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Plans de mise en valeur de bassins

JOHN BLACKMORE, Division de la mise en valeur des terres et de l'eau, FAO 1

1 Le Docteur Blackmore est actuellement professeur d'économie rurale à l'université d'Etat du Massachusetts, Amherst, Massachusetts.

Etablir un plan est une opération qui consiste à décider de ce qu'on doit faire et à préciser la manière de le faire. Un tel travail est particulièrement important en matière de mise en valeur des bassins versants. Les problèmes qui s'y posent sont généralement si touffus et si complexes qu'ils sont difficiles à aborder. Par ailleurs, si la solution des problèmes semble souvent évidente après une première étude, des recherches plus approfondies montrent qu'il faut au préalable résoudre des problèmes fondamentaux plus importants. Il n'est pas rare, par exemple, de trouver des bassins de réception où il se révèle nécessaire de faire des terrasses pour limiter le ruissellement, mais où il est impossible de construire ces terrasses sans trouver au préalable une solution rationnelle aux problèmes posés par le morcellement des terres entre de très nombreux propriétaires. De même, il existe des zones où le reboisement s'impose de façon évidente, mais où il est impossible de le réussir sans changer les droits d'usage au pâturage.

Dans bien des cas aussi, un des aspects de la mise en valeur d'un bassin peut dépendre de ce qui est prévu dans un autre domaine. La capacité d'envasement à prévoir dans les réservoirs dépendra, en partie, des mesures prises pour lutter contre l'érosion des sols du bassin. Les projets de limitation du pâturage sont généralement subordonnés à la création de ressources fourragères de remplacement pour l'alimentation des animaux. Tous ces aspects de la mise en valeur des bassins sont liés et il faut élaborer avec soin le plan de travail si l'on veut réussir.

Les travaux de mise en valeur des bassins peuvent donner des résultats spectaculaires, mais il faut pour cela de l'argent et du temps. Pour éviter de gaspiller l'un et l'autre, il convient d'étudier soigneusement tous les projets. Il est très grave de perdre 10 ou 15 ans à essayer de créer une couverture forestière sur des terres où cela n'est pas possible. C'est aussi un gaspillage de temps et d'argent que de construire des ouvrages qui s'envasent rapidement parce qu'on a négligé de faire en amont des travaux de protection contre l'érosion, ou de faire des travaux d'amélioration que l'on laisse se dégrader faute d'avoir prévu leur entretien. Le coût d'une planification sérieuse des programmes de mise en valeur des bassins est faible en comparaison des investissements importants qu'ils nécessiteront souvent de la part du secteur public ou du secteur privé. Dans les pays où l'on dispose de peu de capitaux pour les investissements, il s'impose tout particulièrement de ne pas les gaspiller en élaborant des projets insuffisamment étudiés.

Les plans d'aménagement des bassins ont deux buts. Tout d'abord ils permettent d'obtenir l'autorisation d'engager des crédits et d'exécuter des travaux. On n'a jamais assez d'argent ou de temps pour faire tous les travaux d'amélioration, et il faut faire un choix entre les projets. Les plans établis pour les différents projets permettent de mieux orienter ce choix. Il est difficile de décider à quels bassins doivent être consacrés les crédits sans connaître le coût de chaque projet et les résultats qu'il faut en attendre. Ces renseignements sont fournis par les projets, ils seront d'autant plus sûrs que ceux-ci auront été établis avec plus de soin. Par ailleurs, l'administration sera d'autant mieux disposée à admettre le bien-fondé des dépenses proposées que le plan sera mieux fait. Dans presque tous les pays la marche à suivre pour obtenir l'approbation de projets de ce genre est plutôt longue et de nombreuses personnes sont amenées à intervenir. En préparant soigneusement le rapport de présentation, on simplifie et on accélère le processus administratif aboutissant à l'approbation.

Le deuxième but d'un plan d'aménagement de bassins versants est de servir de guide pour les travaux à entreprendre. Ceci est très important car, dans la plupart des bassins, de nombreuses personnes sont amenées à intervenir de diverses façons, comme fonctionnaires du gouvernement ou à titre privé. De plus, et c'est souvent le cas, la responsabilité des travaux qui incombe à l'Etat se répartit entre différents services ou administrations. Par exemple, on peut avoir besoin du service de vulgarisation pour conseiller aux agriculteurs des méthodes de culture qui diminuent le risque d'érosion, le service forestier peut être amené à faire des reboisements ou à créer un système de protection contre les incendies; un service de travaux publics peut intervenir pour la construction de barrages, etc. Grâce au plan d'ensemble, agréé par tous, il est possible d'obtenir la coordination indispensable entre les différentes administrations. Ce plan permet aussi de préciser clairement la part du travail qui revient à l'Etat et celle qui doit être réalisée par les usagers des propriétés privées. Un plan soigneusement préparé doit aussi indiquer dans quel ordre seront exécutés les travaux de mise en valeur. Il précisera, par exemple, que certaines mesures destinées à lutter contre l'érosion doivent être prises avant la construction des réservoirs de régularisation des crues pour éviter qu'ils ne soient rapidement colmatés par des matériaux entraînés depuis les pentes en amont par les eaux de ruissellement. Le plan peut aussi indiquer dans quel ordre seront effectués les travaux qui ont une incidence sur le revenu des agriculteurs, les premières mesures devant, si possible, entraîner une augmentation de revenu qui leur permette de financer plus facilement leur part des travaux ultérieurs nécessaires.

