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Chapitre 5.
Les éléments du diagnostic

5.1 Les diagnostics partiels

Lorsque l'étude a des objectifs limités à seulement quelques variables, il est possible de faire des diagnostics partiels. Par exemple : analyse de la consommation de combustibles d'un secteur ou d'une branche industrielle ; comparaison des consommations spécifiques et des coûts de différents dispositifs de combustion ; évaluation de l'offre réelle et du potentiel d'une zone ; etc.

Exemple : l'analyse de la consommation de combustibles ligneux dans l'industrie du café :

Les questions sont les suivantes :

1. À quels usages finaux et à quelles tâches sont destinés les combustibles ligneux ?

2. Combien d'établissements et quels établissements les utilisent ?

3. Quels autres combustibles emploie-t-on pour ces opérations ?

4. D'où proviennent et comment s'obtiennent les combustibles ?

5. Quels sont les volumes ou les poids consommés et leur coût ?

6. Quelle est la part des dépenses en combustibles dans le coût de production ou de traitement du café ?

Le diagnostic devra donc comporter les éléments suivants :

a) description des usages finaux et des tâches ;

b) caractérisation physique (dimensions, type, densité, taux d'humidité) et énergétique (pouvoir calorifique) des combustibles utilisés ;

c) saturation des combustibles;

d) quantités consommées, modes et sources d'acquisition ;

e) prix et dépenses liées à l'acquisition, au stockage et à la préparation des combustibles.

Dans ces cas-là, les diagnostics doivent se limiter à répondre à quelques questions précises, en particulier celles posées par les groupes concernés (voir encadré).

5.2 Les diagnostics intégraux

Quand l'étude a des objectifs intégraux, c'est-à-dire quand on se propose d'analyser l'ensemble de la situation dendroénergétique d'un domaine donné, il faut réaliser un diagnostic intégral. Pour cela, on doit rendre compte de tous les aspects intéressant la demande, l'offre et l'approvisionnement, décrire les flux physiques et économiques des combustibles ligneux et faire un bilan offre-demande.

5.2.1 Les flux physiques et économiques

Le flux physique des combustibles ligneux

Cet élément du diagnostic représente les grandeurs physiques (volume et/ou poids, distance) des déplacements des combustibles ligneux depuis leur lieu d'origine jusqu'à leurs consommateurs en bout de chaîne. On le représente comme un réseau ou système. Il est important pour : recenser les principales sources et leur part dans l'approvisionnement ; indiquer les zones ou les types de ressources à forte demande ; quantifier le travail nécessaire à l'approvisionnement ; contribuer à analyser les frais de transport et leur incidence sur les prix finaux de l'énergie dans ce système.

On doit le reporter en le ventilant en flux physique d'auto-approvisionnement et en flux commercial, sous forme graphique (carte ou diagramme des flux) et numérique (tableau des flux). Dans les cas où les flux physiques de certaines qualités de combustibles ligneux sont importants et différenciables, il importe de les ventiler, par exemple, en déchets d'écuries : 15 000 t/an, sciage de rebut : 2 500 t/an, bois de pin : 800 t/an ; charbon de bois : 1 300 t/an.

Les échelles d'analyse pour cette variable sont généralement locales ou micro-régionales, car les combustibles ligneux ne sont pas d'ordinaire transportés sur de longues distances. Il existe, cependant, quelques exceptions notables, comme celle du charbon de bois employé à des fins industrielles et domestiques dans certains pays (Brésil, Argentine, Soudan, Ghana), où on a observé des flux intenses à 500, 800 et même 1 200 km.

Pour reconstituer les flux physiques des combustibles ligneux, il faut :

a) trouver les principales origines ou zones de production (leur situation géographique, les types de ressources utilisées et les volumes ou quantités transportés) ;

b) caractériser les producteurs, transformateurs, grossistes et distributeurs de combustibles ligneux dans chaque zone ;

c) préciser les voies et les moyens de transport utilisés et les quantités transportées ;

d) estimer les quantités qui sont consommées pour chaque origine et dans chacun des secteurs ou branches d'usagers en bout de chaîne.

Si les flux sont établis à partir des données obtenues dans les études sur la consommation réalisées par échantillonnage, les origines ne sont connues que pour une partie des combustibles consommés - celle qui correspond aux consommateurs de l'échantillon - et il n'est pas possible d'extrapoler leur distribution au reste de la strate ou de la population respectives (voir annexe X). Dans ce cas, le flux décrit est PARTIEL et sa représentativité ne va guère au-delà de la portion échantillonnée. Cette limitation a une incidence mineure quand le cadre de l'étude est réduit, par exemple à une municipalité, un district ou une micro-région où la demande est concentrée et le flux "en goulet d'étranglement". On peut même la compenser si on obtient des données complémentaires moyennant des enquêtes spécifiques auprès de producteurs, négociants, transporteurs, organes de contrôle, etc., qui permettent de compléter l'information sur les aspects que les consommateurs n'ont pas rendus avec suffisamment d'exactitude.

En général, il est préférable et plus pratique de réaliser les études de flux à partir de zones de demande concentrée. Il y est possible, à partir des échantillonnages de consommateurs et d'enquêtes puisant dans d'autres sources, de cerner les zones d'origine et les modèles d'approvisionnement principaux. À partir de cette caractérisation préliminaire, on peut progresser à la recherche d'informations "de bas en haut", en suivant les chaînes des distributeurs, grossistes, transporteurs et producteurs, jusqu'à atteindre la partie principale, ou la plus représentative, du flux global.

