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La forêt: ce que chacun doit en savoir

par le personnel de la FAO

Comment faire comprendre la valeur des ressources forestières de chaque pays

La Conférence de la FAO, lors de sa septième session, a exprimé l'espoir que l'on profiterait d?' quatrième Congrès forestier mondial pour susciter dans le public de l'intérêt à l'égard des forêts et pour faire comprendre au plus grand nombre possible d'individus dans le monde la valeur des ressources forestières.

Le bois des arbres de la forêt est un matériau universel. On l'a appelé le «matériau aux mille usages», mais «cent mille» serait plus près de la vérité. Le bois vient en tête de toutes les matières premières. Et pourtant, au cours des âges, dans presque toutes les régions du monde, l'homme, par ignorance, manque de prévoyance, souvent aussi par cupidité, a dépouillé la forêt ou détruit le sol qui lui appartenait de droit et, ce faisant, a été parfois l'artisan de sa propre ruine.

Non seulement la forêt est la source d'une des matières premières se prêtant aux usages les plus divers qui soient au monde, mais elle constitue une association de sol, d'eau, de plantes et d'animaux qui, tous, dépendent étroitement les uns des autres. Ces éléments contribuent à la fois à la constitution et au maintien du sol, l'humus fournissant la matière organique tandis que le couvert forestier protecteur et toute autre couverture végétale empêchent l'érosion. Enfin, les forêts sont l'habitat naturel d'une faune très variée et elles offrent à l'homme une retraite et de multiples possibilités de délassement.

Au cours des dix dernières années, la plupart des pays ont fait un sérieux effort, tant en ce qui concerne la conservation des forêts, des sols et des eaux, que la création de nouvelles forêts. En outre, l'action internationale, qui a pris pour la première fois une ampleur vraiment mondiale, a commencé à porter des fruits. Mais il est indispensable que les initiatives et l'action concertée des forestiers professionnels et de tous ceux qu'intéressent les ressources forestières s'accompagnent d'un mouvement visant à enseigner au grand public - et en particulier aux jeunes générations de tous les pays - la valeur économique de la forêt, l'influence qu'elle exerce sur le climat, le sol et les eaux et surtout la manière la plus profitable dont la forêt peut être préservée afin de remplir ses buts multiples1.

1 Les auteurs ont été grandement aidés dans la préparation de cet article par les suggestions de M. Paul W. Schoen, consultant de la FAO, et de M. Marrou, de la Section de documentation de la Direction générale des eaux et forêts, à Paris. L'UNESCO est l'institution des Nations Unies qui s'occupe principalement de l'éducation.

Education des adultes

Les usages et les fonctions de la forêt sont indispensables à l'existence de tous, et cette nécessité est comprise de quelques - uns. Mais c'est seulement lorsque l'on montre le rapport étroit entre les faits et l'existence même de la population nationale qu'ils peuvent être vraiment et généralement appréciés. Les propriétaires et les ouvriers dont les moyens d'existence proviennent directement de la forêt reconnaissent, dans une certaine mesure, le rôle économique de celle-ci. Mais même les habitants de contrées et de localités situées à proximité de la forêt, qui jouissent des avantages de celle-ci ou en tirent directement ou indirectement un profit matériel, ne comprennent guère ou pas du tout que la prospérité de l'individu est directement liée à la condition des forêts. On constate trop souvent chez l'homme une tendance à - accepter sans réfléchir les bienfaits dont le comble une terre riche en forêts et, dans d'autres cas, à se résigner aux pénuries, même quand elles pourraient être évitées et sont simplement causées par l'inertie. Il faudrait transformer cette attitude en une appréciation active de l'utilité des forêts, et cela en assignant au gouvernement, aux organismes officiels centraux et locaux et aux organisations privées des responsabilités de caractère général ou particulier.

L'éducation des adultes doit viser principalement les trois groupes de population suivants:

a) les propriétaires, les locataires ou les exploitants forestiers, c'est-à-dire les hommes qui sont en contact direct et personnel avec la forêt et dont l'intérêt est de tirer de la croissance des arbres un profit d'ordre matériel ou autre;

b) les ouvriers forestiers ou d'une industrie utilisatrice de bois, qui, tout en tirant leur subsistance de la forêt, acceptent, en général, leur tâche sans y prendre intérêt ou sans en connaître le but;

c) la masse de la population, le grand public, dont les rares contacts avec la forêt ont souvent un effet destructeur et qui, normalement, n'attribue pas à la forêt une influence sur les conditions de vie de l'individu.

