Rapport sur les produits

Produits forestiers, 1951 - 1954

La production annuelle des forêts du globe au cours des dernières années a atteint environ 1.420 à L470 millions de mètres cubes de bois rond, résineux et feuillus de toutes catégories. Environ 55 pour cent du volume total de la production de bois rond a été employé par l'industrie, et le reste comme bois de chauffage. Le volume total des coupes de bois rond, résineux et feuillus, en 1951, 1952 et 1953, tel qu'il figure dans les rapports reçus par la FAO, est résumé au tableau 1.

TABLEAU 1. - PRODUCTION MONDIALE DE BOIS ROND

Régions	1951		1952		1953
	Total	dont en bois d'industrie	Total	dont en bois d'industrie	Total	dont en bois d'industrie
	Millions de m3 ®
Europe	266	161	261	160	252	154
U.R.S.S.	*335	*190	*365	*205	*400	*230
Canada et Etats-Unis	381	310	376	311	376	315
Amérique latine	171	21	170	21	169	21
Asie	142	51	138	53	142	54
Afrique	104	9	104	9	105	10
Région du Pacifique	22	11	21	11	22	12
TOTAL MONDIAL	1421	753	1434	770	1466	796

* Estimations.

Les variations du volume total des bois exploités dans le monde reflètent principalement les fluctuations de la production en Europe et en Amérique du Nord. Dans ces pays, l'instabilité du marché peut déterminer des fluctuations considérables dans le volume des coupes des principaux pays producteurs et exportateurs, non à l'époque où surviennent les changements sur le marché, mais une année ou deux plus tard en raison du long délai qui sépare la coupe et la vente des produits. Au cours de l'année 1951, par exemple, un marché en hausse détermina une augmentation appréciable du volume des coupes. Plus tard, avec le marché en baisse de 1952, le volume des coupes fut fortement réduit, car les industries avaient constitué des stocks importants de produits finis en faisant largement appel à leurs ressources existantes en matières premières.

En d'autres régions, la situation a été un peu différente. En U.R.S.S., le programme qui vise à accroître d'une manière continue le volume des coupes est en cours d'application, et, quoique peu d'informations officielles soient données, il y a tout lieu de penser que l'exécution de ce programme approche du but fixé. Au Japon, le plus important producteur d'Asie, les besoins en bois d'industrie ont conduit à une baisse constante de la production de bois de chauffage. En Amérique latine, en Afrique et dans la région du Pacifique, une utilisation plus complète et meilleure des ressources forestières, conjuguée avec l'augmentation de la demande locale pour la plupart des produits forestiers, suscite une hausse continue, bien que lente, du niveau de la production.

Les données dont on dispose semblent indiquer une légère augmentation, atteignant Peut-être une vingtaine de millions de mètres cubes, de la production mondiale de bois rond en 1953. En Amérique du Nord, des conditions économiques favorables ont conduit à une augmentation de la production de sciages, de pâte et de papier, et, en conséquence, à un accroissement des ressources en bois ronds industriels. En. Europe, par contre, une légère baisse semble s'être produite par rapport au niveau de 1952; la production des grumes de sciage ne s'est accrue que dans une proportion insignifiante, et celle du bois papetier et des bois de mine a fléchi, notamment dans les pays d'Europe septentrionale. La baisse de la production européenne a en partie compensé l'augmentation de production de l'Amérique du Nord et les faibles augmentations des autres régions.

TABLEAU 2. - EXPORTATIONS MONDIALES DE BOIS BOND

Produits	1950	1951	1952	1953
	Millions de m3 ®
Grumes résineux	1,46	1,43	1,29	1,20
Grumes feuillus	3,15	4,16	3,68	3,90
Bois de mine	2,10	2,53	4,60	2,10
Bois papetier	7,23	11,46	9,70	6,40
Perches, poteaux et pieux	0,54	0,57	0,56	0,70
TOTAL	14,48	20,15	19,83	14,30

