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Sur quelques scolytes de l'écorce des pins dans le Mexique Central

par J. P. PERRY, Jr., Assistant administratif, Programme d'agriculture de la fondation Rockefeller au Mexique

Les comptes rendus existants montrent que c'est en 1903 que la mort de pins sur des surfaces étendues du Mexique central fut, pour la première fois, imputée aux scolytes de l'écorce. Cette année-là, le Dr. Sylvio J. Bonansea fut chargé par le gouvernement central du Mexique de procéder à des recherches dans les états de Mexico, de Morelos et de Michoacán, où les habitants étaient préoccupés par le dépérissement des forêts de pins.

Le Dr. Bonansea découvrit que des scolytes de l'écorce étaient les agents primaires des dommages. Son rapport La Plaga de Ocotes, qui ne fut publié qu'en 1921, décrivait l'aspect des arbres morts ainsi que les insectes et leurs dégâts. Il contenait également beaucoup d'observations sur les caractères généraux de l'invasion et suggérait diverses mesures de lutte.

Le Dr. Bonansea envoya des spécimens des insectes récoltés dans ces régions au Dr. Hopkins, du Bureau d'entomologie du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis. Parmi ces spécimens, le Dr. Hopkins décrivit comme espèces nouvelles Dendroctonus mexicanus Hopk. et Ips bonanseai Hpk. Dans sa publication intitulée The Genus Dendroctonus, il expose que Dendroctonus mexicanus «attaque visiblement Pinus teocotl Schl. et Cham., P. leiophylla Sch. et Cham. et P. ayacahuite Ehr.». Une autre espèce, Dendroctonus parallelocollis Hopk. existe au Michoacán mais les arbres hôtes de cette espèce ne sont pas mentionnés. Un ouvrage publié en 1936 - par Donald de Leon énumère, avec leur description et l'indication de leurs hôtes, un grand nombre d'espèces de scolytides attaquant les pins au Mexique. Dans toute la bibliographie connue, on trouve très peu de renseignements sur la biologie et le comportement de ces insectes, sur les relations avec leurs hôtes ou sur les causes des paroxysmes violents qui caractérisent ces invasions.

Actuellement une invasion, de scolytes de l'écorce, à caractère épidémique marqué, s'étend dans les peuplements de Pinus leiophylla autour de la vallée de Mexico, analogue en tous points aux invasions survenues il y a un demi-siècle et décrites par le Dr. Bonansea 1. Les récentes observations de l'auteur indiquent que des invasions très étendues de scolytes de l'écorce se sont produites à intervalles périodiques dans le Mexique central au cours d'une très longue période et que leurs effets ont par moment accéléré le passage de l'état boisé à une utilisation agricole irrationnelle du sol. ii

1 Un entomologiste de la FAO, J. M. Miller, travaille actuellement au Mexique au titre du Programme élargi d'assistance technique et deux autres experts de la FAO G. Becker et F. Schwertfeger ont étudié des invasions semblables de scolytides de l'écorce au Guatemala.

Le but de cet article est d'exposer les résultats des études effectuées par l'auteur pendant les années 1949 et 1950 au Mexique central. Au cours de tournées intermittentes à partir de Mexico, il a été possible d'acquérir des connaissances sur le comportement de trois espèces de scolytes de l'écorce, sur leurs relations réciproques, sur la manière dont ils attaquent et tuent les arbres vivants et la mesure dans laquelle ils peuvent détruire certains peuplements de pins.

Etendue et caractéristique des peuplements de pins atteints par les invasions récentes

Les régions infestées étudiées par l'auteur se trouvent au voisinage des villes de Tlalmanalco, San Rafael et Amecameca dans l'état de Mexico. Le Dr. Sylvio Bonansea rapporte de fortes invasions de D. mexicanus dans cette même localité et sans doute y eut-il des épidémies intermittentes dans l'ensemble de cette région au cours des 45 dernières années. A en juger d'après l'étendue de surface actuellement déboisée par les scolytes, les pertes en bois pendant cette période ont du être énormes dans cette région.

