FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.4 - September 1999 - P. 7

Previous PageTable Of ContentsNext Page


STOCKS DE REPORT


-----

Contraction des stocks céréaliers de report mondiaux en 1999/2000


Bien qu'une contraction des stocks céréaliers de report mondiaux s'annonce probable, cette réduction devrait être généralement limitée aux stocks de blé et d'orge et porter sur des volumes moins importants que prévu initialement, grâce à l'amélioration des perspectives de production dans plusieurs régions. Les perspectives concernant les stocks mondiaux de céréales au moment de la clôture des campagnes finissant en l'an 2000 ont été revues à la hausse de 323 millions de tonnes, soit une augmentation de 8 millions de tonnes par rapport aux indications précédentes, bien que ce volume demeure inférieur de 13 millions de tonnes, soit 4 pour cent, au niveau d'ouverture. Ainsi, le ratio des stocks céréaliers de report mondiaux en regard de l'utilisation prévue en 2000/2001 serait de 16,9 pour cent, traduisant une légère augmentation par rapport aux dernières prévisions et se rapprochant encore de la fourchette de 17 à 18 pour cent que le Secrétariat de la FAO considère comme le seuil indispensable à la préservation de la sécurité alimentaire mondiale. L'accroissement modéré des stocks des principaux pays exportateurs au cours des dernières années, qui représente une protection importante contre tout déficit de la production mondiale, devrait également représenter au moins 45 pour cent du total mondial, plus proche de celui de l'an dernier et nettement supérieur à la moyenne enregistrée récemment.

Le déclin très marqué des stocks de blé est le principal facteur conduisant aux prévisions de contraction des stocks céréaliers mondiaux. Sur la base des campagnes nationales clôturant en l'an 2000, les stocks mondiaux de blé sont actuellement estimés à près de 132 millions de tonnes, soit 11 millions de tonnes ou 8 pour cent de moins que le niveau d'ouverture. Cependant, ce volume prévu demeure supérieur d'environ 9 millions de tonnes aux prévisions antérieures, compte tenu de l'amélioration des perspectives de récolte dans plusieurs grands pays producteurs. La majeure partie de la réduction prévue cette année des stocks de blé devrait se produire en Asie et en Europe. En Asie, le bilan général indique une réduction d'environ 4 millions de tonnes des stocks de blé. La réduction de la production enregistrée dans plusieurs pays par suite de la sécheresse, comme en République islamique d'Iran, en Syrie et en Turquie, devrait donner lieu à d'importants prélèvements sur leurs réserves, tandis que la réduction prévue de 8 millions de tonnes de la production chinoise pourrait également entraîner une baisse marquée de ses réserves de clôture.

Les stocks de blé de l'Europe devraient eux décroître d'environ 5 millions de tonnes par rapport aux niveaux d'ouverture. Dans la Fédération de Russie, suite à la véritable chute de la production enregistrée l'an dernier et à la probabilité d'une autre mauvaise récolte cette année, les réserves de blé tomberont probablement à l'étiage d'environ 3 millions de tonnes, soit 1 million de tonnes de moins que l'an dernier. La perspective de déclin de la production en Bulgarie et en Hongrie entraînera probablement un amenuisement des stocks, malgré la possibilité de réduction des exportations. Dans la CE, la baisse de la production conjuguée aux perspectives d'augmentation des exportations devrait se solder par un prélèvement de 2,5 millions de tonnes sur les stocks de clôture. Cependant, les stocks de blé restent relativement abondants et pourraient même constituer un fardeau financier, notamment en raison des coûts d'entreposage d'intervention si les cours mondiaux restent en deçà du prix d'intervention de la CE. S'agissant des autres régions, on prévoit un amenuisement des stocks de clôture en Afrique, notamment au Maroc et en Afrique du Sud, principalement attribuable à la réduction de la production. En revanche, la plupart des pays d'Amérique latine et des Caraïbes devraient conclure leurs campagnes de commercialisation respectives sans variation marquée de leurs stocks de report.

On prévoit que les stocks de report mondiaux de céréales secondaires, pour les campagnes de récolte clôturant en l'an 2000, atteindront 137 millions de tonnes, soit une réduction de 4 millions de tonnes par rapport à leurs niveaux élevés d'ouverture et un volume de 3 millions de tonnes inférieur aux prévisions du mois de juin. Pour ce qui est de la ventilation des prévisions, la réduction prévue des stocks mondiaux d'orge et de seigle pourrait compenser l'augmentation attendue des réserves mondiales de maïs. La baisse d'environ 6 millions de tonnes des stocks mondiaux d'orge, qui les placerait à environ 24 millions de tonnes, serait principalement attribuable à l'amenuisement des stocks de la CE, du Maroc, de la Turquie et de la Fédération de Russie. Dans la CE, deux années consécutives de déclin de la production ainsi qu'un redressement des expéditions d'orge et de seigle devraient entraîner une réduction de l'ordre de 7 millions de tonnes, ou 33 pour cent, des stocks globaux de céréales secondaires, ce qui impliquerait une prélèvement substantiel intéressant également les stocks d'intervention. Alors qu'au Maroc et en Turquie la sécheresse sera sans doute la principale responsable de la réduction prévisible des stocks d'orge, les mauvaises perspectives de récolte en Fédération de Russie pourraient également y entraîner une réduction des stocks de clôture de céréales secondaires, dont le niveau chuterait alors jusqu'à moins d'un million de tonnes, dont la moitié seulement serait représentée par l'orge. En revanche, les reports mondiaux de maïs devraient augmenter d'environ 5 millions de tonnes par rapport à leurs niveaux d'ouverture déjà élevés d'environ 94 millions de tonnes, ce qui représente environ les deux tiers des réserves mondiales de céréales secondaires. La majeure partie de l'accroissement enregistré devrait se produire aux États-Unis, tandis que le redressement de la production brésilienne pourrait également se traduire par un relèvement des stocks de clôture.

