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Le travail de la FAO


Accroissement de production de pâte et de papier
Mission forestière de la FAO au Chili
Sous-commission des questions méditerranéennes

Accroissement de production de pâte et de papier

La dernière session de la Conférence de la FAO a décidé de prêter assistance aux Nations Unies dans des efforts à longue échéance tendant à remédier à la pénurie de papier de journal et de papier d'imprimerie qui sévit en de nombreux points du globe. Depuis ce temps, la situation immédiate, en ce qui concerne la pâte et le papier, s'est considérablement améliorée, mais il n'en reste pas moins qu'une grande partie du globe n'a pas, et ne peut avoir dans les circonstances actuelles, de ressources suffisantes en papier. Cette situation apporte un nouvel argument en faveur d'un examen sérieux des perspectives futures de la production et de la consommation de ces produits essentiels.

Le vaste programme d'action de la FAO est basé sur trois idées principales: (a) que la lutte contre l'ignorance et en faveur de la liberté de la presse ne peut être gagnée qu'au prix d'un accroissement continu et très substantiel de la production de papier de journal et de papier d'imprimerie; (b) que l'accroissement de la production du papier de journal et du papier d'imprimerie doit aller de pair avec l'accroissement de production de la pâte et du papier pour tous les autres usages importants; (c) que l'inégalité frappante entre la consommation de pâte et de papier des 500 millions d'habitants de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale et celle du reste de l'humanité sera difficile à vaincre tant que la production de la pâte restera limitée à quelques pays seulement.

Toutefois, un programme ne pourra être établi qu'à la lumière des réponses apportées aux questions suivantes:

1. A quel rythme peut-on estimer que s'accroîtra la demande effective de pâte et de papier dans les différents pays pendant les dix années a venir?

2. Jusqu'à quel point la production accrue de pâte et de papier des centres traditionnellement producteurs pourra-t-elle aider des pays déficitaires à satisfaire à l'accroissement de leurs besoins? On devra, pour répondre à cette question, tenir compte des facilités de change de ces pays avec l'étranger.

3. Quel est l'état actuel des techniques industrielles de la fabrication de la pâte et du papier à partir de feuillus, de bois tropicaux et autres matériaux fibreux, qui constituent la masse des matières premières disponibles hors d'Europe et d'Amérique du Nord? Quels procédés faudrait-il employer? Quels sont les produits que l'on pourrait obtenir et quel serait leur prix de revient? Les matières premières pourraient-elles être fournies en quantité suffisante, grâce à un aménagement judicieux des forêts?

4. Dans quelles régions devrait-on particulièrement, installer de nouvelles usines, et quelle serait la capacité de production théorique de chaque grande région pour la pâte et le papier, y compris le papier de journal?

Tout programme important entrepris avant que ces questions n'aient reçu une réponse satisfaisante conduirait presqu'inévitablement à des investissements de capitaux hasardeux et à un sérieux échec. Un nombre limité de projets soigneusement étudiés, dûs à des initiatives gouvernementales ou privées, devront, naturellement, être poursuivis sans délai chaque fois que les conditions paraîtront favorables. Mais un vaste programme de production devrait être précédé d'un inventaire mondial comprenant quatre phases principales, qui sont:

Phase 1. - Un inventaire mondial des possibilités techniques et économiques d'accroissement de production de la pâte et du papier, et ses relations avec les besoins futurs de papier de journal et autres produits dérivés de la pâte.

Phase 2. - Etablissement de plans bien définis pour l'établissement de nouvelles usines, sous forme telle qu'ils puissent être pris en considération par des établissements financiers ou des actionnaires privés.

Phase 3. - Négociation et conclusion des accords financiers et techniques indispensables à la construction de nouvelles usines et à leur approvisionnement continu en matières premières, et:

Phase 4. - Construction de nouvelles usine, y compris la période initiale de fonctionnement qui se heurte invariablement à de nombreuses difficultés, spécialement dans les pays qui ne possèdent pas encore d'industries de la pâte et du papier, et qui, par suite, n'ont pas de personnel ni d'ouvriers familiers avec ce travail.

