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La région méridionale du Brésil

Rapport présenté par les Etats de Sao-Paulo, Santa-Catharina et Rio-Grande-do-Sul

Les représentants des gouvernements, des organisations ouvrières, des entreprises de services publics et des techniciens forestiers de la région méridionale du pays réunis en Commission, ont formulé les conclusions incorporées au présent rapport.

UTILISATION DES RESSOURCES FORESTIÈRES

Recommandations

1) Etant donné que la production autorisée a toujours correspondu aux nécessités de la consommation intérieure et des exportations autorisées, la Commission recommande qu'aucune augmentation appréciable de la production ne soit autorisée sans qu'on n'ait assuré au préalable les moyens de transport nécessaires et des débouchés à l'étranger susceptibles d'absorber l'excédent, une fois satisfaite la consommation intérieure.

2) Etant donné que les scieries actuelles n'ont qu'un rendement de 25 à 50 pour cent par rapport à leur capacité, la Commission recommande que la construction de nouvelles scieries soit interdite jusqu'au moment où il sera devenu possible d'abolir le régime limitant la production.

Limite que peut attendre l'utilisation

D'après les données dont dispose la Commission, il est possible d'estimer que les exportations de bois de la région méridionale du Brésil atteindront, à partir de 1949, les chiffres suivants à condition que soient adoptées les mesures préconisées plus loin:

Pins:

(en mètres cubes)


Sciages

4.000.000


Bois travaillés

250.000

Contreplaqués et placages

100.000


Bois durs:

(en mètres cubes)


Sciages

400.000


Bois travaillés

60.000

Compte tenu des nécessités de la consommation intérieure et des stocks existants, la Commission estime possible l'exportation en 1948 des quantités suivantes:

Pins:

(en mètres cubes)


Sciages

1.546.000


Bois travaillés

210.000


Contreplaques et placages

99.999

Bois durs:

(en mètres cubes)


Sciages

220.000


Bois travaillés

60.000

Maisons préfabriquées

Une nouvelle industrie utilisant le bois de pin est en voie de développement dans notre pays: c'est celle des maisons préfabriquées. Le pin ne doit être employé qu'après avoir été soigneusement traité.

Pendant l'année en cours la zone méridionale pourra exporter près de 10.000 maisons et en 1949 elle pourra en exporter environ 50.000.

Mesures nécessaires pour atteindre la production prévue

Pour réaliser l'expansion prévue, la Commission estime nécessaire l'adoption de mesures relatives au transport et au financement:

1) Transport:

a) Amélioration du réseau ferroviaire actuel, depuis l'infrastructure jusqu'au matériel roulant et accroissement de la capacité de traction;

b) Adaptation des routes à un intense trafic lourd;

c) Acquisition de camions et garantie qu'ils ne manqueront pas de combustible (essence et huile lourde);

d) Equipement des ports et construction d'entrepôts adéquats;

e) Transport maritime assuré vers l'extérieur afin d'éviter l'accumulation de stocks et leur détérioration subséquente.

2) Financement:

Dans un pays comme le Brésil où tout est difficile, où les distances sont énormes et les moyens de transport précaires, insuffisants, lents et coûteux, où le bois ne parvient aux marchés de consommation qu'au bout de deux ans en moyenne à partir de la date de sa transformation industrielle (compte tenu du retard considérable avec lequel sont livrés les wagons), il est impossible de travailler et de produire sans disposer de crédits.

Les restrictions actuelles du crédit bancaire pour l'industrie et le commerce, les taux élevés de l'intérêt et de l'escompte, la prohibition tacite des exportations vers les marchés européens, asiatiques et africains, ré sultant de la suspension de l'achat des livres sterling, la dépréciation du marché intérieur et la concurrence subie sur l'unique marché étranger qui soit ouvert aujourd'hui (Argentine)-tels sont les facteurs qui ont provoqué la grave crise dans laquelle se débat l'industrie du bois, crise qui, si l'on ne s'occupe pas avec intelligence et fermeté de lui porter remède dans un bref délai, ruinera l'un des plus importants éléments de l'économie nationale, transformant en montagnes de ferraille la magnifique et précieuse industrie que nous avons réussi à acquérir en surmontant toutes sortes de difficultés et sur lequel repose l'économie des Etats méridionaux du pays.

En conséquence, si l'on veut réaliser une expansion quelconque afin de sauvegarder l'industrie du bois dans l'intérêt des Etats eux mêmes, il faut assurer des conditions favorables à l'exportation et accorder des crédits aux scieries ou le financement aux exploitants de scieries, industriels et exportateurs de bois.

Pour cela, il est nécessaire de mettre sur pied un plan d'exécution facile et offrant toutes garanties à l'institution chargée de son financement, laquelle pourrait être, au moins pour une partie, l'Institut national du Pin. Celui-ci dispose en effet de res sources inemployées qui, de l'avis de la Commission suffiraient pour mettre le projet en marche. La Banque du Brésil accorderait son appui financier au cas où les ressources de l'Institut national du Pin seraient insuffisantes.

L'appui financier accordé aux exploitants de scieries serait garanti par la valeur de leurs immeubles, de leurs forêts de pins et d'autres essences commercialisables (cannellier, «imbuia», cèdre); les dits exploitants amortiraient leurs dettes par règlements mensuels contre remise des bons de production.

