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ESSAIS DE PROVENANCES SUR
PINUS PONDEROSA DOUGLAS EX LAWSON
EN PATAGONIE ARGENTINE - RÉGION DES ANDES1

par

J. A. Enricci, N.M. Pasquini et O.A. Picco2, and V. Mondino3

Des semences de 25 provenances de Pinus ponderosa Douglas ex Lawson ont été obtenues en 1980 auprès des services forestiers des Etats-Unis et du Canada pour des essais de provenances à mener sur cette espèce sur cinq sites représentatifs dans l'ouest du Chubut et du Río Negro. Des semences locales provenant des plantations "Isla Victoria" dans le Neuquén et "Trevelin" dans le Chubut ont été utilisées comme témoins. On a eu recours à des techniques traditionnelles à la fois en pépinière et en plantation et 18 ans après, les taux de survie étaient très élevés et aucune anomalie n'avait été détectée. Les observations finales sur ces essais, qui ont été mis en place en 1982, ont montré qu'en général, les provenances de la zone des Cascades de l'Etat de Washington avaient donné de meilleurs résultats sur les sites les plus favorables, et que les semences provenant des Blue Mountains dans le centre-est de l'Orégon avaient donné de meilleurs résultats sur les sites moins favorables. Sur tous les sites, les semences importées ont donné de meilleurs résultats que les provenances locales, en particulier sur un site. En conclusion, la réaction de ces semences concernant l'état sanitaire et la croissance a été excellente, et elles sont recommandées pour les reboisements prévus dans la région.

INTRODUCTION
L'introduction d'essences forestières exotiques en Patagonie argentine, dans le centre de la région des Andes, remonte au début du vingtième siècle avec l'arrivée d'immigrants gallois de l'est et du Río Chubut qui ont distribué Salix fragilis L, L'introduction d'essences forestières exotiques en Patagonie argentine, dans le centre de la région des Andes, remonte au début du vingtième siècle avec l'arrivée d'immigrants gallois de l'est et du Río Chubut qui ont distribué Pinus, Pseudotsuga, Tsuga, Picea, Larix, Abies, Sequoiadendron, Cupressus, Libocedrus, Thuja, Juniperus, Chamaecyparis, Salix, Populus, Betula, Quercus, Fraxinus, Acer, Ulmus, Robinia, etc. constituent une vitrine pour les excellentes performances de la majorité de ces introductions (Enricci, 1994).

Malheureusement, les semences utilisées étaient des semences génériques, et l'on ne possède presque aucune donnée précise sur leur origine, même si on les a utilisées pour produire des semences non améliorées génétiquement. Les plantations existantes de Pinus ponderosa ponderosa dans la région ne devraient donc pas être considérées comme des populations de base convenant pour la sélection et les croisements, du fait que le matériel est très hétérogène et qu'aucune comparaison n'a été faite avec d'autres provenances qui pourraient être plus performantes sur des sites particuliers, indépendamment de l'origine inconnue de cette semence locale. On a toutefois utilisé deux lots de semences provenant de ces plantations comme témoins pour les essais examinés dans le présent article.

Cette expérience visait surtout à déterminer avec une certaine exactitude quelles provenances répondaient le mieux aux principaux objectifs dans chaque région (généralement sur le plan sanitaire et sur celui du comportement).

MATÉRIEL ET MÉTHODE UTILISÉS
La méthode d'essai utilisée était celle recommandée par les experts. Selon Kemp dans J. Burley et al (1979), le but des essais d'espèces et de provenances devrait être de réduire le plus grand nombre possible de combinaisons génotypes/environnement à quelques espèces ou provenances éprouvées adaptées à la production de produits forestiers recherchés sur des sites pertinents.

Le tableau 1 énumère les provenances de semences de Pinus ponderosa var ponderosa qui ont produit un nombre suffisant de plants dans la pépinière pour pouvoir être utilisées dans des essais (à l'exception du lot 8, qui concerne la variété scopulorum) Sur les 25 lots de semences importés, 18 répondaient à cette exigence. Les lots C 25 et C26 ont été utilisés comme témoins locaux, conformément à Burley et al, 1979. La figure 1 illustre la répartition naturelle de P. ponderosa et les emplacements des provenances utilisées dans l'essai.

