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Les ressources forestières mondiales

En 1953, la FAO a fait un deuxième inventaire des ressources forestières mondiales. Les premiers résultats sont présentés sous forme résumée dans l'article ci-après, qui donne également des indications sur le champ de l'inventaire et ses limites, ainsi que sur certains des principaux problèmes qui ont été rencontrés au cours de l'enquête. Un compte rendu détaillé des résultats obtenus paraîtra bientôt sous le titre Inventaire forestier mondial, 1953. Les chiffres définitifs seront peut-être quelque peu différents de ceux qui sont cités plus loin, étant donné que certains pays importants n'ont pas encore communiqué leur réponse à la FAO les données qui figurent pour ces pays peuvent donc se rapporter à la situation telle qu'elle existait il y a plusieurs années.


Conclusions

Une bonne politique forestière nationale a pour objet de développer et d'exploiter rationnellement les ressources forestières selon le principe du plus grand bien pour le plus grand nombre possible d'habitants. Pour déterminer cette politique, il est nécessaire d'avoir des informations aussi précises que possible sur les ressources en bois du pays. Ces informations seront fournies par l'inventaire forestier. Pour apporter tous les éléments nécessaires à l'élaboration d'une politique forestière, cet inventaire devra donner des indications sur la surface boisée, la propriété forestière, la composition des forêts et les règlements d'aménagement auxquelles elles sont soumises, ainsi qu'une évaluation des volumes du bois sur pied, de l'accroissement annuel, des abattages et des quantités enlevées.

La nécessité de procéder à des inventaires portant sur tous les pays du monde s'impose pour deux raisons. En premier lieu, la population mondiale augmente régulièrement, en moyenne de 1 pour cent chaque année; en revanche, les ressources forestières sont relativement stationnaires dans l'immédiat, tout au moins en quantité. Il est donc nécessaire de faire des efforts dans tous les pays du monde pour que la production forestière puisse s'élever dans les mêmes proportions que les besoins mondiaux. En deuxième lieu, puisque les conditions qui déterminent la répartition des forêts sont indépendantes des frontières politiques, géographiquement les besoins ne coïncident pas avec les ressources. Il est donc nécessaire de coordonner les politiques forestières nationales. En d'autres termes, les peuples de toutes les nations et de toutes les régions prennent de plus en plus conscience de leur interdépendance, de l'existence d'un «monde unique».

La FAO s'intéresse à cette situation et ce, non seulement parce que les forêts sont un réservoir de matières premières importantes, mais aussi parce qu'elles jouent un rôle décisif dans l'économie agricole, en protégeant les terres cultivées et en régularisant le régime des eaux. Pour permettre non seulement l'exécution du programme de la Division des Forêts, mais celle du programme d'ensemble de la FAO, il est donc absolument nécessaire que les ressources forestières mondiales soient connues. C'est pour ces raisons qu'à la deuxième session de sa Conférence, tenue en 1946, la FAO a décidé d'entreprendre un inventaire des ressources forestières du monde, et qu'elle a demandé à cet effet à tous les Etats Membres de communiquer les évaluations les plus récentes dont ils disposaient. Les résultats de l'enquête ont été publiés dans Unasylva¹.

¹ «Les ressources forestières mondiales», Unasylva, Vol. II, N° 4, juillet - août 1948, et Vol. IV, N° 2, avril - juin 1950.

Il est bien évident qu'une enquête de ce genre doit être répétée à intervalles réguliers. La superficie et la production forestières peuvent se modifier et les conditions économiques de l'exploitation varient en fonction de certains facteurs: amélioration des facilités de transport, progrès techniques en matière d'extraction et d'utilisation, emploi d'espèces jusqu'alors non commerciales et accroissement démographique. Par ailleurs, les statistiques nationales s'améliorent constamment. Ainsi, ce qui varie sans cesse ce n'est pas seulement la surface boisée, le matériel sur pied, l'accroissement et les abattages, mais aussi l'exactitude des statistiques qui s'y rapportent. Il est donc nécessaire de procéder à des examens périodiques de la situation et c'est pourquoi, à sa sixième session tenue en 1951, la Conférence de la FAO a recommandé que l'Organisation rassemble et publie tous les cinq ans les informations disponibles sur les ressources forestières du monde entier, l'inventaire suivant devant être entrepris en 1953.

Conformément à cette recommandation, des experts se sont réunis à Genève en 1952 pour étudier les définitions à employer et déterminer le champ de l'inventaire de 1953. Des questionnaires furent établis d'un commun accord et adressés à tous les Etats Membres, y compris les territoires dépendants. En même temps, la FAO recueillait des informations de sources officielles et non officielles sur les ressources des pays non membres.

On peut compter 212 pays et territoires dépendants; dans 12 d'entre eux, la superficie totale des terres est inférieure à10.000 hectares, tandis que dans 44 autres, la superficie boisée n'est pas supérieure à 10.000 hectares.

Les réponses au questionnaire de 1953 et les résultats du premier inventaire, complétés par les données recueillies avec l'aide des autorités des Etats Membres, des rapports officiels et des travaux effectués sur place par les experts de l'assistance technique de la FAO ont permis de réunir des informations, notamment en ce qui concerne la surface boisée, pour 198 pays. Dans les 14 pays et territoires restant, ou bien il n'y a pas de forêts ou bien leur étendue est négligeable. L'inventaire dé 1953 fournit donc, de la situation des forêts dans le monde, le tableau le plus complet qui ait été publié jusqu'à ce jour. Le tableau 1 présente les diverses sources des informations qu'il contient.

TABLEAU 1. - SOURCES DES INFORMATIONS

Sources

Nombre de pays

Pourcentage de la superficie baisée totale du monde

Réponses au questionnaire de 1953

109

69

Réponses au questionnaire de 1947

12

3

Statistiques officielles

71

27

Rapports non officiels

6

1

On n'a pas tenté de rapprocher les résultats de l'inventaire de 1953 de ceux de l'inventaire de 1947, étant donné qu'aucune comparaison valable n'est possible. En effet, indépendamment du fait que les définitions ont changé², beaucoup d'autres éléments contribuent à fausser la comparaison. En vue de l'établissement de l'inventaire mondial, les pays communiquent chaque fois les résultats de leur dernier inventaire national. Or, dans certains pays, dont plusieurs sont de grands pays forestiers, il n'y a pas eu d'inventaire depuis 1947, si bien que les modifications qui s'y sont produites au cours des sept. dernières années n'ont pas encore été enregistrées. En outre, en 1947, de nombreux pays touchés par la guerre n'étaient pas en mesure d'évaluer avec exactitude les conséquences des coupes excessives et des destructions de forêts et n'ont pu soumettre que des relevés provisoires; la précision plus grande de leurs dernières statistiques masque les changements réels qui se sont produits. Dans un grand nombre de pays, en particulier dans les régions insuffisamment développées, L'amélioration des services de statistique au cours des dernières années dépasse tout ce que l'on pouvait espérer. Enfin, même à l'heure actuelle, dans la grande majorité des pays, il n'y a pas eu d'inventaire complet, mais seulement des évaluations sur la base d'inventaires partiels. Ainsi, que l'on considère le monde dans son ensemble ou chaque pays séparément, la différence qui existe entre les chiffres communiqués en 1947 et ceux de 1953 provient surtout du fait que les statistiques sont à la fois plus complètes et plus exactes; il est donc tout à fait impossible de tirer des conclusions définitives quant aux changements intervenus effectivement dans la situation des forêts. Il y a des facteurs qui ont un caractère passager et tiennent aux difficultés particulières à la période qui a immédiatement suivi la guerre. Comme la situation s'améliore sans cesse, que les méthodes utilisées sont plus uniformes et les définitions plus claires, il y a tout lieu d'espérer qu'il sera possible de formuler des conclusions utiles lorsque les résultats de l'inventaire de 1958 seront mis en regard des résultats de l'inventaire actuel. L'inventaire de 1947 avait avant tout une valeur d'expérience. Il est peu probable que les méthodes suivies pour les inventaires mondiaux qui seront effectués dans l'avenir s'écartent sensiblement de celles qui ont été mises au point pour l'inventaire de 1953.

² On trouvera plus loin un exposé succinct des changements principaux; un compte rendu détaillé sera publié dans Inventaire forestier mondial, 1953.

Un inventaire des ressources mondiales ne peut fournir une réponse à toutes les questions qu'un inventaire national doit poser. Il peut apporter des indications sur l'étendue des forêts du monde et la valeur des ressources qu'elles renferment. Mais il ne peut déterminer avec certitude si les forêts sont réparties de manière à remplir au mieux leur rôle de production et de protection; il ne peut non plus prétendre fournir un tableau complet de la répartition des arbres par âges et par espèces, ni donner une idée des résultats que la sylviculture permet d'obtenir en ce qui concerne la qualité de la production. Un inventaire national permettra de répondre à ces questions et à beaucoup d'autres. Elles n'entrent pas dans le cadre d'un inventaire mondial qui doit se borner à mettre en évidence un nombre limité de faits saillants.

Les renseignements recherchés

Les experts qui ont rédigé le questionnaire de 1953 devaient trouver une formule de compromis acceptable qui tienne compte de la nécessité, à la fois de maintenir une certaine continuité avec l'inventaire précédent et d'apporter les modifications que justifiaient l'expérience acquise et les progrès très réels qui avaient été accomplis dans le domaine des statistiques forestières nationales au cours des années précédentes.

Il a été nettement démontré, grâce à l'inventaire de 1947, que la distinction établie entre forêts productives et forêts improductives était arbitraire; nombre de pays estimaient impossible de soumettre des renseignements valables s'ils devaient les classer ainsi. C'est pourquoi la classification simple adoptée pour l'enquête de 1953 repose essentiellement sur une distinction entre forêts accessibles et forêts inaccessibles, la première catégorie comprenant, mais en les mettant à part, les «forêts non exploitées mais accessibles». Pour des raisons du même ordre, en 1953, les pays n'ont été invités à fournir des renseignements détaillés que sur les «forêts utilisées», alors qu'en 1947 ces renseignements devaient porter sur toutes les forêts productives accessibles.

Etant donné que l'inventaire de 1953 concerne essentiellement les forêts utilisées, sur lesquelles il existe une assez bonne documentation, étant donné, par ailleurs, les grands progrès effectués en matière de statistiques forestières depuis 1947, il a été décidé de rassembler plusieurs importantes catégories de renseignements qui ne figuraient pas dans l'inventaire précédent, par exemple, sur la situation actuelle de l'aménagement des forêts (superficie des forêts aménagées avec règlement d'exploitation, méthodes de coupe, possibilité). Pour mettre en évidence la distinction entre les abattages et les quantités enlevées, on a prévu des questions sur les pertes à l'exploitation et les pertes au flottage. Une rubrique spéciale se rapporte aux volumes de bois rond fournis par l'abattage d'arbres hors forêt, volumes qui atteignent des chiffres élevés dans de nombreux pays, notamment en Europe et dans le bassin méditerranéen. Une autre nouvelle rubrique a trait aux variations de la superficie forestière (forêts inaccessibles qui sont devenues ou deviendront accessibles, boisement, conversion de superficies boisées à d'autres usages), éléments qui influeront tous sur l'avenir de la production de bois rond. Les informations contenues dans l'inventaire de 1953 se répartissent donc entre les grandes rubriques ci-après:

1. Superficie forestière par rapport aux autres catégories de terres.
2. Forêts utilisées: aménagement, bois sur pied, accroissement, abattages et quantités enlevées.
3. Forêts accessibles: utilisation et régime de propriété.
4. Autres sources de bois rond.
5. Variations des ressources forestières³.

