Page précédente Table des matières Page suivante


La recherche dans le domaine des forets et des produits forestiers au Canada

Par D. ROY CAMERON

Chef du Service forestier du Canada

C'EST un grand stimulant pour la recherche que de manquer d'un produit ou d'être menacé d'en manquer. Aussi n'est-il pas étonnant que le Canada, abondamment pourvu de forêts qui, jusqu'à ces dernières années, paraissaient inépuisables, ait vu quelque peu retardés ses progrès dans le domaine de la recherche sur les forêts et produits forestiers. Ces progrès se sont développés dans quatre grandes directions, savoir la sylviculture, la protection, la reconnaissance systématique et l'étude des produits forestiers.

1. Le Mont Pilot dam le Parc national de Banff dans l'Alberta

Recherches de sylviculture

C'est de 1918 qu'on peut dater les débuts des recherches sur la sylviculture au Canada. A cette époque une Division de la Recherche Sylvicole fut organisée à la Branche Forêts du Ministère de l'Intérieur, et la première station expérimentale forestière fut établie. Pendant les 30 années suivantes, la Division a effectué de nombreuses recherches tant sur les stations d'expérience que sur les forêts des provinces et sur les forêts industrielles. Des renseignements d'un grand intérêt sur les méthodes d'exploitation, la régénération, le taux d'accroissement, ont été publiés de temps à autre.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le personnel de la Division fut mobilisé en grande partie et le programme de recherches dut être borné à la continuation des expériences en cours. Néanmoins, des exploitations purent être effectuées sur les stations d'expérience forestière, à l'aide de la main-d'oeuvre des déportés, des prisonniers de guerre et des objecteurs de conscience. Non seulement il en résulta une amélioration des peuplements, mais ces exploitations contribuèrent de façon sensible à l'effort de guerre.

Depuis la guerre, le retour du personnel expérimenté, le recrutement de nouveaux spécialistes et l'augmentation des crédits disponibles ont permis d'étendre considérablement le champ des recherches sylvicoles du Dominion Forest Service. Les principaux articles du programme sont:

a) L'étude des évaluations forestières, c'est-à-dire de la mesure des arbres, des peuplements et des produits forestiers. Ces recherches comprennent les études portant sur les barèmes de cubage, et les tables de production susceptibles d'être utilisées dans les diverses parties du Canada, l'étude des coefficients de conversion entre les différentes unités de mesure du bois, l'analyse des échelles d'unité et les recherches tendant à leur standardisation.

b) La préparation de plans d'exploitation scientifiques susceptibles d'être appliqués aux forêts à soumettre à un aménagement intensif.

c) L'étude des méthodes d'éclaircie et d'élagage susceptibles d'améliorer la production en quantité et en qualité.

d) Le développement des méthodes d'exploitation susceptibles d'assurer la régénération naturelle.

e) Les études de génétique et de propagation par voie végétative pour le développement de races ou d'hybrides intéressants des diverses espèces.

f) Les études sur la technique du reboisement, en vue notamment de déterminer les espèces convenant le mieux à des conditions variées.

g) Les études sur les essences exotiques et la possibilité de leur introduction au Canada.

La plus grande partie des projets ci-dessus sont étudiés sur cinq stations d'expérience forestière, choisies de façon à représenter la moyenne des conditions qui se présentent dans les régions forestières où elles se trouvent placées. Ce sont les suivantes

La Station d'expérience d'Acadie. - Elle convient à l'étude des peuplements résineux des provinces maritimes. Les principales espèces étudiées sont l'épicéa blanc, Picea glauca, (Moench) Voss, et l'épicéa rouge. Picea rubens Sarg., que l'on rencontre à la fois dans les peuplements résineux purs et dans les peuplements mélangés de feuillus. La surface de la station est de 38 milles carrés (98 km.2) et elle se trouve à 15 milles (24 km.) au nord-est de Fredericton, dans le Nouveau-Brunswick.

