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5. PLANIFICATION D’INTERVENTION D’URGENCE EN CAS DE PPCB


Introduction

L’alerte précoce permet la détection rapide de l’introduction ou de l’augmentation soudaine de l’incidence d’une maladie grave comme la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) avant qu’elle ne prenne des proportions épidémiques et ne provoque des conséquences socioéconomiques sérieuses. L’alerte précoce englobe toutes les initiatives - principalement celles basées sur la surveillance, la déclaration et l’analyse épidémiologique de la maladie - qui pourraient améliorer la sensibilisation et la connaissance de la répartition et de l’évolution des foyers de la maladie (et de l’infection). Elle devrait permettre de prévoir la source et l’évolution des foyers de la maladie et de suivre l’efficacité des campagnes de lutte contre la maladie.

L’aptitude d’un pays à détecter rapidement l’introduction de la PPCB ou l’augmentation de son incidence repose sur les éléments suivants:

Discuter de ces questions en détail dépasse l’objet de ce manuel. Pour plus d’informations, il faudrait se référer au Manual on the Preparation of National Animal Disease Emergency Preparedness Plan (Manuel de santé animale de la FAO, n°6); au Manual on Livestock Disease Surveillance and Information Systems (Manuel de santé animale de la FAO, n°8); et au Manual on Participatory Epidemiology (Manuel de santé animale de la FAO, n°10).

Cependant, certains des points importants concernant la préparation à l’alerte précoce sont considérés ci-après.

Formation du personnel vétérinaire et autre personnel de santé animale à la reconnaissance précoce de la PPCB, et collecte et envoi des prélèvements pour le diagnostic

Dans de nombreux pays, il est peu probable de trouver des vétérinaires ou du personnel de santé animale du secteur public ou du secteur privé ayant une expérience directe et personnelle de la PPCB ou d’autres maladies transfrontalières des animaux (TAD) car ces maladies peuvent ne s’être jamais manifestées dans le pays ou avoir été des maladies exotiques pendant très longtemps. Si la PPCB est considérée comme une menace majeure, cette insuffisance doit être corrigée par un programme de formation systématique à l’intention de toutes les personnes qui, dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles, pourraient être les premières à entrer en contact avec une incursion ou un foyer de la maladie. Comme la maladie peut frapper le pays n’importe où et que le personnel se renouvelle, les programmes de formation devraient être à la fois détaillés et réguliers. Cette formation doit s’étendre au personnel des régions les plus reculées du pays ainsi qu’à des représentants choisis (agents de vulgarisation agricole, autorités locales) et à des propriétaires de bétail.

Il ne sera manifestement ni praticable ni nécessaire de former du personnel à des hauts niveaux d’expertise sur ces maladies. Dans la plupart des cas, il suffit que les personnes formées soient familiarisées avec les caractéristiques cliniques, pathologiques et épidémiologiques de base de la PPCB, et qu’elles sachent comment agir lorsqu’elles soupçonnent sa présence. La chose la plus importante à inculquer aux gens est la mentalité selon laquelle, s’ils sont confrontés à un foyer de maladie inhabituel chez les bovins, que ce soit sur le terrain ou dans un laboratoire de diagnostic, ils doivent placer la PPCB dans leur liste des possibilités de diagnostic différentiel et agir en conséquence. Ils devraient être formés d’une part aux démarches qu’ils doivent entreprendre pour sécuriser un diagnostic de confirmation, y compris la collecte et le transport des prélèvements pour le diagnostic et, d’autre part, aux actions immédiates de lutte contre la maladie qui doivent être entreprises sur le site du foyer de la maladie. Une formation plus spécialisée sera nécessaire pour le personnel désigné pour les équipes spécialistes du diagnostic (voir ci-après).

Il existe de nombreuses possibilités de formation selon les besoins, à savoir:

Programmes de sensibilisation et d’information destinés aux éleveurs

C’est la partie la plus critique bien que parfois négligée de la planification de la préparation aux maladies à caractère d’urgence. Ils sont destinés à stimuler, parmi les éleveurs et les autres intervenants clés, le sentiment d’appropriation et de soutien des campagnes de lutte et d’éradication des maladies à caractère d’urgence. Ils induisent également une approche participative de la planification et de la mise en œuvre des programmes de lutte contre la maladie pour compléter l’approche directive plus traditionnelle adoptée par les gouvernements.

Les stratégies de communication devraient viser à faire prendre conscience aux parties prenantes de la nature et des conséquences potentielles de la PPCB et d’autres maladies importantes des bovins, ainsi que des avantages à tirer de leur prévention et éradication. En outre, les stratégies de communication devraient toujours chercher à rallier la communauté à la cause commune qui est de prévenir et de lutter contre une épidémie. L’idéal serait d’arriver à former des groupes de défense sanitaire des exploitants et des organisations d’éleveurs.