Certes, de nombreux gouvernements concentrent avec raison leurs efforts sur les écoles, où l'on peut appliquer un programme d'éducation avec plus de chances de succès et de durée. Toutefois, les moyens propres à éveiller l'intérêt des adultes et à l'orienter ne doivent pas être relégués au second plan. En premier lieu, tant que les écoliers à qui on a appris la valeur des ressources forestières ne seront pas devenus des citoyens actifs et influents, seul un programme d'éducation des adultes peut produire des effets sur la génération actuelle, dont les éléments sont responsables d'une grande partie des destructions subies par le patrimoine forestier.

En outre, il existe déjà, dans beaucoup de pays, des groupes d'adultes plus ou moins influents que leur intérêt en la matière a amené à constituer des associations s'employant activement à sauvegarder, à conserver et à accroître les ressources forestières. Aussi, ces associations privées, soucieuses du bien public et souvent désintéressées, méritent - elles d'être encouragées et l'Etat devrait les aider à organiser des campagnes d'éducation des adultes dans lesquelles on pourrait très bien leur confier certaines responsabilités.

La difficulté de l'éducation des adultes réside surtout dans le fait qu'elle s'adresse à des personnes ignorantes en la matière et n'éprouvant aucune curiosité. On peut toucher les collectivités ayant des attaches matérielles avec la forêt et éveiller leur intérêt en allant droit au fait; un propriétaire forestier, un travailleur de la forêt ou l'ouvrier d'une industrie utilisatrice de bois peut être influencé par une publicité montrant les répercussions directes qu'une exploitation peu ménagère des ressources forestières et le déboisement exercent sur ses bénéfices ou ses moyens de subsistance. Par contre, le grand public exige un traitement plus nuancé; il faut évidemment varier les moyens de propagande suivant la région et le milieu social, la nature des ressources forestières et les modes d'utilisation des terres pouvant affecter certains secteurs de la population. Parmi les catégories de personnes qu'il convient d'atteindre, il peut s'en trouver qui vont jusqu'à considérer les destructions de forêts comme nécessaires pour assurer leur subsistance et le fait qu'elles sont souvent illettrées ajoute à la difficulté d'agir sur elles. L'enseignement doit être simple, clair et intelligible pour la moyenne des individus et même pour les illettrés. Il doit être à la portée du plus grand nombre de personnes possible. C'est seulement ainsi qu'on pourra vraiment fonder sur cet enseignement un espoir pour l'avenir.

Il y a trois moyens efficaces de faire l'éducation du grand public. Pour juger de leur valeur respective, le principal critère est la mesure dans laquelle l'intérêt éveillé dans le public peut être entretenu. On relève dans les réponses des Etats Membres de nombreux exemples d'efforts louables déployés pour éveiller l'intérêt, mais auxquels on a renoncé ensuite ou qui se sont relâchés, faute d'une collaboration réelle de la part du grand public, faute de stimulants suffisants pour soutenir l'intérêt, faute d'une force qui anime, qui guide et qui fasse naître un esprit de suite.

Premièrement, le gouvernement peut se charger d'appliquer un programme d'éducation. Il possède selon toute probabilité des renseignements détaillés et à jour sur la production et la consommation nationales de bois considérées dans leurs rapports avec les besoins du marché intérieur et du marché international. Il peut, par l'orientation qu'il donne et les dispositions législatives qu'il édicte, faire mieux sentir à la population le lien qui existe entre les ressources forestières et le bien - être général. Mais ces mesures ne suffisent pas toujours à produire des résultats positifs et l'on ne peut guère compter qu'elles fassent naître un intérêt véritable, qu'elles éveillent le sens des responsabilités ou puissent orienter l'initiative individuelle et collective vers une gestion rationnelle du patrimoine forestier.

Le second moyen consiste à s'en remettre à l'initiative privée, mais, dans ce cas, il ne peut y avoir d'action constructive que si l'intérêt personnel ou l'instinct de la conservation entre en jeu. Si l'action entreprise trouve un écho favorable, ce ne sera vraisemblablement que sur le plan local, de sorte que l'objectif principal d'un effort de ce genre, qui est de gagner à la cause le plus grand nombre possible d'individus et d'organisations, ne sera pas atteint.

