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Tableau IV. Composition du matériel.

Désignation Prix fournisseur Transport Total
  (FCFA) (FCFA) (FCFA)
Décortiqueur Nuhil 3474500 562454 4036954
Broyeur à marteaux 313600 93290 406890
Groupe électrogène 262226 43 931 306157
Soudeuse 78900 17865 96765
meule de rechange 361 250   361 250
Marteaux + grilles 114738   114738
Moteur Lister (2) 1 500000   1 500000
Outillage 70000   70000
Balance (2) 100000   100000
Petit matériel 50000   50000
Tamis rotatif 200000   200000
Total 6525214 717 540 7 242 754

Figure 1. Emplacement des minoteries.

REMARQUES

Le décortiqueur canadien a coûté trop cher, plus de la moitié (55,74 %) du prix de tout le matériel. Son prix grèvera lourdement le coût d'installation de la minoterie. Cela aura pour conséquence directe l'augmentation du coût de transformation des produits finis et donc de leur prix de vente à la consommation.

Le fonds de roulement des minoteries

La participation des villages représente 26,11 % de la valeur totale du fonds de roulement.

Ce fonds est destiné au fonctionnement de la minoterie, à savoir:

Le fonctionnement de la minoterie

C'est l'association villageoise qui assure la gestion de la minoterie.

Elle organise l'achat des céréales auprès des producteurs au moment de la récolte, quand les prix sont à la baisse, en proposant un prix plus rémunérateur que le marché: 35 FCFA le kg en 1986, 55 FCFA le kg en 1987 pour le maïs. Au mois d'octobre, il y a toujours des ventes de céréales pour satisfaire les besoins monétaires des familles au sortir de l'hivernage, notamment en zone cotonnière pour financer les travaux de récolte du coton.

Tableau V. Fonds de roulement des minoteries.

Minoteries Date de mise en place Valeur du fonds
Projet AV Total
Nampossela 28 février 1989 1 500000 250000 1 750000
Karangana 28 février 1989 1 480000 300000 1 780000
Kintiéri 1 er mars 1989 1 500000 250000 1 750000
N'Tossoni 1 er mars 1989 1 498000 500000 1 998000
N'Tosso 2 mars 1989 1 496000 500000 1 996000
Yaffola 2 mars 1989 1 498000 500000 1 998 000
Moribila 2 août 1989 1 488750 275000 1 773750
Sanzana 6 avril 1989 1 498750 550000 2048750
Total   11 969500 3 125000 15094500

Le grain est conservé dans des cellules de stockage traditionnelles, améliorées. Ce sont des greniers, dont la partie supérieure est rétrécie, pour permettre la pose d'une dalle en banco en guise de fermeture. L'étancheité est assurée par un film plastique posé sur le grain. Au fur et àmesure du remplissage, des sachets de Phostoxin (produit de traitement par fumigation), sont introduits pour assurer la conservation du grain.

La minoterie dispose de quatre greniers améliorés pour la conservation de 100 tonnes de grains. Par la suite, les minoteries ont construit des magasins en matériaux durs et en ciment.

La minoterie emploie six personnes, qui ont été choisies par les villageois:

Le magasinier, le meunier, le secrétaire-comptable sont alphabétisés en bambara. Les différents documents de gestion sont rédigés en bambara

La minoterie travaille six jours par semaine, de 8 h à 14 h.

Les différentes fonctions de la minoterie

La minoterie est le marché d'approvisionnement en matière première. Le maïs destiné à la transformation doit respecter un certain nombre de conditions:

L'achat du maïs destinée à l'approvisionnement des minoteries commence au plus tôt en novembre. il s'arrête 2 à 3 mois après pour ne pas trop souffrir de l'élévation du prix des céréales consécutive à la diminution de l'offre. La situation du stockage du maïs destiné aux minoteries est décrite dans le tableau VI.

Tableau VI. Résultat de la commercialisation du maïs en 1988-1989.

Minoteries Prévisions (kg) Réalisation (kg) Fonds BNDA obtenu (FCFA)
Nampossela 200000 150000 8000000
Karangana 100000 70000 3500000
Kintiéri 70000 60000 2725000
N'Tossoni 150000 80000 3500000
N'Tosso 200000 180000 3850000
Yafola 100000 80000 4500000
Sanzana 100000 80000 Fonds propres
Moribila 100000 60000 3500000
Total 1 020000 760000 29575000

La fixation du prix du maïs

La fixation du prix du maïs est discutée lors d'une réunion de l'AV en début de campagne d'achat (novembre). La minoterie doit fournir un prix intéressant au producteur pour s'approvisionner normalement.

Dans sa politique d'achat, l'AV cherche à concilier deux intérêts opposés: l'intérêt du producteur et celui de la minoterie. Le comportement du producteur est de vendre au meilleur prix tandis que celui de l'entreprise minoterie est partagé entre le désir d'acheter le maïs à un prix faible et son objectif de rémunérer correctement le producteur, membre de l'AV décidant du prix d'achat.

Deux cas de figure en découlent, selon que le prix au producteur est faible ou élevé.

Le cas d'un prix au producteur faible

Si la concurrence pour l'achat des céréales est forte, alors les producteurs font pression à la hausse en vendant prioritairement aux commerçants privés, et la minoterie s'approvisionne difficilement. Si les commerçants sont absents du marché, elle s'approvisionne normalement et les bénéfices de l'entreprise sont plus élevés. Trois cas se présentent alors.

