FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.5 - décembre 2001 - P. 12

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Lait et produits laitiers


Les prix internationaux des produits laitiers en 2001 ont été en moyenne plus élevés qu'en 2000: pendant l'année jusqu'en octobre, l'indice FAO des prix laitiers a dépassé de 6 pour cent celui de 2001. Cette donnée reflète une demande internationale généralement satisfaisante et des disponibilités restreintes à l'exportation. Toutefois, vers la fin de l'année, les prix ont légèrement fléchi en raison de l'incertitude régnant sur les marchés mondiaux, qui a entraîné un ralentissement de la demande internationale.

Augmentation prévue de la production laitière en 2001

La production mondiale de lait devrait s'élever d'environ 2 pour cent en 2001. En Océanie, il est prévu que la production laitière de la Nouvelle-Zélande pour la campagne laitière 2001/02 dépasse légèrement celle de l'année précédente - qui a été un record. En Australie, dans le principal État producteur, Victoria, les pluies ont été jusqu'à présent plus abondantes que d'ordinaire pendant la campagne de production 2001/02, entraînant une croissance satisfaisante des herbages. En conséquence, la production de la campagne en cours devrait être supérieure de 3 pour cent à celle de la précédente. Au vu de ce qui précède, les prévisions concernant la production totale à la fin de la campagne laitière en cours sont de 13,8 millions de tonnes pour la Nouvelle-Zélande et de 11,5 millions de tonnes pour l'Australie. Dans les deux pays, le cheptel laitier national est en phase d'expansion. Dans le cas de la Nouvelle-Zélande, la croissance du cheptel se produit surtout dans l'Île du Sud, plus sèche, et dépend largement des pâturage irrigués. Les exportateurs d'Océanie ont bénéficié en 2001 de cours mondiaux plus élevés pour les produits laitiers et de la dépréciation des monnaies nationales par rapport au dollar des États-Unis. Aux États-Unis, après une croissance importante au cours des deux dernières années qui s'est traduite par une augmentation de 3 pour cent par an, la production de lait, avec 75 millions de tonnes, devrait être inférieure de un pour cent en 2001. L'expansion de la production a été interrompue par la pénurie de fourrages de bonne qualité et par les effets d'une baisse des prix à la production l'année précédente. Les importations aux États-Unis étant limitées par des tarifs douaniers élevés en cas de dépassement des contingents et les prix intérieurs étant en moyenne supérieurs à ceux du marché mondial, les prix intérieurs évoluent parfois dans une direction différente de celle des cours internationaux.

En Europe de l'Est, la production pour 2001 devrait être plus abondante qu'en 2000, où le temps particulièrement sec pendant l'été avait fait baisser la production dans plusieurs pays. Pour quelques pays de la région, la perspective de l'adhésion à l'Union européenne dans les années à venir, peut inciter les agriculteurs à augmenter la production dans le but d'obtenir davantage de quotas de production après l'entrée officielle dans l'Union européenne. Déjà, en République tchèque et en Hongrie, un système de contingents laitiers reproduisant à peu près celui de la CE a été introduit. Dans ces deux pays, les contingents plus élevés que l'actuel niveau de la production laitière, peuvent inciter les agriculteurs à produire plus. Également, en Europe de l'Est, par exemple en Pologne, l'élan donné par l'adhésion imminente à la CE a entraîné un renforcement des normes de qualité pour le lait et les produits laitiers - un résultat attendu de ce mouvement est la diminution du nombre des petits producteurs, dont certains ne pourront satisfaire aux nouvelles prescriptions. La production dans plusieurs autres pays développés (la CE, le Canada, le Japon, la Suisse) est assujettie à des politiques restrictives et, par conséquent, varie peu d'une année à l'autre. Malgré les vastes opérations d'abattage de vaches laitières au Royaume-Uni à la suite d'une épidémie de fièvre aphteuse, la production laitière pour l'année contingentaire 2001/02 devrait quasiment atteindre le plafond de contingentement, les exploitations non touchées ayant augmenté leur production pour compenser le déficit potentiel. Ailleurs dans l'Union européenne, les cas de fièvre aphteuse sont restés circonscrits et n'ont pas donné lieu à l'élimination massive de vaches laitières.

Production de lait

 
1999
2000
2001
estim.
 
(. . . millions de tonnes . . .)
TOTAL MONDIAL
566
576
585
CE
126
125
126
Inde
77
79
82
États-Unis
74
76
75
Féd. de Russie
32
32
32
Pakistan
23
24
25
Brésil
22
22
23
Nouvelle-Zélande
13
13
14
Ukraine
13
12
12
Pologne
12
12
12
Australie
11
11
12
Argentine
10
9
9

Source: FAO

La production laitière de la Fédération de Russie s'est stabilisée en 2000, après une décennie de baisse continue et pourrait augmenter légèrement en 2001; bien que la taille du cheptel laitier dans la Fédération de Russie continue à baisser, la disponibilité d'aliments pour animaux s'est améliorée, faisant monter les rendements unitaires. La production russe se détourne des grandes exploitations anciennement dirigées par l'État pour s'orienter de plus en plus vers la production dans de petites exploitations privées. De même, en Ukraine, où la production de lait a également baissé tout au long des années 90, le Ministère de l'agriculture estime que la production laitière a légèrement augmenté en 2001.

