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Rapport sur les produits


La demande pour le papier et le carton1
Besoins en pâte
Capacité
Approvisionnement en matières premières
Investissement
Commerce international
Travaux futurs de la FAO sur la pâte et le papier
Liste des participants


La demande, l'offre et le commerce de la pâte et du papier

UNE Consultation mondiale sur la demande, l'offre et le commerce de la pâte et du papier s'est tenue au siège de la FAO, à Rome, du 14 au 19 septembre 1959, avec la participation de vingt-sept experts et conseillers venant des pays suivants: Allemagne (République fédérale), Argentine, Australie, Brésil, Canada, Etats-Unis, Finlande, France, Inde, Italie, Japon, Norvège, Royaume-Uni, Suède, Union sud-africaine, Uruguay.

Ont également pris part à cette consultation des représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et de l'Organisation européenne de coopération économique (OECE).

On trouvera à la fin de ce rapport une liste des participants.

2. En souhaitant la bienvenue aux participants au nom du Directeur général de la FAO, M. Glesinger, directeur de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO, a exposé les grandes lignes de l'évolution de la situation mondiale de la pâte et du papier au cours des dix années écoulées depuis la Conférence préparatoire sur les problèmes mondiaux de la pâte de bois tenue à Montréal en 1949; il a également donné un bref compte rendu des buts poursuivis et des progrès réalisés par la FAO en matière de pâte et de papier.

3. M. Robert Fowler, président de l'Association canadienne de la pâte et du papier, a été élu à l'unanimité président de la Consultation.

La demande pour le papier et le carton1

1 Dans les pages qui suivent, «tonne» signifie «tonne métrique». Sauf indication contraire, le mot «pâte»signifie «pâte à papier» seulement (fabriquée avec du bois ou d'autres fibres), à l'exception de la pâte textile. Les chiffres relatifs aux cartons ne concernent pas les panneaux de fibres (panneaux de construction). Les prévisions de la demande (et par conséquent les estimations de bilans régionaux) ont été calculées par des méthodes statistiques mais le nombre des chiffres significatifs n'indique pas là précision.

TABLEAU 1. - DEMANDE DE PAPIER ET DE CARTON: ESTIMATIONS POUR 1965 ET 1975

4. Après que M. Arne Sundelin, fonctionnaire de la FAO et secrétaire de la Consultation, eut présenté brièvement la documentation préparée pour cette réunion la Consultation, se basant sur le document FAO/WPPC-59/15 intitulé Comparison of Earlier Demand Forecasts, a engagé une discussion sur les diverses tentatives faites par divers organismes internationaux et nationaux au cours des dix dernières années pour prévoir les besoins en pâte et en papier. L'étude de ces prévisions a permis de dégager les conclusions suivantes.

a) Presque toutes les prévisions initiales sur la demande ont sous-estimé, le plus souvent très nettement, la consommation réelle. Ceci est plus marqué pour les prévisions basées sur l'information et la conjoncture que pour celles qui s'appuient sur des méthodes statistiques rigoureuses. Bien qu'en général les prévisions les plus élaborées aient donné des chiffres très supérieurs, elles n'ont pas toutes serré de près la consommation réelle. Dans la plupart des cas, néanmoins, la raison de la différence entre les estimations de la demande et la consommation réelle était claire, soit que, par exemple, l'expansion économique ou l'évolution démographique n'aient pas été conformes aux prévisions, ou que l'on se soit basé sur un rapport inexact entre l'accroissement de la consommation et celui du revenu (élasticité du revenu).

Pour juger de la valeur des estimations faites dans le passé, il ne faut pas perdre de vue, d'une part, que les statistiques dont on disposait jusqu'à ces derniers temps pour ce genre d'études étaient loin d'être satisfaisantes, et, d'autre part, que l'évolution de l'expansion économique a été perturbée durant ces dix dernières années par la crise coréenne et la guerre froide.

b) Au cours des dix dernières années, deux éléments nouveaux ont permis d'améliorer la technique de prévision de la demande. En premier lieu, on dispose de statistiques plus complètes et venant d'un plus grand nombre de pays (chiffres de production et de consommation de pâte et de papier, données sur le revenu et sur la population, etc.); on a en outre acquis en matière de demande de produits divers une expérience considérable qui peut, dans une certaine mesure, être appliquée à la pâte et au papier.

c) L'approximation la plus satisfaisante est obtenue en établissant un rapport entre l'accroissement de la consommation de papier et celui de l'ensemble de l'économie, en particulier lorsqu'il s'agit d'études régionales et lorsqu'on dispose de statistiques ne concernant que les grandes lignes de la consommation de papier.

5. Après cet examen des premières tentatives faites pour prévoir la demande de pâte et de papier, la Consultation a discuté le rapport du Secrétariat FAO/WPPC-59/2 intitulé Prévision de la demande jusqu'en 1975. On est tombé d'accord sur le fait que les prévisions basées sur l'analyse statistique (avec les correctifs éventuels imposés par des circonstances locales) ont donné des indications intéressantes aux gouvernements et aux industries qui établissent des plans de développement; elles ont permis d'élaborer des politiques destinées à assurer la stabilité du marché et à éviter de trop gros écarts entre l'approvisionnement et la consommation. Tout en reconnaissant, en accord avec le document du Secrétariat, les limites de ces prévisions, la Consultation a attaché une grande importance aux recherches de l'espèce, envisagées non comme prédictions mais comme instruments de travail.

6. La Consultation a pris note que les prévisions de demande présentées par le Secrétariat n'entendaient donner qu'une indication sur l'accroissement possible de la consommation correspondant à un accroissement donné du revenu: la réalisation de ces prévisions est conditionnée par l'expansion réelle de l'économie, et les pronostics sur celle-ci sont une question d'opinion. Plutôt que d'avancer des estimations correspondant à des années déterminées, mieux vaudrait les présenter en fonction de l'évolution du revenu.

7. La Consultation a estimé que l'analyse présentée par le Secrétariat déterminait clairement l'existence des deux phénomènes suivants.

a) La variation de consommation correspondant à une variation donnée du revenu national diffère selon le niveau de ce revenu; l'effet est relativement plus important pour des revenus faibles que pour des revenus élevés (autrement dit, l'élasticité de la demande diminue lorsque le revenu augmente).

b) Pour un revenu donné, la relation entre le revenu et la consommation établie par comparaison entre différents pays (c'est-à-dire par analyse dans l'espace) n'est pas tout à fait la même que celle qui est calculée d'après des considérations historiques (étude dans le temps); en général, l'incidence de la variation du revenu sur celle de la consommation semble légèrement moins importante dans les études comparatives entre différents pays que dans celles qui suivent l'évolution dans le temps pour un pays ou une région donnée (autrement dit, pour un revenu donné, l'analyse dans l'espace donne une élasticité de la demande légèrement plus forte que l'analyse dans le temps).

