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Promouvoir la mise en valeur durable des montagnes: de Rio à l'Année internationale de la montagne et au-delà

M.F. Price et B. Messerli

Martin F. Price est Directeur du Centre
for Mountain Studies, Perth College,
UHI Millenium Institute, Perth, Ecosse
(Royaume-Uni).

Bruno Messerli est Professeur émérite
à l'Institut de géographie de
l'Université de Berne (Suisse).

Les Montagnes bleues, Jamaïque

- FAO DÉPARTEMENT DES FORÊTS/FO-0879/S. BRAATZ

Tour d'horizon des principales questions liées aux montagnes et inclusion progressive des montagnes dans le programme d'action mondial.

Les montagnes occupent 24 pour cent de la superficie émergée de la terre (Kapos et al., 2000) et abritent une grande partie des populations de la planète. Il est difficile de dire le pourcentage exact, car il n'existe pas de définition unanimement acceptée des montagnes. Pendant de nombreuses années, on a estimé qu'un dixième de la population mondiale - soit à peu près un demi-milliard de personnes - vivaient dans des zones montagneuses. Toutefois, selon une étude récente, 26 pour cent des habitants de la planète vivent à la montagne ou dans des zones voisines. Ce chiffre comprend non seulement des personnes ou des communautés pauvres et défavorisées vivant dans des lieux isolés, mais aussi des centres urbains à l'intérieur ou à proximité des vallées de montagne, avec notamment des mégalopoles comme Mexico, la capitale du Mexique et Santiago, celle du Chili (Meybeck, Green et Vörösmarty, 2001).

Quelle que soit la manière dont les montagnes et leurs populations sont définies, il est incontestable que les montagnes influencent la vie de milliards de personnes vivant en altitude ou dans les zones d'aval (Messerli et Ives, 1997). En particulier, en tant que principale source d'approvisionnement en eau (elles fournissent entre 80 et 100 pour cent de l'eau douce des terres arides et semi-arides des régions tropicales et subtropicales), les montagnes sont essentielles pour la sécurité alimentaire mondiale. Dans certaines régions du monde, jusqu'à 95 pour cent de l'eau douce disponible est utilisée pour l'irrigation et la production alimentaire; or presque toute cette eau provient des montagnes. Les montagnes sont donc vitales pour une grande partie de la population. Pourtant, il y a 10 ans, les montagnes ne tenaient qu'une petite place dans le débat mondial sur l'environnement et le développement. La Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), tenue à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 leur a offert une occasion unique de sortir des coulisses (Price, 1998).

L'inclusion d'un chapitre spécifique sur les montagnes dans Action 21, le plan d'action approuvé à la CNUED par les chefs d'Etat ou de gouvernement de la plupart des nations du monde, a placé la montagne sur un pied d'égalité avec d'autres questions importantes comme le changement climatique, le déboisement tropical et la désertification. Dans la décennie qui a suivi la CNUED, la pression internationale en faveur d'un appui aux écosystèmes de montagne a régulièrement monté, culminant dans la proclamation d'une Année internationale de la montagne en 2002. Le présent article décrit l'inclusion progressive des montagnes dans le programme d'action mondial, l'avènement de la mise en valeur durable des montagnes comme priorité de développement, et les principales questions spécifiques aux montagnes, regroupées en cinq grandes catégories - environnement, culture et parité, risque, économie et politiques et législation.

LES MONTAGNES DANS LE PROGRAMME D'ACTION MONDIAL: DE LA CNUED À L'AIM

A l'échelle mondiale, la mise en œuvre officielle du Chapitre 13 du programme Action 21, intitulé «Gestion des écosystèmes fragiles: mise en valeur durable des montagnes» a démarré en 1993, lorsque le Comité interorganisations des Nations Unies sur le développement durable a désigné la FAO comme maître d'œuvre pour ce chapitre. En cette qualité, la FAO a organisé sept réunions d'un groupe interinstitutions sur les montagnes, qui malgré son nom, ne comprend pas seulement des institutions des Nations Unies, puisque des donateurs bilatéraux, des organisations non gouvernementales (ONG) et des institutions de recherche en font aussi partie.

A sa première session, le Groupe a recommandé, entre autres, que les gouvernements nationaux soient directement associés à la mise en œuvre du chapitre 13. Une série de consultations intergouvernementales régionales, rassemblant des gouvernements (de 62 pays au total, plus l'Union européenne) des régions Afrique, Asie et Pacifique, Europe et Amérique latine et Caraïbes, ont été organisées à cette fin entre 1994 et 1996 (Price, 1999a). Le Groupe a également souligné l'importance de la participation d'organismes non gouvernementaux, reconnaissant que le processus qui avait abouti au Chapitre 13 (à la différence de nombreux autres chapitres d'Action 21) était conduit par un nombre relativement réduit d'universitaires et d'experts du développement, pour la plupart originaires de pays industrialisés.

En 1995, une consultation mondiale d'ONG rassemblant 110 participants de 40 pays, a été tenue à Lima (Pérou).