³ Ces variations ne sont pas étudiées dans le présent article.

Les définitions adoptées dans le questionnaire de 1947 reposaient pour une trop grande part sur l'expérience des pays développés, où les surfaces cultivées et les surfaces boisées sont bien distinctes et où la plupart des forêts font depuis longtemps l'objet d'une exploitation rationnelle. Ces définitions ne s'appliquaient pas toujours dans les pays moins développés et ne tenaient pas compte de certaines différences fondamentales qu'on constate de pays à pays, même entre pays développés. Des définitions ravisées ont donc été utilisées pour le questionnaire de 1953 et il a été prévu que les pays fourniraient des explications détaillées sur les différences qui existent entre leurs propres définitions et celles qui figurent dans le questionnaire4. Néanmoins, certaines difficultés se sont produites, et il peut être utile de donner ici un bref aperçu de quelques - unes d'entre elles, car cela met en lumière les problèmes que pose l'établissement d'un inventaire des ressources forestières mondiales.

4 Il n'est pas possible, faute de place de préciser dans ce court article la portée des chiffres cités plus loin, qu'il s'agisse des chiffres détaillés ou des totaux. Au contraire, dans l'Inventaire forestier mondial, 1953, tous les chiffres seront accompagnés de notes détaillées.

Doit être considérée comme forêt toute terre recouverte d'une association végétale où dominent les arbres ou arbrisseaux. Mais dans de nombreuses régions - par exemple en Afrique - la forêt touffue s'éclaircit peu à peu en espaces non boisés dont le sol est recouvert d'herbe, avant de faire place à des taillis et à des broussailles. Dans ces conditions, où finit la forêt et où commence la brousse? Dans bien des cas, l'administration locale répond à cette question comme elle le juge bon, si bien que des superficies classées comme forêts peuvent en réalité ne comporter à l'hectare que quelques arbres petits et déformés, en plus de broussailles épineuses sans valeur économique. Les pâturages qui se trouvent situés à l'intérieur de la forêt, qu'ils servent aux animaux sauvages ou aux animaux domestiques, sont le plus souvent classés comme forêts, car ils sont en général soumis au contrôle des services forestiers. Ainsi, le terme «forêt», au sens adopté dans l'inventaire, englobe des peuplements de densités très diverses. La culture nomade - c'est-à-dire l'utilisation alternative des terres pour l'exploitation forestière et pour la culture - soulève un autre problème; certains pays considèrent ces terres (qui sont boisées, mais où les arbres sont périodiquement incendiés et coupés à blanc) comme des forêts, d'autres comme des landes, et d'autres comme des terres agricoles. Etant donné que l'agriculture nomade joue un rôle important dans de nombreuses régions, il faudra tenir tout particulièrement compte de ce problème lors de l'établissement d'un nouvel inventaire.

Sont considérées comme forêts accessibles les forêts qui sont et qui peuvent être aménagées ou exploitées dans des conditions économiques comme source de produits forestiers. Mais l'accessibilité d'une forêt varie non seulement en fonction des facilités de transport et des communications, mais en fonction des méthodes de coupe et de la nature du produit que l'on cherche à obtenir. Une forêt peut être accessible pour les habitants d'un village écarté, qui en retirent du bois de chauffage, sans pour autant pouvoir faire l'objet d'une exploitation importante de bois d'œuvre et d'industrie.

On peut travailler avec une simple scie en des endroits que l'outillage mécanique moderne ne peut pas atteindre. L'accessibilité est donç une notion arbitraire autant que passagère (tout en étant moins difficile à évaluer que l'ancienne notion de «forêt productive»), et il faudra tenir compte de ce fait pour interpréter les résultats de l'inventaire.

C'est peut-être entre les méthodes suivies par les divers pays pour l'évaluation du volume du bois sur pied dans les forêts utilisées que les différences ont été les plus sensibles; bien entendu, ces différences ont également porté sur les évaluations de l'accroissement et de la possibilité. Dans les cas extrêmes, les pays n'ont fait entrer dans leurs évaluations que les arbres de plus de 40 ans ou de plus de 40 centimètres de diamètre à 1,30 mètre du sol. Certains pays ont inclus les cimes, les souches et les branches, d'autres les ont exclues. Le tableau 2 indique les méthodes suivies dans les 57 pays qui ont pu fournir des détails complets.

TABLEAU 2. - ESTIMATION DU VOLUME SUR PIED

Type de matériel sur pied

Nombre de pays

qui comprennent dans leurs estimations

qui excluent dans leurs estimations

Tous les arbres de la forêt

30

27

Les branches

10

47

Les cimes au-dessus du diamètre marchand

23

34

Quelques exemples mettront en lumière l'écart qui existe entre les diverses méthodes d'évaluation. En Belgique, l'évaluation du matériel sur pied ne comprend pas les épicéas et les pins de Douglas de moins de 30 ans, ni les autres résineux de moins de 20 ans; à Sarawak l'évaluation comprend tous les arbres qui - produisent du bois de chauffage, mais non pas les arbres producteurs de bois d'œuvre ou d'industrie dont le diamètre n'atteint pas 50 centimètres; au Sierra Leone, les branches des arbres qui produisent du bois d'œuvre ou d'industrie ne sont pas incluses dans l'évaluation mais, en revanche celles des arbres utilisés pour le chauffage le sont. Ces exemples montrent combien il est dangereux de procéder à des comparaisons entre les pays sur la base des chiffres fournis dans les réponses, sans faire très attention à la signification exacte de ces chiffres. La situation se complique encore du fait que les statistiques des abattages et celles des quantités enlevées comprennent souvent des arbres ou des parties d'arbres qui sont exclus des statistiques du bois sur pied et de l'accroissement, ce qui a pour résultat de diminuer la valeur des conclusions que l'on peut tirer de la comparaison entre l'accroissement net et les abattages, alors que ce rapport présente une importance capitale pour un aménagement forestier permettant d'obtenir un rendement soutenu.

Alors qu'en Europe et en Amérique du Nord, et dans certains pays situés dans d'autres régions, toutes les espèces forestières ont une valeur marchande, dans les forêts tropicales et subtropicales, les essences ayant une valeur commerciale ne sont souvent qu'en petit nombre. On n'extrait alors de ces forêts que certains arbres déterminés et la majeure partie du matériel reste dans la forêt: une petite quantité sera utilisée ultérieurement comme bois de chauffage, mais la presque totalité pourrira sur place. Il arrive fréquemment que les espèces qui n'ont pas actuellement de valeur marchande n'entrent pas en ligne de compte dans les évaluations nationales du matériel sur pied, de l'accroissement et de la possibilité. Là encore, non seulement il est impossible de procéder à des comparaisons valables entre les pays, mais pour un pays donné, le rapport entre les quantités enlevées et l'accroissement perd toute valeur, puisque le bois de chauffage utilisé localement peut figurer dans les statistiques des abattages, tout en étant exclu des statistiques de l'accroissement. C'est pourquoi si, au Libéria par exemple, le volume des abattages est à peu près deux fois supérieur à celui de l'accroissement net, il ne s'ensuit pas nécessairement qu'il y ait abattage excessif puisque, du point de vue statistique, les deux séries de renseignements ne sont pas comparables.

Un autre problème se pose à propos de l'écorce, car ici encore les méthodes d'évaluation varient considérablement de pays à pays. Etant donné que, suivant l'espèce et le diamètre, l'écorce peut représenter de 5 à 50 pour cent du volume du bois sur pied, on voit sans peine que les chiffres seront très différents selon que l'écorce est ou n'est pas comprise dans les évaluations. La FAO s'est efforcée de présenter certains des chiffres communiqués par les pays ou recueillis de sources diverses de manière à permettre des comparaisons entre les divers pays. Ainsi, pour le matériel sur pied, l'accroissement brut, les pertes dues à des agents naturels, l'accroissement net et la possibilité, les volumes sont donnés écorce comprise; pour les coupes annuelles, les pertes à l'exploitation et les pertes au flottage et les quantités enlevées, il s'agit de bois écorcé. Toutefois, dans le tableau qui indique le rapport entre l'accroissement net, la possibilité et les abattages, tous les chiffres sont exprimés en équivalent non écorcé. Les méthodes adoptées pour rendre les évaluations comparables sont décrites en détail dans l'Inventaire forestier mondial, 1953.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que, dans de nombreux pays où les services forestiers ne sont pas très développés, les statistiques officielles ne portent que sur les abattages déclarés qui peuvent ne représenter qu'une fraction du volume total des abattages dont font partie les abattages illicites. On a fréquemment procédé à l'évaluation des abattages non déclarés au moyen d'enquêter lorsqu'on a pu se les procurer, ces évaluations ont été incluses. Cependant, pour de nombreux pays, il a été impossible de faire figurer les abattages non déclarés. Ceux qui n'ignorent pas que les destructions de forêts dans le passé sont dues en grande partie aux abattages non déclarés et illicites apprécieront l'importance que présentent les chiffres publiés de ce point de vue.

Ce bref exposé, nullement complet, de certains des problèmes soulevés par l'établissement de l'inventaire forestier mondial de 1953 permet de tirer deux conclusions importantes. Premièrement, pour interpréter les chiffres publiés, à plus forte raison pour faire des comparaisons entre les pays et rapporter l'accroissement au prélèvement, il est nécessaire de faire preuve d'une extrême prudence. Deuxièmement, malgré les grands progrès réalisés au cours des sept dernières années dans le domaine des statistiques forestières, nous sommes encore très loin de l'idéal que nous recherchons, à savoir des statistiques complètes, systématiques et comparables des ressources forestières du monde.

Etendue des renseignements rassemblés

Les chiffres du tableau 3 permettent de se faire une idée de l'étendue des connaissances actuelles en matière de ressources forestières nationales.

Cent neuf pays ont répondu au questionnaire de 1953; tous, ou presque tous, ont pu fournir des renseignements sur la superficie forestière, le boisement et les quantités enlevées; environ deux tiers d'entre eux ont communiqué des renseignements concernant le matériel sur pied, les abattages et les superficies autrefois boisées et qui ont été converties à d'autres usages; moins de la moitié ont pu donner des chiffres pour l'accroissement net. Quarante deux pays seulement ont pu communiquer l'évaluation de la possibilité, élément d'une importance capitale pour l'aménagement de la forêt suivant les principes du rendement soutenu.

Il ne faut pas oublier que les inventaires forestiers nationaux sont de date relativement récente bien que, depuis près d'un siècle, on établisse dans divers pays l'inventaire de certaines forêts en vue de leur aménagement. Ainsi, de nombreux pays, sans disposer de renseignements de base à l'échelle nationale, possèdent des relevés très complets pour les plus importantes de leurs forêts. Par ailleurs, même dans les pays où il existe des statistiques forestières complètes pour tout le territoire, les chiffres sont parfois sujets à caution, car ils sont les résultats d'inventaires partiels et d'enquêter par sondage dont la portée est limitée par la faiblesse des crédits. Très peu de pays ont pu établir des chiffres précis obtenus, par exemple, en associant les méthodes modernes de reconnaissance aérienne et de reconnaissance terrestre.