8. En ce qui concerne a), la Consultation a estimé que le document présenté par le Secrétariat avait réussi, en adoptant des techniques utilisées jusqu'ici pour l'étude de la demande de produits autres que la pâte et le papier, à expliquer de façon satisfaisante les phénomènes observés, et avait considérablement amélioré les anciennes méthodes d'étude. Les participants ont exprimé l'espoir que le Secrétariat poursuivrait ses études et rendrait de temps en temps compte des résultats obtenus.

9. En ce qui concerne b), la Consultation s'est particulièrement intéressée à l'analyse présentée par le Secrétariat de l'influence sur la demande de divers facteurs autres que l'accroissement du revenu et de la population (désigné dans le document du Secrétariat par les termes time trend). La Consultation a considéré qu'il y avait là un domaine de recherches particulièrement intéressant pour l'avenir.

Parmi les facteurs qui peuvent avoir une influence positive (ou négative) sur cette évolution parallèle, on peut citer les progrès technologiques ayant une incidence sur l'emploi du papier (ou des produits qui le remplacent), les modifications des habitudes nationales, les changements de la position du papier dans l'échelle des prix, et les politiques gouvernementales. Par exemple, un accroissement exceptionnellement rapide de la demande de papier d'impression et de papier à écrire peut survenir dans des pays à revenu faible où l'on s'efforce de lutter contre l'analphabétisme. D'autre part, on peut empêcher la consommation de s'accroître en créant, sous forme de droits, de contingentements des produits ou de restrictions sur les devises, des barrières douanières qui limitent la liberté d'échange des marchandises et exercent une influence sur les prix. L'existence d'autres facteurs, dont l'influence est imparfaitement précisée, rend souhaitable une étude plus approfondie des éléments du time trend.

10. Tout en souscrivant à la méthode d'étude adoptée par le Secrétariat, la Consultation a mis l'accent sur les réserves suivantes qui figurent dans le rapport du Secrétariat.

a) La méthode ne s'applique qu'aux prévisions à moyen et long termes; pour les prévisions à court terme, qui n'ont pas été abordées dans le rapport du Secrétariat, il faudrait faire appel à des techniques différentes.

b) Dans les pays où l'on dispose de statistiques complètes sur la consommation de papier par catégorie et sur les différents facteurs économiques qui exercent une influence sur la demande de chaque catégorie, on pourrait employer d'autres méthodes plus compliquées.

La Consultation a en outre considéré que:

c) Le fait de choisir une période de référence limitée peut avoir une influence sur les prévisions, ce qui constitue un argument supplémentaire pour les raviser très souvent.

11. La Consultation a recommandé au Secrétariat de la FAO:

a) De poursuivre l'étude des méthodes de prévisions de demande de pâte et de papier, en particulier celles qui s'appliquent à des pays déterminés.

b) De revoir périodiquement ses prévisions de demandes régionales et mondiales en tenant compte des données les plus récentes sur l'expansion économique, l'accroissement démographique et la consommation de papier.

c) D'étendre ses recherches à des facteurs autres que le revenu ou la population susceptibles d'influer sur l'évolution de la demande.

12. En étudiant, région par région, les prévisions de demande de papier et de carton, indiquées par le rapport du Secrétariat et résumées au tableau 1, la Consultation a fait les commentaires suivants.

AMÉRIQUE DU NORD

Des prévisions de demandes établies récemment au Canada donnent des chiffres très proches de ceux qui figurent dans le rapport du Secrétariat, bien qu'elles aient été faites à partir de données tout à fait différentes (elles prévoient une expansion économique un peu plus faible jusqu'en 1965). De même, une étude faite récemment aux Etats-Unis (par l'American Pulp and Paper Association) donne des résultats voisins de ceux du Secrétariat si l'on ne tient pas compte des papiers et panneaux utilisés pour la construction, non compris dans les estimations du Secrétariat; les prévisions faites aux Etats-Unis se basent sur une expansion économique un peu plus faible et un accroissement démographique un peu plus important. En général, les études faites en Amérique du Nord prévoient une augmentation un peu plus importante des besoins en carton que le rapport du Secrétariat. Les participants nord-américains ont cependant estimé que les chiffres avancés par le Secrétariat correspondaient à des prévisions raisonnables de l'évolution de la demande en Amérique du Nord.

AMÉRIQUE LATINE

Les délégués d'Amérique latine ont approuvé les estimations faites pour cette région par le Secrétariat, avec une petite réserve: le taux d'accroissement avancé serait un peu bas. On a noté qu'il fallait s'attendre à une augmentation plus forte des besoins de papier en Argentine, où la consommation du papier a été réduite artificiellement pendant la plus grande partie de la période d'après-guerre.

EUROPE OCCIDENTALE

La conférence a pris note que les prévisions sur l'évolution de la demande en Europe occidentale posaient des problèmes particuliers. Si l'on veut comprendre l'évolution de la demande au cours des années précédentes, il ne faut pas perdre de vue que la capacité de production de cette région a été presque entièrement détruite pendant la guerre et que, très récemment encore, il y avait des restrictions sur la consommation dans de nombreux pays. L'expansion économique a été en même temps extrêmement rapide. Des facteurs autres que l'accroissement du revenu ont donc influé sur l'accroissement récent de la consommation; le problème est de déterminer ces facteurs et d'estimer leur influence dans l'avenir. Les chiffres donnés par le Secrétariat avaient été légèrement, et arbitrairement, corrigés en tenant compte de ces facteurs (voir tableau 1).

Le Secrétariat avait préparé une autre estimation, qui supposait que ces facteurs continueraient à exercer sur la demande une influence qui serait cependant moins importante qu'au cours des dix dernières années. Les chiffres pour 1965 seraient les suivants:

Papier journal

4,60 millions de tonnes

Autres papiers et carton

16,75 millions de tonnes

Total papier et carton

21,35 millions de tonnes

Le représentant de l'OECE a présenté une étude de prévisions pour 1965 faite récemment par le Comité de la pâte et du papier de l'OECE. Se basant sur l'évolution dans le temps et prévoyant un accroissement annuel de la production brute de 3 %, elle donne des chiffres voisins de ceux de la deuxième estimation du Secrétariat.

Les délégués d'Europe occidentale ont en général été d'accord pour admettre que les estimations du Secrétariat pouvaient être considérées comme des limites inférieure et supérieure de l'évolution probable de la demande en Europe occidentale.

