FAO/SMIAR - Rapport sur l' Afrique No.3, décembre 2000 - page 5

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DEUXIÈME PARTIE : SITUATION PAR SOUS-RÉGION


En Afrique australe, les semis des céréales de la campagne 2000/01 sont achevés ou en cours. En Afrique de l'Est, les récoltes de la campagne principale sont terminées ou en train d'être rentrées, sauf au Soudan, où le blé ne sera récolté qu'à partir de mars 2001. Les cultures de la campagne secondaire (de courtes pluies) ont été semées dans plusieurs pays en Afrique de l'Est. Les récoltes de la campagne principale touchent presque à leur fin en Afrique de l'Ouest. Les cultures de la campagne principale 2001 ne seront pas semées avant mars dans les pays côtiers, et avant juin dans les pays du Sahel.

Sous-région   Cultures céréalières
Semis Récolte
Afrique de l'Est 1/ mars-juin août-déc.
Afrique australe oct.-déc. avril-juin
Afrique de l'Ouest    
- Zones côtières (1ère campagne) mars-avril juillet-sept.
- Zone du Sahel juin-juillet. oct.-nov.
Afrique centrale 1/ avril-juin août-déc.


1/ Hormis le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo qui ont deux campagnes principales, et la Tanzanie, dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l'Afrique australe. Pour le Soudan, les semis des céréales secondaires se font en juin-juillet et la récolte d'octobre à décembre.

En Afrique de l'Est, les céréales de la campagne principale ont été rentrées ou sont en cours de récolte et les cultures de la campagne secondaire, qui seront engrangées dans les mois à venir, se développent dans des conditions incertaines. La production totale de céréales et de légumineuses de la région en 2000/01 ne devrait pas beaucoup augmenter par rapport au volume de 1999/2000, réduit par la sécheresse. Au Kenya, les perspectives des céréales de la campagne des "courtes pluies" dans les zones à régime bimodal des provinces de l'Est, du Centre et de l'Ouest, qui seront récoltées en février/mars, sont incertaines en dépit de quelques récentes pluies bénéfiques. Les récoltes de la campagne principale, qui assurent normalement 80 pour cent de la production vivrière annuelle, ont été en grande partie perdues, du fait d'une forte sécheresse. En Ethiopie, après la perte des cultures "belg" de la campagne secondaire provoquée par la sécheresse, des pluies tardives mais abondantes dans les principales zones de production céréalière laissent espérer une hausse de la production céréalière de la campagne principale "meher" de 2000. Toutefois, des pertes de récoltes ont été signalées en Éthiopie, dans certaines régions de l'est et du nord, en raison de précipitations irrégulières et insuffisantes. En Érythrée, malgré une amélioration de la pluviométrie dans les principales régions de production céréalière de Gash Barka et Debub, les perspectives des céréales et des légumineuses de la campagne principale 2000, qui seront récoltées à partir de novembre, sont pessimistes, des centaines de milliers de cultivateurs ayant été déplacés par la guerre avec l'Éthiopie voisine. En Somalie, la production céréalière de la campagne principale 2000, estimée à 212 000 tonnes, dépasse de 22 pour cent environ la moyenne d'après-guerre (1993-1999), grâce à des pluies bénéfiques et à une plus grande sécurité. Au Soudan, des vagues de sécheresse prolongées ont gravement compromis la production céréalière de la campagne principale 2000. Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires vient juste de rentrer et termine actuellement son étude. Une mission antérieure FAO/PAM dans le sud du Soudan a estimé un déficit de production céréalière, notamment dans les Etats de Bahr el Ghazal septentrional de Bahr el Jebel, d'Équatoria occidental, de Jonglei et de Juba. En Tanzanie, compte tenu de la sécheresse qui a prévalu dans plusieurs régions au cours de la campagne des "courtes pluies" plus tôt dans l'année et de précipitations irrégulières et mal réparties au cours de la campagne des "longues pluies", la production céréalière de 2000 est estimée à 3,2 millions de tonnes, soit environ 20 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années. En Ouganda, les perspectives des cultures vivrières de la seconde campagne 2000, qui seront récoltées à partir de janvier prochain, sont meilleures grâce à de récentes pluies favorables. Au Rwanda et au Burundi, des précipitations abondantes au cours des derniers mois, suite à une longue sécheresse, ont amélioré les perspectives des céréales et des légumineuses de la première campagne 2001, qui seront engrangées à partir de janvier.