Le commerce international des bois ronds, qui, en 1952, avait déjà été affecté par la tendance à la baisse du marché et avait fléchi d'environ 3,5 pour cent par rapport au niveau élevé de 1951, est tombé assez rapidement d'encore 24 pour cent environ. Ce fait est dû surtout au ralentissement du commerce des bois de mine et des bois papetiers en Europe et en Amérique du Nord, ralentissement consécutif à la constitution de stocks importants en 1951/52 et à la situation peu

TABLEAU 3. - PRODUCTION MONDIALE DE SCIAGES

Régions	1938	1948	1949	1950	1951	1952	1953
	Millions de m3 (s)
Europe1	56,91	53,52	53,86	53,74	53,59	48,97	50,05
U.R.S.S.2	34,00	40,00	45,00	49,50	*55,00	60,48	64,00
Amérique du Nord	67,47	103,65	95,95	107,12	105,29	108,41	112,45
Amérique latine	4,00	8,28	8,57	7,82	9,32	9,56	*9,50
Afrique	1,00	1,50	1,70	1,78	2,11	2,28	*2,45
Proche-Orient	0,30	0,55	0,37	0,42	0,48	0,54	*0,55
Asie et Extrême-Orient3	18,50	11,68	13,18	16,74	17,48	21,95	*22,10
Océanie	2,50	3,62	3,83	3,98	4,40	4,37	*4,45
TOTAL MONDIAL	184,70	222,80	222,46	241,10	247,67	256,56	265,55

* Estimations.
¹ Comporte les estimations pour les pays d'Europe orientale.
² Chiffres officiellement fournis pour 1950, 1952, 1953.
³ A l'exclusion de la Chine continentale favorable du marché de 1952 pour les produits forestiers en général.

Depuis la fin de 1953, les besoins des industries d'Europe pour la reconstitution de leurs stocks de matières premières et, simultanément, le maintien d'une forte demande en ce qui concerne la plupart des produits forestiers ont provoqué une légère augmentation du volume des coupes dans les pays producteurs les plus importants. Les chiffres, pour le commerce européen des bois ronds au cours du premier semestre de 1954, ont également indiqué une augmentation sensible par rapport au faible niveau du commerce en 1953. En Amérique du Nord, par contre, le ralentissement temporaire de la demande et l'augmentation des stocks de sciages et des produits papetiers ont provoqué, jusqu'à présent, une légère réduction de l'activité dans les forêts. En d'autres régions, il ne semble pas qu'il y ait de changement par rapport au niveau élevé d'activité qui régnait vers la fin de l'année 1953; on doit donc pouvoir s'attendre à ce que le volume total des coupes dans les forêts du globe pour 1954 fasse apparaître une nouvelle augmentation.

Sciages

La production de sciages résineux et feuillus d'Europe et d'Amérique du Nord représente environ 60 à 65 pour cent de la production mondiale totale de sciages. Ces continents contribuent également pour plus de 90 pour cent au volume total des exportations du globe, et pour 80 à 85 pour cent du volume total des importations. En Europe, 30 à 35 pour cent de la production totale de sciages du continent va au commerce international.

La demande et la consommation de sciages dépendent largement du niveau de l'activité industrielle et des conditions économiques et sociales générales: elles sont maxima dans les régions où le niveau économique est le plus élevé, c'est - à dire en Amérique du Nord et en Europe. Aussi la situation du marché dans ces deux régions a-t-elle de tout temps déterminé la physionomie d'ensemble du commerce mondial des sciages. En 1950, et jusqu'à 1952, les tendanes du marché en Amérique du Nord et en Europe ont parfois varié; les fluctuations survenues dans une région ont en partie compensé celles de l'autre et rétabli l'équilibre sur l'ensemble du marché mondial. Depuis la fin de 1952, les fluctuations «post - coréennes» de la demande et des prix se sont stabilisées, et les progrès généraux de l'activité industrielle et de la construction dans la plupart des régions du monde ont progressivement conduit à des conditions plus satisfaisantes du marché, également en ce qui concerne les sciages. La production mondiale est passée de 256.560.000 mètres cubes en 1952 à 265.550.000 mètres cubes en 1953, nouveau chiffre record. Le commerce des sciages s'est également relevé, et a atteint environ 27 millions de mètres cubes en 1953 contre 23.500.000 en 1952, chiffre légèrement inférieur au volume record de 27.900.000 mètres cubes de 1951. En Europe, l'augmentation de volume des transactions a eu une portée régionale; les exportations à destination des autres continents ont continué de décliner. En Amérique du Nord, le vigoureux développement de l'activité industrielle, conjugué avec la persistance d'une forte activité dans la construction, s'est traduit par un accroissement de la production, mais le volume des échanges entre le Canada et les Etats-Unis n'a pas sensiblement varié, et la diminution des exportations vers l'Europe a été compensée jusqu'à un certain point par d'importantes exportations vers d'autres continents. En U.R.S.S. l'accroissement constant de la production a été surtout utilisé pour satisfaire aux besoins intérieurs du pays. En Amérique latine, des difficultés économiques et commerciales générales ont ralenti la production et le commerce de sciages pendant le premier semestre de 1953; vers la fin de l'année, la situation s'est légèrement améliorée, et les exportations des principaux pays producteurs (notamment le Brésil), vers les pays voisins et vers d'autres continents, ont accusé un 'léger progrès par rapport à 1952, mais la situation est demeurée, en général, moins satisfaisante qu'en 1951.