OCÉANIE

Le délégué australien a reconnu que les chiffres avancés pour l'Océanie donnaient un ordre de grandeur correct, mais il a fait observer que les estimations pour 1975 étaient peut-être un peu faibles pour le papier journal et un peu élevées pour le carton.

EXTRÊME - ORIENT

La Consultation a reconnu le bien-fondé des arguments présentés par les délégués d'Asie, qui ont estimé que les chiffres du rapport du Secrétariat étaient trop faibles; elle n'a pu cependant se prononcer sur le coefficient d'augmentation qu'il conviendrait de leur appliquer.

Japon

Les délégués japonais ont fait remarquer que les taux d'expansion économique choisis (4,5 % pour la décennie en cours et 4 % pour les dix années suivantes) étaient nettement plus faibles que ceux du dernier plan de développement. Au Japon, les plans actuels concernant l'industrie papetière prévoient pour 1965 une production de 5,4 millions de tonnes, et 10,5 millions de tonnes vers 1975, alors que la production actuelle (1958) est de 3,14 millions de tonnes. Ces plans correspondent à des taux d'accroissement du revenu par tête de 5,65 % environ jusqu'en 1965 et de 5,3 % ensuite, jusqu'en 1975. La Consultation a exprimé des doutes sur la possibilité de maintien de taux si élevés pendant vingt ans.

Extrême-Orient, sauf le Japon et la Chine continentale

Les délégués indiens ont fait remarquer que les plans industriels et gouvernementaux de leur pays prévoient une augmentation de la production et de la consommation de papier très supérieure à celle qui serait calculée d'après l'accroissement du revenu, et par conséquent à celle qui figure dans les estimations du Secrétariat. Ceci correspond à une politique délibérée: il s'agit de fournir la quantité de papier nécessaire à la bonne marche de la campagne de lutte contre l'analphabétisme dans laquelle l'Inde s'est engagée. Des facteurs du même ordre exercent une influence certaine, peut-être moins importante, sur l'évolution de la demande dans le reste de cette sous-région. Les plans indiens envisagent vers 1965 une production nationale de papier correspondant à 150 000 tonnes de papier journal et 700 000 tonnes de papier et carton. Au cours des dix années suivantes, jusqu'en 1975, on prévoit un accroissement annuel de la production de l'ordre de 10 %.

La Consultation a admis que les estimations pour l'Extrême-Orient (Japon et Chine continentale non compris) devaient être revues et quelque peu augmentées. Il sera possible d'améliorer ces estimations et de faire un tableau plus clair des possibilités de cette région au cours de la Conférence sur la pâte et le papier en Asie et en Extrême-Orient, due à l'initiative de la FAO et de la Commission économique pour l'Asie et l'Extrême-Orient (CEAEO) et qui doit se réunir à Tokyo en 1960 sur l'invitation du gouvernement japonais.

AFRIQUE, PROCHE-ORIENT ET MOYEN-ORIENT

Les participants n'ont pas fait de commentaires sur les estimations présentées pour ces régions. Le Secrétariat a fait remarquer que les estimations pour le Proche et le Moyen-Orient étaient conformes aux prévisions contenues dans le rapport sur le Projet de développement méditerranéen récemment préparé par la FAO.

U.R.S.S., EUROPE ORIENTALE ET CHINE CONTINENTALE

Le Secrétariat a expliqué que dans les pays à économie planifiée les relations entre l'accroissement du revenu et l'augmentation de la consommation de papier étaient très différentes de ce qu'on observe dans les pays dont l'économie est basée sur la libre entreprise. Ces pays ont fourni pour les quelques années à venir des prévisions pour la production (très voisine de la consommation) nettement inférieures à l'expansion qu'on pouvait escompter d'après les chiffres prévus par les plans; le taux d'expansion économique théorique qui en découle est dans chaque cas considérablement inférieur à ceux qui ont été enregistrés dans le passé ou qui sont prévus pour l'avenir. Dans le cas de l'U.R.S.S., c'est en se basant sur ce taux d'expansion économique théorique réduit pour la période 1965-1975 que l'on a calculé les prévisions des besoins en papier pour la même période. La Consultation a reconnu que c'était là la façon la plus rationnelle de se faire une idée approximative de l'évolution de la demande dans ces pays. Elle a noté que dans les pays dont l'économie est entièrement planifiée on pourrait concevoir un niveau «normal» de la consommation fonction du revenu, quelque peu inférieur à celui que l'on enregistre dans une économie de libre entreprise avec un revenu correspondant. Elle a remarqué que les besoins très importants de papier indiqués par le Secrétariat dans ses prévisions pour la Chine correspondaient à des objectifs très ambitieux, dont la réalisation ne sera possible que si les Chinois sont capables de fabriquer ou d'importer l'équipement nécessaire et de produire les matières premières indispensables.

La Consultation a demandé au Secrétariat de tenir compte des observations ci-dessus lors de la publication de son rapport. Elle a reconnu que, après examen détaillé, région par région, des estimations du Secrétariat, les prévisions globales sur l'évolution probable de la demande mondiale de papier et de carton vers les années 1965 et 1975 étaient, dans l'ensemble, acceptables. Elle a fait remarquer qu'une demande mondiale s'élevant à 88 millions de tonnes vers 1965 et à 134 millions de tonnes une dizaine d'années plus tard correspondrait à un taux d'accroissement légèrement inférieur à celui qui a été enregistré au cours de ces dernières années.

Besoins en pâte

13. Après avoir étudié les prévisions concernant la demande en papier et en carton présentées par le Secrétariat, la Consultation a examiné les besoins en pâte correspondant à ces estimations. Le Secrétariat a proposé une discussion des facteurs de conversion et des taux de récupération des vieux papiers qui avaient été avancés.

Les délégués nord-américains et scandinaves ont signalé qu'on obtenait couramment dans leur pays une tonne de papier et de carton avec une quantité de fibres légèrement inférieure à 1,06 tonnes (poids sec à l'air). En tenant compte des procédés employés dans les pays d'Europe occidentale déficitaires en pâte et de l'évolution à laquelle il faut vraisemblablement s'attendre, on a considéré que ce chiffre pouvait être adopté dans les calculs de prévisions des besoins en pâte de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale. Pour l'ensemble des autres régions du globe, on a estimé raisonnable d'adopter une moyenne de 1,08 tonnes.

14. La Consultation a discuté certains des facteurs qui peuvent influer sur le taux de récupération des vieux papiers. On a remarqué que, dans plusieurs pays, il était nécessaire d'augmenter la proportion de fibre vierge pour satisfaire les goûts du consommateur. Les nouveaux types de papier, où l'on incorpore des matières plastiques et d'autres matériaux, ont augmenté la difficulté et le coût du classement et du nettoyage des vieux papiers avant leur reconversion en pâte. D'autre part, on a presque partout prévu une augmentation rapide de la production des qualités de papiers pour lesquelles peuvent être utilisées d'importantes quantités de vieux papiers. La quantité de vieux papiers utilisée dépendant du rapport entre le prix de la fibre vierge et celui du vieux papier, le taux de récupération pourrait augmenter ou diminuer si ce rapport changeait de façon durable.

