Si l'on tient compte des chiffres révisés pour la Chine, les stocks mondiaux de céréales, à la clôture des campagnes qui s'achèveront en 2001, devraient avoisiner les 640 millions de tonnes, soit 52 millions de tonnes, ou 7 pour cent, de moins que leurs niveaux d'ouverture et le plus faible volume enregistré en quatre ans. Les prélèvements que l'on prévoit durant la campagne en cours traduisent un fléchissement de la production céréalière en 2000, mais aussi une plus forte utilisation en 2000/01.
Depuis le dernier rapport, les estimations des stocks céréaliers de report de la Chine (continentale) ont été révisées à la hausse (voir l'encadré pour de plus amples détails). À partir de cette révision, les estimations des réserves détenues par la Chine ont été fortement augmentées, ce qui a relevé sensiblement les chiffres des stocks mondiaux avancés antérieurement. Toutefois, comme l'indique le tableau, le volume et la tendance des variations annuelles des stocks mondiaux n'ont pas été modifiés de manière significative.
Campagnes
finissant en |
Avant les révisions
|
Après les révisions
|
(......... en millions de tonnes ........)
|
||
1996
|
-55
|
-50
|
1997
|
40
|
46
|
1998
|
37
|
41
|
1999
|
18
|
25
|
2000
|
-14
|
-9
|
2001
|
-52
|
-52
|
Compte tenu des révisions apportées aux estimations des stocks céréaliers en Chine, et donc aux stocks mondiaux, l'utilisation de certains des principaux indicateurs de la FAO permettant d'évaluer la sécurité alimentaire mondiale (ratio de quantité de céréales stockées/utilisées, par exemple) ainsi que la méthodologie qui en découle sont actuellement revus. Les diverses questions en jeu seront discutées au cours de la prochaine session du Comité de la FAO sur la sécurité alimentaire mondiale qui se tiendra en mai 2001. Il convient toutefois de souligner que les analyses antérieures relatives à l'évolution du marché réalisées à l'aide de ces indicateurs empiriques ne perdent en rien leur validité.
L'unique ajustement apporté aux séries historiques des stocks céréaliers en Chine ne doit pas être considéré comme une réflexion ou une cause des changements intervenant dans les indicateurs de base du marché. En raison du changement récent des politiques en Chine induites par le coût croissant de la gestion de stocks abondants et par de nouvelles priorités socio-économiques, il est important d'obtenir des estimations plus précises quant aux niveaux des stocks pour mieux comprendre le flux des échanges commerciaux de la Chine et leur incidence sur les marchés céréaliers internationaux. Compte tenu de l'importance de la réduction probable des stocks céréaliers de report durant la campagne en cours et de nouvelles données, notamment en ce qui concerne le volume des stocks détenus par les exploitations agricoles, il a semblé opportun de revoir les séries de données statistiques sur les stocks céréaliers pour les ajuster à des niveaux plus réalistes.
Les stocks mondiaux de blé correspondant aux campagnes agricoles qui s'achèveront en 2001 sont actuellement estimés à 239 millions de tonnes, ce qui représente une régression de quelque 17 millions de tonnes, soit 7 pour cent, par rapport à l'année précédente. Les stocks de report des cinq premiers exportateurs devraient baisser, sauf dans la CE où une hausse de production et une stagnation des exportations pourraient se traduire par une augmentation des stocks de quelque 2 millions de tonnes à la fin de la campagne en cours. En ce qui concerne les autres principaux pays exportateurs de blé, on s'attend à ce que les stocks des États-Unis accusent la plus forte contraction puisqu'ils devraient baisser d'environ 6 millions de tonnes. Dans les autres pays, les stocks de blé en Chine devraient diminuer de 12 millions de tonnes pour s'établir à 121 millions de tonnes, en raison principalement d'un fléchissement de la production intérieure. Toutefois, les réserves de blé du Pakistan et de l'Inde devraient fortement augmenter, par suite d'une production record.
Campagnes agricoles se terminant en:
|
|||
1999
|
2000 estim.
|
2001 prévis.
|
|
(. . . millions de tonnes . . .)
|
|||
Blé
|
259,9
|
255,9
|
238,7
|
Céréales
|
|||
secondaires
|
284,7
|
273,2
|
246,4
|
Riz (usiné)
|
155,6
|
162,1
|
154,5
|
TOTAL
|
700,2
|
691,2
|
639,6
|
dont:
|
|||
Principaux pays
|
|||
exportateurs
|
254,7
|
248,7
|
236,8
|
Autres pays
|
445,5
|
442,5
|
402,9
|
Source: FAO
Les stocks mondiaux de céréales secondaires correspondant aux campagnes agricoles qui s'achèveront en 2001 sont actuellement estimés à 246 millions de tonnes, ce qui représente une diminution de 27 millions de tonnes, soit 10 percent, par rapport à l'année précédente. Ce recul est principalement attribuable à la forte réduction prévue des stocks en Chine, où une chute brutale de la production de maïs en 2000, conjuguée à la poursuite d'exportations substantielles, pourrait ramener les stocks de clôture à 133 millions de tonnes, soit environ 21 millions de tonnes, ou 14 pour cent, de moins que leurs niveaux d'ouverture pour la campagne en cours.
