Table des matières - Précédente - Suivante


Allocution de Monsieur Gana Diagne

Représentant de la FAO au Bénin

Excellence, Monsieur le Ministre de l'Education nationale,
Monsieur le représentant du Ministre du Développement rural,
Mesdames, Messieurs les représentants des organisations internationales et des organisations non gouvernementales,
Monsieur le Recteur de l'Université nationale du Bénin,
Monsieur le Doyen de la Faculté des sciences agronomiques,
Chers collègues du CIRAD et de la FAO,
Mesdames, Messieurs les participants,
Honorables invités.

C'EST POUR MOI UN PLAISIR ET UN AGRÉABLE DEVOIR, au nom du nouveau directeur général de la FAO, monsieur Jacques Diouf, qui vient de prendre officiellement ses fonctions le 4 janvier 1994, de souhaiter la bienvenue aux participants venus du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte-d'Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Sénégal et du Togo.

Mais vous me permettrez tout d'abord d'adresser les très sincères remerciements de l'organisation que j'ai l'honneur de représenter au Gouvernement du Bénin et, à travers lui, au Ministère de l'Education nationale et à la Faculté des sciences agronomiques de l'Université -nationale du Bénin, d'avoir bien voulu accepter d'abriter et d'organiser le présent séminaire sur cet important thème qu'est le «maïs prospère» et qui va se dérouler du 25 au 28 janvier 1994.

Maïs prospère, ou comment assurer la production et la valorisation du maïs à l'échelon villageois en Afrique de l'Ouest, tel est l'objectif que s'assigne le présent séminaire.

Ce thème, bien que nouveau dans son appellation, n'en a pas moins déjà fait l'objet de nombreuses réflexions et actions sous divers angles.

Monsieur le Ministre,

Mesdames, Messieurs les participants,

La production mondiale de maïs est d'environ 500 millions de tonnes par an. Avec trente millions de tonnes, l'Afrique ne représente que 6 % de cette production. Le rendement moyen mondial est de 3,5 tonnes/ha, il se situe entre 1,2 et 1,5 tonnes/ha en Afrique. C'est dire que, tant sur le plan de la production que sur celui de la productivité, l'Afrique a encore du chemin à faire pour rendre le maïs prospère.

Bien qu'en Afrique de l'Ouest et du Centre, la culture du maïs ait connu un grand développement depuis une vingtaine d'années, développement allant souvent de pair avec celui de l'industrie agroalimentaire, la situation céréalière dans certains pays de l'Afrique de l'Ouest évolue défavorablement.

En effet, le Bénin, la Côte-d'Ivoire et le Burkina Faso, pour ne citer qu'un exemple, ont importé au compte de l'année 1991 environ 115 kg de céréales par tête d'habitant, constitués essentiellement de riz. Au Bénin particulièrement, ces importations de céréales à dominance de riz ont couvert près des deux tiers des besoins céréaliers pour cette année.

Or, le maïs pourrait jouer un rôle important, non seulement en se substituant en partie aux importations céréalières, mais aussi en contribuant à assurer la prospérité des petits paysans africains.

Avec une production nationale dépassant les 400 000 tonnes, le maïs est de loin la céréale la plus cultivée au Bénin.

En année normale, le Bénin exporte du maïs vers le Burkina Faso, le Niger et le Nigéria; il en importe en année de pénurie, essentiellement du Nigéria et selon la compétitivité du produit.

Cependant le Bénin peut, compte tenu de sa situation géographique, dégager des surplus exportables et servir de grenier pour les pays de l'hinterland.

Monsieur le Ministre,

Trop de maïs! Tel est le cri du coeur lancé récemment par un haut responsable du développement rural au Bénin. Et pourtant, ce responsable a fait le constat qu'il n'y avait pas trop de maïs, mais plus que d'ordinaire et a préconisé un certain nombre de mesures qu'il importait de prendre, en vue de résorber l'excédent observé dans le pays.

Ces recommandations restent d'actualité, car ce cri du coeur avait été lancé avant la réunion historique de Dakar qui a décidé de la dévaluation du Franc CFA et qui nous impose désormais de consommer local.

N'est-ce pas là une chance inespérée pour le maïs africain, chers participants?

Une évolution lente, mais réelle des habitudes alimentaires est en cours: la demande en maïs, surtout pour la consommation humaine, est à la hausse. Toutefois, le maïs a perdu de son attrait auprès des agriculteurs pour les raisons suivantes:

Monsieur le Ministre,

Les raisons ci-dessus évoquées justifient la nécessité de faire du maïs une spéculation prospère. Pour y contribuer, le Gouvernement du Bénin, avec l'appui de la FAO, a initié un certain nombre de projets.

  1. Le projet dit «Systèmes de stockage décentralisés» qui, commencé en septembre 1991 dans les trois zones géographiques du pays (Sud à deux saisons de pluies, Nord à une saison de pluie et Centre intermédiaire), a permis de mettre en place, à l'échelon villageois, des techniques améliorées de gestion des stocks, en particulier du maïs
  2. Le projet d'amélioration de la culture attelée et de promotion de l'artisanat rural, installé à Boko dans le Borgou, qui devait faciliter l'utilisation de la culture attelée pour la production du maïs et la mise en place d'un réseau d'artisans ruraux capables, non seulement de réparer à moindre frais le matériel de culture, mais de fabriquer des chaînes de culture adaptées au maïs.
  3. Le projet de développement rural intégré de la sous-préfecture de Péhunco, dans l'Atacora, qui a permis une augmentation sensible de la production vivrière dans cette sous-préfecture, celle du maïs passant d'une moyenne de 1 720 tonnes pour la période 1982-1985 à 4 280 tonnes pour la période 1986-1990, avec des rendements qui sont passés de 800 kg/ha à 1,4 tonne/ha pour la même période.
  4. Le projet d'appui à l'Office national des céréales (ONC) - actuel Office national d'appui à la sécurité alimentaire (ONASA) - pour l'établissement d'un système d'information et d'alerte rapide.

Exécuté de septembre 1988 à juillet 1993, ce projet aura permis de consolider le système d'information et d'alerte rapide par:

Sur la base des résultats de ce projet, le Gouvernement du Bénin a de nouveau sollicité la FAO pour l'élaboration d'un programme national de sécurité alimentaire dont la composante «augmentation de la production» a largement développé les moyens à mettre en œuvre pour faire du maïs une spéculation prospère, tant pour le sud que pour le nord du Bénin.

Mesdames, Messieurs les participants,

Est-il possible pour les petits paysans africains de mieux vivre à partir de leur production de maïs et de surmonter les handicaps?

C'est le défi que vous devez relever et auquel sera consacré ce séminaire organisé par la Faculté des sciences agronomiques du Bénin et le CIRAD avec l'appui financier de la FAO et qui réunit les responsables du développement et de la transformation du maïs de huit pays d'Afrique de l'Ouest. je souhaite plein succès à vos travaux et vous remercie de votre attention.

Cotonou, le 25 janvier 1994.


Table des matières - Précédente - Suivante