Les renseignements fournis par la population locale font dater le début de l'invasion actuelle en 1947 et les peones interrogés ont été unanimes à situer le premier foyer sur les versants d'une petite montagne située a quelques kilomètres à l'ouest de la ville d'Amecameca. L'ingénieur Humberto Ortega a observé les premières activités des scolytes de l'écorce dans cette zone en 1945. L'auteur a observé les stades finaux de la destruction et a constaté que la forêt était formée d'un peuplement équuienne de Pinus leiophylla 2 ayant en moyenne un diamètre de 25 centimètres à 1,30 mètre du sol avec sous-étage clairsemé de chênes arbustifs (Quercus sp.). Aux expositions nord et nord-est, des cyprès (Cupressus benthamii Endl.) constituaient aussi une partie de l'étage dominant. A l'exception de quelques arbres à la lisière sud-ouest, cette forêt de pins a été entièrement anéantie, ne laissant subsister que les chênes arbustifs et les cyprès. La surface détruite est estimée à 4.000 acres (1.600 ha) D. mexicanus 3 s'est apparemment répandu en 1949 à partir de ce massif infesté dans la campagne environnante, attaquant beaucoup des boqueteaux de pins isolés dans le voisinage de Tlalmanalco. C'est dans un certain nombre de ces peuplements que l'auteur put suivre en détail la progression et le développement de l'insecte.

2 Des échantillons des arbres cités dans cet article sont conservés dans l'herbier de l'auteur.

3 Des spécimens en double des insectes cités dans cet article sont déposés au Muséum national des Etats-Unis.

Cependant, l'attaque ne se termina pas dans ces peuplements isolés; une invasion soudaine, sur une étendue de 5 acres (2 ha) environ, fut observée pour la première fois en 1950 dans les contreforts de la Sierra Nevada, près de la ville de San Rafael, à 8 kilomètres environ d'Amecameca. Le scolyte envahit actuellement les versants peuplés de pins de cette chaîne montagneuse et on ne peut faire qu'une estimation grossière du nombre d'hectares boisés qui seront détruits. Le pin qui prédomine au bas des versants est Pinus leiophylla avec un mélange de P. montezumae et P. montezumae var. macrocarpa Martinez. Aux altitudes plus élevées, ces deux derniers pins deviennent plus fréquents, puis le sapin (Abies religiosa) commence à apparaître et augmente en nombre avec l'altitude. Au fur et à mesure que la forêt se transforme avec l'altitude de forêt de P. leiophylla en forêt de P. montezumae var macrocarpa et Abies religiosa, l'invasion perd visiblement sa force et s'éteint graduellement.

Mâle de Dendroctonus mexicanus au travail dans le flot de résine afin de maintenir libre la galerie et son orifice.

Larve à sa taille finale et adulte néonate en loge dans le rhytidome de Pinus leiophylla.

Cycle vital du Dendroctonus mexicanus

Le scolytide de l'écorce qui est l'agent primaire des destructions étendues dans ces régions est Dendroctonus mexicanus. Les mœurs de cette espèce n'ont pas été complètement décrites dans les publications antérieures et pour cette raison sont exposées ici avec quelques détails. En 1906, Hopkins décrivit les adultes de cette espèce comme étant longs de 3,8 millimètres et très proches de D. frontalis, bien que sensiblement plus petits. Les adultes attaquent en nombre les arbres vivants, mais chaque orifice d'entrée dans l'écorce représente le travail d'un couple d'insectes, la femelle effectuant en général le travail de forage proprement dit. A partir de l'orifice, la galerie est creusée suivant une verticale ascendante sur une courte longueur, permet tant à la résine de s'écouler librement du trou d'entrée. Au cours de ce stade, l'activité du mâle se limite à expulser la résine lorsqu'elle coule dans la galerie. Quand le flux de résine s'arrête, la galerie est brusquement courbée et se poursuit vers le bas et autour du tronc suivant un tracé sinueux en S allongé. L'auteur a signalé des galeries de 13 à 16 inches (33-41 cm) de longueur avec les adultes poursuivant encore activement le forage et pondant des œufs.

