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Le développement de la pêche associée aux DCP ancrés en Martinique

M. Doray[14], L. Reynal[15], A. Carpentier[16], A. Lagin[17]

Dynamiques du développement de la pêche associée aux DCP ancrés en Martinique

Les DCP ancrés ont été introduits en Martinique dans le but de favoriser un redéploiement de la pêche sur les ressources pélagiques du large. Les objectifs de ce redéploiement étaient de réduire l’effort de pêche sur les ressources du plateau insulaire fortement exploitées en évitant l’extension des zones de pêche en particulier dans les ZEE voisines, de préserver le plus haut niveau d’emploi dans le secteur pêche et de tenter d’améliorer les revenus des professionnels de la pêche (Reynal et al., 2000).

Deux DCP ancrés ont d’abord été mouillés en 1983 puis en 1985 afin de tester l’efficacité de ces dispositifs.

En 1989, suite à un programme d’évaluation des pêcheries antillaises, il a été décidé de développer les DCP ancrés en Martinique. Entre fin 1989 et 1992, 11 DCP ont été mis à l’eau: 8 sur la côte atlantique, 2 dans le canal de Saint Lucie et 1 sur la côte nord caraïbe. La profondeur d’immersion variait de 320 à 600 m.

En 1993, après une analyse des résultats obtenus en Guadeloupe et en Martinique, d’autres orientations ont été prises, concernant:

En collaboration avec le Comité des Pêches, l’Ifremer a alors mis en place 16 DCPs, dont 6 sur la côte caraïbe. Treize d’entre eux ont été mouillés par plus de 1000 m de fond. Sur la côte atlantique, seulement 4 DCP ont été posés par 400 à 500 m (ces profondeurs sont relativement faibles sur cette façade maritime de l’île).

De 1994 à 1997, 22 DCP ancrés expérimentaux ont été placés par l’Ifremer à des profondeurs comprises entre 1000 et 2500 m (sauf 1, à 500 m). Quinze de ces DCP ont été posés sur la façade caraïbe, 4 dans les canaux de la Dominique et de Sainte Lucie, 3 du côté atlantique. Après des échanges entre pêcheurs professionnels, les techniques de pêche sur DCP mises au point sur la côte caraïbe se sont répandues autour de l’île, et c’est à partir de 1999-2000 que les pêcheurs de la côte atlantique ont commencé à développer la pêche autour de ces dispositifs.

Le développement de l’exploitation halieutique des DCP ancrés, déployés à titre expérimental par les scientifiques, a d’abord été suivie à partir des renseignements fournis par les professionnels (fiches de pêche), puis en effectuant des pêches expérimentales. Le Comité des Pêches a pris en charge la gestion des DCP pour la première fois en 1996. Ces dispositifs ont été financés sur fonds publics (44 en 1996 et 1997, et 10 en 2000). Actuellement, certains pêcheurs posent et entretiennent leurs DCP eux-mêmes. Pour cela, ils s’associent en général à plusieurs autres pêcheurs d’une même commune ou de communes voisines. Quelques uns commencent à poser des DCP très au large (30 milles) pour une exploitation individuelle, l’éloignement en limitant l’accès. Un nouveau programme de mise à l’eau de DCP par le Comité des Pêches est prévu pour la fin 2001.

Technologie des DCP ancrés

Le modèle de DCP actuellement utilisé en Martinique a été optimisé au fil des années, grâce aux expériences conjointes des pêcheurs et des scientifiques (Fig. 1). Le but était de fabriquer des dispositifs relativement peu coûteux (environ 2000 US$) mais aussi faciles à mettre en place et à déplacer, car de nombreuses interrogations se posaient quant à la profondeur de mouillage ou l’éloignement à la côte. Les efforts ont ensuite porté sur la solidité des DCP dont la durée de vie n’excédait pas 2 ans. L’Ifremer a donc apporté son soutien à leur conception en mettant au point un outil de simulation permettant de calculer la résistance des matériaux à utiliser en fonction de l’intensité des contraintes exercées principalement par les mouvements de houle et les courants (Guillou et al., 2000). Ces derniers, relativement forts à certaines périodes de l’année, provoquent une immersion temporaire des dispositifs, et de ce fait, empêchent la pêche car le DCP ne peut plus être localisé. Des recherches doivent être menées afin de mieux connaître l’intensité des courants en fonction de la profondeur mais aussi le comportement du poisson en fonction des courants: savoir s’il résiste ou s’il se déplace vers des zones plus calmes, auquel cas rechercher l’insubmersibilité des DCP n’aurait pour effet que d’augmenter leur coût sans améliorer le rendement pour la pêche.