Au Japon, l'expansion rapide de la production industrielle du pays, l'arriéré important des besoins de la construction et de la réparation des logements, ainsi qu'une demande constamment croissante en habitations nouvelles, ont lourdement pesé sur l'industrie du sciage. Quoique la production ait dépassé d'environ 4 pour cent celle de 1952, et que les exportations de sciages résineux aient été interdites, la pénurie de sciages résineux de toutes catégories s'est fait sentir avec une acuité croissante. Les difficultés de paiement ont rendu difficile tout accroissement substantiel des importations.

Si favorable que parût la physionomie générale du marché, il présentait cependant quelques aspects inquiétants. La stabilisation des prix en 1953 n'a pas, en apparence du moins, réussi à effacer les effets désastreux des fluctuations de 1950 - 52 et à rétablir la position des sciages sur le marché consommateur. Dans la plupart des principaux pays consommateurs, la consommation de sciages semble avoir crû beaucoup plus lentement à partir de l'étiage de 1952 que le rythme de l'activité industrielle et même que celui du logement, de sorte due, en dépit de la reprise de la production et du commerce des sciages en 1953, rien ne paraît indiquer un accroissement correspondant de la consommation réelle. La consommation apparente en Europe, qui était tombée de 51.500.000 mètres cubes en 1950 à 48.500.000 en 1951 et à 47.700.000 en 1952, n'atteignait en 1953 que 48 millions de mètres cubes. En Amérique du Nord également, la consommation apparente a atteint son maximum en 1950 avec 100.500.000 mètres cubes, pour tomber les deux années suivantes à 92.500.000 et 92 millions; en 1953, elle est remontée à 96 millions. La dépression de 1950 à 1951, telle qu'elle est révélée par ces chiffres, est sans aucun doute exagérée par rapport à la baisse réelle, car certains prélèvements ont été effectués sur les stocks des consommateurs; il est néanmoins, évident, en général, que les marchés consommateurs perdus n'ont pas été reconquis. Une gamme variée de nouveaux produits de remplacement, dont quelques-uns semblent avoir acquis une position stable dans les régions à grand développement industriel, remplace progressivement le bois scié, même dans certains emplois traditionnels¹.

¹ L'expression «produits de remplacement» n'a aucun sens péjoratif. Un produit de remplacement peut être à base de bois et constituer, pour un emploi donné, lin matériau plus intéressant que le bois massif. Le vrai danger pour les producteurs primaires réside dans le remplacement en bois par des matières «étrangères».

Tandis que la production de sciages de l'Amérique du Nord et de l'Europe semble approcher de la possibilité des forêts ainsi que de la capacité de production installée des scieries (en Europe, la capacité de production des scieries dépassé de beaucoup les ressources disponibles en matières premières), des progrès constants s'accomplissent dans d'autres régions moins évoluées en vue d'accroître le potentiel de l'industrie du sciage. Mais, même alors, les progrès réalisés sont encore très en retard sur l'expansion projetée, en raison du manque de capitaux et des frais de main - d'oeuvre et d'exploitation.