La Station d'expérience de Valcartier. - Cette station est représentative des types de forêts mélangées, et, jusqu'à un certain point, des forêts types d'épicéa de la Province de Québec. Sa surface est de 71/2 milles carrés (19,4 km.2) et elle se trouve à 17 miles (27 km.) au nord de Québec.

La Station d'expérience de Petawawa. - Elle est utilisée à l'étude des problèmes d'aménagement relatifs aux peuplements de pins et de feuillus du Canada oriental. Sa surface d'environ 100 milles carrés (259 km.2) comprend une partie du Camp militaire de Petawawa. Elle se trouve au nord-ouest de Pembroke, Ontario.

La Station d'expérience de Riding Mountain. - Cette station est représentative des bouquets de tremble et des bandes de peuplements mélangés où l'épicéa blanc et le tremble prédominent. Sa surface de 25 milles carrés (65 km.2) comprend une partie du Parc national de Riding Mountain, et elle se trouve dans la partie occidentale de la Province du Manitoba.

La Station d'expérience de Kananaskis. - Elle permet l'étude du «lodgepole pine», Pinus contorta Dougl., associé à l'épicéa, l'un des types forestiers les plus importants de la région des Montagnes Rocheuses. Cette station d'environ 63 milles carrés (163 km.2) est entièrement comprise dans la vallée de Kananaskis. Les bâtiments du personnel se trouvent à 62 milles (100 km.) environ à l'ouest de la ville de Calgary, Alberta.

Parmi les projets récents, il faut signaler la Station d'expérience de Green River, dans le Nouveau-Brunswick, où l'on étudiera l'ensemble des questions se rapportant aux possibilités de lutte contre le ver des pousses de l'épicéa, Cacoecia fumiferana, par des méthodes d'aménagement tendant à maintenir le peuplement en bon état sanitaire. On reprendra les, études sur le taux d'accroissement interrompues en 1930, et on inaugurera une grande série d'études sur la régénération, afin de déterminer le processus de l'évolution sur les terrains exploités ou parcourus par le feu.

Les plans pour 1947 prévoient sept groupes d'études sur le taux d'accroissement et six sur la régénération. Ils supposent l'emploi de plus de cent étudiants forestiers pendant la saison d'été.

Le Conseil national de la Recherche doit également être mentionné dans ce tableau général de l'organisation de la recherche au Canada. Dès 1923, le Conseil finançait des études spéciales sur le réensemencement des surfaces exploitées dans le Nouveau-Brunswick. En 1935, il a réuni à la Station d'expérience de Petawawa une conférence sur la recherche, qui eut pour résultat la création, l'année suivante, du Comité forestier associé au Conseil, dans lequel sont largement représentés les gouvernements provinciaux, les universités et l'industrie.

En 1937, le Comité fit entreprendre des études sur l'utilisation des hormones en arboriculture. L'année suivante, le Comité d'Arboriculture forestière fut institué pour la conduite de recherches en coopération entre le Conseil national de la Recherche, le Service forestier du Dominion, et la Division du Reboisement du Ministère de l'Agriculture du Dominion.

Les travaux exécutés sous la direction de ce Comité sont particulièrement centralisés à la Station d'expérience de Petawawa. Certaines expériences cependant sont faites dans les pépinières du Dominion dans le Saskatchewan. Les études les plus importantes portent sur l'obtention d'un pin blanc, Pinus strobus L., résistant à la rouille et de peupliers à croissance rapide pour être plantés dans les provinces de l'Ouest. En 1939, le Comité forestier obtint du Conseil les moyens financiers nécessaires à une enquête de deux ans sur la régénération du pin blanc dans le Parc Algonquin et les régions de la vallée d'Ottawa en Ontario.

Il faut aussi signaler qu'en 1943 le Comité consultatif de la Reconstruction, ou plutôt son Sous-Comité de la Conservation et du développement des ressources naturelles entreprit une enquête spéciale sur l'utilisation du sol dans le bassin de Ganaraska, en Ontario. Cette étude a porté en particulier sur le rôle de la forêt dans le contrôle des inondations et dans la restauration d'une économie locale sévèrement compromise.