Au total, les besoins d'importations céréalières de la sous-région pour la campagne de commercialisation 2000/01 devraient fortement augmenter. En ce qui concerne les quatre pays dont la nouvelle année de commercialisation a débuté (Kenya, Somalie, Soudan et Tanzanie), les besoins d'importations pour 2000/01 sont estimés à 4,2 millions de tonnes, dont 1,2 million de tonnes d'aide alimentaire.

En Afrique australe, les semis des céréales secondaires de la campagne 2001 sont pour ainsi dire terminés. Des précipitations moyennes et supérieures à la moyenne à partir de la seconde moitié d'octobre ont amélioré l'humidité des sols pour les travaux agricoles et ont été bénéfiques aux cultures semées plus tôt. Dans l'ensemble, les conditions de végétation sont favorables jusqu'à présent. Toutefois, le total des superficies ensemencées risque de diminuer cette année. Il est peu probable que la diminution prévue des emblavures en Afrique du Sud, compte tenu de la faiblesse des prix, et au Zimbabwe, suite à l'affectation de nouvelles terres aux exploitants commerciaux prévue par la réforme agraire, soit compensée par un accroissement des superficies ensemencées dans d'autres pays.

La production céréalière totale de la sous-région en 2000 est provisoirement estimée à près de 23 millions de tonnes, soit 19 pour cent de plus que l'an dernier. Ce résultat est attribuable à l'abondance des pluies au cours de la période de végétation, en dépit de graves inondations et de pertes de récoltes dans certaines régions. La production a nettement augmenté en Afrique du Sud, au Zimbabwe, en Zambie, en Namibie et au Botswana. Au Malawi, la production de céréales secondaires est identique au niveau record de l'an dernier. La production a cependant diminué au Mozambique, à Madagascar, en Angola, au Swaziland et au Lesotho. Les besoins d'importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2000/01 (mai/avril) sont estimés, au total, à 4,2 millions de tonnes. Les importations commerciales devraient s'établir à 3,7 millions de tonnes et les besoins d'aide alimentaire, à 0,5 million de tonnes.

En Afrique de l'Ouest, plusieurs missions FAO/CILSS d'évaluation des récoltes se sont rendues dans les neuf pays membres du CILSS en octobre pour estimer le résultat de la campagne 2000 ainsi que l'évaluation de production provisoirement établie par les services statistiques agricoles nationaux. Selon ces missions, la production céréalière totale 2000 des neuf pays se chiffrera à 9,5 millions de tonnes, soit 16 pour cent de moins que le volume record de 1999 et 2 pour cent de moins que la moyenne quinquennale. La production devrait être inférieure à la moyenne au Burkina Faso et au Tchad. Elle devrait avoisiner la moyenne au Mali, en Mauritanie et au Niger, et être supérieure à la moyenne à Cap-Vert, en Guinée-Bissau, en Gambie et au Sénégal. Une production record a été obtenue en Gambie. Ces estimations doivent être considérées comme provisoires dans la mesure où les enquêtes nationales ont été effectuées avant la fin de la campagne et incluent des prévisions pour les cultures de décrue et de contre-saison qui n'ont pas encore été semées. Elles doivent donc être revues au cours des mois à venir mais il est peu probable qu'un changement majeur intervienne dans la tendance générale qui indique une production moyenne ou supérieure à la moyenne dans les principaux pays producteurs.

Grâce à deux bonnes récoltes successives en 1998 et 1999, les agriculteurs ont pu reconstituer leurs stocks céréaliers. La reconstitution des stocks de sécurité nationaux en 2000 a été favorisée par la faiblesse du cours des céréales sur les marchés locaux, sauf au Tchad où celui-ci est encore très faible. Les déficits localisés résultant de mauvaises récoltes peuvent donc être couverts par les stocks ou par le transfert de régions excédentaires vers les zones déficitaires. Toutefois, les populations qui risquent d'être touchées par des pénuries alimentaires dans certaines régions du Burkina Faso, du Niger et du Tchad auront besoin d'une aide extérieure. Cela sera notamment le cas de la zone sahélienne du Tchad où les prix ont considérablement augmenté. Les provinces les plus touchées sont le Biltine, le Batha est et le Kanem ainsi que le nord du Ouaddaï, le sud du Guéra, le nord-est du Chari-Baguirmi et la province du Lac. Certaines régions de production rizicole dans la zone soudanaise sont également vulnérables. La migration précoce de troupeaux en direction du sud, stimulée par l'assèchement des pâturages dans le nord, risque de poser problème aux agriculteurs qui n'ont pas encore effectué les récoltes. Les possibilités d'effectuer des prélèvements sur le stock de sécurité national sont limitées, le niveau étant actuellement très bas (1 350 tonnes, bien qu'il soit prévu d'acheter 1 600 tonnes supplémentaires prochainement). Au Niger, les départements les plus affectés sont Tillabery, Tahoua et Diffa, tandis qu'au Burkina Faso, ce sont principalement ceux du centre et de l'est. En Mauritanie, la sésamie menace les cultures de décrue. Les besoins d'importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2000/01 (novembre/octobre) des neuf pays du Sahel sont estimés, au total, à environ 2 millions de tonnes.