L'industriel (fabricant de caisses, de contreplaqués, etc.) et l'exportateur recevraient 50 pour cent de la valeur du bois qu'ils auraient en stock et amortiraient leurs dettes en proportion des expéditions autorisées par l'Institut national du Pin, organisme chargé du contrôle de l'industrie et du commerce du bois et parfaitement équipé pour s'acquitter de cette fonction.

Cependant, quelle que soit la méthode de financement adoptée, il est certain que sans moyens de transport et sans financement il sera non seulement impossible d'accroître la production, mais il deviendra sans doute nécessaire de réduire encore la faible production actuelle.

Il est urgent que les pouvoirs publies n'abandonnent point à une ruine complète l'industrie du bois, ce qui porterait un coup fatal à l'économie des Etats méridionaux et aux conditions de vie d'une grande partie de la population, et aurait, pour l'ordre et le bien-être sociaux, de-graves consequences qui ne sont un secret pour personne.

Exploitation des forêts du littoral

Reste encore la possibilité d'exploiter les forêts du littoral, riches en bois feuillus. Pour effectuer cette exploitation, il faudra:

1) assainir le littoral et en particulier les zones où l'exploitation présentera le minimum de difficulté. C'est là une condition sine qua non;

2) autoriser la construction dans cette région de scieries sur le modèle offert par la technique moderne;

3) exploiter rationnellement la forêt conformément aux dispositions du Code forestier;

4) financer les industries de la manière préconisée plus haut.

L'exploitation de ces forêts aurait l'avantage de bénéficier des facilités de transport du bois transformé vers les ports d'embarquement.

PROTECTION ET DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES FORESTIÈRES

En présence des divers travaux qui lui ont été proposés par ses membres, ceux notamment des représentants du Service forestier de l'État de Sao-Paulo et des chemins de fer Soroabana, la Commission recommande l'adoption d'un ensemble de mesures qui peuvent se résumer comme suit:

a) rationalisation de l'exploitation des forêts de la région méridionale en vue d'en obtenir un rendement économique maximum sans mettre leur existence en danger;

b) reboisement des régions déjà exploitées et destinées à faire l'objet à l'avenir d'une industrie forestière;

c) recommandation des mesures de lutte contre l'incendie.

Jusqu'à ce qu'on ait acquis une connaissance suffisante des réserves forestières existant dans la région méridionale et adopté des mesures efficaces pour rationaliser l'extraction et le reboisement, on ne devra pas permettre l'installation de scieries importantes, même dans l'hypothèse d'une expansion des débouchés étrangers qui permettrait de supprimer le régime de limitation actuel. Cette mesure est destinée à éviter un épuisement rapide des ressources forestières du pays, qui porterait dans l'avenir un préjudice évident à l'économie nationale.

La Commission II étudie les problèmes de l'administration et l'aménagement forestiers.

La Commission estime de toute opportunité que le Gouvernement brésilien soumette à une étude approfondie les conclusions de la Conférence des Forêts et produits forestiers pour l'Amérique latine relatives à l'exploitation rationnelle des forêts, à leur protection et aux mesures destinées à activer le reboisement des régions exploitées afin que les recommandations de la Conférence servent d'éléments de base à la réforme du Code forestier actuellement à l'étude et à sa mise en application pratique.

Ayant entendu les exposés des ses membres, la Commission déclare que l'expérience a déjà démontré les grandes difficultés pratiques, surtout du point de vue technique, de confier exclusivement à des particuliers la des peuplements et le reboisement; elle recommande en conséquence que l'Institut national du Pin et les Services forestiers du Gouvernement fédéral et des gouvernements des Etats entreprennent en commun les travaux de reboisement. En ce qui concerne le remplacement des arbres abattus par les industriels privés, la Commission recommande que l'Institut national du Pin soit chargé par les industriels de contrôler ces opérations en insérant les dispositions nécessaires dans le Code forestier. De plus, la Commission recommande que le gouvernement fédéral et les gouvernements des Etats étudient les formations forestières existant dans la région méridionale, afin de créer des réserves forestières destinées à conserver la flore et la faune locales. La Commission rappelle qu'il est extrêmement important pour les transactions commerciales d'établir un catalogue des espèces forestières en prenant pour base les spécifications de l'Institut de Recherches technologiques de l'Etat de SaoPaulo.

En plus des recommandations déjà mentionnées dans le présent rapport, la Commission a décidé à l'unanimité de soumettre à l'examen de la délégation brésilienne les propositions suivantes:

1) création d'écoles supérieures de sylviculture et de cours techniques pour les dirigeants et les ouvriers travaillant dans les exploitations forestières;

2) installation d'usines de séchage et de préservation du bois dans les localités qui conviennent le mieux à cette fin;

3) adoption de mesures destinées à développer l'utilisation du bois dûment traité, en soulignant notamment la préservation des traverses et des poteaux pour les voies ferrées et les services publies;

4) fondation et entretien d'une maison d'édition et création d'une bibliothèque internationale pour l'Amérique latine spécialisées dans les questions relatives aux forêts et aux produits forestiers, .3 la charge de l'Institut national du Pin.

En conclusion du présent rapport sur les travaux de la Commission brésilienne de la région méridionale, il y a lieu de souligner que le présent document ne traite que les questions essentielles, mais qu'il est indispensable d'étudier les détails contenus dans la documentation annexée au rapport publié.


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