La ponte est pratiquée de la manière suivante: la femelle creuse d'abord une petite niche dans la paroi de la galerie puis y dépose l'œuf et l'entoure de vermoulure. Les œufs sont répartis dans des niches alternativement des deux côtés de la galerie. Un dénombrement de la ponte a montré que la femelle pond une moyenne de 6 œufs par inch (2,5 cm) de galerie. Le mâle, travaillant à environ deux inches (5 cm) derrière la femelle, enduit solidement la galerie avec la vermoulure. Lorsque les œufs éclosent, les petites larves commencent leurs galeries dans le liber normalement à la galerie principale. A mesure qu'elles grandissent, elles se dirigent progressivement vers les couches externes de l'écorce et parviennent à leur taille définitive lorsqu'elles cessent de s'alimenter et construisent une loge où a lieu la métamorphose. Les adultes néonates forent leur galerie de sortie directement vers l'extérieur à partir de la loge nymphale et sortent complètement matures et capables de commencer immédiatement une nouvelle attaque sur des pins vivants.

Dendroctonus mexicanus: liber externe montrant le détail des galeries de ponte et des galeries larvaires à leur début.

Forme caractéristique de la galerie force par les Scolytes adultes chez Pinus Leiophylla.

Le tableau suivant renferme des données sur la durée moyenne de l'évolution de D. mexicanus dans Pinus leiophylla.

TABLEAU 1. - NOMBRE DE JOURS NÉCESSAIRE A L'ÉVOLUTION DE D. mexicanus DANS Pinus leiophylla DE L'ŒUF A L'ADULTE NÉONATE

Région N° *

Nombre d'arbres où l'évolution où l'évolution a été suivie

Nombre moyen de jours de l'œuf à l'adulte

4

36

79,9

5

2

76,0

1

19

78,6

3

57

79,4

* Les numéros des régions Correspondent à des peuplements choisis représentant des conditions légèrement différentes d'altitude et d'exposition.

Potentiel biotique. On peut voir d'après ces données sur la période de développement qu'il est possible d'avoir quatre générations par an, ce qui donne à l'insecte un énorme potentiel biotique - surtout en raison du fait qu'on n'a pas observé de véritable période de diapause au cours de son cycle vital. Même pendant les mois les plus froids de l'année (novembre, décembre et janvier) les températures du milieu de la journée étaient assez élevées pour permettre dans une certaine mesure l'alimentation et le développement des larves. L'auteur a également rapporté de nombreuses attaques efficaces se produisant au cours de ces mois les plus froids.

Le temps manquait dans ces études pour déterminer si une certaine proportion des parents ressort après l'établissement des galeries de ponte dans les premiers arbres attaquée pour commencer de nouvelles attaques. Cependant l'observation de galeries de ponte établies par D. mexicanus montre que la plus grande partie des parents meurt près de l'extrémité des galeries et il est clair que leur réémergence n'est pas un facteur important dans le potentiel biotique de ce scolyte.

Dendroctonus valens. Après l'attaque initiale de D. mexicanus, les pins infestés sont ensuite envahis par D. valens. Cet insecte est bien connu dans tous les Etats-Unis. et ses mœurs ont été exposées dans des bulletin du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis. Il est intéressant de remarquer, toutefois, qu'il existe visiblement une limite inférieure de diamètre au-dessous de laquelle il n'attaque pas P. leiophylla dans le Mexique central. De nombreux relevés de l'auteur situent cette limite minima de diamètre à environ 6 inches (15 cm) mesure prise sur écorce au pied de l'arbre. Il est visible également qu'il n'existe pas de véritable période de diapause dans son cycle vital du fait que des attaques étaient couramment constatées pendant tous les mois de l'année.

