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PLAN D'ACTION SOUS-RÉGIONAL POUR LA CONSERVATION, LA GESTION ET L'UTILISATION DURABLE DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES DES FORÊTS ET DES ARBRES DE LA RÉGION PACIFIQUE 1

par

Kanawi Pouru, Coordonnateur du Programme forestier2
Secrétariat de la Communauté du Pacifique, Suva, Fidji

Ce Plan d'action a été élaboré par des membres de la Communauté du Pacifique lors du Séminaire sous-régional océanien sur les ressources génétiques des forêts et des arbres tenu à Apia (Samoa) du 12 au 16 avril 1999. Cet atelier a été organisé conjointement et soutenu par le projet SPRIG/AusAID, le Département des forêts de la FAO et le Bureau sous-régional pour les îles du Pacifique, le Programme forestier du SPC, le PROE, l'IPGRI et la Division des forêts du Gouvernement de Samoa (voir Ressources génétiques forestières n° 27). ).

Le Plan d'action sous-régional élaboré durant l'Atelier d'Apia a été examiné récemment à la neuvième réunion des responsables des services forestiers des îles du Pacifique du 8 au 12 mai 2000 à Nadi (Fidji). Ceux-ci ont préparé le Plan d'action pour l'appui des donateurs et la mise en oeuvre. L'objectif du Plan d'action est de décrire des actions concrètes qui peuvent être menées aux niveaux international, régional, national et local pour faire face à la perte de ressources génétiques des forêts et des arbres dans les îles du Pacifique.

Le Plan d'action s'articule autour des quatre thèmes ci-après:

1. Espèces d'arbres prioritaires pour les opérations et activités liées aux ressources génétiques
L'identification des espèces/priorités opérationnelles a été effectuée par trois groupes de travail, chacun étant axé sur les grandes régions géographiques ci-après:

  • Mélanésie - (Fidji, Nouvelle-Calédonie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Iles Salomon, Vanuatu),
  • Polynésie - (Samoa américaines, Iles Cook, Polynésie française, Nioué, Samoa, Tonga, Wallis et Futuna), et
  • Micronésie - (Guam, Etats fédérés de Micronésie, Iles Marshall, Kiribati, Nauru, Palau, Tuvalu, plus Hawaï).

    Les groupes de travail ont adopté des approches légérement différentes pour identifier une vingtaine d'espèces d'arbres indigènes communs, un nombre limité d'espèces introduites ayant la priorité absolue et pour déterminer les priorités opérationnelles pour chaque espèce choisie.

    Trois espèces d'arbres indigènes figurent parmi les dix priorités absolues dans toutes les régions du Pacifique:

  • Calophyllum inophyllum(bois à canots, bois Marie),
  • Cordia subcordata (gommier), et
  • Instia bijuga (teck des îles).

    Les trois espèces ont une vaste aire de répartition, produisent des bois d'oeuvre de grande valeur et figurent parmi les bois les plus prisés pour la sculpture sur bois et la construction de bateaux. On trouve Intsia bijuga, également dans les forêts des basses terres intérieures et le long des cours d'eau.

    Concernant les priorités régionales pour l'action, les autres espèces importantes identifiées sont les suivantes:

  • Espèces Santalum (bois de santal), qui ont la priorité absolue dans le sud-ouest du Pacifique (3 espèces), l'est du Pacifique (2 espèces) et à Hawaï (4 espèces);
  • Calophyllum spp. (en particulier neo-ebudicum et espèces apparentées), fournissant toutes un excellent bois d'oeuvre;
  • Pometia pinnata (Litchi du Pacifique), excellent bois d'oeuvre et bois de feu, plante médicinale et vivrière, présente dans les forêts secondaires, dans les zones d'agriculture itinérante et autour des villages;
  • Espèces Terminalia (y compris de nombreuses espèces endémiques à croissance rapide présentes à l'intérieur des terres et une espèce côtière, T. catappa ou amandier des plages); et
  • Thespesia populnea (milo), espèce utilitaire importante et très prisée pour la sculpture sur bois.

