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FORUM MONDIAL FAO/OMS
DES RESPONSABLES DE LA SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS

Marrakech (Maroc), 28 – 30 janvier 2002

Améliorer l’efficacité et la transparence
dans les systèmes de sécurité sanitaire des aliments
Partager l’expérience

APPENDICE II

DÉCLARATION D'OUVERTURE
DES MINISTRES DE LA SANTÉ ET DE L'AGRICULTURE
DU ROYAUME DU MAROC



M. Ahmed Sbihi - Représentant du Ministre de l'agriculture, du développement rural et des eaux et forêts du Royaume du Maroc

Excellence,
Monsieur le Gouverneur,
Messieurs les participants,
Monsieur le Directeur général de la FAO,
Monsieur le Directeur général de l'OMS,
Messieurs les Représentants régionaux de ces deux organisations,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les experts,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d'abord, personnellement et au nom du Gouvernement de S. M. le Roi Mohammed VI, de souhaiter la bienvenue aux délégués des États Membres de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et de l'Organisation mondiale de la santé, aux experts de ces deux organisations et aux représentants de toutes les autres organisations qui participent à cette manifestation scientifique. Le but de cette réunion est, comme vous le savez, d'échanger des expériences et d'identifier des possibilités de coopération pour améliorer l'efficience et la transparence des systèmes de sécurité sanitaire des aliments, dans le monde entier.

C'est un grand honneur pour le Royaume du Maroc d'accueillir ce Forum mondial à Marrakech, la ville où fut instituée l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en avril 1994. En accueillant ce Forum, nous ne faisons qu'appliquer la volonté suprême que S. M. le Roi Mohammed VI a exprimée lors de l'audience accordée l'an dernier au Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf, en visite au Maroc. Sa Majesté s'est montrée très intéressée par ce Forum, dont le thème lui tient à cœur.

Mesdames et Messieurs,

Pourquoi ce Forum est-il si important pour nous? Avant tout, parce que la sécurité sanitaire des aliments est de nos jours une priorité stratégique pour tous les États et les organisations internationales, comme la FAO, l'OMS, l'OMC et tant d'autres, à cause de la mondialisation économique, de la liberté des échanges, et de leurs corollaires, qui sont l'augmentation de la production et la diffusion accrue des technologies.

C'est pourquoi, il nous est demandé à tous, dans une réunion comme celle-ci, de faire fond sur la Déclaration de Rome, prononcée à l'issue du Sommet mondial de l'alimentation de 1996. Tous les chefs d'États et de gouvernements qui ont participé au Sommet ont souligné le droit à une alimentation saine et suffisante pour tous.

L'idée d'organiser une manifestation internationale de ce type a été émise durant le Sommet G8 d'Okinawa, en 1999. Lors de sa Conférence, tenue à Gênes (Italie) en 2001, le G8 a souligné la nécessité d'inscrire la sécurité sanitaire des aliments parmi les questions à examiner d'urgence au niveau mondial, afin de parvenir à mettre en place un mécanisme de prévention des crises sanitaires qui soit efficace et basé sur des données scientifiques.

En effet, compte tenu des récentes urgences sanitaires liées à l'alimentation - comme celles dues à l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ou à la teneur élevée en dioxine de certains produits alimentaires d'origine animale - qui ont eu des retombées économiques et sociales sérieuses dans la majorité des pays développés et en développement, d'importants efforts doivent être déployés pour satisfaire les besoins des consommateurs en s'attaquant aux risques sanitaires.

Ce Forum nous semble une bonne plate-forme pour permettre aux responsables de la sécurité sanitaire des aliments de plus de 150 pays d'exprimer librement leurs préoccupations et d'échanger leurs compétences et leurs expériences dans ce domaine.

Mesdames et Messieurs,

L'importance de ce Forum tient aussi à la nature des questions inscrites à l'ordre du jour. Il s'agit certes de questions importantes et complexes, dans la mesure où elles comparent diverses procédures en fonction de chaque pays, culture et moyen, mais toutes tendent vers un seul et même objectif, à savoir garantir la sécurité des consommateurs.

J'aimerais m'arrêter en particulier sur la question "Renforcement des capacités" qui offre, me semble-t-il, un cadre concret pour promouvoir la coopération internationale afin d'assister les pays en développement dans la mise en œuvre des mécanismes destinés à garantir la sécurité sanitaire des aliments.