En outre, le tableau 3 ne présente que les réponses des pays à certaines questions essentielles relatives aux forêts utilisées. La situation des peuplements inaccessibles et celle des peuplements accessibles mais encore inexploités est beaucoup moins bien connue.

TABLEAU 3. - Pays ayant fourni des données sur les ressources forestières

A la fin du présent article, nous exposons les conséquences possibles du fait que les renseignements rassemblés à la suite de l'inventaire de 1953 ne sont pas aussi complets pour tous les pays. Dans les sections qui vont suivre, on s'efforce de résumer les renseignements disponibles pour certaines rubriques importantes en indiquant chaque fois dans quelle mesure ils sont complets. Il convient de noter que, de ce point de vue, on a fait entrer en ligne de compte, non seulement les pays qui ont répondu au questionnaire de 1953, mais tous ceux (y compris certains pays non membres) pour lesquels il existait des renseignements officiels ou des renseignements non officiels dignes de foi, que ces pays aient ou non rempli et renvoyé le questionnaire.

Superficies forestières

Le tableau 4 présente, sous forme résumée, la répartition des forêts dans le monde; on trouvera à l'Annexe I des détails relatifs à plus de cent pays et territoires.

TABLEAU 4. - Répartition des forêts du monde

* Chiffres comprenant des estimations non officielles
¹ Alaska, Canada et Etats-Unis.

Près de 30 pour cent de la superficie des terres sont occupés par les forêts; 22 pour cent sont consacrés à l'agriculture; le reste, c'est-à-dire près de la moitié, se compose de landes et de surfaces improductives. Les forêts recouvrent plus des deux cinquièmes de la superficie des terres en Amérique latine, un tiers ou davantage dans l'Union soviétique et en Amérique du Nord, un peu moins en Europe et en Afrique, et moins d'un dixième dans la région du Pacifique.

La superficie forestière par habitant varie entre 6,5 hectares dans la région du Pacifique et 0,3 hectare en Europe.

Le fait que les terres boisées (si nous ajoutons les landes aux forêts) représentent un peu plus du tiers de la superficie totale des terres laisserait supposer que leur étendue est suffisante pour leur permettre à la fois de jouer leur rôle de protection et de satisfaire les besoins du monde en produits forestiers. Mais il existe à l'intérieur de chacune des principales régions citées plus haut d'importants secteurs où le manque de forêts est grave. La plupart des pays d'Amérique du Nord et d'Amérique latine ont d'abondantes richesses forestières, l'Uruguay représentant la seule exception notable. Mais les 8,5 millions d'hectares de forêts de l'Afrique du Nord ne représentent que 1,5 pour cent de la superficie des terres de cette région, c'est-à-dire 0,19 hectare par habitant. Dans le Proche-Orient, la proportion des terres boisées par rapport à la superficie totale des terres n'est que de 0,9 pour cent, soit 0,12 hectare par habitant. Bien que l'Inde et le Pakistan totalisent 73,5 millions d'hectares de forêts, soit 17,3 pour cent de la superficie des terres, la superficie par habitant n'est que de 0,17 hectare pour ces deux pays. S'il existait des statistiques régionales distinctes, on constaterait que le centre et le sud de la Russie d'Europe et le centre de la Chine sont également très pauvres en forêts. Même en Europe méridionale, la superficie forestière par habitant ne s'élève qu'à 0,26 hectare.

Nul n'ignore qu'un grand nombre des régions qui ne sont plus aujourd'hui que des étendues désertiques ou semi - désertiques improductives étaient autrefois boisées, verdoyantes et fertiles. L'exploitation à blanc des forêts a provoqué la destruction des sols superficiels et leur stérilité à une époque parfois très récente. L'inventaire de 1953 donne des indications sur les mesures prises actuellement pour conserver les forêts existantes et pour arrêter l'avance implacable du désert et même reconquérir le terrain perdu.

Une proportion des forêts du monde s'élevant à 55 pour cent, soit 2.140 millions d'hectares est actuellement classée comme inaccessible. Les deux tiers seulement des forêts accessibles, c'est-à-dire 29 pour cent de l'ensemble des forêts sont utilisés. Si l'on considère qu'indépendamment des 1.130 millions d'hectares exploités, il existe une première réserve de 640 millions d'hectares accessibles mais encore inexploités, et une deuxième réserve de 2,140 millions d'hectares encore inaccessibles, on voit sans peine que les ressources auxquelles il n'a pas encore été fait appel sont immenses. En outre, il existe de vastes superficies de terres non boisées dont le sol conviendrait mieux à l'exploitation forestière qu'à tout autre usage.

Cependant, cette simple énumération de chiffres pourrait donner une idée trop favorable des ressources forestières du monde, car certaines forêts accessibles inexploitées, comme certaines forêts inaccessibles, ont essentiellement un rôle de protection et ne devraient donc pas compter parmi les sources futures de produits forestiers. D'après l'inventaire de 1947, ces forêts recouvrent probablement 1.400 millions d'hectares environ. Déduction faite de cette surface, les réserves forestières qui peuvent être exploitées comme sources de produits forestiers, représentent donc encore 1.400 millions d'hectares environ, c'est-à-dire qu'elles dépassent de beaucoup la superficie totale des forêts actuellement exploitées.

Les forêts accessibles encore inexploitées se trouvent surtout au Canada, en Amérique latine et en Afrique, et le tableau 5 indique approximativement pour certains pays les superficies sur lesquelles elles s'étendent.

Les forêts inaccessibles sont naturellement situées dans les régions écartées - dans les zones glacées de l'Alaska, du Canada et de l'Union soviétique et dans les hautes altitudes de l'Asie et de l'Amérique latine. L'extension du réseau de voies de communication qui accompagne le développement économique général étend rapidement la superficie des forêts qui peuvent être exploitées et le perfectionnement des techniques d'abattage oblige à revenir fréquemment sur la notion que l'on se fait de l'accessibilité.

On a déjà constaté que 29 pour cent seulement des forêts du monde sont exploités. Mais tandis qu'en principe toutes les forêts d'Europe sont utilisées, en Amérique latine la surface forestière exploitée équivaut à moins d'un dixième de la superficie totale des forêts. Il peut sembler surprenant qu'un tiers seulement des forêts d'Amérique du Nord soit utilisé, mais il faut se rappeler que les forêts qui jouent un rôle de protection représentent une proportion considérable des forêts inexploitées, ainsi que nous l'avons indiqué plus haut.

TABLEAU 5. - FORÊTS ACCESSIBLES INEXPLOITÉES DANS CERTAINS PAYS

Pays

Forêts accessibles

Utilisées

Encore inexploitées

Milliers d'hectares

Canada

66580

63590

Argentine

10000

50000

Brésil

30010

90040

Colombie

410

61590

Equateur

500

2000

Mexique

4500

20060

Pérou

5000

10000

Afrique-Equat. fr.

12030

15020

Afrique-Occid. fr.

10500

3500

Congo belge

5300

9700

Ainsi, la plupart des régions du monde possèdent de vastes réserves de bois qui pourraient contribuer à satisfaire les besoins des populations locales. Néanmoins, certaines régions, parmi les plus riches en forêts, reçoivent encore de l'Europe et de l'Amérique du Nord une partie des produits forestiers qui leur sont nécessaires, comme le montre le tableau 6.

TABLEAU 6. - FORÊTS ACCESSIBLES ET BALANCE COMMERCIALE

Régions

Forêts accessibles

Commerce net de produits forestiers (moyenne 1950-62)¹

Utilisées

Inexploitées

Millions d'hectare

Millions de m³ en équivalent de bois rond

Europe

130

3

+ 3

U.R.S.S.

350

75

+ *

Amérique du Nord

220

92

+ 6

Amérique latine

90

253

- 2

Afrique

115

167

- 2

Asie

205

54

- 2

Région du Pacifique

17

3

- 3

* Négligeable.
¹ + Exportations nettes. - Importations nettes.

En Europe et en Amérique du Nord, le développement économique a favorisé la pratique d'une sylviculture intensive et la création d'industries de transformation du bois très perfectionnées. Dans les régions moins développées, les conditions qui faciliteraient cette évolution ont fait défaut jusqu'à présent. Mais les progrès culturels et économiques relèvent les normes de la consommation de bois; en même temps, les conditions nécessaires pour tirer meilleur parti des ressources forestières locales se trouvent réalisées.

Forets d'État et forêts privées

On trouvera au tableau 7 un résumé des différentes formes de propriété des forêts accessibles classées par régions.

TALEAU 7. - RÉGIME DE PROPRIÉTÉ DES FORÊTS ACCESSIBLES

Régions

Formes de propriété

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Forets d'Etat

Foret communales²

Forets appartenant a des institutions

Forêts privées

Pourcentage

Europe

100

32

13

1

54

U.R.S.S.

100

100

-

-

-

Amérique du Nord

100

49

2

*

49

Amérique latine

43

62

1

1

36

Afrique

85

74

22

*

4

Asie

84

86

2

*

12

Région du Pacifique

82

76

*

-

24

MOYENNE TOTALE

93

73

5

*

22

* Négligeable. - Néant.
¹ Superficie des forêts accessibles, pour lesquelles le régime de propriété est indiqué, rapportée à la superficie totale des forêts accessibles signalée dans la région.
² Comprend les forêts réservées aux indigènes.
³ Comprend 41,2 millions d'hectares administrés par les fermes collectives.

Les renseignements rassemblés sous cette rubrique sont complets pour les régions de l'hémisphère nord, très maigres pour l'Amérique latine et incomplets pour les autres régions. Il faut, néanmoins, se rappeler que si en Europe, dans l'Union soviétique et en Amérique du Nord la propriété forestière a été progressivement recensée en raison des besoins politiques, économiques et sociaux, dans le reste du monde c'est seulement à une date récente que l'on a commencé à établir systématiquement le cadastre de la propriété forestière. Dans les régions insuffisamment développées, dans les zones écartées en particulier, il y a encore d'immenses étendues de forêts dont on n'a pas dressé la carte, dont on n'a pas fait le cadastre et pour lesquelles il n'y a pas de titres de propriété. La reconnaissance des droits sur les forêts est la conséquence du fait que l'administration et le public comprennent mieux l'importance et la valeur de ces ressources; cette reconnaissance annonce souvent le développement de la conservation des forêts et en est souvent une condition préalable.

Près des trois quarts des forêts accessibles du monde sont propriété d'Etat et le reste appartient en majeure partie à des particuliers. C'est en Europe, où elles représentent plus de la moitié de la superficie des forêts accessibles, que les forêts privées ont le plus d'importance. En Amérique du Nord également, près de la moitié des forêts sont privées. Les forêts communales n'ont une grande importance qu'en Afrique et en Europe. En Afrique, les forêts réservées aux tribus indigènes sont comprises dans cette catégorie; c'est pourquoi la proportion des forêts communales est si élevée pour cette région.

