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QUE FAIRE À L’ARRIVÉE D’UN RAPPORT DE TERRAIN?

Figure 8. exploitation des rapports de terrain dans un pays de l’aire d’invasion du criquet pèlerin.

Tout rapport provenant du terrain, d’une autre organisation, d’un autre pays ou de la FAO devra être systématiquement traité au siège de l’unité antiacridienne nationale (voir Fig. 8):

1. Attribuer au rapport un code d’identification unique, l’inscrire dans le coin supérieur et le noter sur un formulaire d’enregistrement.

2. Si possible, entrer les données dans une base de données informatisée. Au cours de ce processus, vérifier les données pour s’assurer qu’elles sont correctes et complètes. Indiquer sur le rapport qu’elles ont été saisies dans une base de données pour éviter toute duplication.

3. Reporter sur carte les résultats de la prospection et du traitement, soit manuellement, soit en utilisant un logiciel.

4. Analyser les données écologiques, météorologiques, acridiennes et de lutte pour essayer de comprendre ce qu’elles signifient et quelle action immédiate elles nécessitent. Des chargés de l’information acridienne expérimentés, connaissant bien le comportement du Criquet pèlerin et la zone d’où le rapport provient, devraient pouvoir analyser le rapport de façon judicieuse. Indiquer, par une ou deux phrases courtes notées sur le rapport lui-même, son interprétation et sa signification. Si le rapport est important, il peut être souhaitable de le discuter avec le Chef de l’unité antiacridienne.

5. Informer la FAO en temps utile en transmettant les rapports de terrain et les résultats des prospections et des traitements directement au DLIS dès qu’ils sont reçus, corrigés et analysés (étapes 1 à 4). Cela signifie que la FAO devrait être informée dès le lendemain et certainement moins de cinq jours après la fin de toute prospection.

En utilisant ce rapport et les autres rapports récents:

1. Évaluer la situation qui prévaut en tenant compte de l’analyse de tous les résultats des prospections et des traitements récents ainsi que des informations météorologiques et environnementales disponibles. Comparer cette évaluation aux rapports précédents et aux données historiques pour comprendre comment la situation a évolué et changé dans le temps.

2. Préparer des prévisions sur la base de l’évaluation de la situation présente. Les prévisions peuvent être très simples ou complexes, selon la situation et la saison. Il faudra procéder à des mises à jour au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles informations.

3. Présenter l’évaluation de la situation et les prévisions au Chef de l’unité antiacridienne et discuter des opérations supplémentaires de prospection et de lutte nécessaires, y compris de la localisation et la date de celles-ci.

4. Préparer et distribuer les résumés sur un pas de temps hebdomadaire, décadaire, par quinzaine ou par mois selon la nécessité. Le type de résumé et son contenu varieront d’un pays à l’autre. Chaque résumé devra au moins contenir des informations sur la météorologie, les conditions écologiques et la situation acridienne qui prévaut ainsi que des prévisions. En adresser un exemplaire à la FAO. Des rapports devraient également être préparés et présentés au Comité directeur des bailleurs de fonds.

5. Sauvegarder et archiver tous les rapports de terrain après les avoir enregistrés, saisis, reportés sur carte, analysés, envoyés à la FAO et inclus dans un résumé. Faire ce travail de façon organisée pour ne pas perdre les rapports et pouvoir les retrouver facilement pour servir de référence.

Figure 9. la première étape à respecter dans l’archivage des données acridiennes, pluviométriques ou météorologiques provenant du terrain est leur enregistrement.

Enregistrement: comment organiser l’archivage et l’exploitation des informations reçues?

Beaucoup de pays de l’aire d’invasion du Criquet pèlerin reçoivent fréquemment de nombreux rapports de prospection et de lutte antiacridienne du terrain, soit de façon régulière, soit au cours des résurgences, recrudescences ou invasions généralisées. Les unités antiacridiennes peuvent également recevoir d’autres informations telles que des données météorologiques, des rapports provenant d’autres pays et les bulletins de la FAO. Il est par conséquent nécessaire d’avoir un système simple mais efficace pour classer cette information afin de pouvoir retrouver facilement chaque rapport et n’en perdre aucun.