Organisme chargé de plans de mise en valeur de bassins versants

Un service ou une administration responsable de l'amélioration de bassins versants doit s'adjoindre un organisme chargé d'élaborer les plans. La nature d'un tel organisme dépend, évidemment de plusieurs facteurs. Elle dépendra, par exemple, de l'ampleur des travaux à envisager, ou encore de la nature des responsabilités qui incombent à l'administration. Un programme d'amélioration de bassins versants établi par un service forestier pour les forêts publiques dont il a la gestion sera différent du programme élaboré par un organisme chargé de résoudre tous les problèmes qui se posent dans un bassin où l'on trouve des terres privées et publiques et où sont représentés tous les modes d'exploitation des terres. Les besoins de planification et les organismes chargés de préparer les projets seront également différents.

Il y a cependant des principes généraux qu'il est utile de respecter pour l'organisation des équipes chargées d'élaborer les plans d'amélioration de bassins versants, quelle que soit l'ampleur du projet ou la nature des problèmes techniques qui se posent. Tout d'abord il faut que l'organisme chargé d'élaborer le plan fasse partie intégrante de l'instance plus élevée responsable de sa réalisation. Si l'équipe de préparation du plan est organiquement séparée du service responsable des réalisations, la première estimera sans doute que l'on n'a pas scrupuleusement suivi ses plans et la seconde qu'il est difficile de les utiliser parce qu'ils ne tiennent pas suffisamment compte des problèmes pratiques. L'élaboration des plans doit être étroitement liée à leur réalisation. Il faut, évidemment, qu'il y ait une certaine spécialisation. Il n'est pas question d'incorporer tous les membres de l'organisme chargé du plan dans celui qui est chargé de sa réalisation et inversement. La solution la plus satisfaisante consiste à intégrer quelques personnes chargées du plan dans l'organisme qui le réalise de façon à obtenir une liaison facile entre ceux qui élaborent les projets et ceux qui les appliquent.

Le second principe à suivre est la nécessité de comprendre dans l'organisme chargé du plan des spécialistes de toutes les questions d'amélioration de bassins versants qui se posent dans la région à étudier. Par exemple, une équipe chargée d'établir les plans d'amélioration d'un bassin placé dans une forêt publique peut ne comporter qu'un hydraulicien, un forestier et un spécialiste du génie forestier. Par contre, lorsqu'on a à résoudre des problèmes concernant des terres arables, des pâturages et des forêts comprenant des propriétés privées aussi bien que publiques, le bureau de planification aura besoin des connaissances d'autres catégories d'experts. Un tel organisme doit être techniquement compétent en matière d'aménagement de pâturages et en agronomie; il doit, de plus, comporter des spécialistes en matière d'organisation économique des fermes, d'amodiation des terres et autres éléments qui président à la vie des populations rurales et déterminent leur revenu.

La plupart du temps, on constatera que les personnes les mieux qualifiées pour faire partie de ce genre d'organisme, sont celles qui ont déjà une certaine expérience pratique complétée par une spécialisation dans leur propre technique: l'expérience pratique et la formation poussée sont d'une égale importance.

Pour certaines catégories particulières de travaux d'amélioration de bassins versants, les projets doivent être élaborés par ceux qui les réaliseront. Ceci est particulièrement vrai pour les travaux de recherches et pour les projets - pilotes. Dans ces cas là, les programmes ne sont généralement pas assez importants pour justifier la création d'un organisme spécialement chargé de faire les plans. De plus, pour ce genre de travail, on attache une importance particulière au rassemblement et à l'analyse des données et la façon dont sont exécutés les plans prévus ont une grande influence sur les résultats qu'on doit en tirer, c'est pourquoi il convient de confier l'élaboration du plan aux personnes chargées de le réaliser plutôt qu'à un autre organisme.

Types de plans pour les bassins versants

Il n'est pas nécessaire que les projets présentés par les ingénieurs soient trop détaillés. Il existe de nombreux manuels spécialisés où l'on trouve des études détaillées d'ouvrages destinés à retenir l'eau, à lutter contre l'érosion ou ayant un rôle du même genre. Il convient de souligner l'importance du point suivant: les aspects du projet d'amélioration de bassins qui ne relèvent pas de l'art de l'ingénieur méritent une étude aussi détaillée. Le reboisement d'un bassin déterminé, ou une campagne d'information visant à faire adopter par les agriculteurs des méthodes de culture qui limitent les risques d'érosion, demandent un plan (projet) précis et détaillé. En général, temps et argent sont limités; on peut les économiser en étudiant soigneusement les projets ou plans de travaux correspondant à chaque partie du programme d'amélioration. Pour les travaux d'art, de nombreuses personnes hautement qualifiées consacrent un temps important à l'étude des plans. Il faut qu'une politique identique soit adoptée à l'égard des autres aspects du travail d'amélioration des bassins.

Il n'est pas facile de définir la limite entre plan et projet, mais il est intéressant d'indiquer ce qui différencie ces deux termes. Avant tout, le plan fixe ce qui doit être fait tandis que le projet précise la manière de le faire. Dans le vocabulaire des ingénieurs, projet signifie généralement plan détaillé des ouvrages servant de guide à ceux qui sont chargés de les construire. On pourrait étendre cette définition à tous les aspects d'un programme d'amélioration de bassin, le mot «projet» signifiant étude détaillée de la réalisation prévue. Cependant, pour tout ce qui n'est pas projet d'ouvrage d'art, l'expression «plan de travail» est plus courante. C'est dans ce sens que ce terme sera utilisé au cours du rapport.

