FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.4 - September 1999 - P. 12

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POISSONS ET PRODUITS DE LA PÊCHE

Les disponibilités de poissons de fond ont été très réduites pendant la première moitié de 1999. En Namibie, les quotas de merlu sont passés de 165 000 tonnes en 1998 à 195 000 tonnes en 1999, tandis qu'en Afrique du Sud ils sont restés au niveau de l'année précédente (151 000 tonnes). Cette avancée ne comblera toutefois pas le déficit qui est attendu en Amérique du Sud par suite de la fermeture des pêcheries de merlu en Argentine, au Chili et en Uruguay et de leur lente reprise au Pérou.

On prévoit une nouvelle diminution des captures de lieu de l'Alaska en 1999 dans l'élan du fléchissement constant des captures (sauf en 1995 et en 1996) depuis le volume record de 6,8 millions de tonnes enregistré en 1986. La période principale de pêche pour le lieu de l'Alaska dans la mer d'Okhotsk a été close au début de mai 1999. Disposant d'un quota de 860 000 tonnes, les pêcheurs de la Russie orientale ont capturé 850 000 tonnes, soit 200 000 tonnes de moins que l'année précédente. Aux États-Unis, le TPA (total des prises admissibles) pour le lieu de l'Alaska était de 992 000 tonnes en 1999, 118 000 tonnes de moins qu'en 1998. Les prix de ce poisson sont plutôt stables actuellement, mais devraient remonter dans le courant de l'année.

La croissance des exportations de hoki vers l'Europe, observée l'an dernier, résultait principalement de la pénurie grandissante de merlu. Les ventes ont progressé de 250 pour cent, pour un total de 47 millions de dollars E.-U., selon les chiffres relatifs aux échanges déclarés en Nouvelle-Zélande.

Les captures de morue ont diminué de plus de 25 pour cent depuis la fin des années 80. Les disponibilités de morue du Canada devraient augmenter peu à peu au cours des prochaines années. Les captures de morue de ce pays étaient autrefois parmi les plus importantes du monde, jusqu'à l'effondrement des stocks canadiens au début des années 90. Les activités de pêche à la morue le long des côtes orientales de Terre-Neuve ont repris le 8 juillet 1999, après sept ans de fermeture, avec l'adoption d'un quota de pêche commerciale très réduit (6 000 tonnes). Par ailleurs, le Conseil canadien pour la conservation des ressources halieutiques a enregistré un accroissement des captures côtières de morue, qui ont atteint un volume de 45 000 tonnes (fin mai 1999), avec une progression d'environ 50 pour cent par rapport à l'année précédente. On observe les signes d'une forte diminution des stocks de morue dans la mer de Barents. Les stocks de l'Atlantique Nord-Est n'ont jamais été aussi faibles depuis 1990. Un TPA nettement inférieur est prévu pour les prochaines années pour la morue de l'Atlantique dans la mer de Barents. En revanche, les captures de morue sont en augmentation dans la ZEE (zone économique exclusive) islandaise et les perspectives pour l'avenir semblent bonnes. Vu la pénurie de morue en Europe, celle du Pacifique revêt une importance accrue pour les acheteurs européens en tant que matière première. Les marchés asiatiques de la morue sont relativement faibles par rapport à ceux de l'Europe et des États-Unis. Les prix de la morue sont particulièrement élevés sur les marchés de la CE et de l'Amérique du Nord depuis le début de 1998, sous l'effet des maigres captures et d'une forte demande, notamment de la part des marchés du poisson en filets et en blocs.

Au cours des cinq dernières années, les captures d'églefin ont été plutôt stables, avec un volume d'environ 320 000-350 000 tonnes par an. Les prévisions pour 1999 indiquent un léger fléchissement par rapport au volume de 1998. Dans la mer de Barents, le TPA pour 1999 a été réduit de 52 000 tonnes et fixé à 78 000 tonnes, tandis que dans la mer du Nord le quota a été abaissé de 26 500 tonnes, tombant ainsi à 88 500 tonnes pour 1999. Par ailleurs, le TPA dans la ZEE islandaise a été fixé à 35 000 tonnes, avec un recul 10 000 tonnes. D'un autre côté, les scientifiques canadiens ont signalé une augmentation des églefins dans le Banc Georges, le stock de l'année en cours étant environ deux fois supérieur à la moyenne signalée en 1978. Compte tenu des restrictions de conservation, cela laisse présager un quota de 20 000 à 30 000 tonnes pour l'églefin dans les prochaines années. Les prix de ce poisson sont assez stables actuellement sur les marchés américains et européens et cette tendance devrait se poursuivre.