Jusqu'ici les sections forestières des universités canadiennes elles-mêmes, n'ont donné que peu d'attention à la recherche sylvicole. Des démonstrations sur les méthodes d'exploitation, les techniques de plantation, etc., ont été faites dans les forêts d'études, et des placettes d'essai ont été établies. Il n'y a qu'un petit nombre d'étudiants diplômés en cette matière, et les thèses présentées dans ce but n'ont pas apporté importantes contributions aux connaissances en sylviculture. Rien n'a été publié du petit nombre de celles qui ont été écrites.

La plus grande partie des recherches sylvicoles est l'oeuvre du Gouvernement du Dominion. Néanmoins, on ne peut pas passer sous silence les réalisations effectuées sous les auspices des Provinces et de l'industrie. C'est en Colombie britannique qu'il faut signaler, à ce point de vue, l'effort le plus considérable. Une histoire de la recherche forestière dans cette Province montrerait que les premiers essais d'une étude détaillée des facteurs complexes qui gouvernent l'accroissement prirent la forme de recherches éparses effectuées par divers officiers attachés au Service forestier du district. Sous la pression des tâches quotidiennes, et par suite du manque de directives, les résultats tangibles de ces efforts furent peu sensibles; mais en 1920 un forestier en service à Victoria commença quelques études sur l'accroissement et organisa un plan de travail dont l'exécution s'est poursuivie depuis lors sans interruption.

2. Pépinière à la Station d'experience de Petawawa

En 1927, le personnel employé et les travaux à exécuter justifiaient l'organisation d'une petite Division de Recherche. Deux stations d'expérience furent établies, l'une à Aleza Lake, dans une forêt type mélangée de sapin baumier, Abies balsamea (L.) Miller, et d'épicéa du Centre nord intérieur, l'autre à Cowichan Lake dans une forêt type de Douglas, Pseudotsuga taxifolia Britt., ces deux points étant considérés comme des centres d'où des études pouvaient être effectuées dans ces deux importantes régions forestières. Le personnel se compléta peu a peu, en même temps que le programme d'études s'étendit. Finalement, en 1939, les Divisions de la Recherche et de la Reconnaissance forestière furent fusionnées, ce qui permit d'assurer une meilleure direction et d'éliminer toute possibilité de double emploi dans les recherches. Actuellement le programme des recherches incombe aux Sections de la Mensuration, de la Sylviculture, et des Sols de la Division économique.

Un travail considérable se trouve concentré sur les stations d'expérience, mais, en outre, on poursuit des observations sur 606 placettes d'essai éparses sur toute la Province. Les enquêtes portent sur: les bases de la sylviculture, le traitement des peuplements, la mensuration, les sols, l'accroissement, la production et la régénération. Pour cette dernière, on dispose de 2,380 placettes d'un millième d'acre (4.047 m.2) réparties sur quatre terrains types. En outre des études sur les insectes et les maladies sont effectuées en coopération avec le Ministère de l'Agriculture du Dominion.

En Ontario, la Branche Forêts entama des recherches sur l'accroissement et la production sur une petite échelle en 1920. Elles continuèrent sporadiquement jusqu'à la crise de 1930. Le travail fut repris en 1941, et a été placé récemment sous la direction d'une Division des Recherches du Ministère des Terres et forêts. Les principales études se rapportent à la régénération dans les forêts types de baumier et d'épicéa, Abies balsamea (L.) Miller, Picea glauca (Moench) Voss, et Picea mariana (Mill.) B. S. P., pour la pâte à papier et dans les forêts de pin rouge, Pinus resinosa Ait., et blanc, Pinus strobus L. L'Ontario a depuis longtemps entrepris le reboisement sur une large échelle et dispose de trois grandes pépinières bien organisées. Des études sur le reboisement par semis et par plantation y ont été effectuées en vue d'améliorer les techniques de la régénération artificielle.