Reste la troisième formule, dont l'adoption est toute indiquée, à savoir celle qui consiste, pour l'Etat et pour les particuliers, à accomplir un effort concerté, en collaborant à des réalisations communes, effort auquel tous sont invités à participer et à assumer une responsabilité, chacun dans une sphère bien déterminée. C'est la meilleure manière de s'attaquer au problème et celle qui offre le plus de chances de succès.

Le rôle de l'Etat est d'assurer la direction générale et d'encourager les efforts tendant à la réalisation de l'objet désiré. Toutes les données du problème étant connues des pouvoirs publics, les efforts faisant double emploi, qui seraient inévitables si le rôle directeur était laissé à l'initiative privée, ne risquent pas de se produire. De plus, l'Etat est en mesure de donner des encouragements et une aide sous de nombreuses formes: aide technique, juridique, sociale et financière, et c'est lui qui est le plus à même d'assurer la continuité de l'action et la poursuite inlassable du but final.

La tâche des éléments privés associés à une telle action concertée consiste d'abord à assurer, sur le plan local, le succès de l'ensemble du programme et à intéresser le plus possible à celui-ci toutes les classes de la population, en répartissant entre les habitants les tâches à accomplir. En d'autres termes, c'est à des personnes physiques ou morales privées qu'incombe l'organisation locale et le soin de préparer le grand public à répondre à tout l'effort déployé pour l'éduquer.

Fêtes des arbres

Les fêtes ou les journées des arbres sont un moyen de concentrer l'attention sur une campagne d'éducation du public.

Dans de nombreux pays, on célèbre depuis longtemps, tous les ans, la fête des arbres ou de la forêt. Il se peut en fait, que cette tradition remonte à l'antiquité, à l'éveil du sentiment religieux, et soit due au respect mêlé de crainte qu'inspiraient les puissances que les arbres représentaient. Les mythes se rapportant aux arbres - qui prêtent peut-être maintenant à sourire avec indulgence - n'en renferment pas moins, en germe, une physiologie rationnelle et une connaissance scientifique de la nature. Aussi, quelle que soit l'origine des fêtes des arbres, convient - il de profiter de ces manifestations pour servir le but que s'est proposé la FAO, à savoir la conservation et l'utilisation judicieuse des forêts en tous lieux.

Il est assez intéressant de constater que, souvent l'enthousiasme suscité par la journée des arbres ou toute autre manifestation analogue, le soin apporté à assurer le succès des fêtes de ce genre et les efforts déployés pour qu'elles aient des résultats durables, sont en fonction directe de la conscience qu'a le pays de la nécessité de ressources forestières; ou, lorsque le patrimoine forestier est encore suffisant, de la mesure dans laquelle la nécessité de le protéger et de le maintenir en bon état apparaît à un public n'ayant pas encore pleinement le sens de ses responsabilités en la matière; ou, enfin, de la mesure dans laquelle les gens se rendent compte de la situation créée par des catastrophes ou des destructions provoquées par des actes irréfléchis d'un secteur de la population.

Les pays qui, depuis longtemps, regardent le bois comme leur principale richesse ou qui savent que le maintien d'un couvert forestier protecteur est une nécessité vitale, ressentent moins le besoin de glorifier les arbres, la valeur économique et physique de la forêt étant une notion que les habitants, à quelque secteur de la population qu'ils appartiennent, ont apprise dès leur plus tendre enfance. Tel est, par exemple, le cas de la Suisse; en Suède aussi, pays où la forêt joue un rôle très important dans l'économie nationale, I a seule manifestation spéciale est la «Semaine de la forêt» qui est organisée au moment où de nombreuses associations forestières tiennent, dans la capitale, leur réunion annuelle; ces réunions et les conférences qui ont lieu à leur occasion font l'objet d'une certaine publicité dans la presse.

Il est impossible, dans cet article, d'entrer dans le détail de l'organisation d'une fête des arbres ayant le caractère d'une manifestation nationale; on ne peut pas non plus, faute de place, exposer les éléments qu'il faut réunir pour susciter un effort auquel tous les membres de la collectivité, hommes, femmes et enfants' puissent participer avec le sentiment qu'ils ont personnellement intérêt à le faire. Cet effort doit être de ceux dont chacun se souviendra avec plaisir et une certaine fierté, et avec le sentiment d'avoir appris quelque chose et contribué au bien - être de la communauté et de la nation toute entière2.

2 On trouvera plus de détails dans la publication de la FAO, intitulée La fête mondiale des arbres, qui doit paraître prochainement dans la collection «Mise en valeur des forêts».