Il existe toutes sortes de plans concernant les bassins; chacun d'eux est établi en fonction d'un objectif particulier qui en détermine la nature. Pour répondre à certains objectifs, il suffira d'études peu approfondies, pour d'autres, le plan devra largement entrer dans le détail. Selon les buts à atteindre, le plan ne traitera que d'un seul problème technique ou bien il nécessitera une étude d'ensemble de tous les aspects de la mise en valeur du bassin.

Plans pour les bassins hydrographiques

L'amélioration et l'aménagement des versants occupent une place importante dans les études complètes concernant les bassins hydrographiques. Lorsqu'on prévoit sur un fleuve la construction d'ouvrages destinés à produire de l'électricité, à absorber les crues et accumuler de l'eau pour l'irrigation, ou à améliorer les conditions de navigation, il faut, en même temps prévoir les travaux à effectuer sur les versants. Dans bien des régions du monde, on va au devant d'une catastrophe en ne tenant pas compte des bassins versants. Là en particulier où les sols s'érodent très facilement, les réservoirs installés à grands frais risquent, si l'on ne prévoit pas des mesures de défense contre l'érosion, de s'envaser avant d'être amortis. Il est malheureusement vrai que dans les plans établis pour l'ensemble d'un bassin fluvial on néglige généralement les versants, ou au mieux, on ne s'en occupe pas assez. C'est parfois le cas lorsqu'on donne aux ouvrages construits sur le cours des fleuves un rôle précis pour résoudre un problème économique important. Ces ouvrages apportent de nouvelles ressources, par exemple en produisant de l'électricité, en améliorant la navigabilité ou en fournissant de l'eau pour l'irrigation, ou encore contribuent à limiter des dommages, par exemple ceux que provoquent les inondations. Au contraire, l'amélioration des versants n'est souvent considérée que comme un moyen d'assurer la protection des réservoirs eux-mêmes. Dans quelques cas, il est possible de prévoir des retenues d'une capacité suffisante pour qu'elles puissent jouer leur rôle pendant longtemps, malgré le dépôt de matériaux arrachés au sol.

On oublie souvent que les mesures indispensables prises dans les bassins versants pour protéger les réservoirs ont également une incidence directe sur l'économie. Les travaux de conservation des sols permettent d'améliorer les conditions d'exploitation des terres. Ils contribuent à augmenter la productivité et le revenu. C'est le cas pour les forêts, les pâturages et les terres arables. Pour lutter contre l'érosion et par conséquent assurer la protection des réservoirs, il faut que les usagers de la terre à titre privé adoptent des techniques qui accroissent leur revenu tout en conservant le sol. On assure simultanément ainsi des revenus soutenus et une longue vie aux réservoirs. Il existe bien entendu de vastes étendues dans le monde où les usagers privés de la terre n'ont pas les moyens d'entreprendre les travaux de lutte contre l'érosion: dans la limite où ces terres se trouvent dans le bassin d'une rivière où on projette d'installer un barrage de retenue, les rédacteurs des projets du barrage et du réservoir doivent inclure dans leurs plans et prévoir le coût des mesures nécessitées par le traitement des terres, les dépenses correspondantes étant prises en charge par le budget de l'Etat

Le plan complet concernant un bassin hydrographique doit comporter au minimum un chapitre spécial sur la mise en valeur et l'amélioration des bassins versants. On trouvera dans ce chapitre un classement des bassins affluents établi en fonction des caractéristiques de ces bassins de réception et de la gravité des problèmes qui s'y posent. Deux critères seront retenus: d'une part assurer la protection des ouvrages qui seront construits sur le cours du fleuve, d'autre part accroître le bien-être des populations qui vivent de la terre, dans la zone considérée. Le classement établi en fonction du premier critère mettra l'accent sur les zones où il s'avère absolument nécessaire de lutter contre l'érosion pour que les ouvrages aient une vie utile normale. L'autre classement indiquera les zones où l'on peut obtenir le plus grand accroissement de revenu en améliorant les méthodes d'exploitation des terres. Une comparaison entre les deux classements obtenus montrera les zones où la protection des réservoirs peut être obtenue grâce à l'adoption par les usagers des terres de meilleures méthodes d'exploitation. Elle permettra aussi de délimiter les zones critiques où l'Etat doit participer aux travaux d'amélioration nécessaires pour assurer l'indispensable protection des réservoirs.

Le chapitre consacré à l'amélioration des bassins versants doit également donner les grandes lignes des programmes variés établis dans le but d'améliorer suffisamment les conditions d'exploitation des terres. Le reboisement, l'aménagement des pâturages et l'utilisation des terres arables y seront évoqués. Il en sera de même de l'étude des réformes foncières indispensables des modifications de la législation ou de la politique gouvernementale qui s'imposent ou des réorganisations auxquelles l'Etat doit procéder dans le cadre de ses interventions. Ce chapitre indiquera aussi comment il faut envisager l'éducation des usagers des terres et les autres formes d'intervention de l'Etat telles que le crédit agricole ou les subventions aidant à améliorer l'utilisation des terres dans les bassins versants.