3. Essais de lutte contre le feu

Le Service forestier de Québec a aussi une importante pépinière où ont été réalisées des études analogues. La forêt d'études dépendant de l'Ecole des Gardes de Duchesnay a permis la réalisation d'expériences sylvicoles, notamment sur les coupes intermédiaires dans les peuplements mélangés de sapin baumier et d'épicéa. Plus que toutes les autres provinces, Québec a insisté pour que les industries établissent des plans de travail sur les forêts de la Couronne qu'elles exploitent. En connexion avec ces plans de travail des parcelles d'essai sont établies et fournissent d'importants renseignements sur la croissance et la production. Bien que peu nombreux, le personnel de la recherche du Service forestier de Québec a effectué des études importantes, notamment sur la classification des stations. Il faut aussi mentionner d'intéressantes recherches sur la distribution des essences et l'écologie forestière, effectuées par des professeurs de l'Université de Montréal.

La Section forestière de l'Association canadienne de la Pâte et du papier est une recrue récente dans le champ de la recherche forestière. Son programme est supervisé par l'Institut canadien des Recherches sur la pâte et le papier, organisation dont il sera parlé plus en détail à l'occasion des recherches sur les produits forestiers. Le Directeur forestier de la Section est en même temps Directeur de la Recherche forestière de l'Institut, et ce dernier fournit les fonds nécessaires pour des études spéciales sur la régénération des surfaces exploitées.

Recherches sur la protection

Protection contre le feu. - Une étude intensive des relations entre le temps et l'inflammabilité des forêts a été entreprise en 1929 par le Service forestier du Dominion, Une méthode de mesure du danger d'incendie fut mise au point et des tables de «taux de danger» furent établies. En 1939, elles étaient utilisées couramment dans trois provinces et dans les parcs nationaux du Canada occidental. La mesure du danger d'incendie dépend essentiellement:

a) de la relation entre le comportement du feu et le degré d'humidité des combustibles «critiques» c'est-à-dire des matériaux dans lesquelles le feu prend et se répand en général.

b) de la relation entre le degré d'humidité des combustibles et les éléments météorologiques qui le déterminent.

Une fois ces relations de base déterminées expérimentalement pour les principaux types de combustibles d'une région, il est facile d'en établir des tables, et une estimation du degré ambiant de danger d'incendie peut être obtenue par la seule observation journalière des facteurs météorologiques convenables.

Le soin de ces recherches est confié à une Division de la Protection forestière du Service forestier du Dominion. Le personnel est occupé au bureau en hiver et sur le terrain pendant la saison des incendies. Cette Division effectue aussi des recherches sur l'utilisation des procédés chimiques d'extinction, et sur les méthodes de mise à l'épreuve du matériel de lutte contre le feu.

Entomologie. - La responsabilité des recherches d'entomologie forestière repose sur le Ministère de l'Agriculture du Dominion par l'intermédiaire de la Section des Insectes sylvicoles du Service scientifique.

Les recherches sont effectuées par des laboratoires situés dans les Provinces du Nouveau-Brunswick, de l'Ontario, de Manitoba, de Saskatchewan et de la Colombie britannique. En Ontario, les études actuelles portent sur l'écologie des insectes sylvicoles, le contrôle du ver des pousses de l'épicéa, des hyménoptères prédateurs des conifères, des insectes prédateurs des arbres isolés, et la détermination de l'efficacité des répandages d'insecticides par avions sur le contrôle des insectes sylvicoles. En Nouveau-Brunswick, on s'occupe surtout du contrôle du ver des pousses de l'épicéa, du «bronze borer», Agrilus anxius, et du puceron du hêtre, Cryptococcus fagi Baer, et du contrôle des insectes sylvicoles par les maladies. En Manitoba, les principales études portent sur le ver des pousses de l'épicéa, le taux de détérioration des arbres tués par le feu ou par les insectes et les possibilités de leur récupération dans des conditions économiques. En Saskatchewan, on étudie particulièrement la protection des rideaux coupe-vent des prairies et des arbres isolés contre les attaques d'insectes. En Colombie britannique, les études les plus importantes portent sur le contrôle des coléoptères de l'écorce des pins, des perceurs du bois et des insectes défoliateurs des conifères, tant à l'intérieur que sur la côte.