Ips bonanseai. Après l'invasion efficace de l'arbre par D. mexicanus et D. valens il se produit une nouvelle invasion par un troisième scolytide, Ips bonanseai. Hopk. L'insecte adulte, suivant la description de Hopkins, a une longueur moyenne de 3,3 millimètres, sa forme est allongée, cylindrique, sa couleur brun rougeâtre foncé. La déclivité des élytres est concave et chaque côté est muni de quatre dents courtes et aiguës. Cette espèce n'envahit l'arbre que lorsque les attaques de D. mexicanus ont tari l'écoulement de résine et même alors ne s'attaque qu'à la partie supérieure du tronc et aux grosses branches. L'orifice d'entrée est foré à travers l'écorce et le liber jusqu'au bois. Une chambre d'accouplement est pratiquée dans le liber et de cette chambre partent trois ou quatre galeries de ponte sinueuses, les femelles déposant leurs œufs dans des encoches disposées alternativement sur les côtés des galeries. De la vermoulure est agglomérée autour de chaque œuf dans sa niche, mais les galeries de ponte et la chambre d'accouplement sont maintenues libres à tout moment. Lorsque les œufs éclosent, les larves forent leurs galeries en pénétrant dans le liber. Lorsque les larves sont matures, loge nymphale est établie dans le liber et la période nymphale a lieu dans cette loge. Les adultes néonates se fraient un passage dans la vermoulure ancienne provenant des tissus libériens jusqu'aux vieilles galeries et sortent par l'entrée et les trous de ventilation. Aucune tentative n'a été faite pour déterminer la longueur moyenne nécessaire à l'accomplissement du cycle vital de cet insecte. Cependant, on a remarqué que des infestations se produisaient pendant les mois les plus froids de l'année, ce qui fait supposer l'absence de diapause dans le cycle vital.

Succession des attaques sur les différentes parties de l'écorce de Pinus leiophylla

Importance de la succession des attaques dans un même arbre

Il se produit ainsi une succession d'infestations de l'arbre vivant par ces trois espèces de scolytides. L'attaque primaire par D. mexicanus se produit toujours sur le tronc de l'arbre, généralement à une hauteur de 18 à 20 feet (5-6 m) au-dessus du sol si le fût est bien élagué. Chez les arbres plus petits ou pourvus de nombreuses branches basses, l'attaque débute en général vers le niveau des premières branches. A partir de ce point, l'infestation s'étend vers le bas jusqu'à une distance d'environ 18 inches (46 cm) du sol et vers le haut jusqu'à un diamètre limite de 4 inches (10 cm). L'invasion complète du tronc par ces espèces demande 7 à 10 jours. A ce moment D. valens réussit à envahir l'arbre à partir du niveau du sol jusqu'à une hauteur approximative de 18 inches (46 cm).

Après les invasions primaires et secondaires, Ips bonanseai attaque le haut de l'arbre. Dans tous les cas observés, l'attaque n'est survenue qu'au moment où les aiguilles du pin commençaient à jaunir, soit environ 20 jours après l'invasion du tronc par D. mexicanus, lorsque ce dernier avait atteint le stade des très jeunes larves. L'infestation par l'Ips s'étendait vers le bas jusqu'à un diamètre de 6 inches (15 cm) et fut aussi observée à la base des grosses branches. Dans aucun cas, on n'observe d'inversion dans l'ordre d'attaque. De nombreuses observations montrent donc que l'attaque initiale par D. mexicanus est absolument nécessaire pour la réussite des invasions par D. valens et Ips bonanseai.

Attaques par groupes

Le comportement d'une population de D. mexicanus dans l'attaque de peuplements de Pinus leiophylla paraît être assez analogue à celui des autres espèces de Dendroctonus attaquant des peuplement résineux dans l'ouest des Etats-Unis. La progression de nombreuses invasions dans de petits peuplements isolés fut suivie dans tous ses détails et, dans tous les cas, la marche en fut la même. Au début, un petit groupe d'arbres était sévèrement attaqué, puis les arbres voisins étaient rapidement envahis jusqu'à ce qu'un foyer d'infestation comprenant 10 à 20 arbres ou davantage était créé. Les arbres environnants étaient généralement attaqués par la nouvelle génération issue du premier groupe, l'infestation s'étendant lentement à travers le peuplement en bandes de largeur toujours croissante. Un trait caractéristique de ces petites surfaces détruites est la présence de quelques arbres survivants sur les lisières. Dans d'autres cas, notamment dans de grands peuplements de pin, les invasions par groupe furent observées sur une échelle bien plus vaste. Beaucoup de ces infestations étendues couvraient 5 à 10 acres (2 à 4 ha) ou davantage et des milliers de pins étaient simultanément attaqués. Dès sa sortie, la descendance de la première génération attaquait immédiatement les arbres vivants voisins et, en un temps relativement court, une forêt couvrant plusieurs centaines d'hectares (1 acre = 0,4 ha.) était complètement envahie. Dans certains cas, des groupes de grandes surfaces apparurent brusquement dans des zones où aucune attaque n'avait eu lieu précédemment. On pense que ces grandes infestations spontanées résultent de vols massifs d'insectes partant d'une zone infestée où le nombre d'arbres vivants ne suffit plus à héberger la formidable population de scolytes venant d'essaimer. On pense que la grande invasion par groupes de 1950, près de San Rafael, s'est produite de cette manière, lorsque les scolytes éclos dans la forêt envahie près d'Amecameca ne trouvèrent plus suffisamment d'arbres vivants dans le voisinage immédiat.