Figure 1: plan d’un DCP utilisé couramment en Martinique (Guillou et al., 2000).

Pêche associée aux DCP ancrés

Trois types d’engins sont couramment utilisés par les marins pêcheurs professionnels autour des DCPs ancrés:

La traîne de surface est constituée d’une ligne de 60 à 130 m en monofilament fin avec ou sans câble pour la lester. Cette ligne munie en général d’un hameçon (parfois 2) est utilisée pour capturer les petits thonidés en surface, les dorades coryphènes et certaines carangues.

La traîne de fond est constituée d’une ligne plus longue (entre 80 et 250 m) lestée par l’emploi de câble ou du fil de fer (50 à 150 m) et/ou de plombs (500 g). Il est fréquent que ces lignes aient plusieurs hameçons (jusqu’à 6). La traîne profonde est utilisée pour la pêche des thonidés plus gros (>2kg).

Les lignes de traîne de fond ou de surface sont appâtées avec un leurre artificiel (ver, plume, anguillon, ...). Chaque embarcation peut traîner simultanément 1 à 3 lignes (au maximum 1 par pêcheur embarqué).

Le «bidon» est une palangre verticale dérivante utilisée pour la capture de gros individus: thons jaunes, marlins, ... Il est constitué d’un ou de plusieurs flotteurs en surface et d’une ligne de 80 à 250 m de long munie à son extrémité d’un hameçon de grande taille appâté en général avec un petit thonidé vivant pêché en surface. Un à 14 «bidons» sont généralement mis à l’eau simultanément par une embarcation. Aux dires des pêcheurs, le nombre de bidons mis en pêche serait fonction du nombre de bateaux présents autour du DCP.

Les lignes de traîne sont mises en œuvre dès l’arrivée à proximité du DCP. L’embarcation tourne autour du dispositif en traînant ses lignes. Dès les premières prises de thonidés juvéniles, les «bidons» sont appâtés et placés en amont du DCP par rapport au courant. Ils sont récupérés en aval du DCP ou dès qu’une prise est observée.

Production et effort de pêche de la pêche associée aux DCPs ancrés

Il n’existe pas aux Antilles Françaises de système de collecte en routine de données statistiques permettant d’évaluer dans sa globalité la pêche associée aux DCP ancrés. Les seules données statistiques disponibles sont issues de carnets de pêche remplis par des pêcheurs volontaires entre 1990 et 1995 et d’un programme de suivi des débarquements (données biologiques et informations détaillées sur l’effort de pêche) mis en œuvre par l’Ifremer depuis mai 1998, sur quelques points de débarquement.

Le nombre de fiches de pêche récoltées mensuellement (fig 2) a varié au cours des années. L’une des causes est le taux de fréquentation des DCP selon les périodes. Cependant, un autre facteur important est la disponibilité de l’enquêteur qui doit obligatoirement effectuer un suivi très rigoureux sur le terrain pour obtenir un taux de retour de fiches de pêche suffisant pour exploiter les données recueillies.

Figure 2: Effort d’échantillonnage. Fiches concernant la pêche associée aux DCP ancrés

Les données des carnets de pêche de 1991-1992 et 1994-1995

Les données de 1991-1992 ne sont mentionnées ici qu’à titre indicatif car elles proviennent d’un nombre très faible de fiches de pêche (107 contre 1758 en 1994-1995).