En outre de ses études portant sur des insectes déterminés, l'une des plus importantes activités de la Section consiste clans le «recensement des insectes sylvicoles.» Avec le concours de tous les services forestiers officiels et des services de protection de la forêt dépendant de l'industrie du bois, un relevé très soigneux de la situation des populations d'insectes est réalisé et publié chaque année sous la forme d'un rapport. En leur permettant de prévoir la situation, l'importance et l'extension probable des attaques d'insectes, ce rapport est d'un grand intérêt pour les industries forestières, les services de protection de la forêt et les entomologistes.

Le relevé détermine le danger des invasions d'insectes grâce au ramassage continuel des spécimens effectué par le personnel, travaillant sur le terrain, des organisations qui coopèrent à ce travail. Des gardes forestiers spécialisés, dépendant du Ministère de l'Agriculture du Dominion, donnent les instructions nécessaires et surveillent les ramassages. Les insectes sont envoyés aux laboratoires entomologiques du Dominion dans des boîtes spéciales fournies par l'Administration. Là, ils sont identifiés et les statistiques nécessaires sont établies. Ainsi on peut déterminer les variations dans les populations d'insectes et calculer leur degré de signification.

Au cours des quelques dernières années, les dommages causés par les attaques d'insectes, et surtout par le ver des pousses de l'épicéa ont été des plus alarmants. La gravité de la situation amena en 1945 le Dominion, les Gouvernements provinciaux et l'industrie à conjuger leur action. Un Bureau de Contrôle entomologique fut institué par le Dominion, bureau où le Dominion, les Provinces et l'industrie sont représentés. Ses fonctions consistent à coordonner les efforts et à établir un programme d'ensemble pour étendre l'activité de toutes les organisations qui coopèrent à la lutte, mais qui conservent néanmoins une complète autonomie dans l'exécution de ce programme.

La Province d'Ontario a apporté à la lutte commune une superbe contribution en construisant un laboratoire d'entomologie forestière qui abrite le personnel de recherche du Dominion. Mais Québec est la seule province qui se soit vraiment efforcée avec persistance de pousser la recherche dans ce domaine. Au Service forestier du Ministère des Terres et forêts, le Bureau d'Entomologie dispose, à l'Ecole des Gardes de Duchesnay, d'un laboratoire bien équipé, et il poursuit l'étude sur le terrain de divers problèmes d'entomologie. Quelques-uns des plus importants sont la biologie du ver des pousses de l'épicéa, le «bronze borer» du bouleau, les insectes porteurs de la maladie de l'orme, les techniques de répandage du D.D.T. Le bureau coopère de très près avec les autorités du Dominion. Il assume la responsabilité du relevé des populations d'insectes dans la Province mais les échantillons recueillis sont expédiés aux laboratoires du Dominion.

Pathologie. - Les recherches dans ce domaine appartiennent également au Ministère de l'Agriculture. La Division de Botanique et de pathologie botanique du Service scientifique de ce Ministère comprend une petite Section traitant de la pathologie forestière. Le personnel, le budget et le programme sont relativement beaucoup moins importants que ceux de l'entomologie forestière. Parmi les questions à l'étude, il faut signaler: la détérioration des arbres tués par le feu et les insectes, la rouille du pin blanc, les rouilles des peupliers, les pourritures des racines et du coeur de l'épicéa et du sapin baumier. Un laboratoire d'été qui se trouve à la Station d'expérience de Petawawa, coopère aux études sur la résistance des hybrides et les questions connexes d'arboriculture.

Comme pour l'entomologie, Québec est la seule province qui possède son organisation propre de recherches pathologiques. Après quelques années de recherches d'ordre individuel effectuées par le Service forestier de la Province, une Division distincte de Pathologie forestière fut créée en 1938. Un laboratoire a été installé à Duchesnay et des officiers de la Division effectuent des recherches sur le terrain dans toute la Province. Les travaux comportent des recherches sur les pourritures du coeur et du pied des conifères, sur les maladies dans les pépinières et plantations, sur la rouille du pin blanc, sur le taux de détérioration des arbres tués par le feu et sur d'autres problèmes d'importance économique. L'apparition au Canada de la maladie de l'orme fut signalée pour la première fois par la Division de Pathologie forestière de Québec. Dans tous les domaines, elle travaille en collaboration suivie avec le service corespondant du Dominion.

