les variables nécessaires à leur estimation. Il y a cependant un retour entre le choix de l'indicateur et les variables des données, car c'est à ce stade que la logistique et les coûts influent particulièrement sur le programme de collecte des données. En dehors des besoins liés à l'indicateur, le choix de la variable dépend
Le facteur essentiel, toutefois, est la relation entre les indicateurs opérationnels,
biologiques, économiques et socioculturels nécessaires et
les variables qui leur sont associées. |
Les indicateurs de résultats mesurent l'efficacité des actions d'aménagement mises en uvre pour atteindre les objectifs des politiques. Ils débouchent grosso modo sur trois catégories de représentation:
Beaucoup d'indicateurs sont élaborés en combinant de multiples variables et certaines variables, comme la capture, l'effort et la valeur, ont un intérêt capital pour toutes sortes d'indicateurs ou peuvent, en soi, servir d'indicateurs. Les listes de variables correspondant à divers indicateurs peuvent donc se superposer.
Les indicateurs biologiques peuvent être utilisés pour suivre l'état d'exploitation de la pêcherie mais ne conviennent pas pour évaluer les résultats du secteur des pêches dans son ensemble. Les indicateurs économiques peuvent mesurer l'importance relative de la pêcherie pour le pays ou la région au niveau macro- ou micro-économique. Les indicateurs socioculturels prennent en compte la diversité des besoins et des pratiques de différents groupes de population à l'intérieur du secteur des pêches. Les indicateurs du respect des mesures d'aménagement sont nécessaires pour suivre l'efficacité de ces mesures et réduire les conflits. Dans la pratique, les évaluations des pêcheries devraient toujours combiner des indicateurs biologiques, économiques, socioculturels et des indicateurs du respect des mesures pour orienter les décisions en matière d'aménagement.
L'identification des priorités générales et des questions d'aménagement découle dans une large mesure de l'identification des problèmes de la pêcherie. Il existe un certain nombre d'indicateurs de résultats qui peuvent aider à identifier ces problèmes, à suggérer des possibilités d'intervention et à suivre les résultats.
Les variations des seuls indicateurs (comme la CPUE) n'ont qu'un intérêt limité. La façon la plus utile de les interpréter aux fins de décision consiste à les mettre en relation avec des points de référence qui sont soit des cibles (par exemple le rendement économique maximum ou REM, ou l'effort de pêche correspondant au REM) soit des limites (par exemple le niveau minimum biologiquement acceptable de la biomasse du stock reproducteur - MBAL)[5]. Les indicateurs eux-mêmes sont souvent faciles à calculer à partir de données systématiquement collectées sur les variables qui les composent, mais les points de référence sont généralement estimés par les méthodes d'évaluation des stocks. Pris conjointement, ils fournissent des renseignements sur l'état de la pêcherie et sur les résultats du système d'aménagement.
Il convient de bien réfléchir aux variables que l'on va collecter. Les principales questions qui se posent, les modèles qui seront utilisés et la logistique indiqueront quelles sont les variables considérées comme nécessaires et la manière dont les données connexes devront être rassemblées. Si possible, des chercheurs et des statisticiens spécialistes des pêches devraient être associés aux discussions au stade de la planification. Non seulement cela facilitera le choix des mesures du point de vue de leur utilité, mais cela permettra peut-être aussi d'abaisser les coûts en mettant au point des méthodes à même d'exploiter les variables qui sont les plus faciles à collecter. En associant par ailleurs des représentants du secteur et les pêcheurs, on pourra mettre à profit leur expérience des réalités quotidiennes des opérations de pêche. Leur participation donne également lieu à une sorte de cogestion qui présente divers autres avantages (voir section 5.2).
Une des préoccupations essentielles de la collecte de données concerne la compatibilité. Bien souvent, il faut impérativement disposer de longues séries chronologiques de données, rassemblées de manière cohérente et systématique, pour évaluer les tendances du comportement d'une variable. C'est une pratique depuis longtemps admise pour ce qui concerne les données biologiques mais qui a longtemps été ignorée dans le cas des données économiques et socioculturelles.
4.2.1 Évaluation des caractéristiques opérationnelles d'une pêcherie
4.2.2 Priorité des types de données
4.2.3 Fréquence de la collecte des données
4.2.4 Quantité et qualité des données
4.2.5 Normalisation
Avant de choisir le type de données et de concevoir le système d'enquête, il est indispensable d'évaluer les caractéristiques opérationnelles de chaque pêcherie. Il sera important aussi de mettre à jour ces renseignements quand les flottilles ou les navires se modifieront (par exemple quand on passera de navires étrangers à des navires nationaux, de flottilles artisanales à des flottilles semi-industrielles, ou de chalutiers congélateurs à des chalutiers traitant par voie humide). Il n'existe pas une unique méthode pour procéder à ce genre d'évaluation car celle-ci dépend du type de pêcherie. Néanmoins, une appréciation directe et complète des opérations quotidiennes de pêche occupe une place fondamentale dans la conception de la collecte de données. Par exemple, il faut étudier les pratiques de manutention du poisson pour décider du degré de détail des espèces qu'il sera possible d'enregistrer dans les livres de bord. C'est là un des nombreux points du processus d'aménagement où la participation des pêcheurs et d'autres représentants du secteur peut se révéler utile.
La collecte d'informations auprès du secteur de la pêche peut être une entreprise lourde, en particulier quand les relations entre le secteur et les autorités ne sont pas des meilleures. La plus ou moins grande diligence avec laquelle les données seront fournies et le peu d'empressement à seconder le rassemblement des données sont les deux plus gros problèmes qui se posent aux gestionnaires. L'industrie considère souvent la fourniture des données comme une perte de temps, un exercice sans objet et/ou craint que les informations communiquées ne profitent à d'autres. L'expérience montre clairement que deux aspects caractéristiques d'une pêcherie favorisent la collecte de données exactes en temps utile, ce sont:
Il importe donc de retenir des indicateurs et des variables qui sont directement reliés aux objectifs afin de limiter l'effort demandé tant aux pêcheurs qu'aux recenseurs s'occupant des débarquements. Dans certains cas cependant, il peut être nécessaire, pour valider les données, de recueillir plus d'informations que n'en demandent les analyses.
Quand on met au point le système de collecte des données, il faut aussi tenir compte des implications qu'aura pour l'aménagement de la pêcherie le fait de ne pas collecter certains types de données. Par exemple, pour élaborer les modèles bio-économiques nécessaires pour fixer des contingents optimaux, on aura peut-être besoin de données concernant la production, avec des renseignements détaillés sur les espèces, les produits et les tailles. Mais s'il s'avère trop coûteux de rassembler ces types de données, les gestionnaires voudront peut-être reconsidérer le contingentement comme moyen de contrôler la pêcherie.
Une fois prises quelques décisions concernant les données qu'il est possible de collecter, il faut décider de celles qui sont indispensables et celles qui sont seulement souhaitables. Les données concernant les captures et l'effort sont essentielles à la construction des indicateurs les plus importants de la plupart des pêcheries. D'autres types de données touchant certains détails de l'activité des navires peuvent, dans certains cas, être laissés de côté.
Quand on met en route un système de collecte de données, il faut, pour commencer, se concentrer sur le secteur de la récolte pour tous les domaines de données (opérationnelles, biologiques, économiques et socioculturelles), et traiter ensuite les secteurs de la transformation et autres secteurs secondaires et tertiaires en fonction des ressources disponibles et des buts de l'aménagement.
Chaque type de données peut être exploité pour plusieurs indicateurs. Les captures, par exemple, peuvent servir à la fois à calculer le revenu à des fins économiques, et comme mesure approximative de la raréfaction des ressources. Il est possible, au moyen de divers modèles, d'établir un lien entre d'un côté l'effort de pêche et, de l'autre, les coûts et la mortalité due à la pêche. Cela est intéressant car il n'est pas possible de mesurer des variables comme les coûts et la mortalité directement et tout le temps, voire pas possible du tout.
Étant donné que différents indicateurs peuvent utiliser différemment les mêmes types de données, il faut veiller à enregistrer les données d'une manière qui permette de les utiliser à différentes fins. Par exemple les données sur l'effort, qui est une variable économique, devraient en principe être enregistrées proportionnellement aux variations de coûts de la pêche, liées par exemple à la distance parcourue et au nombre de journées de pêche. Ou encore, s'il s'agit de contrôler le respect des mesures d'aménagement, il peut aussi être nécessaire de localiser la pêche. Pour des raisons biologiques, on peut avoir besoin de données sur l'effort par immersion de l'engin ou trait de chalut et de données présentées proportionnellement à la mortalité par pêche.
La sélection du type de données dépend aussi des analyses disponibles. Nombre de modèles dynamiques des populations de poissons utilisent la capture en poids et en nombre de prises par espèce, ainsi que d'autres données sur la biologie de chaque espèce (par exemple l'âge). Un modèle bio-économique peut avoir besoin de données concernant non seulement la production et les prix d'une pêcherie spécifique, mais aussi d'autres secteurs économiques à des fins de comparaison.
S'agissant des données socioculturelles, le point de départ essentiel concerne les individus pratiquant la pêche. Les vendeurs de poisson et les transformateurs viennent tout de suite après, par ordre d'importance. La collecte de données concernant d'autres parties prenantes (comme les consommateurs, les organisations écologistes, les responsables de la mise en valeur du littoral, etc.) peut venir s'ajouter à mesure que des fonds deviennent disponibles. Toutefois, le degré de détail à la fois nécessaire et disponible variera. Certaines données peuvent provenir de données déjà collectées systématiquement, telles que les permis ou licences de pêche et les recensements. D'autres données devront être rassemblées au moyen de programmes nouveaux.
La fréquence avec laquelle il convient de mesurer les variables et de collecter les données dépend du rythme auquel elles évoluent et du coût de ces mesures. La plupart des variables ont une fréquence de collecte naturelle, qui souvent devient évidente dès lors que l'on a compris la dynamique de la pêcherie. Voici, à titre d'exemples, quelques grandes catégories de fréquences:
Pour apprécier l'état des ressources, leur potentiel d'exploitation, pour préparer des options et offrir des avis aux gestionnaires des pêches, il faut des données fiables. La mesure dans laquelle ce travail peut être convenablement effectué est presque toujours conditionnée par la quantité et la qualité des données. Si de simples analyses, fondées sur un minimum d'information, peuvent fournir des indications utiles aux fins d'aménagement, les analyses sophistiquées qui étudient différentes options d'exploitation (type d'engin, pêche étrangère ou nationale) tout en tenant compte d'interactions techniques et biologiques entre les ressources sont extrêmement exigeantes pour ce qui concerne les données. La décision d'utiliser des méthodes d'analyse plus perfectionnées, qui fournissent de meilleurs avis aux gestionnaires, s'impose si l'on veut améliorer l'aménagement des pêches. Le rassemblement, par des méthodes efficaces, d'un ensemble de données exactes est fondamental pour l'amélioration de l'aménagement des pêches.
Les simulations par ordinateur peuvent être utilisées afin de déterminer la quantité et la qualité des données nécessaires pour chacun des indicateurs dans lesquels la variable intervient. Il est possible, pour un certain nombre de scénarios, d'estimer la précision des variables et le coût de la collecte. Le programme de collecte des données peut alors être élaboré de manière à limiter les erreurs statistiques, et donc soutenir le risque à un niveau acceptable.
L'établissement initial des normes et des classifications utilisées par le système doit tenir compte non seulement des besoins immédiats de collecte des données, mais aussi de l'évolution que connaîtront, dans le temps, le système de collecte et les besoins de données.
L'objectif premier de la normalisation est de faciliter l'intégration de différents systèmes de collecte de données. Un système de collecte ne répondant qu'à un seul objectif devra parfois être intégré dans d'autres systèmes ayant d'autres visées et une autre portée. Tous ces systèmes peuvent partager, à des degrés divers, un certain nombre de composantes statistiques, telles que les classifications des espèces et des bateaux/engins.
Les variables nécessaires et les strates dans lesquelles les données pertinentes sont collectées diffèrent selon les niveaux (par exemple: collectivité locale, administration locale, administration centrale ou niveau international). Ces différents besoins doivent être examinés de manière à éviter les doubles emplois. Les données devraient toujours être collectées au niveau de la strate la plus détaillée car il est toujours possible d'agréger les données, alors qu'il est impossible de les dissocier. Par exemple, si les données relatives aux fréquences de longueur des poissons sont collectées de manière cumulative par journée de débarquement au lieu de l'être par sortie de pêche, on risque de s'apercevoir, plus tard, qu'à l'occasion de sorties différentes des navires ont exploité des stocks différents. Comme les fréquences de longueur ne peuvent être rapportées à des sorties particulières, il n'est plus possible de savoir de quel stock proviennent ces données et l'on ne pourra plus se fier au travail d'évaluation des stocks qui les aura exploitées.
Quand on établit des classifications des espèces, des bateaux/engins ou d'autres classifications, il est de bonne pratique de prendre en considération d'autres systèmes statistiques susceptibles d'utiliser des catégories similaires. Des liaisons et des renvois logiques peuvent alors être établis entre les différentes classifications, ce qui rend possibles les comparaisons directes.
On évitera de modifier la structure des classifications au milieu d'un cycle de traitement car cela peut entraîner une certaine confusion, un redoublement des données ou l'attribution de données à des catégories erronées.