Tout bien pesé, la Consultation a estimé qu'il serait raisonnable de maintenir les taux de récupération actuels en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Océanie. Dans d'autres régions, où l'accroissement de la consommation de papier par tête facilitera beaucoup les possibilités de récupération, on doit prévoir, comme l'indique le rapport du Secrétariat, une augmentation du taux de récupération. La Consultation a donc demandé au Secrétariat de recalculer les besoins futurs de pâte, en se basant sur les taux de récupération de vieux papiers indiqués au tableau 2.

TABLEAU 2. - TAUX DE RÉCUPÉRATION DE VIEUX PAPIERS EN POURCENTAGE DE LA CONSOMMATION DE PAPIER: ESTIMATIONS POUR 1965 ET 1975


1955

1965

1975

Amérique du Nord

26

26

26

Amérique latine

20

21

23

Europe occidentale

25

25

25

Europe orientale

22

23

24

U.R.S.S.

14

16

18

Afrique

9

10

12

Proche et Moyen-Orient

8

9

10

Extrême-Orient sauf le Japon et la Chine continentale

17

18

18

Japon

25

28

29

Chine continentale

12

14

16

Océanie

12

12

12

Capacité

15. La Consultation a abordé la discussion du rapport du Secrétariat FAO/WPPC - 59/3 intitulé Meeting Future Needs, qui traite d'abord de la définition de la capacité. Au cours de la discussion, on s'est aperçu que les données sur la capacité fournies au Secrétariat et insérées dans son rapport avaient été déterminées sur des bases différentes selon les pays. On a évoqué quelques-unes des difficultés qui font que la notion de capacité n'est pas la même pour toutes les usines de pâte et de papier, par exemple le nombre de jours de travail par an, le programme de production (dans le cas d'usines capables de produire divers types de papiers), la qualité de la pâte et du papier produits, l'efficacité des opérations, etc. Les délégués des Etats-Unis ont signalé que, dans leur pays, un accord était intervenu sur la définition de la capacité dans l'industrie de la pâte, que des chiffres correspondant à un nombre d'années important avaient été relevés et analysés, et qu'ils s'étaient révélés extrêmement utiles; on a relevé de la même façon les chiffres de capacité des papeteries, bien que cette industrie n'ait décidé que récemment d'adopter pour le mot capacité une définition plus en harmonie avec celle des industries de la pâte, les chiffres fournis jusqu'alors ayant sous-estimé les possibilités de production. Au Canada également, on a rassemblé des chiffres détaillés de capacité correspondant à un grand nombre d'années et déterminés sur des bases satisfaisantes.

La Consultation a considéré qu'il était hautement souhaitable que chaque pays rédige une définition claire et si possible utilisable sur le plan international. Le Secrétariat a fait circuler parmi les participants les définitions adoptées aux Etats-Unis et au Canada.

C'est avec satisfaction que la Consultation a appris que le Comité de la pâte et du papier de l'OECE organisait un groupe de travail qui devra précisément étudier ce problème pour les pays de l'Europe occidentale. Cependant, le problème n'est pas limité à l'Amérique du Nord et à l'Europe occidentale. La Consultation a demandé à la FAO, lorsqu'elle aura pris connaissance des résultats obtenus au cours des délibérations du groupe de travail de l'OECE, de faire tout son possible pour essayer d'obtenir un accord international sur les définitions.

16. La Consultation a ensuite entrepris l'examen des deux concepts de la capacité présentés dans le rapport du Secrétariat: la capacité absolue, qui correspond à la possibilité de production maximum dans les conditions actuelles, et la capacité normale, qui non seulement tient compte du fait que dans la pratique la production ne peut vraisemblablement pas atteindre la capacité totale, mais prévoit également une marge de réserve permettant de faire face à des augmentations inattendues et temporaires de la demande ainsi qu'à des baisses de production imprévues. La Consultation est convenue que pour l'industrie de la pâte et du papier, comme pour d'autres industries de base, il est aussi dangereux pour la stabilité du marché de ne pas disposer d'une petite réserve de capacité que d'en prévoir une trop grande. On a remarqué que depuis la guerre, pendant laquelle la demande était soutenue, l'industrie de plusieurs pays a pendant longtemps travaillé à un rythme proche de la capacité absolue (définie-ci-dessus). Cette situation, très différente de celle qui existait avant la guerre, a sans aucun doute encouragé l'investissement, provoqué la multiplication des plans d'extension, et contribué à créer en Amérique du Nord et en Europe occidentale une capacité actuellement trop importante. A l'issue de cette discussion sur la capacité absolue et la capacité normale, la Consultation a recommandé l'adoption d'une marge de réserve nationale de 5 % pour les industries de la pâte et du papier (c'est-à-dire un taux de fonctionnement normal de 95 %); ce chiffre, qui figurera dans le rapport du Secrétariat, doit être considéré comme provisoire. On a reconnu que, pour de nombreux pays, cette marge ne convenait pas et qu'il pouvait s'avérer nécessaire, après étude, d'adopter dans certaines régions des taux de fonctionnement plus faibles.

17. Compte tenu de renseignements nouveaux parvenus au Secrétariat après l'élaboration de son rapport, et à la suite de consultations individuelles entre le Secrétariat et les participants, la Consultation a approuvé les estimations de la capacité absolue actuelle et des prévisions d'accroissement de cette capacité indiquées au tableau 3.

TABLEAU 3. - CAPACITÉ ACTUELLE ET PRÉVISIONS D EXPANSION, PAR RÉGION

Les participants se sont félicités d'avoir pu, grâce à cette Consultation, discuter librement et franchement des problèmes relatifs à la capacité, ce qui a permis d'établir les estimations portées dans ce tableau. La Consultation a exprimé l'espoir que la FAO provoquerait de nouvelles réunions permettant d'échanger périodiquement des renseignements sur la capacité, les participants ont déclaré qu'ils feraient volontiers tout leur possible pour obtenir les données nécessaires.

18. La Consultation a remarqué que la comparaison entre la capacité absolue et les chiffres de production en 1958 faisait ressortir un taux de fonctionnement de 84 % en Amérique du Nord et 83 % en Europe occidentale pour l'industrie du papier journal, et de 82 % en Amérique du Nord et de 89 % en Europe occidentale pour les autres secteurs de l'industrie papetière. Dans le reste du monde, le taux de fonctionnement est en moyenne de 90 % pour le papier journal et de 85 % pour les autres secteurs.