L'exploitation forestière est compatible avec toutes les formes de propriété forestière, mais il est évidemment plus facile d'assurer la mise en pratique de bonnes méthodes de sylviculture dans les forêts domaniales que dans les forêts privées. Il en est ainsi particulièrement lorsque la forêt est morcelée entre une multitude de propriétaires; cela est moins vrai pour les grands domaines forestiers qui appartiennent, par exemple, à des sociétés d'entreprise. On trouvera au tableau 8 certains chiffres particulièrement intéressants relatifs à la répartition des forêts privées d'après l'étendue des propriétés.

TABLEAU 8. - RÉPARTITION DES FORÊTS ACCESSIBLES PRIVEES DANS CERTAINS PAYS D APRES L'ÉTENDUE DES PROPRIÉTÉS

Pays

Répartition par superficie des propriétés forestières privées accessibles

Moins de 5 ha

De 5 à 100 ha

De 100 à 1.000 ha

1000 ha au-dessus

Pourcentage

Allemagne occid.

¹42

28

15

15

Autriche²

15

51

13

21

Finlande³

1

64

34

1

Rép d'Irlande

25

60

15

-

Cameroun français

-

-

60

40

Pérou

-

-

20

80

Turquie

1

24

46

29

Néant. - ¹ Forêts de moins de 10 hectares.
² Comprend les forêts inaccessibles; recensement de 1935.
³ Exclut les forêts appartenant à des sociétés d'entreprise.

En Allemagne occidentale, les propriétés de moins de 10 hectares couvrent 42 pour cent de la superficie forestière. En Autriche, en Finlande et en Irlande, les propriétés de moins de 100 hectares représentent les deux tiers ou davantage de la superficie des forêts privées. En revanche, les forêts privées du Pérou se composent de propriétés de 1.000 hectares et plus à concurrence de 80 pour cent.

La multiplicité des petites forêts privées constitue l'un des principaux obstacles qui, dans de nombreux pays, empêchent de procéder à un aménagement forestier rationnel. Dans certains cas, l'action des coopératives forestières permet de surmonter cet obstacle.

Composition des forets utilisées

Pour l'ensemble des forêts exploitées, la répartition des résineux, des feuillus et des peuplements mélangés est donnée au tableau 9.

Les espèces résineuses occupent un peu plus de la moitié de la superficie forestière actuellement exploitée. Toutefois, la répartition des résineux est inégale, puisque plus de la moitié des peuplements sont situés dans l'Union soviétique et moins d'un dixième dans l'hémisphère sud. C'est dans les climats tempérés frais que l'on rencontre des peuplements naturels de la plupart des espèces résineuses; ils se trouvent donc compris à l'intérieur d'une large bande qui fait le tour de la terre au - dessous des toundras dépourvues d'arbres du grand nord. Ces peuplements sont rares dans les continents de l'hémisphère sud, étant donné que ceux-ci forment des triangles dont la pointe est tournée vers le sud et atteignent à peine les véritables zones tempérées.

Il convient de souligner, et les tableaux qui suivent mettront ce fait en évidence, qu'en donnant la superficie de la forêt, on ne renseigne pas sur la richesse qu'elle représente. Les superficies indiquées au tableau 9 pour les espèces résineuses et les espèces feuillues comprennent des peuplements de densités et de taux d'accroissement très variables. Par exemple, dans les forêts du nord de l'Union soviétique, le volume du bois sur pied et l'accroissement par hectare ne sont qu'une fraction de ceux des forêts du Chili; il y a même une très grande

TABLEAU 9. - COMPOSITION DES FORÊTS UTILISÉES DU MONDE

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Superficie des forets utilisées

Pourcentage des résineux (évaluation)³

Total

Résineux

Feuillus

Peuplements mélangés²

Superficies non boisées

Europe

100

130

66

49

12

3

59

U.R.S.S.

100

*350

*300

*50

-

-

*85

Amérique du Nord

100

*220

*140

*80

-

-

*65

Amérique latine

94

85

8

73

1

3

9

Afrique

93

107

2

104

1

-

2

Asie

86

177

38

101

34

4

25

Région du Pacifique

94

16

2

14

-

-

13

TOTAL

96

1085

556

471

48

10

53

* Estimations non officielles.
Néant. - ¹ Superficie des forêts utilisées, pour lesquelles la composition est indiquée, rapportée à la superficie des forêts utilisées de chaque région.
² Les peuplements mélangés et les superficies non boisées sont souvent compris dans la superficie des peuplements purs de résineux et de feuillus. Les chiffres qui représentent le total des peuplements purs sont donc au-dessus de la vérité et ceux qui se rapportent aux peuplements mélangés et aux surfaces non boisées en dessous de la vérité.
³ Comprend une évaluation des résineux compris dans les peuplements mélangés, différence à ce point de vue entre le nord et le sud de la Suède.

La répartition des espèces feuillues est beaucoup plus uniforme, et plus d'un tiers des peuplements sont situés dans les régions de l'hémisphère nord. En Europe, en Amérique du Nord et dans l'Union soviétique, ils se composent presque entièrement de bois durs des régions tempérées; ailleurs, les bois durs tropicaux dominent et les espèces des régions tempérées ne se trouvent qu'à des altitudes plus élevées et sous des latitudes plus hautes.

L'inventaire de 1947 indiquait (compte tenu des réserves d'ordre statistique déjà mentionnées) que les forêts productives du monde se composaient de résineux à concurrence de 36 pour cent; pour les forêts productives accessibles seules, ce pourcentage était de 38. Cependant, le tableau 9 montre que le pourcentage des résineux pour l'ensemble des forêts exploitées est, à l'heure actuelle, de 53. La différence entre ces chiffres montre que jusqu'à présent, en raison soit de leur qualité, soit de leur emplacement, les forêts de résineux ont mieux permis de satisfaire à la demande de produits forestiers. Jusqu'à maintenant, les espèces feuillues, à l'exception des bois durs des régions tempérées et de certaines essences tropicales précieuses, ont été surtout utilisées comme bois de chauffage et pour la fabrication du charbon de bois; les résineux ont répondu à des besoins beaucoup plus divers et ont été utilisés en particulier dans la construction, les transports, comme bois d'œuvre et pour la fabrication de pâte à papier. Les progrès économiques et culturels réalisés dans les régions insuffisamment développées accroissent la demande de produits forestiers et favorisent la mise en valeur des ressources forestières locales; à la longue, cette évolution aura certainement pour résultat d'augmenter l'importance relative des forêts feuillues exploitées.

Réserves règlements d'exploitation et méthodes de coupe

La conservation et l'utilisation rationnelle des ressources naturelles nécessitent un programme général d'utilisation des terres; dans ce programme, les forêts ont une place importante du fait de leurs deux fonctions: protection du sol et production. Il en est ainsi pour tous les pays, que leur situation soit privilégiée de ce point de vue ou qu'ils manquent de forêts. Dans les pays de cette deuxième catégorie, on décidera le boisement de certaines terres; dans les autres, il est possible qu'on ne classe comme réserves forestières qu'une partie seulement des forêts.

Cette distinction entre les forêts réservées et les forêts non réservées marque la première étape d'un aménagement rationnel, puisque l'administration forestière s'occupera tout particulièrement des peuplements réservés. Le tableau 10 indique la proportion des forêts accessibles qui ont été classées comme réserves forestières dans différentes régions.

TABLEAU 10. - FORETS RESERVEES ET FORÊTS NON RÉSERVÉES

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Superficie des forets accessibles

Réservées

Non réservées ou non encore classées

Europe

93

123

-

Amérique du Nord

100

312

-

Amérique latine

49

1

162

Afrique

61

77

95

Asie

56

84

60

Région du Pacifique

80

8

8

TOTAL

53

605

25

- Néant. - ¹ Superficie des forêts accessibles dont on sait qu'elles ont été classées comme forêts réservées ou forêts non réservées, rapportée à la superficie totale des forêts accessibles de chaque région.

Les renseignements communiqués portaient sur 930 millions d'hectares de forêts accessibles; les deux tiers environ de cette superficie ont été déjà classés comme réserves forestières permanentes. En Europe et en Amérique du Nord, tous les peuplements accessibles sont réservés. En Asie et en Afrique, environ la moitié des forêts accessibles a été classée comme réserve forestière, tandis qu'en Amérique latine les progrès restent négligeables.

Une politique forestière nationale vise à aménager les forêts, réservées ou non encore classées, selon le principe du rendement soutenu maximum. A cet effet, on établit habituellement des règlements d'exploitation qui fixent, par parcelles, les principes d'aménagement, la possibilité et les méthodes sylvicoles. Le tableau 11 indique les progrès accomplis dans différentes régions pour l'établissement des règlements d'exploitation; les trois dernières colonnes donnent des indications sur la valeur des méthodes actuelles de coupe.

Sur les quelque 500 millions d'hectares de forêts utilisées pour lesquelles les renseignements reproduits au tableau 11 ont été fournis, moins d'un tiers était aménagé avec règlements d'exploitation. Dans la région du Pacifique, pour laquelle les renseignements fournis étaient nombreux, et au Canada, la proportion dépassait 50 pour cent. Ensuite venaient l'Europe, avec 42 pour cent, puis l'Asie et l'Afrique; pour ces trois régions, les réponses fournies portaient sur les trois quarts environ des forêts utilisées. Les renseignements en provenance de l'Amérique latine étaient abondants, mais signalaient une proportion négligeable de forêts aménagées avec règlement d'exploitation.

TABLEAU 11. - SITUATION DE L'AMÉNAGEMENT ET MÉTHODES DE COUPE DANS LES FORÊTS UTILISEES

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassembles

Situation de l'aménagement

Superficie ou sont effectuées des coupes décrites comme

Superficie des forets aménagées avec règlements d'exploitation

Superficie des autres forets utilisées

Superficie des forets avec règlements d'exploitation, en pourcentage de la superficie des forets utilisées

Bonnes

Modérées

Mauvaises et destructives

Europe

76

41

58

42

65

30

5

Amérique du Nord²

30

36

31

54

-

-

-

Amérique latine

94

2

83

2

10

30

60

Afrique

78

11

79

13

30

30

40

Asie

72

58

89

40

30

40

30

Région du Pacifique

9

7

54

40

30

30


TOTAL

45

157

347

31

35

30

35

- Non disponible.
¹ Superficie des forêts utilisées pour lesquelles la situation de l'aménagement est indiquée, rapportée à la superficie totale des forets utilisées de chaque région.
² Canada seulement.

Les chiffres suivants (tableau 12) relatifs à certains pays d'Afrique et d'Amérique latine montrent que dans ces régions l'aménagement forestier est encore au stade rudimentaire.

Cet état de choses est d'autant plus regrettable que, pour l'Amérique latine et l'Afrique, les forêts domaniales représentent respectivement 64 et 96 pour cent des forêts accessibles et qu'il paraîtrait donc, à première vue, plus aisé de soumettre les forêts utilisées à des plans d'aménagement que dans d'autres régions, telles que l'Europe, où la forêt domaniale est d'importance réduite et la forêt particulière généralement morcelée entre un très grand nombre de petits propriétaires.