4.2.5.1 Normes nationales et régionales
Quand cela est possible et approprié, il est souhaitable d'utiliser les définitions, les classifications et les codes internationalement reconnus. La plupart des organisations intergouvernementales des pêches qui s'occupent de statistiques font partie du Groupe de travail de coordination des statistiques des pêches (CWS) qui a recommandé des classifications types pour les navires, les engins et les espèces. La classification internationale type des navires de pêche figure dans la publication Définition et classification des catégories de types de navires de pêche (FAO. Document technique des pêches n° 267). La classification internationale type des engins de pêche (CSITEP) figure dans la publication intitulée Définition et classification des catégories d'engins de pêche (FAO. Document technique des pêches n° 222). Le Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises (Conseil de coopération douanière, 1992) utilisé pour classifier les produits halieutiques commercialisés est tenu à jour par l'Organisation mondiale des douanes. Nombre d'organisations régionales des pêches et d'autorités nationales utilisent les codes d'espèces en trois lettres, tels qu'ils figurent dans la publication de la FAO intitulée Noms communs et noms scientifiques normalisés des espèces commerciales (FAO-FIDI), mise à jour chaque année. Quand on ne dispose pas de codes, il faut utiliser les noms scientifiques. Les manuels FAO d'identification des espèces et la base de données FishBase peuvent être consultés à titre de référence pour retrouver les noms scientifiques corrects des espèces aquatiques présentant un intérêt pour les pêches. La codification de la grille des latitudes/longitudes est normalisée pour le monde entier (Manuel pratique de la CICTA pour les statistiques et l'échantillonnage, 1990). Il existe aussi divers manuels et pages Internet sur les sites de la FAO[6] et de divers organismes régionaux, qu'il faut consulter quand on élabore un système de collecte de données. Les Nations Unies, l'Organisation mondiale de la santé, le Fonds monétaire international et les organes régionaux ont des normes pour les catégories de recensement, les valeurs nutritionnelles et sanitaires et les catégories industrielles.
Les classifications et codes spécifiques utilisés dépendront aussi de la nature et de la structure de la pêcherie. La collecte de données primaires sur les captures et l'effort de pêche dépend de la nature des opérations de pêche. Les pêcheurs trient et vendent leurs prises par catégories commerciales, qui souvent se composent d'un mélange d'espèces mais qui peuvent aussi être organisées en classes de qualité d'une même espèce. La correcte identification des espèces taxonomiques comprises dans les catégories commerciales suppose une bonne formation des opérateurs de terrain et des superviseurs, ainsi qu'un examen attentif des documents-sources avant qu'ils ne soient traités.
4.2.5.2 Prescriptions relatives à l'établissement de bases de données régionales et sous-régionales
Il est des cas dans lesquels il est indispensable de réunir des données collectées dans le cadre de différents programmes nationaux afin de conduire une recherche sur l'état de stocks partagés. Une telle intégration est réalisable sous certaines conditions:
4.3.1 Indicateurs de la pêche et indicateurs opérationnels
4.3.2 Indicateurs biologiques
4.3.3 Indicateurs économiques
4.3.4 Indicateurs socioculturels
Quand on choisit les données à collecter, il est nécessaire d'établir explicitement le lien qui existe entre les buts et objectifs, les indicateurs de résultats et les types de données et variables nécessaires pour les produire. Ces liaisons ont une incidence non seulement sur la collecte des données mais aussi sur les politiques. Si une politique requiert un renforcement de l'emploi mais que l'organisme concerné n'est pas en mesure de rassembler les données nécessaires pour évaluer la situation de l'emploi, il ne sera pas possible d'apprécier de manière fiable les résultats de cette politique. Il n'existe pas de prescriptions en matière de choix des types de données et des variables; celui-ci doit se fonder sur les besoins et les circonstances locales.
Il existe de multiples types de données possibles en dehors de ceux qui sont examinés ici. Toutefois, les exemples donnés devraient rendre compte des plus importants d'entre eux. Il n'est pas suggéré de collecter des données sur tous les types mentionnés. Le choix des données doit bien évidemment être justifié par leur utilisation. On rassemble des données pour obtenir les indicateurs dont on a besoin pour les politiques et pour l'aménagement, les dépenses exposées pour réunir les données, qui font partie des coûts de l'aménagement, doivent donc être justifiées.
Nombre de variables peuvent être employées pour plus d'un type d'indicateur (par exemple, la capture et l'effort). Cela permet d'établir leur importance et leur degré de priorité dans la collecte des données.
Dans certains cas, des types de données importants servent pour plusieurs évaluations différentes car elles mesurent un facteur couramment utilisé. Ainsi, la capture est à la fois une mesure des avantages pour la société et du coût pour la ressource; elle intervient donc dans des indicateurs tant économiques que biologiques. Dans d'autres cas, l'accroissement de la quantité de données disponibles permet souvent d'affiner des indicateurs existants. Par exemple, la valeur brute de la production pourra être convertie en valeur brute ajoutée, puis en rente de la ressource à mesure que l'on disposera d'informations plus détaillées sur les coûts.*
4.3.1.1 Capture totale: débarquements et rejets
La capture, exprimée en nombre ou en poids, représente la quantité de biomasse et de sujets enlevés de l'écosystème et représente l'impact fondamental exercé par la pêche sur les populations de poissons. Les données sur les captures sont nécessaires à la plupart des techniques d'évaluation des stocks. Les captures devraient être ventilées en catégories aussi détaillées que possible. La toute première classification des captures devrait être faite par espèce. Une évaluation des rendements spécifiques combinés repose nécessairement sur des méthodes utilisant la production générale de l'écosystème, qui en elles-mêmes ne sont pas très fiables. Si les captures peuvent être ultérieurement ventilées en catégories fondées sur la taille, la maturité, l'emplacement et la date de la capture, il sera possible alors de mettre au point toute une série de méthodes d'évaluation conduisant à des résultats plus sûrs. Une ventilation détaillée permet aussi d'améliorer les analyses économiques et socioculturelles.
Il est très difficile d'interpréter les variations de captures sans informations supplémentaires sur le stock. Des captures abondantes peuvent n'être pas durables et de faibles captures peuvent s'expliquer par des taux d'exploitation aussi bien supérieurs qu'inférieurs au taux optimal. Il faut d'autres renseignements sur l'état du stock, comme un indice de l'abondance ou la composition par taille des débarquements, pour obtenir une vraie estimation de la pêcherie. À tous les coups, une série chronologique longue de données comparables sur les captures sera nécessaire pour donner une interprétation fiable.
Quand il y a des rejets, les captures ne correspondent pas à l'équivalent poids vif des quantités débarquées. Les rejets ont des incidences biologiques non négligeables et devraient toujours être enregistrés ou estimés. La capture totale se compose des débarquements totaux et des rejets.
Le transbordement en mer ne doit pas être oublié dans le suivi des captures, sinon une proportion considérable de la capture globale peut ne pas être comptabilisée. Il ne faut négliger aucun effort pour identifier les cas de transbordement et en assurer le suivi par des observateurs à bord. Si cela n'est pas possible, il faut prendre contact avec les autorités de l'État de pavillon du navire qui réceptionne le poisson et demander leur assistance pour obtenir des données sur le transbordement. Sur les pêcheries continentales aussi, le transbordement des bateaux de pêche sur les bateaux de transport doit être pris en compte.
Variables et sources
Dans la plupart des cas, il est utile de se procurer les captures tant en poids qu'en nombre. Pour convertir le nombre en poids (ou inversement) on peut estimer le poids moyen des poissons capturés. Les mesures de la longueur peuvent aussi être converties en poids total de la capture si, auparavant, une relation fiable longueur-poids a été établie. De même, les poids débarqués de produits résultant d'opérations de transformation primaires effectuées en mer (éviscération, etc.) peuvent être convertis en poids vif (aussi appelé capture nominale, poids entier ou poids rond) une fois qu'une relation fiable a été établie.
D'une manière générale, les données relatives aux captures devraient être suffisamment détaillées en termes de strates spatio-temporelles, pour qu'on puisse les agréger aux unités de stocks. Il n'est pas toujours possible de regrouper les débarquements et les rejets par stocks car souvent les stocks ne peuvent être définis correctement, même si parfois ils peuvent être délimités en fonction de la saison et de la zone. Dans la pratique, des catégories peuvent être établies sur la base des espèces (ou groupes d'espèces), des flottilles, de la saison et de la zone de pêche.
Il importe de savoir quelle est l'espèce cible car cela permet de comprendre les activités des navires. Souvent, les captures composées d'une espèce cible (ou d'une espèce importante) sont enregistrées avec précision, alors que les captures accessoires sont soit négligées soit mentionnées en bloc, surtout quand ces captures accessoires sont rejetées. Compte tenu des préoccupations croissantes qu'inspirent les effets de la pêche sur les écosystèmes, il est important d'enregistrer les captures accessoires (qu'elles soient conservées ou rejetées) au niveau d'agrégation le plus bas possible.
Tableau 4.1 Exemples de variables concernant les captures et les rejets
Type de données |
Variables |
Espèce/groupe d'espèces cible |
(espèce ou groupe d'espèces) |
Capture totale |
poids; nombre; nombre de paniers/bacs/caissettes/cales
(volume) |
Composition spécifique |
espèces de poissons échantillonnées;
nombre de paniers/bacs/caissettes/cales par espèce |
Taille moyenne |
espèces de poissons échantillonnées,
longueur, poids; poids de la capture par taille |
Rejets |
espèces; poids; nombre de paniers/bacs/caissettes;
entiers, macérés |
Type de données |
Variables |
Types de produits |
poissons entiers ronds/verts; éviscérés;
sans arêtes; étêtés; parés; filets; avec/sans
peau; tronçons; émincés; surimi; farine de poisson
(à partir de poissons entiers/rejets/morceaux ou saumurés/ abats,
etc.); emballages consommateurs |
Coefficients de conversion |
coefficient de conversion normalisé de poisson
transformé en poids vif, par type de produit (ci-dessus) |
Entreposage des produits |
congelés entiers; surgélation individuelle;
congélation en cale; températures des stockage;
séchés, salés, saumurés, frais |
Conditionnement des produits |
marqués et emballés individuellement (ex. les
thons); carton (type et poids); sachet (type et poids); panier (type et poids);
tonneau |
Contenus des emballages |
poids autre que du poisson (glace, sel, matériau
d'emballage, glaçage, liquide, sauces, etc.); nombre de poissons; poids
de l'emballage; type de produit; calibre |
Outillage de transformation |
type de machine; taux de production |
Les débarquements totaux peuvent être obtenus des livres de bord, des bordereaux de ventes ou par des entretiens avec les pêcheurs ou avec les intermédiaires. Des estimations des rejets peuvent parfois aussi être obtenues auprès des pêcheurs. Les données fournies par des observateurs montés à bord pendant les sorties de pêche peuvent avoir leur intérêt quand on ne dispose pas d'informations détaillées sur les rejets et les lieux de pêche correspondant à la sortie. Les informations consignées par les observateurs devraient, dans une large mesure, être identiques à celles qui sont recueillies sur les points de débarquements, mais elles seront plus détaillées et comprendront des renseignements supplémentaires pertinents sur les opérations des navires.
4.3.1.2 Effort
Dans les évaluations biologiques, l'effort est utilisé pour estimer la mortalité due à la pêche. La mortalité par pêche est une variable fondamentale de l'évaluation des stocks; elle représente la proportion du stock qui est prélevée du fait de la pêche. L'effort est utilisé pour établir la plupart des mesures de contrôle de la pêche. Dans les analyses économiques et socioculturelles, l'effort peut être en relation avec l'activité halieutique, avec la rentabilité des navires et des flottilles et avec le rendement économique. Des modifications de l'effort de pêche total peuvent être une indication de l'état des stocks ou de la rentabilité de la pêche mais, tout comme les modifications de la capture, sont difficiles à interpréter sans informations complémentaires fournies par d'autres indicateurs biologiques, économiques et socioculturels.
Pour enregistrer l'effort de pêche il faut bien réfléchir à la façon dont on va se servir de cette donnée et se demander comment elle va pouvoir être collectée dans la pratique. Pour établir, entre l'effort et la mortalité par pêche, une relation qui puisse être utilisée dans les modèles biologiques, il faut que l'effort soit très exactement mis en relation avec l'utilisation d'un engin spécifique, par exemple avec le temps d'immersion d'un casier ou avec la durée de chalutage. Pour établir, d'autre part, une relation entre l'effort et la rentabilité, il faut disposer de données au niveau des sorties, notamment sur le temps passé en mer, le temps consacré à la pêche, et les intrants en personnel et en capital.
Variables et sources
L'annexe 2 donne une liste plus détaillée des mesures de l'effort, classées par ordre de priorité.
Généralement, l'effort fourni au cours d'une sortie de pêche n'est pas tout du même type. On doit pouvoir distinguer le temps consacré à la pêche, à la recherche du poisson ou à la navigation jusqu'au fonds de pêche. Il faut noter les informations liées à la recherche, comme le nombre et le type de bancs/groupes de thons rencontrés et ce avec quoi ils étaient associés. L'effort de pêche peut aussi avoir un qualificatif de succès, particulièrement dans le cas de pêcheries utilisant des chaluts ou des filets, afin de pouvoir effectuer un dénombrement complet ou relatif de chaque trait quand on fait les analyses.
Concernant les engins actifs, comme les chaluts, on peut avoir besoin d'en connaître la taille, le nombre et le nombre de fois qu'ils ont travaillé. Pour les engins passifs, comme les casiers, il faut enregistrer le temps d'immersion. Si ces données ne sont pas disponibles, il faudra prendre un cas moyen comme hypothèse. Par exemple, si seules les journées de bateau pêchant au casier sont enregistrées, il faudra prendre comme hypothèse que les bateaux ont posé, en moyenne, un nombre déterminé de casiers, avec le même temps d'immersion pour toute la série chronologique. Si cette hypothèse est erronée, les analyses qui en découleront risqueront d'être incorrectes.
Pour établir une relation entre le coût et l'effort, il faut avoir des catégories d'effort par types d'intrants financiers (types d'engins, électronique de timonerie, matériel de transformation) et par type de personnel (pêcheurs, transformateurs, cuisiniers, mécaniciens). Nombre de ces données peuvent être tirées des données concernant les navires et les opérations (tableau 4.6). Là aussi, on sera parfois obligé d'utiliser un cas moyen pour l'ensemble de l'effort (à savoir un coût fixe par unité d'effort) si les informations appropriées ne sont pas disponibles.