Tableau 1: Semences de Pinus ponderosa var. ponderosa utilisées dans les essais (provenances et témoins)

Les plants ont été produits à la station forestière "Trevelin" de l'INTA, à l'aide de méthodes traditionnelles dans la région. Suivant les recommandations de Patiño Valera et de R. Garzón (1976), les données suivantes ont été consignées: date de la germination et de la levée, nombre total de plants, hauteur, anomalies éventuelles, état sanitaire. Les semences ont été plantées au printemps (13 octobre 1980) dans des planches de pépinière à des densités de 70gr/m2. Les plants obtenus (1 + 0) ont été repiqués le 1er octobre 1981 dans des platebandes avec un espacement de 0,1 m x 0,1 m.

Le choix final du site a été fait suivant les indications de Greaves A. et Hughes J.F. (1979) pour des sites représentatifs en termes de géomorphologie, sol, climat et végétation naturelle existante. Le Tableau 2 et la figure 2 montrent les caractéristiques et l'emplacement des quatre sites choisis pour l'établissement des parcelles d'essais.

Figure 1: Répartition naturelle de Pinus ponderosa Douglas ex Lawson et emplacements originels des provenances testées [la ligne en pointillé sépare v. ponderosa (Ouest) de v. scopulorum (Est)] (Service forestier des Etats-Unis, 1965) Note: Provenances ayant le même emplacement géographique mais à des altitudes différentes: A. Comprend les provenances Nos 2 et 14 B. Comprend les provenances Nos 15, 18 et 19 C. Comprend les provenances Nos 4 et 16. D. Comprend les provenances Nos 11 et 13

Tableau 2: Caractéristiques des sites d'essais:

Les sites I et III sont caractérisés comme étant « plus favorables » et les sites II et IV comme étant « moins favorables » pour la croissance de cette essence conformément aux caractéristiques du relief et du sol.

En septembre 1982, on a procédé à la plantation selon les méthodes locales traditionnelles. On a pratiqué des trous à l'aide de bêches à bord tranchant avec un espacement de 3 m x 3 m. On a utilisé un dispositif en blocs aléatoires avec quatre répétitions (chaque bloc étant constitué de parcelles de 9 plants répétant les provenances) et on a opté pour des parcelles carrées suivant les indications de Barret, W. (1973), Wright, J. (1976) et Burley, J. et al, ayant chacune une superficie de 81 m2

Les données ci-après ont été consignées: survie (mesurée tous les deux ans après la plantation), hauteur moyenne totale des deux arbres dominants dans chaque parcelle (tous les quatre ans), diamètre à hauteur d'homme (chaque fois la hauteur a été mesurée lorsque les arbres avaient atteint l'âge de 12 ans), caractéristiques du fût et des branches et état sanitaire. Les dernières mesures ont été faites en 1999, étant donné le fait que 16 ans après la plantation, à des espacements standard, la compétition était très forte entre les arbres individuels sur les parcelles, avec des arbres qui étaient un tiers plus gros que la normale pour cette espèce sur ces sites. Pour traiter les données, on a utilisé le logiciel SPSS/PC + Statistics. La signification relative des différentes provenances a été calculée par analyse de la variance à l'aide de la méthode de Duncan (avec seuil de signification de 5 %), conformément aux recommandations de Burley, J. et al, (1979) et Ditlevsen, B. (1980).

RÉSULTATS
Au stade de la pépinière (1980-81):

La levée a eu lieu entre le 6 et le 20 novembre 1980. Le nombre de plants obtenus au repiquage le 1er octobre 1981 était de 12 831, avec une hauteur moyenne au-dessus du sol de 5,1 cm et aucune anomalie n'a été observée. L'année suivante, 12 128 plants ont été laissés pour la plantation, avec un taux de survie très élevé de 95% pour toutes les provenances. La hauteur moyenne au-dessus du sol de la variété ponderosa ponderosa était de 7,8 cm avec des valeurs moyennes par provenance allant de 6,2 à 9,4 cm, alors que pour la variété scopulorum elle était de 3,5 cm.