TABLEAU 4. - COMMERCE MONDIAL DE SCIAGES

Régions	1938	1948	1949	1950	1951	1952	1953
	Millions de m3 (s)
Exportations
Europe1	12,00	8,94	10,70	12,77	13,88	10,48	13,24
U.R.S.S.2	4,80	0,27	0,62	0,85	0,64	0,60	1,04
Amérique du Nord	6,50	7,28	6,62	10,28	11,02	9,90	9,81
Amérique latine	-	1,57	1,32	1,82	1,86	1,52	1,36
Afrique	-	0,14	0,15	0,19	0,24	0,25	0,30
Proche-Orient	-	0,03	0,02	0,03	0,04	0,02	0,02
Asie et Extrême-Orient3	-	0,42	0,50	0,66	0,20	0,75	0,80
Océanie	-	0,09	0,12	0,09	0,09	0,12	*0,11
TOTAL MONDIAL	-	18,74	20,05	26,69	27,97	23,64	26,68
Importations
Europe4	18,00	9,44	11,09	12,33	15,36	12,23	14,83
U.R.S.S.5	-	0,45	0,28	0,01	0,29	0,58	0,33
Amérique du Nord	1,50	4,55	3,92	8,32	6,29	6,27	6,95
Amérique latine	-	1,27	1,36	1,45	1,87	1,53	1,32,
Afrique	-	0,71	0,69	1,26	1,16	1,03	*1,04
Proche-Orient	0,50	0,55	0,96	1,08	1,12	0,74	0,1
Asie et Extrême-Orient3	-	0,17	0,23	0,29	0,33	0,46	0,50
Océanie	-	0,43	0,64	0,69	1,06	0,72	*0,46
TOTAL MONDIAL	-	17,57	19,17	25,43	27,48	23,56	26,44

- Chiffres non disponibles.
* Estimations.
¹ Comprend seulement les exportations des pays d'Europe orientale vers l'Europe occidentale, excepté pour 1938.
³ Exportations vers l'Europe occidentale seulement, excepté pour 1938. - - A l'exclusion de la Chine continentale.
⁴ Comprend les importations de l'Europe orientale d'après les rapports des pays d'Europe occidentale.
⁵ Importations d'après les rapports des pays exportateurs d'Europe occidentale, excepté pour 1938.

On ne peut espérer une évolution régulière et constante de la demande de sciages, car les principaux emplois des produits finis sont sous l'influence de facteurs très divers. Au cours des dernières années, la demande a été normalement modifiée par le climat politique et par la guerre. La demande devrait continuer de s'intensifier, mais sur tous les marchés, spécialement en Europe, les prix sont maintenant des facteurs décisifs.

Le développement des échanges depuis la fin de 1953 jusqu'à la fin de l'été de 1954 a, en fait, provoqué une nouvelle hausse des prix d'exportation des sciages résineux. La grève de l'industrie du sciage sur la côte ouest des Etats-Unis a indirectement incité les importateurs britanniques et ceux d'autres pays européens poursuivre leurs achats en Europe septentrionale et en U.R.S.S., dans la crainte que, par suite des dispositions favorables du marché des Etats-Unis pour les produits canadiens, le volume disponible pour l'exportation du Canada vers l'Europe ne soit insuffisant. Les prix de gros et de détail, dans la plupart des pays importateurs, sont cependant demeurés assez stables, et il est apparu de plus en plus clairement qu'il était difficile de maintenir les prix élevés payés par les importateurs pour la revente des marchandises récemment achetées.

Contreplaqué et panneaux de fibre

Les domaines d'utilisation du contreplaqué et des panneaux de fibre se chevauchent considérablement. En bien des cas, ils peuvent se substituer les uns aux autres; et pour bien des emplois définitifs, ils concurrencent les uns et les autres les sciages. Depuis la fin de la guerre, la production de ces deux produits s'est considérablement développée, comme ç'a été le cas pour la pâte de bois. La production mondiale de contreplaqué (y compris celle de l'U.R.S.S.) atteignait en 1938 2.850.000 mètres cubes environ; en 1951, elle a atteint 6.790.000 mètres cubes, et en 1953 8.340.000 mètres cubes. La production mondiale de panneaux de fibre (panneaux durs ou panneaux de fibre pour le bâtiment) est passée de 780.000 tonnes en 1938 à 2.500.000 tonnes en 1951 et à 2.600.000 tonnes en 1953; on peut estimer la capacité de production mondiale actuelle des panneaux de fibre à 3 millions de tonnes environ².