Alors que dans la majorité des pays développés, la sécurité sanitaire des aliments est dans une large mesure garantie, la plupart des pays en développement ont pris du retard dans ce domaine, car ils ont des ressources financières limitées et manquent d'experts.

Dans les pays développés, la mondialisation et la libéralisation des marchés sont survenues dans le contexte de produits agricoles ou d'origine animale hautement transformés. La situation était aussi caractérisée par une augmentation des besoins des consommateurs et l'existence de lois plus rigoureuses et de techniques de surveillance plus sophistiquées. Tous ces facteurs restreignent considérablement les possibilités d'accès des exportations des pays en développement à ces marchés.

Au contraire, dans les pays en développement, la mondialisation et la libéralisation des échanges sont survenues dans un contexte caractérisé par un système de production rudimentaire, avec des débouchés commerciaux limités et des échanges informels. En outre, dans ces pays, la majorité des citoyens se préoccupent surtout de satisfaire leurs besoins essentiels de subsistance; or les mécanismes de contrôle n'ont pas les ressources humaines et financières requises, de sorte que les marchés nationaux voient affluer des produits à risque et peu sûrs. Ces obstacles structurels, conjugués à l'abaissement des droits de douane, conduiront certainement à des déséquilibres des échanges commerciaux, au profit des pays développés.

Ceci nous montre le rôle précieux que peut jouer l'ensemble de la communauté internationale, en mettant en place un cadre de solidarité permettant à tout être humain d'accéder à une alimentation saine et suffisante. Les organisations internationales concernées jouent aussi un rôle crucial, en particulier la FAO et l'OMS: elles comblent les écarts entre les pays et s'efforcent d'uniformiser les systèmes de contrôle phytosanitaire. À cet égard, il est nécessaire de constituer un fonds international doté de ressources suffisantes pour financer des programmes de mise en place de cadres de référence, d'élaboration de normes et de remise en état pour les pays en développement. Parallèlement, la FAO et l'OMS jouent un rôle crucial en parachevant des études de diagnostic et d'analyse des signes prémonitoires et en participant à l'élaboration de plans d'action conformes aux besoins de ces pays. Il conviendrait de donner aux pays en développement les moyens de participer à la définition de normes et de mesures internationales, telles que le code sanitaire international de référence, ou le Codex Alimentarius, afin qu'ils puissent préserver leurs intérêts et être sur un terrain d'égalité, en termes d'échanges commerciaux. Ceci conférera au droit international une légitimité incontestée, car les intérêts de tous les pays du monde seront préservés.

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes pleinement conscients au Maroc de l'importance de l'alimentation, tant pour la santé de nos consommateurs que pour la réputation de nos exportations alimentaires. C'est pourquoi nous avons introduit une série de réformes approfondies dans le système de sécurité sanitaire national.

Ainsi, un réseau de laboratoires couvrant l'intégralité du territoire et l'essentiel des besoins en termes d'analyse a été mis en place; ceci s'ajoute à un programme spécial de requalification, qui a formé de nombreux spécialistes. Aux postes de contrôles frontaliers, un nouveau réseau unifié est chargé des contrôles sanitaires. Un programme à large assise a également été lancé pour instituer des réglementations d'auto-contrôle, au niveau des unités de production, sur la base de techniques sophistiquées, comme les "points de contrôle forestiers pour l'évaluation des risques" (HACCP) et les techniques basées sur les bonnes pratiques de production.

Nous sommes également en mesure, avec l'appui de la FAO, de réformer et de moderniser la législation de base sur la répression des fraudes. Nous travaillons actuellement à la création d'un organisme neutre d'évaluation scientifique des risques sanitaires liés à l'alimentation, ainsi qu'à l'étude d'une réforme structurelle pour faire face à ces risques.

Dans le même contexte, nous avons inscrit le problème de la traçabilité des aliments sur notre liste de priorités. Nous nous efforçons également de différencier clairement les opérations d'évaluation et de prévention des risques, afin d'optimiser la transparence et l'autonomie des contrôles, par rapport aux autorités publiques, aux industriels et aux non-industriels. Les instituts de contrôle et les responsables de la prévention des risques devraient coordonner leurs efforts pour parvenir à un degré élevé de sécurité sanitaire des aliments. Tous les types de coopération - bilatérale ou multilatérale - sont les bienvenus pour travailler dans une atmosphère de concertation qui garantira la sécurité sanitaire des aliments, tant aux niveaux régional qu'international.