Le cas échéant, les observations visuelles de navires de pêche constituent une importante source d'information sur les activités des navires. On peut s'en servir pour vérifier les données concernant l'effort provenant d'autres sources, ou pour estimer l'effort directement. L'emploi des données fournies par les observations visuelles dépend de l'étendue des observations et du degré de détail des renseignements qui les accompagnent (par exemple, la localisation précise des navires ou la mesure dans laquelle les activités ont été enregistrées).
Tableau 4.3 Exemples de variables utilisées pour identifier les types et les caractéristiques des engins de pêche
Type de données |
Variables |
Engin |
Type d'engin (chalut de fond, drague, chalut pélagique,
senne coulissante, filet maillant, palangre, canne et ligne, turlutte, casier,
senne de plage) |
Construction |
Maillage(s); matériaux; taille des hameçons;
portes; DET; grille; panneaux à éclatement; portes
d'échappement; dérivations |
Taille |
Longueur, hauteur, ralingue supérieure, ralingue de
fond, écartement des hameçons, longueur totale de ligne |
Déploiement |
Fond, couche pélagique, surface, fixe, ancré,
dérivant, association (loch/banc/DAP/oiseaux/remontée
marine/convergence) |
Navires auxiliaires |
Dinghies, annexes, bateau aidant à la pose des
filets |
Électronique |
Balises, sonde de filet, senseurs de masse |
Marquages |
Numéro des engins, matricule des navires |
Appâts |
Type d'appât utilisé en association avec l'engin
(dans les casiers, sur les hameçons des palangres, etc.) |
Type d'engins |
Variables |
Tous engins |
Temps de navigation, temps de pêche, nombre de personnes
employées, par type; types d'engins; électronique; autres intrants
financiers |
Chaluts et dragues |
Date, heures, vitesse, positions (lat./long., localisation,
grille, profondeur) pour les engins calés, posés
sur le fond, sur le banc, fermés,
hors fond, début du treuillage, à la
surface |
Sennes coulissantes |
Date, heures, positions (lat./long., localisation, grille)
début de calage, fin de calage, fermeture de la coulisse,
pompée/vidée, à bord |
Palangres |
Nombre d'hameçons posés; date; heures; positions
au début du calage, fin du calage, début de treuillage, fin du
treuillage |
Casiers |
Nombre de casiers posés, date, heures, positions au
début de la mise à l'eau, fin de mise à l'eau, début
de relevage, fin de relevage |
Filets verticaux |
Nombre et longueur de nappes posées, date, heures,
positions au début de la mise à l'eau, fin de mise à l'eau,
début de treuillage, fin de treuillage |
Cannes et lignes, turluttes |
Nombre et type de cannes, nombre et type de turluttes, date,
heure de début, heure de fin, Position (lat./long./profondeur) de
l'opération |
Sennes de plage |
Longueur du filet, date, heure du début, heure de fin
d'opération |
Type de données |
Variables |
Identificateurs |
Navire, numéro du permis ou de la licence
affiché sur la coque du navire |
Localisation |
Latitude et longitude, fonds de pêche, zone statistique,
zone d'aménagement |
Activités |
Navigation, pêche, mise à l'eau de l'engin,
treuillage de l'engin |
Infractions |
Pêche sans licence, pêche dans une zone
fermée, pêche hors saison, absence d'identificateurs
appropriés du navire; infractions concernant le type d'engin, le maillage
et la taille des poissons; capture mal déclarée |
La CPUE ou taux de capture est fréquemment l'indice le plus utile en soi pour le suivi à long terme de la pêcherie. Il est souvent utilisé en tant qu'indice de l'abondance des stocks, où l'on suppose qu'il existe une certaine relation entre l'indice et la taille du stock. Il peut aussi servir à suivre le rendement économique.
Il peut être dangereux de s'en tenir à la seule CPUE en tant qu'indice de la taille du stock, surtout dans le cas de pêcheries pélagiques. On suppose couramment que l'indice est proportionnel à la taille du stock et que la taille du stock change selon un modèle de population particulier. Des données supplémentaires sont nécessaires pour vérifier la validité de ces hypothèses.
Un autre problème se pose quand les rendements de la pêche et les modes d'opération changent avec le temps, ce qui nécessitera un ajustement de l'indice. Des enquêtes systématiques sur les engins, comme celles que l'on effectue avec des enquêtes cadres fréquentes, devraient aider à résoudre ce problème.
La CPUE à elle seule ne peut établir le rendement économique ou la rentabilité des navires. Il faut des données supplémentaires sur les coûts et les profits.
Variables et sources
À chaque stock et type d'engin devrait correspondre une CPUE distincte. Dans la pratique, il est possible qu'on ne dispose d'indices CPUE distincts que pour chaque espèce (ou groupe d'espèces), flottilles, campagne et zone de pêche. En règle générale, il serait bon d'enregistrer, outre la capture et l'effort, un aussi grand nombre que possible de variables influant sur le taux de capture. Ces variables peuvent ensuite être incluses dans les analyses de manière à pouvoir ajuster la CPUE en ne tenant compte que des effets qui présentent un intérêt.
La CPUE peut être calculée directement à partir des débarquements des navires si les prises sont enregistrées par unité d'effort. Cependant, les captures (tableau 4.1) et l'effort de pêche (tableau 4.4) sont généralement enregistrés séparément et la CPUE est dérivée de ces données. Il faut savoir qu'il existe de nombreuses manières différentes de mesurer l'effort de pêche, de sorte que l'on disposera de plusieurs mesures possibles à partir des variables enregistrées. On sera sûr ainsi que l'unité d'effort la plus appropriée pourra être utilisée dans chaque analyse.
4.3.1.4 Opérations de pêche
Les indicateurs des opérations de pêche décrivent la composition des flottilles de pêche et les modes de pêche; ils sont à la base de la plupart des décisions d'aménagement. Ils sont importants pour suivre le respect des mesures ainsi que pour les analyses faisant intervenir l'effort de pêche. Par exemple, la cartographie des activités des flottilles en fonction de l'engin employé permet aux gestionnaires de repérer les infractions touchant la répartition des zones de pêche ou les conflits potentiels concernant l'emploi des engins (par exemple, le chalutage par opposition à l'emploi de filets maillants) qui nécessitent un zonage.
En établissant un lien entre les opérations de pêche et les données socioculturelles, les données concernant l'infrastructure et d'autres données économiques, on obtiendra de meilleures analyses des activités des flottilles. De telles analyses permettront de mieux comprendre les motivations qui expliquent le comportement des différentes flottilles, de façon que des prévisions plus précises pourront être faites de la réaction des flottilles aux modifications de la pêcherie.
Variables et sources
Les variables concernant le fonctionnement de la pêcherie se réfèrent à des informations sur les types et le nombre d'engins, le lieu de pêche, la vitesse et la direction des navires. L'engin de pêche est un élément qui appelle un suivi attentif car les pêcheurs améliorent constamment leur engin. Leur objectif premier est d'accroître leur taux de capture ou d'abaisser les coûts d'exploitation, donc de diminuer les coûts de revient. Les pêcheurs s'efforcent secondairement d'être en règle avec les mécanismes de régulation qui peuvent leur être imposés, en particulier pour minimiser la capture d'espèces et de classes de taille illégale.
La plupart des navires de pêche dont les activités font l'objet de dénombrements exhaustifs fonctionneront dans le cadre d'un régime de licence ou d'immatriculation des navires. Beaucoup des données nécessaires pour suivre les activités des navires de pêche proviennent directement des navires de pêche, par le biais par exemple des livres de bord, des rapports d'observateurs, des inspecteurs, des vérificateurs des débarquements, ou de systèmes de suivi des navires. Les données relatives aux opérations peuvent être mises en rapport avec les caractéristiques des navires au moyen d'identificateurs uniques, comme l'indicatif d'appel ou le numéro de licence. Les registres sont généralement la principale source de données, mais pour des problèmes de couverture et de mise à jour, il peut arriver que ces renseignements soient collectés par mesure directe pour faire des recoupements ou combler des lacunes dans les données. Les livres de bord, les questionnaires et les entretiens peuvent aussi livrer des renseignements complémentaires allant au-delà des variables essentielles, comme les coûts ou les données démographiques concernant les équipages.
Tableau 4.6 Exemples de variables concernant les navires de pêche
Type de données |
Variables |
Identificateurs |
Nom du navire; numéro d'immatriculation du navire;
indicatif d'appel radio international (souvent utilisé comme clé
primaire unique); numéro de la licence ou du permis de pêche du
navire; nom du capitaine; numéro de licence du pêcheur |
Type |
Type de navire (ex.: chalutier, senneur, palangrier, canneur,
pirogue) |
Puissance |
Moteur interne/externe; voile; puissance CH du moteur:
générateur |
Taille |
Jauge brute; tonneaux de jauge; capacité de charge;
longueur; largeur |
Équipage |
Nombre de membres, par grade ou description des
fonctions |
Engin |
Il peut être difficile d'identifier la nature de l'engin
de pêche utilisé (parfois plusieurs types d'engins au cours d'une
même journée de pêche), mais il sera indispensable de le
faire si l'on entreprend une estimation précise de l'effort de
pêche |
Opérations |
Nombre de sorties; date et heure du début/de la fin de
la sortie; opérations (au port, en cours de navigation, pendant la
pêche, pannes) |
Accompagnement |
Hélicoptère, annexe, dinghy, navire de
pêche compagnon (chalutage en paire) |
Stockage |
Type (cale sèche; caisson avec saumure;
congélateur); capacité; température |
Méthode de congélation |
En saumure, à plaque, à air
pulsé |
Communications |
Type (ex. radio, téléphone, internet); contact
(numéro, adresse) |
Autres équipements électroniques |
Type (ex. systèmes GPS, sonar,
échosondeurs) |
4.3.1.5 Infractions et poursuites
Des modifications du nombre et du type des infractions peuvent être une indication d'un changement dans la manière de respecter les mesures d'aménagement et donner un aperçu de l'efficacité desdites mesures, ou de modifications des modes de pêche dues aux conditions du stock ou du marché. Les diverses lois et réglementations sont conçues pour convertir les décisions de caractère général et les décisions d'aménagement en dispositions concrètes. Des actions préventives d'application incitent les pêcheurs à se soumettre à ces mesures, qui bénéficient à l'ensemble de la communauté. Une absence d'application, quelle qu'en soit la raison, peut indiquer que la décision de politique générale ou d'aménagement doit être reconsidérée ou ajustée.
Des recoupements entre les données socioculturelles et économiques aideront à identifier les pêcheries sur lesquelles des incitations économiques ou culturelles particulières suscitent le plus de problèmes d'application. Des analyses peuvent aussi indiquer des moyens de traiter ces problèmes.
Variables et sources
On a besoin de données permettant d'identifier les navires, les engins et les pêcheurs et de les associer avec des types déterminés de comportements illicites et modes d'infractions. Le nombre et le type d'infractions enregistrées est une première indication du degré d'application des mesures mais les résultats de l'activité judiciaire permettent d'apprécier l'efficacité de la surveillance et de l'application des mesures. Ainsi, des mesures du nombre et des types d'avertissements, de poursuites et de condamnations ainsi que de la nature et de l'importance des sanctions infligées devraient être enregistrées, y compris les avertissements, les procédures sommaires (admission de culpabilité), suspensions du permis ou de l'activité de pêche, amendes, confiscations et arrestations.
Pour interpréter les statistiques des infractions, on a aussi besoin de données logistiques, comme le nombre des patrouilles, le nombres de navires examinés et la zone explorée. Une diminution des infractions, par exemple, peut être due davantage à une baisse des ressources affectées à l'application des mesures qu'à une amélioration de leur respect par les pêcheurs.
Tableau 4.7 Exemples de variables concernant les infractions et les poursuites
Type de données |
Variables |
Identificateurs |
Nom du navire; numéro d'immatriculation; indicatif
d'appel radio international (souvent utilisé comme clé primaire
unique); numéro du permis ou de la licence de pêche; nom du
capitaine; noms des membres de l'équipage; numéro de la licence du
pêcheur; État du pavillon |
Poursuite |
Nombre d'infractions par type, et niveau de la
procédure judiciaire |
Condamnations |
Nombre, par type |
Type d'intervention |
Avertissement, amende, durée d'arrestation;
révocation de la licence; confiscation des
navires/engins/prises |
Départ et destination |
Dates; ports |
Raison de la demande de passage |
Voyage jusqu'au fond de pêche; transport de
passagers |
Données logistiques relatives à l'application
des mesures |
Nombre de navires recherchés; nombre de navires en
train de pêcher; nombre de navires observés durant la patrouille;
date, heure et zone explorée |
Normalement, les données collectées par des observations à vue le sont par surveillance aérienne, encore que cela puisse aussi être fait par des patrouilles en mer. Des aéronefs survolent à intervalles réguliers des zones préétablies pour repérer les intrusions clandestines et la pêche illicite, voire pour observer des navires nationaux et vérifier les positions qu'ils ont signalées.
Une autre source de données est constituée par la demande de transit ou de passage inoffensif. Quand un navire de pêche traverse la ZEE d'un État côtier en se rendant sur son fond de pêche ou en en revenant, il est d'usage que le capitaine fasse rapport aux autorités de l'État côtier. Des modifications du nombre et du type de demandes de passage inoffensif permettront de corriger en conséquence les activités de surveillance et d'application. Ces informations peuvent être très utiles aussi pour le pays où le navire se rend pour pêcher. Des données seront nécessaires pour identifier le navire, son point de départ et sa destination prévue, ainsi que le temps passé dans les eaux du pays qui accorde le transit ou le passage inoffensif.
4.3.1.6 Diffusion des informations touchant le respect des mesures
Faute de connaître les limites d'un comportement admissible, il peut arriver que des pêcheurs agissent sans le savoir de manière dommageable pour le reste de la communauté de pêche. Le choix du moment où les informations seront communiquées aux parties prenantes (pêcheurs, transformateurs, organismes de régulation, etc.) variera en fonction des exigences d'aménagement particulières de la pêcherie. Des règles fixes instituées par voie législative demanderont une fréquence de communication moindre que si la répartition des contingents ou des limites de l'effort sont fixées chaque année. Les indicateurs relatifs à l'efficacité de la transmission de l'information concerneront, entre autres, les modifications du niveau et du type de renseignements communiqués, mesurés d'après le nombre et le type des communications, transmises directement par l'intermédiaire des services de vulgarisation/d'information, ou indirectement par la presse (journaux, périodiques), par la radio et la télévision.