² Dans le numéro de mars 1954, Unasylva a publié un rapport sur Les Panneaux de fibre, dans lequel il était dit que la production en avait commencé aux Etats-Unis peu après 1920. Il s'agissait en l'occurrence de la production commerciale en grand. L'un des directeurs de la Sundeals Board Company, Ltd, de Londres, signale, dans une lettre adressée à Unasylva, que sa société a été la première au inonde à fabriquer, en quantités commerciales, un panneau de fibre pour le bâtiment. «Ce premier panneau, l'Agasote, était un panneau dur; au cours de la première semaine de fabrication, nous en avons produit dix tonnes, chiffre remarquable pour l'époque, et étant donné qu'il s'agissait d'un produit nouveau.»

La consommation de ces produits a été affectée, comme celle de tous les autres produits forestiers, par les événements de la période 1950 à 1952. Le commerce international a subi un fléchissement particulièrement accusé, et la reprise a été lente; ce n'est que vers le milieu de l'année 1953 qu'une amélioration sensible a pu être notée. Toutefois, les fluctuations des prix enregistrés en 1951 et en 1952 pour le contreplaqué et pour les panneaux de fibre n'ont pas été aussi fortes que celles qui' ont affecté les autres domaines de la production 'forestière. Cela pourrait s'expliquer par le fait que l'accroissement de la capacité de production absorba la première vague de nouvelles commandes, lié à la reprise de la demande et à la nécessité pour les consommateurs de reconstituer leurs stocks; ce ne fut que lorsque la consommation eut suffisamment repris que les acheteurs durent chercher à l'étranger un appoint de fournitures. Comme les principaux pays producteurs destinent à l'exportation une très large part de leur production, ils doivent attendre beaucoup plus longtemps que les exportateurs de sciages, de pâte et de papier pour jouir du retour à la stabilité, qui a en général caractérisé l'année 1953.

TABLEAU 5 - PRODUCTION MONDIALE DE CONTREPLAQUÉ ET DE PANNEAUX DE FIBRE

- Chiffres non disponibles.
* Estimations.
¹ Y compris l'Allemagne orientale en 1938
² Prévisions pour 1950.

Alors que les prix de la plupart des produits forestiers se raffermissaient au cours de l'année 1953, accusant des augmentations de 5 à 10 pour cent, les prix du contreplaqué et des panneaux de fibre sont restés stables, et même vers la fin du printemps de 1954 on n'avait enregistré que des augmentations minimes. Grâce à la persistance des tendances favorables du marché, le volume du commerce international commença de dépasser d'une manière sensible le niveau de 1953, et à l'automne de 1954 les prix eux-mêmes s'étaient encore raffermis, bien que cette hausse restât encore inférieure à celle des prix des sciages.

La capacité de production mondiale de contreplaqué et de panneaux de fibre continue de croître. Les progrès techniques permettent de diversifier ces deux produits et d'étendre rapidement le domaine de leurs emplois définitifs. L'avenir réserve de grandes possibilités à chacun d'eux, surtout aux panneaux de fibre (et de copeaux), qui n'exigent pas de matières premières coûteuses et pour lesquels la construction d'une usine économiquement viable ne nécessite pas des investissements prohibitifs de capitaux. Il semble donc probable que, à la longue, les échanges mondiaux de ces produits, bien qu'ils soient susceptibles de dépasser notablement le niveau actuel, tendront à représenter une fraction de moins en moins importante de la production totale du globe. Il en résulte que les industries du contreplaqué et des panneaux de fibre, essentiellement orientées vers les marchés d'exportation, deviendront de plus en plus vulnérables.