Figure 2: Emplacement du site des parcelles d'essai





CONCLUSIONS
Concernant un ratio possible taille individu jeune/taille individu adulte, en comparant les données de pépinière (deux ans) aux données de plantation (16 ans), une corrélation très étroite a été observée pour la provenance « Black Hills » (n° 8) pour la variété scopulorum. On ne peut en dire autant pour les autres provenances.

Les taux de survie en pépinière comme aux différents stades de plantation ont été très élevés, allant de 95% au moment de la plantation à 83% 11 ans plus tard, avec un chiffre final de 78% après 16 ans dans la plantation. Le taux d'échec a été semblable pour toutes les provenances, bien qu'il ait été plus élevé sur les sites II et IV en raison de conditions moins favorables, et de l'incidence des attaques du « lièvre européen » (Lepus europaeus) sur le site II (Mallín Grande) et du « daim rouge européen » (Cervus elaphus) sur le site IV (Lago Fontana).

Aucun problème sanitaire n'a été observé pour les provenances sur ces quatre sites d'essais.

En général, les tendances pour tous les paramètres observées en 1994 onze ans après la plantation étaient toujours les mêmes cinq ans plus tard quand la plantation avait 16 ans. Ceci plus la forte compétition entre les arbres a déterminé la nécessité de nouvelles mesures.

Concernant les données sur la hauteur et le diamètre à hauteur d'homme, il y a eu une variation discontinue entre les provenances, avec une tendance générale vers de meilleures performances des provenances de l'Etat de Washington originaires des pentes orientales de la chaîne des Cascades sur les sites plus favorables de Mallín Cumé et Río Pico.

Les provenances du centre-ouest des Blue Mountains de l'Etat de l'Oregon ont donné de meilleurs résultats sur les sites moins favorables de Mallín Grande et Lago Fontana. Il y a eu quelques exceptions dans les deux cas, la variation étant plus marquée entre les sites qu'entre les provenances.

Sur tous les sites, on a noté que les provenances importées ont mieux réagi que le témoin local, bien que la différence ait été statistiquement sensible seulement à Río Pico.

Seize ans après la plantation, on a constaté que le développement de la variété scopulorum était sensiblement inférieur sur tous les sites; il n'est donc pas recommandé que les pépinières d'arbres locales importent des semences de cette variété.

1Reçu en juillet 2000. Original: espagnol
2Université nationale de Patagonie (UNPSJB), Esquel, Chubut, Argentine
3Institut national de technologie agricole (INTA), Trevelin, Chubut, Argentine

BIBLIOGRAPHIE
Barret, W. (1973): Variación geográfica en Pinus elliottii Engelm. y Pinus taeda L. In: Suplemento Forestal Nº 7: 3-8. IDIA. INTA. Buenos Aires. Argentina.

Ditlevsen, B. (1980): Experimental Designs. In: Forest Tree Improvement. FAO Forestry Paper Nº 20. FAO. Rome. Italy.

Enricci, J. (1994): Posibilidades para la forestación en la subregión central del ecosistema andino-patagónico. P.T. Nº 14. Ed. CIEFAP. Chubut. Argentina.

Greaves, A. and Hughes, J. F. (1979): Site Assessment in Species and Provenance Research. In: A Manual on Species and Provenance Research with particular reference to the Tropics Tropical Forest Papers Nº 10. Commonwealth Forestry Institute. University of Oxford. U.K.

Kemp, R.H. (1979): Seed Procurement for Species and Provenance Research. In: A Manual on Species and Provenance Research with particular reference to the Tropics, pp. 32-48. Compiled by Burley, J. and Wood, P.J. Tropical Forest Papers Nº 10. Commonwealth Forestry Institute. University of Oxford. U.K.

Patiño Valera and Garzón, R. (1976): Manual para el establecimiento de ensayos de procedencias. INIF. México.

U.S. Forest Service (1965): Silvics of Forest Trees of the United States. In: Agriculture Handbook Nº 271. U.S. Department of Agriculture. Forest Service. Washington D.C. USA.

Wright, J. (1976): Introduction to Forest Genetics. Academic Press Inc. USA.

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