Si l'on tolère une marge de réserve de capacité de 5 %, on trouve, pour différentes régions, un excédent de capacité lié au niveau actuel de la demande, qui s'exprime par les chiffres indiqués au tableau 4.

TABLEAU 4. - EXCÉDENT DE CAPACITÉ1 DES INDUSTRIES DE LA PÂTE ET DU PAPIER EN 1958

 

Amérique du Nord

Europe occidentale

Reste du monde2

Total

...Millions de tonnes métriques...

Papier journal

0,97

0,47

0,09

1,53

Autres papiers et carton

4,36

0,98

0,72

6,06

Total papier et carton

5,33

1,45

0,81

7,59

Pâte3

4,9

1,5

0,4

6,8

1 Capacité normale c'est-à-dire avec un taux de fonctionnement de 95 %), moins la production réelle.

2 Les chiffres concernant le reste du monde sont sujets à caution. On a admis dans les calculs une marge de réserve de 6 %, qui ne convient pas pour de nombreux pays n'appartenant pas à l'Europe et à l'Amérique du Nord.

3 Voir la restriction indiquée dans le texte.

Le fait qu'on peut, pour 1958, estimer à 7,5 millions de tonnes l'excédent mondial de capacité de l'industrie de la pâte et du papier semble indiquer que cette industrie a sérieusement surestimé l'évolution récente de la demande. Il faut cependant se rappeler qu'au moment où ces plans de développement étaient élaborés on ne pouvait prévoir l'arrêt de l'expansion économique enregistré en 1957/58, qui a influencé la consommation de papier; si la consommation de papier avait progressé depuis 1956 au même rythme que les années précédentes, il y aurait eu en 1958 une consommation de papier supplémentaire de 3 millions de tonnes. Vu sous cet angle, l'excédent ne correspondrait plus en fait à 7,5 mais à 4,5 millions de tonnes, ce qui est encore un chiffre important.

TABLEAU 5. - ÉQUILIBRE ENTRE LA CAPACITÉ NORMALE ET LA DEMANDE D'APRÈS LES PRÉVISIONS POUR 1965

Région

Papier journal

Autres papiers et carton

Total papier et carton

Pâte à papier

...Millions de tonnes métriques...

Amérique du Nord

+0,43

-1,40

-0,97

-0,70

Europe occidentale

-0,31

+0,08

-0,23

+1,66

Total partiel

+0,12

-1,32

-1,20

+0,96

Amérique latine

-0,44

-0,21

-0,65

-0,20

Afrique

-0,12

-0,36

-0,48

+0,14

Proche et Moyen-Orient

-

+0,13

+0,13

-0,26

Extrême-Orient

-0,25

-0,13

-0,38

-0,80

Océanie

-0,23

-0,25

-0,48

-0,10

Total partiel

-1,04

-0, 82

-1,86

-1,22

Reste du monde

+0,2

-0,10

-0,08

+0,08

TOTAL

-0, 90

2,24

-3,14

-0,18

NOTE: Excédents: +. Déficits: -.

Pour l'Europe occidentale, le bilan a été établi d'après la deuxième estimation de la demande faite par le Secrétariat pour 1965. La Consultation a remarqué que dans les régions actuellement déficitaires en pâte et en papier, pour lesquelles existent généralement des plans d'extension pour la période allant jusqu'en 1965, le déficit semble ne pas devoir beaucoup changer pour le papier journal par rapport à celui de 1957-58; il devrait diminuer de 200 000 tonnes pour les autres papiers et le carton, et pour la pâte il passerait de 450 000 tonnes à 1200 000 tonnes. Voir tableau 6.

TABLEAU 6. - COMPARAISON DES BALANCES COMMERCIALES, ACTUELLE ET PRÉVUE POUR 1965, POUR LE PAPIER ET LA PÂTE DANS LES DIVERSES RÉGIONS

En ce qui concerne l'excédent de capacité indiqué pour la pâte, la Consultation a attiré l'attention sur le fait qu'une proportion importante de cet excédent correspond à la capacité des usines intégrées, qui normalement n'est pas mise sur le marché.

19. La Consultation a ensuite examiné la situation à laquelle on arriverait en 1965 si la demande évoluait, dans chaque région, conformément aux estimations du Secrétariat et compte tenu de la capacité actuelle et des prévisions d'extension indiquées ci-dessus, à l'exclusion de toute autre augmentation de la capacité. En ce qui concerne le papier journal, les autres papiers et le carton, la comparaison entre les chiffres correspondant aux prévisions de demande et de capacité normale pour 1965 a permis de dresser le bilan indiqué au tableau 5.

La Consultation a estimé que ces prévisions pourraient se traduire par la nécessité pour ces régions d'importer au total en 1965 les tonnages suivants:

Papier journal

Autres papiers et carton

Total papier et carton

Pâte à papier

1,04

0,79

1,83

1,13

si l'on admet que ces besoins seront couverts par des importations en provenance d'Amérique du Nord et d'Europe occidentale, dans les mêmes proportions environ qu'actuellement, la répartition des exportations nettes en 1965 pour ces deux régions pourrait s'établir comme il est indiqué au tableau 7.

TABLEAU 7. - EXPORTATIONS NETTES D AMÉRIQUE DU NORD ET D EUROPE OCCIDENTALE: ESTIMATIONS POUR 1965

Région

Papier journal

Autres papiers et carton

Total papier et carton

Pâte à papier

...Millions de tonnes métriques...

Amérique du Nord

0,92

0,26

1, 18

0, 52

Europe occidentale

0,06

0,70

0,76

0,61

Pour satisfaire leur demande intérieure et fournir ces exportations, ces deux régions devraient disposer vers 1965 (en admettant un taux de fonctionnement de 95 %) des capacités idéales indiquées au tableau 8.

Ce tableau donne également les capacités prévues par les programmes actuels. On en déduit le supplément de capacité apparemment nécessaire.

TABLEAU 8. - CAPACITÉ APPAREMMENT NÉCESSAIRE ET CAPACITÉ PRÉVUE PAR LES PLANS D'EXTENSION ACTUELS EN AMÉRIQUE DU NORD ET EN EUROPE OCCIDENTALE

Région et produit

Capacité existante ou prévue par les plans

Capacité nécessaire

Supplément apparemment nécessaire

...Millions de tonnes métriques...

