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Revue des livres

En raison de l'intérêt que l'ouvrage présente pour les forestiers et pour tous ceux qui étudient la nouvelle tendance à long terme qui consiste à placer sois contrôle toutes les ressources naturelles renouvelables pour assurer leur renouvellement effectif, en raison aussi du fait que Zon est un vieil ami de Gifford Pinchot et s'est trouvé intimement mêlé à toutes les batailles et controverses qu'il décrit Unasylva s'est départie de la règle qu'elle observe pour la revue des livres en présentant celle-ci sous une forme spéciale.

Breaking New Ground. (Conquête de terres nouvelles), par Gifford Pinchot, 550 pp. Harcourt, Brace & Co., éditeurs. New York, 5 dollars.

Compte-rendu de Raphael Zon

Ce livre est le récit d'une période épique et passionnante de la longue bataillé qui s'est livrée pour l'élaboration d'une politique forestière nationale aux Etats-Unis. Bien que cette bataille se soit déroulée sur la scène américaine avec, pour décor et telle de fond, l'économie et la politique américaines, elle n'en a pas moins eu des répercussions dans le mon de entier. Il s'agit en l'espèce d'une crise qu'un grand nombre de pays riches en ressources naturelles, doivent invariablement traverser quand ils ont atteint un stade plus ou moins avancé de leur développement avec, cela va sans dire, des modifications politiques et économiques qui varient pour chacun d'eux lorsqu'ils veulent élaborer une politique rationnelle pour l'aménagement de leurs forêts et autres ressources naturelles. Cette lutte peut en conséquence différer d'intensité et de forme suivant la partie du monde où elle s'engage mais, au fond, le processus reste le même à peu de chose près. Puisqu'un grand nombre de pays passent encore aujourd'hui par cette crise et que d'autres commencent à peine à se rendre compte de la nécessité d'instituer un programme pratique de conservation, l'expérience acquise par les Etats-Unis, telle qu'elle est décrite dans Breaking New Ground, est forcément d'un intérêt et d'un profit considérables.

La portée et l'importance de l'ouvrage du point de vue international se trouvent encore réhaussées en particulier par le fait qu'il ne se borne pas à relater comment la sylviculture pratique a pris naissance en Amérique, mais aussi comment la lutte en faveur de la sylviculture a donné naissance à un mouvement mondial pour la conservation des ressources naturelles dont le programme est devenu le credo et l'objectif des quelque 58 nations qui se sont volontairement réunies au sein de la FAO afin de le transformer en réalité.

Déjà en 1909 Pinchot envisageait la nécessité d'une organisation internationale telle que la FAO. Ceci ressort très nettement de l'Aide-Mémoire préparé et envoyé par ses soins aux principaux gouvernements, pour leur demander officieusement s'ils envisageraient avec faveur d'envoyer des délégués à une conférence mondiale sur la conservation. Cet Aide-Mémoire mettait en lumière les points suivants: les ressources naturelles du globe intéressent toutes ses populations; celles-ci tirent profit de la conservation de ces ressources, alors que leur destruction leur cause un tort indiscutable; et les citoyens de chaque pays ont intérêt à approvisionner tous les autres pays en vivres et en matières premières pour l'industrie, non seulement parce que tous ces biens de consommation sont interchangeables dans le commerce, mais encore parce qu'il est nécessaire de connaître le volume mondial des approvisionnements si l'on veut utiliser avec intelligence la part qui en revient à chaque nation. L'Aide-Mémoire concluait par la déclaration qu'une telle conférence, si elle savait s'inspirer des leçons du passé, devrait travailler en fixant les veux sur l'avenir. Pinchot a toujours estimé qu'une conférence internationale sur la conservation ne constituait qu'un préliminaire, un premier pas vers la création d'une organisation internationale permanente. Les réponses à cet Aide-Mémoire ayant été favorables, 48 nations furent invitées à se réunir, en septembre 1909, au Palais de la Paix à la Haye. Trente de ces nations, dont la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Canada, avaient déjà accepté, lorsqu'un changement survenu en mars 1909 dans l'administration différa indéfiniment la réalisation du projet. Pinchot essaya plus tard à deux reprises de le ressusciter, mais sans succès. Il ne cessa pourtant pas de s'en occuper. En mai 1940, au cours d'une causerie qu'il fit à Washington au Huitième Congrès scientifique américain, il affirma que la coopération internationale dans l'évaluation, la conservation et l'utilisation intelligente des ressources naturelles dans l'intérêt commun de toutes les nations pourrait probablement permettre de surmonter l'un des plus dangereux obstacles à une paix mondiale à la fois juste et durable. Pu 1944, il soumit son projet au Président Franklin D. Roosevelt qui en saisit toute la portée et exprima le désir qu'il lui fût donné suite sans tarder. La mort prématurée de M. Roosevelt laissa au Président Truman le soin de réaliser le plan. Quelques jours avant la mort de, Pinchot, M. Truman envoya au Conseil économique et social des Nations Unies le, plan renfermant l'idée d'une conférence mondiale sur la conservation. En mars 1947, les Nations Unies lui donnaient leur approbation et une conférence scientifique des Nations Unies sur la conservation et l'industrialisation des ressources était autorisée à, se réunir en juin 1949. Pendant que l'on s'efforçait ainsi de réunir une conférence mondiale des ressources naturelles la FAO prenait naissance (octobre 1945), Sa création répondait aux prières de Pinchot; elle était la réalisation de ses espoirs, avant même que la Conférence mondiale de ressources - qui n'était pour lui qu'une étape pour arriver à, la création d'une organisation permanente - se fiât effectivement réunie. Le chapitre 10 de l'ouvrage intitulé «Un Mouvement mondial est né» doit en conséquence présenter pour chacun des Etats Membres de la FAO un intérêt particulièrement puissant et personnel.

