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6. PLANIFICATION D’INTERVENTION RAPIDE EN CAS D’ALERTE DE PPCB


Introduction

Le présent manuel est consacré principalement aux cas d’invasion de péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) dans un pays ou une région d’un pays précédemment considéré comme indemne de la maladie. Si une telle situation d’urgence se déclarait, toutes les initiatives seraient vouées à maîtriser rapidement la maladie dans le foyer primaire ou dans la zone d’infection et à l’éradiquer dans les plus brefs délais afin d’éviter sa diffusion et son éventuelle évolution vers la forme endémique.

Toutefois ces mêmes principes de lutte et d’éradication sont aussi très adaptés pour faire face aux situations où la PPCB sévit déjà à l’état endémique dans une partie ou dans tout le pays.

Caractéristiques épidémiologiques influençant les stratégies d’éradication de la PPCB

Il existe un grand nombre de facteurs épidémiologiques ou autres - certains favorables, d’autres défavorables - qui doivent être pris en compte lors de la conception des stratégies d’éradication de la PPCB, à savoir:

Certains de ces facteurs, en particulier la présence de porteurs chroniques et les problèmes de surveillance de la maladie, font de la PPCB l’une des maladies animales transfrontalières les plus difficiles à éradiquer. Néanmoins, elle a été éradiquée souvent dans des conditions difficiles. Par exemple, elle a été éradiquée d’Australie par des campagnes de vaccination globales, un zonage, des contrôles des mouvements et un abattage systématique final. Elle a été éradiquée du Botswana beaucoup plus rapidement par un abattage systématique.

Stratégies d’éradication de la PPCB

Compte tenu des facteurs épidémiologiques et autres facteurs susmentionnés, trois stratégies générales de lutte et d’éradication de la PPCB ont été retenues, à savoir:

L’abattage systématique est certainement la méthode la plus rapide et la plus efficace pour lutter contre la PPCB (de même que pour beaucoup d’autres maladies animales transfrontalières) et, si l’abattage systématique est réalisé, la reconnaissance du statut indemne de maladie peut être retrouvée plus rapidement dans la perspective d’exporter (voir l’Annexe 3). C’est aussi certainement la meilleure solution pour gérer les foyers isolés dans les pays développés. Toutefois, c’est rarement une option praticable ou économiquement viable pour les pays en développement. Font exception les cas suivants:

Les campagnes de vaccination globales seront probablement partie intégrante de la plupart des programmes de lutte et d’éradication de la PPCB. Elles sont importantes pour réduire l’incidence de la maladie à un niveau très faible, de sorte que d’autres options de lutte et d’éradication deviennent davantage viables. Cependant, la vaccination seule n’assurera pas l’éradication et peut se révéler très coûteuse à long terme.

La planification stratégique pour la lutte et l’éradication progressive de la PPCB, qu’il s’agisse de la préparation à l’urgence dans un pays indemne de la maladie ou bien de son éradication dans un pays où elle sévit déjà, consiste le plus souvent en une démarche structurée qui englobe les trois grandes stratégies de lutte et d’éradication décrites précédemment.

Cette démarche structurée exige l’application progressive des mesures suivantes:

Quelques facteurs clés de réussite des programmes de lutte et d’éradication de la PPCB

La nécessité de programmes globaux

La nature épidémiologique de la PPCB, à savoir lorsque l’infection persiste et que la maladie se transmet (souvent sur de longues distances) par les cas subaigus et chroniques, impose que, pour réussir, les programmes de lutte et d’éradication doivent être à la fois généraux et constants pendant un certain nombre d’années.

De la même manière, une démarche au coup par coup pour la lutte et l’éradication de la PPCB est presque certainement vouée à l’échec. Elle condamnera les pays à une situation d’endémicité de PPCB, découragera les responsables de santé animale ainsi que les éleveurs et rendra une éradication éventuelle à la fois difficile et coûteuse.

La nécessité d’une coopération internationale et de programmes contre la PPCB coordonnés au niveau régional

Dans de nombreuses régions où la PPCB sévit actuellement ou qui présentent un haut risque de maladie, l’étendue épidémiologique naturelle potentielle couvre un territoire qui peut englober plusieurs pays. Cela peut arriver là où traditionnellement les échanges de bovins, les rassemblements, le nomadisme ou la transhumance sont pratiqués sur une vaste région. On peut en trouver des exemples dans les régions écologiques largement reconnues infectées, en Afrique de l’Ouest et du Centre, en Afrique orientale et en Afrique australe.