Plan de travail pour des zones situées dans des bassins versants

Dans le cadre de cet article, il s'agit, par définition, de plans concernant un bassin de réception qui fera l'objet d'un programme d'amélioration. La notion de dimension d'une telle zone n'a pas d'utilité. Lorsqu'il s'agit de très grands projets, la surface de la zone considérée peut atteindre plusieurs milliers d'hectares; dans d'autres cas, elle peut ne pas dépasser quelques hectares et ne comprendre qu'une demi-douzaine de fermes. Le point important est que la zone toute entière ait fait l'objet d'un plan d'ensemble, prévoyant tout ce qui doit être fait pour améliorer le comportement du cours d'eau qui draine cette zone.

Ces plans doivent être précis et détaillés car ils sont à la base des travaux de mise en valeur. Ils doivent indiquer exactement ce qui doit être fait, en précisant, au moyen de cartes, de tableaux, de graphiques et de textes, où, par qui, comment et quand ces choses seront faites. Cela sera étudié avec quelques détails, un peu plus loin, dans ce chapitre.

La partie du rapport consacrée aux estimations de dépenses est importante. L'un des buts du plan est de faire des estimations sérieuses du coût des travaux proposés. Au cours de l'établissement du plan, on peut être amené à présenter plusieurs projets chiffrés; l'un d'eux est ensuite choisi en fonction de critères techniques et financiers. Les rapports sur les prévisions de dépenses sont intéressants car ils ont une influence sur la décision d'approbation du plan; ils permettent aussi de faire la part entre les dépenses qui seront supportées par l'Etat et celles que devront consentir les usagers du sol qui bénéficieront le plus directement du projet.

Plans de mise en valeur de collectivités

La présence de populations vivant sur les bassins versants rend les travaux d'amélioration difficiles. Il est relativement facile de faire des plans et de résoudre les problèmes qui se posent dans une région couverte de forêts, où la terre appartient à l'Etat est gérée par lui, et où personne ne vit ni n'exerce un droit quelconque sur la terre. Par contre lorsque des particuliers ont des droits sur la terre, il faut tenir compte des intérêts privés autant que de l'intérêt général. Les projets de mise en valeur collectifs permettent de traiter ce genre de problèmes de façon très efficace. Dans ces projets, les groupes sociaux les plus importants, les villages ou les groupements de voisins, sont la base du système adopté pour l'organisation sociale ou politique. L'objectif est d'amener les gens à résoudre eux-mêmes les problèmes d'utilisation du sol ou de l'eau et tout ce qui s'y rapporte. Il est rare que les limites d'un bassin coïncident avec celles d'une collectivité rurale; c'est pourquoi les plans concernant les bassins versants et les plans de mise en valeur de collectivités ne s'appliquent généralement pas aux mêmes surfaces. Il arrive souvent, cependant, que la zone comprise dans un projet d'amélioration de bassin versant comporte plusieurs collectivités rurales, villages ou groupements de voisins; il est souvent possible alors d'encourager l'élaboration de plans d'amélioration collectifs. Ceux-ci permettront d'obtenir, sur une partie du bassin, une meilleure utilisation des terres avec toutes les améliorations qui en découlent.

L'établissement de plans de mise en valeur collectifs est, avant tout, une façon d'organiser l'action des particuliers en vue de faire réaliser des progrès à leur collectivité et d'améliorer le bassin où elle se trouve. Le plus souvent le plan met l'accent sur des problèmes locaux, concernant la collectivité ou certaines fermes prises individuellement. Par exemple, un plan d'amélioration collectif peut prévoir l'amélioration du réseau routier ou l'augmentation du rendement des cultures. Les travaux routiers peuvent être considérés comme une entreprise coopérative pour laquelle chaque famille fournit du travail et du matériel. Dans certains cas l'amélioration du rendement est strictement une question d'initiative personnelle.

Ces plans d'amélioration collectifs réalisés dans le cadre d'un projet de mise en valeur d'un bassin s'attacheront en particulier à orienter l'utilisation des terres en vue d'obtenir un meilleur régime hydrologique. On y prévoira des reboisements dans les petites forêts privées, la limitation du pâturage et la lutte contre le feu dans les forêts privées ou communales, la construction de terrasses et autres systèmes pour retenir l'eau, la stabilisation des petits ravins et d'autres travaux destinés à lutter contre l'érosion, une amélioration de la couverture végétale des pâturages et toute autre modification concernant l'emploi des terres qui aurait pour effet de limiter les pertes de sol et de réduire le ruissellement.

Les plans dans le cadre de la ferme

Pour les terres arables, et dans une certaine mesure pour les pâturages et forêts appartenant à des particuliers, l'élément de base du plan d'amélioration de bassins versants est le plan dans le cadre de la ferme. Sans le savoir, les agriculteurs ont tous plus ou moins un plan qui, le plus souvent, n'est pas écrit et qu'ils ne considèrent même pas consciemment comme un plan rattaché au travail de la ferme: il s'agit d'un ensemble d'habitudes et de coutumes qui orientent la conduite de l'agriculteur. Même s'il n'est pas très rationnel, ce plan a une grosse influence sur le mode d'exploitation des terres. Le technicien chargé de l'amélioration d'un bassin versant doit donc s'attacher à orienter les plans établis dans le cadre de la ferme.

Un travail d'amélioration de bassins versants doit absolument s'appuyer sur les plans conçus pour chaque ferme. Le comportement hydrologique d'un grand bassin dépend largement de l'action journalière de centaines ou de milliers d'hommes qui utilisent les terres du bassin, en les cultivant, en faisant pâturer des animaux ou en produisant du bois. Pour changer les conditions d'un bassin, il faut très souvent intervenir dans la gestion de chaque ferme, donc modifier le plan adopté par chaque agriculteur.