    Viennent ensuite:

  • L'espèce Canarium(ngarli, nangai)
  • L'espèce Diospyros (ébéniers du Pacifique)
  • L'espèce Morinda citrifolia (bois couleur, nonu),
  • L'espèce Serianthes (mamufai, vaivai)
  • L'espèce Syzygium (asi toa, yasiyasi, fekika), et
  • Des mangroves (Xylocarpus, Rhizophora et Bruguiera spp.).

    Les deux arbres introduits ayant la priorité la plus haute pour les îles du Pacifique étaient Swietenia macrophylla (acajou d'Afrique) et Pinus caribaea ((pin de Cuba), tous deux originaires d'Amérique centrale tropicale.

    D'autres genres et espèces indigènes, importants dans leur aire naturelle (Pacifique) sont prioritaires là où ils ont été introduits. Il s'agit notamment de: Acacia spp. (en particulier A. mangium, A. koa et A. spirorbis), Casuarina equisetifolia (pin d'Australie ou bois de fer) et Flueggea flexuosa (namamau ou poumuli).

    Pour ce qui est de la conservation, il a été recommandé que des mesures urgentes soient prises pour la conservation in situ des ressources génétiques des espèces Santalum dans les trois sous-régions du Pacifique et d'autres arbres pour bois de construction et à usages multiples à vocation commerciale et ceux présents dans des écosystèmes sensibles au plan écologique. On a estimé que la conservation ex situ était une priorité pour diverses espèces d'arbres plantés dont les cultivars recherchés ont été sélectionnés, telles que Barringtonia, Canarium, Pandanus, Pometia et Terminalia catappa. Parmi celles-ci figurent des espèces retenues pour la conservation in situ.

    2. Conservation, utilisation durable et gestion des forêts et des arbres
    Dans toutes les îles du Pacifique, et en particulier en Mélanésie, il est nécessaire d'améliorer la gestion des forêts afin d'assurer une utilisation plus durable des ressources génétiques des forêts et des arbres. Cela comprend une meilleure planification de l'utilisation des terres et une meilleure gestion des espèces à usages multiples. Une meilleure gestion forestière est également un facteur décisif pour les activités de conservation in situ.

    Il a été vivement recommandé ce qui suit:

  • Les programmes de reboisement et de plantation d'arbres utilisant des espèces tant indigènes qu'introduites doivent être plus fermement encouragés et développés dans les îles du Pacifique. Les programmes de boisement et d'agroforesterie réduiront la pression sur les forêts naturelles de la région. Les espèces indigènes prioritaires à inclure dans ces programmes de boisement et d'agroforesterie dans le Pacifique ont été identifiés par les pays.
  • Il est indispensable que les programmes régionaux et nationaux, y compris le projet SPRIG, continuent d'être soutenus afin d'encourager la conservation des ressources génétiques des forêts et des arbres prioritaires, conservation qui comprendra des méthodes tant in situqu'ex situ.
  • Il faut encourager et appuyer la participation de toutes les parties intéressées, en particulier des propriétaires fonciers, à la conservation et à la gestion des forêts, pour le développement des programmes nationaux sur les espèces prioritaires. Cela signifie notamment incorporer les pratiques traditionnelles tout en faisant une place de choix aux méthodes scientifiques modernes dans les plans de conservation et d'utilisation.
  • Le caractère unique des environnements dans les îles du Pacifique et l'importance de protéger les espèces prioritaires et les écosystèmes des menaces telles que ravageurs, maladies, incendies et pestes végétales doit être pleinement reconnu. Tout échange de matériel génétique d'essences forestières doit être soumis à un tri et à des mesures de quarantaine. Avant d'introduire de nouvelles espèces ou variétés ou de nouveau matériel génétique provenant d'autres lieux, il faudrait procéder à une analyse des risques fondée sur la science.
  • Les ressources disponibles limitées pour la recherche-développement en matière de ressources génétiques forestières devraient être axées sur les espèces prioritaires.

