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Tableau III. Analyse de variance sur marges brutes/ha du sorgho, du maïs local, du maïs amélioré, de l'arachide et du coton.

  Sorgho Mais local Maïs amélioré Arachide Coton
ni 167 108 16 98 31
Xi 51693,36 86883,96 118472,2 84194,16 225395,3
8632781,87 9275468,01 1895555,59 8251027,45 6987255,35
4,4625801 x 1011 7,9661392 x 1011 2,2457067 x 1011 6,9468832 x 1011 1,5748947 x 1011
7,0750664 x 1011 1,3531518 x 1012 3,9429314 x 1011 1,574203 x 1012 1,4451512 x 1013

Source: tableaux I et II.

Test de F: Fc S22/S12 = 2,03334535 x 1011 / 3,552684 x 1010 = 5,72
Ft(415; 4) 2,37 au seuil de 5 %
3,32 au seuil de 1 %
Conclusion: test hautement significatif.

COMMENTAIRES

La non signification du test du tableau Il est le fait de la faible taille de l'échantillon de parcelles de maïs amélioré; cela se traduit par la forte dispersion en son sein. La signification du test de F pour le tableau III permet de dire néanmoins que les écarts entre les différentes marges par unité de surface sont significatifs. La différence de rentabilité à l'unité de surface entre les différentes spéculations est donc une réalité. Mais à notre niveau, le facteur terre est supposé abondant et donc ne construire guère une contrainte.

Le paysan est beaucoup plus préoccupe de rentabilliser ses ressources rares que sont le capital et le travail; ce que traduisent nos deux hypothèses.

La rémunération des spéculations à l'unité de capital et de travail

Tableau IV. Montant de capital et quantité de travail à l'unité de surface et par spéculation.

  Sorgho Maïs local Maïs amélioré Arachide Coton
ni 167 108 16 98 31
W/ha* (j/h) 45,7 47,5 119,5 135,2 184
K/ha** (FCFA) 2822 3 322 7237,3 13012 12315

Source: enquêtes de terrain.

*W/ha(j/h) = Quantité moyenne de travail à l'hectare exprimée en journée-homme.
**K/ha(FCFA) = Montant moyen de capital investi à l'hectare exprimé en Francs CFA.

Tableau V. Marge brute par unité de facteur et par spéculation.

  Sorgho Maïs local Maïs amélioré Arachide Coton
MB/ha* (FCFA) 51 693,4 86883,9 118472,2 84194,2 225395,3
MB/1 FCFA** 18,3 26 16,4 6,5 18,3
MB/j-h*** (FCFA) 1 131,1 1 808,1 991,4 622,7 1 224,9

Source: tableaux I et II.

*MB/ha = Marge brute moyenne à l'hectare en FCFA.
**MB/1 FCFA = Marge brute moyenne pour 1 FCFA investi à l'hectare Elle est égale au rapport de la moyenne des marges brutes à l'hectare à la moyenne des montants de capital investi à l'hectare.
***MB/j-h = Marge brute moyenne par journée-homme. C'est le rapport de la moyenne des marges brutes à l'hectare à la moyenne des temps de travaux à l'hectare.

COMMENTAIRES

Les deux dernières lignes du tableau V permettent d'affirmer que le sorgho et le maïs local sont nettement plus profitables, comme le laissaient présager les tailles respectives de leurs échantillons: 167 parcelles pour le sorgho et 108 pour le maïs local, contre 16 seulement pour le maïs amélioré.

L'option subsistance reste ici très capitale, comme le confirment les observations. En effet, bien que nettement plus profitable que le sorgho, le maïs local est moins cultivé pour la simple raison qu'il rentre très peu dans l'alimentation de base. Ainsi en est-il du coton, qui, bien que plus rémunérateur du facteur travail que le sorgho, se trouve largement devancé par ce dernier: 31 parcelles de coton pour 167 de sorgho.

Le maïs amélioré, objet principal de la présente étude, apparaît être le moins rémunérateur par rapport aux facteurs travail et capital, si l'on exclut l'arachide. L'arachide, bien que dernière sur le plan de la rémunération des mêmes facteurs, est très pratiquée (98 parcelles contre 16 pour le maïs amélioré); ceci constitue un paradoxe qui sera élucidé. Auparavant, on tentera de mieux comprendre la contre-performance du maïs amélioré.

Tableau VI. Classement des spéculations sur la base des rapports des marges.