Pâte de bois et produits papetiers

L'année 1952 a été marquée par une sérieuse régression du commerce mondial de la pâte et du papier. Dès le début de l'année, les consommateurs commencèrent à réagir vivement contre la hausse des prix sans précédent de 1951. L'incidence sur la production et le commerce fut d'autant plus marquée que les stocks des consommateurs avaient été constitués en période de hausse, et la fin de l'année amena un arrêt, et en plusieurs cas une récession, de l'activité industrielle. Il se produisit un véritable effondrement de la consommation, les achats devinrent encore plus restreints, et, en dépit de la - chute corrélative des prix, le marché de la pâte et des produits dérivés resta stagnant pendant la majeure partie de l'année 1952. Les cartons et les papiers d'emballage, employés dans presque tous les secteurs de l'économie, furent particulièrement affectés. Seul le papier journal échappa à ces vicissitudes du marché. La demande de papier journal se maintint à un niveau élevé, et la production continua d'augmenter au cours de l'année 1952.

Toutes les régions furent atteintes par les fluctuations du marché de 1950 à 1952, mais ce fut en Europe - région exportatrice la plus importante de pâte et de produits dérivés, où le ralentissement de l'activité économique générale fut le plus marqué - que ces fluctuations atteignirent leur maximum. Comme les stocks des usines s'amoncelaient dans les principaux pays producteurs, et surtout dans les pays exportateurs, la production fut réduite. Beaucoup d'usines fermèrent temporairement, d'autres réduisirent le nombre des heures de travail.

TABLEAU 6. - COMMERCE MONDIAL DE CONTREPLAQUÉ ET DE PANNEAUX DE FIBRE

- Néant.
.. Chiffres non disponibles.
* Estimations.
¹ Vers des pays de l'Europe occidentale seulement en 1951.

TABLEAU 7. - PRODUCTION MONDIALE DE PÂTE DE BOIS

Région	1938	1950	1951	1952	1953
	Milliers de tonnes
Europe occidentale	110614	8530	9430	840	9050
Finlande, Norvège, Suède	(6071)	(6087)	(6647)	(5917)	(6223)
Europe orientale	-	*1150	*1270	*1300	*1370
U.R.S.S.	1163	*1600	*1800	*2000	*2100
Etats-Unis	5384	13471	14964	14070	14840
Canada	3254	7462	8152	7890	7930
Amérique latine	25	300	310	340	*400
Asie	930	725	1080	1270	1540
Océanie	-	154	154	2220	2,30
TOTAL MONDIAL	21370	33390	37140	35570	37440

- Chiffres non disponibles.
* Estimations.
¹ Y compris l'Europe orientale.

Au fur et à mesure que s'écoulait l'année 1952, la demande de produits papetiers augmenta, et les usines de pâte et les papeteries recommencèrent à travailler normalement.

L'année 1953 s'ouvrit sur mie note d'optimisme renaissant, bien qu'encore prudent. Au printemps, la production était revenue à un niveau élevé dans la plupart des pays, et avait même atteint dans certains d'entre eux un niveau record. Il y avait cependant quelques exceptions, notamment en Finlande, où persistait le problème de l'ajustement des prix intérieurs au niveau maintenant stabilisé des prix mondiaux. Cette évolution favorable s'est poursuivie également en 1954, entraînant nu accroissement marqué du volume de la production et des échanges. Si les conditions économiques restent favorables, l'année pourra se classer parmi les années d'activité, assez intense, avec des prix assez stables, pour le marché mondial de la pâte et produits dérivés.

TABLEAU 8. - COMMERCE MONDIAL DE PÂTE DE BOIS

Régions	1938	1950	1951	1952	1953
	Milliers de tonnes
Exportations
Europe	4083	3910	3950	3190	3990
Finlande, Norvège, Suède	(3738)	(3763)	(3029)	(3764)
Canada	500	1662	2021	1751	1763
TOTAL MONDIAL	*4700	5660	6180	5130	5900
Importations	3008	2973	3236	2708	3101
Europe	1550	2164	2145	1756	1958
Etats-Unis	-	317	329	260	201
Amérique latine	4700	5530	5880	4930	5500

- Chiffres non disponibles.
* Estimations.

