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La pêche des poissons pélagiques hauturiers en Martinique

M. Doray[10], L. Reynal[11], A. Carpentier[12], A. Lagin[13]

1. Moyens de production

1.1 Flotte et effectif des marins pêcheurs martiniquais

La flottille de pêche martiniquaise est composée principalement d’unités de petite pêche, non pontées, effectuant des sorties de moins de 24 h. A leur nombre important (>1000) et relativement stable depuis quelques années (Tab. 1), on peut ajouter quelques unités de pêche côtière (sorties de 24 à 96 h) et de pêche au large (sorties <12 jours). Le nombre de marins actifs recensés par l’Administration des Affaires Maritimes varie très peu jusqu’en 1997 où une légère diminution semble s’amorcer pour atteindre 942 inscrits en 2000, chiffre le plus bas depuis ces 8 dernières années (Tab. 2).

Tableau 1: Evolution de la flottille de pêche martiniquaise (Origine: Affaires Maritimes)

Genre de navigation

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Pêche au large

1

2

0

1

1

3

4

4

Pêche côtière

13

11

9

10

12

16

15

13

Petite pêche

1232

1239

1183

1209

1239

1235

8481

8471

Total

1246

1252

1192

1220

1252

1254

8671

8641

1 A partir de 1999, le nombre de bateaux de pêche est fourni sans les navires immatriculés sous rôle collectif. Le rôle collectif permet à un patron de posséder et mettre en œuvre Environ 200 rôles collectifs sont délivrés pour un demi millier d'embarcations

Tableau 2: Evolution du nombre de marins pêcheurs inscrits auprès de l’administration (Origine: Affaires Maritimes)

Genre de navigation

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Pêche au large

7

7

4

7

16

21

37

32

Pêche côtière

67

69

54

50

52

53

51

41

Petite pêche

919

947

912

912

927

887

877

869

Total

993

1023

970

969

995

961

965

942

En 1999, les patrons représentaient 79 % du nombre de marins pêcheurs inscrits pour 21% de matelots. Selon leurs capacités financières, les marins pêcheurs payent en totalité leurs charges sociales (rôle au taux plein), ou partiellement (demi rôle), auquel cas ils ne bénéficient que d’une demi-retraite.

En 1998, l’effectif des marins recensés se répartissait comme suit:

Rôle au taux plein

150

Demi rôle

706

Retraités en activité

105

Il est probable que bon nombre de marins et en particulier de matelots ne soient pas déclarés parce qu’ils n’ont pas les ressources financières suffisantes pour payer leurs charges sociales ou simplement ne le souhaitent pas: en effet, il suffit de comparer aux tableaux 1 et 2 les nombres d’embarcations et de marins provenant des statistiques officielles pour souligner le nombre bien plus élevé de bateaux que d’inscrits maritimes.

1.2 Flotte et techniques de pêche ciblant les poissons pélagiques hauturiers

1.2.1 Description de la flotte

La flotte de pêche ciblant les poissons pélagiques du large est essentiellement composée d’unités artisanales non pontées, en bois ou en matériau synthétique, d’une longueur de 6 à 8 m. Ces embarcations appelées yoles ont progressivement pris la place des gommiers dont la coque est constituée d’un tronc d’arbre évidé, rehaussé de bordés. Aujourd’hui, les embarcations en matériau synthétique remplacent les yoles en bois (Guillou, 1997). D’une manière générale, les pêcheurs pratiquent plusieurs métiers au cours de l’année. Les unités utilisées pour l’exploitation des poissons pélagiques hauturiers peuvent également être mises en œuvre pour la pêche des poissons benthiques. Ces embarcations sont équipées de moteur(s) hors bord de puissance relativement élevée: 109CV en moyenne pour les bateaux pratiquant la pêche associée aux DCPs et 114CV pour la pêche au large. L’équipage est composé de 1 à 3 hommes (en moyenne 1,9 homme en pêche sur DCP et 2,1 en pêche au large en 2000/2001. Source: ibidem). Les sorties de pêche de ces unités se font uniquement de jour. (Sources: mensurations Ifremer Martinique. 2000-2001).

