Page précédente Table des matières Page suivante


Rubrique technologique du jardinage 16: Techniques de multiplication des plantes


La pépinière d’un jardin potager permet de produire des jeunes plants pour toutes les parcelles de la ferme familiale. Quand la pépinière est située à l’intérieur du jardin potager, à proximité de la ferme et d’un point d’eau, les plants et les boutures peuvent être arrosés régulièrement et protégés contre les ravageurs et les maladies. Pour certaines plantes, les jeunes plants survivent généralement mieux quand ils sont repiqués dans le champ au lieu d’être semés directement dans ce dernier. Il faut toujours clôturer avec soin une pépinière pour empêcher les bêtes en divagation d’y pénétrer.

LA MULTIPLICATION DES PLANTES

Les plantes peuvent être multipliées à partir de graines (par exemple, tomate, niébé, haricot), ou de parties de racine, tubercule, bulbe, rameau supérieur ou tige. Ces différentes parties de plante constituent le matériau de plantation. Le manioc, la patate douce, l’igname et d’autres cultures sont plantés à l’aide de matériau de plantation.

Les plantes obtenues à partir de graines peuvent différer quelque peu de la plante mère. En revanche, les plantes reproduites avec du matériau de plantation ont les mêmes caractéristiques que la plante mère, à l’exception des modifications dues aux conditions de culture.

Ensemencement

Certaines graines peuvent être semées directement dans leur emplacement définitif, alors que d’autres sont semées dans des pépinières, puis les jeunes plants sont repiqués dans leur emplacement définitif. Les petites graines, par exemple celles de tomate, d’amarante, de chou vert ou de colza, doivent d’abord germer dans des lits de semence, et les plantules sont ensuite repiquées dans des planches du jardin potager. Les grosses graines, comme celles de haricot ou de citrouille, sont plantées directement dans le jardin potager. Les graines de haricot, d’arachide ou de maïs doivent être plantées dans de petits trous peu profonds. Les boutures, les bulbes, les tubercules et les rhizomes (tiges souterraines) peuvent être plantés directement dans leur emplacement définitif. Les graines d’arbres fruitiers et d’arbres à fruits à coque doivent être élevées dans des lits de semence ou des bacs de germination, et les plantules sont ensuite repiquées.

Pour préparer le sol en vue de la plantation, mélangez le sol de la pépinière avec du compost. Le compost à utiliser dans une pépinière doit être stérilisé, comme il est expliqué à la rubrique technologique du jardinage 6, «Techniques spéciales pour améliorer la gestion du sol et de l’eau». La quantité de compost à ajouter dépend de la fertilité du sol du jardin potager. Si le sol est très pauvre, ajoutez une partie de compost pour une partie de sol.

Le sol du lit de semence doit être bien préparé, n’avoir ni morceau de bois ni pierre, et être surélevé d’environ 15 cm par rapport au reste du terrain. Mélangez un peu de sable au sol pour faciliter le drainage et éviter les champignons. Tassez bien le sol avec une planche plate, puis tracez des sillons peu profonds. Semez dans les sillons et recouvrez légèrement les semences avec du sol. Damez la terre en marchant sur une planche posée sur le sol (voir la figure 1). Enfin, étalez sur le sol une mince couche de paillis et arrosez le lit de semence.

Les deux types de plants (ceux qui sont semés directement dans le jardin et ceux qui sont élevés en pépinière puis repiqués) doivent être sélectionnés, c’est-à-dire qu’il faut arracher les plants maladifs au début de leur développement ou au moment du repiquage. Cette sélection peut également se faire quand on éclaircit les plants. Les plants sains qui restent doivent être suffisamment espacés de manière à donner une bonne récolte.

Un ombrage léger, procuré par un matériau local adapté ou des branches de palmier, par exemple, peut protéger les jeunes plants contre un soleil trop fort et empêcher les oiseaux et les animaux d’approcher (voir la figure 2). Evitez l’eau qui stagne; ainsi, quand vous arrosez, ne versez pas l’eau directement sur les plants, mais aspergez-les au contraire avec un bouquet d’herbe, ou bien arrosez à l’aide d’un récipient perforé, par exemple une calebasse ou un bidon en métal.

Production des jeunes plants dans des conteneurs

Les jeunes plants peuvent aussi être élevés dans des conteneurs fabriqués avec des feuilles de bananier, du bambou ou n’importe quel autre matériau de vannerie, ou bien dans des sacs de polyéthylène (par exemple pour le palmier à huile). Il est ensuite facile de déplacer les conteneurs en cas de nécessité, afin de protéger les jeunes plants contre une pluie torrentielle ou un soleil ardent, ou pour toute autre raison liée à l’environnement. Ces jeunes plants sont également faciles à transporter s’ils doivent être repiqués dans un endroit éloigné.