Ces niveaux devraient être comparés avec ceux des infractions et des poursuites. Des recoupements avec les données socioculturelles et économiques permettront d'identifier les pêcheries sur lesquelles les méthodes courantes de diffusion de l'information fonctionnent mal et aideront à trouver des modes de communications plus efficaces.
Variables et sources
Les types de données à suivre en permanence concerneront notamment les nombres, types et emplacements des bulletins d'information diffusés, et les personnes auxquelles ils s'adressent. Il conviendra d'enregistrer aussi tout retour d'information de la part du public visé. L'organe dont émane l'information doit être la principale source de suivi des moyens de diffusion. Des enquêtes périodiques auprès des pêcheurs et du public permettront de mesurer l'efficacité avec laquelle l'information circule.
Tableau 4.8 Exemples de variables concernant la diffusion de l'information sur le respect des mesures
Type de données |
Variables |
Mode de présentation |
Circulaires, messages radio, visites de fonctionnaires des
pêches |
Nombre d'exemplaires diffusés |
Nombres d'exemplaires par mode de présentation, point
de diffusion et public visé |
Points de diffusion |
Navires, installations de transformation, services des
pêches; coopératives locales de pêcheurs |
Audience |
Pêcheurs, transformateurs, mareyeurs |
Retour d'information |
Nombre de réponses par type; connaissance courante des
ménages de pêcheurs et du grand public concernant les questions
d'aménagement |
Les pêcheries de capture, spécialement dans les eaux intérieures, sont de plus en plus assujetties à des pratiques qui ont pour objet d'accroître la taille du stock et la productivité de la pêcherie. Ces pratiques consistent notamment à lâcher dans la nature des juvéniles produits en écloseries, à introduire des engrais dans les lacs et les réservoirs, à éliminer les espèces prédatrices et à construire des récifs artificiels pour offrir un habitat à certaines espèces exploitées.
Variables et sources
Au stade initial d'un projet d'enrichissement du stock, les variables nécessaires concernent notamment le nombre de sujets lâchés dans la nature à chaque stade du cycle biologique, la quantité et le type d'engrais appliqués au lac. Aux stades ultérieurs, les variables nécessaires porteront sur les niveaux de production du lac et le nombre de sujets repris vivants; ces données servent à juger de l'efficacité biologique des efforts d'enrichissement. Des données sur les coûts et les avantages seront aussi nécessaires pour juger de la rentabilité de ces programmes.
Les organismes chargés de l'empoissonnement, les services des pêches, les compagnies de production de l'électricité et les clubs de pêche sportive seront à l'origine de ces données.
Tableau 4.9 Exemples de variables concernant l'enrichissement des stocks
Type de données |
Variables |
Niveau de la production ichtyque |
Nombre de poissons par espèce et par âge,
à l'introduction et par la suite |
Niveau de nutriments |
Nombre de poissons au moment de l'introduction d'engrais et
après |
Coûts |
Financement de la recherche-développement, de la mise
en uvre, du suivi |
Les indicateurs des résultats biologiques d'un stock exploité sont souvent basés sur les résultats de l'évaluation du stock de poissons. Une bonne évaluation doit distinguer les différents facteurs qui induisent des modifications des prises et des taux de captures, comme l'engin ou l'équipement utilisé, la taille et les compétences de l'équipage, l'emplacement, la taille du stock, ou d'autres variations de la pêcherie ou de l'environnement. Les évaluations des stocks peuvent fournir des estimations de la taille des stocks, de la mortalité par pêche, du rendement par recrue[7], des géniteurs par recrue et d'autres indicateurs. Pour interpréter ces indicateurs, il faut des points de référence, eux aussi obtenus au moyen des méthodes d'évaluation des stocks.
Les indicateurs fondamentaux de l'état d'un stock ont trait au poids total ou au nombre de poissons, mais ne prennent pas en compte les effets de la différence d'âge, de sexe ou de taille. Ces indicateurs fondamentaux peuvent être améliorés si l'on prend en considération la structure interne du stock, en séparant les juvéniles des poissons matures, les mâles des femelles et en modélisant expressément la croissance. En outre, les différents stocks ne vivent pas isolément mais interagissent avec d'autres espèces par le biais de la prédation et de la concurrence. Des indicateurs fondés sur des données concernant les captures et sur l'état de l'ensemble de la communauté ichtyque restent des données brutes; il faut encore des données tant pour le suivi de l'écosystème que pour la mise au point de méthodes plurispécifiques. Enfin, les stocks subissent aussi l'influence de leur environnement physique. Dans beaucoup de pêcheries, des variables environnementales devront être enregistrées en même temps que les variables relatives à la pêche afin de comprendre l'état actuel des stocks.
Les pêcheurs possèdent souvent une connaissance très détaillée des cycles de vie des espèces, de leur abondance et de leur distribution dans le temps et l'espace. Le savoir autochtone se reflète souvent dans les pratiques locales d'aménagement. Ces données propres à la pêcherie doivent être intégrées dans les données provenant des sciences halieutiques; elles ne doivent pas être écartées pour la simple raison qu'elles n'émanent pas du domaine universitaire. Lorsque ce savoir local est négligé, non seulement des données importantes sont perdues mais cela encourage la confrontation et fait obstacle à un aménagement efficace.
4.3.2.1 Taille des stocks
L'évaluation des stocks vise généralement à estimer la taille actuelle du stock et son potentiel d'accroissement. Ces résultats peuvent être utilisés pour prédire les tailles futures du stock compte tenu d'un certain nombre de mesures d'aménagement possibles (contingentement, limitation de l'effort). Dans le plus simple des cas, tous les poissons du stock sont supposés être identiques, ce qui laisse de côté le sexe, la taille, la maturité et les autres espèces présentes.
Le nombre de poissons présents dans un océan, une mer, un lac ou une rivière à un moment donné dépend du nombre de poissons qui y étaient présents précédemment ainsi que des facteurs qui l'amènent à se modifier. Les changements peuvent être attribués à la mortalité naturelle et par pêche, au recrutement, à l'immigration et à l'émigration. On définit ainsi le stock pour en exclure l'immigration et l'émigration (c'est-à-dire qu'il s'agit d'une population en soi). Les modèles de recrutement et de mortalité naturelle se construisent sur des hypothèses, tandis que la mortalité par pêche peut être estimée d'après les données relatives aux captures.
Certains des indicateurs concernant la taille des stocks servent à définir l'état d'un stock et les mesures de contrôle nécessaires à sa préservation. Par exemple, le rendement de renouvellement représente la croissance estimative de la population actuelle dont le volume est tel que si l'on prélève cette même quantité de poisson, la taille de la population ne subira aucune modification. Il peut être utilisé pour fixer des contingents globaux. La mortalité par pêche actuelle peut être estimée par rapport à celle qui fournirait le rendement maximum équilibré qui pourrait être utilisé pour fixer une limite à l'expansion de la flottille. Des combinaisons semblables d'indices et de points de référence peuvent servir à fixer des limites à l'effort, au nombre de licences et autres mesures pertinentes du point de vue des objectifs d'aménagement.
Variables et sources
Pour estimer la taille d'un stock, il faut une série chronologique des captures totales (rejets compris) et un indice de la taille du stock. La série chronologique devrait, théoriquement, être complète depuis le démarrage de la pêcherie. Même si les données sont incomplètes, les captures totales devront y figurer ou être estimées pour la totalité de la période car ces données sont employées dans le modèle de population et fournissent des estimations supplétives du potentiel de la ressource et de sa variabilité. Elles sont une mesure de l'impact que la pêcherie a exercé sur le stock.
La CPUE est souvent utilisée comme principal indicateur de la taille du stock. Les séries relatives aux captures et à l'effort ne doivent pas nécessairement être complètes pour l'ensemble de l'existence de la pêcherie mais plus on dispose de données sur les captures et sur l'effort, meilleure sera l'évaluation. C'est que la CPUE sert d'indice pour relier des observations au modèle sous-jacent de la population de poissons, plutôt que d'élément constitutif du modèle lui-même.
Un autre indicateur possible de la taille du stock peut être obtenu au moyen d'études scientifiques de la biomasse (par exemple, par des chalutages ou des prospections acoustiques). Les prospections scientifiques sont indépendantes de la pêcherie et échappent donc à nombre de problèmes de biais qui entachent les indices de la CPUE. Elles ont toutefois tendance à être onéreuses et ne fournissent par conséquent que de petites quantités données. La meilleure solution consiste sans doute à combiner les résultats de prospections scientifiques et la CPUE des pêcheries commerciales.
Comme la taille du stock est fortement influencée par le recrutement annuel, on aura éventuellement besoin d'indices du recrutement, que fournissent des études périodiques des ufs, des larves ou des juvéniles ou d'un indice environnemental (comme les précipitations ou la vigueur de la remontée océanique). Le stock peut être estimé soit d'après le nombre de poissons soit d'après la biomasse (qui est le nombre de poissons multiplié par leur poids moyen). Si les captures sont exprimées en poids uniquement, les méthodes d'évaluation fondées sur le nombre de poissons auront besoin de connaître le poids moyen des poissons.
Bien souvent, il sera nécessaire, pour les évaluations des stocks, d'identifier différents stocks (populations indépendantes). Cela peut, bien sûr, se faire au moyen de projets de recherche spéciaux mais des données biologiques collectées systématiquement - échantillons des caractères méristiques, parasites, échantillons sanguins, le nombre de vertèbres ou période de frai - permettront de distinguer un stock d'un autre.
Les variables relatives aux captures et à l'effort proviennent des données concernant l'activité des navires et les captures. Des indices du recrutement peuvent être obtenus au moyen d'études de la pêche, de collecteurs de larves, ou de sources extérieures. D'autres données scientifiques seront rassemblées à partir des campagnes d'échantillonnage effectuées par l'organisme ou l'institut scientifique responsable.
Tableau 4.10 Exemples de variables concernant la taille des stocks
Type de données |
Variables |
CPUE |
Captures (tableau 4.1); effort (tableau 4.4) |
Données des prospections scientifiques |
Emplacement; volume d'eau exploité par la pêche;
volume ou superficie explorée; biomasse détectée |
Captures |
Capture totale en nombre et en biomasse par espèce
(prélèvements totaux de l'écosystème) |
Indices du recrutement |
Variables environnementales; études directes des
larves |
Identification des stocks |
Variables morphométriques; mesures de la
différence d'après mADN et électrophorèse |
La taille globale du stock est de la plus haute importance mais l'état du stock peut être évalué de façon plus précise si l'on tient compte de la structure du stock au moyen de données telles que l'âge, le sexe et la maturité. Même si la taille générale du stock est considérable, il y aura lieu d'être préoccupé si la sous-population des femelles matures s'est fortement appauvrie car cela peut avoir plus tard un impact sur le recrutement. Les méthodes employées sont semblables à celles que l'on utilise pour déterminer la taille du stock à ceci près que des variables supplémentaires sont ici nécessaires pour ventiler la capture en catégories.
Les indicateurs peuvent utiliser les variables relatives à la structure du stock pour évaluer l'état de la population. En général, à mesure que le taux d'exploitation augmente, la taille moyenne des poissons composant la population et les débarquements diminue. Cela peut avoir deux conséquences. Premièrement, les poissons peuvent être capturés avant d'avoir atteint leur taille commerciale optimale, de sorte que le gain économique potentiel lié à la croissance des poissons est perdu (surexploitation du stock déjà recruté), surtout si des poissons plus gros font un prix au kilo plus élevé. Deuxièmement, le nombre de poissons, recrutés par le stock qui ont une chance d'atteindre la maturité et de se reproduire, diminue. Cela peut se traduire par un défaut de recrutement les années suivantes (surexploitation du stock parental).
Des indicateurs courants, comme le rendement par recrue ou le nombre de géniteurs par recrue, visent à indiquer le taux actuel de production du stock du point de vue de la croissance et du recrutement. Cela peut aider les gestionnaires à savoir si la pression de la pêche est trop intense pour pouvoir être maintenue. Des analyses plus simples fournissent des renseignements sur la période de reproduction, les frayères et les nourriceries.
Des analyses associant la structure du stock et la taille du stock, comme les analyses de la population virtuelle (APV), donnent des indicateurs particulièrement puissants de l'état du stock. Mais les besoins de données de ces méthodes sont importants et toutes les captures doivent être ventilées de manière précise en catégories fondées sur l'âge et/ou la taille.
Variables et sources
La structure par âge et/ou par taille constitue l'information essentielle concernant la structure du stock. L'âge peut être soit observé directement par lecture des anneaux de croissance, soit dérivé à partir de la taille en utilisant un modèle de croissance. La meilleure façon de convertir les fréquences de tailles en fréquences d'âges consiste à utiliser une clé âge-longueur, qui est obtenue à partir de sous-échantillons de la fréquence totale des tailles classés par âge. Comme la croissance et la reproduction évoluent selon les années, il est recommandé d'établir des relations longueur-poids et des clés âge-longueur pour chaque année, si possible.
Les sous-populations composant le stock qui peuvent éventuellement nécessiter un suivi particulier sont celles des recrues et des pré-recrues, le stock mature, les femelles reproductrices. Les mesures de la maturité devraient toujours être accompagnées de mesures de la longueur afin de pouvoir détecter la taille à première maturité. Toutefois, il n'est pas toujours facile d'identifier le sexe et la maturité d'un poisson. Certaines espèces peuvent même changer de sexe durant leur croissance et beaucoup d'espèces peuvent abaisser leur taille de première maturité quand la pression de la pêche augmente.