Une autre méthode consiste à réaliser une étude "de haut en bas", dans les cas où il existe une zone de production importante et concentrée ou une source présentant un intérêt particulier (par exemple un district charbonnier, une zone de mangrove ou une chênaie). Il s'agira alors de flux partiels qui, du fait de leur importance particulière ou de leur fort impact écologique ou social, méritent d'être étudiés.

Dans les cas où l'offre et la demande sont dispersées, ou dans les grandes régions qui dépassent les distances habituelles de transport, il n'est pas recommandé d'essayer de caractériser les flux physiques intégraux.

Flux économique des combustibles ligneux

Cet élément du diagnostic décrit le volume économique des flux physiques commerciaux. On le représente comme un réseau ou un système, selon le réseau de commercialisation étudié. Il est important pour comprendre l'importance économique et sociale des systèmes d'approvisionnement commercial en combustibles ligneux et la distribution de la valeur ajoutée dans ces systèmes.

De même que les flux physiques, les flux économiques ne peuvent être analysés qu'à une échelle locale et micro-régionale, avec les réserves exposées plus haut.

Pour les établir, il est nécessaire de connaître les flux physiques, le réseau de commercialisation et les prix des combustibles ligneux, à chaque maillon de la chaîne. On caractérisera le réseau de commercialisation en établissant le flux physique. Pour les prix finaux au consommateur, les meilleures sources d'information sont les échantillonnages de consommateurs, mais, pour les prix intermédiaires, il faut réaliser des enquêtes spécifiques auprès des producteurs, fournisseurs, transporteurs et grossistes. Si on observe que les prix varient peu - cas très fréquent - il n'est pas nécessaire que l'enquête porte sur un grand nombre de cas.

Si on connaît la chaîne des prix, il est possible d'estimer la valeur ajoutée à chacune des étapes, les fractions appropriées par chaque groupe d'agents (producteurs, fournisseurs, transporteurs, grossistes et détaillants) et leur contribution à la formation des prix finaux. Cette information est importante pour envisager des mesures fiscales, des politiques sociales, des mécanismes d'incitation à l'amélioration technologique, etc.

La connaissance des flux économiques aide à quantifier et à interpréter l'importance des combustibles ligneux dans l'économie régionale ou nationale, leur contribution à la création d'emplois et de richesse, leur potentiel pour la création de rentrées fiscales et l'impact de la substitution d'énergies. Cet aspect est particulièrement important pour la définition, entre autres, des politiques énergétiques et sociales et pour la gestion des ressources naturelles.

5.2.2 Le bilan de l'offre et de la demande

Le bilan de l'offre et de la demande est l'élément final et le plus essentiel pour le diagnostic des combustibles ligneux. Il représente les relations entre la consommation et la disponibilité et indique la possibilité de futurs déficits ou excédents.

On peut élaborer fondamentalement deux types de bilans :

a) les bilans statiques ou ponctuels, qui établissent un rapport entre la consommation annuelle et l'ensemble des stocks sur pied existants, les disponibilités effectives ou la productivité à un moment donné et dans une zone donnée ;

b) les bilans dynamiques ou sériés, qui établissent un rapport entre les projections sur la demande et l'offre potentielle ou réelle des diverses sources de combustibles ligneux tout au long d'une période.

Les bilans statiques sont utiles pour analyser la structure de la demande par rapport à l'offre réelle, en particulier s'ils sont établis en ventilant la contribution des diverses sources et leur part dans la satisfaction des besoins des divers secteurs et branches de la demande (voir annexe VIII). On peut ainsi trouver les secteurs et les branches de plus grande importance absolue ou relative, les rapports spécifiques entre secteurs de la demande et sources de l'offre et bien d'autres facteurs qui permettent d'approfondir et d'enrichir la compréhension des effets écologiques, économiques et sociaux de l'usage des combustibles ligneux, dans un cadre géographique donné et à un moment précis.

Les bilans dynamiques ou sériés permettent d'analyser et de comparer l'évolution des relations offre-demande dans le temps, et ainsi d'évaluer le résultat des tendances actuelles ou potentielles de la demande en fonction des futures variations de l'offre. Par exemple, il est possible d'analyser l'incidence de l'accroissement de la consommation de charbon dû au développement de l'industrie sidérurgique sur l'approvisionnement de la population, les stocks de bois de feu sur pied disponibles, l'utilisation du sol, l'établissement de plantations, la substitution dans d'autres secteurs de la consommation, l'emploi et le revenu ruraux dans une région donnée, ou bien les effets que pourrait avoir la réduction de la consommation spécifique de bois, grâce à la diffusion de poêles efficaces - ou à l'augmentation de la pénétration du GPL - sur l'exploitation de bois dans les forêts.

Pour établir des bilans statiques, il est nécessaire de disposer de données sur la demande : au moins la consommation spécifique pour chaque combustible et chaque type d'usager - usage exclusif et mixte - et le nombre d'usagers par type, secteur et branche ; sur l'offre : au minimum la surface, les stocks unitaires, la productivité pour les sources primaires et la production annuelle pour les sources secondaires et de récupération. Pour les bilans dynamiques, il faut en outre disposer de données ou d'hypothèses solides relatives à l'augmentation ou à la diminution des populations consommatrices, aux rapports techniques et aux taux de substitution des combustibles, aux taux de changement d'utilisation du sol et aux possibles changements dans la productivité des ressources.

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