Pour établir ces nouveaux plans, il faut tenir compte du contexte social et économique propre aux agriculteurs. Il serait vain de proposer à un agriculteur des méthodes de conservation de sol qui auraient pour conséquence de réduire son revenu familial. De même, un plan réaliste d'amélioration de bassins doit tenir compte des habitudes de vie et des goûts des gens. Ceux-ci utilisent la terre et l'eau d'autant plus soigneusement qu'ils attachent un plus grand prix à ces deux ressources. De même l'importance du pâturage est souvent liée à la valeur qu'on attribue aux animaux.

Les plans ainsi conçus dans le cadre de la ferme doivent tenir compte de toutes les questions qui se posent dans une ferme. Ils évoqueront les questions d'utilisation de la terre, mais aussi toutes les activités et tous les problèmes humains qui caractérisent une ferme. Si l'on améliore les pâturages en réduisant le nombre d'animaux il faut, en même temps, trouver un moyen pour que la production de viande, de lait, de fibres, ainsi que le travail fourni par les animaux, ne diminuent pas. On y arrive en créant de nouvelles sources de nourriture pour les animaux ou en améliorant la qualité de ces animaux. Si l'on veut que les plans soient exécutés, il faut que les solutions présentées soient réalisables. De même, l'épandage d'engrais sur les pâturages favorise le développement des végétaux et permet, par conséquent, de lutter contre le ruissellement et contre l'érosion; mais il faut que l'accroissement de production de fourrage rembourse le prix des engrais. Il est donc également important de faire une planification des fermes d'élevage. Lorsqu'on prévoit des modifications concernant l'utilisation des terres, il faut penser à toutes les incidences qu'elles peuvent avoir en définitive sur l'ensemble de la ferme. C'est cela que l'on entend par «plan concernant l'ensemble de la ferme».

Plans concernant les zones difficiles

Ils occupent une place à part dans les plans de travail des programmes sur les bassins versants. Ils concernent les parties du bassin où se posent les problèmes d'érosion et de ruissellement les plus graves. La plupart du temps, les travaux qu'ils prévoient sont pris en charge par l'administration qui s'occupe du projet d'amélioration du bassin. Ce sont, par exemple, des zones très ravinées, où les travaux à entreprendre sont trop importants pour être effectués par de simples agriculteurs ou même par un groupe de personnes coopérant dans le cadre d'une organisation collective de village. Ces plans comportent des projets d'ouvrages qui stabiliseront le sol; on y prévoit également des travaux d'amélioration de la couverture végétale, par exemple, des reboisements ou des semis de graminées. Ces zones critiques resteront inutilisées pendant plusieurs années; en effet, il est très important, pour l'ensemble du bassin, d'y améliorer les conditions hydrologiques; on considère donc que leur restauration rapide est plus utile que leur utilisation pour la culture, le pâturage et la production du bois.

Pour ce genre de plans, le point de vue économique est très important. Les traitements appliqués sont toujours onéreux et il faut s'efforcer de réduire les frais. Là où sévit le chômage, de tels travaux peuvent contribuer à améliorer le bien-être des gens en leur fournissant du travail. Cependant, en général, il faut veiller à ne pas faire trop d'investissements dans ces zones critiques. Dans certains cas, le temps peut remplacer des techniques coûteuses; on peut obtenir, après un certain délai, le résultat désiré en prenant des mesures qui éliminent les causes du mal, par exemple le surpâturage.

Données nécessaires pour l'établissement d'un plan concernant un bassin

Le genre et le nombre des données qui sont nécessaires pour établir un projet d'amélioration de bassins dépendent en partie de la nature et des objectifs du projet. On trouvera, dans un autre chapitre, une étude sur les besoins particuliers correspondant aux travaux de recherches effectués sur des bassins versants de faible étendue. Pour un projet ayant surtout une valeur de démonstration, on peut avoir besoin de renseignements plus détaillés que pour un projet général d'amélioration de bassins. Dans ce dernier cas, les données dont on a besoin semblent se ranger dans les catégories suivantes:

1. Renseignements météorologiques
2. Renseignements hydrologiques
3. Renseignements sur les sols et l'utilisation des terres
4. Données économiques et sociales

La documentation recueillie doit permettre de faire le point de la situation actuelle, d'élaborer un plan qui apporte une solution aux problèmes existants, de prévoir les effets qu'on peut attendre des travaux proposés et de faire une estimation sérieuse du coût du projet.

Renseignements météorologiques

Il faut s'intéresser tout spécialement aux données concernant les précipitations. Celles-ci doivent comprendre les hauteurs de précipitations annuelles, la distribution saisonnière et les caractéristiques des grosses pluies, leur durée, leur intensité et leur fréquence avec la hauteur d'eau correspondante. Les renseignements sur la température sont particulièrement intéressants lorsqu'il peut y avoir aussi bien des chutes d'eau par orage et du ruissellement que des gelées.