On peut célébrer la fête en un seul jour, mais il est préférable d'organiser une série de manifestations à buts éducatifs analogues qui atteindront leur point culminant durant une fin de semaine, au début de la saison des plantations. Il y aurait avantage à faire coïncider, chaque fois que ce serait possible, la journée des arbres avec une fête qui lui donnerait l'aspect patriotique qu'elle mérite. Plusieurs gouvernements ont pu apprécier cet avantage. En outre, de nombreux pays ont pris un arbre comme emblème national et, en Amérique du Nord et du Sud, des comités composés de personnalités influentes du monde des affaires et des professions libérales s'emploient, dans différentes provinces, à intéresser le public à des essences locales en choisissant un arbre comme emblème. Ce choix est précédé d'un concours public destiné à permettre à la population de se prononcer.

D'autre part, il serait indiqué d'associer, dans certains pays, les manifestations en faveur des arbres à des fêtes religieuses. Des journées d'action de grâces pour les biens de la terre comprenant la célébration de la fête des arbres, des expositions florales et des manifestations de groupements d'amis de la faune et de la flore et d'associations de naturalistes feraient mieux sentir à tout le monde que le boisement est une forme d'utilisation des terres au même titre que la production agricole ou autre.

L'élément qui a une importance capitale dans la préparation de la fête est la propagande. Le mode de celle-ci varie suivant les pays: on a recours le plus volontiers, avec raison d'ailleurs, aux moyens audio-visuels, qui sont les plus propres à atteindre toutes les catégories de la population. Les plus couramment utilisés sont, en général, le cinéma et la radio, auxquels vont bientôt s'ajouter la télévision. Mais il existe bien d'autres moyens de publicité, tels que les conférences accompagnées de projections, les affiches (dont la mise en concours dans tout le pays ou toute la région pourrait améliorer la qualité), les vignettes à coller sur les pare-brise de voitures ou sur les enveloppes, les oblitérations postales, les formules de propagande pour les machines à affranchir dont se servent de grandes maisons de commerce et de grands organismes ayant à expédier un courrier volumineux, les décorations sur la voie publique et les expositions dans les vitrines de magasins, les couvercles de boîtes d'allumettes et les emballages de bonbons et même, comme au Japon, des cigarettes d'un genre inédit. Il y a aussi les publications et tracts spéciaux sur la question, les articles de journaux et les communiqués à la presse; enfin, la vente de boutons et d'insignes, de programmes - souvenirs comportant des réclames dont le produit contribuera à couvrir les frais de la fête.

Les écoliers

L'organisation de fêtes des arbres peut aussi accroître l'intérêt des programmes d'éducation de la jeunesse et des enfants des écoles.

Tout ceci a été compris de bonne heure dans le pays où la «Journée des arbres», telle qu'on la conçoit de nos jours, a pris naissance3. Qu'il nous soit permis de citer à ce propos l'extrait suivant de Arbor Day (Journée des arbres), tract publié par le Département de l'agriculture des Etats-Unis:

3 La Journée des arbres, telle qu'on la conçoit de nos jours, est d'origine américaine (Arbor Day), et est issue des conditions particulières aux Grandes Plaines. Elle a été célébrée pour la première fois au Nebraska, en 1872. Comme dans beaucoup d'autres pays, par la suite, les organisateurs de cette manifestation avaient mis leurs espoirs de succès dans les plantations d'arbres auxquelles procéderaient les institutions publiques, les sociétés agricoles et les particuliers. Des prix étaient attribués à ceux qui plantaient et faisaient reprendre le plus d'arbres.

«...sous l'autorité du directeur de l'enseignement... les enfants des écoles de la ville ont joué un rôle prépondérant dans les manifestations, qui comportaient, entre autres, un défilé dans les rues jusqu'à Eden Park, où des arbres ont été plantés à la mémoire d'hommes éminents. Près de 20.000 enfants ont participé aux chants et aux déclamations et ont disposé de la terre autour des arbres qui étaient déjà mis en place. Deux faits nouveaux caractérisaient cette fois le programme de la Journée des arbres: elle est devenue une fête scolaire et a été, pour la première fois, marquée par la plantation d'arbres et de bosquets du souvenir».

Ces innovations ont beaucoup contribué à propager le mouvement dans le pays entier; en outre, la manifestation est devenue, pour les enfants, une fête alliant l'utile à l'instructif et à l'agréable; elle a permis de faire comprendre à de jeunes intelligences la valeur des arbres et la nécessité de les conserver.