STOCKS CÉRÉALIERS DE REPORT MONDIAUX

   
Campagnes agricoles se terminant en:
1998
1999 estim.
2000 prévis.
 
(. . millions de tonnes . .)
Blé
137,6
142,5
131,8
Céréales secondaires
137,4
140,9
136,6
Riz (usiné)
54,9
52,9
54,5
TOTAL
329,8
336,4
322,9
dont:
 
 
 
Principaux pays exportateurs
128,6
153,9
145,8
Autres pays
201,2
182,5
177,1

Selon les prévisions initiales de la FAO, les stocks mondiaux de riz lors de la clôture des saisons de commercialisation de l'an 2000 devraient marquer une augmentation de 3 pour cent, pour atteindre 54,5 millions de tonnes. Ce mouvement est principalement attribué à la production mondiale record attendue. On prévoit ainsi des augmentations considérables aux États-Unis, en Inde et au Brésil. Les stocks de riz des campagnes de commercialisation se terminant en 1999 demeurent pratiquement inchangés par rapport aux prévisions précédentes. Cependant, les stocks mondiaux resteraient inférieurs d'environ 2 pour cent à leur niveau d'ouverture. La majeure partie du déclin des stocks enregistrés pendant les campagnes de commercialisation se concluant en 1999 est imputable au Japon et à la Chine (continentale). En effet, la politique japonaise de limitation de la production intérieure vise à réduire graduellement les stocks du pays. Le déclin prévu des réserves de la Chine est attribué aux difficultés d'approvisionnement interne provoquées par les inondations qui ont touché le pays en 1998/99. La réduction des stocks de report en Chine ne devrait pas entraîner une hausse des cours internationaux, étant donné que cette réduction est compensée par une contraction prévue de 17 pour cent de la demande mondiale d'importations, et que nombre des autres grands pays exportateurs disposent d'importants volumes exportables.


-----

PRIX À L'EXPORTATION

Des cours céréaliers généralement inférieurs à ceux de la période correspondante de l'année précédente

La crainte d'une détérioration des perspectives concernant la récolte de maïs aux États-Unis a entraîné une flambée des cours qui, bien que brutale, est demeurée limitée. Sur le marché du maïs, la période de sécheresse et de chaleur qui a sévi fin juillet et début août a suscité des inquiétudes quant aux résultats de la récolte aux États-Unis, provoquant une brusque hausse des prix. Cependant, suite à la publication, au mois d'août, d'un rapport officiel faisant état d'une récolte américaine largement supérieure aux prévisions, les cours du maïs se sont tassés et, à la fin du mois, le prix du maïs américain à l'exportation était de 70 dollars E.-U. la tonne, soit 21 dollars de moins qu'au mois de mai et 14 dollars E.-U. en dessous de la période correspondante de l'an dernier. Sur le marché à terme de la place de Chicago (CBOT) également, les prix du maïs se sont redressés début août, mais, dès la fin du mois, les transactions ayant pour échéance le mois de décembre étaient cotées à 85 dollars E.-U. la tonne, soit 6 dollars de moins qu'au mois de mai, bien qu'à un cours supérieur de 3 dollars la tonne par rapport à la période correspondante de l'an dernier. Compte tenu de la reprise probable durant cette campagne d'exportations de gros volumes de la part de la Chine, et compte tenu également des perspectives qui restent favorables pour le soja comme pour le maïs, tout raffermissement supplémentaire des prix devrait dépendre très étroitement de la demande d'importations, laquelle, si l'on en croit les prévisions actuelles, ne devrait pas augmenter de façon marquée.