Les principales caractéristiques du marché mondial de la crevette sont stationnaires depuis maintenant plus de deux ans. Le marché japonais a été touché par la crise économique et la demande de crevette a fléchi avec de brefs renversements de tendance en correspondance des festivités. Le marché des États-Unis a montré une demande soutenue, tandis que le dollar fort favorisait un accroissement de l'approvisionnement. La tendance qui voulait que la crevette asiatique soit principalement destinée au Japon a changé, avec une expansion progressive des exportations de crevettes asiatiques vers les États-Unis. Le marché européen est lui aussi relativement solide. Les prix devraient fléchir dans les prochains mois, lorsque la production abondante provenant des élevages asiatiques sera disponible.

En avril 1999, les élevages de crevette des pays d'Amérique centrale et du sud ont été frappés par la maladie du point blanc. L'Asie du sud et du sud-est a enregistré une production abondante de crevettes d'élevage au cours du deuxième trimestre de l'année, avec une récolte volumineuse en Inde.

Aux États-Unis, la demande de crevettes a été soutenue dans les premiers mois de l'année, avec un raffermissement des prix ces derniers mois. La Thaïlande a renforcé sa position de principal fournisseur de crevettes du marché des États-Unis. Le pays vend surtout des crevettes décortiquées, un produit qui représente 44 pour cent des exportations thaïlandaises vers les États-Unis.

En Europe, la demande de crevettes a été bonne en 1999, tandis que les produits asiatiques tendaient à être davantage acheminés vers l'Europe plutôt que vers le marché japonais. Compte tenu du bon approvisionnement prévu dans les années à venir, on attend aussi un fléchissement des prix en Europe.

La demande devrait demeurer soutenue sur le marché des États-Unis, selon la tendance de l'année passée. Une baisse des prix est prévue, car à cette forte demande s'ajouteront des disponibilités croissantes, provenant aussi bien de la production intérieure que des importations. Les pays d'Asie du sud-est, en particulier la Thaïlande et l'Indonésie, renforceront leurs expéditions. L'atonie du marché japonais persiste.

Les captures de thon sont largement supérieures à celles de 1998 dans la plupart des principales zones de pêche, avec notamment une confirmation de la tendance positive enregistrée en 1998 pour les captures effectuées dans le Pacifique. Cela pourrait contribuer à prolonger la baisse des prix amorcée à la mi-1998. La demande de sashimi s'est renforcée au Japon, bien que les ventes n'aient pas encore retrouvé un volume normal. Le thon en conserve se vend bien lui aussi sur les deux principaux marchés (États-Unis et CE). Les importations de thon frais du Japon ont reculé pour la première fois depuis des années. La contraction la plus forte a été celle des importations de thon obèse, mais l'albacore a également perdu du terrain. L'Indonésie demeure le principal fournisseur de thon frais (albacore principalement) du marché japonais.

Au cours du premier trimestre de l'année, les États-Unis ont importé quelque 60 000 tonnes de thon en conserve, soit 36 pour cent de plus qu'en 1998 pendant la même période. La Thaïlande reste le principal exportateur de thon en conserve vers le marché des États-Unis, avec 34 000 tonnes pendant la période janvier-mars 1999, un volume qui représente une progression de 48 pour cent par rapport à 1998. Des disponibilités accrues de matière première pour les conserveries thaïlandaises et l'intérêt économique des principales marques américaines pour l'industrie thaïlandaise du thon, sont à l'origine d'une telle reprise. Les Philippines demeurent en deuxième position. L'utilisation de la longe de thon de la part des conserveries italiennes reste en augmentation. Actuellement, la longe en tant que matière première représente environ 60 pour cent du total de la production italienne de thon en conserve. L'Équateur et la Colombie bénéficient de leur statut spécial d'exportateurs en franchise en tant que pays du Pacte andin et renforcent leurs expéditions vers la CE.