Amérique du Nord




Papier journal

9,20

9,72

0,52

Autres papiers et carton

35,77

37,52

1,75

Total partiel

44,97

47,24

2,27

Pâte à papier

34,97

38,65

3,68

Europe occidentale




Papier journal

4,52

4,91

0,39

Autres papiers et carton

17,72

18,37

0,65

Total partiel

22,24

23,28

1,04

Pâte à papier

19,69

19,69

-

Si un accroissement supplémentaire de la capacité de production de papier et de carton n'intervient pas en Amérique du Nord d'ici 1965, ces deux secteurs de l'industrie travailleront alors à plein rendement; d'un autre côté, si l'on veut disposer d'une réserve de capacité de 5 % il faudra augmenter la capacité de production de papier journal de 520 000 tonnes, et celle des autres secteurs de 1,75 millions de tonnes. Pour la pâte à papier, la satisfaction des besoins supplémentaires évoqués dépend d'un certain nombre de conditions, en particulier de la possibilité de consacrer une part importante de la capacité de production de pâte textile à la fabrication de pâte à papier. En Europe occidentale, les possibilités d'expansion de l'industrie de la pâte à papier semblent actuellement faibles, et celles de la papeterie et de la cartonnerie limitées. Par ailleurs, il est possible que des modifications de la technique de fabrication permettent d'augmenter les capacités actuelles.

TABLEAU 9. - ESSAI DE BILAN PRODUCTION/CONSOMMATION POUR 1965

20. La Consultation a souligné qu'il ne fallait pas attacher trop d'importance aux chiffres obtenus, car ils s'appuient sur de nombreuses hypothèses et sont liés à un certain nombre de conditions précises. Elle a toutefois admis que le travail effectué avait été très utile puisqu'il avait permis de dégager ces deux conclusions:

a) L'expansion déjà prévue pour l'industrie de la pâte et du papier doit permettre de faire face presque entièrement à l'accroissement de la demande prévue jusqu'en 1965.

b) Il convient d'étudier continuellement l'évolution de la demande et l'accroissement de la capacité.

21. En ce qui concerne les régions actuellement déficitaires, la Consultation a remarqué que l'accroissement limité d'importations envisagé dépendait de la réalisation de plans d'expansion ambitieux et impliquant de lourds programmes d'investissement. Cet accroissement ne tient pas compte du fait que les besoins de papier pourraient, par suite de mesures gouvernementales spéciales, augmenter dans certaines de ces régions plus rapidement que la Consultation n'a prévu. Dans les régions en cours de développement, un effort soutenu s'impose donc pour éviter que les importations ne dépassent les limites possibles, faute de quoi il faudrait diminuer volontairement la consommation, ce qui paralyserait dans ces régions les progrès de l'économie, de l'instruction et de la culture.

22. Après avoir terminé son étude des prévisions pour 1965, la Consultation a estimé que, compte tenu des restrictions expressément soulignées dans le rapport, elle ne pouvait pas faire de plan d'approvisionnement plus vraisemblable étant donné les renseignements actuellement disponibles sur ce que sera l'équilibre entre la production et la consommation vers 1965. Cet essai de bilan d'approvisionnement est indiqué au tableau 9.

Approvisionnement en matières premières

23. La Consultation a remarqué que l'augmentation à long terme de la consommation de pâte et papier pourrait, dans certaines régions, faire naître des problèmes d'approvisionnement en matières premières. On ne sait évidemment rien sur l'évolution de la capacité de production de papier et de carton de 1965 à 1975, mais la Consultation a rapidement passé en revue, région par région, les possibilités d'approvisionnement de l'industrie en matières fibreuses nécessaires pour satisfaire la demande prévue pour 1975. Elle a noté qu'une meilleure utilisation des fibres longues et divers progrès techniques intéressant l'industrie de la pâte permettront de dépendre moins des matériaux à fibres longues et d'utiliser en plus grandes quantités des matériaux à fibres courtes provenant des bois feuillus, des bagasses et autres résidus agricoles. Cette évolution simplifierait dans une certaine mesure le problème de l'approvisionnement dans les régions qui manquent de conifères.

En Amérique du Nord, des inventaires approfondis récents (Perspectives pour les industries forestières canadiennes et ressources en bois de l'Amérique de demain) semblent confirmer qu'il ne se posera vraisemblablement pas de problèmes importants en 1975. En Europe occidentale, un inventaire effectué récemment par la Commission européenne des forêts de la FAO semble moins rassurant, car il ne prévoit d'ici 1970 qu'un faible accroissement de la production totale de bois d'industrie, très inférieur (si l'on ne tient pas compte des exportations et des importations) à celui qui serait nécessaire pour satisfaire l'augmentation prévue de la demande; bien que la Commission elle-même ait signalé que ses prévisions de production étaient prudentes et que le ravitaillement de l'Europe en bois était facile, la Consultation a prévu que de gros efforts seraient nécessaires dans les années à venir pour que les besoins à long terme - jusqu'à la fin du siècle - de l'industrie soient satisfaits. En Europe orientale, bien qu'on envisage de faire beaucoup plus appel à des fibres ne provenant pas du bois, les prévisions d'exploitation et les plans d'extension de l'industrie de la pâte indiquent que l'approvisionnement en bois à pâte risque de poser de sérieux problèmes.

L'Amérique latine dispose de grandes quantités de fibres courtes. Bien que dans l'immédiat elle puisse éprouver des difficultés à satisfaire ses besoins en fibres longues, ceux-ci peuvent éventuellement être surmontés en complétant par des plantations les ressources naturelles en conifères. L'Afrique centrale et l'Afrique du Sud, qui disposent de grandes quantités de fibres courtes et de vastes plantations de conifères, pourront sans doute satisfaire leurs besoins en fibres longues. L'Afrique du Nord, par contre, manque de matières premières fibreuses fournies seulement par l'alfa, les eucalyptus, les roseaux, les bagasses et d'autres résidus de l'agriculture.

Dans le Proche-Orient et le Moyen-Orient le manque de bois est chronique; bien qu'on utilise des matériaux autres que le bois et qu'il y ait encore un peu de bois à exploiter, seules des plantations importantes permettront d'envisager, dans un avenir lointain, l'augmentation de la quantité de pâte produite sur place.

De nombreux pays d'Extrême-Orient éprouvent déjà des difficultés à s'approvisionner en fibres. Au Japon, l'industrie est assurée de trouver facilement les matières premières dont elle aura besoin dans ses forêts encore intactes et en utilisant davantage les bois feuillus, mais on prévoit qu'il sera toujours nécessaire d'importer du bois à pâte; des programmes importants de reboisement sont en cours de réalisation. En Inde, l'industrie utilise d'ores et déjà des fibres ne provenant pas du bois, le plus souvent des bambous; on envisage d'employer davantage de bagasse. L'approvisionnement en fibres reste cependant la principale préoccupation de l'industrie de la pâte de ce pays. En Océanie, l'industrie néo-zélandaise utilise le bois produit par des plantations de conifères; l'industrie australienne utilise du bois d'eucalyptus auquel on ajoute des pâtes à fibres longues importées. Les programmes de plantation prévus ou en cours d'exécution devraient assurer à longue échéance l'approvisionnement de l'industrie en matière première.