Cette réunion a débouché sur la création du Mountain Forum, «un réseau mondial d'échange d'informations, de soutien mutuel, et de plaidoyer pour un développement et une conservation des montagnes équitables et écologiquement durables». Constitué de structures mondiales et régionales, à la fin de l'année 2001, le Mountain Forum comptait parmi ses membres plus de 2700 particuliers et 170 organisations, dans plus de 100 pays.

L'échange d'information se fait principalement à travers 15 gestionnaires de messagerie électronique, des conférences électroniques et un site web interactif (en anglais) (www.mtnforum.org), avec des services d'adhésion, un calendrier des manifestations, une bibliothèque en ligne et des liens vers d'autres réseaux (Taylor, 2000).

Les années qui ont suivi la CNUED ont été cruciales pour faire passer le message de l'importance mondiale des montagnes, en termes par exemple de ressources en eau douce, de diversité biologique, de cadre d'activités de détente et de sensibilité au changement climatique. Dans les cinq ans qui ont suivi la CNUED, un certain nombre de nations ont établi des institutions de niveau national ou sousnational pour s'occuper de la mise en valeur durable de leurs zones de montagne. D'autres, en particulier en Europe, ont élaboré des lois et des politiques à cette fin (Price, 1999a).
C'est dans ce climat d'effervescence que les participants de la conférence internationale «Mountain Research - Challenges for the 21st century» , tenue à Bichkek (Kirghizistan) en 1996, ont suggéré de consacrer une année internationale au thème de la mise en valeur durable des montagnes. Cette proposition, qui a été soumise en 1997 par l'ambassadeur du Kirghizistan auprès du Comité économique et social de l'ONU (ECOSOC), s'est concrétisée dans une résolution, coparrainée par 44 pays membres, et qui demandait au Secrétaire général d'étudier la question. A sa session suivante, l'ECOSOC a adopté une résolution, coparrainée par 105 pays membres, qui recommandait à l'Assemblée générale de déclarer l'année 2002 l'Année internationale de la montagne.

L'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé l'Année internationale de la montagne à sa cinquante -troisième session, en 1998, dans une résolution parrainée par 130 pays.

Le développement durable des montagnes doit prévoir la satisfaction des besoins présents des régions montagneuses et des populations vivant en aval, tout en assurant la disponibilité des ressources naturelles pour l'avenir - ici, une femme népalaise plante des arbrisseaux au pied des montagnes de l'Himalaya pour la récolte de fourrage et de bois de feu, et comme moyen de lutte contre l'érosion

- FAO/10833/F. BOTTS

LE PROCESSUS DE MISE EN VALEUR DURABLE DES MONTAGNES

L'expression «Mise en valeur durable des montagnes» est apparue pour la première fois dans le titre du Chapitre 13 d'Action 21. Toutefois, elle n'a jamais fait l'objet d'une définition spécifique, malgré les multiples documents et réunions qui en ont fait un objectif. De fait, aucun des deux concepts unis dans cette expression, à savoir les montagnes et le développement durable, ne se prête à une définition simple.

Le concept de développement durable a été introduit dans la Stratégie mondiale de la conservation (UICN, 1980) et est devenu à la mode dans les années 80, notamment grâce au Rapport de la Commission mondiale de l'environnement et du développement (CMED) (Rapport Brundtland) Notre avenir à tous, qui fournissait la définition la plus fréquemment citée, à savoir «développement qui répond aux besoins, et aux aspirations, des générations actuelles sans pour autant compromettre la capacité des générations futures de satisfaire les leurs» (CMED, 1987). Une autre définition courante, acceptée par trois des principales institutions internationales actives dans ce domaine est la suivante «développement qui améliore la qualité de vie, tout en respectant la capacité d'accueil du système biologique de la terre» (UICN, PNUE; WWF, 1991). Le développement durable était un concept clé de la CNUED qui a conduit à la création d'une Commission des Nations Unies sur le développement durable. Cependant, comme sa signification continue d'alimenter les débats, il était inévitable qu'un grand nombre d'auteurs et d'organisations appartenant à des cultures différentes s'approprient ce concept.

D'une manière générale, on peut dire que le développement durable est un processus qui vise à garantir la satisfaction des besoins présents tout en préservant les perspectives à long terme, en termes d'utilisation et de disponibilité des ressources naturelles (ou autres), ainsi que le bienêtre et l'équité des générations futures.

En raison des caractéristiques très diverses que présentent les différentes régions montagneuses du monde, même au sein d'un continent, il convient probablement de ne pas proposer une définition précise du développement durable de la montagne mais de reconnaître plutôt qu'il s'agit d'un «processus de développement durable à caractère spécifiquement régional, qui touche aussi bien les montagnes que les populations vivant en aval ou qui dépendent d'une façon ou d'une autre de ces régions» (Price et Kim, 1999).

Malgré l'absence d'une définition reconnue, Sène et McGuire (1997) déclarent, en qualité de représentants de la FAO dans son rôle de maître d'œuvre du Chapitre 13, que le concept de développement durable des montagnes a pris une nouvelle signification depuis la CNUED et que le moment est venu d'adopter une approche multisectorielle plus intégrée pour faire face aux problèmes et aux besoins des zones de montagne. Les différentes consultations intergouvernementales régionales sur la mise en valeur durable des montagnes ont établi de longues listes de secteurs disposés à contribuer, ou d'une façon ou d'une autre liés à la mise en valeur durable des montagnes (résumé par Price, 1999a).

