FAO/SMIAR - Rapport sur l'Afrique No.1, April 2000 - page 5

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DEUXIÈME PARTIE: SITUATION PAR SOUS-RÉGION


En Afrique australe et dans certains pays de l'Afrique de l'Est, les récoltes céréalières de la campagne 2000 seront rentrées à partir du mois d'avril, tandis que les semis sont en cours dans certains pays d'Afrique de l'Est. Les semis ont également démarré en Afrique centrale, ainsi que dans les pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest; toutefois, dans les pays du Sahel de l'Afrique occidentale, ils ne commenceront pas avant le mois de juin.

Calendrier des cultures céréalières

Sous-région
Cultures céréalières
 
Semis
Récolte
Afrique de l'Est 1/
mars-juin
août-déc.
Afrique australe
oct.-déc.
avril-juin
Afrique de l'Ouest
   
- Zones côtières (première campagne)
mars-avril
juillet-sept.
- Zone sahélienne
juin-juillet
oct.-nov.
Afrique centrale 1/
avril-juin
août-déc.

1/ Exception faite du Burundi, du Rwanda et de la République démocratique du Congo, qui ont deux campagnes principales, et de la Tanzanie dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l'Afrique australe. Au Soudan, c'est en juin-juillet que sont semées les céréales secondaires de base, et la récolte s'effectue en octobre-décembre.

En Afrique de l'Est, la récolte des cultures céréalières de campagne secondaire 1999/2000 est achevée, sauf pour l'Éthiopie, où les cultures "Belg" ont été rentrées à partir du mois de juin. Du fait de la sécheresse prolongée et des précipitations irrégulières, plusieurs pays ont enregistré une baisse du volume rentré. Les prévisions donnaient une récolte médiocre dans la majeure partie de la sous-région pour la campagne céréalière principale de 1999. Les pasteurs ont été particulièrement touchés par les sécheresses successives, qui ont décimé leurs troupeaux. Selon les dernières estimations de la FAO, la production céréalière globale pour la campagne 1999/2000 s'établirait à 22 778 millions de tonnes, soit environ 5 pour cent de moins que l'année précédente.

En Éthiopie, on estime que la campagne céréalière principale « Meher » ainsi que la production de légumineuses pour 1999 auraient subi, surtout en raison de la sécheresse, un déclin de 6 pour cent par rapport aux 10,7 millions de tonnes rentrées l'an dernier. On prévoit également, pour la campagne 2000, une récolte Belg inférieure à la moyenne, par suite de la sécheresse prolongée, du manque de b_ufs de trait et de la pénurie de semences. En Érythrée, la production de céréales secondaires pour la campagne 1999 accusera probablement un déclin, du fait de la sécheresse et des déplacements de populations. Au Kenya, conséquence des précipitations tardives et insuffisantes, on estime provisoirement la récolte céréalière globale pour la campagne 1999/2000 à 2,5 millions de tonnes, soit 18 pour cent en deçà de l'année précédente et de la moyenne des cinq dernières années. En Somalie, le volume de la campagne céréalière secondaire « Deyr » récemment rentrée atteindra sans doute un niveau supérieur à la moyenne, soit 130 000 tonnes, grâce aux conditions favorables enregistrées dans certaines des principales zones de cultures. Cependant, la production a été gravement affectée, dans la région de Bakool, par l'insuffisance des précipitations. Au Soudan, la récolte céréalière de la campagne 1999 s'est ressentie des effets de la réduction des semis, liée principalement au passage à des cultures plus rentables ; la production est estimée à environ 3,7 millions de tonnes, soit un volume sensiblement inférieur à la production record de l'année précédente. La récolte du blé de la campagne 2000 est en cours, et l'on prévoit une production de 288 000 tonnes, volume nettement plus élevé que celui de 1999, mais qui reste inférieur à la moyenne. En Tanzanie, la récolte récente de la campagne céréalière secondaire « Vuli » a été durement amputée par la faiblesse des pluies, et les estimations actuelles font état d'une réduction d'environ 70 pour cent par rapport à la dernière moyenne quinquennale. Cependant, la production de cultures vivrières non céréalières a été satisfaisante. En Ouganda, la bonne répartition des pluies a permis de rentrer récemment une récolte satisfaisante pour la deuxième campagne de céréales secondaires. Cependant, le volume réalisé durant la campagne principale, rentrée à partir de la fin de l'été dernier, a été inférieur à la moyenne en raison d'une sécheresse prolongée. On estime la production globale de céréales secondaires pour la campagne 1999/2000 à 1,6 million de tonnes, chiffre inférieur à la moyenne.

Selon les estimations, la sous-région aurait besoin d'importer, en 1999/2000, un volume global de 4,9 millions de tonnes de céréales. Compte tenu du volume prévu de 3,2 millions de tonnes d'importations commerciales, le besoin en aide alimentaire est estimé à environ 1,7 million de tonnes. Les engagements d'aide alimentaire enregistrés à la mi-mars représentent 0,6 million de tonnes, dont 0,2 million de tonnes déjà livrées.