Le nombre moyen mensuel de sorties de pêche est de 90 en 1994 et de 56 en 1995. La proportion de sorties nulles enregistrées dans les carnets de pêche est de 7 % en 1994 et de 4 % en 1995. Il semblerait que les sorties sur DCP soient les plus nombreuses en fin et en début d’année.

Figure 3: Rendements moyens par sortie DCP, Martinique.

Les rendements annuels moyens par sortie sont de 25,6 puis 30,4 kg en 1994-95 (fig. 3). Les rendements de 1991-1992 ne sont pas pris en compte dans l’analyse car ils proviennent d’un nombre de fiches trop faible.

La composition spécifique des captures montre des différences relativement importantes entre les deux périodes qui correspondent à un changement de localisation des DCP mais également à un changement des techniques de pêche pratiquées autour de ces dispositifs (fig. 4 et 5).

Figure 4: Captures par groupes d’espèces par sortie DCP. Martinique, 1991-1992.

Figure 5: Captures moyennes par groupes d’espèces par sortie DCP. Martinique, 1994-1995.

En 1991-1992 on observe peu de poissons à rostre; dorades et petits thonidés constituent l’essentiel des prises (figure 4). Durant cette période, les DCPs ancrés se trouvaient surtout sur la côte atlantique. Les pêcheurs y passaient en général le matin avant de poursuivre leur pêche «à Miquelon». Les engins de pêche utilisés étaient ceux de la traîne au large, c’est à dire des lignes de surface.

En 1994-1995, on remarque une augmentation des prises de poissons à rostre et de petits thonidés qui sont caractéristiques de la pêche associée aux DCP pratiquée sur la côte caraïbe de l’île (fig.6).

Figure 6: Captures par groupes d’espèces par sortie DCP. Martinique, Nord Caraïbe (NCA), Sud Caraïbe (SCA). 1994-1995.

Une comparaison de la composition spécifique entre les zones sud et nord caraïbe montre que les rendements par sortie sont plus importants pour la seconde. Cette augmentation est imputable à des prises de thons de plus de 14 kg vraisemblablement dues à l’utilisation de la technique du «bout au vent» qui met en œuvre une palangre verticale profonde et qui était utilisée dans ce secteur de l’île (Guillou, 1997).

Au cours des années 1994-1995, on observe une baisse des rendements par sortie, entre mai et août. Elle correspond à une diminution des prises de poissons de grande taille (poissons à rostre et thons de plus de 14 kg). Les thonidés de moins de 14 kg sont présents toute l’année et leur rendement par sortie reste pratiquement constant (fig. 7).

Figure 7: Captures mensuelles par groupes d’espèces par sortie DCP. Martinique, 1994-1995.

Sur l’échantillon suivi, la durée moyenne annuelle des sorties de pêche associée aux DCP ancrés est restée stable: 4h30 en 1994 et 4h20 en 1995.

Les rendements horaires moyens annuels, toutes espèces confondues, augmentent légèrement entre 1994 et 1995, passant de 6 à 7 kg.

Figure 8: Durée moyenne des sorties DCP. Martinique, 1994-1995

La durée moyenne mensuelle des sorties oscille entre 3 h 30 et 6 h (fig. 8) et suit globalement celle des rendements par heure de sortie (fig. 9):

Figure 9: Rendements par heure de sortie. Martinique, 1994-1995.

Il semblerait donc que les pêcheurs écourtent leur sortie lorsque les prises sont insuffisantes, principalement entre mai et août, où les rendements par heure de sortie sont les plus faibles. Cette baisse des captures peut être due soit aux forts courants de cette période de l’année qui coulent les DCP, soit à une réelle diminution d’abondance des poissons de grande taille. Les rendements par heure de pêche effective doivent cependant être interprétés avec précaution car ils ont été calculés à partir d’un échantillon réduit, ce qui se traduit par de très fortes variations d’écart type causées le plus souvent par l’occurrence de quelques prises de M. nigricans de très grande taille de au cours du même mois.