Renseignements hydrologiques

Il faut réunir tous les renseignements relatifs aux conditions d'écoulement des cours d'eau pour être en mesure de construire les courbes hydrographiques correspondant aux grosses chutes d'eau contre lesquelles on doit se protéger. Il faut, au moins, connaître, soit par des observations, soit par des estimations, les différentes valeurs que prend le débit pendant les pluies et après celles-ci, en tenant compte des différents cas possibles. De plus, il est important de mesurer le débit solide du cours d'eau considéré. Il faut réunir tous les renseignements qui sont nécessaires pour faire des projets d'ouvrages sérieux. Il faut, en particulier, prévoir une capacité suffisante pour absorber les crues provoquées par les plus grosses chutes d'eau prévues, une capacité de déversement assez importante pour assurer la sécurité de chaque ouvrage et un volume suffisant pour que les dépôts de sédiments ne compromettent pas la rentabilité de l'ouvrage en abrégeant sa vie utile.

Renseignements concernant le sol et l'utilisation des terres

Dans le cas des petits bassins, il est indispensable, pour établir un plan correct, de faire un inventaire détaillé des sols. Les renseignements fournis par cet inventaire permettront de faire le point de la situation actuelle. Ils joueront également un rôle fondamental pour les travaux d'amélioration prévus, tels que le reboisement, la régénération des pâturages, la construction de terrasses et autres moyens de lutter contre le ruissellement et de réduire les pertes de sol. Un inventaire détaillé du sol donne des renseignements sur la situation du point de vue de l'érosion et permet de délimiter les zones où le risque d'entraînement des matériaux est le plus grand. Il est absolument nécessaire de connaître les types de sol pour choisir les espèces d'herbe et les essences forestières à introduire dans chaque station. Ces renseignements permettront aussi de prévoir l'influence que peuvent avoir des modifications de la couverture végétale sur l'infiltration. Pour établir un plan d'amélioration de bassin versant, il faut faire appel à une classification de l'utilisation des terres d'un type spécial. Dans cette classification, l'aspect hydrologique est le plus important; elle doit se baser sur les caractéristiques du sol et de la couverture végétale. Elle doit permettre de juger le comportement hydrologique d'un bassin. On dresse, à l'aide d'un système de classement des stations, un tableau récapitulatif pour l'ensemble du bassin; on peut ensuite établir une corrélation entre ce tableau et les renseignements hydrographiques fournis pour le cours d'eau en comparant les points essentiels. Cette corrélation permettra de prévoir les effets que des changements dans l'utilisation des terres auront sur le comportement du cours d'eau. On peut mesurer les progrès réalisés dans le bassin en procédant à des inventaires périodiques du sol et de la couverture végétale et en révisant le tableau récapitulatif 1.

1 Voir l'article de Seigworth, K. J. et Olson, E. F., intitulé Infiltration changes resulting from forest protection and management (Modifications de l'infiltration obtenues en protégeant et en aménageant les forêts). On y décrit un système de ce genre utilisé par la «Tennessee Valley Authority» aux Etats - Unis. Journal of Soil and Water Conservation, 12, n° 6, nov. 1957.

On trouvera ci-dessous un type de classification de ce genre. Les indices qui y figurent n'ont qu'une valeur de démonstration; on doit, pour chaque région où l'on utilise ce système, effectuer des recherches qui donneront les chiffres à adopter.

Pour appliquer ce système de classement à une région donnée, il sera nécessaire d'adapter dans une certaine mesure les définitions. Il convient toutefois de noter un point essentiel, il s'agit d'une classification à double entrée dans laquelle l'influence du sol et celle de la couverture peuvent se compenser. Une végétation dense pallie dans une certaine mesure le défaut de perméabilité du sol et, d'autre part, une bonne perméabilité peut partiellement compenser l'absence d'une couverture végétale suffisante. Cependant, il faut s'attendre à ce que les caractéristiques du sol changent peu pendant la période où sera réalisé le projet, tandis que la végétation peut subir d'importantes modifications. Donc, lorsqu'on fera périodiquement le bilan des progrès réalisés, il suffira de recueillir des renseignements sur les nouvelles conditions de couverture du sol et de les combiner avec ceux qu'on a déjà obtenus sur les sols. Pour ces inventaires, il convient généralement d'adopter un procédé d'échantillonnage sérieux.

Modèle de classification des terres en fonction des caractéristiques


Groupe de couverture du sol

Sols du Groupe A

Sols très perméables et très profonds portant une forêt dense ou un tapis serré de grandes herbes

Indice 100

Sols très perméables et très profonds portant une forêt de densité moyenne à claire avec une certaine litière, des prairies composées d'un tapis ininterrompu d'herbes courtes et des terres de culture où les plantes cultivées recouvrent bien le sol

Indice 80

Sols très perméables et très profonds portant une forêt dégradée, des prairies surpâturées et des terres de culture où les plants cultivés ne recouvrent que partiellement le sol

Indice 40

Sols très perméables et très profonds pratiquement nus

Indice 30

Sols du Groupe B

Sols assez perméables, profonds à moyennement profonds, portant une forêt dense ou un tapis serré de grandes herbes

Indice 80

Sols assez perméables, profonds à moyennement profonds, portant une forêt de densité moyenne à claire avec une certaine litière, des prairies composées d'un tapis ininterrompu d'herbes courtes et des terres de culture où les plantes cultivées recouvrent bien le sol

Indice 60

Sols assez perméables, profonds à moyennement profonds, portant une forêt dégradée, des prairies surpâturées et des terres de culture où les plantes cultivées ne recouvrent que partiellement le sol

