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Cultiver le rotin
en intercalaire
avec des hévéas
et d'autres
cultures

Abdul Razak Mohd Ali
et R.S. Raja Barizan

Abdul Razak est Directeur général et
Raja Barizan est chercheur, Conduite
et gestion des forêts d'altitude, Forest
Research Institute Malaysia (FRIM),
Kepong (Malaisie).

En Malaisie, des espèces de rotin ont été cultivées en intercalaire avec des hévéas (Hevea brasiliensis), aussi bien dans des plantations commerciales ou dans de petites exploitations d'hévéas bien gérées que dans des plantations abandonnées ou semi-abandonnées. La plantation intercalaire de rotin dans des plantations commerciales d'hévéas bien gérées répondait à un concept similaire à celui d'agroforesterie, et visait à accroître le rendement de la terre et à compléter le revenu des petits exploitants ou des ruraux. D'après les estimations, ce revenu a été largement suffisant pour couvrir le coût de la replantation des hévéas (Salleh et Aminuddin, 1986).

Jusqu'à présent, seules trois espèces se sont révélées appropriées à la culture sous hévéas dans la péninsule malaise, à savoir: Calamus caman, Calamus scipionum et Calamus palustris. Les techniques de plantation des C. caman en sous-étage des hévéas ont été mises au point avec soin. L'âge des hévéas, au moment de l'adjonction des rotins, et les densités de plantation à l'hectare sont aussi d'importants facteurs qu'il convient de déterminer à l'avance. L'idéal est que C. manan soit planté dans les interrangs lorsque les hévéas ont entre 4 et 7 ans.

La culture du rotin en intercalaire avec des hévéas paraît une option possible, à condition que le rotin soit seulement considéré comme une culture complémentaire. Au stade de la planification, la plantation des rotins sera programmée dans le temps de façon à ce que leur récolte coïncide avec le moment où les hévéas doivent être replantés, c'est-à-dire à l'âge d'environ 25 ans. Cela permettra de réduire les difficultés lors de la récolte du rotin et d'éviter d'endommager les hévéas, comme cela se passerait si la canne était récoltée plus tôt. Avec une récolte plus tardive, les cannes peuvent atteindre la maturité et elles se prêtent mieux à la transformation industrielle.

Tous les clones d'hévéas ne sont pas aussi appropriés, comme arbres de soutien ou d'ombrage, car ils présentent des différences dans le port ou la robustesse des branches, dans la hauteur maximale potentielle, dans l'adaptabilité aux conditions du sol et dans la vulnérabilité au vent. On a constaté que les clones à branches basses pouvaient être plantés avec des rotins car ces derniers pouvaient grimper facilement (Aminuddin, Nur Supardi et Abd Ghani, 1991). Les clones à branches hautes et robustes ne conviennent que pour soutenir des rotins adultes, mais ils peuvent en supporter de deux à quatre. Aucune étude n'a été réalisée pour déterminer si la production de latex de chaque hévéa était affectée par la présence des rotins.

La culture associée de rotins et d'hévéas pose quelques problèmes d'aménagement: le rotin peut gêner les opérations de saignée. La couronne dense du rotin peut allonger le temps de séchage du fût des hévéas après la pluie. La récolte du rotin peut aussi abîmer les branches des hévéas.

SYSTÈMES DE CULTURES ASSOCIÉES DU ROTIN AVEC D'AUTRES ARBRES

Les possibilités de planter des rotins sous d'autres arbres, tels que les palmiers à huile sont encore à l'étude. Apparemment, des C. manan âgés de 6 ans, plantés sous des palmiers à huile de 13 ans, à la plantation de Paka de l'Office malaisien des palmiers à huile, à Terengganu, ont une bonne croissance. L'accroissement annuel en hauteur est de 1,5 m (Nur Supardi et Suboh, données non publiées). Toutefois, il reste quelques problèmes d'aménagement à résoudre. La couronne du rotin entrave la récolte des rafles des fruits du palmier à huile, d'où une diminution de la quantité de fruits cueillis. Lors de l'élagage des frondes du palmier à huile, la couronne du rotin tombe par terre, ce qui abîme les pousses.

Le Forest Research Institut Malaysia (FRIM) réalise une enquête sur la plantation intégrée de rotin (C. manan et C. caesius) et de bambous, avec Gigantochloa laevis comme arbre de soutien pour le rotin. Dans l'essai, le rotin est traité comme la culture principale. L'utilisation du bambou comme arbre de soutien est censée faciliter la récolte du rotin, le moment venu. Ce système de plantation intégré devrait aussi accroître le rendement de la terre, grâce à la récolte des pousses de bambou, à partir de la troisième année. Il faudra encore suivre les résultats de l'enquête avant de pouvoir déterminer si G. laevis est un arbre de soutien approprié. 

Bibliographie


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