Les données du programme Ifremer de mensurations de 1998 à 2001

Production et effort de pêche

Figure 10: Nombre de sorties de pêche DCP échantillonnées lors du programme mensurations. Martinique, 1998-2001.

Le nombre de sorties de pêche DCP échantillonnées dans le cadre du programme de mensurations de l’Ifremer en Martinique est plus élevé sur la côte Caraïbe que sur la côte Atlantique, où le nombre de sorties augmente cependant de manière régulièrement dans cette zone. Le nombre total de sortie échantillonnées est bien sûr beaucoup plus faible que celui obtenu avec les livres de bord mais les informations recueillies sont plus fiables et plus détaillées.

Figure 11: Composition spécifique moyenne des captures par sortie. Mensurations, Martinique, 1998-2001.

Trois espèces constituent l’essentiel des débarquements échantillonnés entre mai 1998 et mai 2001. Il s’agit du marlin bleu Makaira nigricans (43%), du thon noir Thunnus atlanticus (16%) et du thon jaune Thunnus albacares (21%). Viennent ensuite par ordre d’importance, le listao Katsuwonus pelamis qui représente 4 % des débarquements, les istiophoridés (4%), le thazard bâtard Acanthocybium solandri (2 %) et la dorade coryphène Coryphaena hippurus (2 %) (fig. 11).

Figure 12: Captures moyennes par sortie. Mensurations, Martinique, 1998-2001.

Les rendements moyens par sortie sont passés de 26,9 à 52,9 kg entre 1998 et 2001. Les rendements moyens annuels sont significativement différents entre 1998/1999 et 1999/2000 (test de Kolmogorov Smirnov). Le temps de sortie a augmenté régulièrement de 1998 à 2001, passant de 5 h à 6h30. Les rendements par heure de sortie ont suivi la même tendance entre 1998 et 2000, passant de 5,7kg/h à 9,3kg/h, puis ont diminué de 2000 à 2001 (9,3 à 8.3 kg/h).

Figure 13: Captures moyennes par engin utilisé. Mensurations, Martinique, 1998-2001.

La principale explication à l’augmentation des rendements moyens sur la période est le développement de la palangre verticale dérivante simple («bidon»). En effet, les rendements moyens obtenus avec cet engin sont de 48,7kg/sortie alors que l’utilisation exclusive de la traîne de surface au cours de la sortie ne permet de pêcher en moyenne que 20.7kg (fig. 13).

Figure 14: Captures moyennes par espèce par sortie. Mensurations, Martinique, 1998-2001

La pêche au bidon autour des DCPs ancrés permet en effet de prospecter des profondeurs plus importantes et de capturer des albacores de plus de 14kg et des marlins bleus adultes, ce qui induit une forte augmentation des captures moyennes par sortie (fig. 14). Ce changement de la composition spécifique des captures apparaît nettement si on se reporte à la composition spécifique des captures DCP de 1994 et 1995 (fig. 5, 6 et 7), période de démarrage de la pêcherie DCP durant laquelle la pêche au bidon était très peu développée.

Figure 15: Captures moyennes par sortie par façade maritime: Côte Atlantique (ATL) et Côte Caraïbe (CAR) Mensurations, Martinique, 1998-2001.

Les captures moyennes par sortie DCP diffèrent d’une façade maritime à l’autre (fig.15). Les rendements par sortie sont significativement plus élevés sur la côte Atlantique que sur la côte Caraïbe en 1998/1999 et 2000/2001 (test de Kolmogorov Smirnov). On observe une augmentation significative des captures moyennes par sortie DCP en Atlantique entre 1999/2000 et 2000/2001. Une augmentation significative est également observée en Caraïbe entre 1998/1999 et 1999/2000.