Indice 30

Sols assez perméables, profonds à moyennement profonds, pratiquement nus

Indice 20

Sols du Groupe C

Sols assez peu perméables et sols assez superficiels portant une forêt dense ou un tapis serré de grandes herbes

Indice 60

Sols assez peu perméables et sols assez superficiels portant une forêt de densité moyenne à claire avec une certaine litière des prairies composées d'un tapis ininterrompu d'herbes courtes, des terres de culture où les plantes cultivées recouvrent bien le sol

Indice 40

Sols assez peu perméables et sols assez superficiels portant une forêt dégradée, des prairies surpâturées et des terres de culture où les plantes cultivées ne recouvrent que partiellement le sol

Indice 20

Sols assez peu perméables et sols assez superficiels pratiquement nus

Indice 10

Sols du Groupe D

Sols très peu filtrants et sols très superficiels portant une forêt dense ou un tapis serré de grandes herbes

Indice 30

Sols très peu filtrants et sols très superficiels portant une forêt de densité moyenne à claire avec une certaine litière, des prairies composées d'un tapis ininterrompu d'herbes courtes, des terres de culture où les plantes cultivées recouvrent bien le sol

Indice 20

Sols très peu filtrants et sols très superficiels portant une forêt dégradée, des prairies surpâturées et des terres de culture où les plantes cultivées ne recouvrent que partiellement le sol

Indice 10

Sols très peu filtrants et sols très superficiels, pratiquement nus

Indice 0

Données économiques et sociales

Pour établir un projet d'amélioration de bassin versant, il est indispensable de disposer d'un certain nombre de données économiques et sociales. Si l'on veut que la population locale coopère sans restriction au travail entrepris, il est important de connaître suffisamment la structure sociale. Dans les zones où la population est groupée en villages, il n'est pas nécessaire de faire une enquête spéciale pour déterminer les principaux groupes sociaux et pour connaître la structure hiérarchique des communautés. Par contre, dans les zones d'habitat dispersé, on peut être amené à délimiter les communautés, à déterminer leur structure et à avoir pour cela recours aux techniques de recherches sociologiques habituelles.

Il faut étudier tout particulièrement l'organisation des entreprises agricoles et l'aspect économique des différentes utilisations du sol, qu'il s'agisse de cultures, de pâturages, ou de forêts. Lorsqu'il n'est pas possible ni nécessaire, de faire un inventaire complet de toutes les propriétés du bassin, il est essentiel de faire une étude de quelques fermes considérées comme typiques de la région par leur surface et leur mode d'exploitation. Ces études donneront des indications sur la façon dont les terres sont utilisées, sur les rendements et sur le bilan financier des exploitations. Il faudra prévoir les conséquences qu'entraîneraient pour la ferme les modifications d'utilisation des terres qui pourraient être adoptées dans le cadre du programme général. La comparaison des données sur le revenu actuel des fermes types et des estimations concernant le revenu futur fournira des indications précieuses sur l'attitude probable des exploitants agricoles à l'égard des innovations qu'on leur demande de faire pour améliorer les conditions du bassin.

Des études de ce genre présentent le même intérêt pour les forêts privées et les élevages.

Les données qu'il faut réunir pour juger de l'opportunité d'un projet d'amélioration de bassin sur le plan économique, dépendent d'un grand nombre de facteurs et plus particulièrement de la politique gouvernementale. Dans certains pays, la procédure à suivre est décrite en détail dans la législation spéciale ou dans les directives administratives. Les procédures adoptées dans les pays disposant de moyens et de renseignements techniques abondants, risquent d'être trop compliquées pour des pays moins bien développés. Les personnes qui s'intéressent d'une façon générale à ce problème auront intérêt à consulter la littérature spéciale qui lui est consacrée. On trouvera dans le chapitre II quelques commentaires sur ce sujet.

Un projet d'amélioration de bassin doit au minimum comporter une estimation des dépenses publiques qu'il entraîne et une analyse de l'effet des travaux sur le comportement des eaux et sur la situation financière des personnes qui utilisent les terres du bassin.

Processus a suivre pour établir les plans

La façon de procéder pour établir un plan est essentiellement fonction de la nature des travaux à envisager de l'importance des intérêts locaux qui entrent en jeu et des concours qu'il faut s'assurer sur place. Elle est aussi fonction de la structure des services de l'Etat qui sont chargés des travaux d'amélioration des bassins versants. Si tous les services techniques impliqués dans le projet dépendent d'une seule administration, le processus sera beaucoup plus simple que si la responsabilité des travaux est partagée entre plusieurs administrations. Par exemple, une administration des zones d'altitude, chargée de tout ce qui concerne la mise en valeur et l'aménagement des terrains en montagne, aura toute facilité pour établir un plan d'amélioration de bassin. Lorsque plusieurs services interviennent, par exemple, un service forestier, un service de conservation des sols, un service des collectivités, un service de production animale, le processus à suivre pour élaborer des plans complets de mise en valeur de bassins versants est beaucoup plus complexe.

La promulgation des lois autorisant les travaux d'amélioration de bassins versants, rend le problème beaucoup plus facile à résoudre. La loi peut désigner les responsables de l'établissement du plan. Un service d'Etat ayant la charge d'importants travaux d'amélioration de bassins versants doit comporter une section spécialisée dans l'élaboration des plans. L'importance et la composition de ces sections seront fonction de l'ampleur du travail. Lorsqu'il s'agit de programmes très importants, on doit prévoir un échelon central et un échelon sur le terrain; pour un programme réduit, un échelon central peut suffire.