Il est suggéré d’utiliser un formulaire d’enregistrement ou une feuille de registre des données (voir Fig. 9). Dans ce cas, on attribue un code d’identification unique à tout rapport reçu du terrain. Le code peut par exemple consister en une abréviation, l’année et le numéro de rapport. Le cinquième Bulletin reçu de la FAO en 1999 pourra par exemple recevoir le code FAO99-05, le troisième rapport de 1999 provenant de la région ou de la province orientale du pays le code EST99-03. Un formulaire d’enregistrement séparé devrait être rempli pour chaque pays, région ou district d’où proviennent des rapports. Il faudra commencer un nouveau formulaire chaque année.

Une fois attribué un code d’identification au rapport, quelques informations de base devront être reportées sur le formulaire d’enregistrement. Ces informations incluront la date à laquelle le rapport a été reçu, son code d’identification, la période couverte par le rapport, si le rapport contient des informations sur les essaims, les bandes, les ailés, les larves, la ponte ou l’éclosion, la lutte antiacridienne, l’écologie et les précipitations, s’il a été entré dans une base de données, s’il a été envoyé à la FAO et dans quel résumé décadaire, de quinzaine ou mensuel, l’information contenue dans ce rapport apparaît.

Il est pratique de conserver tous les formulaires d’enregistrement ensemble dans un classeur ou dans un fichier informatisé pour en faciliter l’accès. Les rapports de terrain devraient être correctement archivés dans des classeurs annuels, avec un dossier par pays, région ou district. Ces dossiers devraient être conservés dans un endroit sûr à l’abri de l’humidité, un meuble à tiroirs par exemple, rangé par année.

Conseil: si un système d’enregistrement est utilisé, un code d’identification unique devra être attribué à chaque rapport reçu. C’est aussi une bonne idée d’enregistrer les rapports et l’information envoyés. Cela nécessite une démarche très rigoureuse.

Données à vérifier - résumé:

  • coordonnées géographiques
  • dates
  • données acridiennes précises

Figure 10. Gestion des rapports: vérification et correction des données.

Conseil: si les coordonnées géographiques paraissent erronées, essayer d’imaginer les erreurs qui pourraient être commises en lisant une carte ou en notant la latitude et la longitude d’un point sur le terrain. Il est fréquent que des chiffres soient intervertis ou que des erreurs d’un degré ou de 10, 20 ou 30 minutes soient commises.

Comment vérifier et corriger les données?

Certains rapports arrivant du terrain peuvent contenir des données erronées ou être incomplets. Dans ce cas, le Chargé de l’information acridienne devra les corriger ou demander des éclaircissements à l’agent antiacridien de terrain.

Beaucoup des erreurs commises ou des données manquantes se rapportent aux coordonnées du site des opérations de prospection ou de lutte. Souvent, le nom du site est noté sans coordonnées. Le Chargé de l’information doit alors essayer de trouver le nom de ce site sur les cartes ou index géographiques disponibles et déterminer les coordonnées correctes. Cela signifie qu’un stock de cartes conséquent à des échelles différentes doit exister au niveau du Bureau d’information acridien. Les cartes les plus utiles ont des échelles comprises entre 1/100 000e et 1/1 000 000e. Les cartes au 1/100 000e couvrent une superficie plus petite mais sont plus détaillées que celles au 1/1 000 000e. Des index géographiques ou toponymiques peuvent être disponibles dans le pays ou dans un logiciel de gestion de l’information comme le programme RAMSES. Il est conseillé de ne pas se fier uniquement aux noms de lieu car ils peuvent différer de ceux indiqués sur une carte. Dans un pays donné, il existe souvent plusieurs sites portant le même nom.

Une autre erreur fréquente est le report incorrect des coordonnées géographiques. Dans ce cas aussi, le Chargé de l’information acridienne devra essayer de corriger ces erreurs en trouvant le nom de la localité sur une carte et en déterminant ses coordonnées exactes (voir Fig. 10). Si cela n’est pas possible, il peut avoir à faire une estimation en supposant que l’erreur est d’1 degré ou d’une fraction de degré, par exemple 10, 15 ou 30 minutes Nord, Sud, Est ou Ouest. Parfois, la longitude est notée comme étant Est au lieu de Ouest, ou inversement. Il s’agit d’erreurs fréquentes qui se produisent lorsque l’on détermine les coordonnées sur le terrain à partir d’une carte.

L’alternative consiste, pour le Chargé de l’information acridienne, à contacter l’agent antiacridien de terrain au sujet de cette information. Cela peut également être nécessaire s’il y a des données manquantes concernant les conditions écologiques ou acridiennes et que le Chargé de l’information acridienne ne peut les fournir.

Question fréquemment posée no 5 (voir réponse page 44)

Quelles sont les erreurs fréquemment commises lorsqu’on détermine et enregistre des coordonnées géographiques?

