FAO/SMIAR - Rapport sur l'Afrique No.2, Août 1999 - page 3

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FAITS SAILLANTS

La situation des approvisionnements alimentaires s'est dégradée dans plusieurs régions de l'Afrique de l'Est. En Somalie, les perspectives alimentaires pour 1999 et au-delà sont très sombres, en raison des effets conjugués du mauvais temps, d'une guerre civile qui s'éternise et des maladies et des ravageurs mal maîtrisés qui s'attaquent aux cultures. Les cultures céréalières de la campagne principale en cours n'ont donné que de très médiocres résultats (il s'agit là de la septième mauvaise récolte consécutive depuis 1996), en raison de précipitations irrégulières et insuffisantes, d'une invasion de chenilles légionnaires et de températures exceptionnellement élevées. Les activités économiques et commerciales ont été sérieusement réduites par la reprise des combats entre factions rivales, notamment dans le sud. Les mécanismes d'adaptation traditionnels étant devenus quasiment inopérants, un grand nombre de personnes ont dû partir à la recherche de nourriture et de meilleures conditions de sécurité. On estime à l'heure actuelle que plus d'un million de personnes souffrent de graves pénuries alimentaires, et que plus de 400 000 risquent de mourir d'inanition. En Ethiopie, les pénuries vivrières ont été aggravées par la médiocrité des récoltes de la campagne "Belg" de 1999, elle-même imputable à une insuffisance des précipitations. Selon les estimations officielles, cinq millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, parmi lesquelles deux millions d'individus qui subissent le contrecoup des mauvaises récoltes de la campagne "Belg" de 1999 dans la région d'Amhara, au nord-ouest, ainsi que 385 000 personnes déplacées par le conflit armé qui se poursuit avec l'Erythrée. Dans ce pays, malgré une moisson fructueuse en 1998, la situation alimentaire des personnes déplacées du fait de la guerre et de celles qui ont fui l'Ethiopie est extrêmement critique. Dans le sud du Soudan, la situation alimentaire reste difficile en raison du conflit civil qui perdure et malgré la présence de conditions de végétation favorables.

Ailleurs en Afrique de l'Est, la production agricole et le bétail ont souffert d'une période de sécheresse prolongée, notamment dans l'ouest de l'Ouganda. Un grand nombre d'agriculteurs, et notamment de producteurs de bétail, nécessitent une aide d'urgence. On signale que des milliers d'entre eux se soit dirigés vers le nord de la Tanzanie, à la recherche d'eau et de pâturages. Au Kenya, des précipitations irrégulières et inférieures à la moyenne durant l'actuelle "saison des longues pluies" ont nui à la production agricole et au bétail, en particulier dans les zones pastorales du nord et du nord-est. En Tanzanie, on signale dans plusieurs régions de très mauvaises récoltes, ce qui laisse envisager une augmentation sensible (et imprévue) des besoins d'importation.

En Afrique australe, les perspectives alimentaires sont très peu prometteuses en Angola, en raison d'une intensification du conflit depuis le mois de décembre de l'an dernier. Des déplacements de population à grande échelle ont été signalés dans les zones rurales où les familles d'agriculteurs abandonnent leurs fermes et leurs foyers pour se réfugier dans les villes tenues par les forces du gouvernement ou dans les pays voisins. Le pays a bénéficié de précipitations moyennes ou supérieures à la moyenne, et les réductions des semis n'ont pas, dans l'ensemble, été très importantes; malgré cela, des terres ayant été laissées à l'abandon, on s'attend à une réduction des rendements dans de nombreuses zones. Il faut fournir une aide alimentaire d'urgence à environ un million environ de personnes qui viennent d'être déplacées et dont la plupart se trouvent dans des villes ou des cités de province coupées du reste du pays, les routes ayant été fermées en raison de l'insécurité ambiante et de la présence de mines terrestres. L'acheminement des secours est donc problématique, et devra se faire en grande partie par de coûteux transports aériens. Dans les autres régions de l'Afrique australe, on prévoit une aggravation de la situation des approvisionnements alimentaires dans certains pays où la récolte céréalière de 1999 a été réduite. En Afrique du Sud, la production céréalière devrait être plus faible que celle de l'année dernière, qui était déjà inférieure à la moyenne, ce qui amenuise considérablement les excédents exportables du pays. Le Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Zimbabwe ont une production céréalière inférieure à la moyenne pour la deuxième année consécutive.

Dans la région des Grands Lacs, une constante insécurité et des flambées de violence empêchent la relance de la production vivrière. En République démocratique du Congo, la situation des approvisionnements alimentaires reste précaire en raison d'une insécurité permanente et des déplacements de population. L'accord de cessez-le-feu signé le 10 juillet à Lusaka, en Zambie, permet cependant d'espérer une amélioration de la situation. On estime à 660 000 le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays, essentiellement dans les provinces de Kivu et de Katanga. En République du Congo, la reprise des hostilités entre les forces du gouvernement et la milice Ninja a provoqué le déplacement d'un grand nombre de personnes a bouleversé les activités économiques, et a entraîné d'importantes répercussions sur la situation des approvisionnements alimentaires. Au Burundi et au Rwanda, des précipitations insuffisantes et
des infestations de chenilles légionnaires dans certaines zones ont endommagé les cultures de la campagne B, qui viennent d'être moissonnées. L'insécurité qui sévit dans certaines parties du pays continue à perturber la production vivrière.

En Afrique de l'Ouest, les perspectives des récoltes sont généralement favorables, notamment dans le Sahel, où la situation des approvisionnements alimentaires devrait rester satisfaisante jusqu'à la prochaine récolte, sauf en Sierra Leone où des difficultés d'approvisionnement alimentaire persistent. L'application de l'accord de paix signé récemment devrait permettre une amélioration de la situation.


FAO/SMIAR - Août 1999
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