TABLEAU 12. - STAGE D AMÉNAGEMENT DES FORETS UTILISÉES, DANS CERTAINS PAYS

Pays

Total

Aménagées avec règlements d'exploitation

Autres

Milliers d'hectares

Argentine

10000

1300

8700

Brésil

30010

400

29610

Chili

6595

-

6595

Paraguay

5020

-

5020

Pérou

5000

-

5000

Afrique - Equatoriale française

12030

1875

10155

Congo belge

5300

200

5100

Côte-de-l'Or

2910

105

2805

- Néant.

Même dans les régions où la superficie des forêts utilisées soumises à un plan d'aménagement approche ou dépasse 50 pour cent, d'importants progrès restent néanmoins à réaliser. Sans doute, ne peut on s'attendre que de petites forêts fassent l'objet de plans d'aménagement détaillés, mais il est de l'intérêt des petits propriétaires de s'imposer des règles assurant à leurs massifs boisés le bénéfice d'une certaine proportionalité entre les exploitations et l'accroissement ligneux, et de l'exécution d'opérations sylvicoles rationnelles. Même si les pratiques sylvicoles bonnes ou moyennes dépassent sensiblement 50 pour cent, il est clair qu'aucun pays ne peut être assuré de la permanence et de l'efficacité d'une saine politique forestière tant que la moitié des forêts nationales ne sont pas administrées en tenant compte essentiellement de leurs potentialités physiques de croissance et de régénération.

Le tableau 11 contient également des données numériques sur les méthodes de coupe actuelles5. Ces données représentent essentiellement des «évaluations subjectives»soumises par les services forestiers de chaque pays; les opinions sur ce qui constitue une bonne méthode de coupe varient d'un pays à l'autre, et les moyennes régionales sont pratiquement dépourvues de signification. Cependant, les données fournies ont le grand intérêt de faire connaître l'opinion des services forestiers qui ont répondu au questionnaire sur la situation actuelle de l'aménagement forestier dans leur pays. Il semble ressortir du tableau que, de l'avis de ces services eux-mêmes, la proportion des forêts utilisées qui est exploitée d'une manière conforme aux exigences d'une bonne sylviculture n'est que d'un tiers, tandis que dans un autre tiers des forêts utilisées les méthodes d'exploitation sont sensiblement au dessous des normes souhaitables et pourraient entraîner la destruction des forêts. Bien entendu, ces chiffres doivent faire l'objet de réserves analogues à celles qui ont déjà été mentionnées à propos des règlements d'exploitation. Les deux séries de chiffres sont en tout cas interdépendantes. L'établissement d'un plan d'aménagement implique l'adoption de méthodes sylvicoles perfectionnées; cependant, il peut arriver, comme l'indique le tableau 13, qu'avant même l'établissement d'un règlement d'exploitation, la qualité des traitements sylvicoles soit élevée.

5 Les définitions adoptées sont les suivantes: Bonnes coupes: les coupes sont effectuées conformément aux exigences d'une bonne sylviculture; des plantations convenables, des coupes d'amélioration, des éclaircies sont effectuées et des mesures de protection contre le feu et le contrôle du pâturage sont prises quand c'est nécessaire. Coupes modérées: les critères sont les mêmes que pour les bonnes coupes, mais les plantations, les éclaircies, etc., laissent à désirer. Coupes mauvaises ou destructives: les coupes ne sont pas effectuées conformément aux exigences d'une bonne sylviculture, des plantations et des éclaircies ne sont pas effectuées et les mesures de protection contre le feu et de contrôle du pâturage sont inexistantes.

TABLEAU 13. - MÉTHODES DE COUPE DANS CERTAINS PAYS

Pays

Pourcentage des forêts utilisées avec règlements d'exploitation

Pourcentage des forets utilisées ou sont effectuées des coupes décrites comme

Bonnes

Modérées

Mauvaises et destructives

Allemagne occid.

67

85

10

5

Danemark

76

87

13

-

Espagne

6

15

70

15

Suède

60

90

10

-

Suisse

71

90

10

-

Argentine

13

13

50

37

Brésil

1

10

20

70

Chili

-

5

5

90

Pérou

-

-

90

10

Côte-de-l'Or

4

3

22

75

Philippines

1

-

30

70

- Néant.

L'aménagement forestier rationnel, dont dépend étroitement le traitement sylvicole, a pour objet de créer dans un minimum de temps des peuplements capables de produire de manière continue le volume de bois rond le plus considérable possible. En Europe, on peut distinguer trois types de forêts: la futaie, le taillis sous futaie et le taillis. Le taillis, entièrement composé de rejets de souches ou de drageons d'espèces feuillues produit surtout du bois de chauffage et du bois utilisé pour la fabrication de charbon de bois. Le taillis sous futaie, dont les parties hautes se composent surtout de feuillus, produit un faible pourcentage de bois d'œuvre et d'industrie. La majeure partie de la production de bois d'œuvre et d'industrie provient de la futaie, entièrement composée de sujets issus de graines. Pour élever la production de bois d'œuvre et d'industrie, la méthode consiste à convertir le taillis soit directement en replantant des arbres, soit indirectement en procédant à des coupes sélectives. Sur la superficie des forêts utilisées d'Europe pour lesquelles des renseignements sont fournis dans l'inventaire (soit 85 % du total), 86 millions d'hectares (soit 79 %) étaient traités en futaies, 8 millions d'hectares (soit 7 %) en taillis sous futaie et 15 millions (soit 14 %) en taillis. Ces deux derniers traitements sylvicoles étaient très répandus et prédominaient parfois en Europe méridionale, ainsi qu'il ressort du tableau 14.

TABLEAU 14. - TRAITEMENTS SYLVICOLES EN SYLVICOLES EN EUROPE MERIDIONALE

Pays

Pourcentage des forets utilisées a des traitements sylvicoles différents

Futaie

Taillis sous futaie

Taillis

Bulgarie

4

-

59

Espagne

64

14

22

France

43

31

26

Grèce

42

40

18

Italie

39

21

40

Yougoslavie

64

-

36

- Néant.

Matériel sur pied dans les forets utilisées

On trouvera au tableau 15 un résumé des renseignements communiqués sur le volume du bois sur pied dans les forêts utilisées.

Pour deux régions importantes, l'Amérique du Nord et l'Union soviétique, les volumes de bois sur pied indiqués ne portent pas uniquement sur les forêts utilisées. En revanche, pour les autres régions, les volumes indiqués ne portent pas sur la totalité des forêts utilisées; pour l'Amérique latine, par exemple, la superficie à laquelle ils s'appliquent est inférieure au quart du total. Le tableau 15 ne donne donc pas un aperçu significatif de la répartition réelle du matériel sur pied, bien que les renseignements qu'il apporte visent 81 pour cent environ de la superficie totale des forêts utilisées.

TABLEAU 15. - MATÉRIEL SUR PIED DANS LES FORÊTS UTILISÉES

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Matériel sur pied

Matériel sur pied a l'hectare

Total

Résineux

Feuillus

Total

Résineux

Feuillus

Pour cent

Millions de m³ avec écorce

M ³ avec écorce

Europe

80

7700

5000

2700

74

77

70

U.R.S.S.²

100

58700

50000

8700

93

102

64

Amérique du Nord³

100

23000

16500

6500

70

80

54

Amérique latine

23

2700

200

2500

129

272

124

Afrique

69

5900

100

5800

74

41

75

Asie

68

12500

3800

8700

89

120

80

Région du Pacifique

95

900

200

700

56

74

53

¹ Superficies des forêts utilisées de chaque région, pour lesquelles le volume du matériel sur pied est indiqué, rapportées à la superficie totale des forets utilisées
² Toutes les forêts.
³ Pour l'Alaska et le Canada, toutes les forêts productives accessibles, pour les Etats-Unis, toutes les forêts accessibles et inaccessibles productives.

Si l'on part de l'hypothèse que, dans chaque région, les forêts sur lesquelles on possède des renseignements, qu'elles soient plus ou moins étendues que les forêts utilisées, sont néanmoins représentatives6 du point de vue du matériel sur pied à l'hectare, tant pour les résineux que pour les feuillus, on peut alors évaluer le volume total du matériel sur pied dans les forêts utilisées du monde à environ 96.000 millions de mètres cubes (avec écorce), dont 59 pour cent de résineux. Pour l'ensemble des forêts exploitées du monde, le volume du bois sur pied à l'hectare est en moyenne de 95 mètres cubes pour les forêts résineuses et de 75 mètres cubes pour les forêts feuillues, soit pour toutes les espèces une moyenne mondiale de 85 mètres cubes à l'hectare. On a indiqué le détail de ces évaluations à l'Annexe I.

6 C'est-à-dire dans les cas où les renseignements communiqués étaient abondants. Lorsqu'ils étaient insuffisants et que les chiffres indiqués n'étaient manifestement pas représentatifs, on est parti d'hypothèses différentes.

Pour les raisons déjà exposées, les chiffres du matériel sur pied par régions ne sont pas comparables, mais on peut tirer quelques conclusions provisoires de l'examen des volumes du matériel sur pied à l'hectare. Ces chiffres ne dépassent jamais 100 mètres cubes, sauf en Amérique latine, et il est très possible que les statistiques communiquées pour cette région ne correspondent pas à la réalité. En général, les forêts de résineux sont plus denses et portent plus de bois à l'hectare que les peuplements feuillus. L'Afrique, où les résineux se trouvent surtout dans les régions sèches et portent peu de bois à l'hectare, offre la seule exception à cette règle. Si le volume à l'hectare en Union soviétique est élevé par rapport aux volumes indiqués pour l'Europe et l'Amérique du Nord, c'est que les forêts de l'Union soviétique contiennent un grand nombre d'arbres qui sont arrivés à leur pleine maturité ou qui sont proches de ce stade.

Le volume à l'hectare du matériel sur pied dépend du traitement sylvicole et de la répartition par âges, mais surtout du climat. Dans les forêts soumises au régime des pluies tropicales (c'est-à-dire au Congo belge, à Madagascar, en Afrique - Equatoriale française), il peut atteindre 400 mètres cubes; dans les zones tempérées (Suisse, Autriche, Chili), il est fréquemment de l'ordre de 200 mètres cubes. Le volume normal à l'hectare est de 50 à60 mètres cubes dans des pays comme la Finlande, la Norvège et le Canada; il peut descendre jusqu'à 20 à 30 mètres cubes dans les forêts de savanes de l'Afrique centrale.

Pour terminer, il y a peut-être lieu de rappeler l'avertissement donné au début du présent article au sujet des chiffres relatifs au bois sur pied. En dehors du fait que les renseignements rassemblés pour certaines régions sont incomplets, ainsi que nous venons de le signaler, les chiffres fournis sont loin d'être équivalents puisque certains pays comprennent dans leurs évaluations des parties de l'arbre que d'autres pays omettent. Enfin, et c'est encore plus important, de nombreux pays ne tiennent compte que des espèces commerciales, ce qui explique la faiblesse du volume à l'hectare indiqué par le Bechuanaland (2 m³), la Rhodésie du Nord (12), le Tanganyika (14) et le Sierra Leone (27). Pour tous ces pays, les chiffres donnés ne représentent qu'une fraction du volume effectif du matériel sur pied.