Quelques unités pontées (moins de 10) ont pratiqué ou pratiquent très irrégulièrement la pêche des grands poissons pélagiques à l’aide de palangres horizontales ou de lignes de traîne. Leur activité marginale n’est citée que pour mémoire.

1.2.2 Description des types de pêche

Les pêcheurs martiniquais qui exploitent les poissons pélagiques du large ciblent plusieurs groupes d’espèces. On peut distinguer cinq types de pêche, pouvant être pratiqués simultanément ou non au cours d’une même sortie:

La pêche des poissons volants ou pêche «à Miquelon»

Elle se pratique en général à l’aide d’un filet maillant dérivant, au cours de sorties ciblant l’espèce ou à l’occasion de rencontre de bancs lors de pêche à la traîne au large. Lors de la période de reproduction, les poissons volants peuvent être capturés sur de la paille préalablement posée à la surface. Une épuisette est alors utilisée pour les ramasser. Il arrive également que des prises soient faites à la ligne. Le filet maillant dérivant est la technique la plus utilisée, à l’origine de la plus grande part des prises de cette espèce. Les poissons volants sont surtout ciblés par les pêcheurs de la façade caraïbe de l’île, de Grand Rivière à Anse d’Arlet. Sur la côte Est, ce sont les grands poissons pélagiques qui sont recherchés en priorité. Cette pêche est saisonnière: les prises sont plus importantes entre décembre et juillet, et diminuent entre février et mars. L’espèce dominante dans les captures est Hirundichtys affinis, mais on trouve également Cypselurus cyanopterus (Doray et Reynal, 2001). Lorsqu’ils pêchent ces espèces, les marins mettent parfois des lignes dérivantes profondes destinées à la capture des gros poissons pélagiques qui se concentrent sous les bancs de poissons volants.

La pêche à la traîne au large ou pêche «à Miquelon»

Cette pêche est pratiquée de décembre à juin à l’Est de la Martinique, jusqu’à plus de 60 milles de la côte. Au cours de la sortie, les pêcheurs parcourent de grandes distances à la recherche de vols d’oiseaux ou d’épaves à la dérive qui signalent souvent la présence de concentrations de grands poissons pélagiques. La principale espèce ciblée est la dorade coryphène Coryphaena hippurus. La pêche se fait à l’aide de une à trois lignes à main traînées près de la surface. Certains pêcheurs traînent durant toute la sortie alors que d’autres ne mettent leurs lignes à l’eau que lorsqu’ils ont repéré une concentration de poissons. Lorsque la première dorade coryphène d’une concentration a été capturée, des lignes courtes appâtées sont utilisées en dérive pour capturer les autres.

La pêche sur les hauts fonds «traîne côtière»

La traîne côtière est pratiquée essentiellement sur la façade atlantique de l’île, le long des accores ou sur des hauts fonds à l’extérieur du plateau insulaire. Elle met en œuvre des lignes lestées par un câble métallique et un plomb qui pourraient atteindre en traînant, des profondeurs de -50 à -80 m. La traîne côtière est parfois le complément d’une sortie de pêche consacrée à un autre métier: pêche à la nasse ou au filet.

La pêche associée aux DCP ancrés

Cette pêche s’est développée au début des années 1990. Elle se pratique toute l’année autour le l’île en dehors du plateau insulaire, sur des fonds de -1000 à -2000 m de profondeur (à partir de -500 à -800 m sur la côte atlantique). Les engins mis en œuvre sont la ligne de traîne et la palangre verticale dérivante («bidon»).