Un des messages importants à faire passer est qu’il est essentiel de signaler immédiatement tout foyer d’une maladie inhabituelle chez les bovins et de demander l’aide du responsable gouvernemental de santé animale le plus proche (et le moyen de se procurer l’aide). Les campagnes d’information devraient viser non seulement les éleveurs mais aussi les autorités locales et les négociants de bétail.

L’équipe spécialiste du diagnostic

Il est recommandé de nommer au sein du pays une équipe spécialiste du diagnostic de la PPCB qui puisse être mobilisée en cas de signalisation ou de rumeur d’un foyer suspect chez les bovins sur le terrain. Ces dispositions devraient être prises préalablement à toute urgence et les intéressés devraient être disponibles et équipés pour se rendre rapidement sur le site d’un foyer. Le matériel doit comprendre tout ce qui est nécessaire à l’enquête préliminaire sur une maladie et à la collecte et au transport des prélèvements destinés au diagnostic.

L’équipe de diagnostic variera selon les circonstances mais elle devrait comprendre:

i) un vétérinaire pathologiste du laboratoire de diagnostic vétérinaire central ou régional;

ii) un microbiologiste vétérinaire spécialiste, de préférence ayant une expérience de première main ou une formation en matière de PPCB;

iii) un épidémiologiste ayant une très large expérience des maladies endémiques des bovins et une connaissance des modes d’élevage dans la zone concernée; et

iv) tous les spécialistes requis aux fins des examens spécifiques.

L’équipe devrait se rendre sur le site du foyer de la maladie avec le personnel vétérinaire local, le cas échéant sous la responsabilité du chef des services vétérinaires. Son rôle serait de procéder aux examens cliniques; recueillir les précédents de la maladie; mener les enquêtes épidémiologiques préliminaires, en particulier concernant les origines (de nouveaux animaux ont-ils été introduits dans les troupeaux infectés ces derniers mois et, si c’est le cas, d’où venaient-ils?) et les conséquences (est-ce que des animaux ont quitté les troupeaux infectés ces dernières semaines et, si c’est le cas, où sont-ils allés?); pratiquer des nécropsies sur des animaux abattus à un stade avancé de la maladie ou sur des animaux morts récemment; collecter une série de prélèvements spécifiques pour le diagnostic des maladies exotiques et endémiques comprises dans le diagnostic différentiel et transporter ces prélèvements dans de bonnes conditions jusqu’au laboratoire.

Un bon cadre pour les enquêtes de terrain dans les foyers est proposé à l’Annexe 1.

L’équipe devrait aussi être à même de prendre des mesures immédiates de lutte contre la maladie sur le site d’un foyer si cela est nécessaire et devrait y être habilitée.

L’équipe doit immédiatement rendre compte aux responsables vétérinaires nationaux, provinciaux et régionaux et au chef des services vétérinaires de son appréciation du foyer de la maladie, y compris des mesures prises pour sécuriser un diagnostic de confirmation, ainsi que des conseils sur les stratégies à adopter pour la lutte contre la maladie, notamment la déclaration des zones infectées et des zones de surveillance.

Moyens de diagnostic de laboratoire

Le diagnostic rapide et certain des maladies peut être assuré uniquement dans des laboratoires entièrement équipés, ayant à disposition une gamme de réactifs de diagnostic standardisés, du personnel expérimenté et un débit de prélèvements de diagnostic permettant de maintenir leur expertise. Par ailleurs, le développement de l’expertise du diagnostic des maladies exotiques pour les tests qui nécessitent la manipulation de l’agent vivant ne devrait être tenté que dans des laboratoires sécurisés microbiologiquement.

Il ne serait donc pas praticable et excessivement coûteux pour la plupart des pays d’entretenir un laboratoire de diagnostic vétérinaire national, ayant la pleine capacité de procéder à un diagnostic de confirmation pour toutes les maladies transfrontalières et autres maladies à caractère d’urgence, la plupart étant exotiques. Cependant, il faut prévoir pour le moins que tous les pays ayant des populations de bétail significatives disposent d’un laboratoire de diagnostic vétérinaire équipé et compétent à même d’assumer un large éventail de techniques standards en pathologie, virologie, bactériologie et sérologie, et de réaliser l’identification préliminaire des agents étiologiques de la plupart sinon de toutes les maladies du bétail à caractère d’urgence. Si la PPCB est considérée comme une maladie très menaçante, il faut envisager de développer des moyens pour certains tests clés de diagnostic primaire.

Les récipients destinés au transport des prélèvements devraient être conservés dans le laboratoire vétérinaire central au niveau de l’Etat ou de la province et devraient être facilement disponibles pour les responsables vétérinaires de terrain et les équipes spécialistes du diagnostic. Il s’agit de préférence de récipients étanches primaires, tels que des bouteilles en verre universelles avec un bouchon en métal à vis et un joint en caoutchouc ou des bocaux en plastique de bonne qualité avec un bouchon à vis. Ceux-ci sont ensuite emballés dans un récipient étanche secondaire (par exemple une boîte en acier peinte ou une glacière en plastique ou en polystyrène extrudé styrofoam) avec une matière absorbante et un bloc de glace. Enfin, le tout est placé dans un conteneur externe robuste bien étiqueté. Des informations concernant les prélèvements devraient également être fournies (voir Chapitre 2).