De 1998 à 2001, le temps de sortie moyen a oscillé entre 11h et 9h sur la côte Atlantique et entre 4h et 4h30 sur la côte Caraïbe. La consommation et la puissance motrice moyennes sont également plus élevées en Atlantique. Les ports de la côte atlantique sont en effet situés plus loin des DCPs que sur la côte Caraïbe: les pêcheurs doivent parcourir de plus grandes distances pour les atteindre, ce qui augmente le temps de sortie. Les captures moyennes par heure de sortie sont donc significativement plus élevées en Caraïbe qu’en Atlantique en 1998/1999 et 1999/2000 car les pêcheurs ont passé plus de temps en route en Atlantique. Cependant, en 2000/2001, les captures horaires moyennes par façade sont ne sont plus significativement différentes: les rendements en Caraïbe ont chuté alors qu’en Atlantique, la progression a été constante (Fig.16).

Figure 16: Captures moyennes par heure de sortie par façade maritime. Mensurations, Martinique, 1998-2001.

Le nombre moyen de bateaux pêchant au même moment autour d’un DCP ancré est pourtant le même quelle que soit la façade maritime de l’île: 7 bateaux en 2000/2001.

Figure 17: Captures spécifiques moyennes par sortie par sone. Mensurations, Martinique, 1998-2001.

On observe cependant des différences dans la composition spécifique des captures réalisées en Caraïbe et en Atlantique (Fig. 17 et 18)

La proportion de poissons pélagiques de grande taille (albacores de plus de 14kg et marlins bleus) est plus élevée dans les captures réalisées en Sud atlantique que sur la côte Nord Caraïbe, ce qui explique les captures moyennes globales plus élevées côté Atlantique.

Le nombre moyen de lignes verticales mises à l’eau par sortie est passé de 2,9 à 3,7 en Atlantique de 1998/1999 à 2000/2001 mais est resté stable en Caraïbe: entre 3,6 et 3,8. En 2000/2001, les pêcheurs ont ainsi employé sensiblement le même nombre de lignes côté Caraïbe et côté Atlantique, ce qui n’explique cependant pas les différences de rendements observées pour les pélagiques de grande taille.

Figure 18: Captures moyennes par sortie, par type d’engin et par façade maritime. Mensurations, Martinique, 1998-2001.

Les rendements moyens de la pêche au bidon sont passés d’environ 50kg à 83kg par sortie entre 1998/1999 et 2000/2001 en Atlantique (fig.18) alors qu’ils restaient entre 30 et 45kg côté Caraïbe, ce qui pourrait traduire une augmentation de l’efficacité de mise en œuvre de l’engin des pêcheurs de la côte Atlantique ou une abondance plus élevée de poissons pélagiques de grande taille sur la côte Est de l’île.

Figure 19: Captures moyennes par heure de pêche effective par façade maritime. Mensurations, Martinique, 2000-2001.

Le calcul des captures moyennes par heure de pêche effective (temps de route exclu) à partir des données disponibles (2000/2001) confirme que la pêche associée aux DCP semble plus productive en Atlantique que sur la Côte Caraïbe (fig. 19). Les captures moyennes par heure de pêche effective sont en effet significativement plus élevées en Atlantique (16,6kg/h) qu’en Caraïbe (12,2kg/h). Il faudra cependant attendre les résultats de l’année 2001/2002 pour confirmer cette tendance car les captures moyennes par heure de pêche effective n’ont été calculées qu’à partir d’un faible nombre de sorties, notamment côté Atlantique, expliquant le coefficient de variation élevé (1,73).

Figure 20: Captures moyennes par litre d’essence consommé par façade maritime. Mensurations, Martinique, 1998-2001.

Malgré les rendements par sortie plus élevés observés sur la côte Atlantique, la valorisation du carburant consommé par sortie reste meilleure côté Caraïbe, avec cependant une hausse importante des captures par litre d’essence entre 1999/2000 et 2000/2001 en Atlantique (fig. 20). Le carburant consommé représente en effet l’essentiel des coûts de production du fait de l’utilisation de moteurs hors bord essence. Le nombre de membres d’équipage par sortie DCP reste stable sur la période et est plus élevé côté Caraïbe (2) qu’en Atlantique (1,6).

Tableau 1: Proportion du nombre des juvéniles dans les captures de la pêche associée aux DCP ancrés. Martinique, 1998-2001. Echantillonnage détaillé.