La pêche à la senne de plage

La senne de plage cible les petits poissons pélagiques côtiers à l’exception de quelques «sennes à bonites» qui ciblent les thonidés de petite taille. En 1987, les prises de thonidés et espèces voisines, dans les débarquements des sennes, ont été estimées à environ 70 tonnes (Gobert, 1989). Cette technique qui est de moins en moins utilisée en Martinique, n’est donc citée ici que pour mémoire.

1.2.3 Données et statistiques de Pêche

Les données statistiques traitées ici concernent tous les types de pêche exploitant les poissons pélagiques hauturiers, à l’exception de la pêche associée aux DCPs ancrés qui sera abordée dans la synthèse consacrée au développement de cette activité.

Figure 1: Effort d’échantillonnage. Nombre de fiches de pêche récoltées et nombre de pêcheurs échantillonnés. Source: livres de bord Ifremer.

Système de collecte de données

Il n’existe pas de système de collecte de statistiques de pêches en routine à la Martinique.

Un échantillonnage intensif des débarquements a été réalisé entre janvier 1987 et janvier 1988 (Gobert, 1989). Des informations détaillées ont été collectées sur les captures et l’activité en mer.

Un suivi allégé de la pêche a ensuite été effectué selon un plan d’échantillonnage défini par l’Ifremer. Il a été mis en œuvre par le Comité des Pêches pendant trois ans, entre 1991 et 1993 (Comité des Pêches, 1992, 1993 et 1994). Au cours de ce suivi, les prises par groupes d’espèces et des données sommaires sur l’effort de pêche ont été enregistrées.

De 1990 à 1995, des livres de bord, remplis par des pêcheurs professionnels volontaires exploitant les grands poissons pélagiques du large à la pêche «à Miquelon» et autour de DCP, ont été collectés chaque mois par l’Ifremer sans plan d’échantillonnage. Ces données ne sont donc pas représentatives de l’ensemble de la pêcherie. Elles sont composées de fiches de pêche représentant chacune une sortie de pêche journalière. Le nombre de fiches collectées par an et le nombre de pêcheurs ayant fourni des données ont varié d’une année à l’autre (fig. 1).

Compte tenu des faibles retours de carnets de pêche au cours des années 1991 et 1996, les traitements de données n’ont été effectués que sur les périodes 1990-1992 et 1994-1995.

Depuis juin 1998, l’Ifremer réalise le suivi hebdomadaire partiel de trois zones de débarquement de pêche de pélagiques du large. Le détail des prises (espèce, nombre, poids, taille) est noté ainsi que des données d’effort de pêche par type de pêche lors de ces échantillonnages détaillés. Ces échantillonnages ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la pêcherie et ne concernent qu’un faible nombre de sorties.

Par ailleurs, des enquêtes sur la pêche martiniquaise ont été réalisées ponctuellement. Elles peuvent être utilisées pour suivre les évolutions au sein de ce secteur d’activité. (Clément, 1980, Pary, 1989, Failler, 1996 Lagin et Lebouble, 1994, Daniel, 1995).

2. Production et effort de pêche de la pêche au large

Données de 1987 (Gobert, 1989)

Les prises de pélagiques hauturiers ont été évaluées à 1200 tonnes en 1987. Les principaux groupes d’espèces débarquées (tous métiers confondus et sur l’ensemble de l’île) étaient par ordre d’importance les poissons volants (370 t), les thons (282 t), les dorades (245 t) et les thazards (129 t). La pêche à la traîne au large était l’activité dominante avec 71,7 % des sorties de pêche aux pélagiques. Les prises montrent une grande variabilité (en poids et composition spécifique) entre sorties, zones géographiques et mois, tant pour le poisson volant que pour les grands poissons pélagiques hauturiers. Cette variabilité est imputable à plusieurs facteurs liés à l’effort de pêche et à la disponibilité des espèces. D’après Gobert (1989), le temps de pêche et la puissance des moteurs sont les paramètres d’effort de pêche relevés qui sembleraient expliquer une partie de la variabilité des prises.