Ce vol massif franchit une distance d'environ 8 kilomètres; mais sur des massifs moins étendus, où la pression de la population ne devient jamais si intense, la migration des scolytes nouvellement éclos se limite généralement aux pins vivants les plus proches. Tant qu'il y a suffisamment de pins vivants dans les grands centres d'invasion, les insectes qui, visiblement, sont simplement issus du groupe originels les tuent. (Cette extension des scolytes dans une forêt de pin peut être suivie facilement grâce aux changements de coloration des aiguilles des pins infestés).

Le tableau 2 indique le délai nécessaire aux changements de coloration les plus importants:

TABLEAU 2. - CHANGEMENTS DE COLORATION

Couleur des aiguilles et état de l'arbre

Nombre de jours approximatif depuis la date de l'attaque

Développement moyen de Dendroctonus mexicanus

Palissantes

30

Larves petites à moyennes dans le liber

Brunes

60

Nymphes dans le rhytidome

Rouges

90

Eclosion des adultes

Cimes noires (aiguilles tombées)

120

Eclosion terminée

Carpophores de Polyporus volvatus sur le tronc

150


Progrès rapides: de la destruction du bois par des champignons - Arbres tombés sur le sol

300


Ainsi la destruction complète d'un pin tué par Dentroctonus mexicanus survient en une seule année. L'auteur a photographié des taches de blé croissant parmi les souches de pins tués par D. mexicanus depuis moins d'un an.

Résistance comparée de Pinus leiophylla et P. montezumae var. macrocarpa.

Dans les régions étudiées on observa que P. leiophylla était rapidement accablé par les attaques de D. mexicanus et que dans les centres d'épidémies graves peu d'arbres survivaient.

Les seules autres espèces de pins sur lesquelles l'attaque fut observée furent déterminés par le Prof. Martinez comme Pinus montezumae et P. montezumae var. macrocarpa. Sur cette dernière variété, qui se trouve souvent en mélange avec P. leiophylla, les scolytes rencontrent apparemment des difficultés et on observa beaucoup d'arbres ayant survécu à de fortes attaques. Très peu d'attaques ont été observées sur P. montezumae.

On a remarqué des différences entre P. leiophylla et P. montezumae var. macrocarpa en ce qui concerne leur résistance à D. mexicanus dans le caractère et l'abondance des tubes de résine, la réussite de la reproduction des scolytes et la possibilité pour les infestations épidémiques de conserver leur force.

Temps nécessaire au développement de Dentroctonus mexicanus, de l'œuf à la sortie des adultes néonates

Différences dans le caractère des tubes de résine chez P. leiophylla. Ces orifices de pénétration étaient marquées par un écoulement abondant d'oléorésine. En règle générale, il ne se forme pas de tubes de résine bien nets, mais la gemme tend à s'égoutter à la surface de l'écorce en formant de longues coulées brillantes.

Chez P. montezumae var. macrocarpa, les orifices de pénétrations sont plus nombreux et la résine durcit, formant rapidement un tube résineux en forme de margelle. Beaucoup des adultes en cours d'attaque sont pris par la dessication rapide de la résine et meurent dans ce tube de résine avant de parvenir à pénétrer dans l'arbre. Cette différence dans le caractère des tubes de résine est due à des différences entre les constituants chimiques des oléorésines produites par ces deux espèces de pins. Un rapport du Dr N.T. Miror montre que l'oléorésine de P. montezumae est formée presque exclusivement d'alpha-pinodextrose, tandis que celle de P. leiophylla contient seulement 90 pour cent d'alpha-pinodextrose, 8 pour cent de 8-3-carine dextrose et 1 pour cent de sesquiterpène dextrose.