Recherches sur les reconnaissances aériennes

Dès que furent reconnues les possibilités qu'offre dans le domaine des forêts la photographie aérienne, des études et des recherches furent entamées en 1929 par le Service forestier du Dominion. C'est lui qui a mis au point les techniques, les méthodes et les instruments hautement spécialisés maintenant adoptés de façon très générale. Ces études se sont montrées susceptibles de larges applications pratiques pour la préparation des inventaires forestiers, l'aménagement et les plans de protection de la forêt. Le Service continue et étend ses investigations dans ce domaine.

Le travail est organisé sous la responsabilité de la Division des Reconnaissances aériennes, à Ottawa. Elle comprend deux Sections, l'une de cartographie forestiére, l'autre de recherches. Cette dernière résout les problèmes rencontrés dans la cartographie et recherche de nouvelles techniques susceptibles de faciliter les travaux et d'en accroître l'efficacité. Des essais spéciaux en vue de perfectionner les nouvelles techniques sont effectués en coopération avec la R.A.F. canadienne, la Division des Relevés topographiques du Ministère des Mines et ressources, le Conseil national de la Recherche et d'autres organismes gouvernementaux. Deux instruments ont été imaginés, le duoscope et le monoscope, pour le report des détails de la photographie sur la carte, et sont employés avec succès. Les modifications apportées à ces instruments donnèrent naissance au premier multiscope, qui, depuis, fut considérablement amélioré à la forêt d'études de l'Université de Harvard, Petersham, Massachusetts, Etats-Unis.

L'un des plus importants succès obtenus consiste dans le développement des méthodes d'estimation du volume des peuplements à partir de photographies aériennes. Ces méthodes reposent sur la mesure de la hauteur de l'arbre, et, en général et aussi pour la plupart, sur les renseignements fournis par la couronne, tandis que la méthode habituelle repose sur la mesure au sol du diamètre à hauteur de poitrine. La photographie aérienne, donnant une vue d'ensemble, permet l'exécution des mesures sur une surface de forêt plus importante - et avec un travail moindre - que les laborieuses et coûteuses méthodes anciennes de reconnaissance au sol.

En même temps que sur les procédés d'évaluation des volumes, on a effectué des recherches sur la mesure des hauteurs par la méthode de l'ombre portée et l'on a imaginé des appareils pour mesurer les hauteurs sur des photographies obliques. La méthode de déplacement, grâce à laquelle l'image d e l'arbre peut être mesurée sur une seule photographie est également importante. Dans la plupart des cas, ces méthodes permettent de se dispenser de l'application de la méthode de la parallaxe pour obtenir les hauteurs, bien que le stéréoscope soit également utilisé pour comparer au reste du peuplement les arbres facilement mesurables, et aussi pour faire les corrections de pente lorsqu'on emploie la méthode de l'ombre portée.

Recherches sur les produits forestiers

Le Canada est l'un des grands pays producteurs de bois du monde et les produits qu'il tire de ses forêts dépassent largement les besoins de sa consommation propre. L'excédent est exporté et constitue l'un des principaux éléments en faveur de sa balance commerciale. En raison de l'importance de la concurrence mondiale, il est essentiel que la recherche assure la production de la matière brute à bon marché ainsi qu'une bonne fabrication des produits forestiers.

Depuis 1913, la recherche en matière de produits forestiers repose sur la responsabilité fédérale, comme aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et en Inde. Le principal organisme de la recherche au Canada est constitué par les Laboratoires des produits forestiers, section du Service forestier du Dominion.