En 1987, les échantillonnages réalisés sur le thon noir (Thunnus atlanticus) ont permis de mettre en évidence, à partir des distributions en tailles (données cumulées entre mai et décembre), la présence de deux cohortes correspondant à des tailles moyennes respectives de 25 et 54 cm. Ces deux cohortes correspondaient aux poissons capturés en traîne côtière et en traîne au large. Les plus jeunes thons noirs étaient capturés entre mai et octobre. Les prises échantillonnées entre janvier et avril avaient une structure en taille très étalée sans mode apparent.

Le thon jaune est capturé presque exclusivement en pêche au large avec un mode à 51 cm de juillet à décembre et un mode à 53-54 cm de janvier à juin. Le listao montre comme le thon noir une différence notable entre les prises côtières et du large: les individus de 20 à 40 cm sont capturés par la traîne côtière et ceux de plus de 40 cm par la traîne au large (Gobert, 1998).

Les données de 1991 à 1993 (Comité des Pêches, 1994)

Ces données n’apportent qu’une information sur l’exploitation des poissons hauturiers, tous types de pêche et espèces confondus. Complétant les données recueillies en 1987, elles mettent en évidence une variabilité inter annuelle relativement importante du nombre total de sorties, de la prise annuelle et du rendement moyen par sortie de la pêche des grands poissons pélagiques hauturiers (tab. 3).

Tableau 3: Comparaison des prises et effort de pêche des grands poissons pélagiques hauturiers à la traîne au large.

Année

Nombre de sorties

Production annuelle (t)

Rendement / sortie (kg)

1987

27 818

789

28,4

1991

41 879

3 684

88

1992

31 948

2 330

72,9

1993

43 423

3 230

74,38

L’exploitation des grands poissons pélagiques hauturiers représente moins d’un tiers du nombre de sorties de pêche entre 1987 et 1993. Par contre, les prises sont conséquentes et représentent à une exception près (année 1987) plus de la moitié des débarquements annuels (tab. 4).

Tableau 4: Part de l’exploitation des grands poissons pélagiques hauturiers dans la pêche martiniquaise (%)

Année

Nombre de sorties (%)

Production (%)

1987

18,2

24

1991

27,2

58,4

1992

24

51,2

1993

32,2

55,2

Données d’enquêtes ponctuelles

Les enquêtes réalisées auprès de pêcheurs professionnels en 1979 puis en 1993-1994 ont révélé que la proportion de bateaux qui pratiquent les métiers du large est restée globalement constante en Martinique (de 58,1 % à 57,6 %). Par secteur géographique, les modifications sont plus sensibles. Les secteurs Nord caraïbe, baie de Fort de France et canal de Sainte Lucie ont vu leur taux de pratique de la pêche des pélagiques hauturiers régresser alors que le nombre de navires ciblant ces espèces augmentait dans le sud Atlantique (Daniel, 1995).

En dix ans (de 1979 à 1989), le nombre moyen de sorties par semaine n’a pas changé (égal à 4), ainsi que la durée de la saison de pêche (généralement 8 mois: de novembre à juin). Une augmentation des distances parcourues induit une hausse de la consommation moyenne de carburant qui est passée de 181 à 243 litres par sortie. L’effort de pêche des poissons volants a également évolué durant ces dix années, en particulier dans les secteurs où cette activité est la plus intense. La longueur moyenne des filets a augmenté dans le nord caraïbe de 55 à 84 m et dans le canal de Sainte Lucie de 39 à 50 m (Pary, 1989).

Les données des livres de bord. Traîne au large, 1990 à 1995

Le nombre moyen mensuel de sorties de pêche par bateau est de 3. La proportion de sorties sans aucune capture (sortie nulle) est relativement constante d’une année et l’autre (environ 10 % des sorties totales).