Dans ces régions écologiques, il sera possible d’obtenir des progrès significatifs vers l’éradication de la PPCB uniquement à travers une forte coopération entre pays voisins pour l’élaboration et la mise en œuvre de programmes de prévention, de préparation à l’urgence et de lutte et éradication de la PPCB, coordonnés au niveau régional.

L’utilisation de la chimiothérapie dans les programmes de lutte et d’éradication de la PPCB

Alors que la pénicilline et ses analogues sont inefficaces, un grand nombre d’antibiotiques à large spectre sont efficaces contre les mycoplasmes. De tels antibiotiques peuvent améliorer les signes cliniques de la PPCB. Cependant, ils n’éliminent pas forcément l’infection chez les animaux traités. Cela rend la lutte et l’éradication de la maladie plus difficiles dans les zones endémiques et accroît les risques de diffusion de la maladie à de nouvelles régions. Comme la plupart des éleveurs traitent de toute façon leurs bovins infectés par le MmmSC avec des antibiotiques, une étude scientifique structurée portant sur les effets des différents types de traitements antibiotiques sur l’évolution de la maladie est nécessaire. Elle servira de base scientifique pour l’utilisation rationnelle - ou non - des antibiotiques dans la lutte contre la PPCB.

Zonage et contrôles des mouvements du bétail

Lorsque la PPCB est détectée dans un pays ou une région d’un pays précédemment indemne, la première mesure à prendre est de mettre immédiatement en quarantaine les fermes reconnues infectées afin d’empêcher le mouvement des bovins potentiellement infectés de ces fermes. Une enquête épidémiologique d’urgence est alors réalisée en vue d’obtenir une première estimation de l’ampleur probable de la diffusion de l’infection. Celle-ci s’appuiera non seulement sur les zones où sont apparus les cas connus de la maladie, mais aussi sur les mouvements des bovins vers et en provenance de ces zones et sur les occasions de contact entre les bovins infectés et les bovins sensibles.

Sur la base de cette première enquête, trois types de zones seront déclarées: les zones infectées, les zones de surveillance et les zones indemnes de PPCB.

Zone(s) infectée(s)

La zone infectée comprend la zone entourant immédiatement une ou plusieurs fermes, bâtiments ou villages infectés. Même si leur étendue et configuration peuvent varier en fonction des caractéristiques topographiques, des barrières physiques, des frontières administratives et des considérations épidémiologiques, l’Office international des épizooties (OIE) recommande en général que les zones infectées s’étendent sur un rayon d’au moins 10 km autour des foyers de la maladie dans les régions d’élevage intensif et de 50 km dans les régions où est pratiqué l’élevage extensif.

Dans les phases initiales d’un foyer, lorsque son étendue n’est pas bien connue, il serait plus prudent de déclarer infectées des zones plus larges pour ensuite réduire progressivement leur taille à mesure que la surveillance active de la maladie révèle la réelle ampleur du foyer.

L’interdiction totale du mouvement des animaux hors de la zone infectée devrait être décrétée et rigoureusement appliquée.

La stratégie adoptée de lutte contre la maladie, qu’il s’agisse de l’abattage, de la vaccination ou d’une combinaison des deux, est alors mise en place.

Zone(s) de surveillance (ou de contrôle)

Cette zone est beaucoup plus étendue et englobe une ou plusieurs zones infectées. Elle peut couvrir toute une province ou une région administrative et, dans de nombreux cas, le pays entier. Dans cette zone, une surveillance de la maladie très intensive est menée. Les bovins ne devraient pas pouvoir sortir de cette zone sauf sous contrôle lorsqu’ils vont à l’abattoir pour y être abattus, ou lorsque des tests attestent qu’ils sont indemnes de l’infection.

Zone(s) indemne(s) de PPCB

Elle comprend le reste du pays. Toutefois, du fait de la large dissémination possible de la PPCB, il n’est ni prudent de laisser toutes les parties d’un pays en proie à un nouveau foyer ni utile de le maintenir à un niveau élevé de surveillance. Dans les zones indemnes, l’accent devrait être mis sur des mesures de quarantaine strictes, afin d’éviter l’introduction de la maladie en provenance des zones infectées, couplées à une surveillance continue pour attester en permanence de l’absence de la maladie. Ces zones devraient être soumises au même degré de diffusion de l’information que les zones dans lesquelles se trouve le foyer. Cela devrait s’étendre jusqu’aux pays voisins grâce à une communication rapide et efficace.