La production mondiale de la pâte est passée de 35.600.000 tonnes en 1952 à 37.400.000 tonnes en 1953, dépassant ainsi de 300.000 tonnes le chiffre record de 1951. Cette augmentation est due pour la plus grande part à l'expansion constatée aux Etats-Unis, mais des progrès sensibles sont également à enregistrer au Japon, au Canada et plusieurs pays d'Europe. Le commerce mondial de la pâte s'est également accru d'environ 700.000 tonnes, bien que le volume total soit resté légèrement inférieur au chiffre record de 1951. Toutefois, on peut noter que les exportations des trois pays nordiques, qui représentent ensemble plus des trois - cinquièmes du total mondial, ont à peu près exactement regagné le volume maximum de 1951.

La production et le commerce de ces pays sont restés florissants dans les premiers mois de 1954. L'optimisme semble également gagner le marché de l'Amérique du Nord. Au Jappon, le rapide développement de la capacité de production se poursuit, tandis que des progrès lents, niais continus, vers une augmentation de la capacité de production locale se manifestent dans les régions du monde les moins développées, notamment en Amérique latine. On prévoit due plusieurs nouvelles usines commenceront à fonctionner au cours des deux prochaines années; un certain nombre d'autres sont à l'étude³.

³ Les possibilités de développement de la production en Amérique latine ont été discutées en octobre à un congrès d'experts de la pâte et du papier, réunis à Buenos-Aires sous l'égide de la FAO, de la Commission économique pour l'Amérique latine et de l'Administration d'assistance technique des Nations Unies.

La reprise de' 1953 s'est également traduite par une amélioration de la production et du commerce du papier et du carton. La production mondiale de papier journal est passée de 9.700.000 tonnes en 1952 à 10 millions de tonnes en 1953; en 1951, elle avait atteint 9.400.000 tonnes. La production d'autres catégories de papier s'est fortement accrue par rapport an niveau d'étiage de 1952, sans pourtant avoir pu atteindre le niveau record de 1951; la production de carton a accusé le gain le plus fort, et a atteint en 1953 un nouveau niveau record; l'accroissement le plus sensible a été enregistré aux Etats-Unis. Bien que la production du carton ait légèrement fléchi dans les premiers mois de 1954, il semble probable que dans l'ensemble le volume de la production mondiale de toutes catégories de papier et de carton dépassera en 1954 celui des années précédentes.

Les exportations mondiales de papier journal pour 1953 atteignent le total de 5.920.000 tonnes contre 5.850.000 tonnes l'année précédente. Les autres exportations de papier et de carton ont monté de 300.000 tonnes, et atteint 2.140.000 tonnes, chiffre qui reste cependant bien inférieur à celui de 1951 (2.430.000 tonnes). Le marché a gardé des dispositions satisfaisantes au cours du printemps 1954. Malgré un ralentissement du courant de nouvelles commandes les papeteries, dans la plupart des pays, ont continué de fonctionner au voisinage de leur pleine capacité afin de pouvoir faire face à des commandes en suspens. En Amérique du Nord, où la consommation de papier et de carton est la plus élevée du monde, il semble que la demande doive rester ferme en 1954. La capacité de production continue d'augmenter; depuis 1949, la capacité de production du papier, du carton et de la pâte de bois aux Etats-Unis s'est accrue respectivement de 13, 26 et 39 pour cent. Une grande partie de cette capacité de production résulte naturellement de projets établis en 1950 et 1951, en période de hausse, et il semblerait que l'accroissement de la production ait quelque peu devancé celui de la demande intérieure. La mesure dans laquelle l'excédent de capacité de production pourra être utilisé pour satisfaire les besoins croissants des pays déficitaires en bois et en pâte dépendra de la possibilité qu'auront ces derniers de régler leurs importations en dollars.

Prix des produits forestiers (premier trimestre 1950 = 100)

Prix des produits forestiers (premier trimestre 1950 = 100)

Prix des produits forestiers (premier trimestre 1950 = 100)

Prix des produits forestiers (premier trimestre 1950 = 100)

Prix des produits forestiers (premier trimestre 1950 = 100)

NOTES

Sciages
Belgique: importés, Suède: f.o.b., Royaume-Uni: c.a.f., Etats-Unis: production nationale; Allemagne occidentale: production nationale.