Conseil: ne pas oublier de faire la différence entre la date d’observation et la date de transmission par radio. La date d’observation est la date à laquelle l’observation a été faite. La date de transmission par radio est la date à laquelle l’information a été transmise. Ces dates sont souvent différentes.

Conseil: si les coordonnées géographiques paraissent erronées, essayer d’imaginer les erreurs qui pourraient être commises en lisant une carte ou en notant la latitude et la longitude d’un point sur le terrain. Il est fréquent que des chiffres soient intervertis ou que des erreurs d’un degré ou de 10, 20 ou 30 minutes soient commises.

Informations à reporter sur carte - résumé:

  • précipitations
  • écologie
  • données acridiennes précises
  • opérations de lutte antiacridienne

Noter la date pour chacune de ces informations

Figure 11. Gestion des rapports: report des données sur carte.

Chacune de ces étapes sera décrite de façon plus détaillée dans les pages suivantes.

Report cartographique: comment visualiser les données?

Une fois le rapport enregistré, chaque résultat de prospection devra être reporté sur une carte détaillée. Cela aidera à mieux comprendre où sont présentes les infestations acridiennes, où des prospections ont été effectuées, où se trouve une végétation verte et où des précipitations ont été signalées. Cela donnera la possibilité de visualiser la situation acridienne dans le pays et de faire une analyse et des prévisions plus exactes.

Il existe deux façons de réaliser ce report cartographique: soit manuellement, soit à l’aide d’un programme informatisé (voir Fig. 11). Si le report se fait manuellement, il faut choisir une carte dont l’échelle est appropriée. Si les efforts sont concentrés sur une très petite zone, une carte au 1/250.000e peut convenir. Si le report concerne une vaste zone, des cartes au 1/500.000e, au 1/1000.000e ou même à une plus petite échelle sont plus adaptées. La plupart de ces cartes devraient être disponibles auprès de l’Institut géographique national du pays; elles peuvent également être demandées à la FAO. Il faudra également disposer de feuilles transparentes, en plastique ou en papier, de crayons ou d’autocollants de couleur, d’une règle et d’une grande surface plane telle qu’une table ou un mur pour travailler. La carte sera soit suspendue au mur, soit posée sur la table.

Tous les résultats de prospection devront être reportés sur carte un par un, soit directement sur la carte (s’il est possible de gommer ou de laver), soit sur une feuille transparente en plastique, papier ou verre posée sur la carte. Utiliser des crayons ou des autocollants de couleur pour indiquer les différents types d’information, acridienne, pluviométrique et de végétation. Les différents stades de maturité, la densité et les zones infestées peuvent être indiqués en utilisant des couleurs ou des symboles différents. Le jeu de symboles qui figure dans le Bulletin mensuel de la FAO sur le Criquet pèlerin peut être utilisé. Chaque signalisation devrait si possible être reportée sur carte. Il sera probablement nécessaire de changer carte après quelques semaines ou un mois.

En cas d’utilisation d’un programme tel que RAMSES, le report sur carte est automatique mais il faut avoir préalablement entré le résultat de chaque prospection dans la base de données. Pour ce faire, chaque résultat doit avoir des coordonnées sinon l’ordinateur ne sait pas où placer le symbole sur la carte. Cette méthode apparaîtra beaucoup plus facile que le report cartographique manuel. C’est également un outil très puissant dans la mesure où l’ordinateur stocke tous les résultats des prospections entrés dans sa base de données. Cela permet d’interroger la base de données pour tout type de donnée et toute période en vue d’élaborer des cartes thématiques. Il est par exemple possible de rechercher toutes les signalisations d’ailés matures observés en ponte entre le 1er janvier et le 15 mars 1999. L’ordinateur explorera sa base de données et affichera sur une carte les symboles indiquant les résultats de l’interrogation. De nombreux types de requêtes différentes peuvent être faits à partir du moment où les données ont été introduites dans la base de données.

Conseil: reporter lentement et soigneusement les données sur carte. Il est facile de faire des erreurs lorsqu’on lit une carte ou qu’on introduit des données dans une base de données informatisée. Vérifier fréquemment son travail.

Figure 12. L’analyse des résultats des opérations de prospection et de lutte antiacridienne dans un pays donné varie selon qu’il s’agit d’une période de rémission, de résurgence, de recrudescence ou d’invasion généralisée.