Dans les pays riverains du golfe de Guinée, les estimations concernant la production céréalière de la campagne 2000 ne sont pas encore disponibles, sauf pour le Bénin où l'on prévoit une récolte exceptionnelle. Les perspectives de récoltes sont en général satisfaisantes en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Nigéria et au Togo mais elles le sont moins en Guinée où les attaques des rebelles de la Sierra Leone en octobre ont désorganisé les travaux agricoles dans les régions proches de la frontière. La production rizicole devrait augmenter au Libéria mais diminuera en Sierra Leone, compte tenu des troubles intérieurs en mai, à l'époque des semis, puis en octobre. Grâce aux bonnes récoltes prévues dans l'ensemble, la situation des approvisionnements alimentaires devrait continuer à être stable dans la région au cours de la campagne de commercialisation 2001, sauf au Libéria et en Sierra Leone qui resteront fortement tributaires d'une aide alimentaire internationale.

Pour les pays côtiers, dont la campagne de commercialisation se déroule de janvier à décembre, les besoins d'importations céréalières ont été estimés, au total, à 4 millions de tonnes. Les importations commerciales ont été évaluées à 3,7 millions de tonnes et les besoins d'aide alimentaire à 320 000 tonnes, dont plus de la moitié pour la Sierra Leone. Les annonces d'aide alimentaire signalées au SMIAR début décembre 2000 s'élèvent à 232 000 tonnes.



SITUATION ACRIDIENNE

Une invasion de criquets pèlerins s'est déclarée en octobre et s'est poursuivie en novembre dans le centre et l'ouest de la Mauritanie. De petits essaims ont commencé à se former et des pontes ont été notées. Des groupes de sauteriaux et des bandes larvaires ont été signalées au sud du Brakna, à l'ouest du Trarza, au sud-ouest de l'Adrar et à dans l`Inchiri. Plus de 10 000 hectares ont été traités au sol en novembre. Les invasions actuelles risquent de s'étendre dans les zones de précipitations récentes dans l'Inchiri et dans les régions adjacentes du Maroc méridional. Il est très probable que certains ailés ont déjà migré vers l'extrême nord de la Mauritanie et ont commencé à se reproduire dans les régions où il a plu récemment. Dans le nord du Mali, il ne reste que quelques ailés ; les essaims et les groupes de sauteriaux signalés depuis début septembre ont donc sans doute migré vers le nord de la Mauritanie ou le sud de l'Algérie où ils se sont dispersés. Des ailés épars ont également été observés dans le nord-ouest du Niger, dans les oueds verts du sud-est et du sud-ouest de l'Aïr, dans l'est du Soudan et dans le nord de la Somalie.

En Afrique centrale, les perspectives de récoltes sont en général favorables en République centrafricaine et au Cameroun. En République du Congo, le relèvement du secteur agricole est amorcé après les troubles intérieurs de 1998 et 1999. Le conflit en République démocratique du Congo a entravé les travaux agricoles et la commercialisation.

En ce qui concerne les pays de la sous-région dont la campagne de commercialisation se déroule de janvier à décembre, les besoins d'importations céréalières en 2000 sont estimés à 800 000 tonnes et ceux d'aide alimentaire, évalués à 30 000 tonnes, sont entièrement couverts.

Le tableau ci-dessous récapitule les besoins d'importations céréalières et d'aide alimentaire de l'Afrique subsaharienne par sous-région.

Afrique subsaharienne: Importations céréalières et besoins d'aide alimentaire par sous-région (en milliers de tonnes)

Sous-région
Production
1999
 
1999/2000 ou 2000
Besoins d'importations céréalières Importations commerciales prévues Besoins d'aide alimentaire
Afrique de l'Est
19 627 5 398 3 349 2 049
Afrique australe
19 287 4 919 4 597 322
Afrique de l'Ouest
38 520 5 874 5 407 467
Afrique centrale
2 952 800 770 30
TOTAL
80 386 16 991 14 123 2 868

FAO/SMIAR - décembre 2000

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