Différences dans le potentiel de multiplication de D. mexicanus. Quelques exemplaires de Pinus montezumae var. macrocarpa sont tués par D. mexicanus mais on remarqua que, dans ce cas il s'était produit une attaque plus massive des scolytes par unité de surface de l'écorce que chez P. leiophylla. Une comparaison du nombre des orifices de pénétration, dont chacun correspond à l'attaque d'un couple de scolytes et du nombre des trous de sortie qui représentent l'éclosion de leur progéniture illustre cette différence. Le tableau 3 traduit les comptages des trous de pénétration et de sortie dans des surfaces déterminées d'écorce choisies au hasard sur deux arbres tués appartenant aux deux espèces de pins.

L'épanchement de résine produit par les attaques de Dendroctonus mexicanus sur Pinus leiophylla

L'épanchement de résine produit par les attaques de Dendroctonus mexicanus sur et P. montezumae var. macrocarpa

Adultes d'Ips bonanseai (x 3 approx.) dans des galeries de ponte en voie de forage.

Galerie de ponte et adultes (x 5) de Dendroctonus valens

TABLEAU 3. - COMPARAISON DU NOMBRE DES ORIFICES DE PÉNÉTRATION ET DE SORTIE DE D. mexicanus SUR P. leiophylla ET P. montezumae VAR. macrocarpa



P. leiophylla

P. montezumae var. macrocarpa

sq. f.

m2

sq. f.

m2

Surface totale d'écorce inventoriée

6,8

0,6

5,5

0,5

Nombre moyen de trous de pénétration par sq. f. ou m2

8,0

0,7

16,8

1,6

Nombre moyen de trous de sortie par sq. f. ou m2

104,0

9,7

39,0

3,6

Ce tableau indique que pour une même surface d'écorce, le nombre de scolytes ayant attaqué P. montezumae var. macrocarpa est plus de deux fois supérieur à celui des scolytes ayant attaqué P. leiophylla alors que deux fois plus de leurs descendants sont éclos sur P. leiophylla que sur P. montezumae var macrocarpa. En fait, si on admet deux reproducteurs adultes par orifice d'entrée, le nombre de scolytes attaquant l'arbre est 33,6 par square foot (362 au m2) pour P. montezumae var macrocarpa, le nombre de leurs descendants sortant de l'arbre est 39 (420 au m2) ce qui ne laisse place qu'à un accroissement négligeable de la population à chaque génération. Si on tient compte de la mortalité des scolytes néonates au cours de la période de vol et d'attaque de nouveaux arbres, on peut s'attendre à une décroissance de la population de ces insectes.

Influence de la nature de l'hôte sur les populations de D. mexicanus Les résultats qui figurent dans le tableau 3 concordent entièrement avec les observations faites sur le terrain. Dans les peuplements équiennes purs ou presque purs de P. leiophylla D. mexicanus devient épidémique et se propage rapidement jusqu'à ce que la totalité du peuplement soit pratiquement détruite. Les invasions sont moins agressives là où P. montezumae var. macrocarpa représente une proportion notable du peuplement et là où il existe un pourcentage élevé de cette essence aucune invasion n'a encore été observée.

Lutte contre D. mexicanus

Il n'a pas été tenté d'expériences de lutte au cours de ces études, car on ne put disposer que du temps nécessaire pour réunir des données biologiques et écologiques. Cependant on possède quelques renseignements sur les facteurs de limitation tant naturelle qu'artificielle, de ce scolyte et ces renseignements seront exposés ici.

La succession des attaques indique que l'Ips et D. valens ne peuvent alimenter des infestations épidémiques, sauf à titre d'agents secondaires par rapport à D. mexicanus. Pour cette raison, les efforts de lutte doivent se concentrer sur D. mexicanus afin de prévenir la virulence et l'extension d'épidémies semblables à celles qui sévissent actuellement.