Pour préparer un conteneur destiné au semis, mélangez de la terre avec du compost ou un peu d’engrais, puis mettez ce mélange dans le conteneur. Assurez-vous que le conteneur est assez grand pour permettre aux racines de la plante de pousser sans être gênées. Une plantule prendra bien mieux si ses racines ont pu se développer en longueur et en profondeur.

Repiquage des jeunes plants

Lors du repiquage, il faut veiller à déranger le moins possible les racines des plants. Les plants dont les racines sont pliées ou déformées doivent être éliminés. Utilisez un bâton pour soulever les plants et prenez avec eux le plus de terre possible. Le trou de plantation doit être assez profond pour recevoir convenablement les racines du plant. On peut quelquefois couper les longues racines pivotantes, mais il ne faut pas les plier ni les tordre (voir la figure 3).

FIGURE 1 L’ensemencement

FIGURE 2 Un lit de semence ombragé

FIGURE 3 Repiquage des jeunes plants de légumes

LA MULTIPLICATION VÉGÉTATIVE

Boutures

Le bouturage est le mode le plus courant de multiplication végétative. Les boutures peuvent être obtenues à partir de racines, de tiges ou de feuilles, ou bien de drageons ou de rejets. Une bouture est une partie de tige ou de branche d’une plante, qui possède plusieurs bourgeons. La partie de plante prélevée, ainsi que sa robustesse, varie selon le type de plante. Par exemple, les boutures pour la multiplication de la patate douce doivent être encore vertes et tendres, alors que les boutures pour la multiplication du manioc doivent être bien développées (voir les figures 4 et 5).

Les boutures d’arbres sont généralement ligneuses. Les boutures doivent être prises sur les meilleures plantes et rester dans la pépinière jusqu’à ce que de nouvelles racines ou de nouvelles pousses soient formées (de deux à quatre semaines). Utilisez un couteau bien aiguisé pour couper les boutures. Les boutures doivent toujours être plantées dans un sol sablonneux qui assure un bon drainage, mais il faut les arroser de façon régulière pour éviter qu’elles se dessèchent. Plantez-les dans une planche de la pépinière.

FIGURE 4 Plantation de boutures de patate douce

FIGURE 5 Plantation de boutures de manioc

Bulbes et tubercules

Les bulbes et les tubercules sont d’autres formes de matériau de plantation. Les plantes alimentaires multipliées à l’aide de bulbes ou de tubercules sont par exemple l’échalote, l’igname, le taro, la patate douce et d’autres plantes locales moins importantes.

La partie de plante utilisée pour la multiplication dépend du type de plante et des circonstances. Contrairement aux boutures, la partie comestible du bulbe ou du tubercule est souvent utilisée comme matériau de plantation.

Disponibilité en matériau de plantation

Il n’y a parfois pas d’autre choix que celui d’utiliser un matériau végétatif de plantation pour multiplier les plantes qui, au fil du temps, ont perdu leur capacité de produire des graines (par exemple, patate douce, igname, taro). Cependant, la durée de conservation du matériau végétatif de plantation pose souvent un problème pour les cultures saisonnières. Les exploitants de jardins potagers doivent faire en sorte que le matériau de plantation soit disponible au bon moment. Des agriculteurs ingénieux et des chercheurs ont trouvé des solutions qui peuvent être utiles aux exploitants de jardins potagers. Deux de ces solutions sont la multiplication des ignames par mini-tubercules et la multiplication des oignons par mini-bulbes.

La multiplication des ignames par mini-tubercules. Plantez dans une planche de pépinière des tubercules qui ont de trois à cinq points de germination (yeux), en les rapprochant les uns des autres. Quand des pousses et des racines se sont formés sur les tubercules, séparez soigneusement les nouveaux plants des tubercules mères, en coupant la partie de tubercule auquel chaque plant est rattaché. Recouvrez la surface coupée avec de la cendre de bois pour éviter qu’elle soit endommagée par des bactéries ou des champignons, puis installez les nouveaux plants dans leur emplacement définitif. Cette méthode, mise au point au Nigéria, a été utilisée avec succès dans de nombreuses autres régions d’Afrique.