Chaque fois que ce sera possible la FAO, par l'intermédiaire de son programme d'assistance technique, est prête à aider les gouvernements au cours de ces quatre étapes. Jusqu'à présent, les efforts de cette organisation ont été concentrés sur la phase 1 du programme ci-dessus.

Estimation de la demande future

L'UNESCO a envoyé aux pays membres un questionnaire, établi en collaboration avec la FAO, et recueille des informations sur les besoins présents et futurs en papier de journal et papier d'imprimerie. Une étude des tendances du marché du bois en Europe, entreprise en collaboration avec la FAO et l'ECE, contient des renseignements sur les besoins futurs de l'Europe en produits dérivés de la pâte jusqu'en 1960. Une autre étude sur les tendances de l'industrie de la pâte en Amérique Latine est en préparation, sous les auspices de la FAO et de l'ECLA.

Accroissement de la production dans les régions traditionnellement productrices

L'OEEC a procédé à un recensement des programmes d'investissement des pays membres en ce qui concerne les industries européennes de la pâte et du papier, et à mis les résultats à la disposition de la FAO. Cet inventaire est complété par une enquête plus limitée entreprise par la Conférence internationale des matières premières.

Les ressources actuelles et futures de bois papetier, et la production de la pâte en Europe, furent examinés à la dernière session du Comité du Bois de l'ECE. Des renseignements ont été reucueillis auprès des organismes gouvernementaux et des associations de producteurs du Canada, des Etats-Unis, de Norvège, de Suède, de Finlande, d'Autriche, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, et d'un certain nombre d'autres pays industriels pour obtenir un aperçu sur leurs projets en ce qui concerne l'accroissement de leur capacité de production en pâte et en papier.

Progrès techniques de la fabrication de la pâte

Le Comité de la Chimie du Bois de là FAO s'est réuni le 1er septembre à Appleton Wisconsin, pour étudier la fabrication de la pâte à partir des feuillus tropicaux et de déchets agricoles. Plusieurs experts connus ont été invités par la FAO à coopérer avec cette organisation pour la préparation d'une conférence technique qui devrait se réunir vers la fin de 1952, afin d'examiner des projets d'essais normalisés de fabrication de la pâte, qui devraient être utilisés en relation avec les projets de la FAO et pour donner un compte-rendu des méthodes actuelles de fabrication de la pâte et du papier à partir des matières premières que l'on trouve dans les pays insuffisamment développés d'Europe et d'Amérique du Sud.

Reconnaissances en vite de l'établissement d'industries de la pâte et du papier

Des accords pour l'envoi de missions d'assistance technique en vue d'examiner les conditions locales ont été conclus avec les pays suivants: Bolivie, Cambodge, Colombie, Costa

Rica, Cuba, Equateur, Grèce, Haïti, Inde, Iraq, Népâl, Paraguay, Pérou, Turquie, Venezuela, Yougoslavie. Sept autres pays où travaillent déjà des missions forestières de la FAO, ont demandé l'envoi d'experts de la pâte et du papier: Brésil, Chili, Ethiopie, Indonésie, Mexique, Pakistan, Thaïlande. En même temps, des techniciens du Royaume-Uni, de France et de Belgique, étudient également les possibilités de production de pâte et de papier dans les colonies et pays sous mandat, spécialement en Afrique.

De tous les renseignements reucueillis auprès de ces différentes sources, la FAO espère constituer une documentation indiquant: (a) De combien la capacité de production de pâte et de papier pourra être accrue pendant les dix prochaines années; (b) Où, à quel prix, et dans quelles conditions un tel accroissement pourra être réalisé; (c) Quels seront les rapports entre cette production possible et les besoins à prévoir dans les différentes régions. De cette manière, on pourrait établir un ordre de priorité qui faciliterait le choix des régions et des localités les plus favorables, après estimation des disponibilités en matières premières et du prix de revient.

Un rapport résumant les résultats de ces différentes enquêtes sera présenté au Conseil économique et social des Nations-Unies en 1953.