Les Laboratoires ont pour mission de rassembler tous les renseignements scientifiques et techniques sur les produits forestiers susceptibles d'assurer une utilisation plus large et plus efficace du bois. Cette mission comprend donc la recherche des moyens de diminuer ou d'utiliser les déchets qui se produisent dans la transformation de l'arbre debout en produit fini; le développement de l'utilisation des essences actuellement abandonnées en forêt; l'amélioration des techniques de fabrication, compte tenu de leur prix de revient; la préparation des données pour les barèmes de construction et les normes, le développement des usages du bois et la fabrication de nouveaux produits par des procédés chimiques et l'étude des moyens d'élargir les marchés du bois et d'en assurer une utilisation satisfaisante par le consommateur.

Organisation des laboratoires

Les Laboratoires de Produits forestiers furent établis au Canada en 1913, à Montréal, en coopération avec l'Université McGill. Ils faisaient partie intégrante du Service forestier, qui dépendait alors du Ministère de l'Intérieur. Depuis lors, les Laboratoires se sont étendus et les travaux sont maintenant exécutés en trois endroits: les Laboratoires centraux à Ottawa, le Laboratoire de Vancouver, à Vancouver, Colombie britannique, et enfin le Laboratoire de Montréal, P. Q., qui fait partie de l'Institut canadien des Recherches sur la pâte et le papier.

4. Eclaircie de bois durs à la Station d'expérience d'Acadie

5. Reconnaissance forestière en hiver

1) Laboratoire de Vancouver. - Ce Laboratoire a été établi en 1918, sur les terrains de l'Université de la Colombie britannique, où il se trouve encore. Son but principal est l'étude des problèmes intéressant l'industrie du bois de la Province. Le programme actuel comprend les points suivants: propriétés mécaniques et physiques des bois de la Colombie britannique et leurs applications à la construction; utilisation des essences de la Colombie britannique comme poteaux et pilots; identification et contrôle des agents de la pourriture du bois; séchage à l'air et au four des sciages de la Province et d'autres produits forestiers; exploitation et déchets des scieries, leur volume et leur utilisation; influence de la dimension et de la qualité des grumes sur l'industrie du sciage en Colombie britannique.

L'extension du Laboratoire de Vancouver est en cours.

2) Pâte et papier - Montréal. - Les recherches des Laboratoires sur la pâte et le papier sont exécutées à Montréal sous l'égide de l'Institut des Recherches sur la pâte et le papier, qui est dirigé par un Comité administratif comprenant des membres du Gouvernement du Dominion, de l'Association canadienne de la pâte et du papier et de l'Université McGill. En outre de ses recherches, l'Institut assure à l'industrie de la pâte et du papier un service de renseignements et d'essais. Il est financé à la fois par les trois organisations intéressées.

3) Laboratoires centraux d'Ottawa. - Les Laboratoires centraux furent transportés en 1927 à Ottawa. Leurs travaux sont répartis entre les Divisions suivantes:

a) Technologie mécanique. Cette Division s'occupe principalement des propriétés mécaniques et physiques des bois canadiens (autres, que ceux étudiés par le Laboratoire de Vancouver), de la possibilité de leur utilisation dans la construction, de la fabrication et de l'utilisation des contreplaqués, de la spécification et de la standardisation des emballages pour les marchés domestiques et d'exportation.

b) Conservation du bois. Cette Division s'occupe principalement du traitement des traverses, poteaux, pilots, et autres bois exposés à la détérioration, et des produits chimiques destinés à protéger le bois contre la pourriture, les insectes, les organismes marins et le feu.

c) Technologie chimique. Cette Division s'occupe principalement de la constitution chimique des diverses essences canadiennes et de la possibilité de leur utilisation par transformation en produits chimiques. Elle s'intéresse spécialement à l'utilisation des écorces et des déchets de l'exploitation et du sciage par l'application de diverses méthodes, telles que la transformation des hydrates de carbone en sucre et la fabrication de panneaux de construction.

d) Utilisation du bois. Cette Division s'intéresse surtout à la transformation de l'arbre en sciages, placages, bois de pâte, meubles et autres articles, en vue d'améliorer les procédés permettant d'assurer une utilisation plus complète du bois et d'utiliser les déchets actuellement perdus pour la consommation.