Le volume des stocks détenus par les principaux pays exportateurs devrait se maintenir au niveau de l'an dernier, soit autour de 77 millions de tonnes, du fait essentiellement de la croissance des stocks aux États-Unis résultant d'une production de maïs record en 2000. À l'exception du Canada, où l'on prévoit également une réduction des stocks de maïs, tous les autres grands exportateurs devraient clôturer la campagne avec des niveaux de stocks similaires à ceux de l'année précédente.
On estime actuellement que les stocks mondiaux de riz correspondant aux campagnes agricoles qui se termineront en 2001 atteindront 154,5 millions de tonnes, soit près de 8 millions de tonnes de moins qu'à leur ouverture. Compte tenu d'une assez forte baisse de la production en 2000 ainsi que des prévisions d'une utilisation intérieure stable et de fortes exportations cette année, on s'attend à ce que la réduction annuelle des stocks se concentre plus particulièrement en Chine. On prévoit également que les stocks de report diminueront dans les autres grands pays exportateurs ayant engrangé de plus faibles récoltes en 2000, notamment au Pakistan, au Viet Nam et aux États-Unis. Les réserves de l'Inde devraient également décroître mais tout dépendra de la capacité du pays à stimuler les exportations. Par contre, les stocks de report devraient légèrement progresser en Thaïlande, du fait principalement de la contraction prévue des ventes à l'étranger. Parmi les pays importateurs, les réserves de l'Indonésie pourraient diminuer à la fin de la campagne, en raison de la baisse des achats.
Dans l'ensemble, au cours de la première moitié de la campagne de commercialisation 2000/01 (juillet-décembre), les prix internationaux du blé ont augmenté, traduisant la forte demande d'importations commerciales et la prévision d'une baisse des stocks de report des principaux pays exportateurs. La hausse des prix du blé s'est ralentie à l'approche de la période des fêtes, fin décembre, du fait d'une diminution des achats et d'une pression à la baisse résultant de la campagne agricole principale de l'hémisphère Sud. En janvier, le blé No. 2 des États-Unis (blé roux vitreux d'hiver, f.o.b) a atteint, en moyenne, 134 dollars E.-U la tonne, soit environ 3 dollars E.-U. la tonne de plus qu'en octobre 2000 et presque autant que 23 dollars E.-U. la tonne, soit 17 pour cent, par rapport à l'année précédente. En Argentine, la nouvelle récolte de blé s'est établie, en moyenne, à 120 dollars E.-U. la tonne en janvier, soit 3 dollars E.-U. la tonne de moins que les valeurs de la période précédant Noël, mais 27 dollars E.-U. la tonne, soit 23 pour cent, de plus qu'à la même période l'an dernier. Bien que l'on prévoie une légère expansion du volume des échanges commerciaux durant la campagne en cours, la compétition que se livrent les principaux exporteurs pour obtenir une part de marché, associée à l'abondance des disponibilités exportables, même parmi certains exportateurs non traditionnels, pourrait limiter une forte hausse des prix internationaux du blé dans les mois à venir.
2001
|
2000
|
||
janvier
|
octobre
|
janvier
|
|
(. . dollars E.-U./tonne . .)
|
|||
États-Unis
|
|||
Blé 1/
|
134
|
131
|
111
|
Maïs
|
95
|
85
|
93
|
Sorgho
|
104
|
92
|
91
|
Argentine 2/
|
|
|
|
Blé
|
120
|
123
|
93
|
Maïs
|
84
|
76
|
93
|
Thaïlande 2/
|
|
|
|
Riz, blanc 3/
|
187
|
191
|
244
|
Riz, brisures 4/
|
134
|
136
|
159
|
En ce qui concerne le marché à terme, la pression exercée par les disponibilités a continué de peser sur les cours. Le prix du blé à terme à brève échéance a achevé la fin de la troisième semaine de janvier par un léger fléchissement par rapport au mois précédent. Au cours des dernières semaines, le marché à terme du blé tendre rouge d'hiver en mai coté au Chicago Board of Trade (CBOT) a baissé, bien qu'il ait été en général plus élevé qu'à la même époque l'an dernier. Compte tenu des présentes indications, il est difficile d'envisager une forte reprise des prix avant au moins une autre campagne.