Dans les pays en développement, la croissance de la production laitière devrait se poursuivre en Asie et en Amérique latine. La production laitière de l'Inde pour la campagne de commercialisation 2001/02 (avril/mars) pourrait atteindre, d'après les estimations, 82 millions de tonnes. L'accroissement de production en Inde est dû à l'amélioration du rendement par animal plutôt qu'à une expansion du cheptel. En Chine, la production laitière a grimpé considérablement au cours de la première moitié de l'année, en réaction à la forte demande de consommation et à la meilleure rentabilité des activités laitières par rapport à d'autres productions agricoles, telles que les céréales.

En Amérique latine méridionale, les pays ont connu des conditions climatiques radicalement différentes, avec des effets correspondants sur la production laitière. En Argentine, la production de lait en 2001 a souffert des inondations qui ont touché certaines régions et il est estimé que l'année se soldera par une diminution de 5 pour cent de la production par rapport à 2000. En outre, la relative faiblesse des prix du lait provoquée par la baisse de la demande intérieure continue de pousser un nombre important de producteurs moins performants à quitter le secteur. Par contre, le Chili a joui d'excellentes conditions climatiques pour le développement des pâturages et l'ensilage pendant toute l'année et, de ce fait, la production de lait devrait augmenter de 10 pour cent. L'Uruguay a également connu des conditions météorologiques favorables aux cultures d'ensilage, et les prévisions indiquent une production de lait en augmentation cette année. Ailleurs en Amérique latine, la sécheresse de l'été au Venezuela a obligé les agriculteurs à utiliser davantage de fourrages et foin, par manque de pâturages, encourant une augmentation des coûts de production. Au Costa Rica les pluies ont été bien réparties dans presque tout le territoire tout au long de l'année, avec de bons résultats sur la croissance des pâturages; cependant la production de lait ne devrait connaître qu'un accroissement marginal car les prix de la viande ont poussé les éleveurs de troupeaux mixtes à donner plus de lait aux veaux pour favoriser leur croissance.

Demande d'importation

Les achats de lait en poudre de la plupart des pays en Asie du Sud-Est et de la Chine, ont augmenté en 2001, puisque la croissance économique de la région a soutenu la demande d'importation. Ailleurs, les importations des pays d'Amérique centrale ont augmenté, tandis que les gros marchés du Mexique et de l'Algérie ont maintenu leur niveau d'achats. De même, les importations de produits laitiers du Brésil ont fortement baissé sous l'effet de la dévaluation importante du real pendant l'année, qui a rendu plus compétitifs les produits locaux. En effet, pendant la seconde moitié de l'année, les sociétés brésiliennes ont commencé à exporter de petites quantités de lait en poudre, ce qui s'était rarement produit par le passé. La demande d'importation de beurre et de fromage de la Fédération de Russie est restée déprimée car, après la dévaluation du rouble à la mi-98, la valeur en monnaie locale du prix des produits laitiers d'importation avait augmenté considérablement. Depuis, le marché mondial du beurre en subit le contrecoup car, avant 1998, la Fédération de Russie représentait à elle seule un quart des achats internationaux.

Prix indicatifs d'exportation des
produits laitiers 1/

 
2000
2001
 
oct.
août
Sept.
oct.
 
( . . dollars E.-U./tonne, f.o.b. . . )
Beurre
1 325
1 375
1 400
1 350
Lait écrémé
       
en poudre
2 150
2 075
2 050
1 988
Lait entier en
       
poudre
2 050
2 025
2 025
1 969
Fromage
       
(Cheddar)
1 925
2 175
2 300
2 257

Perspectives relatives aux prix

Les perspectives concernant les prix pour la fin de 2001 et pour 2002 sont incertaines. Jusqu'à la mi-2001, le marché international était équilibré. Depuis lors, au moment où l'Océanie a entamé une nouvelle campagne de production qui s'annonce satisfaisante, et que les disponibilités d'Amérique du Sud, traditionnellement destinées au Brésil, ont dû être écoulées ailleurs sur le marché mondial, les prix des produits laitiers ont un peu faibli. En outre, la baisse des prix du pétrole pourrait réduire la demande d'importation dans les pays membres de l'OPEP et dans quelques autres pays exportateurs de pétrole. Toutefois, puisque nul accroissement d'envergure n'est prévu sur le marché mondial en ce qui concerne les disponibilités exportables, les prix ne devraient pas connaître de baisse brutale; il est plus probable qu'ils diminueront modérément au cours des mois à venir. Le produit le plus touché devrait être le lait en poudre, tandis que les prix du fromage devraient être plus stables, en réaction à la concentration de la demande d'importation dans les pays plus riches et à la régulation des échanges selon le système de quotas de l'OMC. Les cours internationaux du beurre devraient rester bas, en l'absence d'une demande consistante.


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