Accroissement et possibilité dans les forets utilisées

Le tableau 16 résume, pour les diverses régions, les renseignements communiqués par les pays sur l'accroissement brut.

Les renseignements communiqués portaient sur les trois quarts environ des forêts exploitées du monde. Ces renseignements sont complets pour l'hémisphère nord, satisfaisants pour l'Océanie, suffisants pour l'Asie, mais si peu nombreux pour l'Afrique et l'Amérique latine qu'il est impossible d'en tirer des conclusions certaines. En outre, comme dans le cas du matériel sur pied, les chiffres communiqués pour l'Amérique du Nord et l'Union soviétique ne se rapportent pas uniquement aux forêts utilisées. Ainsi, non seulement le tableau 16 ne donne pas une idée exacte de la répartition réelle de l'accroissement annuel dans les forêts exploitées du monde, mais toutes conclusions sur l'accroissement à l'hectare doivent être très provisoires.

On a cherché à calculer, sur la base des renseignements disponibles, le volume de l'accroissement brut pour l'ensemble des forêts exploitées. Ce calcul, dont on donne les détails à l'Annexe II, montre que l'accroissement brut total est probablement d'environ 2.300 millions de mètres cubes, dont 1 milliard de mètres cubes, soit 46 pour cent, pour les espèces résineuses. L'accroissement à l'hectare est probablement d'environ 1,8 mètre cube pour les résineux et de 2,4 mètres cubes pour les feuillus, soit une moyenne mondiale de 2,1 mètres cubes pour toutes les espèces.

TABLEAU 16. - ACCROISSEMENT BRUT ANNUEL DANS LES FORÊTS UTILISÉES

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Accroissement brut

Accroissement brut a l'hectare

Total

Résineux

Feuillus

Total

Résineux

Feuillus

Pour cent

Millions de m³ avec écorce

M³ avec écorce

Europe

100

284

183

101

2,5

2,5

2,4

U.R.S.S.²

100

750

590

160

1,2

1,2

1,2

Amérique du Nord³

100

536

300

236

1,8

1,8

1,9

Amérique latine

20

53

5

48

3,1

6,4

2,9

Afrique

20

56

4

52

2,4

2,0

2,5

Asie

46

125

42

83

1,4

1,9

1,2

Région du Pacifique

88

19

2

17

1,3

1,8

1,2

¹ Superficie des forêts utilisées pour lesquelles l'accroissement est indiqué, rapportée à la superficie totale des forêts utilisées de la région.
² Toutes les forêts.
³ Toutes les forêts productives accessibles pour l'Alaska et le Canada, toutes les forêts commercialement exploitées pour les Etats-Unis; pour les Etats-Unis, le chiffre ne tient pas compte des pertes naturelles dues à des causes «normales».

L'accroissement annuel net est égal à l'accroissement brut moins les pertes dues à des agents naturels, c'est-à-dire le volume de bois annuellement rendu inutilisable du fait des incendies de forêts, des insectes, des champignons, de la neige, des avalanches, du vent, etc. Pour l'ensemble des forêts résineuses, le rapport sur l'inventaire de 1947 estimait à titre provisoire que les pertes dues à des agents naturels représentaient environ 10 pour cent de l'accroissement brut. Les renseignements soumis dans l'inventaire actuel sont présentés sous forme résumée au tableau 17.

L'insuffisance des renseignements fournis (et, dans certains cas, l'écart qui existe entre les statistiques et la réalité) interdit de procéder à des évaluations à l'échelle mondiale. En fait, toute évaluation des pertes dues à des agents naturels est dépourvue de signification, à moins de correspondre à une moyenne pour une période de durée suffisante, étant donné que plusieurs éléments sont «accidentels» (incendies de forêts, épidémies, ouragans) et peuvent varier considérablement d'une année à l'autre. Ainsi, le chiffre de ces pertes pour la région du Pacifique est anormalement élevé, car il correspond au grand nombre d'incendiés de forêts qui se sont produits en 1950, année de l'inventaire australien.

TABLEAU 17. - ACCROISSEMENT BRUT, PERTES DUES A DES AGENTS NATURELS ET ACCROISSEMENT NET

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Accroissement brut

Pertes dues a des agents naturels

Accroissement net

Accroissement brut

Accroissement net

Total

En pourcentage de l'accroissement brut

Pour cent

Millions de m³

Pour cent

Millions de m³

M ³ a l'hectare

Europe

89

284

13

4,6

271

2,5

2,4

Amérique du Nord²

100

536

90

16,8

446

1,8

1,5

Afrique

16

19

1

6,8

18

1,1

1,0

Asie

46

125

14

10,9

111

1,3

1,2

Région du Pacifique

88

19

13

69,6

6

1,3

0,4

¹ Superficie des forets utilisées Pour lesquelles l'accroissement brut, les pertes dues à des agents naturels et l'accroissement net sont indiqués, rapportée à la superficie totale des forêts utilisées de la région
² Voir la note
³ au tableau 16.

La notion des pertes dues à des agents naturels, c'est-à-dire la différence entre l'accroissement brut et l'accroissement net, a une place importante en théorie; sa définition et sa mesure soulèvent de graves problèmes. Un point, et un seul, ressort clairement des renseignements communiqués: en Europe, où les conditions climatériques sont favorables et l'aménagement forestier perfectionné, les pertes dues à des agents naturels représentent environ 5 pour cent du volume de l'accroissement brut. Pour toutes les autres régions, ce qu'on sait des pertes dues à des agents naturels est si rudimentaire et les restrictions apportées à leur définition sont à ce point graves qu'il serait imprudent de tirer des conclusions.

Pour cette raison, il faut interpréter avec beaucoup de circonspection toutes les évaluations de l'accroissement net qui figurent au tableau 17, à l'exception peut-être de celles qui concernent l'Europe. Dans cette région, l'accroissement net est en moyenne de 2,4 mètres cubes à l'hectare pour les résineux et d'un peu moins pour les feuillus. L'accroissement net varie non seulement suivant le climat, mais suivant la répartition par âges et par espèces. Il est de moins de 0,5 mètre cube à l'hectare sous les très hautes latitudes (Alaska) et dans les zones arides (Rhodésie), et peut atteindre 5 mètres cubes ou davantage dans les régions dont le climat est favorable aux forêts.

Le rendement soutenu est l'un des buts d'une politique forestière nationale; il correspond en pratique à la possibilité qui, sur une courte période de temps, peut être supérieure ou inférieure à l'accroissement net, suivant la répartition par âges et par espèces et l'accroissement. La possibilité n'est égale à l'accroissement net que dans les forêts où l'équilibre est réalisé. La possibilité est un élément d'une importance capitale pour l'aménagement forestier, et chaque règlement d'exploitation indique la possibilité pour la forêt à laquelle il s'applique. La possibilité des forêts d'une nation, au sens précis, est habituellement établie (par simple addition) pour les forêts auxquelles s'appliquent les règlements d'exploitation; on se rappellera que la proportion des forêts exploitées du monde qui sont aménagées avec règlements d'exploitation n'est que d'un tiers. Cependant, chaque pays s'efforce d'évaluer le volume de bois rond qui peut être abattu annuellement, compte tenu du principe du rendement soutenu. L'évaluation de ce volume, qui porte également le nom de «possibilité», peut être effectuée par le gouvernement, les services forestiers ou des instituts de recherches. De toute évidence, pour le calculer, il est indispensable de disposer de certains renseignements essentiels sur les forêts du pays. Le tableau 18, qui résume les renseignements communiqués sous cette rubrique, démontre donc les progrès réalisés à ce jour en matière de statistique et d'administration forestières.

Ce rapport, d'une importance essentielle pour la politique forestière, n'existe que pour environ 18 pour cent de la superficie totale des forêts exploitées, et il n'est possible de faire une comparaison satisfaisante entre l'accroissement net et la possibilité qu'en Europe. Le fait que la possibilité n'est égale qu'aux neuf dixièmes de l'accroissement net indique que, de l'avis de l'administration forestière des pays d'Europe, la composition des forêts ne permet pas d'abattre un volume égal à celui de l'accroissement net. En fait, à une seule exception près, la possibilité reste au - dessous de l'accroissement net dans tous les pays d'Europe et, dans le cas qui fait exception, c'est-à-dire en Yougoslavie, ce sont des considérations autres que la conservation des forêts qui l'ont emporté.

TABLEAU 18. - ACCROISSEMENT NET ET POSSIBILITÉ DANS LES FORÊTS UTILISÉES

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Total

A l'unité

Accroissement net

Possibilité

Accroissement net

Possibilité

Pour cent

Millions de m³

M³ a l'hectare

Europe

87

269

244

2,4

2,2

Afrique

8

13

9

1,4

1,0

Asie

38

74

1,0

1,0


¹ Superficie des forêts utilisées pour lesquelles l'accroissement net et la possibilité sont indiquées, rapportée à la superficie totale des forêts utilisées de la région.

Dans les pays d'Asie qui ont répondu au questionnaire, le volume de la possibilité est généralement voisin de celui de l'accroissement net. La possibilité est en moyenne égale aux deux tiers de l'accroissement net dans les pays d'Afrique qui ont répondu au questionnaire, mais la proportion tombe à 50 pour cent en Union Sud - Africaine, où la plupart des peuplements sont jeunes.

Abattages et quantités enlevées

On dispose de très peu de renseignements sur l'accroissement net et la possibilité dans les forêts utilisées du monde; il n'est donc possible d'établir un rapport entre ces chiffres essentiels et les abattages que pour une faible proportion de ces forêts. En effet, des réponses ont été fournies pour la plus grande partie des forêts utilisées d'Europe, mais seulement pour un tiers de celles de l'Asie et une fraction de celles de l'Afrique Il est presque aussi impossible de comparer les abattages à l'accroissement net car si, de ce point de vue, on dispose, outre les renseignements ci-dessus, de données suffisantes pour la région du Pacifique, on se rappellera que le chiffre de l'accroissement net indiqué pour cette région ne correspond pas au volume effectif.

Le tableau 19 indique la proportion des abattages excessifs effectués dans les pays d'Europe qui ont communiqué des renseignements; ces abattages sont supérieurs de 6 pour cent à l'accroissement net et de 17 pour cent à la possibilité. On a déjà cité le cas de la Yougoslavie, mais ce n'est pas le seul pays d'Europe où les abattages dépassent le chiffre fixé pour un aménagement permettant un rendement soutenu. En d'autres régions, où les espèces non commerciales sont exclues des évaluations et les landes classées comme forêts,

TABLEAU 19 - ACCROISSEMENT NET, POSSIBILITÉ ET ABATTAGES DANS LES FORETS UTILISÉES

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹ (a)

Accroissement net

Possibilité

Abattages

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹ (b)

Accroissement net

Abattages

Pour cent

Millions de m³ sans écorce

Pour cent

Millions de m³ sans écorce

Europe

75

210

191

224

75

210

224

Afrique

5

8

5

5

10

11

9

Asie

36

63

63

77

36

64

78

Région du Pacifique

-

-

-

-

92

9

15

- Non disponible
¹ Superficie des forêts utilisées pour lesquelles a) l'accroissement net, la possibilité et les abattages, et b) l'accroissement net et les abattages sont indiqués, rapportée à la superficie totale des forêts utilisées de chaque région, il est difficile de se faire une idée précise de; la situation, mais les rapports communiqués par divers pays (Birmanie, Chili, Ethiopie, Turquie, Japon, par ex.) montrent que les coupes excessives sont loin d'être rares.