Les cours internationaux du maïs ont continué à être inférieurs à ceux de 1999 jusqu'en novembre 2000 mais ils ont fortement augmenté en décembre avant de commencer à régresser à nouveau. En janvier, le prix à l'exportation du maïs des États-Unis a atteint une moyenne de 95 dollars E.-U. la tonne, marquant ainsi une augmentation de 10 dollars E.-U. la tonne à partir d'octobre 2000 et de 2 dollars E.-U. la tonne par rapport à janvier 2000. Dans l'ensemble, durant la première moitié de la campagne de commercialisation en cours, le prix du maïs a avoisiné les 83 dollars E.-U. la tonne, contre 89 dollars E.-U. la tonne à la même période lors de la campagne précédente. La faiblesse du prix du maïs observée les dernières années s'explique par l'abondance des disponibilités des pays exportateurs. Au cours des derniers mois, les ventes substantielles effectuées par la Chine et les inquiétudes liées à l'exportation de maïs génétiquement modifié en provenance des États-Unis, suite à l'alarme Starlink, ont exercé une nouvelle pression à la baisse sur les prix américains à l'exportation. La controverse suscitée par la vente de maïs Starlink, reconnu impropre à la consommation humaine aux États-Unis, a été avivée lorsque des traces de ce maïs ont été découvertes au Japon en octobre 1999. Étant donné que les États-Unis sont le premier importateur de maïs au Japon, l'incertitude régnant sur les ventes futures a encore fait baisser les prix. En janvier, le marché à terme du maïs coté au CBOT a également reculé et les contrats de mai ont été établis à 86 dollars E.-U. la tonne, indiquant une chute d'environ 6 dollars E.-U. la tonne depuis octobre et un recul de 4 dollars E.-U. la tonne par rapport à la même époque l'an dernier. La baisse récente des prix a été également induite par l'anticipation d'une reprise de ventes substantielles par la Chine, compte tenu de nouvelles traces de maïs génétiquement modifié décelées au Japon (et récemment en République de Corée). Dans ce contexte, et avec la persistance d'abondantes disponibilités, il est peu probable que les cours remontent fortement au cours des prochains mois. Les prix n'augmenteront que si les stocks de clôture se situent en deçà des niveaux actuellement prévus pour la campagne en cours et/ou si la production accuse un net recul.
Les prix du riz, à la fin de l'an 2000, ont été les plus faibles enregistrés depuis 1987. Sur une base annuelle, l'Indice FAO du prix d'exportation du riz (1982-84=100) s'est établi en moyenne à 98 points en 2000, soit 114 points de moins qu'en 1999. Bien que les prix aient été faibles pour tous les types de riz, le cours du riz de qualité inférieure a été particulièrement bas, l'indice 2000 s'établissant en moyenne à 19 points de moins qu'en 1999.
Les cours du riz ont continué à baisser en novembre et décembre 2000, après être remontés brièvement en octobre, en raison des conditions météorologiques défavorables au Viet Nam qui ont entravé les expéditions. L'Indice FAO du prix d'exportation du riz s'est établi, en moyenne, à 95 points en janvier 2001, contre 97 points en octobre 2000. Le prix du riz thaï 100 pour cent B de qualité supérieure, qui avait atteint 191 dollars E.-U. la tonne en octobre, a été ramené à 187 dollars E.-U. en janvier 2001, la nouvelle récolte thaï étant arrivée sur le marché. Par contre, le prix du riz des États-Unis No. 2/4 pour cent de brisures, de qualité supérieure, s'est maintenu au cours du dernier trimestre 2000, grâce aux achats du gouvernement consacrés à l'aide alimentaire. En conséquence, les cours ont atteint 294 dollars E.-U. la tonne en novembre, ce qui représente le niveau le plus élevé enregistré dans l'année. Bien que les prix aient baissé en janvier 2001 pour s'établir à 291 dollars E.-U., ils ont dépassé ceux de janvier 2000 d'environ 20 dollars E.-U. Le cours du riz thaï à 100 pour cent brisures, de qualité inférieure (Thai A1 Super), a perdu deux points en janvier 2001 par rapport à octobre 2000 pour s'établir à 134 dollars E.-U. Toutefois, à ce niveau, les prix ont augmenté de 4 dollars E.-U. et de 3 dollars E.-U. par rapport à novembre et décembre 2000 respectivement, quand les prix étaient au plus bas depuis 1987.
En l'absence d'un choc imprévu, les prix devraient continuer à baisser avec l'arrivée, en février-mars, des nouvelles récoltes des exportateurs de l'hémisphère Sud et du Viet Nam. Par ailleurs, les mesures politiques qui sont à l'étude en Inde pour stimuler les exportations ainsi qu'en Indonésie, en Malaisie et au Nigéria pour mettre en place des restrictions à l'importation pourraient contribuer, si elles sont effectivement appliquées, à exacerber la faiblesse des prix qui a caractérisé le marché international du riz en 2000.