Des programmes généraux de surveillance de la maladie devraient être mis en place dans tout le pays, et les zones devraient être progressivement harmonisées en fonction des résultats obtenus.

Abattage systématique

Un programme d’abattage systématique pour la PPCB implique la destruction de tous les bovins infectés et potentiellement infectés dans des zones infectées bien définies, associée à des contrôles des mouvements très stricts garantissant que les bovins ne peuvent pas quitter les zones cibles.

Avant de décider de s’engager dans une campagne d’abattage systématique, une analyse minutieuse des facteurs socioéconomiques et des ressources disponibles doit être menée. Comme cela a déjà été signalé, l’abattage systématique ne sera une solution viable que sous certaines conditions, à savoir:

Une campagne d’abattage systématique ne devrait être entreprise que si les conditions essentielles requises sont remplies (voir encadré 1).

Il faudra décider rapidement s’il faut abattre tous les bovins dans la (les) zone(s) déclarée(s) infectée(s) ou uniquement ceux des fermes où la maladie est détectée, soit d’après les signes cliniques observés, soit par d’autres procédures de surveillance (y compris les tests sérologiques). Du fait des difficultés à maintenir un niveau de surveillance suffisamment élevé et empêcher le mélange des animaux entre les fermes, l’option habituellement adoptée est d’abattre tous les bovins de la zone déclarée infectée.

Les bovins sont normalement éliminés d’un coup de fusil, soit avec une arme à feu, soit des pistolets d’abattage. Elle est décrite plus en détail dans le Manual on Procedures for Disease Eradication by Stamping Out (Manuel de santé animale de la FAO, n°12).

Comme l’agent causal, MmmSC, ne se transmet pas par la viande, on peut proposer de préserver la viande en permettant que les bovins cliniquement sains soient transportés pour un abattage immédiat en abattoir, à condition que cela se produise dans des abattoirs contrôlés par des mécanismes d’inspection des viandes et à l’intérieur de la zone infectée.

ENCADRÉ 1
CONDITIONS ESSENTIELLES POUR UNE CAMPAGNE D’ABATTAGE TOTAL EN CAS DE PPCB

  • appui des politiques et des communautés;
  • zone(s) infectée(s) bien définie(s) d’après les programmes généraux de surveillance;
  • possibilité de mettre en interdit les zones infectées par la quarantaine et les contrôles des mouvements du bétail;
  • personnel bien formé et disponibilité des ressources financières et physiques nécessaires;
  • fonds pour une indemnisation juste et opportune pour les bovins abattus;
  • pouvoirs juridiques;
  • programmes de réhabilitation pour les communautés d’éleveurs touchées;
  • aide des agents de la sécurité.

Il n’est pas nécessaire d’éliminer les carcasses des bovins abattus dans des fosses profondes ou de les incinérer en vue d’éviter la transmission future de la PPCB (comme ce serait le cas pour des maladies comme la fièvre aphteuse), même si certaines dispositions peuvent être préférables d’un point de vue environnemental, de santé publique ou esthétique. A l’exception de ce qui précède, il n’est pas nécessaire de nettoyer et de désinfecter les propriétés infectées après l’élimination, comme ce serait le cas pour d’autres maladies transfrontalières des animaux (TAD) dont l’agent survit plus longtemps dans l’environnement et lorsque la maladie est transmise par portage.

Le repeuplement ne devrait pas commencer avant qu’il ne soit certain que tous les bovins infectés et potentiellement infectés de la zone cible ont bien été abattus. Dans les régions caractérisées par un faible contrôle des bovins ou un terrain difficile, il peut être nécessaire de compléter les recherches de terrain par des relevés aériens et, pour éliminer les bovins des zones inaccessibles, de les exécuter depuis les hélicoptères. Dans certains cas, des subventions ont été octroyées pour repérer les bovins en phase finale de nettoiement et ont permis de localiser et d’éliminer ceux qui avaient été oubliés lors de la phase de destruction initiale.

Il est de pratique courante de ne pas repeupler les zones avant une période de trois à six mois (selon les circonstances), pour plus de sécurité. Le repeuplement doit se faire avec des bovins reconnus indemnes de PPCB, de préférence provenant d’une zone indemne. L’idéal serait de pratiquer des tests sérologiques [test de fixation du complément (TFC) et test ELISA «de compétition» (c-ELISA)] pour confirmer qu’ils sont bien indemnes. C’est aussi l’occasion de procéder à une amélioration génétique.