Mais revenons au sujet principal qui nous occupe. Il remonte à 1889, année où Gifford Pinchot, alors tous frais émoulu de l'Université de Yale, décide d'embrasser la profession forestière et s'embarque pour l'Europe pour recevoir là-bas la formation scientifique qu'il était alors impossible d'obtenir aux Etats-Unis. Son choix tomba sur l'Ecole nationale forestière française, probablement parce que son grand-père était français et vétéran des armées de Napoléon. Lorsqu'à la fin de l'année 1890 Pinchot revint aux Etats-Unis, il trouva le pays obsédé par un délire d'expansion agricole et industrielle. De nouvelles voies ferrées ouvraient l'accès à de nouveaux territoires, les colons s'enfonçaient de plus en plus loin dans les régions inconnues. On avait besoin de bois, de grandes quantités de bois; sans ce bois, les Etats-Unis n'auraient jamais pu atteindre au degré élevé de confort, de progrès et de puissance dont le pays jouit de nos jours; mais la destruction forestière qui se produisit de front avec cette expansion fut une des plus dévastatrices que l'on ait jamais connues. Le gouvernement fédéral cédait aussi rapidement qu'il le pouvait les terres publiques aux Etats et aux voies ferrées sous forme de concessions. Le Northern Pacific Railroad reçut par exemple près de 16 millions d'hectares; les Etats à leur tour vendirent leurs forêts à des particuliers. L'Etat de la Caroline du Nord, par exemple, s'est défait de quelques-unes des ses plus magnifiques forêts feuillues au prix de 25 cents l'hectare. Les plus riches terres boisées du gouvernement pouvaient être légitimement acquises au prix de 6 dollars l'hectare. Les compagnies minières s'approprièrent chaque année, sans bourse délier des milliers de mètres cubes de bois appartenant au gouvernement. Voler le bois du gouvernement constituait pour ainsi dire une occupation ordinaire et normale. Les incendies de forêt faisaient rage et n'étaient pas combattus. Ils étaient considérés comme un acte de la volonté divine contre lequel on ne pouvait rien. La destruction de 2 millions d'hectares de bois chaque année ne révoltait pas la conscience publique. La dévastation forestière était considérée chose normale et la régénération forestière comme l'illusion de quelques insensés. Le rendement soutenu était un principe inconnu. Il n'y avait alors ni écoles forestières ni forestiers professionnels et pas un seul hectare de forêt appartenant au gouvernement, à l'Etat ou à des particuliers n'était soumis à un aménagement forestier systématique. Telle était alors la situation aux Etats-Unis à la fin du siècle dernier.

En juillet 1898, Pinchot devint le premier Forestier fédéral. Ses bureaux consistaient en deux petites pièces au dernier étage d'un vieux bâtiment qui a été démoli il y a longtemps. Son personnel tout entier, lui-même compris se composait de onze fonctionnaires. Sur ce nombre, deux seulement avaient reçu une formation forestière à l'étranger. L'appropriation annuelle était de 28.500 dollars et l'équipement était constitué en tout et pour tout par un ruban métrique, une paire de compas à calibrer et une tarière pour mesurer la croissance des arbres.