Pourtant, il est probablement juste de ne pas tenter d'établir de priorités, en raison encore une fois des grandes différences entre les zones montagneuses.

Fonte de la calotte glaciaire du Kilimandjaro

Nous avons observé récemment l'amenuisement accéléré de la calotte glaciaire du Kilimandjaro, situé à la frontière entre le Kenya et la Tanzanie, et qui héberge au moins 1 800 espèces de plantes à fleurs et 35 espèces de mammifères.

Quatre-vingt pour cent de la calotte ont disparu depuis que cette montagne, la plus haute d'Afrique, a été cartographiée pour la première fois en 1912. Avec la fonte de la calotte glaciaire et du glacier, due aux changements climatiques, plus d'un million de personnes dont la survie dépend de la culture des riches sols volcaniques de la montagne seront privées d'une source d'eau douce vitale pendant la saison sèche. Ce phénomène est une menace pour l'équilibre écologique, économique et social de cette région, et met en évidence le dilemme auquel se trouvent confrontées de nombreuses régions montagneuses.

Source: Extrait de la déclaration d'Adnan Amin, Directeur du Bureau de liaison du Programme des
Nations Unies pour l'environnement (PNUE), New York, représentant le Directeur exécutif du
PNUE à l'inauguration de l'Année internationale de la montagne à New York, le 11 décembre 2001.

Les indicateurs de progrès de la mise en valeur durable des montagnes

Les objectifs de la mise en valeur durable des montagnes varient en fonction de l'espace et changeront probablement au fil du temps. Toutefois, des indicateurs sont nécessaires pour faciliter l'élaboration et une planification plus large des projets, et pour évaluer leurs performances. Divers indicateurs ont été proposés. Au niveau mondial, la FAO (1996) a proposé des indicateurs de pression et d'état, à utiliser dans le cadre d'un modèle pression-état-réponse (OCDE, 1993). Ce modèle se fonde sur le principe que les activités humaines exercent des pressions sur l'environnement (par exemple, émissions polluantes ou changements d'affectation des terres), qui peuvent induire des changements dans son état (par exemple variations du degré de pollution du milieu, diversité des habitats, écoulements d'eau). La société répond ensuite aux modifications des pressions ou de l'état par des politiques et des programmes environnementaux ou économiques ayant pour objet de prévenir ou de réduire les pressions ou les dégâts sur l'environnement. La FAO (1996) a suggéré comme principal indicateur de pression la population des zones montagneuses, mesurée en termes de densité, de croissance et de migrations.

Les indicateurs d'état proposés ont été tout d'abord le bien-être des populations de montagne - mesuré en termes d'anthropométrie nutritionnelle, et ensuite les conditions et l'utilisation durable des ressources naturelles dans les zones montagneuses. Ce dernier devait être évalué qualitativement sur la base d'un composite de quatre sous-indices décrivant l'état de la base de ressources naturelles d'un bassin versant, à savoir: l'état de la protection du sol; l'étendue des zones à risque; l'étendue des terres dégradées; et la productivité. D'autres propositions ont été faites par Rieder et Wyder (1997) qui, comme de nombreux auteurs, suggèrent de mesurer la durabilité par trois ensembles d'indicateurs: écologiques, économiques et sociaux, à adapter aux circonstances spécifiques.

Il ne sera pas simple de parvenir à un accord sur les priorités du développement durable des montagnes et sur la manière de le mesurer. Price et Kim (1999) ont interrogé des personnes travaillant dans des organisations gouvernementales, non gouvernementales et scientifiques, dans 30 pays européens, sur un ensemble de 36 indicateurs possibles dérivés de réunions sur la mise en valeur durable des montagnes en Europe. Pour toutes les personnes interrogées, les priorités écologiques passaient avant les priorités sociopolitiques ou économiques. Toutefois, deux variables sociopolitiques étaient considérées comme très importantes: la responsabilisation des communautés de montagne et les services d'éducation et de formation en matière de conservation et de mise en valeur.

Des enquêtes comparables ont été effectuées dans d'autres régions du monde, mais d'une manière générale on estime que les indicateurs de la mise en valeur durable des montagnes doivent être appropriés à la région considérée et basés sur des données qui soient mesurables, disponibles, facilement compréhensibles et significatives (Rieder et Wyder, 1997). C'est dans ce contexte que les articles de ce numéro devraient être lus, en se concentrant sur les cinq «piliers» de la mise en valeur durable des montagnes, qui forment le cadre de nombreuses discussions sur l'Année internationale de la montagne, à savoir l'environnement, la culture et la parité, le risque, l'économie et les politiques et la législation.

