FAO/SMIAR - Rapport sur l' Afrique No.3, décembre 2000 - page 3

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FAITS SAILLANTS


Vingt millions de personnes souffrent de graves pénuries alimentaires en Afrique de l'Est, du fait des effets à long terme de la sécheresse et de troubles intérieurs régnant dans certains pays. La situation alimentaire est particulièrement préoccupante en Érythrée, en Éthiopie et au Kenya, où des importations céréalières, sous forme d'aide alimentaire essentiellement, sont encore nécessaires. En Érythrée, le déplacement massif des agriculteurs des principales régions céréalières de Gash Barka et Debub, qui assurent plus de 70 pour cent de la production, a eu de graves conséquences sur les rendements. La situation alimentaire de près de 1,5 million de personnes déplacées par la guerre et de quelque 300 000 victimes de la sécheresse est également très inquiétante. En Éthiopie, malgré de récentes précipitations, la situation alimentaire est encore très précaire et environ 10,2 millions de personnes ont besoin d'une assistance alimentaire. En Somalie, 750 000 personnes seraient tributaires de secours alimentaires d'urgence, les moyens d'existence de la population ayant été réduits par des sécheresses répétées et par l'insécurité. Au Kenya, des pénuries alimentaires induites par la sécheresse subsistent et près de 3,3 millions de personnes auraient besoin d'urgence d'une aide alimentaire. Par ailleurs, la pénurie critique d'eau et de pâturages dans le nord et l'est du pays a entraîné de lourdes pertes de bétail. Au Soudan, de graves pénuries alimentaires, provoquées par des vagues de sécheresse prolongées, sont apparues dans certaines régions et le prix des aliments a plus que doublé par rapport à la même époque l'an dernier. En raison des troubles intérieurs et des intempéries, environ 2,4 millions de personnes seraient déjà tributaires d'une aide alimentaire. En Tanzanie, des pluies tardives et insuffisantes ont nui à la production vivrière dans plusieurs régions où l'on estime qu'environ 800 000 personnes ont besoin de secours. En Ouganda, la situation des approvisionnements alimentaires demeure précaire dans le nord-est en raison de la sécheresse, et dans la province de Bundibugyo dans l'ouest, du fait de troubles intérieurs. Environ 1,2 million de personnes auraient actuellement besoin de secours alimentaires.

Les perspectives d'approvisionnements alimentaires sont peu encourageantes dans la région des Grands Lacs. En République démocratique du Congo, la persistance des troubles civils continue à provoquer des déplacements massifs de population et le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays s'élèverait actuellement à 2 millions. Cette population serait exposée à de très graves difficultés d'approvisionnements alimentaires, l'insécurité entravant la distribution des secours. La situation est également préoccupante à Kinshasa où les disponibilités alimentaires sont insuffisantes pour couvrir les besoins. Dans les autres pays de la région des Grands Lacs, au Rwanda et au Burundi, de longues vagues de sécheresse ont réduit la production des denrées de base et retardé les semis des céréales et des haricots de la première campagne 2001. Le Rwanda a lancé un appel pour qu'une aide alimentaire et des intrants agricoles soient fournis à 267 000 personnes particulièrement éprouvées. Au Burundi, 700 000 personnes, exposées à des pénuries alimentaires suite à plusieurs mauvaises récoltes, bénéficient de secours.

En Angola, la recrudescence de l'insécurité devrait aggraver les problèmes alimentaires en 2001. Les perturbations des travaux agricoles à l'époque critique des semis entraîneront une réduction des récoltes, ce qui détériorera encore la situation alimentaire, déjà précaire. Le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays, qui ne cesse de croître, est actuellement estimé à 2,5 millions. L'insécurité continue cependant à entraver les distributions d'aide alimentaire. De nouvelles vagues de réfugiés dans les pays voisins, en particulier en République démocratique du Congo, ont également été signalées. Au Zimbabwe, les perspectives d'approvisionnements alimentaires sont également préoccupantes, du fait de la crise économique et de la désorganisation de l'agriculture résultant de la réforme agraire. A Madagascar, 240 000 personnes, victimes de la sécheresse dans le sud, ont besoin d'une aide alimentaire. Dans les autres pays de l'Afrique australe, la situation des approvisionnements alimentaires est satisfaisante grâce à la récolte céréalière exceptionnelle engrangée cette année.

Dans le Sahel, la production céréalière cette année devrait être nettement inférieure à celle de l'an dernier, compte tenu de l'insuffisance des précipitations en août et en septembre. La baisse de la pluviométrie a également asséché les pâturages plus tôt que d'habitude dans la plupart des régions, sauf dans l'ouest. La situation des approvisionnements alimentaires devrait être tendue au Tchad, suite à une récolte très réduite, en particulier dans la zone sahélienne. Dans les pays riverains du golfe de Guinée, les perspectives de récoltes sont en général satisfaisantes. Toutefois, la Sierra Leone continuera à être fortement tributaire d'une aide alimentaire internationale en 2001, compte tenu de la recrudescence de l'insécurité à l'époque des semis. Au Libéria, la production vivrière devrait légèrement augmenter; une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires étudie actuellement la situation du pays.

Les besoins d'importations céréalières en Afrique subsaharienne devraient continuer à être importants en 2001, du fait d'une baisse de production dans plusieurs pays. Toutefois, compte tenu des difficultés de balance des paiements que continuent à connaître les pays à faible revenu et à déficit vivrier de la région, une grande part de ces importations devra être couverte par l'aide alimentaire. En raison de la forte concurrence d'autres régions du monde victimes de pénuries alimentaires pouvant solliciter des secours, il faudra obtenir des annonces d'aide alimentaire supplémentaires pour conjurer la crise et éviter des pertes humaines.


FAO/SMIAR - décembre 2000

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