Espèces

Pêche associée a u x DCP

Taille de l'échantillon

% de juvéniles

Ac ant hocy bium solandri

71

38%

Coryphaena hippurus

88

74%

Euthynnus alletteratus

124

100%

Katsuwonus pelamis

1106

88%

Makaira nigricans

74

8%

Scomberomorus cavalla

4

25%

Sphyraena barracuda

36

42%

thunnini

2

0%

Thunnus albacares

565

85%

Thunnus atlanticus

2661

75%

Istiophoridae

32

34%

TOTAL

4 763

79%

Structure en taille des captures

Les tailles de 1ère maturité sexuelle utilisées sont celles données dans l’ annexe 1, p.

Figure 21: Distribution des fréquences de taille de Thunnus atlanticus échantillonnés en Martinique entre mai 1998 et mai 2001.

Figure 22: Distribution des fréquences de taille de Thunnus albcares échantillonnés en Martinique entre mai 1998 et mai 2001.

Les Thunnus atlanticus et Katsuwonus pelamis capturés sont essentiellement des juvéniles: ils sont pêchés en surface à la ligne de traîne (Tab. 1 et fig. 21). Lors de la première phase du développement de la pêche associée aux DCP ancrés, ils constituaient l’essentiel des captures et étaient ciblés et commercialisés. Avec le développement de la pêche au bidon, ils sont de plus en plus utilisés uniquement comme appât vivant, les pêcheurs ciblant de préférence les poissons pélagiques de grande taille. Cette évolution des stratégies de pêche semble se traduire par une augmentation du poids moyen des poissons capturés autour des DCP ancrés et échantillonnés: 2kg en 1998/1999 pour 4kg en 2000/2001.

T. albacares est capturé à la traîne au stade juvénile autour des DCP ancrés et utilisé comme appât vivant, mais est également capturé au stade adulte au «bidon». Le nombre de juvéniles reste cependant très supérieur au nombre d’adultes dans les captures échantillonnées (fig.24).

La grande majorité des marlins bleus (M. nigricans) est cependant capturée au stade adulte à l’aide de «bidons» autour des DCP ancrés (Fig.23).

Figure 23: Distribution des fréquences de taille de Makaira nigricans échantillonnés en Martinique entre mai 1998 et mai 2001.

Impact socio-économique du développement de la pêche associée aux DCP ancrés

L’un des principaux problèmes rencontrés lors du démarrage de la pêche associée aux DCP ancrés a été l’appropriation de l’espace par les pêcheurs. Pour résoudre cette question, une délibération du Comité des Pêches Maritimes et des Elevages marins a été rendue obligatoire pendant cinq ans à partir de 1996, par arrêté préfectoral. Cette délibération:

- fixe les objectifs d’un programme de mise à l’eau des DCP

- définit les conditions d’exercice de la pêche autour des DCP, dans un rayon de un mille centré sur la bouée de balisage;

- prend des mesures propres à protéger les DCP.

L’impact socio-économique de la pêche associée aux DCP ancrés ne peut être évalué de façon rigoureuse et chiffrée, faute de statistiques de pêche. Il semble que cette nouvelle pêche ait permis l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes pêcheurs exploitant essentiellement les DCPs ancrés et une redynamisation de la pêche notamment dans la zone Nord Caraïbe où elle était en déclin.

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[14] Ifremer, délégation des Antilles Laboratoire de Recherche Halieutique Pointe Fort, 97231, Le Robert Martinique (F.W.I.) [email protected] [email protected] [email protected]
[15] Ifremer, délégation des Antilles Laboratoire de Recherche Halieutique Pointe Fort, 97231, Le Robert Martinique (F.W.I.) [email protected] [email protected] [email protected]
[16] Ifremer, centre de Boulogne 150, quai Gambetta BP 699 62321 Boulogne-sur-Mer Cedex France [email protected]
[17] Ifremer, délégation des Antilles Laboratoire de Recherche Halieutique Pointe Fort, 97231, Le Robert Martinique (F.W.I.) [email protected] [email protected] [email protected]

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