LES CINQ «PILIERS» DE LA MISE EN œUVRE DURABLE DES MONTAGNES

L'approche des cinq piliers élargit l'approche plus traditionnelle du développement durable, qui ne reposait que sur trois dimensions - écologique, économique et sociale. La meilleure synthèse mondiale des problèmes liés au développement durable des montagnes est fournie par Messerli et Ives (1997), mais on trouvera un résumé récent des questions clés et des priorités d'action dans le document d'Abisko (Royal Swedish Academy of Sciences, 2002). Les sections qui suivent indiquent quelques-uns de leurs principaux attributs: il est conseillé de les lire en s'efforçant d'identifier les liens complexes entre tous les éléments du monde montagneux - et, partant, entre les piliers.

Les montagnes sont les châteaux d'eau du monde; comme principale source de l'eau douce utilisée en agriculture irriguée, elles jouent un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire; ici, une vue de la vallée de Tehri dans l'Uttaranchal, Inde

- R. AGRAWAL



Les montagnes du monde

La carte présentée ici est tirée d'une carte beaucoup plus détaillée préparée par le Centre mondial de surveillance de la conservation du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE-CMSC). Le Centre a désigné six catégories de montagnes, en fonction de l'altitude et de la déclivité et des gradients environnementaux qu'elles déterminent (voir tableau). Bien qu'il s'agisse d'éléments clés dans les définitions relatives aux montagnes, leur combinaison présente des problèmes. Le simple seuil altitudinal exclut à la fois les systèmes montagneux plus anciens et les systèmes moins élevés et comprend des zones d'altitude relativement haute à faible relief topographique avec de rares gradients environnementaux. La déclivité comme critère isolé ou associé à l'altitude pourrait résoudre le deuxième problème mais non pas le premier.

Statistiques relatives aux zones montagneuses par région (km2)

Région

4 500 m

3 500-4 500 m

2 500-3 500 m

1 500-2 500 m
et déclivité

1 000-1 500 m
et déclivité
ou écart altitudinal
local >300

300-1 000 m
et écart
altitudinal
local >300

Total

Amérique du Nord

197

11 417

200 830

1 092 881

1 104 529

1 840 140

4 249 994

Amérique centrale

38

968

67 127

353 586

259 367

412 215

1 093 301

Caraïbes

   

32

2 809

5 528

38 322

46 691

Amérique du Sud

154 542

583 848

374 380

454 417

465 061

970 707

3 002 955

Europe

 

225

497 886

145 838

345 255

1 222 104

2 211 308

Afrique

73

4 859

101 058

559 559

947 066

1 348 382

2 960 997

Proche-Orient

40 363

128 790

339 954

906 461

721 135

733 836

2 870 539

Fédération de Russie

31

1 122

31 360

360 503

947 368

2 961 976

4 302 360

Extrême-Orient

1 409 259

741 876

627 342

895 837

683 221

1 329 942

5 687 477

Asie du Sud-Est continentale

170 445

107 974

97 754

211 425

330 574

931 217

1 849 389

Asie du Sud-Est insulaire

22

4 366

34 376

120 405

157 970

599 756

916 895

Australie

     

385

18 718

158 645

177 748

Océanie

   

41

7 745

29 842

118 010

155 638

Antarctique

17

1 119 112

4 530 978

165 674

144 524

327 840

6 288 145

Total

1 774 987

2 704 557

6 903 118

5 277 525

6 160 158

12 993 092

35 813 437

Source: PNUE-CMVC, 2000 (www.unep-wcmc.org)

Environnement

A l'échelle de la planète, deux éléments des écosystèmes montagneux sont d'une importance primordiale, aussi bien pour ceux qui vivent en altitude, que pour les populations d'aval: l'eau et la biodiversité. Tous les plus grands fleuves et beaucoup de plus modestes prennent leur source dans la montagne. Ces «châteaux d'eau» captent l'humidité des masses d'air qui passent et la redistribuent en aval (Action pour les montagnes, 1999a). Quand cette humidité tombe sous forme de neige, elle est emmagasinée jusqu'à la fonte au printemps, où elle fournit à l'agriculture, aux zones habitées et aux industries situées en aval, des ressources en eau indispensables, souvent durant la période où la pluviométrie est à son minimum. Dans les zones arides et semi-arides, plus de 90 pour cent du débit des fleuves provient des montagnes. L'eau des montagnes est aussi une source d'énergie hydroélectrique, principalement utilisée dans les plaines environnantes. Cependant, ces petites centrales d'hydroénergie renouvelable sont aussi un catalyseur du développement économique dans les zones de montagne, et les disponibilités d'eau (par exemple le long des canaux d'irrigation) définissent la limite supérieure des activités domestiques et économiques.

Les versants raides des montagnes (ici, le Pamir au Tadjikistan) sont d'importantes sources d'énergie et particulièrement exposés aux catastrophes naturelles comme les avalanches, les glissements de terrain et les éboulis

- FAO/20642/E. YEVES

Les montagnes sont des centres de biodiversité pour la planète, pour toute une série de raisons, notamment: leur isolement (elles sont souvent entourées d'une «mer» d'écosystèmes de plaines fortement modifiés); l'évolution et les migrations au fil du temps; et l'extrême diversité des conditions suivant l'altitude, les versants et les micro-habitats. Non seulement cette diversité est précieuse en soi, mais elle l'est aussi pour les moyens d'existence et pour l'économie des populations des montagnes et d'ailleurs. Les montagnes contiennent de nombreuses espèces comestibles, notamment des précurseurs de multiples cultures vivrières importantes de la planète, de nombreuses plantes médicinales et divers produits forestiers non ligneux qui ont toute une série d'utilisations. C'est aussi en raison de leur diversité que les écosystèmes de montagne représentent un pourcentage aussi élevé des zones protégées du monde, et ont été choisis comme thème de la réunion de 2002 de l'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques (SBSTTA) de la Convention sur la diversité biologique (voir www.unibas.ch/gamba/).