Les renseignements relatifs aux pertes à l'exploitation et aux pertes au flottage sont limités et sujets à caution. Le tableau 20 résume les données numériques communiquées pour chaque région; elles portent sur moins des deux cinquièmes des forêts exploitées du monde.

On pourrait conclure du tableau 20 que, pour l'ensemble du monde, les pertes à l'exploitation et les pertes au flottage représentent environ 4 pour cent du volume des abattages. Cependant cette proportion ne correspond pas à la réalité, car ii n'est guère probable qu'en Afrique et en Asie ces pertes n'atteignent pas le pourcentage indiqué pour l'Europe (8 %), où l'accès des forêts est facilité par un réseau de communication très développé. La faiblesse des chiffres communiqués provient indubitablement de l'insuffisance des statistiques des abattages et de l'exclusion des espèces non commerciales; dans l'hémisphère sud, les pertes effectives peuvent facilement atteindre ou dépasser 10 pour cent. Les rapports soumis par divers pays indiquent que ce pourcentage dépassait un quart du volume total abattu à Ceylan, au Chili et à Madagascar, un cinquième au Paraguay et en Corée du Sud, et un dixième au Brésil, en Equateur, en Espagne, en France, en Nouvelle - Zélande, en Syrie et au Viet-Nam.

TABLEAU 20. - ABATTAGES ET QUANTITÉS ENLEVÉES DANS: LES FORETS UTILISÉES

Régions

Superficie pour laquelle des renseignements ont été rassemblés¹

Total des abattages

Pertes a l'exploitation et pertes au flottage

Quantités enlevées

Total

En % des abattages

Total

A l'hectare

Pour cent

Millions de m³ ²

Pour cent

Millions de m³ ²

M³ ²

Europe

75

224

18

8

206

2,2

Amérique du Nord

78

288

-

-

288

2,0

Amérique latine

55

118

13

11

105

2,1

Afrique

11

22

*

1

22

1,8

Asie

50

103

1

1

102

1,2

Région du Pacifique

93

15

1

4

14

0,9

* Négligeable.
- Non disponible.
¹ Superficie des forêts utilisées pour lesquelles les abattages et les pertes sont indiqués rapportée à la superficie totale des forêts utilisées de chaque région
² Sans écorce.

La FAO rassemble et publie chaque année les statistiques des quantités enlevées dans les forêts utilisées que lui communiquent tous les Etats Membres et les territoires dépendants7. Ces données, ramenées à la moyenne pour ces dernières années (dans la plupart des cas 1950 - 52), ont été complétées par les autres renseignements qu'il a été possible d'obtenir et sont présentées au tableau 21.

7 FAO, Annuaire statistique des produits forestiers. Le septième volume a été publié en 1953.

TABLEAU 21. - QUANTITÉS ENLEVÉES DANS LES FORÊTS UTILISÉES DU MONDE, MOYENNE 1950-52

* Négligeable.

Ces chiffres ne comprennent pas les quantités enlevées non déclarées et les abattages illicites des pays pour lesquels il n'y a pas eu d'évaluation officielle. Ainsi, le volume total des quantités annuellement enlevées des forêts exploitées du monde est d'environ 1.400 millions de mètres cubes. La proportion des bois d'œuvre et d'industrie, qui, pour l'ensemble du monde, est approximativement de 50 pour cent, varie d'une région à l'autre suivant la répartition par espèces (l'industrie utilise davantage les résineux) et suivant les besoins des populations locales en bois de chauffage. Dans les pays riches en forêts et de population peu dense, la plus grande partie du bois qui ne peut servir qu'au chauffage est abandonnée dans la forêt. Dans d'autres parties du monde, où le bois de chauffage est rare et les autres combustibles coûteux ou introuvables, tout le bois de chauffage est enlevé de la forêt. Le fait que le pourcentage du bois de chauffage soit élevé ne signifie donc toujours que l'exploitation forestière n'est pas rationnelle.

Pour l'ensemble du monde, le volume des quantités enlevées annuellement est en moyenne d'un peu plus de 0,5 mètre cube par habitant. Ce chiffre varie lui aussi d'une région à l'autre et correspond notamment au niveau de développement des industries qui utilisent le bois comme matière première et à l'importance des exportations. On relève, parmi les volumes les plus élevés, 10 mètres cubes en Finlande, 6 au Canada et 3 en Norvège; dans les pays où le manque de forêts est grave, ce volume se réduit à une très petite fraction de mètre cube.

Antres sources de bois rond

La forêt ne représente pas la seule réserve de bois rond du monde; il faut y ajouter les arbres plantés isolément ou en groupes dans les parcs et les jardins, les arbres plantés séparément, en rangées ou en bouquets, au bord des cours d'eau, des canaux et des routes pour arrêter le vent, les arbres fruitiers, les peupliers et les autres espèces plantés sur les terres de culture pour en augmenter le rapport, les arbres plantés sur les terrains irrigués dans les régions arides.

Le bois rond fourni par les arbres hors forêt est surtout utilisé sur place comme combustible; ces arbres alimentent parfois les industries qui utilisent le bois comme matière première en espèces précieuses qui n'existent pas dans les forêts (arbres fruitiers, par exemple, et surtout cerisier, pommier et poirier). Il arrive également que les arbres hors forêt représentent une source importante du bois utilisé pour la construction, le placage et la fabrication de pâte de bois.

Les statistiques des arbres hors forêt sont presque toujours insuffisantes. Ces arbres appartiennent normalement à une multitude de petits propriétaires; leur administration ne relève généralement pas de la compétence des services forestiers et leur abattage n'est pas contrôlé. Cependant, les chiffres communiqués par les 33 pays qui ont pu fournir une évaluation des volumes de bois rond provenant de cette source donnent à - penser que dans le passé l'importance des arbres hors forêt n'a pas été estimée à sa juste valeur.

Dans les pays en question, les arbres hors forêt ont fourni 33 millions de mètres cubes de bois rond environ, représentant 14,5 pour cent de la production nationale. Déduction faite de 8 pour cent, la totalité de ce bois a été utilisée comme combustible, si bien que le bois rond fourni par les arbres hors forêt a représenté respectivement 4,5 et 26 pour cent des ressources totales en bois d'œuvre et d'industrie et en bois de chauffage. Ces chiffres font apparaître la nécessité de ne pas négliger les arbres hors forêt lorsque l'on fixe une politique forestière nationale tenant compte des ressources totales en bois.

TABLEAU 22. - BOIS ROND FOURNI PAR LES ARBRES HORS FORÊT

Pays

Total (milliers de m³)

En pourcentage du total des quantités enlevées de

Tout le bois rond

Bois d'oeuvre et d'industrie seulement

Bois de chauffage seulement

France

3640

12

3

19

Italie

9238

41

18

47

Pays-Bas

158

20

20

20

Royaume-Uni

230

13

-

-

Israël

1

10

17

-

Jordanie

2

5

40

-

Syrie

1585

38

66

38

- Non disponible.

A titre d'exemple, on trouvera au tableau 22 les chiffres se rapportant à certains pays d'Europe et du Proche-Orient.

En Italie et en Syrie, les forêts ne représentent que les trois cinquièmes des ressources nationales en bois rond. En France et au Royaume - Uni, les arbres hors forêt représentent le huitième des ressources nationales. Il est manifeste que, pour établir des inventaires forestiers nationaux, surtout dans les pays pauvres en forêts, il faudra désormais tenir compte de la nécessité d'évaluer plus exactement les ressources que peuvent fournir les arbres hors forêt.

Conclusions

Il ressort de l'inventaire forestier mondial de 1953 qu'il existe dans le monde suffisamment de forêts pour alimenter abondamment en produits forestiers une population beaucoup plus nombreuse qu'aujourd'hui. De nos jours, sur 3.900 millions d'hectares de forêts, un tiers seulement est exploité. Sur les immenses réserves inexploitées de bois sur pied du monde, à l'heure actuelle 600 millions d'hectares ou davantage sont accessibles.

L'inventaire souligne, cette fois encore, le contraste entre les forêts de résineux exploitées, où l'équilibre est à peu près réalisé entre l'accroissement et le prélèvement, et les forêts de feuillus utilisées, qui sont sous-exploitées. Bien qu'elles ne représentent qu'un tiers de la population mondiale et moins des deux cinquièmes des forêts, les trois grandes régions productrices de résineux, Europe, Union soviétique et Amérique du Nord, totalisent 70 pour cent des prélèvements.

Une question essentielle se pose: les pertes dues à des agents naturels et les abattages l'emportent - ils sur l'accroissement? Les forêts sont-elles soumises à des coupes excessives? Cette fois encore, l'inventaire ne permet pas de donner des réponses nettes et précises. Sur la base des volumes indiqués pour les quantités enlevées et partant de diverses hypothèses sur la proportion de l'écorce, les pertes à l'exploitation, au flottage, les pertes naturelles et l'accroissement brut, on peut hasarder l'évaluation très approximative suivante: dans les 600 millions d'hectares de forêts de résineux exploitées, l'accroissement et le prélèvement s'équilibrent à peu près, avec 1.100 millions de mètres cubes (non écorcé) de part et d'autre. Il est inutile de souligner le caractère provisoire de cette conclusion, car nous avons déjà suffisamment mentionné les nombreuses lacunes dans les renseignements fournis. Dans les 500 millions d'hectares de forêts de feuillus exploitées, on peut évaluer l'accroissement brut à 1.300 millions de mètres cubes environ, dont les trois quarts peut-être sont absorbés par les prélèvements ou par les pertes dues à des agents naturels. La sous - exploitation provient surtout de ce qu'un grand nombre des espèces des forêts tropicales et subtropicales ne sont pas mises actuellement sur le marché et qu'une fraction seulement du matériel non marchand est utilisée comme bois de chauffage.

La forêt est une ressource qui peut se reconstituer. Soumise à un aménagement rationnel, elle peut produire indéfiniment un revenu annuel. Mais ces richesses inestimables peuvent également être facilement détruites; l'expérience l'a montré, des coupes excessives n'ont pas uniquement pour conséquence d'appauvrir le capital forestier; leurs répercussions sur le climat, le sol et le régime des eaux peuvent être désastreuses. Cependant, dans de vastes régions, l'aménagement forestier n'en est pas encore au stade du rendement soutenu. Dans certaines régions, c'est à peine si on a commencé à classer les forêts réservées, ce qui est pourtant la base de tout aménagement; la superficie des forêts avec règlements d'exploitation est encore relativement peu étendue, et rares sont les pays où les méthodes de coupe en vigueur ne laissent pas beaucoup à désirer.