En Afrique australe, les perspectives concernant la récolte céréalière de la campagne 2000 sont rendues incertaines par plusieurs facteurs: les pluies torrentielles et les inondations début février, le cyclone Eline fin février, et des précipitations irrégulières et insuffisantes dans plusieurs régions en début de saison. En dépit des dégâts importants subis par plusieurs pays, les principales régions céréalières n'ont pas été affectées par les inondations. Signalons que dans certains pays, les pluies abondantes de février ont profité aux récoltes céréalières qui avaient été précédemment mises à mal par une période de sécheresse. En Afrique du Sud en particulier, pays qui compte pour la moitié de la production de céréales secondaires de la sous-région, on continue de prévoir une récolte de maïs exceptionnelle en dépit des pertes enregistrées dans certaines provinces. Au Mozambique, les importants dégâts subis par les récoltes dans les régions méridionale et centrale, conjugués à des précipitations inférieures à la moyenne au mois de février dans les principales régions agricoles du nord, ont assombri les perspectives pour la récolte de cette année. Au Zimbabwe, en dépit de graves pertes enregistrées dans le sud, on observe de bonnes conditions de croissance dans les principales régions de culture du maïs. Cependant, on prévoit cette année un déclin de la production dû à la réduction des emblavures. Au Botswana, les précipitations enregistrées au mois de février dans les régions orientales productrices de sorgho ont bénéficié à cette culture, malgré les dégâts causés par les inondations aux champs et à l'infrastructure. Au Swaziland, les perspectives de récolte sont mauvaises du fait des pertes provoquées par les inondations de début février. En Zambie, malgré de récentes inondations dans la vallée du Zambèze, les perspectives demeurent favorables pour la récolte céréalière. Ailleurs, dans la sous-région, les bonnes précipitations enregistrées en février ont amélioré les perspectives de récolte pour le Lesotho, le Malawi et la Namibie. En revanche, en Angola, les pluies de février sont restées insuffisantes dans plusieurs régions du pays, et les perspectives de récoltes céréalières de cette année se sont détériorées.

On estime à 4,9 millions de tonnes les besoins globaux d'importations céréalières pour la sous-région durant la campagne de commercialisation 1999/2000 (mai-avril). La majeure partie de ce volume devrait être couverte par des importations commerciales, ce qui laisse 0,3 million de tonnes pour l'aide alimentaire. Cependant, par suite de la crise provoquée par les récentes inondations dans plusieurs pays, il faut s'attendre à une augmentation des besoins d'importations de céréales et d'aide alimentaire au cours de la campagne de commercialisation 2000/2001. Les engagements d'aide alimentaire communiqués au SMIAR à la mi-mars totalisaient 0,3 million de tonnes.

En Afrique de l'Ouest, des conditions sèches conformes à la saison prévalent dans le Sahel, tandis que la première campagne de culture démarre dans les pays riverains du golfe de Guinée. Grâce à des conditions de croissance généralement favorables en 1999, notamment durant les mois critiques d'août et de septembre, on a pu rentrer des récoltes record dans les principaux pays producteurs du Sahel. Les pluies ont généralement démarré en temps opportun et les besoins de resemis ont été limités. Les précipitations ont généralement été bien réparties, régulières et abondantes, même si l'on enregistrait des inondations importantes en Gambie, au Sénégal, en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Tchad. L'abondance des pluies a également permis une reconstitution satisfaisante des pâturages et des réserves d'eau, offrant ainsi d'excellentes conditions pour les cultures de récession et de contre-saison.

Une série de missions FAO/CILSS d'évaluation des récoltes effectuées en octobre 1999 a permis d'estimer la production céréalière globale des neuf pays CILSS, pour 1999, à un volume record de 10,9 millions de tonnes. Suite à la diffusion des chiffres définitifs concernant la production de plusieurs pays, l'estimation a été révisée à la hausse, pour atteindre 11,6 millions de tonnes, soit 8 pour cent de plus qu'en 1998 et 23 pour cent de plus que la moyenne de cinq dernières années. Des récoltes record ont été rentrées au Burkina Faso, au Cap-Vert, en Gambie, au Mali, en Mauritanie et au Sénégal, tandis qu'on prévoit un volume supérieur à la moyenne au Niger et au Tchad. La production devrait rester inférieure à la moyenne en Guinée-Bissau, par suite des troubles civils et des déplacements de population qui ont affecté le pays en 1998.