Dans de nombreuses sociétés agricoles, ce sont avant tout les femmes qui se consacrent aux travaux agricoles; ici, des femmes péruviennes sèment des pommesde terre

- FAO/17445/A. ODOUL

Culture et parité

Il existe souvent un lien étroit entre la diversité biologique et culturelle; les zones de montagne fourmillent d'excellents exemples à cet égard. Il est difficile de chiffrer les populations des montagnes, car de nombreux districts incluent les zones de montagne et les zones de plaine dans leurs rapports statistiques. On peut toutefois discerner deux tendances opposées. Dans les montagnes des pays en développement, la plupart des populations s'accroissent, alors que dans celles des pays industrialisés, elles stagnent ou régressent, sauf si le tourisme ou les migrations d'agrément (déplacements de populations vers les montagnes, en raison du fort attrait exercé par leurs ressources environnementales ou culturelles), sont devenus importants (Price, Moss et Williams, 1997). Dans toutes les montagnes du monde, l'exode rural (en particulier des hommes) est un phénomène clé, qui réduit le taux de croissance total de la population dans les montagnes des pays en développement, et conduit à leur dépeuplement dans les pays industrialisés.

Les zones de montagne abritent une grande partie des minorités ethniques du monde. Ces minorités sont pour la plupart peu nombreuses, mais il existe quelques grands groupes, comme les Quechua dans les Andes, les Amhars en Ethiopie et les Tibétains et les Yi en Chine. Malheureusement, la diversité des populations montagnardes, avec leurs valeurs et leurs croyances différentes, a été l'une des premières causes du nombre excessivement élevé de conflits qui éclatent dans les montagnes (Libizewski et Bächler, 1997). Les zones de montagne contiennent de nombreux sites qui sont sacrés non seulement pour les populations qui y vivent, mais aussi pour des milliards de gens installés ailleurs (Bernbaum, 1998).

Les montagnes renferment de nombreuses ressources naturelles. Elles sont le témoignage vivant du passage du temps. Paysages d'une intense beauté, elles traduisent avec puissance la force de la nature. Ce sont des lieux d'émerveillement, de contemplation et de joie.

Il est impératif que les ressources des régions montagneuses soient aménagées de telle manière qu'elles puissent subvenir aux besoins aussi bien de l'humanité que de la nature. Qu'ils habitent dans les montagnes ou dans les plaines, les êtres humains se doivent de sauvegarder le fragile environnement de la montagne.

Source: Extrait de la déclaration d'Adolf Ogi, ancien Président de la Suisse, à l'inauguration de l'Année internationale de la montagne à New York, le 11 décembre 2001.

Pourtant le riche patrimoine culturel de nombreuses zones de montagne est souvent aussi menacé par les influences de la mondialisation: en effet les jeunes émigrent et de nouvelles idées et de nouvelles valeurs arrivent, souvent apportées par les touristes. Parallèlement, le tourisme peut remettre ce patrimoine culturel au centre de l'attention ce qui, si de nouvelles sources de revenu sont disponibles (souvent apportées par le tourisme) peut le revitaliser.

Les montagnes incarnent la beauté la plus exquise et sont une source d'inspiration. Au fil des siècles, l'Himalaya, les Andes, les Alpes et les montagnes africaines ont incité l'homme à s'élever en pensée et à créer la beauté dans sa poursuite de l'excellence et de l'éternité.

Aujourd'hui, toutefois, ces superbes et fragiles montagnes sont soumises à d'incroyables pressions. Le réchauffement de la planète, l'accroissement de la population, l'exploitation irrationnelle de ressources limitées, l'extinction croissante d'espèces animales et végétales, la pollution des parcours et des lieux de villégiature alpins et la fréquence croissante des catastrophes naturelles ont provoqué d'immenses dommages. Partout dans les montagnes inaccessibles sévit la pauvreté. Il nous faut affronter avec urgence ces énormes problèmes afin que les hauts sommets, les vallées et les plaines restent frémissantes de vie et de beauté naturelle. Le bien-être du monde entier repose sur la santé des montagnes.

Source: Extrait de la déclaration de Murari Raj Sharma, Président par intérim de la 56e session de l'Assemblée générale de l'ONU, Représentant permanent du Népal auprès de la mission ONU de New York, à l'inauguration de l'Année internationale de la montagne à New York, le 11 décembre 2001.