Critères 1re place 2e place 3e place 4e place 5e place
MB/ha Coton Maïs amélioré Maïs local Arachide Sorgho
MB/1 FCFA Maïs local Sorgho Coton Maïs amélioré Arachide
MB/j-h Maïs local Coton Sorgho Maïs amélioré Arachide

Source: tableau V.

N.B. Le coton et le sorgho dégagent la même marge brute par unité de capital investi. Le sorgho a été classé avant le coton parce que nous nous trouvons dans un contexte d'agriculture de subsistance.

La rémunération des facteurs capital et travail par le maïs amélioré dans l'hypothèse d'un programme de crédit intrants

Tableau VII. Marges brutes moyennes du maïs amélioré

  Sorgho ML* MA1 ** MA2*** MA3*** Arachide Coton
MB/ha 51 693,4 86883,9 118472,2 118472,2 171 840 84194,2 225395,3
W/ha 45,7 47,5 119,5 119,5 179,2 135,2 184
K/1F (FCFA) 2822 3 322 7237,3 1 329 29875 13012 12315
MB/1 FCFA 18,3 26 16,4 89,1 5,75 6,5 18,3
MB/j-h 1 131,1 1 808,1 991,4 1 041,3 958,7 622,7 1 224,9

Source: Tableau V.

*ML = Maïs local.
**MA1 Maïs amélioré dans les conditions actuelles de production.
***MA2 Maïs amélioré dans les conditions actuelles de production, plus un programme de crédit à l'instar du coton (don de semence, crédit engrais et pesticides).
**** MA3 = Maïs amélioré cultivé tel que la vulgarisation le propose.

REMARQUES

Dans la colonne MA2, le programme crédit engrais, pesticides et don de semence a essentiellement pour effet de réduire le montant de capital liquide à investir dans la production du maïs amélioré. Celui-ci passe de 7 237,3 FCFA à 1 329 FCFA. La conséquence directe est l'amélioration de la rémunération du facteur capital; celle du facteur travail se voit amélioré de 49,9 FCFA par unité (h/j). La rémunération de ce facteur passe donc de 991,4 FCFA à1 041,3 FCFA, mais cela n'améliore pas son classement par rapport aux autres spéculations.

Dans la colonne MA3, avec toujours le programme crédit, tout change: le rendement (il passe à 3,5 t) et donc la marge; les temps de travaux augmentent de 50 % (avis du responsable recherche-développement). La quantité de travail supplémentaire est alors de 59,75 journées-homme. En la chiffrant à son coût de location le plus bas observé (500 FCFA/j-h), la conséquence est l'augmentation du montant de capital investi (rémunération de la main-d'oeuvre supplémentaire).

Aussi bien la rémunération du facteur travail que du facteur capital se détériorent.

COMMENTAIRES

Une déduction s'impose de l'observation du tableau

VII. Le maïs amélioré pratiqué dans les conditions préconisées par la vulgarisation rémunère mieux le facteur terre (le moins contraignant) que dans les conditions observées sur l'échantillon étudié. Par contre, en ce qui concerne les facteurs capital et travail (les plus contraignants), sa profitabilité est nettement moindre.

Ainsi donc, la situation de marginalité du maïs amélioré relève bien de sa contre performance vis-à-vis des spéculations existantes, auxquelles il est supposé se substituer. Les niveaux de rémunération des facteurs contraignants (capital et travail) sont les meilleurs qui puissent être obtenus avec cette semence améliorée dans les conditions actuelles.

La rentabilité du maïs et les prix

Bien sûr, la mise en place d'un programme de crédit et de don pour les intrants améliorerait davantage les rémunérations de tous les facteurs, dont celui du capital plus que tout autre; mais cette alternative est peu envisageable par ces temps de crise économique aiguë, où l'on parle de la vérité des prix.

C'est ici qu'apparaît le biais de la genèse du matériel de production. En effet, il est mis au point dans un environnement de station de recherche où le capital ne manque pas (projet oblige); le travail non plus dans la mesure où le capital peut y suppléer. Seule la terre peut être considérée comme une contrainte. Nous voilà bien loin des réalités paysannes.

Enfin, nous sommes arrivés au constat que le crédit ne saurait aider à améliorer la profitabilité de l'innovation.

Tableau VIII. Recettes et prix des spéculations en FCFA.