Les données concernant la composition par taille sont relativement faciles à collecter en échantillonnant les captures des navires. Le plus souvent, une mesure de longueur normalisée est enregistrée. De gros échantillons des fréquences de longueurs sont nécessaires pour une bonne évaluation des stocks. Un sous-échantillon des poids corporels individuels est souvent considéré comme utile car il permet de convertir les longueurs rassemblées de manière systématique en poids de la capture, donnée nécessaire pour analyser le rendement par recrue et effectuer d'autres analyses basées sur la croissance. Dans certains cas, les poissons peuvent être calibrés par taille pour des raisons commerciales, de sorte que les débarquements et les enregistrements des marchés peuvent se révéler une source précieuse de telles données. Quand les poissons sont débarqués par catégories de tailles, il faut échantillonner toutes les catégories et appliquer des procédures d'extrapolation qui conduisent à des estimations précises de la composition totale de la capture par longueurs. Pour appliquer la méthode AVP et d'autres méthodes similaires, toutes les données relatives à l'âge ou à la longueur doivent être extrapolées à la totalité des débarquements.
Tableau 4.11 Exemples de variables concernant la structure des stocks
Type de données |
Variables |
Âge |
Anneaux des otolithes; stries des écailles |
Taille |
Poids des poissons; longueur des poissons |
Sexe et maturité |
Sexe (sur la base de caractéristiques internes ou
externes); état des gonades |
Il n'existe pas de techniques d'évaluation des stocks plurispécifiques largement acceptées mais les analyses des évaluations des ressources peuvent parfois inclure quelque disposition concernant les interactions biologiques (prédation et concurrence entre espèces) et les interactions techniques (sélection différenciée des espèces par l'engin).
Une modification de la composition spécifique de la communauté exploitée est un indicateur de l'état général de l'écosystème. Ce genre de modifications peut être interprété au travers, entre autres, de variations de l'abondance d'espèces écologiquement importantes (espèces clés de voûte), la diversité générale des espèces et un changement du niveau trophique moyen.
Ce que l'on peut savoir des captures accessoires, notamment d'oiseaux aquatiques, de reptiles et de mammifères, que les pêcheurs ne conservent pas, donne une indication de la mortalité infligée à ces espèces non représentées dans les débarquements. Ces données sont importantes pour évaluer l'impact de la pêche sur l'écosystème dans son ensemble.
Variables et sources
Il convient d'enregistrer séparément les captures correspondant à chaque espèce, ou d'opérer un regroupement taxonomique aussi fin que possible. Cela peut se faire en échantillonnant la composition des espèces ou en effectuant un dénombrement complet si les espèces sont triées pour le marché.
Les calibres utilisés dans le commerce peuvent encore être employés mais posent quelques problèmes d'interprétation selon la façon dont les espèces ont été regroupées. Quand les groupes représentent des unités taxonomiques plus élevées, telles que le genre ou la famille, une certaine interprétation peut être faite lorsque la fréquence relative des espèces varie. Si les calibrages se limitent à des catégories telles que poisson de rebut, ils ne présentent guère d'intérêt.
Les contenus stomacaux peuvent être échantillonnés sur les poissons pour obtenir des indications sur les interactions entre espèces, mais cela n'est généralement pas fait dans le cadre d'un programme ordinaire d'échantillonnage. Cependant, il est parfois demandé aux observateurs présents à bord des navires de pêche de recueillir des informations sur les contenus stomacaux.
Les débarquements et les registres commerciaux refléteront des catégories commerciales, qui correspondent généralement aux catégories taxonomiques mais pas nécessairement au niveau de l'espèce. Pour obtenir des données sur la composition par espèces, on peut recourir à des observateurs, consulter les livres de bord et effectuer des entretiens et des prospections scientifiques.
Tableau 4.12 Exemples de variables concernant la structure de communautés d'espèces
Types de données |
Variables |
Groupes taxonomiques d'espèces |
Noms des espèces; espèces comprises dans des
regroupements commerciaux |
Composition par espèces |
Capture en nombre et poids par espèce |
Interactions entre espèces |
Contenus stomacaux |
Les renseignements concernant l'environnement qui seront utilisés parallèlement à d'autres informations sur le stock (comme la capture et l'effort) joueront un rôle important dans un certain nombre d'études, particulièrement quand il existe un lien direct avec des effets environnementaux et avec les débarquements. C'est le cas par exemple avec les grandes pêcheries de remontée océaniques ou avec les pêcheries continentales des plaines d'inondation. D'importantes données limnologiques, océanographiques et météorologiques peuvent être utilisées dans toute une série d'analyses, notamment pour la vérification à terre de données obtenues par la télédétection.
La pêche est souvent un facteur déterminant de l'abondance des poissons, mais les populations connaissent des fluctuations qu'elles soient exploitées ou non. Les fluctuations naturelles des écosystèmes ne sont pas entièrement comprises des chercheurs aussi n'est-il pas possible de prédire les fluctuations des stocks de manière aussi précise qu'on le souhaiterait. Pour distinguer les différents effets, il faut une longue série de données chronologiques couvrant des périodes marquées par des modifications significatives des variables relatives tant à la taille des stocks qu'aux effets environnementaux. Selon le type d'analyse utilisée, il peut arriver qu'on ait besoin de données s'étalant sur quinze ans au moins pour obtenir des résultats fiables.
Variables et sources
On pourrait recenser un grand nombre de variables fournissant des informations sur les divers habitats ou écosystèmes. Les variables générales concernent notamment: le niveau de l'eau, la superficie inondée et les renseignements topographiques dans le cas des pêcheries de rivières et de plaines d'inondation; les gradients de salinité pour les mangroves et les zones côtières; les caractéristiques saisonnières et les gradients de température.
Les livres de bord peuvent contenir des informations sur quelques variables environnementales. Beaucoup de ces dernières sont systématiquement collectées par diverses institutions administratives: cartes topographiques, images de satellites, balises à enregistrement automatique en mer, etc. Une grande partie des renseignements concernant l'environnement provient de la recherche scientifique.
Un Système de suivi permanent des navires (SSN) peut être utile pour recueillir certaines données environnementales qui ont directement trait aux opérations de pêche. Grâce aux interfaces modernes et fiables entre senseurs et ordinateurs, il sera possible de collecter toutes sortes de données sur l'environnement avec un minimum de coûts et de risques d'erreurs. Ces données peuvent être collectées et stockées à intervalles plus rapprochés que ne peuvent le faire les équipages et peuvent constituer une source importante de données, voire remplacer partiellement de coûteuses plates-formes de recherche.
De nombreux types de renseignements concernant l'environnement, comme les données météorologiques, seront collectés par d'autres institutions ou organismes.
Tableau 4.13 Exemples de variables concernant l'environnement
Type de données |
Variables |
Océanographiques/limnologiques |
Profil de la température de l'eau (en surface/au
fond/au niveau de l'engin); courants (vitesse et direction); état de la
mer (hauteur des vagues); couleur de la mer; concentration de nitrates;
concentration en oxygène; pH; salinité |
Météorologiques |
Précipitations; température de l'air; vent
(vitesse et direction); formation de glace |
Divers organismes ont utilisé un certain nombre de mesures pour apprécier l'importance économique des pêcheries dans les économies nationales et locales et pour évaluer l'efficacité avec laquelle l'aménagement des pêches avait atteint les objectifs économiques visés. Les indicateurs macro-économiques clés comprennent la valeur brute de la production, la valeur brute ajoutée, le niveau des subventions, le taux d'emploi, la balance commerciale et les recettes en devises. Les quatre premiers indicateurs peuvent aussi s'appliquer à l'échelon régional ou à celui de la pêcherie. Les indicateurs micro-économiques clés comprennent le niveau de la rente de la ressource, les résultats économiques des pêcheurs et les variations du niveau d'investissement. Ces indicateurs sont évalués au niveau de la pêcherie ou des différents segments de flottilles au sein d'une pêcherie.
Les décideurs ont aussi besoin d'être au courant des modifications du niveau de la demande de consommation dans l'économie. Les modifications de la demande influent sur les prix perçus par les pêcheurs (encore que le consommateur final n'achète généralement pas au pêcheur), ce qui se répercute sur les résultats et sur la valeur de la pêcherie pour la communauté au sens large.
Les résultats économiques du secteur de la transformation du poisson peuvent aussi, dans certains pays, avoir leur importance. L'existence même de certaines pêcheries peut dépendre de la viabilité du secteur de transformation. Des mesures semblables à celles qui sont employées pour évaluer le secteur de la récolte peuvent être appliquées au secteur de la transformation.
4.3.3.1 Prix du marché
Les prix du marché, aux différents niveaux de la commercialisation, sont des indicateurs à court et à moyen termes de la demande de produits ichtyques. Ils signalent des modifications des marchés et, s'ils sont correctement interprétés, fournissent un aperçu des futures opérations commerciales du secteur. Les prix sont nécessaires aussi pour calculer le nombre d'autres indicateurs économiques.
Les analyses des facteurs influant sur les prix jouent un rôle important dans l'élaboration des politiques halieutiques. Pour de nombreuses espèces de poissons, le prix est une fonction de divers facteurs, dont les débarquements et les débarquements d'autres espèces qui peuvent être des produits de remplacement proches sur le marché. Les politiques d'aménagement qui modifient la composition des débarquements (comme la Capture totale admissible (CTA) pour des espèces déterminées) modifieront les prix et, en conséquence, le revenu total et la rentabilité du secteur.
La capacité de réaction des prix à des variations des quantités débarquées est une mesure utile quand on examine les implications des mesures d'aménagement qui conditionnent les débarquements. La réponse des prix à l'offre peut être estimée à partir des prix perçus et des quantités débarquées pour le marché intérieur et/ou le marché d'exportation. Toutefois, la relation peut être subordonnée à des facteurs supplémentaires, comme les prix de denrées alimentaires concurrentes et le niveau des importations. Toutes les variables concernant les marchés peuvent aussi être influencées par d'autres variables macro-économiques, comme l'inflation ou le taux de change de sorte que l'exploitation des données concernant les prix peut nécessiter une bonne compréhension de l'économie dans son ensemble.
Les prix fondés sur les structures des marchés peuvent être utiles à l'élaboration des politiques. Des différences appréciables de prix entre marchés régionaux peuvent être l'indice d'obstacles à l'entrée (par exemple, absence de moyens de transport). De même, d'importantes différences entre les prix payés aux pêcheurs et les prix payés par les consommateurs peuvent traduire des imperfections du marché (par exemple, une collusion de la part des acheteurs). Une fois identifiés, ces problèmes peuvent être traités en modifiant les politiques.
Variables et sources
Les prix des marchés locaux, nationaux et régionaux seront collectés par les services administratifs appropriés. Au niveau des marchés internationaux, les informations peuvent être rassemblées par les divers services de la FAO concentrés dans Globefish et sur Internet.
Tableau 4.14 Exemples de variables concernant les prix du marché
Type de données |
Variables |
Prix des produits |
Prix par espèce (ou groupe d'espèces),
qualité commerciale, niveau de commercialisation (récoltant,
transformateur, grossiste, détaillant; local, national, régional,
international) |
La valeur brute de la production (VBP) se calcule en multipliant la production totale par le prix perçu. Elle fournit une indication de l'importance économique potentielle d'une pêcherie par comparaison avec d'autres pêcheries ou d'autres branches de production d'un pays ou d'une province. Toutefois, un accroissement de la VBP peut représenter soit une aggravation soit une amélioration de l'état de la pêcherie sur le long terme. Pour en tenir compte, on peut déduire (ou ajouter s'il s'agit d'un accroissement du stock) la variation de la valeur de la biomasse restante du stock de la VBP calculée.
La valeur brute de la production peut être ventilée en valeur brute des produits transformés. Cela nous renseignera sur le niveau de l'activité économique du sous-secteur de la transformation lié à la pêcherie par rapport aux autres sous-secteurs de la pêcherie et au reste du secteur de la transformation alimentaire. C'est le résultat que l'on obtient en multipliant la valeur de chaque type de produit par le volume produit en un laps de temps déterminé.
Variables et sources
Concernant le secteur de la récolte, des renseignements sur le volume et la valeur de la production peuvent être obtenus auprès des points de débarquements (bordereaux de vente des captures débarquées, livres de bord). Le volume de la production finale du secteur peut être tiré des registres des ventes et de la production. D'autres données peuvent, selon les circonstances, provenir de sources diverses, notamment des installations post-récolte.
Tableau 4.15 Exemples de variables relatives à la VBP
Type de données |
Variables |
Production |
Poids débarqué par type de produit; poids
transformé par type de produit |
Prix et valeurs unitaires |
Valeur des extrants par type de produit |
La rentabilité est un indicateur micro-économique vital des résultats d'une pêcherie. L'amélioration des revenus des pêcheurs est souvent un objectif important des pêcheries. Les informations concernant la rentabilité des bateaux permettent de savoir dans quelle mesure les résultats répondent à cet objectif, mais donnent aussi une indication de la viabilité économique. Le même indicateur peut être dérivé pour le secteur de transformation. Toutefois, avec l'intégration progressive de la récolte et de la transformation, il n'est pas toujours possible de dissocier complètement les deux secteurs. Pour que leur activité reste viable à court terme, les pêcheurs, les transformateurs et autres parties prenantes doivent pouvoir couvrir toutes leurs sorties de trésorerie. Une mesure de la rentabilité financière des différents navires et installations donne une indication de la viabilité à court terme. Pour rester durablement sur la pêcherie, les opérateurs doivent couvrir tous leurs coûts; la rentabilité économique constitue donc la mesure la plus appropriée. Elle inclut les coûts autres qu'en numéraire, comme la valeur de leur propre travail, et l'amortissement du capital. De plus, les opérateurs doivent réaliser un retour sur investissement au moins équivalant à celui qu'ils pourraient réaliser dans un autre secteur de l'économie. Sinon, les nouveaux investissements auront tendance à s'orienter vers d'autres secteurs supposés être d'un meilleur rapport. À court terme, néanmoins, le capital est en réalité déjà investi de sorte que les navires et les installations continueront de travailler aussi longtemps que les taux de rendement resteront positifs, même si le retour sur investissement est faible.