Lutte biologique

Oiseaux. Aux Etats-Unis, il est fréquent que les pics se nourrissent des nids de Dendroctonus se trouvant dans l'écorce des pins infestés et à certaine époque on considère qu'il existe là un important facteur dans la lutte naturelle contre ces scolytes. Le travail des pics sur des P. ponderosa infestés par Dendroctonus brevicomis a été estimé correspondre à 75 pour cent des pontes. Cependant, aucun travail de pic n'a été observé au cours des invasions de D. mexicanus. Ce fait peut très vraisemblablement être attribué à la rareté de ces oiseaux qui, en raison de l'absence de protection, semblent menacés d'extermination complète dans ces régions.

D'un autre côté, le Dr. Bonansea a signalé que la réduction des populations d'insectes prédateurs et parasites par les oiseaux expliquait en partie les invasions de scolytes Il n'y a cependant aucune preuve que les oiseaux aient joué un tel rôle dans les récentes invasions.

Insectes prédateurs. Beaucoup de coléoptères prédateurs ont été trouvés sur les arbres infestés par D. mexicanus ou dans leur voisinage. La plupart sont les mêmes espèces que celles trouvées avec D. brevicomis et sont, sans aucun doute, importantes dans la lutte biologique contre la première de ces espèces.

Enoclerus sphegens F. (F.), Thanasimus nigriventris (Lec.) Temnochila virascens, tous déterminés par E. A. Chapin Cymatodera sp. voisin de Morosa (Lec.) déterminé par O. L. Cartwright

Les adultes de ces espèces ont été observés en train de dévorer des adultes de D. mexicanus et leurs larves ont été trouvées dans l'écorce avec les larves de ce scolyte. Bien que ces prédateurs se trouvent en grand nombre, leur action limitante a visiblement été insuffisante pour empêcher la pullulation rapide du scolyte dans les invasions récentes.

Insectes parasites. Des adultes de petits chalcidides furent trouvés parmi des élevages de D. mexicanus dans des écorces infestées de P. leiophylla. Ils furent déterminés par le Dr B. D. Burks du Muséum national des Etats-Unis comme Pachyceras sp. et Tomicobia sp. La nature des élevages n'a pas définitivement établi que ces hyménoptères étaient parasites de D. mexicanus, mais il est probable qu'ils le sont en raison des mœurs parasitaires de beaucoup d'espèces de ce groupe. Cependant, un très petit nombre de chalcidides adultes furent trouvés et leur rareté indique qu'ils ne constituent pas un facteur important de limitation biologique de ce scolyte.

Lutte directe

Les méthodes utilisées pour la lutte directe contre D. brevicomis devraient être également efficaces vis-à-vis de D. mexicanus. Elles consistent à brûler l'écorce infestée pour détruire les insectes, ou à pulvériser sur l'écorce des huiles toxiques pénétrantes jusqu'à ce qu'elle soit bien saturée. Dans les deux cas, il y a intérêt à abattre l'arbre avant le traitement de l'écorce et là où on utilise l'incinération, l'écorçage de la grume est: à recommander.

Humberto Ortega, chef du Service de protection des forêts de l'Etat mexicain, fait connaître qu'un travail de lutte directe contre l'invasion a été poursuivi en 1950 dans des parties de l'Unidad forestal de San Rafael. Dans le cas des propriétés privées, il fut possible d'obtenir des propriétaires la main-d'œuvre nécessaire à l'abatage, à l'ébranchage et à l'écorçage des arbres infestés. Le forestier de l'Unidad marqua les arbres à abattre et surveilla l'incinération des branches et houppiers infestés. Les propriétaires furent autorisés à vendre le bois, ce qui couvrit les frais de l'opération. Plusieurs grands foyers d'invasion furent traités de la sorte.

Quand ces mêmes régions furent examinées un an plus tard, on ne constata aucune attaque nouvelle aux environs des secteurs traités. Ces résultats indiquent que le travail d'éradication de D. mexicanus a un effet local de limitation certain et que de bons résultats sont possibles si le travail est fait avec soin.