Dans de nombreuses sociétés montagnardes, les rôles et les responsabilités des hommes et des femmes sont très nettement différenciés. Presque toutes les zones montagneuses du monde ont des économies de subsistance, et les femmes sont les principaux travailleurs agricoles, surtout si une grande partie des hommes émigrent en certaines saisons ou pour de longues périodes. Les femmes jouent un rôle prépondérant dans la transmission des connaissances et des comportements culturels locaux à leurs enfants. Elles sont pourtant fortement défavorisées par rapport aux femmes des plaines et aux hommes des montagnes, sur les plans de l'instruction, de la santé et de l'accès à l'information et aux services financiers.

Année internationale de la montagne - 2002
Principales manifestations mondiales

La Conférence Internationale des Enfants de la Montagne (Uttaranchal, Inde, 15-23 mai 2002) réunira des enfants de plus de 50 pays de montagne pour aider à la formation de l'avenir en contribuant à un programme pour l'Année internationale de la montagne et au-delà.

Haut Sommet 2002: Conférence Internationale Autour des Plus Hauts Sommets de la Planète (Turin, Italie, 6 - 10 mai 2002). Une initiative du Comité national italien pour l'Année internationale de la montagne, sera centrée sur une vidéoconférence interactive diffusée simultanément à partir de lieux situés à proximité de quelques-uns des sommets les plus élevés du monde:

  • Mont Everest (8 846 m) au Népal
  • Mont Aconcagua (6 959 m) en Argentine
  • Mont McKinley (6 194 m) aux Etats-Unis
  • Mont Kilimandjaro (5 895 m) en République-Unie de Tanzanie
  • Mont-Blanc (4 807 m) en Italie

Les thèmes à l'ordre du jour seront les suivants: coordination de la coopération régionale et internationale; échange et communication d'informations; appui d'accords favorisant le développement durable et la protection des écosystèmes de montagne.

Le rassemblement international Hommage aux Femmes des Montagnes (Katmandou, Népal, 28-31 mai 2002), organisé par le Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes et le Mountain Forum, portera sur les contributions des montagnardes aux économies locales et nationales et lancera un programme à long terme en faveur des femmes des montagnes à l'ICIMOD.

La deuxième réunion internationale sur les écosystèmes de montagne: «Pérou, pays de montagnes vers 2020: l'Eau, la vie et la production» (Huaraz, Pérou, 12-14 juin 2002), est organisée par le Groupe de travail national sur les écosystèmes de montagne du Pérou (Comité national péruvien pour l'Année internationale de la montagne), braquera les projecteurs sur le Pérou, pays de montagne, et mettra l'accent sur l'importance des régions tropicales de montagne pour la planète.

L'Office fédéral suisse de l'agriculture, en coopération avec d'autres partenaires, organise la Conférence Agriculture Durable et Développement Rural dans les Régions de Montagne (Abelboden, Suisse, 16-20 juin 2002), qui réunira environ 200 personnes venues du monde entier pour étudier les différentes façons de renforcer la coopération pour atteindre les objectifs du Chapitre 13 (mise en valeur durable des montagnes) et du Chapitre 14 (Agriculture durable et développement rural) du programme Action 21.

A la deuxième Assemblée Mondiale des Populations de Montagne (Quito, Equateur, 20-24 septembre 2002), organisée par l'Association des populations de montagne du monde (AMPW) et le Centro de Investigación de los Movimientos Sociales del Ecuador (CEDIME), des représentants de 115 pays examineront les enjeux auxquels sont confrontées les communautés montagnardes du monde entier.

Le Sommet 2002 a Banff - Les Paysages Extrêmes: Défis et Célébrations (Parc National de Banff, Canada, 27-29 octobre 2002), organisé par le Banff Centre for Mountain Culture, examinera les interactions réciproques entre les hommes et les montagnes.

Le Sommet Mondial de Bichkek (Bichkek, Kirghizistan, 28 octobre-1er novembre 2002), organisé par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et le Gouvernement du Kirghizistan, devrait rassembler environ 1 000 participants et consolider les résultats des principales manifestations de l'Année internationale de la montagne qui le précèdent. Une déclaration de Bichkek est proposée.

Pour de plus amples informations sur les manifestations internationales de l'Année internationale de la montagne, consultez le site: www.mountains.2002.org

Risque

Bien que les opinions divergent quant à l'altitude à partir de laquelle une zone peut être définie comme montagne, les fortes pentes et le relief topographique accidenté sont des critères qui recueillent le consensus. Il s'agit donc de milieux à haute énergie, qui doivent faire face à de multiples problèmes pour minimiser l'impact de toute une série de risques naturels sur les populations humaines. Les interactions des fortes pluies et des chutes de neige, les grands écarts de température, les fortes pentes et, dans de nombreuses régions, le mouvement tectonique et l'activité volcanique favorisent des risques naturels tels que inondations, avalanches, glissements de terrains et éboulements. Les populations des montagnes qui ont une longue expérience de la zone où elles vivent comprennent généralement quels sont les endroits et les conditions dans lesquels des risques naturels modérés peuvent se produire, et prennent des mesures pour les maîtriser ou les éviter ou minimiser leurs effets. Toutefois certaines catastrophes, comme les débâcles glaciaires, les avalanches et les éruptions volcaniques, sont difficilement prévisibles, et surtout maîtrisables.