Mesdames et Messieurs,

La participation de haut niveau à ce Forum est une assurance que ses activités déboucheront sur des résultats et des recommandations concrets qui contribueront à l'élaboration de nouvelles orientations et plans de travail, afin que tous puissent bénéficier de la protection et de la prévention requises.

Pour finir, je tiens à remercier encore la FAO et l'OMS d'avoir choisi le Royaume du Maroc pour accueillir le premier Forum mondial des responsables de la réglementation en matière de sécurité sanitaire des aliments. Je vous souhaite à tous la bienvenue au Maroc et adresse mes meilleurs vœux de succès à notre Forum.

Merci.

S.E. Touhami Khiari - Ministre de la Santé, Royaume du Maroc

Messieurs les Représentants de la FAO et de l'OMS,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,

Avant tout, je tiens à exprimer mes remerciements et ma satisfaction à la FAO et à l'OMS qui ont choisi le Maroc pour accueillir cet important Forum et je souhaite à tous les participants un agréable séjour parmi nous.

Mesdames et Messieurs,

Ces réunions font de Marrakech la capitale des conférences internationales et renforcent sa réputation de ville où se prennent d'importantes décisions. C'est dans notre ville qu'a été instituée l'Organisation mondiale du commerce en 1994. Récemment, des pays du monde entier y ont adopté d'un commun accord d'importantes mesures pour lutter contre la pollution, à la septième Conférence sur les changements climatiques.

Mis à part sa beauté, son patrimoine culturel et son histoire, Marrakech est depuis toujours un lieu d'accueil, de rassemblement. C'est la raison pour laquelle cette ville a été choisie pour accueillir cette réunion, dans l'espoir que des décisions susceptibles d'améliorer les conditions de vie des populations humaines seront adoptées.

Mesdames et Messieurs,

Bien que nous soyons aujourd'hui en pleine révolution technologique, certains problèmes nous laissent encore perplexes. Face aux changements et aux faits nouveaux sans précédent qui se produisent dans nos sociétés, nous nous demandons en effet comment des cerveaux humains peuvent assimiler et comprendre ces nouvelles idées et technologies. La manière dont nous devons nous comporter, nos modes de vie, et les modalités par lesquelles nous pouvons réaliser nos aspirations figurent parmi ces problèmes.

Le thème de votre réunion est, à ce titre, particulièrement pertinent. Notre manière de traiter ce thème est très différente de ce que nous aurions pu imaginer il n'y a pas si longtemps. Les événements récents et la manière dont ils ont été gérés par les responsables politiques et par les médias n'auraient pas le même effet s'ils s'étaient produits il y a vingt ans, ou même dix ans. L'évolution constante des besoins des populations du monde, le développement de leurs droits et la lutte pour les conserver, ont mis sous pression non seulement les organes institutionnels, mais aussi les médias, la société civile et d'autres mécanismes. Les politiciens sont soumis à des pressions accrues, qui s'ajoutent aux responsabilités qui leur ont été confiées.

Pour trouver des solutions à tous ces problèmes, et répondre aux besoins de nos citoyens, il nous faut d'abord les identifier, puis trouver des solutions réelles.

Mesdames et Messieurs,

Le thème de la réunion d'aujourd'hui reflète les conditions dans lesquelles nous vivons. Prenons par exemple l'encéphalopathie spongiforme bovine, le principal événement international qui a conduit à adopter des mesures rigoureuses au niveau international, parfois tout à fait injustifiées sur le plan scientifique. Un nouveau concept a été introduit dans notre terminologie sur les mesures de précaution. Faute d'une définition claire de ces mesures, celles-ci ont été appliquées sans discernement et, bien souvent, de manière abusive.

L'exemple le plus frappant est l'interdiction d'utiliser pour les interventions chirurgicales des fils de suture extraits des vaches, sous prétexte qu'ils pouvaient causer des dégâts à long terme. Un fil artificiel et coûteux a été introduit, en remplacement, avec les conséquences que cela comporte. Les questions qui se posent maintenant sont celles-ci: comment accepter ces conséquences et la perception des dangers potentiels à éviter n'est-elle pas de nature subjective?