Exemple: Une équipe de prospection signale une reproduction dans 2 zones mais aucun traitement nécessaire.

1. Analyse:

  • utiliser un modèle ou un tableau pour estimer les dates de ponte, d’éclosion et de mue imaginale
  • vérifier les précédents rapports pour voir si d’autres zones abritent des populations similaires
  • utiliser les données pluviométriques et de végétation pour expliquer la reproduction signalée et suggérer d’autres zones
  • utiliser les archives pour se remémorer toutes les zones de reproduction potentielles

2. Existe-t-il des zones où les prospections ne peuvent pas être réalisées?

  • utiliser l’imagerie satellitaire ou demander conseil à la FAO pour évaluer le potentiel de ces zones

3. Les précipitations et la végétation de la saison en cours suggèrent-elles une augmentation, une grégarisation ou une diminution des populations acridiennes?

  • utiliser les données pluviométriques de la saison en cours et les moyennes à long terme pour identifier les zones exceptionnellement humides ou sèches
  • utiliser les études de cas et l’expérience personnelle (y compris celle de l’agent antiacridien de terrain) pour déterminer les analogies

4. Écrire quelques notes brèves concernant cette évaluation

Analyse: comment interpréter les résultats d’une prospection?

Les résultats de chaque opération de prospection et de lutte antiacridienne devraient être analysés ou interprétés afin d’essayer de comprendre leur signification. Cela ne peut être entrepris qu’après avoir effectué le report cartographique de toutes les données météorologiques, écologiques, acridiennes et de lutte dont on dispose, soit manuellement, soit avec un logiciel (voir Report cartographique, page précédente). Les résultats d’une prospection devraient inclure non seulement les détails de la situation (tels que le Formulaire FAO de prospection et de lutte contre le Criquet pèlerin dûment rempli) mais aussi l’interprétation ou l’opinion de l’agent antiacridien concernant la signification des résultats de la prospection. Cela facilitera l’analyse par le Chargé de l’information acridienne. Des informations provenant d’autres sources telles que le Service météorologique national ou la FAO devraient être utilisées. L’imagerie satellitaire, si elle est disponible, peut également être utile pour estimer les précipitations ou l’importance de la végétation verte.

Sur la base des analyses, des actions immédiates auront à être prises. L’analyse des données et le suivi nécessaire varient en fonction de la situation acridienne, rémission, résurgence, recrudescence ou invasion généralisée (voir Fig. 12). Une action et une planification à plus long terme devraient non seulement être fondées sur l’analyse des résultats de prospection mais aussi tenir compte de l’évaluation de la situation et des prévisions du Chargé de l’information acridienne (voir Utilisation des évaluations et des prévisions pour la planification, page 33).

Périodes de rémission

Au cours des périodes de rémission, il est important de déterminer les sites favorables à la survie et à la reproduction du Criquet pèlerin. S’il y a des signalisations de Criquet pèlerin, il faudra identifier les zones propices à une augmentation significative des effectifs pouvant ultérieurement nécessiter des traitements. Déterminer également les zones qui nécessitent davantage de prospections.

Résurgences

Sur la base des résultats de prospection, il est important de définir la zone infestée par les criquets. Au sein de la zone de résurgence, localiser les sites où des opérations de lutte sont en cours et où les effectifs acridiens peuvent augmenter ou diminuer suite à la reproduction, à la concentration ou à l’immigration. Utiliser des tables ou modèles relatifs au développement des œufs et des larves pour estimer les durées de développement (voir Annexe 5.1). Examiner les possibilités d’extension de la résurgence vers de nouvelles zones en identifiant les autres sites aux conditions favorables qui se trouvent sous le vent des infestations présentes. Estimer l’efficacité des opérations de lutte et déterminer si d’autres opérations de lutte sont nécessaires.

Recrudescences et invasions généralisées

Au cours des recrudescences et des invasions généralisées, l’analyse se concentre surtout sur les essaims et sur le potentiel de migration au sein d’un pays ainsi que sur les invasions à partir d’autres pays et régions. L’éventualité de l’apparition de nouveaux essaims, issus d’une invasion ou d’une reproduction locale, devra être déterminée. A l’aide des données écologiques, satellitaires et aérologiques quotidiennes, identifier les zones de conditions favorables situées sous le vent des infestations acridiennes en cours qui pourraient être envahies. Estimer le temps nécessaire à l’apparition de nouveaux essaims, de la ponte à l’éclosion et aux mues imaginales, en utilisant des tables ou modèles (voir Annexe 5.1).

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