e) Séchage du bois. Cette Division étude particulièrement les divers aspects du séchage au four, du séchage à l'air et du stockage des sciages et autres produits forestiers, en vue d'améliorer l'efficacité des procédés utilisés et de réduire les pertes au séchage.

f) Pathologie du bois. Cette Division se préoccupe des problèmes relatifs à la pourriture et aux taches des bois, à l'identification et au contrôle de leurs agents.

g) Physique du bois. La Division poursuit principalement les recherches se rattachant essentiellement aux questions de structure du bois.

h) Chauffage diélectrique. La Division étudie l'application aux industries utilisatrices de bois des procédés de chauffage diélectrique par ondes electro-magnétiques.

Services techniques rendus a l'industrie

Une importante fonction des Laboratoires consiste à répondre aux demandes de renseignements techniques présentées par les usines de bois ou les industries utilisatrices. Pour l'accomplissement de cette tâche, les Laboratoires utilisent les indications fournies par leurs propres recherches, ainsi que les informations disponibles (spécialement en provenance des laboratoires de produits forestiers d'autres pays) qu'ils peuvent trouver dans les bibliothèques très complètes dont ils sont pourvus.

6. Photogrammétrie en hiver à la Station d'expérience de Petawawa

En 1940, la Province de Québec a institué une organisation de recherches sur les produits forestiers. Un petit laboratoire fonctionne a l'Ecole des Gardes de Duchesnay, et l'on utilise également les facilités offertes par les laboratoires de chimie de l'Université Laval. Le but de cette organisation est de renseigner les industries utilisatrices de bois de Québec, particulièrement les petites industries. Un service de renseignement est organisé, et les problèmes qui nécessitent un travail expérimental sont soumis au personnel du laboratoire. Un certain nombre de travaux fondamentaux de technologie chimique et d'utilisation sont en cours. D'autres études portent sur les caractéristiques de perméabilité aux substances protectrices des bois de Québec, sur l'imprégnation et sur les problèmes d'utilisation de l'écorce et des sciures.

Pendant la guerre, la nécessité d'accroître la production et les dégrèvements d'impôts accordés en faveur des recherches ont grandement stimulé l'activité de celles-ci dans le domaine de la pâte et du papier. Aujourd'hui, la plupart des compagnies possèdent leurs propres laboratoires et le total des résultats obtenus est impressionnant. Cependant, peu de choses ont été publiées. Le secret a été observé, principalement au bénéfice de chacune des compagnies pourvues de laboratoires. Dans quelques cas, les compagnies ont recherché la solution de certains problèmes par coopération avec des institutions telles que la Fondation pour les Recherches de l'Ontario.

Conclusion

Il ressort de ce qui précède que le Canada a fait de réels progrès dans les recherches sur la forêt et les produits forestiers. Toutefois, si l'on considère l'immensité de ses forêts et l'importance des problèmes non encore résolus, il est certain que tout n'est encore qu'ébauché.

7. Photogrammétrie en hiver - L'avion

Les problèmes forestiers du Canada transcendent la production de la matière brute destinée à l'industrie. Ils ne couvrent pas seulement la régularisation des cours d'eau, la conservation des richesses touristiques, la protection de la fourrure, du poisson et du gibier. Ils constituent un problème d'utilisation du sol de toute première importance. Plus de. 58% de la surface totale des neuf provinces conviennent essentiellement à la récolte du bois. La prospérité nationale dépend donc dans une large mesure de l'utilisation du potentiel de production de ces terrains. Cette vérité est reconnue, la chose est certaine, tant par les Gouvernements que par l'industrie. Tout indique donc que le champ de la recherche sur les forêts et produits forestiers est destiné à s'etendre de façon considérable dans le proche avenir.

Le texte original de cet article est en anglais. La traduction ci-dessus a été préparée par la FAO.

Les clichés illustrant cet article ont été obligemment prêtés par les organismes canadiens suivants: 1, National Parks Bureau; 2, 3, 4, 5, et 7, Dominion Forest Service; et 6, Royal Canadian Air Force.


Page précédente Début de page Page suivante