Les prix de l'albacore ont chuté sur le marché européen, de volumineux arrivages en provenance du Pacifique Est ayant garanti un bon approvisionnement du marché. Le Mexique est lui aussi devenu un important fournisseur de thon entier aux conserveries italiennes. En mai 1999, les prix de l'albacore entier du Mexique sont tombés à 1 300 dollars E.-U. la tonne, contre les 1800 dollars E.-U. la tonne de l'année précédente. Les prix de la longe de thon sont moins fluctuants, les sociétés productrices ayant généralement des contrats d'exclusivité avec les acheteurs ou directement avec les entreprises étrangères. En mai 1999, le
prix de la longe de thon sur le marché italien était de 3 920 dollars E.-U. la tonne, presque 1 000 dollars E.-U. la tonne de moins qu'en mai 1998.

Les marchés européen et africain sont moroses. Les conserveries ne vendent pas car certains distributeurs en Europe ont constitué des stocks importants l'an dernier. Certains négociants ont également accumulé des produits en conserve au cours du dernier trimestre de 1998, lorsque les prix du poisson entier sont tombés en Thaïlande. Les prix du thon ont commencé à fléchir. Toutefois, à Bangkok, ce phénomène a un caractère saisonnier. Les conserveries thaïlandaises sont couvertes jusqu'au mois de juin et cela déterminera un nouveau recul des prix sur les marchés européen et africain. De bonnes captures de listao sont signalées dans les principales zones de pêche et pourraient contribuer à faire à nouveau baisser les prix.

Les pêches de céphalopodes ont été bonnes ces derniers mois. Comme prévu, les captures d'encornet ont été importantes, avec d'abondantes disponibilités sur le marché mondial au cours du deuxième trimestre de l'année. Les captures de poulpe dans l'Atlantique Centre-Est ont été bonnes au début de 1999, donnant lieu à un renforcement des exportations vers le Japon, et à un affaiblissement des prix sur le marché mondial. Un renversement de tendance est annoncé.

Les captures d'encornet dans l'Atlantique Sud-Ouest ont été abondantes dans les premiers mois de l'année. Au cours du premier trimestre, celles effectuées au large des îles Falkland/Malvinas ont représenté de près de 100 000 tonnes, soit un volume supérieur au total de 1998 et quatre fois plus que cette année-là pendant la période correspondante. En revanche, les captures de loligo dans la zone des îles Falkland/Malvinas ont été plutôt décevantes avec 13 600 tonnes débarquées durant le premier trimestre de l'année, soit 50 pour cent de moins que l'année précédente.

Au Japon, les captures de calmar ont atteint en 1998 un volume de 368 000 tonnes, avec un recul de 41 pour cent par rapport aux débarquements de 1997. En 1998, les captures de Todarodes pacificus, le calmar local, se sont établies à 173 000 tonnes, contre 366 000 tonnes en 1997. Tout semble indiquer un dépassement en 1999 du volume record des captures d'encornet enregistré en 1997 dans l'Atlantique Sud-Ouest. Le marché japonais de la seiche est resté relativement stable. Au cours des trois premiers mois de 1999, le Japon a importé quelque 11 500 tonnes de seiches, 10 pour cent de plus qu'en 1998, pendant la même période. Cette avancée vient d'une croissance des importations en provenance de pays de l'Atlantique Centre-Est, la plus forte progression des expéditions étant enregistrée au Maroc.

On prévoit un effondrement des prix de l'encornet à moyen terme. Les achats de l'Espagne, où le niveau des prix est resté relativement élevé, ne devraient pas absorber les énormes quantités d'encornet pêchées dans l'Atlantique Sud-Ouest. Dès que des stocks auront été constitués en Espagne, le prix de l'encornet commencera à fléchir ce qui pourrait déterminer une forte tendance à la baisse des prix de l'encornet sur le marché mondial. Une situation analogue a déjà été observée à plusieurs reprises au cours des années passées.


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