Dans presque tous les Etats-Unis, les textes législatifs concernant la Journée des arbres mentionnent, aujourd'hui, le concours des écoles. Voici, à titre d'exemple, les dispositions d'une loi de l'Arizona: «A l'occasion de la Journée les directeurs de toutes les écoles publiques réuniront les élèves de leurs établissements et organiseront et dirigeront, sous la haute autorité du directeur de l'instruction publique de l'état, des exercices scolaires propres à encourager la plantation, la protection et la sauvegarde des arbres et arbustes, ainsi qu'à enseigner les moyens les plus efficaces d'y parvenir. Les directeurs d'établissements feront, en outre, planter des arbres autour des bâtiments scolaires, en organisant des séances récréatives appropriées.»

Dans de nombreux autres états, les élèves ont congé pour la Journée des arbres; l'administration de l'enseignement et les maîtres doivent veiller à ce qu'ils la célèbrent «en plantant des arbres ou en se livrant à d'autres exercices appropriés». Dans d'autres états, les écoles peuvent éventuellement avoir congé à l'occasion de la Journée des arbres, mais à la condition de la consacrer «à des fins indiquées par le gouverneur et le Conseil».

Dans beaucoup de pays, les écoles ont participé activement aux plantations solennelles d'arbres organisées par les autorités officielles. Dans les villes notamment il peut s'agir de planter dos arbres le long d'avenues ou de rues, pour embellir des parcs, décorer des monuments aux morts ou orner les abords d'édifices publics, lorsque les écoles n'ont pas de terrains de jeux ou que Ceux-ci sont déjà entièrement plantés. A la campagne, les plantations peuvent être plus importantes et aller d'alignements en bordure de routes à l'aménagement de parcelles en vue de la production de bois de chauffage, de rideaux protecteurs, à la création de bosquets scolaires, au boisement pour la protection d'aires d'alimentation en eau et pour la lutte contre l'érosion. Dans certains pays, au Royaume-Uni notamment, on a récemment jugé nécessaire de donner plus d'ampleur à ces activités; l'administration des forêts (en l'occurrence la Forestry Commission), de même qu'elle fournit des plants pour la Journée des arbres, met des parcelles composées d'arbres de différents âges à la disposition des écoles, qui les «adoptent» et se chargent de les soigner et de les entretenir. Un tel système donne aux écoles et à des groupes d'élèves, comme les «Petits amis de la forêt» ou les «Petits pionniers», la possibilité de se livrer à des activités forestières pendant toute l'année.

En Islande, il existe une loi instituant la «Journée des écoles», dédiée au boisement, qui prescrit de faire planter des arbres une fois par année scolaire, à une époque propice au boisement. La plantation s'effectue, sous la direction d'un contremaître compétent, à proximité de l'école. D'autres dispositions sont prévues pour les cas où la localité ne se prête pas à la plantation d'arbres.

L'école ferait bien davantage pour développer chez les enfants le sens du devoir et éveiller leur intérêt si elle pouvait, grâce à des subventions de l'Etat, comme cola se fait dans l'état de Victoria (Australie), ou à des dons de parents et amis, disposer des ressources nécessaires pour acheter, à proximité, un terrain qu'elle ferait boiser ou reboiser par les élèves. Un exemple nous vient d'Espagne où la Journée dos arbres a été remplacée par la «Journée dos parcelles forestières scolaires».

Dans ces conditions, il faudrait enseigner aux élèves toutes les opérations que comportent l'aménagement et l'entretien d'un terrain boisé, depuis la récolte des semences et la culture des semis en pépinière jusqu'à la préparation du terrain, la plantation des sujets et enfin au soin et à la protection des jeunes arbres, les grands élèves qui peuvent suivre le cycle de croissance d'un arbre apprennent à dégager une coupe, à mesurer une forêt, à utiliser et à commercialiser les arbres de tout âge. Le fait d'avoir été pour quelque chose dans l'utilisation et la commercialisation des produits de la parcelle scolaire, donnerait certainement à ces grands élèves conscience de la valeur économique de la forêt.

Les écoles, qu'elles soient laïques ou confessionnelles sont les seules institutions qui exercent une influence durable sur presque tous les membres de la population nationale; les impressions faites sur l'esprit des enfants par l'enseignement, les préceptes ou l'exemple, au cours des toutes premières années formatrices, persistent jusqu'à la vieillesse.