Quand on examine la rentabilité économique, les coûts en numéraire ne sont pas traités de la même façon. Les versements pécuniaires (intérêts, loyers et crédits-bails) ne sont pas pris en compte car ils représentent des transferts plutôt que de coûts financiers réels. Ils sont compensés par l'introduction d'une provision correspondant au retour sur investissement escompté. Les remboursements de prêts (qui sont cependant un coût financier important) ne sont pas non plus inclus dans la mesure de la rentabilité économique. Ils sont compensés par l'inclusion de frais d'amortissement, qui tiennent compte du capital consommé pour l'activité halieutique.
Tableau 4.16 Exemples de variables concernant la rentabilité
Type de données |
Variables |
Revenus |
Ventes - quantité et prix par qualité
commerciale ou qualité de produit transformé |
Coûts fixes (navire) |
Assurance (coque, propriété,
rémunération des travailleurs, santé, protection et
indemnités); honoraires professionnels (comptabilité, conseils
juridiques, tenue des livres, fiscalité); remboursement des prêts
(principal et intérêt); frais de financement/services;
amortissement du navire; amortissement de tous autres engins (engins de
pêche, équipements électroniques); entreposage; baux;
réparations et entretien de la coque, des moteurs, des équipements
et des engins de pêche; révision; droits de bassin; redevance pour
le permis du navire; licence de pêche et redevance; frais de bureau;
cotisations des associations; loyer de l'entrepôt frigorifique;
coûts à terre (transformation, conservation); baux; redevances ou
loyers des installations à terre |
Coûts fixes (transformateur) |
Assurance (dommages matériels et accidents, pertes
d'exploitation, rémunération des travailleurs, santé,
protection et indemnités, etc.); honoraires professionnels
(comptabilité, conseils juridiques, tenue des livres, fiscalité,
etc.); remboursement des prêts (principal et intérêt); frais
financiers/frais de gestion; amortissement; salaires administratifs;
impôts (impôts sur le revenu, impôts fonciers, etc.);
coûts d'amélioration des installations; publicité; permis;
provision pour créances douteuses; entreposage; baux; réparations;
entretien; bureaux; impôts (sur le revenu, fonciers); frais de bureau;
cotisations des associations; loyers de l'entrepôt frigorifique |
Coûts variables (navire) |
Combustible; huile; appâts; glace; eau; coût total
des produits alimentaires; sorties; calibrage/manutention/déchargement;
coûts de transformation à bord; matériaux d'emballage;
coût du transport local; fournitures; coûts salariaux
(équipage, effectif, formule de partage avec l'équipage,
coût total de l'équipage, coût total du capitaine, valeur
estimative des avantages en nature, formule de répartition des avantages
en nature, primes pour le capitaine et pour l'équipage); salaires des
employés à terre |
Coûts variables (transformateur) |
Personnel (nombre d'employés à plein temps et
à temps partiel et coût); services publics; transport; coût
des produits bruts; matériaux d'emballage; additifs utilisés dans
le procédé de transformation; recyclage des déchets, eau
(quantité et coût); coût du transport local;
fournitures |
Actifs et flux financiers (navires) |
Actifs de roulement (liste et valeur); actifs à long
terme (liste et valeur commerciale estimative); dettes à court terme
(liste et montant); passif exigible à long terme (liste et montant);
recettes annuelles toutes formes de pêche; mouvements annuels de
trésorerie toutes destinations; sources de financement; autres revenus
annuels totaux provenant de l'exploitation du navire; montant et valeur du quota
ou de l'effort de pêche acheté ou vendu; valeur commerciale de
l'usine de transformation de l'équipement et du terrain |
Actifs et flux financiers (transformateur) |
Passif exigible à long terme (liste et montant);
recettes toutes sources confondues; sorties de trésorerie toutes
destinations; valeur des stocks; valeur commerciale de l'usine, du terrain et de
l'équipement |
Informations techniques (navire) |
Type de navire; longueur; tonnages brut et net;
matériaux de construction de la coque; capacité de la cale; moteur
(âge, puissance, type de combustible); engins de récolte; engins de
pont; équipements électroniques montés sur l'engin; moyens
de transformation/réfrigération à bord
(capacité/description); année de construction; année
d'achat et prix; valeur commerciale estimative du bateau totalement
équipé; valeur commerciale des permis en possession; nombre de
navires faisant partie du groupe; valeur commerciale de l'investissement
à terre (zone d'entreposage, véhicules, ateliers) |
Informations techniques (transformateur) |
Identification de l'usine et activités; marchés
primaires; capacité de l'usine; degré d'intégration
verticale; degré d'intégration horizontale; équipement
existant; types de recyclage des déchets; nombre total de travailleurs;
nombre total de personnel d'appui; achats de poisson dans le pays; poissons
importés; heure de production; stocks; quantité et valeur de la
production, par type de produit et par client |
Variables et sources
Les principales sources d'information sont le secteur de la récolte (les pêcheurs) et le secteur de la transformation. Toutefois, les industries d'appui, comme les fournisseurs de combustible et d'engins de pêche, peuvent fournir des données utiles sur les coûts. Nombre de ces variables sont nécessaires aussi pour calculer d'autres indicateurs qui utilisent les coûts de production (voir 4.3.3.6 valeur brute ajoutée (VBA) et 4.3.3.8 rente de ressource et profits économiques).
4.3.3.4 Investissement
Le montant de l'investissement est un des meilleurs indicateurs de modifications de la capacité de pêche et de transformation. L'investissement peut avoir trait à des améliorations de la capacité opérationnelle existante ou à l'achat d'une capacité nouvelle de récolte, de transformation ou de commercialisation. Chaque type d'investissement a des implications différentes du point de vue de l'aménagement des pêches. Compte tenu de l'état d'exploitation des ressources mondiales et de la nécessité d'assurer leur durabilité, les gouvernements se soucient tout particulièrement de l'investissement consacré aux flottilles de pêche.
Variables et sources
L'enregistrement officiel des investissements auprès du Ministère des finances (ou d'autorités similaires) devrait être la principale source de données. Parmi les sources secondaires, on peut citer les secteurs d'appui secondaires, comme les fournisseurs et fabricants d'engins de pêche, et le système d'enregistrement des navires.
Tableau 4.17 Exemples de variables concernant l'investissement
Type de données |
Variables |
Investissement financier |
Investissement par secteur, type d'unité
économique, origine et destination |
Incitations existantes |
Rendement financier/rentabilité de la pêcherie et
du segment de flottille |
Les coûts d'aménagement sont les dépenses exposées par le pays et par le secteur halieutique pour l'administration et le suivi de la pêcherie. Les différents types de politiques et plans d'aménagement comportent des besoins différents en personnel, matériel, et autres financements destinés à la recherche, à la mise en uvre, au suivi, à l'application des mesures, etc. Si l'on met en uvre des politiques de déréglementation plus coûteuses, les avantages qui pourront en être retirés disparaîtront. Il est donc important de surveiller les coûts d'aménagement exposés. Les coûts d'aménagement, outre qu'ils sont évalués en fonction de leurs propres tendances, sont nécessaires à d'autres indicateurs, comme la rente économique.
Variables et sources
La principale source de données est l'administration des pêches, les autres coûts étant tirés par déduction de données concernant le secteur, comme l'emploi.
Tableau 4.18 Exemples de variables concernant les coûts d'aménagement
Type de données |
Variables |
Coûts pour le gouvernement |
Coûts de la surveillance; coûts d'application des
mesures; coûts de formation; coûts d'administration; coûts de
la recherche scientifique |
Coûts pour le secteur |
Frais de gestion |
La valeur brute ajoutée (VBA) est le montant total versé en tant que profits ou rente à la main-d'uvre et au capital (et en théorie à la base de ressource elle-même, bien que cela se produise rarement s'il n'existe pas de droits de propriété). La VBA permet de mesurer la croissance du revenu une fois déduits les coûts des intrants intermédiaires consacrés à la production, à l'exception de l'amortissement du capital. Elle se calcule à partir de la valeur brute de la production (VBP) en lui ajoutant tous les coûts, sauf ceux de la main-d'uvre et du capital. Elle représente la contribution ou la valeur ajoutée apportée à l'économie par le secteur de la pêche.
La VBA permet de mesurer, en termes relatifs, l'importance économique du secteur dans l'économie nationale. Selon le type de couverture et la méthodologie utilisés, elle montre la richesse engendrée par le secteur par comparaison avec d'autres secteurs, ainsi que la répartition de la richesse entre les facteurs de production.
Dans beaucoup de pays, la VBA est estimée par les services spécialisés des administrations centrales en tant qu'élément du produit agricole brut (PAB) qui entre dans le produit intérieur brut (PIB). Si la VBA est mesurée séparément, elle n'est généralement identifiée que pour le secteur de la récolte. La valeur ajoutée par le secteur de la transformation et de la commercialisation, quoique intégré lui aussi dans le PIB national, n'est généralement pas identifiable et mesurable séparément. De nombreux pays s'efforcent d'améliorer l'estimation de la VBA car c'est un des meilleurs indicateurs des résultats. Il est vraiment dans l'intérêt du secteur halieutique tout entier de participer à son établissement.
Variables et sources
À l'heure actuelle, dans beaucoup de pays, la VBA et plusieurs des rentes qui la composent doivent être extraites des données brutes utilisées pour calculer le PIB agricole ou être estimées exclusivement à partir de données sur les coûts et les gains. D'autres données, comme les renseignements sur les licences et les redevances, seront fournies par l'administration des pêches. Les données concernant les subventions peuvent être fournies par les Ministères de l'économie et/ou les administrations des pêches.
Tableau 4.19 Exemples de variables concernant la valeur ajoutée (voir aussi tableau 4.16)
Type de données |
Variables |
Revenu récolte/transformation |
Valeur de la production, prix, quantités de produit,
poids des débarquements |
Coûts de la récolte |
Combustible, glace, sel, appâts, réparations,
entretien, assurances |
Coûts de la transformation |
Coûts de la matière première, combustible,
électricité, énergie et eau, conditionnement,
expédition |
Beaucoup de pays ont recours aux subventions pour favoriser le développement du secteur des pêches. Ces subventions ont néanmoins eu aussi des effets négatifs tels que la surcapitalisation et la surexploitation des ressources halieutiques. Le processus d'élaboration des politiques doit pouvoir s'appuyer sur l'identification et l'évaluation des divers types de subventions utilisés dans les pêcheries d'un pays.
Les coûts de l'aménagement des pêches, s'ils ne sont pas supportés par le secteur de la pêche, peuvent aussi être considérés comme une subvention accordée au secteur. Pour l'évaluer, il faut estimer à la fois les coûts de l'aménagement et les revenus tirés par l'État du secteur de la pêche.
Tableau 4.20 Exemples de variables concernant les subventions
Type de données |
Variables |
Subventions |
Ristournes sur le combustible; remboursements financiers;
programme de rachat de navires, droits de douane sur les importations;
subventions à l'exportation; crédits à faible taux
d'intérêt |
Revenus de l'État |
Impôt sur le revenu des pêcheurs; droits
d'importation sur les engins de pêche; taxes sur les produits de la
pêche; redevances des licences |
Coûts pour l'État |
Voir tableau 4.18 |
Ces données devraient être disponibles auprès des Ministères de l'économie et/ou de l'administration des pêches.
4.3.3.8 Rente de ressource et profits économiques
La rente de ressource, qui est mesurée au niveau de chaque pêcherie, présente un intérêt particulier pour les économistes. Elle représente la rémunération, par la ressource elle-même, des intrants financiers investis. Si la ressource n'est pas un bien privé, cette rémunération a tendance à se dissiper sous l'effet de la surexploitation. L'aménagement des pêches crée une rente de ressource en restreignant le niveau de l'activité de pêche. La création d'une rente de ressource est le principal objectif économique de l'aménagement et représente le revenu qui peut être extrait de la pêcherie en échange de l'utilisation d'une ressource collective. Le montant de la rente extraite reste cependant une question de politique générale dont décident les gouvernements.
Les indicateurs liés à la rente de ressource constituent donc une bonne information pour la planification des pêches, l'élaboration des politiques et l'aménagement des pêcheries. Le niveau de la rente générée par une pêcherie comparé au niveau maximum de la rente susceptible d'être réalisée sur le long terme est un indicateur approprié des résultats économiques de l'aménagement d'une pêcherie.
Le niveau potentiel de la rente de ressource d'une pêcherie peut être estimé au moyen de modèles bio-économiques (fondés sur des évaluations des stocks et sur des données concernant les coûts et profits). Même si, au départ, la mise en route d'études sur les coûts et profits peut être onéreuse, les mises à jour ultérieures sont beaucoup moins coûteuses.
Les profits économiques, souvent utilisés à la place de la rente pour mesurer les résultats économiques, correspondent à la différence entre les recettes et l'ensemble des coûts (y compris les coûts d'opportunité) que comporte le fonctionnement de la pêcherie. Toutefois, les profits économiques englobent à la fois la rente de ressource et l'excédent revenant au producteur (en fait, la rémunération des compétences et de la gestion des pêcheurs). Il est généralement difficile de dissocier ces deux éléments. Il est néanmoins généralement admis que des modifications des profits économiques sont un indice de modifications de la rente de ressource d'une pêcherie. Des estimations des profits économiques bruts peuvent être obtenues en déduisant les subventions, les frais de gestion, les coûts de la main-d'uvre et les dépenses d'investissement (y compris les coûts d'opportunité) de la valeur brute ajoutée.