L'U.R.S.S. ne manque pas de fibres convenables: elle possède en effet la plus grande réserve mondiale de conifères, et dispose en outre d'immenses forêts feuillues inexploitées et d'une gamme importante de matières fibreuses autres que le bois.

24. En conclusion de cette brève étude des problèmes posés par l'approvisionnement à long terme, la Consultation a noté qu'il existait déjà des difficultés ou qu'il pourrait en surgir d'autres d'ici 1975, en Europe occidentale et orientale, dans le Proche et le Moyen-Orient et dans une partie de l'Extrême-Orient. Les mesures prises pour accroître la production forestière ne produisant leur effet qu'à longue échéance, la Consultation a souligné combien il était important de prévoir des plans à long terme pour assurer l'approvisionnement des usines en matière première. Elle a d'autre part demandé au Secrétariat d'attirer l'attention des responsables de la politique forestière sur les besoins de matière première correspondant aux prévisions de demande avancées dans ce rapport.

Investissement

25. La Consultation a constaté que les prévisions de demande non seulement posent des problèmes de disponibilités en fibres mais aussi supposent de gros investissements industriels. L'accroissement de la demande, régionale et mondiale, envisagée pour la période 1955-1965 correspond à la création d'industries nouvelles qui impliquent une dépense annuelle moyenne de plus d'un milliard de dollars (sur la base des prix actuels). Au cours des dix années suivantes, il faudra peut-être investir tous les ans, en moyenne, 1,5 milliard de dollars (au cours actuel). Dans ces chiffres ne sont pas compris les investissements importants destinés à augmenter la production de matières fibreuses. Au cours des vingt prochaines années, la moitié environ de ces investissements devraient être effectués en Amérique du Nord et en Europe occidentale, mais c'est dans les régions déficitaires que la nécessité d'investir se fera le plus rapidement sentir: en Amérique latine, par exemple, il faudrait investir en moyenne 65 millions de dollars par an jusqu'en 1965, et 120 millions de dollars entre 1965 et 1975. Etant donné que les pays en cours de développement disposent de ressources limitées en capitaux et que ceux-ci sont réclamés dans d'autres domaines, il faudra faire appel à des investissements étrangers.

Commerce international

26. La Consultation a étudié l'évolution du commerce international de la pâte et du papier, en prenant pour base de discussion le rapport du Secrétariat FAO/WPPC-59/4 intitulé Evolution du commerce de la pâte et du papier et les tableaux qui l'accompagnent.

Elle a constaté que le commerce international de la pâte et du papier s'est développé au point de représenter, avec près de 3 milliards de dollars, 3 % en valeur du commerce mondial total, à titre de comparaison, le fer et l'acier représentent moins de 5 %, l'ensemble des combustibles 10 %, et le commerce alimentaire 16 %.

Le commerce de la pâte et du papier joue un rôle vital dans l'économie des principaux pays exportateurs de pâte et papier; par exemple, il représente en valeur un cinquième du total des exportations canadiennes, un quart des exportations suédoises et presque la moitié des exportations finlandaises. Il a également une importance vitale pour les régions déficitaires, et rares sont les pays qui ne sont pas obligés d'importer pour satisfaire l'essentiel de leurs besoins.

Au cours des dix dernières années, beaucoup de ces pays se sont résolument efforcés d'augmenter leur propre production de papier; ils sont en conséquence beaucoup moins tributaires des importations, comme l'indiquent les chiffres du tableau 10, mais ils ont dû néanmoins augmenter de 40 % leurs importations nettes de papier, qui atteignent 2 millions de tonnes, et doubler leurs importations nettes de pâte, qui dépassent actuellement 600 000 tonnes.

TABLEAU 10. - IMPORTATIONS DE PAPIER EXPRIMÉES EN POURCENTAGE DE LA CONSOMMATION

Région

1946-48

1956-57

Amérique latine

54

31

Afrique

89

62

Proche et Moyen-Orient

70

61

Extrême-Orient sauf le Japon

64

54

Océanie

57

38

27. La Consultation a constaté qu'au cours des dernières années les pays à économie planifiée ont pris une place de plus en plus importante dans le commerce international de la pâte et du papier. En 1958, par exemple, l'U.R.S.S. et l'Europe orientale ont exporté près de 300 000 tonnes de pâte et de papier, ces exportations étant compensées par des importations du même ordre de grandeur. La Consultation a noté que, d'après les renseignements dont dispose le Secrétariat, les exportations de ces pays ne devraient pas, au cours des années à venir, augmenter au point d'affecter la stabilité du marché mondial, en raison de l'accroissement rapide de leurs besoins intérieurs.

28. Au cours des dix années qui ont suivi la guerre, l'augmentation des échanges entre les régions a été accompagnée d'un accroissement du commerce à l'intérieur de celles-ci en Amérique du Nord et en Europe occidentale. Le bilan total du commerce mondial de bois à pâte s'élève actuellement à 7,5 millions de tonnes, contre 4,5 millions il y a dix ans et 5,5 millions avant la guerre, tandis que les échanges mondiaux de papier et de carton atteignent 10,5 millions de tonnes, contre 6,5 millions il y a dix ans et 6 millions avant la guerre.

29. Plusieurs participants ont émis l'opinion que les tendances actuelles d'intégration économique, en Europe et ailleurs, pourraient éventuellement provoquer des modifications importantes des courants commerciaux décrits dans le rapport du Secrétariat. Les délégués des pays associés à la Communauté économique européenne et au Groupe des sept ont fait ressortir que les accords prévus ou déjà mis en application n'avaient pas pour but de créer des «économies fermées», mais de favoriser l'expansion du commerce mondial. Ce processus sera accéléré par l'accroissement des besoins dus à l'expansion économique que l'intégration économique devrait provoquer. Les autres participants ont exprimé leur gratitude pour l'explication qui avait été fournie. La Consultation a considéré qu'il serait utile de revoir de temps en temps les effets de cette évolution vers l'intégration économique sur le commerce de la pâte et du papier.