Les rendements moyens annuels par sortie ont fluctué de 61 à 75 kg. En 1991 et 1992, ces données de rendement sont inférieures d’une dizaine de kg à celles du Comité des Pêches (fig. 2). Ces différences sont vraisemblablement dues à la méthode d’échantillonnage mais elles peuvent également être imputables au fait que les sorties nulles ont été mieux prises en compte avec les livres de bord qu’avec des enquêtes aux points de débarquement.

Figure 2: Captures moyennes par sortie à la traîne au large en Martinique en fonction de la méthode de collecte de données. Source: ORSTOM, CRPMEM, livres de bord Ifremer.

La composition spécifique montre une forte dominance des dorades coryphènes (Coryphaena hippurus)dans les prises, surtout de 1990 à 1992. La fluctuation annuelle des captures de cette espèce semble de plus influer directement sur les variations inter annuelles des captures totales moyennes par sortie de la traîne au large. On observe cependant une baisse des prises de dorades coryphènes en 1994-1995 et une augmentation de celles des Balistidés ce qui pourrait s’expliquer par l’aide à la commercialisation dont bénéficiaient ces dernières espèces à cette période. Les autres groupes d’espèces sont capturées en quantité relativement constante d’une année sur l’autre et comprennent les thonidés de moins de 14 kg, les thazards et les albacores (Thunnus albacares)(fig. 3). Il faut signaler que pendant toute la durée de la saison de traîne au large, les rendements de thonidés de moins de 4 kg restent constants alors que la pêche d’albacores diminue et que les prises de dorades chutent dès le mois de mai.

Figure 3: Captures moyennes annuelles par groupes d’espèces par sortie de traîne au large en Martinique (1990-1992 et 1994-1995). Source: livres de bord Ifremer.

Figure 4: Captures moyennes mensuelles par groupe d’espèces par sortie de traîne au large en Martinique (1990-92 et 1994-95). Source: livres de bord Ifremer.

Les durées moyennes de sortie suivent les mêmes tendances sur les deux périodes étudiées: 9 à 10 heures les trois premiers mois de l’année puis diminution pour atteindre 5 à 7 heures en juin, en fin de saison de pêche.

Les données des issues des échantillonnages détaillés de 1998 à 2001

Figure 5: captures moyennes annuelles par espèces par sortie de traîne au large en Martinique. Source: échantillonnages détaillés Ifremer

Ces données apportent des informations biologiques très fiables par espèces sur les captures échantillonnées (taille, poids...) ainsi que des paramètres d’effort de pêche très précis. Elles ne concernent cependant qu’un faible nombre de sorties.

Pour la traîne au large entre mai 1998 et mai 2001, les espèces débarquées sont principalement la dorade coryphène (Coryphaena hippurus) qui représente 52% de la production échantillonnées, puis le thazard bâtard (Acanthocybium solandri) avec 22 %, l’albacore (Thunnus albacares) avec 9% et le thon noir (Thunnus atlanticus) qui représente 3 % du poids des captures (fig. 5).

Les espèces capturées en traîne côtière sont en premier lieu le barracuda (Sphyraena barracuda) qui représente 34% du poids des débarquements échantillonnés, puis le thon noir Thunnus atlanticus (25%), le thazard blanc (Scomberomorus cavalla) avec 19% des prises, le thazard bâtard Acanthocybium solandri (6 %), la dorade coryphène Coryphaena hippurus (6%), le listao Katsuwonus pelamis (4%) et l’albacore Thunnus albacares (2 %).

Figure 6: captures moyennes annuelles par espèces par sortie de traîne côtière en Martinique. Source: échantillonnages détaillés Ifremer.

Tableau 5: Proportion de juvéniles dans les captures échantillonnées pour la traîne au large et la traîne côtière. Source: échantillonnages détaillés, Martinique.