Laboratoires internationaux et centres collaborateurs de référence

Pour la PPCB, il existe un réseau de laboratoires et centres collaborateurs de référence de la FAO, et d’experts et laboratoires de référence de l’OIE à travers le monde. Leurs noms, coordonnées complètes et zones géographiques de compétence figurent à l’Annexe2.

Dans le cadre de la planification d’intervention contre la PPCB, les pays devraient établir des contacts et un dialogue avec les laboratoires et centres collaborateurs de référence appropriés. Ils devraient déterminer la nature et la gamme des prélèvements ou des agents isolés à envoyer pour confirmer un diagnostic ou préciser sa caractérisation; tout moyen de transport supplémentaire; la méthode d’emballage et de réfrigération; et l’étiquetage des emballages avec une adresse correcte et toute déclaration de douane ou IATA nécessaire. Ces informations devraient être détaillées dans les plans d’intervention.

Il est très important que les agents étiologiques potentiels ou confirmés provenant de foyers de maladie à caractère d’urgence soient envoyés au laboratoire international de référence approprié pour une identification plus poussée. Il est recommandé de transmettre plusieurs isolements provenant de différentes localisations géographiques et à différentes phases du foyer. L’envoi de prélèvements à un laboratoire en dehors du pays d’origine devrait toujours faire l’objet d’un accord préalable avec le destinataire, et le transport de récipients devrait être conforme aux normes IATA.

Les laboratoires et les centres collaborateurs de référence devraient aussi être largement sollicités pour l’aide qu’ils peuvent fournir en matière de formation, les conseils spécialisés qu’ils peuvent apporter pour la planification, les réactifs standardisés de diagnostic, etc.

Les procédures de surveillance spécifiques pour la PPCB

Quoique l’ensemble des mesures de surveillance - résumées ici dans le paragraphe 5.1 et décrites plus en détail dans les manuels de santé animale de la FAO, n°8 et n°10 - doivent être appliquées, il faut souligner l’importance de deux mesures fondamentales pour la PPCB, à savoir le contrôle en abattoir et la surveillance clinique.

Contrôle en abattoir

Le contrôle en abattoir est une méthode de surveillance peu coûteuse et très efficace pour la PPCB. Son impact dépend de la proportion, dans le pays, de bovins abattus dans des abattoirs contrôlés par des mécanismes d’inspection des viandes. Le personnel d’inspection des viandes devrait être formé correctement à la palpation, la coupe et l’examen de la plèvre et des poumons lors de l’inspection des carcasses de bovins. Il devrait recevoir une formation spéciale sur les caractéristiques pathologiques clés de la PPCB et devrait posséder des formulaires sur lesquels sont représentés des croquis des poumons, lui permettant ainsi de dessiner la localisation des lésions et de consigner ses observations. Il faut aussi contrôler les lieux d’abattage non officiels.

INDICATEURS CLÉS DE LA PPCB DANS L’INSPECTION DES VIANDES

  • liquide jaune dans la cage thoracique
  • poumons recouverts d’une substance jaunâtre
  • poumons adhérents à la paroi thoracique
  • poumons qui ne s’affaissent pas et sont durs ou marbrés
  • séquestres dans les poumons des cas chroniques

Il faut toujours effectuer des prélèvements sur les poumons suspects en vue d’un diagnostic. Les inspecteurs des viandes devraient savoir comment procéder et détenir des kits de prélèvements. Enfin, ils devraient recourir à des méthodes simples et directes pour enregistrer leurs découvertes ainsi que les informations épidémiologiques clés sur les propriétaires et la provenance du bovin.

Surveillance clinique

Les surveillances cliniques à la fois active et passive sont aussi valables dans la détection précoce de la PPCB. La surveillance clinique passive devrait être encouragée par le biais d’un programme général national de telle sorte que toute personne en contact avec les bovins, qu’il s’agisse de vétérinaires de terrain, de personnel auxiliaire de santé animale, d’éleveurs, de négociants et même de vachers, soit incitée à repérer les signes cliniques clés de la PPCB et à signaler tout cas suspect.

Des livrets simples et illustrés sur la PPCB, dans des langues opportunes devraient être largement diffusés.

SIGNES CLÉS À REPÉRER DANS LA SURVEILLANCE CLINIQUE DE LA PPCB

  • respiration rapide, difficile et bruyante
  • jetages nasaux
  • toux, en particulier après un effort
  • anorexie, fragilité, faiblesse et perte de poids

L’OIE a établi des normes de surveillance détaillées pour la PPCB, en particulier en ce qui concerne la définition des zones et des pays indemnes de PPCB. Ceux-ci figurent à l’Annexe 3.


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