Programmes de vaccination

Les programmes de vaccination dans le cadre d’une campagne d’éradication de la PPCB doivent être menés de façon générale et constante jusqu’à ce que la surveillance sanitaire prouve que les signes apparents de la maladie ont disparu ou que, pour le moins, son incidence a chuté à un niveau extrêmement faible. Les zones de vaccination cibles devraient inclure toutes les zones autres que celles qui ont été déclarées indemnes de PPCB. Dans les zones endémiques, il faut en général pratiquer des programmes à l’échelle nationale.

Contre la PPCB, on utilise des vaccins vivants atténués. Ceux-ci peuvent déboucher sur un certain compromis entre l’innocuité et l’immunogénicité. Les souches de vaccin couramment utilisées sont T1-44 et T1-SR. Actuellement, la plupart des pays optent pour le vaccin T1-44, même si certains pays lui reprochent de provoquer des réactions locales excessives chez les animaux vaccinés.

ENCADRÉ 2
INDEMNISATION

Il est très important que les éleveurs et les autres personnes dont les bovins ont été abattus soient indemnisés équitablement en fonction de la valeur des animaux sur le marché au moment considéré. Cette indemnisation devrait être versée sans délai. L’estimation de l’indemnisation devrait être réalisée par des experts spécialistes et indépendants, faute de quoi des estimations globales pourraient être concordées par catégorie spécifique de bovins. Il faudrait rembourser au moins la valeur des bovins sur le marché. Dans certaines conditions, le remplacement du cheptel peut être proposé comme alternative à l’indemnisation financière.

Le défaut d’un paiement juste et ponctuel de l’indemnisation compromettrait sérieusement les campagnes d’éradication de la PPCB, générant du ressentiment au sein des communautés ainsi qu’un manque de coopération, et encouragerait l’abattage illégal et la vente clandestine des bovins hors des zones infectées pour éviter les pertes.

Il est essentiel que les vaccins soient fournis par des fabricants fiables (c’est-à-dire avec une certification d’assurance qualité) qui appliquent les normes internationales de bonne pratique de fabrication et d’assurance qualité à la gestion des souches de vaccins, au titre des mycoplasmes viables, à la pureté, la sécurité et l’efficacité. Ces normes figurent au chapitre 2.1.6 du Manuel des normes sur les tests de diagnostic et les vaccins, de l’OIE (voir www.oie.int).

On utilise en général des vaccins lyophilisés. Cependant, les équipements de maintien de la chaîne du froid doivent impérativement être disponibles, depuis les lieux de stockage des vaccins aux niveaux central et local jusqu’aux lieux d’injection sur le terrain.

Il faudrait reconnaître les limites des vaccins actuels. La première immunisation est bien loin de protéger la totalité de la population vaccinée et l’immunité chez de nombreux bovins dure moins d’une année. En outre, la vaccination n’éliminera pas forcément l’infection chez les animaux déjà infectés, en particulier chez les animaux porteurs. La couverture immunitaire de même que la durée de l’immunité augmentent sensiblement avec les vaccinations suivantes. Malgré ces limites, la vaccination pratiquée systématiquement sur des populations de bovins cibles avec une couverture la plus proche possible de 100 pour cent pendant plusieurs années aura des effets considérables sur la réduction de l’incidence de la maladie à des niveaux très faibles dans les zones infectées.

Au cours des étapes initiales (première ou deuxième année) d’une campagne de vaccination globale, les bovins devraient être vaccinés à intervalles réguliers de quatre à six mois. Par la suite, une vaccination par année est en général suffisante. Le programme de vaccination doit être maintenu pendant au moins trois à cinq ans, ou jusqu’à ce que la maladie ne puisse plus être détectée par la surveillance (clinique, en abattoir, sérologique).

Les réactions secondaires à la vaccination ont plus de risque de se manifester chez les races Bos taurus que chez les Bos indicus. Elles peuvent prendre la forme de graves réactions locales, de réactions systémiques - bien que très rarement - et même provoquer la mort. Les réactions indésirables peuvent être limitées en prenant soin de modifier la technique de vaccination. Les vaccins contre la PPCB doivent être injectés par voie sous-cutanée (et non par voie intra-musculaire, intradermique ou dans les fascia). L’endroit le plus approprié est le cou même si la vaccination sur la queue est aussi pratiquée.