La valeur de la licence ou la valeur du quota peuvent aussi être une indication peu coûteuse du niveau de la rente de ressource d'une pêcherie. On ne les a que quand il existe un petit nombre de licences ou de quotas, qui peuvent être vendus librement. Alors que la relation entre la valeur de la licence ou la valeur du quota et le niveau de la rente d'une pêcherie n'est pas sûre, on peut s'attendre à ce que ces valeurs varient en fonction des niveaux futurs de rentabilité escomptés. En conséquence, toute modification de la pêcherie susceptible d'entraîner un accroissement ou une diminution des profits futurs entraînera une modification de ces valeurs reflétant les aléas prévisibles. La valeur de la licence et du quota peut être modifiée par des facteurs autres la rente de ressource, par exemple par les subventions et les taxes et par des imperfections du marché des licences ou des quotas. Si c'est le cas, leur utilité en tant qu'indicateurs des résultats économiques sera moindre.
Variables et sources
La rente économique combine les mêmes variables qu'un certain nombre d'autres indicateurs, à savoir la rentabilité du navire/transformateur, les subventions, les frais de gestion, les prix et la VBP. Elle utilise donc les mêmes variables et les mêmes sources. S'il a été décidé d'utiliser les valeurs des licences ou des quotas, l'administration des pêches devrait enregistrer les transactions et, en conséquence, être en mesure de fournir les prix.
Pour évaluer le coût d'opportunité de la main-d'uvre, il peut être nécessaire de rassembler des informations sur les salaires et sur les possibilités d'emploi en dehors du secteur de la pêche ainsi que sur le niveau de chômage dans la région. Dans les pays et régions où le chômage est relativement peu important (par exemple un taux de chômage de 5% ou moins), les salaires des équipages peuvent donner une bonne indication du coût d'opportunité de la main-d'uvre. Les revenus moyens des équipages sont souvent supérieurs aux salaires des travailleurs d'autres branches d'activités, pour des niveaux comparables d'éducation et de compétences, en raison des risques et difficultés habituels de ce métier.
Si les taux de chômage sont relativement élevés, les possibilités pour les pêcheurs de trouver un emploi productif dans d'autres activités peuvent être très restreintes, spécialement dans les pays en développement. Dans de telles circonstances, il est probable que le coût d'opportunité de la main-d'uvre sera très faible mais il sera toujours supérieur à zéro. Un salaire d'opportunité égal à zéro impliquerait que le temps n'a aucune valeur; cette hypothèse est généralement inappropriée car beaucoup de personnes au chômage participent en fait à quelque activité productive comme les soins aux enfants, le bricolage à la maison, etc.; même en l'absence de toute activité productive, l'hypothèse d'un salaire d'opportunité égal à zéro pourrait être inappropriée car les loisirs eux-mêmes sont une activité qui à sa valeur.
Les dépenses d'investissement comprennent l'amortissement économique et le coût d'opportunité du capital. L'amortissement est un coût autre qu'en espèces représentant l'usure associée à l'emploi d'un actif et se fonde sur la baisse de valeur de l'actif au fil du temps. Le coût d'opportunité du capital est le rendement que l'investissement aurait permis de gagner s'il avait été investi ailleurs dans l'économie, dans le secteur le mieux placé suivant comportant un risque équivalent. Une mesure du moindre risque correspondrait au rendement d'un placement en obligations d'État; des taux de rendement correspondant à différents niveaux de risques peuvent être calculés d'après le marché boursier. Pour le secteur de la récolte halieutique, les taux de rendement d'un investissement équivalent dans l'agriculture peuvent fournir un élément de comparaison approprié.
Tableau 4.21 Exemples de variables concernant la rente économique (voir aussi tableau 4.16)
Type de données |
Variables |
Production |
Poids débarqué par type de produit; poids
transformé par type de produit |
Prix et unités de valeur |
Valeur de la production par type de produit |
Coûts de la récolte |
Combustible; glace; sel; appâts; réparations;
entretien; assurance |
Coûts de transformation |
Produit non transformé; énergie; eau;
conditionnement; expédition |
Coûts d'opportunité |
Taux d'intérêt; taux de rendement du capital dans
d'autres secteurs; taux salariaux dans d'autres emplois; taux de
chômage |
Subvention et frais de gestion |
Subventions; administration; MCS (voir tableaux 4.18 et
4.20) |
Valeur des licences ou quotas |
Prix des licences; prix des quotas; nombre de licences par
type; nombre et taille des quotas par type; nombre et prix des licences de
transformation par type; revenu tiré des ventes aux enchères de
droits de pêche; revenu tiré d'accords de pêche
spéciaux (contrats d'approvisionnement et location-bail à des pays
étrangers) |
L'approvisionnement du pays en poisson et les tendances de la consommation moyenne par habitant permettent d'évaluer le degré de dépendance des consommateurs à l'égard du poisson en tant que source de nourriture aux différents niveaux, national, régional et démographique. C'est une donnée extrêmement utile dans l'élaboration des politiques relatives au commerce du poisson et à la sécurité alimentaire.
Tableau 4.22 Exemples de variables concernant l'approvisionnement alimentaire par habitant
Type de données |
Variable |
Débarquements |
Quantité par destination (alimentaire, non
alimentaire) |
Importations et exportations de produits
halieutiques |
Quantité par destination (alimentaire, non
alimentaire) |
Facteurs de conversion |
Ratio du poids des produits de poisson et du poids de
protéines par produit et par espèce |
Population nationale |
Nombre d'habitants; consommation de poisson; consommation
alimentaire moyenne par type d'aliment |
Les données proviennent des secteurs de la récolte, de la transformation et de la commercialisation. À l'échelon national, les administrations des pêches et les ministères de l'économie devraient participer à la collecte et à la compilation de ces données. À l'échelon international, c'est la FAO qui reçoit, compile et publie les données.
4.3.3.10 Niveau de l'emploi dans le secteur des pêches
Il est utile, quand on arrête une politique, de connaître l'importance relative du secteur des pêches en tant que source d'emploi. Le nombre de personnes employées dans la pêche, la transformation et la commercialisation peut fournir une indication de l'importance de ces secteurs pour l'économie régionale et nationale. L'indicateur doit prendre en compte toute une série de facteurs influant sur l'emploi dans le secteur halieutique. Une pêcherie surexploitée peut très bien avoir un niveau d'emploi plus élevé qu'une pêcherie bien aménagée. De même, des reculs de l'emploi peuvent être dus à une baisse des captures résultant d'une surexploitation les années précédentes, de politiques d'aménagement conçues pour réduire l'effort et améliorer la situation à long terme de la pêcherie, ou d'améliorations de l'économie régionale détournant des travailleurs de la pêche pour les orienter vers d'autres formes d'activités.
Variables et sources
Des renseignements concernant l'emploi peuvent être obtenus au moyen de recensements, d'enquêtes et, dans certains cas, par des sondages auprès des secteurs de la récolte, de la transformation et de la commercialisation. Ces données sont souvent collectées par les administrations centrales et les services des pêches.
Tableau 4.23 Exemples de variables concernant l'emploi
Type de données |
Variables |
Nombre de personnes employées sur la
pêcherie |
Employés par secteurs primaire, secondaire et
tertiaire, et par âge, sexe et catégorie d'emploi (pêcheurs,
équipage, ouvriers des usines, intermédiaires, transport,
services, etc.), temps consacré au travail |
Emploi dans des branches d'activités autres que la
pêche |
Employés dans les secteurs primaire, secondaire et
tertiaire, et par catégorie d'emploi, âge et sexe |
Chômage |
Chômage national, par région, et au sein de la
communauté de pêche |
La balance commerciale traduit la différence entre la valeur des importations et la valeur des exportations de poissons et de produits ichtyques. Elle fait apparaître les recettes et les pertes de devises résultant du commerce international du poisson. De plus, elle permet d'analyser la participation, la structure et les tendances du secteur national de la pêche dans le contexte du commerce international. L'identification des informations pertinentes dans l'analyse préliminaire de cet indicateur peut conduire à une étude détaillée du commerce du poisson et, pour finir, à la formulation de politiques commerciales.
Variables et sources
Des renseignements sur la valeur et le volume des importations et exportations de poisson peuvent être obtenues auprès de l'organe financier national chargé de suivre le commerce international. La FAO et l'OCDE compilent aussi des renseignements sur le commerce extérieur des produits halieutiques, sur la base des statistiques fournies par les pays et par le Bureau statistique des Nations Unies.
Tableau 4.24 Exemples de variables concernant la balance commerciale
Type de données |
Variables |
Volume des échanges |
Quantité exportée par type de produit;
quantité importée par type de produit |
Valeur des échanges |
Valeur exportée par type de produit; valeur
importée par type de produit |
La variation nette des réserves en devises résultant des activités du secteur de la pêche peut être comparée avec celle d'autres secteurs pour déterminer l'importance de la pêche dans le maintien des réserves en devises et des taux de change. L'indicateur prend en compte le gain (le cas échéant) de devises provenant des exportations de produits halieutiques moins la perte de devises liée aux importations nécessaires à la production halieutique.
Des indicateurs supplémentaires concernent la proportion de la VBP qui est exportée et la proportion des coûts totaux des secteurs de la récolte et de la transformation qui résultent de l'utilisation de biens d'importation. Ils permettent d'obtenir une indication de la réactivité de la rentabilité globale à l'égard des taux de change.
Variables et sources
Les données concernant les importations et les exportations peuvent en général être obtenues auprès de l'organe financier national chargé de suivre le commerce international. Les données sur les coûts peuvent être obtenues auprès des secteurs de la récolte et de la transformation.
Tableau 4.25 Exemples de variables concernant la position du secteur eu égard aux devises
Type de données |
Variables |
Valeurs des exportations |
Valeur par produit de poisson |
Coûts |
Coûts des intrants importés par secteur,
coûts totaux pour le secteur |
Les indicateurs socioculturels sont indispensables pour évaluer les politiques et les activités d'aménagement car ils mesurent la valeur de la pêcherie au-delà de sa simple valeur économique. Malheureusement, la collecte systématique des données servant à établir les indicateurs socioculturels a souvent été négligée, au profit de procédures politiques ad hoc censées traduire des considérations socioculturelles. Dans la pratique, ces procédures ne sauraient remplacer des évaluations objectives des résultats et il convient de collecter systématiquement les données socioculturelles en même temps que les renseignements biologiques et économiques.
De nombreuses questions socioculturelles peuvent être évaluées au moyen d'indicateurs de résultats. Ces indicateurs ont tendance à se concentrer sur des questions d'équité et d'intérêt social, compte tenu de ce que la pêche contribue à la société de manière qu'il serait difficile d'évaluer autrement. Toutefois, contrairement aux indicateurs biologiques et économiques, les cibles et les limites ne sont pas nécessairement bien définies (c'est-à-dire au moyen de formules mathématiques) ni globalement acceptées, de sorte que les cibles et les limites appropriées dépendront des politiques et traditions locales en matière de pêche.
4.3.4.1 Répartition du revenu tiré de la pêche
La répartition du revenu sert à mesurer l'équité qui règne au sein des communautés de pêche, ainsi quentre les communautés de pêche et la société en général. L'utilisation de données économiques concernant le revenu tiré de la pêche ventilée par catégorie socioculturelle peut indiquer au gestionnaire si un sous-groupe déterminé est avantagé par rapport à un autre et si des mesures particulières d'aménagement ont un impact plus marqué sur une quelconque fraction de la communauté. Employée en combinaison avec des mesures du revenu global, la répartition du revenu peut aussi permettre d'étudier la dépendance à l'égard de la pêche comparée à d'autres activités et indiquer le degré de rémunération des pêcheurs par rapport au revenu national moyen.
Tableau 4.26 Exemples de variables concernant la répartition du revenu
Type de données |
Variables |
Gains |
Gains de chaque membre de l'équipage (par exemple
valeur ajoutée de la capture, système de partage ou salaire);
gains de chaque ménage de pêcheurs (par la pêche, par des
activités en rapport avec la pêche et dans d'autres
emplois) |
Données démographiques |
Nombre de personnes composant chaque ménage; âge,
sexe, ethnicité; pêcherie cible ou pêche; lieu de
résidence |
Les données proviennent généralement d'entretiens avec les travailleurs et des dossiers des entreprises du secteur de la récolte et de la commercialisation, ainsi que d'entretiens avec les communautés de pêche. Les organismes gouvernementaux devraient avoir de leur côté les données démographiques pertinentes issues d'enquêtes nationales.
4.3.4.2 Répartition de la consommation de poisson
La répartition de la consommation de poisson est une mesure de la sécurité alimentaire et de la stabilité sociale au sein des communautés de pêche. Pris conjointement avec les moyennes nationales par habitant, cet indicateur permet aux décideurs d'évaluer la sécurité alimentaire du point de vue de l'approvisionnement en poisson, non seulement pour l'ensemble du pays mais aussi pour les sous-groupes vulnérables tels que les mères, les enfants, les personnes âgées et les pauvres. Associé aux données sur la composition des captures et des espèces, il peut indiquer quelles sont les espèces et les tailles qui ont une importance critique pour ces groupes vulnérables.
Variables et sources
Pour mesurer la consommation par habitant et sa répartition entre sous-groupes importants, les variables essentielles concernent les débarquements et la consommation par espèce, répartie suivant des variables démographiques et par région géographique. D'autres données plus générales concernant les ménages, comme les budgets et la consommation alimentaire des ménages, peuvent être nécessaires à l'élaboration de points de références appropriés. En outre, dans de nombreuses sociétés, il est important de partager et de distribuer à ses parents ou voisins les fruits de son travail, que ce soit la pêche ou l'agriculture. Cette distribution des aliments ou du revenu tiré des produits récoltés est un des piliers de la structure sociale, ainsi qu'une façon traditionnelle de donner de la nourriture à ceux qui ne sont pas en mesure de l'acquérir par eux-mêmes en raison de leur âge ou d'une infirmité. Il peut y avoir aussi des prescriptions rituelles ou religieuses qui font qu'en certaines occasions il faut manger telle espèce de poisson particulière.
Des données sur les ménages et les communautés sont fournies par le secteur de la récolte et (pour les ménages non-pêcheurs) par les services gouvernementaux.