Il se produisit alors, au cours de dix années seulement, un changement presque radical dans la politique agraire du gouvernement, ainsi que dans l'attitude du peuple envers les forêts et autres ressources naturelles, eau, sol. Pâturage, développement de l'énergie hydraulique, mise en valeur des terres incultes, lutte contre les inondations et contrôle des voies fluviales. Il fallut, pendant ces dix années, livrer une bataille acharnée à la cupidité des intérêts privés, à la corruption bureaucratique et à l'indifférence du publie pour arriver à démontrer qu'il est possible, en appliquant de sains principes de sylviculture, de produire du bois sans détruire la forêt. Le mouvement se transforma en une véritable croisade; d'âpres combats s'engagèrent dans les salles du Congrès; la conservation forestière prit une teinte nettement politique lors d'une campagne présidentielle. La question fut référée aux plus hauts tribunaux du pays et l'opinion publique commença à s'émouvoir. Mais routine et tradition avaient la vie dure. Les partisans de la conservation, grâce à l'appui enthousiaste du président Theodore Roosevelt, finirent par gagner à peu de chose près la partie, et il fut ainsi donné à Pinchot de contempler avec orgueil, vers la fin de sa vie, l'édifice dont il avait jeté les solides fondements: une superficie d'environ 72 millions et demi d'hectares de forêts appartenant à l'Etat fédéral et exploitées par 2.600 forestiers professionnels, selon un plan d'aménagement rationnel; 5 millions d'hectares de forêts appartenant aux divers états de l'Union soumises elles aussi à un plan d'aménagement par des forestiers expérimentés; 9 stations régionales d'expérimentation forestière et une institution unique, le Laboratoire des produits forestiers, consacrées à l'étude du bois sous tousses aspects; enfin, 29 écoles forestières ayant rang de facultés pouvant recevoir un total d'environ 1.500 jeunes forestiers. Le pâturage sur les terres publiques fut soumis à une sévère réglementation, et le danger des incendies de forêt se trouva réduit au pont de devenir assurable. Ce danger, cependant, n'a pas disparu complètement, car une vaste superficie de forêts appartenant à des particuliers ne sont pas encore soumises à un aménagement forestier systématique. C'est une bataille qui reste encore à gagner.

Cette histoire étant contée par un de ceux qui se battirent en toute première ligne, le livre revêt la forme d'une autobiographie. Tout du long, on peut sentir cette vigueur et cette énergie qui ont constitué les traits saillants de la physionomie de l'auteur. Des comptes rendus d'escarmouches politiques à Washington alternent avec des récits d'aventures dans les régions les plus sauvages d'un vaste continent alors inexploré. Telle est l'histoire d'un grand mouvement populaire et de son promoteur, un homme dont le principe dominant de toute sa vie fut «le bien du publie avant tout».

Les Nations qui adhèrent au présent Acte, résolues à développer le bien-être général par une action particulière et collective, afin:

d'élever le niveau de nutrition et les conditions de vie des populations placées sous leur juridiction respective,

d'améliorer le rendement de la production et l'efficacité de la répartition de tous les produits alimentaires et agricoles,

d'améliorer la condition des populations rurales,

et de contribuer ainsi à l'expansion de l'économie mondiale,

constituent par les présentes l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture... par laquelle les Membres se tiendront mutuellement informés des mesures prises et des progrès accomplis dans les champs d'activité énoncés ci-dessus.

- Préambule de l'Acte constitutif de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

Etats Membres de la FAO

ARABIE SAOUDITE
AUSTRALIE
AUTRICHE
BELGIQUE
BIRMANIE
BOLIVIE
BRÉSIL
CANADA
CEYLAN
CHILI
CHINE
COLOMBIE
COSTA-RICA
CUBA
DANEMARK
EGYPTE
EQUATEUR
ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE
ETHIOPIE
FINLANDE
FRANCE
GRÈCE
GUATEMALA
HAÏTI
HONDURAS
HONGRIE
INDE
IRAK
IRLANDE
ISLANDE
ITALIE
LIBAN
LIBÉRIA
LUXEMBOURG
MEXIQUE
NICARAGUA
NORVÈGE
NOUVELLE-ZÉLANDE
PAKISTAN
PANAMA
PARAGUAY
PAYS-BAS
PÉROU
POLOGNE
PORTUGAL
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
RÉPUBLIQUE DES PHILIPPINES
ROYAUME-UNI DE GRANDE-BRETAGNE ET D'IRLANDE DU NORD
SALVADOR
SIAM
SUISSE
SYRIE
TCHÉCOSLOVAQUIE
TURQUIE
UNION SUD AFRICAINE
URUGUAY
VENEZUELA
YOUGOSLAVIE


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