  Maïs local Maïs amélioré Coton Sorgho Arachide
Recettes/ha* (FCFA) 90205,9 125 709,5 237 710,3 54515,4 97206,2
Prix moyen- (FCFA) 47,3 54,6 100 58,3 167

Source: tableaux IV et V et mercuriale CARDER 1991. *Recettes/ha Marges brutes/ha + Capital liquide/ha (voir tableaux précédents). -Prix moyen Moyenne arithmétique simple des prix du produit sur tous les marchés enquêtés dans la préfecture.

Tableau IX. Rémunérations des facteurs par la TZB au prix de 100 FCFA/kg.

Marge brute moyenne/ha (FCFA) 222999,9
Marge brute moyenne/1 F (FCFA) 30,8
Marge brute moyenne/j-h (FCFA) 1 866,1

Source: tableaux IV et VIII.

Tableau X: Rapports recettes, prix, capital et travail de trois spéculations.

  Mais local/Maïs amélioré Maïs amélioré/Coton
Recettes 72 53
Prix 86 54,6
Capital 45,9 59
Travail 39,7 64,9

Source: tableaux sur marges brutes, recettes et prix.

COMMENTAIRES

Les recettes issues de la culture du maïs amélioré correspondent à 53 % de celles issues de la culture du coton. Les prix au producteur du maïs amélioré représentent environ 55 % du prix au producteur du coton. On peut en déduire que l'écart de recettes entre ces deux cultures est imputable à l'écart de rendements entre lesdites spéculations. Ainsi, bien que le maïs amélioré ait un rendement meilleur que le maïs local, ce rendement gagnerait à être augmenté si on tient à faire du maïs une culture concurrente vis à vis du coton. Mieux, les rapports du capital d'une part et celui du travail de l'autre montrent que l'innovation est plus consommatrice de capital (crédit intrants coton oblige) et de travail. Il apparaît souhaitable que la technologie soit revue, soit dans le sens d'accroître sensiblement son rendement soit dans le sens d'augmenter sa rusticité.

En ce qui concerne les prix des produits, la comparaison des deux variétés de maïs est édifiante. Le prix moyen du maïs local est égal à 86 % du prix du maïs amélioré et les recettes sont de l'ordre de 72 %. L'écart de rendement entre les variétés explique cette différence de proportion. Dans les conditions de production paysanne, l'écart de rendement entre les deux types de variétés n'est pas suffisant pour rendre visible l'effet écart de prix.

Le rapport du capital, ici à 45,9 %, amène à se rendre compte du poids du coût des intrants qui accompagnent le maïs amélioré. Le rapport du travail estimé ici à 39,7 % traduit la part qui revient à ce facteur. Elle paraît assez importante mais correspond bien ànos observations de terrain où il a été constaté la substitution du facteur travail au capital. Ce dernier se trouve être le moins rémunéré pour toutes les spéculations. Cela justifie la tendance à l'autoapprovisionnement des paysans.

Enfin, on pourrait penser à une amélioration du prix du maïs TZB; mais cette hypothèse de relèvement du prix du maïs reste très illusoire pour plusieurs raisons qu'il ne nous semble pas opportun de développer. il importe toutefois de se rappeler qu'il s'agit bien d'une culture vivrière et qu'en cela, l'Etat reste très vigilant afin d'éviter toute explosion sociale. A cela, il faut ajouter la sérieuse concurrence que livrent les produits agricoles du Nigeria voisin (chute du Naïra oblige), sans oublier l'envahissement des marchés du Sud par les surplus agricoles généralement subventionnés du Nord. Toutefois, les observations ci-dessus permettent de dire que la contrainte n'est pas le prix, mais les exigences propres à l'innovation.

Conclusions

En définitive, il ressort de cette étude que le maïs amélioré TZB rémunère bien le facteur le moins contraignant (la terre). Par contre, les facteurs les plus contraignants, àsavoir le capital surtout et le travail, sont les moins rémunérés en comparaison avec les spéculations assez répandues dans le département (sorgho, maïs local et coton).

Le crédit intrants, à l'instar du coton, n'apporterait rien de plus, de même que le respect strict des recommandations de la vulgarisation. Les présents résultats obtenus par les paysans sont les meilleurs qui soient en la matière. La technologie gagnerait à être plus rustique (réduction de la consommation du capital et du travail); le maïs local pourrait servir de référence.

Les paysans n'adoptent donc pas le maïs TZB pour la simple raison qu'ils sont rationnels. Cette rationnalité pourrait les conduire à accepter la TZB dans l'hypothèse d'un relèvement du prix du maïs à 100 FCFA/kg, hypothèse tout à fait improbable.

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