Tableau 4.27 Exemples de variables concernant la répartition de la consommation de poisson
Type de données |
Variables |
Débarquements |
Quantité par destination (alimentaire, non
alimentaire) |
Importations et exportations de produits
halieutiques |
Quantité par destination (alimentaire, non
alimentaire) |
Facteurs de conversion en nutriments |
Poids du produit de poisson en grammes de protéines,
par type de produit et espèce |
Population nationale |
Nombre d'habitants par région, communauté,
flottille et variables démographiques (âge, ethnicité,
etc.) |
Modes de partage de la nourriture |
Règles culturelles concernant la répartition de
produits alimentaires en général; aliments spécifiques
prescrits pour des usages rituels |
Pour évaluer le mode de gestion de la pêcherie, l'accès à la pêcherie et le degré de participation locale à sa gestion doivent être pris en compte dans les plans d'aménagement. On peut se servir d'un indicateur de la nature de l'accès pour mesurer le degré de cogestion et le niveau de confiance qui existent entre pêcheurs et gestionnaires. En association avec des indicateurs de l'effort, de l'état du stock et du degré de capitalisation, ce genre de renseignements peut être utilisé pour évaluer des variations de la capture et de l'effort et pour estimer la probabilité de consentement à l'égard de nouvelles mesures de contrôle.
Un nouveau plan d'aménagement de la pêcherie devra tenir compte du système actuel d'aménagement. Pour ce faire, il faut des données pour décrire et évaluer les systèmes actuels, en identifier les points forts et les faiblesses et proposer des solutions pratiques aux problèmes.
Variables et sources
Les variables essentielles sont de quatre types:
Les institutions visées sont les départements des pêches, les coopératives et les conseils de pêcheurs. La nature de l'accès peut aller de l'accès libre aux droits de propriété individuels qui se partagent la ressource.
On a besoin de données sur les institutions et les procédures (formelles et informelles) appliquées à l'aménagement des pêches, sur les liens qui existent entre l'aménagement local et national, et les types et l'étendue de la participation locale. Par exemple, il est nécessaire d'avoir une mesure de la solidité de la participation des institutions locales (coopératives, conseils tribaux ou associations de pêcheurs) à la gestion des ressources, aux relations avec le marché ou dans les négociations avec d'autres parties prenantes. De même, il peut être nécessaire d'évaluer le rôle des régimes coutumiers d'aménagement local pour établir des plans d'aménagement, de savoir quelles sont les organisations locales d'autosurveillance qui existent et le degré auquel les connaissances biologiques et écologiques des pêcheurs ont été intégrées dans les évaluations scientifiques.
Pour prendre des décisions d'aménagement, l'ensemble de la procédure doit être documenté. Les décisions peuvent être, par exemple, influencées par la législation en vigueur et par des ministres ayant des objectifs politiques différents, ainsi que par des avis techniques. D'une manière générale, quelles que soient les organisations et les personnes impliquées et le stade auquel elles participent au processus décisionnel, il faut les enregistrer. Il importe aussi d'évaluer les facteurs logistiques qui peuvent intervenir dans la décision, comme l'emplacement des services des pêches et la distance que le pêcheur moyen doit parcourir pour s'y rendre ou pour assister à des réunions.
Les données proviennent principalement des secteurs de la récolte et des communautés, ainsi que du service des pêches lui-même.
Tableau 4.28 Exemples de variables concernant la nature de l'accès
Type de données |
Variables |
Institutions contrôlant l'accès |
Type; juridiction; localisation; nature de l'accès
accordé |
Règles d'adhésion |
Règles propres à chaque institution |
Conflits et coopération |
Relations entre institutions; relations au sein des
institutions |
Intégration du savoir local |
Procédures d'incorporation des convictions locales;
types de données incorporées |
Des indicateurs relatifs à la démographie des pêcheurs et aux modes de pêche peuvent être utilisés pour évaluer les questions d'équité, la dépendance à l'égard de la pêche et les réactions des pêcheurs à des modifications de la pêcherie. Certaines données, comme la taille des ménages, le revenu, l'expérience et les sources de financement, donnent une idée du degré de dépendance à l'égard de la ressource. Les données démographiques aident à situer les pêcheurs par rapport au reste de la population et à savoir si les pêcheurs pourraient trouver des emplois en dehors de la pêche, si cela devenait nécessaire ou souhaitable. Associés à des renseignements sur l'état du stock et la nature de l'accès, ces indicateurs peuvent aider les gestionnaires à prévoir les entrées ou sorties futures et les accroissements ou diminutions de l'effort pour des pêcheries déterminées. Avec les données concernant les institutions et leurs règles d'adhésion, il est possible de repérer des modalités de propriété ou d'accès, qui ont leur utilité quand l'aménagement se préoccupe particulièrement de la viabilité des petits propriétaires-opérateurs et du développement des droits de propriété. Les réactions des pêcheurs aux politiques et aux réglementations dépendront de leurs préférences pour différents types de pêche, ou de leur expérience à cet égard.
Variables et sources
Les variables doivent être mesurées séparément pour chaque pêcherie. Les données proviennent généralement du secteur de la récolte et des communautés de pêche.
Tableau 4.29 Exemples de variables concernant la démographie des pêcheurs et les modalités de la pêche
Type de données |
Variables |
Pratiques de pêche |
Activités des pêcheries par saison, type d'engin,
espèces cibles, zone de pêche (voir aussi tableau 4.6) |
Données démographiques concernant les
pêcheurs |
Âge; ethnicité; lieu de résidence;
années d'expérience de la pêche; situation de
l'équipage |
Caractéristiques des navires |
Longueur; tonnage brut; puissance; électronique
embarquée (voir aussi tableau 4.6) |
Composition de l'équipage |
Nombre de membres; description des tâches;
critères de sélection de l'équipage; autres
compétences en dehors de la pêche |
Prise des décisions |
Sélection de l'équipage; choix du marché;
comportement de la pêche; systèmes de paiement |
Les aspects démographiques et les modalités d'emploi relatifs aux secteurs de la transformation, de la commercialisation et des branches d'appui peuvent être utilisés comme mesure supplémentaire de la dépendance de la communauté à l'égard de la pêche. Utilisés en association avec les indicateurs de la balance commerciale, les effets de modifications du système national de récolte sur le secteur de la transformation au niveau des communautés peuvent ainsi être évalués.
Les caractéristiques du marché constituent aussi un indicateur des réactions potentielles du marché aux variations de la pêcherie. Les variables essentielles concernent le comportement des intermédiaires de la chaîne de distribution entre la récolte et la consommation (à l'exclusion de la transformation), ainsi que la contribution économique du secteur commercial. La liberté avec laquelle les marchés opèrent mérite une attention particulière. Tout dépend de la façon dont sont prises les décisions concernant les transactions. Par exemple, les transactions peuvent être fondées sur des relations de parenté ou sur des accords assurant un crédit aux pêcheurs, ce qui peut influer sur les prix (section 4.3.3.1).
Variables et sources
Les sources de données sont les secteurs de la récolte, de la transformation et de la commercialisation, ainsi que les services gouvernementaux.
Tableau 4.30 Exemples de variables concernant les aspects démographiques et les modalités d'emploi des secteurs de la transformation, de la commercialisation et des branches d'appui
Type de données |
Variables |
Modalités d'emploi |
Nombre d'employés recrutés par campagne et
catégorie d'occupation |
Données démographiques concernant les
employés |
Âge; ethnicité; lieu de résidence;
migrants ou résidents |
Caractéristiques des installations |
Emplacement du marché ou de l'usine; produits
transformés, en volume et en valeur |
Prise de décision |
Recrutement des employés; choix des navires à
qui le poisson est acheté; choix d'autres négociants ou
transformateurs à qui vendre le poisson |
La dépendance de la communauté à l'égard de la pêcherie est un indicateur des connexions économiques et socioculturelles et des contraintes de la pêcherie. On peut y inclure des considérations sur la sécurité alimentaire. Cet indicateur peut être utilisé avec d'autres indicateurs opérationnels et économiques pour expliquer des migrations économiques vers la pêcherie et hors de la pêcherie. La dépendance socioculturelle à l'égard de la pêche (c'est-à-dire la façon dont la pêche est traitée dans les chansons, les festivals, etc.) donne une certaine mesure de sa valeur non financière pour la communauté.
Comme la dépendance de la communauté tient compte des liens qui existent entre les différentes composantes d'une pêcherie, elle est souvent de nature complexe et peut nécessiter l'examen d'un grand nombre de variables. Par exemple, les impacts sur la pêche, les branches d'activité ou les infrastructures qui en dépendent, peuvent entraver le développement du secteur tout entier. Par exemple, si les routes sont mauvaises ou si les distributeurs locaux n'ont pas de moyens de transport pour porter leur capture au marché, le fait d'offrir d'autres incitations pour accroître la capture ne se traduira pas par un meilleur approvisionnement d'autres régions ou par plus d'argent pour les communautés locales.
Variables et sources
Tableau 4.31 Exemples de variables concernant la dépendance de la communauté
Type de données |
Variables |
Emploi |
Nombre de membres de la communauté participant à
la pêche et à des industries connexes |
Composantes de la pêcherie |
Nombre de pêcheurs, ménages tributaires de la
pêche pour leur nourriture et/ou leur revenu, bateaux, usines de
transformation, grossistes, détaillants, et industries liées
à la pêche (par exemple marinas, boutiques vendant des
appâts/engins, marchands de fournitures pour bateaux, fournisseurs de
combustible); composantes concernant l'infrastructure (transport,
communications); institutions gouvernementales et non gouvernementales influant
sur la pêcherie |
Revenu et consommation de poisson |
Pourcentage de dépendance alimentaire à
l'égard du poisson; pourcentage de dépendance à
l'égard de la pêche et d'activités liées à la
pêche pour assurer les revenus des ménages et des
flottilles |
Capital historique et culturel |
Durée d'association de la communauté avec des
activités de pêche; festivals; statues; organisations
communautaires associées à la pêche; autres formes de
symbolisme lié à la pêche |
Cosmologie |
Prescriptions culturelles appliquées à des
produits de poissons particuliers; tabous liés à des zones,
périodes ou espèces interdites; autres croyances
spécifiques et/ou tabous liés à la pêche en
général ou à des types spécifiques de
pêche |
Il conviendra de réunir une documentation sur les institutions gouvernementales qui s'occupent spécifiquement de la pêche, ainsi que sur d'autres organisations qui ont une influence sur la pêcherie. Il peut y avoir par exemple des associations publiques de crédit qui offrent des prêts pour l'équipement agricole et pour la pêche. Les conseils municipaux ou les conseils des anciens, ou tous autres organes de ce genre, peuvent avoir la faculté d'ouvrir et de fermer des zones agricoles de jachère et des réserves marines. Un organisme local peut exiger des licences pour les bateaux. L'église ou des groupes scolaires peuvent servir de lien pour intervenir auprès des milieux officiels chargés de réglementer la pêcherie, ou former des réseaux soutenant les femmes des pêcheurs qui partent pour des campagnes prolongées. L'accès à certaines pêcheries ou à certains engins peut être régi par telle ou telle affiliation tribale ou association communautaire.
Les données proviennent généralement des communautés de pêche, des pêcheurs, des services des pêches et autres institutions gouvernementales compétentes.
4.3.4.7 Statut social de la pêche
Le statut social des pêcheurs et la perception que l'on a de la pêche en tant que métier rendent plus ou moins probables l'entrée et la sortie de la pêcherie. Ils vont généralement de pair avec la rentabilité des navires, des flottilles et des installations après récolte.
Variables et sources
Les variables essentielles peuvent être regroupées en variables liées d'une part au niveau de la rémunération financière découlant de la pêcherie et variables liées aux valeurs culturelles. Dans le premier cas, les variables essentielles sont les revenus du secteur de la pêche et les revenus d'autres secteurs. Pour les secondes, les variables importantes sont plus nombreuses. Par exemple, le degré de prestige associé au métier de la pêche influera sur la capacité de la pêcherie d'attirer de nouveaux emplois. Les pêcheurs peuvent considérer que leur mode de vie recèle des valeurs essentielles et ont des opinions bien affirmées sur la manière dont le système de gestion de la pêcherie influe sur la possibilité qu'ils ont de conserver leur mode de vie. Le degré de participation des ménages de pêcheurs aux institutions et organisations communautaires par opposition aux institutions et organisations dominées par les pêcheurs (la façon dont les pêcheurs s'inscrivent dans une culture plus large) donne une indication du degré d'isolement de la communauté de pêche.
L'opinion de la société dans son ensemble à l'égard de la pêche est un élément important qu'il faut examiner. La pêche peut être considérée comme l'emploi du dernier recours ou impliquer traditionnellement des activités ou des matériaux qui sont considérés comme tabous ou impurs par beaucoup de personnes dans la population. Elle peut avoir pâti de campagnes mondiales contre la surexploitation, dont certaines dépeignent les pêcheurs comme des pilleurs des mers. Mais la pêche peut être aussi vue comme une activité noble et courageuse dans laquelle les hommes sont aux prises avec la nature pour arracher leur nourriture à la mer. L'image générale des pêcheurs, jointe aux salaires moyens qu'assure la pêche comparée à d'autres emplois courants, aura un effet important sur les efforts accomplis pour intensifier ou diminuer les activités de pêche.
Les données proviennent généralement des pêcheurs, des communautés de pêche, des services gouvernementaux, des organismes de pêche.
Tableau 4.32 Exemples de variables concernant le statut social des pêcheurs
Type de données |
Variables |
Rémunération financière |
Revenus du secteur de la pêche; revenus d'autres
secteurs; probabilité qu'ont les pêcheurs de trouver, avec leur
éducation et leurs compétences, des emplois dans d'autres
secteurs |
Valeurs culturelles |
Prestige relatif de la pêche par rapport à
d'autres métiers; mesure dans laquelle la pêche recèle un
style de vie apprécié (indépendance, risque); les
pêcheurs encouragent-ils leurs enfants à rejoindre cette
activité; les jeunes envisagent-ils sérieusement de travailler
dans la pêche; institutions et organisations auxquelles les pêcheurs
appartiennent |