Dans les pays riverains du golfe de Guinée, la saison des pluies vient de démarrer avec des précipitations importantes dans le sud au cours de la deuxième décade du mois de mars, ce qui a permis la préparation des terres et les semis de la première récolte de maïs. En 1999, les récoltes céréalières ont été généralement bonnes au Bénin, au Nigeria et au Togo, mais moins favorables en Côte d'Ivoire et au Ghana. Une mission FAO d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires qui s'est rendue en Sierra Leone au mois de décembre a estimé la production de riz paddy à environ 45 pour cent de la production précédant la guerre civile et à 60 pour cent de la production de 1997, année caractérisée par une amélioration de la sécurité. La production céréalière globale, pour 1999, des huit pays riverains du golfe de Guinée (Bénin, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Liberia, Nigeria, Sierra Leone et Togo) est estimée à environ 29,8 millions de tonnes, contre 29,3 millions de tonnes en 1998 (chiffre incluant le riz paddy). Le Liberia et la Sierra Leone demeurent étroitement tributaires de l'aide alimentaire internationale, en dépit d'une certaine amélioration de la production alimentaire, notamment au Liberia.

On estime les besoins d'importations céréalières pour la sous-région au cours de la campagne de commercialisation 1999/2000 à 5,6 millions de tonnes. Les importations commerciales devraient atteindre 5,18 millions de tonnes et les besoins en aide alimentaire 470 000 tonnes, principalement sous forme de blé et de riz. Les engagements d'aide alimentaire communiqués au SMIAR à la mi-mars totalisent environ 170 000 tonnes, dont 70 000 tonnes déjà livrées. Il ne sera pas nécessaire d'importer des céréales secondaires au titre de l'aide alimentaire en Guinée, au Mali et au Niger. Les achats locaux sont fortement recommandés pour se procurer les volumes nécessaires aux programmes actuels ou futurs d'aide alimentaire, ainsi que pour la reconstitution des stocks nationaux de sécurité.

LE CRIQUET PÈLERIN: POINT DE LA SITUATION

Il convient de suivre de très près la situation en ce qui concerne les criquets pèlerins dans l'Ouest et dans le Nord-Ouest de l'Afrique. On a signalé des colonies éparses en phase de reproduction dans la partie extrême du Nord-Ouest de la Mauritanie, où des conditions favorables à la ponte se sont créées à la fin du mois de février. Ailleurs, dans le nord de la Mauritanie, on a signalé des colonies éparses. Au Niger, et probablement au Mali, des colonies de criquets étaient présentes dans les régions montagneuses de l'Adrar des Iforas et de l'Aïr. La période de reproduction est destinée à se poursuivre dans le Nord-Ouest de la Mauritanie. On ne prévoit pas d'évolution importante ailleurs dans la région.

Au Soudan, on a signalé en février une présence d'adultes dispersés et de larves solitaires dans la partie méridionale des plaines côtières de la mer Rouge durant le mois de février. Des ailés immatures isolés ont été signalés dans quelques endroits des plaines côtières occidentales de Somalie. On n'a pas signalé de criquets en Éthiopie durant le mois de février. Une reproduction limitée se poursuivra à l'échelon local dans les régions côtières de ces pays. Ailleurs, la situation demeure calme.

En Afrique centrale, la production a été favorable en République centrafricaine et au Cameroun. Les troubles civils qui ont marqué tant la République du Congo que la République démocratique du Congo continuent toutefois d'entraver les activités de culture et de commercialisation. En République du Congo, le nord du pays et la capitale, Brazzaville, ont été affectés par des inondations en novembre-décembre. La situation nutritionnelle des populations déplacées suscite des préoccupations.

Pour la campagne de commercialisation 2000, on a établi à 800 000 tonnes les besoins d'importations de céréales pour les sept pays de la sous-région. Les engagements d'aide alimentaire communiqués au SMIAR à la mi-mars totalisaient 14 000 tonnes, dont 12 000 tonnes déjà livrées.

Le tableau ci-dessous résume les besoins en importations de céréales et les besoins d'aide alimentaire de l'Afrique subsaharienne, avec ventilation par sous-région.

Afrique subsaharienne: Besoins d'aide alimentaire et d'importations céréalières par sous-région (en milliers de tonnes)

Sous-région
 
Production
1999
 
1999/2000 ou 2000
Besoins d'importations céréalières
Importations commerciales prévues
Besoins d'aide alimentaire
Afrique orientale
22 778
4 898
3 187
1 711
Afrique australe
19 858
4 918
4 596
322
Afrique occidentale
38 577
5 649
5 180
469
Afrique centrale
2 998
800
770
30
TOTAL
84 211
16 265
13 733
2 532

1/ Les données concernant les besoins en importations de céréales et en aide alimentaire se rapportent à la campagne de commercialisation en cours, qui se termine le 31 mars pour la plupart des pays d'Afrique australe. Les besoins concernant la nouvelle campagne de commercialisation (2000/2001) seront communiqués dans le prochain numéro de ce rapport.


FAO/SMIAR - Avril 2000

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