ENCADRÉ 3
CONDITIONS ESSENTIELLES REQUISES POUR UN PROGRAMME DE VACCINATION CONTRE LA PPCB

  • appui des politiques et des communautés;
  • engagement des parties prenantes dans un programme de vaccination global mis en place pour une période de temps suffisant;
  • disponibilité de vaccins sûrs et efficaces;
  • disponibilité de chaînes du froid adéquates;
  • disponibilité des bovins cibles pour la vaccination;
  • équipes de vaccination bien formées;
  • système d’identification des bovins vaccinés;
  • surveillance globale des maladies;
  • sessions d’instruction et de compte rendu avant et après la campagne.

Les équipes de vaccination, que ce soit dans les secteurs public ou privé, doivent être formées aux méthodes appropriées de conservation et manipulation des vaccins contre la PPCB ainsi qu’à des techniques adéquates de vaccination. En outre, il faut fournir du matériel pour la contention des bovins lors de la vaccination. Les bovins qui ont été vaccinés devraient être identifiés comme tels. Il faut doter le pays d’un système d’identification efficace et permanent des animaux vaccinés. L’identification devrait indiquer à quelle fréquence et de préférence également la date à laquelle les bovins ont été vaccinés. Un système de marquage ou d’encoche à l’oreille peut être adapté à ces fins.

Les étapes finales d’une campagne d’éradication et la preuve d’absence de maladie

C’est souvent la phase la plus critique d’une campagne d’éradication. Elle intervient lorsque la maladie clinique a apparemment disparu. Si des mesures erronées sont prises à ce stade et que des poches d’infection persistent, nombre des avantages acquis par la campagne d’éradication peuvent éventuellement être perdus.

A ce stade, il est possible que les gouvernements adoptent l’une des deux décisions erronées à moins qu’ils ne soient correctement conseillés.

La première est de décider que, la maladie clinique ayant diminué ou disparu et les pertes socioéconomiques terminées, les rares ressources financières et autres qui y ont été consacrées seraient mieux employées ailleurs. Si les activités de lutte contre la maladie cessent prématurément, omettant de l’infection non détectée, la maladie se déclarera probablement dans d’ultérieurs foyers importants à mesure que les niveaux d’immunité chez les populations d’animaux déclineront.

A l’opposé, la seconde décision possible du gouvernement, est que les programmes de vaccination de routine devraient être maintenus indéfiniment par crainte des conséquences politiques en cas d’existence d’un nouveau foyer au moment de la cessation de la vaccination. Un tel cas représenterait une charge économique permanente de par les coûts du contrôle.

Dans les deux cas, les exportations pouvant dériver d’un statut international indemne de la maladie ne seront pas réalisables.

Lorsque la maladie clinique semble avoir disparu d’une région d’un pays ou de tout un pays, il est temps de faire le point sur la situation et de réaliser une estimation épidémiologique et économique approfondie des futures options.

Elle peut démontrer clairement qu’il est souhaitable de maintenir une vaccination stratégique dans les zones à haut risque s’il existe toujours une très forte menace d’une nouvelle introduction de la maladie, d’un pays voisin par exemple. En même temps, il est très avantageux dans de nombreux cas de changer complètement de cap en interrompant simultanément tous les programmes de vaccination et en adoptant une politique de recherche-destruction de la maladie. Cela ne signifie pas forcément que les ressources consacrées à la lutte contre la maladie seront moindres à court terme. Elles seront plutôt détournées de la vaccination de routine pour s’orienter davantage vers des activités concentrées sur la détection précoce et la réponse rapide. Une forte volonté de renforcer les activités de surveillance active de la maladie et de maintenir un haut niveau de préparation à l’urgence en cas de maladie est nécessaire pour détecter et éliminer rapidement toute incursion de la maladie.

Il devrait alors être possible de poursuivre sur la voie qui mène à la déclaration de l’état provisoirement indemne de la maladie jusqu’à l’étape finale du statut indemne de PPCB. Le niveau de surveillance de la maladie requis pour les étapes finales d’éradication et pour les déclarations auprès de l’OIE figure à l’Annexe 3.

Si des cas sont détectés lors du stade final de la campagne d’éradication, la maladie devrait de préférence être éliminée par abattage systématique. Il est donc fondamental que la détection de la maladie soit précoce. Si ce n’est pas le cas, on pourra envisager l’abattage de tous les animaux malades cliniquement et de ceux qui résultent positifs au test de la maladie, associé à une campagne de vaccination intensive pour les troupeaux de bovins environnants, avec une mise en quarantaine stricte et des contrôles des mouvements.


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