Il est devenu crucial de comprendre et de gérer tous ces risques, ne serait-ce que pour quatre raisons. Premièrement, le nombre croissant de personnes qui vivent, viennent en visite ou passent leurs vacances à la montagne. Deuxièmement, la densité croissante des transports et des autres infrastructures existant à l'intérieur des zones montagneuses ou les reliant aux plaines. Troisièmement, les changements climatiques qui se traduiront probablement par une fréquence accrue des catastrophes, une plus grande instabilité des pentes et une plus grande incertitude générale en ce qui concerne les tendances. Quatrièmement, beaucoup de ces risques peuvent avoir des conséquences significatives en aval. Des technologies sophistiquées pour prévoir et minimiser les différents risques et atténuer leurs effets ont été mises au point et sont de plus en plus appliquées, en combinaison avec des mesures de planification ciblées, dans le monde industrialisé. Toutefois, ces approches, souvent très coûteuses, sont inutilisables pour les montagnes des pays en développement, qui comprennent les zones d'altitude les plus densément peuplées et les bassins versants supérieurs de la majorité des grands fleuves de la planète, et sont traversées par des infra-structures d'une importance vitale pour des centaines de millions d'individus.

Le transport est une tâche ardue le long de ces montagnes rocailleuses et dénudées d'Afghanistan

- W.L. MITCHELL

Economie

Pendant une bonne partie du XXe siècle, la majorité des populations des mon-tagnes des pays industrialisés avaient encore un système économique basé sur la subsistance et les communautés montagnardes des pays en développement sont encore dans ce cas aujourd'hui. Les champs, les pâturages et les forêts d'altitudes diverses ont été exploités de plusieurs manières complémentaires, en utilisant les infrastructures et en tirant profit des systèmes de propriété et de gestion qui ont évolué de génération en génération. Dans ces économies, les influences externes sont apparues avec la découverte de minéraux ou l'arrivée de routes ou de voies ferrées qui ont permis l'exploitation des ressources naturelles, ce qui a rapporté à certains, mais souvent eu des effets négatifs sur la plus grande partie des populations locales. Ces forces économiques dictées de l'extérieur ont souvent engendré des économies reposant sur un petit nombre d'activités ou de ressources, et non pas des économies diversifiées qui pourraient fournir des moyens d'existence fiables, en cas de crise.

Les montagnes de la planète sont aujourd'hui liées de façon inextricable aux économies régionales et mondiales, et beaucoup d'économies de montagne n'en sont que plus incertaines ou risquées. Après la mer, les montagnes sont la deuxième destination touristique, qui est la plus grande industrie du monde; entre 15 et 20 pour cent environ de l'industrie mondiale du tourisme est liée aux montagnes (Programme d'action pour les montagnes, 1999b), dont le caractère sauvage exerce une véritable fascination sur les touristes. La conservation de ces paysages intacts a aussi d'importants avantages en aval, par exemple en termes de quantité et de qualité de l'eau et de conservation de la biodiversité. Pourtant, dans de nombreuses régions, les efforts de conservation ne rapportent pas grand chose, financièrement parlant.

Il est extrêmement difficile d'attribuer des valeurs économiques aux biens et aux services que fournissent les populations des montagnes, grâce à leur gestion prudente et avisée des écosystèmes et des paysages de montagne. Pourtant, on voit se multiplier partout dans le monde les initiatives visant à estimer ces valeurs, afin que les montagnards puissent être indemnisés sur cette base, financièrement ou sous forme d'autres transferts de ressources, par des organismes gouvernementaux, des compagnies d'eau et d'électricité, et des organisations de tourisme et de conservation. De même, des instruments financiers sont absolument indispensables pour promouvoir la création d'entreprises locales appropriées qui exploiteront les caractéristiques spécifiques des écosystèmes et des cultures de montagne et ajouteront de la valeur aux produits fabriqués à partir des ressources des montagnes. Ces instruments sont nécessaires pour garantir la compétitivité des populations montagnardes sur les marchés régionaux et mondiaux. En outre, des moyens financiers sont indispensables pour minimiser le désavantage compétitif résultant de l'éloignement et des difficultés de transport jusqu'aux marchés.

Politiques et législation

Par rapport aux zones de plaine, les écosystèmes de montagne nécessitent une approche du développement différente. Toutefois, la majorité des législations et des politiques sur les montagnes tendent à favoriser les plaines; en outre elles ne prêtent pas suffisamment attention et ne s'attaquent pas directement aux conditions et aux problèmes spécifiques des montagnes et de leurs habitants. C'est pourquoi il est indispensable de mettre en place de toute urgence un nouveau cadre législatif et politique à tous les niveaux, mais plus particulièrement aux niveaux des gouvernements nationaux et de leurs structures décentralisées.