Tous les renseignements recherchés dans ce deuxième inventaire mondial de la FAO consistaient en données statistiques qui peuvent être considérées comme indispensables à l'élaboration des politiques forestières nationales. Si on le compare aux résultats de la première enquête, cet inventaire témoigne que des progrès encourageants, voire remarquables, ont été accomplis. Cependant, les renseignements rassemblés ne nous permettent pas encore de dresser un tableau complet et détaillé des ressources forestières mondiales. Tout d'abord, bien que des progrès sensibles facilitent la comparaison de pays à pays, les statistiques varient encore beaucoup en portée, en contenu et en exactitude. La distinction fondamentale entre forêts accessibles et forêts inaccessibles n'est ni universelle ni uniforme; de même le classement des forêts accessibles en forêts utilisées et forêts inexploitées n'existe pas dans tous les pays. Il y a de nombreuses méthodes différentes pour calculer le bois sur pied, l'accroissement et le prélèvement; les statistiques des abattages ne portent souvent que sur une partie du matériel abattu. Ensuite, nombre de pays ne recueillent pas encore toutes les données nécessaires à l'élaboration de la politique forestière. En fait, pour recueillir un grand nombre de ces données, par exemple celles qui se rapportent au matériel sur pied, à l'accroissement, au prélèvement et aux abattages, il faut non seulement de grandes connaissances techniques et une pratique rigoureuse des méthodes statistiques, mais également un service forestier bien organisé, à même de rassembler les statistiques à l'échelon local. Pour réaliser de nouveaux progrès, il faudra donc généraliser l'adoption d'un programme minimum en matière de statistiques, tendre vers l'utilisation concertée de notions et de définitions uniformes, et créer ou développer les services statistiques des divers pays. L'inventaire, tout en nous donnant une connaissance beaucoup plus étendue des forêts du monde, renseigne également sur les travaux accomplis, puisqu'il indique les progrès effectués au cours des dernières années en ce qui concerne la juste appréciation de la valeur des forêts, leur aménagement et les statistiques.

Les résultats de l'inventaire de 1953 ont à la fois une valeur d'encouragement et de mise en garde: encouragement puisqu'ils démontrent l'importance des progrès effectués depuis la guerre, mise en garde puisqu'ils soulignent tout ce qui reste à faire pour utiliser rationnellement les ressources.

ANNEXE I. - CATÉGORIES DE TERRES

ANNEXE I - CATÉGORIES DE TERRES (fin)

ANNEXE II. - QUELQUES ÉVALUATIONS A L'ÉCHELLE MONDIALE

Dans les quatre tableaux ci-après (qui sont des évaluations de la FAO), on s'est efforcé d'évaluer les totaux mondiaux de certains des éléments importants de l'inventaire. Etant donné que ces évaluations reposent essentiellement sur les renseignements communiqués, elles renferment toutes les inexactitudes qui ont déjà été signalées dans ces données. On a introduit d'autres possibilités d'erreur en généralisant les chiffres pour les pays et régions où les réponses étaient peu abondantes, quoique certains ajustements aient été effectués dans les cas où les chiffres recueillis ne correspondaient manifestement pas à la réalité. Cependant, ces chiffres pourront, croit - on, présenter de l'intérêt du fait qu'ils donnent une idée de l'ordre de grandeur des ressources.

TABLEAU A. - RÉPARTITION DES FORETS DU MONDE

TABLEAU B. - MATÉRIEL SUR PIED DANS LES FORÊTS UTILISÉES DU MONDE

TABLEAU C. - QUANTITÉS ENLEVÉES ET ACCROISSEMENT BRUT DANS LES FORÊTS UTILISÉES DU MONDE

² Pour les superficies correspondantes, voir tableau 25.

Note: On a réuni les quantités enlevées et l'accroissement brut dans le même tableau pour gagner de la place; bien entendu, les évaluations ne sont pas comparables. Etant donné qu'elles sont exprimées de part et d'autre en volumes sans écorce et avec écorce, les différences qu'elles comportent ne donnent aucune indication sur le total des pertes dues à des agents naturels, à l'exploitation et au flottage.

TABLEAU D. - RÉPARTITION PAR RÉGIONS DES FORÊTS, DU MATÉRIEL SUR PIED, DE L'ACCROISSEMENT ET DES QUANTITÉS ENLEVÉES, EN POURCENTAGES

Régions

Superficie boisée

Forets accessibles

Forets utilisées

Matériel sur pied

Accroissement brut

Quantités enlevées

Pour cent

Europe

3

7

12

10

14

19

U.R.S.S.

19

24

31

35

19

24

Amérique du Nord

17

18

19

17

20

27

TOTAL

39

49

62

62

53

70

Amérique latine

24

19

8

10

12

11

Afrique

20

16

10

8

12

7

Asie

15

15

18

19

22

11

Rég. du Pacifique

2

1

2

1

1

1

TOTAL

61

51

38

38

47

30

ÉTUDES DES FORÊTS ET DES PRODUITS FORESTIERS

N° 1. Préparation d'un inventaire forestier national
Ouvrage de référence sur les méthodes modernes utilisées pour effectuer les inventaires forestiers nationaux. Editions franchise, anglaise et espagnole. $1,00

N° 2. Politique, législation et administration forestières
Etude de base sur les principes de politique forestière, sur les mesures législatives nécessaires pour donner plein effet à la politique et sur l'organisation et les procédures administratives appropriées. Editions française, anglaise et espagnole. $2,00

N° 3. Tropical Woods and Agricultural Residues as Sources of Pulp
Recueil des communications présentées à la cinquième réunion du Comité de la chimie du bois de la FAO, Appleton, Wisconsin (Etats-Unis), septembre 1951. Edition anglaise seulement. $2,00.

N° 4. Forêt et pâturage
Etude de la politique suivie à l'égard du pâturage en forêt et des terrains de parcours forestiers et des méthodes d'appliquer dans les régions tempérées, tropicales et arides. Editions française, anglaise et espagnole. $2,00

N° 5. La lutte contre les incendies de forêts
Brève étude sur l'établissement de plans et l'organisation nécessaire, au niveau national, pour la prévention des incendies et la lutte contre les feux de forêt. Editions française, anglaise et espagnole. $1,00

N° 6. Raw Materials for More Paper
Exposé des procédés de réduction en pâte et des méthodes recommandées pour les essais à la suite des conclusions formulées par des spécialistes de la pâte et du papier réunis à Rome en décembre 1952. Edition anglaise seulement. $2,00

N° 7. Forestry Abstracts Coverage List
Catalogue mondial des publications traitant des questions qui intéressent les forêts. Cette liste a été établie par le «Commonwealth Forestry Bureau», Oxford (Angleterre), à l'aide du fichier bibliographique qui lui sert à préparer sa publication trimestrielle, Forestry Abstracts. Edition anglaise seulement, avec notes explicatives en franchis et en espagnol. $1,50

N° 8. Politique forestière nationale en Europe
Ouvrage de référence exposant les politiques forestières actuelles des Etats Membres de la Commission européenne des forêts de la FAO. Editions française et anglaise. $3,00

N° 9. Research in Forestry and Forest Products
Répertoire mondial des instituts de recherche, avec un exposé succinct de leurs programmes actuels de recherche et de leurs activités. Edition anglaise seulement. $3,00

N° 10. Directory of Forestry Schools
Répertoire provisoire des écoles forestières du monde entier; renseignements sur les programmes d'études, les diplômes décernés et les facilités dont disposent les étudiants étrangers. Edition anglaise seulement. $3,00

N° 11. Les eucalyptus dans les reboisements
Parmi les divers groupes d'essences forestières, l'un des plus plastiques est le genre Eucalyptus. Cette monographie, rédigée par un expert qualifié, présente la synthèse des connaissances actuelles sur les caractéristiques botaniques et sylvicoles, les techniques d'implantation et de culture, la qualité des bois et leur emploi au point de vue technologique. Edition française; édition anglaise en préparation. $3,50

COLLECTION: MISE EN VALEUR DES FORÊTS

Nouvel le série

N° 1. Du choix de tracteurs pour le débardage
Cet ouvrage indique comment choisir, en fonction des conditions locales, les tracteurs pour l'extraction et le transport du bois. Il expose aussi les méthodes permettant de déterminer les prix de revient par unité. Edition française; édition anglaise en préparation. $2,00

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DEUX IMPORTANTES ENQUÊTES ÉCONOMIQUES

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Cet exposé de la situation mondiale et des perspectives en ce qui concerne les principaux produits de l'agriculture, des forêts et des pêches, est le plus récent des rapports annuels préparés par la FAO de l'intention de ses 71 Etats Membres. Après une description générale de la situation actuelle dans le monde, l'analyse se poursuit région par région et produit par produit. $1,50

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Non seulement en Amérique du Nord, mais aussi dans certains pays de l'Europe et de l'Extrême-Orient, certains produits agricoles sont en «excédents». Qu'entend - on par là? Et quelles mesures doivent être prises pour écouler ces excédents en troublant le moins possible les structures nationales et internationales des prix? Ces questions ont été discutées par la Commission des produits de la FAO dont les conclusions sont exposées dans cette Etude sur les politiques en matière de produits (N° 5) $0,50

PUBLICATIONS DE LA FAO SUR L'ÉCONOMIE FORESTIÈRE

ANNUAIRE STATISTIQUE DES PRODUITS FORESTIERS, 1954

Texte en anglais, français et espagnol, tableaux en anglais et en français. $2,50.

Cet annuaire, le huitième de la série, donne des chiffres officiels, communiqués par plus de cent pays et territoires, sur la production et le commerce des bois ronds, du bois travaillé, de la pâte de bois, du papier journal, des papiers et cartons et des panneaux de fibre, ainsi qu'un bref aperçu du commerce mondial.

INVENTAIRE FORESTIER MONDIAL, 1953

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Résultats de l'enquête sur les ressources forestières mondiales entreprise par la FAO en 1953 dans plus de 190 pays et territoires.

LA PATE ET LE PAPIER DANS LE MONDE: RESSOURCES ET PERSPECTIVES

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STATISTIQUES DU BOIS EN EUROPE

Bulletin trimestriel. Bilingue anglais - français. Vendu seulement par la Section des ventes des Nations Unies à Genève (Suisse). Le numéro $0,50. Abonnement annuel: $2,00.

Ce bulletin, préparé conjointement par la FAO et la Commission économique pour l'Europe, publie chaque trimestre des statistiques cumulatives pour l'année en cours et l'année précédente, ainsi que des rapports sur les marchés du bois de la plupart des pays d'Europe.

CONSOMMATION, PRODUCTION ET COMMERCE DU BOIS EN EUROPE - ÉVOLUTION ET PERSPECTIVES

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Cette étude, préparée conjointement par la Commission économique pour l'Europe et la FAO, analyse l'évolution de la production et de la demande des produits forestiers de 1913 à 1950 et évalue les besoins futurs de la consommation vers 1960.

POSSIBILITIES FOR THE DEVELOPMENT OF THE PULP AND PAPER INDUSTRY IN LATIN AMERICA

1954. Editions anglaise et espagnole. Vendu seulement par les agents de vente des Nations Unies. $1,50.

Cette étude, préparée conjointement par la Commission économique pour l'Amérique latine et la FAO, analyse les tendances de la demande actuelle et future de pâte et de papier en Amérique latine et examine l'importance des ressources en matières premières et le potentiel de fabrication.


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