Bois ronds
Royaume-Uni, bois de mine, c.a.f.: Allemagne occidentale: bois de mine, production nationale; Finlande: pâte de bois, f.o.b.; Autriche: grumes de sciage, production nationale

Contre-plaqués - Panneaux de construction
Suède 1: sciages de résineux, f.o.b., u/s bastings 2½ x7 inches: Finlande: contre-plaqué bouleau, f.o.b., Royaume-Uni 1: contre-plaqué bouleau finlandais, c.a.f., Royaume-Uni 2: outre contre-plaqué, c.a.f.; Suède 2: panneaux de construction 1/8 inch, feuillus, f.o.b.

Pâtes de bois
Etats-Unis: production nationale; Suède: ou bisulfite, blanchie, f.o.b.; France: ou bisulfite, blanchie, c.a.f. Rouen; Allemagne occidentale: Bavière, ou bisulfite, non blanchie, gare de destination.

Papiers
Finlande: papier journal, f.o.b.; Etats-Unis: papier journal; France: papier journal, 1/1, 5052 gr, taxes non comprises, gare de départ; Suède: papier Kraft, f.o.b.; Etats-Unis 2: papier d'imprimerie.

TABLEAU 9. - PRODUCTION MONDIALE DIE PAPIER JOURNAL

Régions	1938	1950	1951	1952	1953
	Milliers de tonnes
Europe	2801	2570	2650	2670	2825
Finlande, Suède, Norvège	(819)	(910)	(910)	(927)	(948)
Royaume-Uni	(8l3)	(553)	(535)	(546)	(613)
Europe occidentale	-	*(290)	*(315)	*(330)	*(360)
Canada	2625	4825	5045	5177	5190
Etats-Unis	755	919	1006	1006	966
Amérique latine	-	50	50	50	*60
Asie1	*200	185	220	340	491
Océanie	-	30	30	33	46
U.R.S.S.	227	*360	*400	*425	*450
TOTAL MONDIAL	*6600	8935	9400	9700	10030

- Chiffres non disponibles.
* Estimations.
¹ Estimations pour la élime comprises: 45 en 1950, 50 en 1951, 60 en 1952 et 70 en 1953.

Ainsi, cette tendance soutenue vers la hausse de la demande mondiale en produits papetiers semble s'être réaffirmée en 1953. Cette orientation, dominante depuis la guerre dans le domaine des produits forestiers persistera certainement, bien que des interruptions temporaires restent possibles. Le danger réside dans toute discordance sérieuse qui pourrait se manifester entre le rythme d'accroissement de la production et le rythme auquel on peut faire monter la demande effective.

TABLEAU 10. - PRODUCTION MONDIALE D'AUTRES TYPES DE PAPIER ET CARTON

Régions	1938	1950	1951	1952	1953
	Milliers de tonnes
Europe	8292	9180	11900	9327	10510
Allemagne occidentale	2 (2958)	(1396)	(1643)	(1522)	(1767)
Europe orientale	-	(1260)	*(1360)	(1482)	(1590)
Finlande, Norvège, Suède	* (1017)	(1549)	(1738)	(1487)	(1695)
France	(570)	(992)	(1239)	(946)	(1090)
Royaume-Uni	(1837)	(2068)	(2188)	(1799)	(2073)
Canada	484	1224	1341	1201	1262
Etats-Unis	9568	18643	21399	18653	20529
Amérique latine	-	672	735	770	*780
Afrique	-	83	100	105	*100
Asie1	-	975	1330	1415	*1740
Océanie	-	210	220	1110	200
U.R.S.S.	844	1240	*1400	*1560	*1650
TOTAL MONDIAL	*20800	32230	38360	33210	36780

- Chiffres non disponibles.
* Estimations.
¹ Y compris les estimations pour la Chine: 65 en 1950, 120 en 1951, 130 en 1952 et 140 en 1953.
² En Allemagne en 1938.