L'adoption de ces mesures a des conséquences financières qui grèvent le budget de tous les États. Chacun sait qu'une action de ce genre se fait au détriment de la satisfaction des besoins de nos populations et compromet nos programmes de développement.

Le problème n'en reste pas moins complexe, en raison des intérêts économiques contradictoires en jeu et de sa dimension humaine. Si nous devons créer des richesses, nous ne devons pas le faire aux dépens de l'intérêt des populations. L'intégration de l'économie mondiale créera des avantages comparatifs pour certains individus, groupes et sociétés, mais elle conduira à une dépendance alimentaire, au niveau mondial.

Votre réunion est importante car elle s'attaque à des problèmes qui sont liés aux changements et aux bouleversements qui se produisent dans nos sociétés et qui appellent des méthodes et des solutions nouvelles, pour garantir la sécurité alimentaire de nos populations.

Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à une recrudescence des maladies d'origine alimentaire partout dans le monde. Ces maladies ont des conséquences sociales, psychologiques et économiques qui vont au-delà de l'individu, de la famille et de la société, et ont une portée internationale. Aucun État n'est à l'abri de ces problèmes, mais les plus touchés sont les pays en développement car ils sont dépourvus des ressources, des mécanismes, des technologies, des capacités juridiques et logistiques, qui leur permettraient d'y faire face. En outre, ces problèmes sont deux fois plus graves dans ces pays car ils importent des aliments et des produits de base pour satisfaire les besoins essentiels de leurs populations.

Le nombre de cas de "vache folle" posait déjà un problème dans les pays en développement, mais cette épidémie a indirectement touché l'Europe qui a été contrainte de détruire une multitude d'animaux et de produits d'origine animale, et d'utiliser des produits de substitution coûteux.

Mesdames et Messieurs,

Au cours du siècle écoulé, des maladies d'origine animale ont été maîtrisées, mais il n'a pas été possible d'identifier ou d'évaluer leurs conséquences économiques, sociales ou culturelles. C'est pourquoi les stratégies de sécurité sanitaire des aliments devraient être concentrées sur des actions durables. Les efforts dans ce domaine devraient aussi être coordonnés aux niveaux national et international. J'aimerais profiter de cette occasion pour féliciter les consommateurs qui ont joué un rôle important dans l'amélioration des normes de sécurité sanitaire des aliments.

Votre réunion permettra d'échanger des informations sur les problèmes liés à la sécurité sanitaire des aliments, d'identifier les lacunes et d'élaborer des stratégies. À mon sens, cette réunion a pour but de donner une dimension scientifique à la question de la sécurité sanitaire des aliments et de trouver des solutions logiques et réalistes. Les scientifiques sont appelés à clarifier les problèmes de façon à ce que les pays, en particulier en développement, puissent prendre les mesures qui s'imposent sans gaspiller leurs ressources. Ces mesures doivent être prises sans que soient exercées des pressions externes, en particulier par les pays développés, au sein d'un nouvel équilibre et d'une économie mondialisée.

Mesdames et Messieurs,

Une approche basée sur l'identification des risques en matière de sécurité sanitaire des aliments s'impose, pour améliorer la détection des maladies d'origine alimentaire et créer des infrastructures nationales capables de les analyser, en particulier dans les pays en développement.

Comme vous le savez, les sciences et les technologies se développent rapidement, mais l'écart entre pays développés et en développement se creuse car ce dernier groupe de pays ne maîtrise pas les techniques d'analyse dans ce domaine.

Il nous faut donc concevoir un système international, sous la forme d'une institution ou d'un observatoire, pour coordonner la sécurité sanitaire des aliments et identifier les risques alimentaires des différents pays, au niveau international. Une assistance a été fournie aux pays en développement pour renforcer leurs systèmes de contrôle de la sécurité sanitaire.

Pour finir, je tiens à féliciter les organisateurs de cette réunion, en particulier ceux de la FAO et de l'OMS, et à remercier les participants qui partagent leurs connaissances et leurs expériences avec nous. Tous mes vœux de succès pour votre réunion.

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