Travaux futurs de la FAO sur la pâte et le papier

30. Le Président a attiré l'attention sur le fait que les discussions avaient mis en lumière un certain nombre de problèmes qui justifient la réunion de conférences internationales périodiques et méritent d'être étudiés de façon continue sur le plan international. Ces problèmes n'ont pas jusqu'à présent retenu dans le monde l'attention que justifiait l'importance croissante de l'industrie et le rôle qu'elle est appelée à jouer en contribuant à la prospérité générale. Il a cité en exemple, ajoutant aux recommandations du paragraphe 11 de ce rapport, la nécessité de provoquer des discussions internationales qui permettront peut-être d'aboutir à des accords internationaux sur les facteurs de conversion et la définition de la capacité. Il a également évoqué la nécessité de réunir et d'analyser les renseignements venant du monde entier sur la capacité existante et les plans d'accroissement de capacité, et d'étudier périodiquement les perspectives à moyen et long terme des industries en utilisant tous les renseignements disponibles sur l'évolution de la demande et de la capacité. De l'avis du Président, ces problèmes, ainsi que d'autres qui pourraient être soulevés au cours de discussions ultérieures, vont obliger la FAO à intensifier son travail sur la pâte et le papier.

Le point de vue du Président a été adopté à l'unanimité par les participants, et la Consultation a particulièrement recommandé au Directeur général de la FAO de prévoir un renforcement des activités de la FAO en ce qui concerne la pâte et le papier, lors de l'élaboration des futurs programmes de travail. Pour réaliser son programme, la FAO devrait rechercher l'aide des organisations nationales et des représentants de l'industrie; les participants n'ont pas douté que cela se ferait bientôt. Comme par le passé, la FAO devra exercer son activité dans le domaine de la pâte et du papier en collaboration étroite avec les autres organismes internationaux qui s'y intéressent, pour éviter une dispersion des efforts: les délégués de l'UNESCO et de l'OECE ont exprimé leur certitude que leurs organisations coopéreraient étroitement avec la FAO, une telle collaboration devant certainement être profitable pour tous.

De nombreux participants ont rendu hommage au travail effectué par la FAO dans le domaine de la pâte et du papier au cours des dix dernières années. On a cité en exemple l'œuvre du Groupe consultatif FAO/CEPAL, ainsi que plusieurs cas où la FAO a apporté une aide efficace et précieuse à des gouvernements membres. C'est avec satisfaction que la Consultation a accueilli cette preuve que la FAO est dans la bonne voie, soulignant le fait qu'il est aussi indispensable de ne pas donner suite aux projets douteux que d'encourager les projets viables.

La Consultation a d'autre part recommandé la création par la FAO d'un groupe consultatif pour la pâte et le papier, qui serait composé d'un petit nombre de responsables dans ce domaine, représentant différentes régions du monde; ce groupe permettrait d'orienter les travaux. De l'avis des participants, il serait possible de constituer ce groupe sans que la FAO ait la charge de rémunérer ses membres.

Le Directeur général adjoint de la FAO, responsable de la Division technique, a assuré qu'il communiquerait au Directeur général le point de vue des participants et ajouté que l'importance de la pâte et du papier était pleinement reconnue: fournissant un matériel essentiel au progrès de la culture, ces produits sont à la base de l'amélioration de la production et de la distribution de la nourriture et ont ainsi un rôle à jouer dans la «Campagne mondiale contre la faim».

Le Directeur du Service du programme et du budget a fourni des explications sur les obligations imposées par les méthodes budgétaires de la FAO: en attendant de disposer de fonds affectés à un programme régulier (qui serait soumis à l'approbation de la Conférence), il serait possible de démarrer modestement en utilisant toutes les ressources particulières qui pourraient être mises à la disposition de la FAO.

Il a été décidé que le rapport de cette Consultation serait présenté à la prochaine session de la Conférence de la FAO (novembre 1959). Les participants ont décidé de veiller à ce que les représentants de leurs gouvernements soient mis au courant de leurs opinions dans ce domaine et de leur désir de voir apparaître dans le budget de 1962-63, ou même plus tôt, un accroissement des travaux de la FAO sur la pâte et le papier.

Liste des participants

ALLEMAGNE (République fédérale d')

M. Horst Niethammer, Directeur, Aschaffenburger Zellstoffwerke.

M. Ernest Robert Vogt, Délégué de l'Association allemande de la pâte et du papier.

ARGENTINE

M. Umberto Pomilio, Directeur, Celulosa Argentina, Sindicato Celulosa Pomilio.

AUSTRALIE

M. Rodney Wilton Henry, Administrateur général, Australian Newsprint Mills Ltd.

BRÉSIL

M. Oscar Lorenzo-Fernandez, Co-ordinateur, Groupe d'études de la pâte et du papier, Bureau de mise en valeur.

CANADA

M. Ian B. Chenoweth, Canadian Pulp and Paper Association.

M. Robert M. Fowler, Président, Canadian Pulp and Paper Association.

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

M. Robert O'Connor, Secrétaire délégué, American Paper and Pulp Association.

M. James L. Ritchie, Directeur délégué, U.S. Pulp Producers' Association.

M. Walter W. Sohl, Deuxième secrétaire, Ambassade des Etats-Unis en Italie.

M. Gabriel J. Ticoulat, Premier vice-président, Crown Zellerbach Corporation.

M. P. Lawson Turcotte, Président, Puget Sound Pulp and Timber Company.

FINLANDE

M. Johan Otto Söderhjelm, Directeur général, Association centrale des industries du bois finlandaises.

FRANCE

M. P. Germain, Président, Union syndicale des fabricants français de pâte à papier.

INDE

M. Amar Nath Kapur, Development Wing, Ministère du commerce et de l'industrie.

M. Vishnu Prasad Podder, Works Manager, Dalmianagar.

ITALIE

M. Vincenzo Amici, Directeur technique, Ente Nationale Cellulosa e Carte.

M. Alfonso Froncillo, Conseiller, Direzione Generale Economia Montana e Foreste.

M. Georgie Schirillo, Ente Nazionale Cellulosa e Carta.

JAPON

M. Ktasumi Ashina, Conseiller, Association japonaise du papier et de la pâte à papier.

M. Motoki Matsunaga, Directeur délégué, Association japonaise du papier et de la pâte à papier.

NORVÈGE

M. Olav Trygve Jarlsby, Administrateur délégué, Saugbrugsföreningen.

ROYAUME-UNI

Sir Herbert Hutchinson, Directeur général, British Paper and Board Makers' Association.

SUÈDE

M. Ewert Landberg, Administrateur délégué, Swedish Paper Mills Association.

M. Lars Sjunnesson, Directeur, Swedish Cellulose Association.

UNION SUD-AFRICAINE

M. Francis Seymour Laughton, Sous-secrétaire aux forêts.

URUGUAY

M. Giorgio Diena, Ing. Pamer S.A.

OECE

M. Ragnar Lagergren, Président du Comité OECE pour la pâte et le papier.

UNESCO

M. Alfredo Picasso-Oyague, Division de la libre circulation de l'information.


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