La multiplication des oignons par mini-bulbes. Si vous ne pouvez pas vous procurer des graines d’oignon, coupez horizontalement un bulbe en deux parties. La partie supérieure du bulbe peut être consommée, et la partie inférieure sera utilisée comme matériau de plantation. Pour éviter l’attaque par des bactéries ou des champignons, traitez la partie coupée avec de la cendre de bois. Ce matériau de plantation doit être planté dans un lit de semence. S’il n’est pas planté immédiatement, on peut le garder quelques jours dans un endroit frais avant la plantation. Les bulbes plantés produiront plusieurs petits oignons qu’on pourra ensuite séparer et utiliser comme plantules. S’il y a pénurie d’eau ou si la saison des pluies débute en retard, on peut laisser pendant un certain temps les jeunes plants rattachés au bulbe mère. Cette méthode a été utilisée dans le nord du Ghana et en Ethiopie.

LA MULTIPLICATION DES ARBRES ET DES ARBUSTES

Les arbres et les arbustes peuvent être multipliés à partir de matériau végétatif de plantation ou bien de graines. Il ne faut utiliser que des graines mûres. Certaines graines ont besoin d’un traitement spécial pour pouvoir germer. On peut également obtenir de nouveaux arbres ou arbustes en utilisant des boutures ou des drageons, ou par marcottage et autres techniques. L’agent local de vulgarisation agricole peut donner des conseils aux exploitants de jardins potagers sur les arbres et les arbustes que l’on peut multiplier dans leur région.

Le bouturage

On peut faire des boutures avec des racines ou des rejets de feuillus ou de résineux. Les boutures sont plantées de façon rapprochée dans des planches de sable humide. Lorsque les racines et les pousses se développent à partir des nœuds en donnant de nouvelles plantules, ces dernières sont repiquées. Les arbres fruitiers qui produisent rarement des graines (par exemple, l’arbre à pain) sont multipliés de cette façon.

Le marcottage aérien

Dans la technique du marcottage aérien, on provoque le développement de racines en incisant légèrement une pousse qui est encore rattachée à la plante mère. Pour utiliser cette forme de multiplication, choisissez une branche en train de se développer qui porte de gros bourgeons. Enlevez une bande d’écorce près des bourgeons. Couvrez la partie blessée avec un matériau humide, par exemple de la mousse ou du coton, et recouvrez soigneusement avec un morceau de plastique transparent. Quand les racines se sont développées, coupez la branche et plantez le nouveau plant, de préférence dans un conteneur fabriqué avec des feuilles de bananier ou un autre matériau de vannerie. On peut multiplier des arbres comme l’anacardier en utilisant cette méthode.

Le marcottage par couchage

Cette technique consiste à abaisser jusqu’au sol des branches d’arbres fruitiers ou d’arbustes qui possèdent les caractéristiques souhaitées. Les branches sont fixées au sol à l’aide de piquets et partiellement recouvertes de terre. Des racines vont se développer à partir des bourgeons couverts de terre. Après que la branche a été séparée de la plante mère, la nouvelle plante va se développer.

Le drageonnage

Des arbres comme l’ananas ou le bananier sont multipliés à partir des drageons que produit la plante. On enlève les drageons de la plante mère et on les laisse sécher pendant environ deux jours avant de les planter. Le rendement des jeunes arbres obtenus de cette manière dépasse parfois les besoins d’un ménage, et le surplus de récolte peut être vendu.

Le greffage

Les arbres fruitiers et les arbres à fruits à coque sont souvent multipliés de façon commerciale en combinant graines et matériau végétatif. Semez une graine pour avoir des racines de bonne qualité et utilisez le matériau végétatif pour obtenir la variété souhaitée. Le matériau végétatif peut alors être superposé sur les racines grâce à une technique appelée greffage. Les arbres obtenus par greffage ont des racines vigoureuses; par comparaison avec des arbres non greffés, ils produisent des fruits plus gros et plus sucrés, qui résistent mieux à la chaleur.

Pour le greffage, il faut absolument que les plantes mères soient saines. Il est souhaitable de demander l’avis et les conseils d’un expert. Les plantes greffées demandent au début plus de soins et d’intrants, mais en fin de compte elles sont très rentables. Peu d’exploitants de jardins potagers ont la formation et les compétences requises pour cette opération. Cependant, un exploitant de jardin potager qui sait greffer peut produire du matériau de plantation non seulement pour sa propre ferme, mais aussi pour toute la communauté. L’utilisation de cette technique peut permettre d’obtenir des revenus substantiels.


Page précédente Début de page Page suivante