HYPOTHÈSE N°1

Les bénéfices sont redistribués aux paysans et l'aspect égalitaire prend le pas sur l'aspect rémunération de la performance du producteur. Ceci peut entraîner soit une baisse de la production des plus gros agriculteurs, soit une discorde au niveau de l'AV et une décision des gros agriculteurs de n'approvisionner la minoterie qu'en dernier lieu.

HYPOTHÈSE N°2

Les bénéfices sont utilisés pour des opérations d'utilité collective (magasin, forage, salle d'alphabétisation, maternité etc.). Une volonté commune de VAV doit alors être dégagée. Ceci permet à l'AV d'engager les actions qu'elle a conçues et de toucher les réels besoins de la communauté.

HYPOTHÈSE N°3

Les bénéfices sont réinjectés dans l'entreprise. L'entreprise prend alors le pas sur les autres besoins de la communauté. La croissance de l'entreprise est la stratégie retenue par l'AV. C'est donc une utilisation collective qui est ici favorisée par le biais d'une recherche de revenus collectifs supérieurs dans l'avenir.

Le cas d'un prix au producteur élevé

Le choix est ici de rémunérer le producteur plutôt que la transformation. Ceci signifie que l'on préfère une redistribution individuelle de J'avantage créé par la minoterie et en amont de la minoterie.

Offrir un prix d'achat élevé est un moyen de rechercher un approvisionnement régulier de la minoterie (qui n'est pourtant pas sûr). Le danger est une inflation locale des prix, comme cela s'est passé à l'installation de la minoterie à Nampossela.

Un prix d'achat élevé entraine soit un resserrement de la marge sur la transformation, soit une augmentation des prix des produits transformés. Si le prix du produit transformé est élevé, on est ramené au cas précédemment cité en supposant que toute la production est vendue. Si la marge baisse, cela veut dire que les bénéfices sont plus faibles et que les capacités de croissance de l'entreprise sont réduites, voire nulles.

Une telle politique est manifeste du choix d'augmenter le revenu individuel. La minoterie n'en tire un avantage que par le volume traité.

Le mode d'approvisionnement en maïs

Pour s'approvisionner en grain, la minoterie a deux voies, soit procéder à des achats groupés, soit faire des achats rotatifs.

Le système des achats groupés consiste à acheter et stocker toute la quantité de grain dont la minoterie peut avoir besoin dans l'année pendant la bonne période d'achat. Cette période s'étend généralement sur trois mois au plus, quand les prix au producteur sont bas car l'offre dépasse la demande. Cette méthode exige de grandes ressources en moyens de stockage et en disponibilités monétaires. Mais ces investissements et les intérêts bancaires que ce système entraine sont vite amortis à court ou moyen terme par les bénéfices réalisés.

Le système des achats rotatifs est adopté par les entreprises peu nanties. Il consiste à acheter des céréales jusqu'à concurrence de la valeur de leur fonds de roulement, à les transformer et à les vendre avant de récupérer de nouveaux fonds permettant de s'approvisionner à nouveau. Cette méthode a deux inconvénients majeurs:

Les exemples qui suivent illustrent bien ces deux cas de figure (tableau VII).

En conclusion, si les AV veulent faire des bénéfices, le seul fait de faire des achats groupés pendant la période de commercialisation des céréales (janvier-mars) permet de bien rentabiliser les minoteries. Mais le problème des disponibilités financières se pose alors aux minoteries.

Tableau VII. Comparaison économique des différents niveaux de prix du kilo de maïs payé par la minoterie au producteur

Prix payé au producteur(FCFA/kg) Poids de maïs obtenu pour un achat de 1 500 000 FCFA (kg) Différence par rapport à 35 FCFA/kg

Evaluation des pertes

Valeur du son(FCFA) Valeur des produits finis (FCFA) Perte totale (FCFA)
35 42860 0      
40 37500 5 357 18213 428 560 446773
45 33 333 9 523 32438 761 840 794278
50 30000 12857 43 713 1 128500 1 772213
55 27272 15588 53006 1 247000 1 300006
60 25000 17860 60724 1 428800 1 489524
65 23076 19780 67265 1 582400 1 649 665
70 21 428 21 432 72870 1 714560 1 787430

A 70 FCFA/kg de maïs grains, le bénéfice brut est réduit à son minimum, à savoir:

Dépenses (FCFA/t)  
Achat grain 70 x 1 000 kg 70000
Sac vides d'emballage 20 x 250 5000
Main-d'œuvre 1 000 x 6 6000
Gas-oil 9,56 là x 210 2010
Huile 325
Total des dépenses 83335
Recettes (FCFA/t)  
20 % de son, 200kg x 17 3400
80 % de produits finis, 800 kg x 100 80000
Total des recettes  
Bénéfice brut = 65 FCFA/tonne 83400

A titre de comparaison, le même calcul pourrait se faire avec du grain payé à 35 francs le kilogramme.

Dépenses XFA/t)  
Achat grain 35000
Sacs d'emballage 5000
Gas-oil 2010
Main-d'œuvre 6000
Huile 325
Total des dépenses 48335
Recettes (FCFA/t)  
20 % son, 200 kg x 17 3400
80 % produits, 800 x 100 80000
Total des recettes 83400
Bénéfice brut = 35 065 FCFA/tonne  

continue


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