    3. Récolte, échange et obtention de matériel génétique
    Actuellement, les principales plantations forestières de la région sont fondées principalement sur les espèces et le matériel génétique d'arbres introduits. On sait relativement peu de choses sur les essences indigènes de la région et on manque parfois d'informations de base sur des caractéristiques biologiques importantes telles que le mode de stockage des semences et la sensibilité aux ravageurs et aux maladies.

    Les activités prévues comprendront:

  • Echange de matériel génétique - cela comportera l'emploi plus fréquent des bases de données régionales et internationales sur les ressources génétiques forestières; une formation en cours d'emploi concernant la récolte et la manutention des semences; l'examen des options en matière de stockage de semences et le développement des peuplements semenciers ex situ; le matériel génétique d'arbres pour les atolls; et la protection contre les pestes végétales grâce à des programmes de contrôle des importations et d'éradication.
  • Aspects phytosanitaires - données recueillies sur les parasites et les maladies des arbres; renforcement des liens entre les forestiers et les agents d'inspection dans le pays; et préparation d'analyses des risques présentés par les parasites pour l'échange sans risque sanitaire de matériel génétique dans les pays insulaires du Pacifique.
  • Aspects internationaux et juridiques concernant l'échange et l'obtention de semences.

    4. Renforcement institutionnel, besoins en matière de formation et collaboration régionale
    La plupart des pays et territoires de la région Pacifique ont de petits services chargés des forêts et de l'environnement, disposant d'un personnel et d'un budget limités. Il faut faire en sorte que le personnel reçoive une bonne formation et soit informé sur les thèmes de la conservation, de la gestion et de l'utilisation des ressources génétiques des forêts et des arbres. Il est nécessaire de renforcer le niveau des connaissances et des compétences techniques dans la région en réalisant un juste équilibre entre la formation universitaire de longue durée et l'acquisition par apprentissage des compétences techniques.

    La collaboration régionale doit être maintenue et renforcée, notamment dans le domaine de la recherche, du développement et de la conservation des espèces présentes dans plusieurs pays et territoires.

    Ont été définis en particulier les besoins et priorités ci-après:

  • Formation du personnel national en gestion et développement des ressources génétiques forestières, moyennant des cours et un apprentissage, y compris des visites dans la région, qui traitent de problèmes communs.
  • Soutien et utilisation améliorée des moyens de formation et d'éducation existants et étude des possibilités de collaboration entre institutions; et
  • Questions de fond relatives à l'établissement de liens avec d'autres organismes s'occupant de l'utilisation des terres et d'environnement et la nécessité de faire prendre conscience au niveau politique de l'importance des problèmes de conservation et de gestion des ressources génétiques forestières.

    Le Plan d'action comporte des objectifs techniques réalistes et réalisables. Pour atteindre ces objectifs et obtenir des résultats tangibles, la mise en oeuvre du plan exigera des actions volontaires de la part des acteurs nationaux. Les organisations, dispositifs et instruments internationaux, régionaux et bilatéraux seront invités à contribuer à son succès. En particulier, la deuxième phase du Projet SPRIG financé par AusAID, projet quinquennal qui s'efforcera de mettre en oeuvre les éléments essentiels du Plan d'action, devrait commencer début 2001. L'organisme coopérant chef de file, durant la mise en oeuvre de la deuxième phase du projet SPRIG, sera le Département ou la Division des forêts compétents des pays participants (qui pourraient comprendre les Iles Cook, Fidji, Kiribati, Samoa, Iles Salomon, Tonga et Vanuatu). Pour plus d'informations, veuillez vous reporter à l'article de Lex Thomson « Initiative régionale océanienne sur les ressources génétiques forestières (SPRIG) - deuxième phase » qui figure dans le présent bulletin.

    1Reçu en juillet 2000. Original: anglais
    2[email protected]
    3SPRIG - Initiative régionale océanienne sur les ressources génétiques forestières; SPC - Secrétariat de la Communauté du Pacifique, PROE - Programme régional océanien de l'environnement et IPGRI - Institut international des ressources phytogénétiques

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