Mission forestière de la FAO au Chili

Forêt vierge d'Araucaria au Chili (Araucaria araucaria) dans le Parc national de Nahuel Buta, Chili. Photographie prise par un membre de la Mission forestière de la FAO au Chili.

Le travail peut-être le plus important réalisé par la Mission forestière de la FAO au Chili pendant sa première année d'activité a été la contribution qu'elle a apporté à la révision de la législation forestière existante. La Mission conseilla un Comité nommé par le Ministère des terres et de la colonisation (Ministry of Lands and Colonisation) qui avait rédigé les grandes lignes d'un code, représentant un progrès réel sur la législation existante, en ce qui concerne les points suivants:

Dispositions tendant à protéger de la destruction et d'un usage abusif ce qui subsiste des surfaces boisées appartenant à l'Etat - règlements pour la protection et l'aménagement rationnel des forêts, y compris les forêts privées, là où l'intérêt national l'exige, dans les bassins de réception par exemple - création d'un Service Forestier mieux adapté à sa tâche - programme d'enseignement et de recherches forestières.

Au Chili, les principaux problèmes forestiers, tels que la Mission les a définis, sont la protection des forêts naturelles, la protection du sol contre l'érosion, la nécessité d'un aménagement des forêts en vue d'une production soutenue et d'une organisation meilleure de la production du bois. La Mission entreprend l'étude détaillée et formule des propositions sur les mesures à prendre pour résoudre ces problèmes dans certaines zones restreintes, ou dans des forêts ou associations intéressantes. Ces régions serviront de terrains de démonstration permettant de vérifier l'utilité des mesures correctives ou curatives proposées.

Un des résultats importants obtenus par la Mission a été la décision prise par le gouvernement du Chili d'établir une Ecole forestière rattachée à l'Université du Chili. Un nouvel accord vient d'être signé par la FAO, d'après lequel trois instructeurs doivent être fournis pour la première période de fonctionnement de cette Ecole. Une forêt de démonstration, destinée aux recherches et à l'enseignement pratique, doit aussi être organisée; elle servira de terrain d'étude pendant l'été pour les étudiants forestiers, dans le cadre du programme obligatoire d'enseignement forestier. Elle servira aussi de centre de démonstration pour les industriels et exploitants qu'intéresse la modernisation des méthodes d'exploitation. Des méthodes modernes d'exploitation mécanique et une scierie équipée du matériel le plus moderne pour le débit des bois extrait des régions soumises à un plan d'aménagement, en feront partie. La FAO fournit le matériel qu'on ne peut se procurer actuellement dans le pays, et les autorités chiliennes fournissent les bâtiments nécessaires et le personnel, et assument la responsabilité de l'entretien.

La conservation du sol, particulièrement dans les régions arides du nord et dans les zones côtières, dévastées par des dunes de sable mouvantes, pose au Chili, un problème extrêmement important. Les Missions forestière et agricole travaillent en étroite collaboration pour déterminer l'étendue du problème de l'érosion. Un plan pour la restauration d'une vaste zone de dunes de sable a déjà été présenté.

En ce qui concerne l'organisation de la production du bois, il existe déjà au Chili un projet précis d'économie forestière. La Mission n'essaie pas de modifier radicalement la structure le cette économie, mais d'introduire toutes les améliorations possibles dans les méthodes actuelles d'abattage, de débardage et de transformation. Une étude générale est en cours sur les méthodes actuelles d'exploitation et sur les industries forestières existant dans la Province de Valvida, en collaboration avec la Corporación de Fomento, afin d'établir un combinat d'industries forestières dans la Province.

Sous-commission des questions méditerranéennes

Cet organe de la Commission européenne des forêts et des produits forestiers de la FAO a été créé en 1948, pour s'occuper des questions forestières particulières à la région méditerranéenne et étudier les problèmes relatifs à d'autres régions de climat analogue. La Sous-Commission a tenu sa troisième session à Istanbul, du 13 au 15 mai, sous la présidence du Professeur Pavari (Italie), le Professeur Gonzalez-Vasquez (Espagne) étant vice-président. Cette session a été précédée d'une excursion organisée par le Directeur général des forêts (Turquie) et par les professeurs de l'Université d'Istanbul.