Comme on l'a déjà dit, un certain nombre de pays, principalement en Europe, ont déjà promulgué des lois et mis en œuvre des politiques qui peuvent être considérées comme contribuant à la mise en valeur durable des montagnes (Price, 1999a). Certaines ont une très grande portée, alors que d'autres sont centrées sur des secteurs spécifiques. Ces instruments doivent avant tout définir la zone de montagne concernée. Dans la majorité des pays, cela a été fait en fixant une altitude minimale pour les montagnes; dans d'autres cas, l'angle de pente est un critère additionnel. L'Union européenne (UE) prend pour critères l'altitude et la pente dans divers instruments visant à atténuer les problèmes des populations et des zones de montagne, dans ses pays membres. Toutefois les zones de montagne ne sont pas seulement affectées par les législations et les politiques spécifiquement ciblées; avant de concevoir de nouveaux instruments pour favoriser la mise en valeur durable des montagnes, il est crucial d'évaluer les influences directes et indirectes des autres politiques sectorielles nationales.

Aujourd'hui, le seul instrument juridique régional pour les montagnes est la Convention internationale pour la protection des Alpes (Convention alpine), signée par la majorité des pays alpins en 1991, puis par tous les autres Etats alpins et l'UE. A l'aube de l'Année internationale de la montagne, il est intéressant de noter que, si la Convention a été ratifiée par tous ses signataires, aucun des nombreux protocoles thématiques ne l'a encore été. L'Année internationale de la montagne devrait servir de catalyseur pour garantir la mise en œuvre effective de la convention, grâce à la ratification et à l'application de ses protocoles. Dans de nombreuses autres chaînes de montagne, dont l'Altaï, les Andes, les Carpates, le Caucase et l'Himalaya, des discussions sont en cours pour l'élaboration d'autres conventions régionales. On espère que ces processus tireront les enseignements de l'expérience de la Convention alpine (Price, 1999b).

LES PROGRÈS À RÉALISER PENDANT L'AIM ET AU-DELÀ

La déclaration de mission de l'AIM, émanant de la FAO, dans son rôle d'institution chef de file pour l'Année internationale est la suivante: «L'Année internationale de la montagne a pour mission de promouvoir la conservation et la mise en valeur durable des régions montagneuses, assurant ainsi le bien-être des communautés de montagne comme des populations de plaine.» Le Document introductif de l'AIM précise en outre que la célébration de l'Année internationale de la montagne «offrira l'occasion d'enclencher des processus susceptibles de contribuer au développement des communautés montagnardes, et elle servira de tremplin ou de catalyseur pour la mise en œuvre de mesures concrètes s'inscrivant dans la durée». (FAO, 2000). Dans la mesure du possible, ces processus se dérouleront sur le terrain, avec la pleine participation des communautés montagnardes. Toutefois, l'Année internationale de la montagne devrait aussi être une occasion de sensibiliser l'ensemble de la société, aux diverses valeurs des régions montagneuses, et à leur importance pour une grande partie de la population mondiale. Des comités nationaux pour l'Année internationale de la montagne ont en conséquence été créés dans une cinquantaine de pays, pour garantir la bonne coordination et l'efficacité des manifestations et des activités de l'Année internationale de la montagne. Ces comités devraient garantir que la mise en valeur durable des montagnes conserve une place importante dans les programmes d'action des gouvernements, après 2002. Les problèmes des montagnes seront soulevés au Sommet mondial du développement durable (Rio + 10), qui aura lieu à Johannesbourg, en Afrique du Sud, en septembre 2002.

La dernière manifestation mondiale de l'Année internationale de la montagne sera le Sommet mondial de Bichkek, qui aura lieu dans la ville du même nom, au Kirghizistan, à la fin du mois d'octobre et rassemblera des participants venus du monde entier, pour célébrer l'Année internationale de la montagne, et sensibiliser le public et les pouvoirs politiques à la diversité des montagnes de la planète et à leurs valeurs fondamentales pour une multitude de personnes.

La coopération est l'une des caractéristiques qui distinguent les sociétés de montagne; dans des environnements aussi incertains, il est reconnu depuis longtemps que le partage des ressources et le travail en commun sont essentiels pour la survie à long terme. L'intégration des zones montagneuses dans les économies régionales et mondiales a souvent nui à l'efficacité de ces structures de coopération, en raison de l'intervention et de la main mise d'intérêts privés externes. Par bien des aspects, les montagnes amplifient les incertitudes du monde moderne, dont les deux manifestations sont les effets de la mondialisation des économies et les changements climatiques. Un indicateur clé de la réussite de l'Année internationale de la montagne serait l'élaboration de mécanismes efficaces pour atténuer les conflits et renforcer la coopération, tant entre les communautés montagnardes qu'entre celles-ci et d'autres parties prenantes ayant à cœur de préserver à long terme les environnements de montagne et les populations qui en dépendent.

L'un des fondements de la coopération est le partage des connaissances. Un objectif important de l'Année internationale de la montagne est de diffuser la connaissance des montagnes à travers le monde, de façon à ce que les populations de la planète puissent réellement adhérer au slogan de l'Année internationale de la montagne «Nous sommes tous des gens de montagne». Dans l'intérêt de tous, œuvrons ensemble pour garantir une gestion avisée des environnements de montagne et un avenir durable à tous ceux qui en dépendent, en 2002 et au-delà.

Bibliographie


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