En général, l'établissement d'un plan se décompose en deux parties: les études préliminaires et les projets. Dans la plupart des cas, l'établissement d'un projet est une opération très coûteuse; il est donc utile de faire une reconnaissance ou une étude préliminaire de la région, qui permettra d'apprécier l'opportunité de procéder à l'établissement d'un plan détaillé. Cette reconnaissance peut être entreprise à la demande des agriculteurs intéressés ou sur ordre du chef du service responsable. En général, il suffit de quelques semaines pour avoir des renseignements sur le mode d'utilisation des terres et sur les problèmes posés par l'eau et pour pouvoir juger de la possibilité de réaliser un programme d'amélioration. On prépare un très court rapport qui décrit la situation actuelle, trace les grandes lignes du programme d'amélioration et présente une première estimation du coût des travaux; ce rapport est soumis aux autorités qui décident de l'opportunité de procéder à l'établissement de projets détaillés. Dans certains cas, cette décision peut être prise par le chef du service responsable de l'amélioration du bassin versant; mais quelquefois elle est de la compétence d'un ministre, voire même d'une instance supérieure lorsque plusieurs ministères sont amenés à intervenir. A l'occasion de ce travail préliminaire, on organise dans la région intéressée des réunions publiques qui permettent de mesurer l'intérêt que soulève le projet, de voir si les propriétaires accepteront de faire les investissements nécessaires pour améliorer leurs terres et de connaître l'accueil réservé par les populations locales à toute mesure restrictive touchant l'exploitation des terres, par exemple, une limitation du pâturage et des coupes de bois.

La préparation d'un plan de mise en valeur détaillé d'un bassin peut prendre plusieurs mois. S'il n'y a pas d'inventaire des sols pour la région, il faut le faire. De même, si l'on ne trouve pas tous les renseignements nécessaires, il faut procéder à des mesures diverses. Par exemple, il faut réunir des données sur les précipitations et sur le ruissellement. Il faut étudier le lit du cours d'eau, essayer de situer l'emplacement des ouvrages, effectuer les études de fondations qui s'imposent, indiquer dans quelle partie du lit du cours d'eau il convient de prévoir des travaux d'amélioration, et décrire en gros ces travaux. Il faut aussi dresser un inventaire des terres en fonction de leur utilisation, pour prévoir les modifications à apporter et pour disposer d'un repère lorsqu'on voudra mesurer les progrès réalisés.

Avec toutes ces données, il est possible d'élaborer le programme d'amélioration. Les études présentées par les ingénieurs devront être assez précises pour qu'il soit possible de faire une estimation sérieuse des dépenses. Les modifications concernant l'emploi des terres seront prévues en détail: il faudra préciser la nature des changements à apporter, les méthodes et techniques à suivre pour les obtenir. Ainsi, un plan de reboisement doit indiquer les zones à planter, les essences à utiliser, le nombre de plants nécessaires, les périodes de plantation, les travaux de préparation, les mesures à prendre pour limiter le pâturage et lutter contre les incendies et le coût probable des travaux. En ce qui concerne les améliorations prévues dans le cadre de fermes exploitées par des particuliers, le plan doit préciser la nature des travaux à entreprendre dans chaque classe de terre, le rôle du service ou des services de l'Etat et des particuliers qui utilisent les terres, la méthode à suivre pour établir un plan de travail dans chaque ferme, la nature des accords à conclure entre l'Etat et les particuliers les dépenses que l'Etat doit prendre en charge et l'ordre dans lequel s'effectueront les opérations pour l'ensemble du bassin.

Lorsque l'équipe du terrain a rédigé son rapport, il est revu par les hauts fonctionnaires du service ou des services qui sont chargés d'élaborer le programme. S'il y a des terres privées dans le bassin versant, le projet définitif doit tenir compte de l'avis des personnalités locales. Si celles-ci ont pu participer à l'élaboration du projet, la réalisation du plan sera plus facile. Dans certains cas, il est rentable de ne pas ménager ses efforts pour amener les personnalités locales à participer à l'élaboration du projet et faire comprendre qu'il s'agit avant tout d'une entreprise locale et non d'une œuvre imposée par un lointain gouvernement. Dans ce but, il est souvent utile de créer une association locale d'amélioration de bassin. Dans d'autres cas, on peut faire appel à un comité consultatif local. Dans d'autres cas encore, on peut s'entourer des conseils de quelques personnalités locales.

Il faut que les services publics qui sont responsables de la mise en valeur de la région puissent revoir le plan avant son approbation définitive. Le circuit administratif adopté doit permettre de limiter les pertes de temps tout en laissant aux parties intéressées la possibilité de faire des observations.

Bibliographie sommaire

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NATIONS UNIES. Soil conservation planning in the Damodar valley (Plan de conservation des sols pour la vallée de Damodar), Proceedings of the Regional technical conference in flood control in Asia and the Far East (Débats de la Conférence technique régionale sur la lutte contre les inondations en Asie et en Extrême-Orient), Bangkok 56-59, New York, 1952.

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WETZEL, JOHN H. Planning and Operating Watershed projects (L'établissement et la réalisation des plans sur les bassins versants), The challenge of our watersheds (Le problème posé par nos bassins versants) (revu par J. Blackmore et C. E. Holscher) Soil Conservation Society of India, 130-139. Hazaribagh, Bihar, Inde, 1957.


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