PRIX À L'EXPORTATION LES PLUS RÉCENTS *

 
1999
1998
 
août
mai
août
 
(. . dollars E.-U./tonne . .)
Etats-Unis
 
 
 
Blé 1/
115
111
110
Maïs
70
91
84
Sorgho
77
88
86
Argentine 2/
 
 
 
Blé
130
126
112
Maïs
94
96
99
Thaïlande 2/
 
 
 
Riz, blanc 3/
239
258
332
Riz, brisures 4/
194
191
234

Après un déclin correspondant aux bas niveaux saisonniers durant le mois de juin et au début du mois de juillet, le marché mondial du blé a connu une période d'instabilité exceptionnelle en mai 1999, les prix étant affectés par les augmentations des cours du maïs et du soja provoquées par les aléas climatiques. D'autres facteurs ont contribué à soutenir les prix du blé durant cette période: l'intérêt accru des acheteurs, annonce de nouvelles initiatives en matière d'aide alimentaire de la part des États-Unis, et reprise des expéditions de blé par la CE et les États-Unis au titre de l'aide alimentaire à la Fédération de Russie. À la fin du mois d'août, le blé américain No.2 (HRW, fob) était coté à 115 dollars E.-U. la tonne, cours légèrement supérieur à celui de la période correspondante de l'année précédente. À la fin du mois d'août, on a également vu se raffermir les prix du blé sur le marché des transactions à terme. Ainsi, le cours du Soft Red Winter pour les contrats venant à échéance en décembre s'échangeait, à Chicago (CBOT), à 104 dollars E.-U. la tonne, soit un redressement d'environ 8 dollars la tonne depuis le mois de mai, à l'image d'une augmentation d'un montant analogue au cours de la période correspondante de l'an dernier.

Dans la CE, le rythme intense des ventes de blé à la République islamique d'Iran, dont des sources non confirmées établissent le volume à 1 million de tonnes, a également contribué à soutenir les prix. Selon les derniers relevés, remontant au 26 août, les cours du blé tendre français à l'exportation pour les livraisons de septembre étaient d'environ 90 dollars E.-U. la tonne, net du remboursement de 31,50 dollars E.-U. la tonne. Alors qu'au cours des derniers mois, la faiblesse de l'Euro par rapport au dollar E.-U. a contribué à réduire l'écart entre les prix appliqués par la CE et les cours mondiaux, le maintien des ristournes d'exportation (subventions) demeurerait nécessaire pour préserver, cette année, la compétitivité du blé européen. Alors que les importantes quantités disponibles dans les autres régions majeures d'exportation sont de nature à stimuler la concurrence pour l'obtention de parts de marché, on pourrait assister cette année à une intensification des efforts d'exportation de la CE. Au demeurant, 1999/2000 est la dernière campagne précédant la mise en _uvre du programme Agenda 2000, de même que l'année de clôture de la période de transition de six ans convenue dans le cadre des négociations de l'OMC, autorisant le report à l'année suivante - en l'occurrence 2000/2001 - des contingents d'exportations subventionnées en céréales non utilisés pendant les années précédentes. Dans ce contexte, et compte tenu de prévisions de la FAO selon lesquelles la demande mondiale d'importations ne devrait croître que dans des proportions modestes, il est peu probable que l'on assiste, au cours des prochains mois, à une hausse marquée des cours du blé.

Les cours internationaux du riz de la quasi totalité des sources se sont quelque peu détendus au cours des mois de juillet et août, après une période de grande fermeté en mai et en juin. L'indice FAO des prix d'exportation du riz (1982-84=100) a atteint une moyenne de 114 points en juillet-août, soit un point de moins qu'en juin. À titre de comparaison, l'indice était à 112 points en avril, soit la moyenne la plus basse de décembre depuis 1994. Cet affaiblissement récent des cours du riz résulte en partie de l'arrivée sur le marché de nouvelles récoltes dans certains pays, alors que la demande internationale d'exportations est en fléchissement par rapport à l'an dernier.

Le prix moyen du riz thaï 100B était de 249 dollars E.-U. la tonne au mois d'août, contre 257 dollars E.-U. la tonne en juillet - ce cours reste supérieur aux 238 dollars la tonne du mois d'avril. Les prix des catégories de qualité inférieure de provenances diverses ont également décliné au mois d'août. À titre d'exemple, le prix du riz thaï 35 pour cent de brisures a atteint en moyenne 215 dollars la tonne au mois d'août, contre 220 dollars la tonne en juillet, alors que pendant la même période, le prix du riz 100 pour cent de brisures (thaï A1 super) est tombé de 209 dollars E.-U. à 204 dollars E.-U. la tonne.

Aux États-Unis, les prix mensuels moyens d'exportation ont poursuivi leur tassement sous l'effet conjugué d'une nouvelle demande limitée de la part des importateurs et de l'annonce d'une récolte record en 1999, qui devrait aider à reconstituer les stocks de report. Le prix moyen du riz des États-Unis No. 2/4 pour cent de brisures était de 319 dollars E.-U. la tonne au mois d'août, soit 4 dollars E.-U. de moins qu'en juillet. De ce fait, la différence de prix entre le riz thaï de haute qualité 100B et le riz comparable des États-Unis No. 2/4 pour cent de brisures s'est considérablement rétréci, puisqu'il n'était plus que de 67 dollars E.-U. au mois d'août contre un niveau maximum de 118 dollars E.-U. au mois d'avril. Cependant, il faudrait que cet écart s'amenuise encore pour que le riz américain devienne compétitif sur les marchés
du riz de haute qualité autres que l'Amérique latine et des Caraïbes.


Previous PageTop Of PageTable Of ContentsNext Page