La foresterie et les soins à donner aux arbres pourraient faire partie des programmes d'enseignement4, et la Journée des arbres, placée au seuil de la saison propice, pourrait être marquée par des plantations auxquelles participeraient tous les établissements scolaires. Au cas où les maîtres n'auraient pas les connaissances techniques nécessaires, on pourrait faire appel, pour diriger les travaux, au concours de forestiers qualifiés de l'Etat. D'autre part, la forêt pourrait devenir un sujet de leçons plus classique, et servir de thème dans l'enseignement de la plupart des matières: orthographe et écriture, littérature, langues vivantes, mathématiques, musique même et, bien entendu, botanique biologie et sciences connexes, géographie, dessin et travail du bois.

4 Dans l'Arkansas, l'étude des moyens do lutte contre l'incendie figure au programme des classes primaires do toutes les écoles publiques, «tous les élèves doivent recevoir un enseignement spécial on cette matière et dont la durée doit être d'au moins 20 minutes par semaine». La loi autorise également l'emploi do manuels traitant dos moyens do lutter contre le feu. La Californie fixe une date pour la célébration, par les écoles, d'une journée do la conservation dos ressources naturelle, notamment dos oiseaux et dos arbres. Ce jour - là, les classes no vaquent pas, «mais le travail scolaire doit comprendre dos exercices propres à inculquer la notion de la valeur économique des oiseaux et dos arbres, à faire naître la volonté do les protéger, à faire comprendre la valeur économique dos ressources naturelles et l'intérêt qu'il y a à les conserver». Le Conseil d'administration des écoles et les offices municipaux do l'instruction publique sont habilités à organiser dos cours relatifs aux forêts, à louer ou à acheter dos terrains boisés à procéder à dos travaux do boisement et do reboisement à faire planter dos arbres, des arbustes et de la vigne sur ces terrains ou sur tous autres terrains appartenant à dos collectivités publiques mis à leur disposition, et enfin à amener les élèves sur les lieux ou s'effectuent des travaux forestiers ou qui se prêtent à des démonstrations pratiques.

Le bosquet do l'école pourrait servir, tour à tour, pour la récréation et pour les classes en plein air; afin d'encourager et de récompenser les élèves obtenant de bons résultats avec les arbres qu'ils ont plantés et soignés ou ceux qui collectionnent des documents relatifs à la forêt, des dessins, des textes en prose ou en vers, ayant l'arbre pour sujet, on pourrait les admettre dans une «association des amis de la forêt», au sein de laquelle on pourrait tirer tout le parti possible du puissant attrait qu'exercent les insignes et boutons décernés à titre de récompenses. Les organisations de scouts et de guides, dont les écoliers font volontiers partie, pourraient également participer, surtout pendant les vacances, au soin des bois et des pépinières des écoles5.

5 En Inde, le gouvernement central et les autorités des différents états attribuent, chaque année, aux établissements scolaires, aussi bien qu'à des groupes d'adultes des écussons destinés à récompenser des actes méritoires en faveur des forêts. En Italie, on récompense les enfants qui se signalent par des soins particuliers apportés aux arbres, et l'on organise des excursions pour permettre de constater les résultats obtenus dans d'autres régions au cours des années précédentes.

Les écoles échangeant leur revue avec celles d'autres établissements pourraient insérer dans leur propre publication des articles, des informations, des photographies et des dessins concernant les bois scolaires; elles inciteraient d'autres écoles à imiter leur exemple.

Lorsque les écoles urbaines se trouvent dans l'impossibilité d'«adopter» ou de posséder un bois, on pourrait associer une école urbaine et une école rurale dans un effort commun. La première fournirait par exemple les fonds nécessaires, tandis que la seconde effectuerait le travail matériel et veillerait à l'entretien des plantations. Les élèves de l'école urbaine pourraient se rendre sur place, surtout à l'occasion de la Journée des arbres, pour participer aux plantations; ces sorties seraient extrêmement utiles, non seulement parce qu'elles permettraient aux petits citadins de contribuer à l'agrandissement du bois, mais aussi parce qu'elles leur feraient mieux comprendre le but même de la Journée.

La «Journée des arbres» doit et peut marquer, aussi bien aux yeux des enfants que des grandes personnes, le point culminant d'une année bien employée et annoncer une nouvelle année de collaboration, dominée par l'espoir d'une vie meilleure. Pareille initiative suscite l'enthousiasme des jeunes et les encourage à unir leurs efforts pour accroître le bien - être dans leur village ou leur ville, dans leur pays, dans le monde.


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