Outre les représentants du pays d'accueil, étaient présents les délégués des pays suivants: Espagne, France et Union Française, Grèce, Israël, Italie, Portugal, Royaume-Uni et Yougoslavie. Le Ministère de l'agriculture a souhaité la bienvenue aux délégués et a exposé les mesures prises par la Turquie pour conserver et protéger la forêt; M. Leloup, Directeur de la Division des forêts de la FAO, a ensuite examiné les multiples problèmes communs qui se posent aux pays de l'Europe méridionale, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. A son avis, il ne sera, peut-être pas impossible, à la longue, de transformer la Sous-Commission en Commission internationale au service de toutes les régions intéressées. M. Leloup a notamment attiré l'attention sul l'intérêt que présente l'eucalyptus pour la solution de certains des problèmes régionaux; il a fait état de la monographie, que la FAO est en train de préparer sur cette espèce. L'orateur a enfin parlé du voyage en Australie, prévu plus tard dans l'année, qui permettra d'étudier l'eucalyptus dans son milieu naturel. M. Métro, qui rédige la monographie précitée, a exposé plus en détail le rôle éventuel des diverses essences et variétés.

La Sous-Commission a souhaité la création de services nationaux restreints, chargés d'examiner l'expérience acquise en ce qui concerne l'eucalyptus et de faire rapport sur les résultats obtenus avec les différentes espèces: la biologie, le traitement sylvicole, et notamment sur la faculté d'acclimatation, le cycle végétatif et les possibilités d'utilisation. L'union internationale des organisations de recherche forestière a été priée d'effectuer des essais de provenance avec les semis d'espèces acclimatées et d'étudier la génétique de l'eucalyptus, ainsi que l'influence de différentes espèces sur l'état du sol.

Forêt et pâturage

M. Fontaine, secrétaire de la Sous-Commission, a analysé brièvement l'étude intitulée «Forêt et Pâturage», que la FAO vient de terminer et qui paraîtra sous peu. Un débat s'est institué sur l'ensemble de la question des rapports entre ces deux modes d'utilisation des terres, qui entrent souvent en concurrence.

Etant donné la grande importance que le pâturage en forêt revêt dans de nombreux pays de la région, la Sous-Commission a demandé qu'un effort méthodique soit tenté en vue d'améliorer les pâturages et herbages naturels et de rechercher les meilleures races d'animaux qui fourniraient le plus haut rendement pour l'effectif le plus faible. Une méthode purement négative consistant à clôturer les forêts et à y interdire le pâturage, est souvent allée à l'encontre de son but, du fait de l'opposition qu'elle provoque et qui est à l'origine des incendies dus a la malveillance. Il faut que tous des services gouvernementaux s'unissent pour trouver des solutions qui répondent aux conditions locales; il faut que, lorsqu'on le lui demande, la FAO guide les efforts des Etats Membres dans ce domaine, qui est capital, en fournissant des avis techniques et en diffusant les résultats obtenus.

Utilisation des produits forestiers

Un ample débat a été consacré à la question des produits forestiers, dits secondaires, de la région méditerranéenne. La Sous-Commission a approuvé le rapport du Groupe de travail permanent sur le liège et il a été décidé de prendre les dispositions nécessaires en vue de la prochaine réunion de ce groupe.

Elle a demandé à la FAO d'examiner s'il serait possible de publier un bulletin qui, basé sur les renseignements fournis par les Etats Membres, étudierait la production et le commerce des résines, glands et autres produits tels que châtaignes comestibles, écorce, gommes, feuilles et matières de tannage.

Autres activités

La Sous-Commission a examiné la carte écologique de la région méditerranéenne établies conformément au programme de travail approuvé, et a décidé d'y apporter certaines modifications et améliorations. Elle a noté que le Portugal était en train d'établir des cartes détaillées de la flore et de l'écologie.


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