Dans les ejidos 5 qui englobent les biens communaux de l'Unidad forestal, les arbres morts sont donnés en vertu de la loi aux propriétaires ou ejidatarios, et il n'a pas été possible de réunir les crédits nécessaires à l'exécution du travail dé lutte directe. Pour cette raison, l'invasion a parcouru sans encombre les zones boisées des terres ejidas. L'Unidad forestal, cependant, entretient une pépinière forestière et procède au reboisement des surfaces dévastées.

5 Terres qui ont été restituées ou attribuées à des collectivités agricoles en vertu de la réforme agraire commencée en 1915.

Sources: Statistiques de la CEE et de la FAO.

Lutte par l'aménagement des forêts

L'aménagement et la mise en coupes réglées des peuplements de pins sont susceptibles d'offrir la meilleure solution pour prévenir les invasions de D. mexicanus Dans les peuplements de Pinus leiophylla tués par les invasions récentes, la croissance des arbres les plus âgés avait été rapide pendant les 35 ou 40 premières années, mais au delà de cet âge, il existait un ralentissement brusque de la croissance, comme le montrait le resserrement des couches annuelles. Ce fut pendant cette période de croissance ralentie que survint l'invasion actuelle de scolytes de l'écorce. Cette constatation amène à penser que dans les peuplements équiennes de P. leiophylla qui ont franchi la période de croissance rapide, des coupes rases pratiquées à peu près au moment où la croissance commence à stagner, élimineraient partiellement le danger d'invasion de scolytes et permettraient d'utiliser complètement le bois avant sa détérioration. Le reboisement des parcelles coupées à blanc avec des essences plus résistantes, tel les que P. montezumae, var macrocarpa devrait offrir une méthode saine de lutte culturale contre ce scolyte dans ces régions où on recherche une production soutenue de pin.

Remerciements

L'auteur désire exprimer sa reconnaissance aux nombreuses personnalités qui l'ont aidé à préparer cette étude:

John M. Miller, entomologiste du Laboratoire d'entomologie forestière de Berkeley, Bureau d'entomologie et de contrôle phytosanitaire, Département de l'agriculture, pour sa collaboration sur le terrain et pour ses nombreuses et utiles suggestions et critiques au cours de la rédaction de l'article; J.A. Beal Directeur du Bureau d'entomologie et de contrôlé phytosanitaire, Division des recherches d'entomologie forestière, et Dorothy Parker, Botaniste du programme agricole de la Fondation Rockefeller au Mexique, qui ont revu le manuscrit et présenté beaucoup de suggestions précieuses; Dr N. T. Mirov, Département de l'agriculture, biochimiste à la Station d'expériences forestières et pastorales de Berkeley, Californie, pour ses renseignements sur l'analyse chimique des résines de pins; Humberto Ortega, Chef du Service mexicain de la protection des forêts, pour ses renseignements sur les mesures de lutte contre les insectes actuellement en usage au Mexique. Toutes les photographies ont été prises par l'auteur. Byron MacLellan, photographe de la Fondation Rockefeller a effectué les tirages d'épreuves et les agrandissements nécessaires.

Bons de livres Unesco

L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a demandé à UNASYLVA de publier quelques renseignements sur son système des «bons de livres». Ces bons avaient primitivement pour but de permettre aux institutions et aux particuliers établis dans les Etats Membres de l'UNESCO d'acheter à l'étranger des livres et de s'abonner à des revues et autres publications malgré la pénurie de devises et les restrictions de change. Le succès obtenu par ce système a amené d'étendre l'usage des bons aux achats de films de caractère éducatif, scientifique ou culturel, des films fixes et de pellicules cinématographiques vierges, ainsi qu'aux achats de matériel scientifique, de matériel de laboratoire, etc.

Les bons de l'UNESCO permettent d'importer ces articles sans être soumis à la réglementation ordinaire des changes et souvent en bénéficiant de facilités particulières quant à l'exonération des droits de douane.

Les personnes désirant des renseignements plus détaillés pourront se procurer des prospectus intitulés; «Le bon de livres UNESCO», «Le bon de films UNESCO», «Le bon pour le matériel scientifique UNESCO», ainsi que le dernier numéro de la «Circulaire d'information sur le système des bons», en écrivant à l'adresse suivante;

Service des bons de l'UNESCO
19, avenue Kléber
Paris 16e (France)


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