Espèces

Traîne au large

Traîne côtière

Taille de l'échantillon

% de juvéniles

Taille de l'échantillon

% de juvéniles

Acanthocybium solandri

614

14%

48

17%

Coryphaena hippurus

793

56%

51

45%

Euthynnus alletteratus

9

0%

17

59%

Katsuwonus pelamis

342

22%

48

10%

Makaira nigricans

3

100%



Scomberomorus cavalla



247

2%

Sphyraena barracuda

20

55%

1170

68%

Thunnini



2

100%

Thunnus albacares

385

100%

70

100%

Thunnus atlanticus

202

30%

601

16%

Istiophoridae





TOTAL

2368

45%

2254

45%

Les tailles de première maturité utilisées pour calculer les pourcentages de juvéniles du tableau 5 sont celles utilisées par Doray et al. (2002). Les juvéniles représentent globalement 45% de l’effectif des prises de la traîne au large et de la traîne côtière.

En traîne au large, les espèces bien représentées dans l’échantillon et faisant l’objet de captures importantes de juvéniles sont T. albacares et dans une moindre mesure, C. hippurus. Les juvéniles de thazards et petits thonidés (T. atlanticus et K. pelamis) sont en revanche peu capturés.

En traîne côtière, l’espèce la plus représentée dans l’échantillon, S. barracuda, est capturée à 68% au stade juvénile. En revanche, les 2 autres espèces les plus représentées dans l’échantillon, T. atlanticus et S. cavalla sont peu concernées par la pêche des juvéniles.

3. Situation socio-économique et évolution

Les données sur le nombre d’hommes embarqués ont montré des différences entre les périodes 1993-1994 et 1998-2001, dues probablement au mode de collecte de l’information. En effet, au cours de la première enquête, les patrons étaient questionnés sur le nombre d’hommes embarqués pour la saison de pêche au large. La moyenne ainsi obtenue était de 2,68 par bateau (Daniel, 1995). Depuis 1998, c’est le nombre d’hommes d’équipage effectif qui a été collecté pour chaque sortie lors des échantillonnages détaillés. Dans ce cas, l’équipage est composé en moyenne de 2 hommes (incluant le patron).

A partir d’une enquête réalisée auprès de 50 patrons choisis au hasard autour de l’île, le chiffre d’affaires et les charges opérationnelles par marée ont pu être évalués pour l’année 1993, pour la traîne au large et la traîne côtière. Les chiffres obtenus sont présentés dans le tableau 6.

Tableau 6: Résultats économiques (moyennes par marée et écart-types) des principaux types de pêche des pélagiques hauturiers en 1993 (Daniel, 1995).


Traîne au large

Traîne côtière

Quantité débarquée (kg)

63 (26,17)

21 (13,05)

Autoconsommation (kg)

4 (2,49)

2 (1,21)

Prix moyen à la première vente (F)

40 (7,11)

47 (9,92)

Chiffre d’affaires (F)

2373 (1100,94)

935 (654,38)

Carburant et lubrifiant (F)

742,45 (246,63)

237,00 (155,23)

Glace (F)

22,95 (67,87)

4,29 (11,34)

Appât (F)

66,36 (136,49)

108,29 (153,34)

Rémunération des matelots (F)

564,64 (340,45)

172,00 (175,98)

Marge brute de l’activité (F)

976,09 (754,86)

413,43 (491,90)

Du fait de ces résultats économiques intéressants (au moins lors des «bonnes» années), la traîne au large attire les pêcheurs. Mais les risques liés à ce type de pêche ont freiné son développement. Cependant l’acquisition d’appareils de navigation par satellite (GPS) et les aides à l’équipement de balises de sécurité contribuent à accroître la pêche des pélagiques hauturiers. La construction par les chantiers navals locaux d’embarcations de mieux en mieux adaptées à cette pêche, favorise également les métiers du large.

Les difficultés de commercialisation pendant la saison de pêche de traîne au large ont conduit dès 1987, les autorités à contingenter les importations de poissons pélagiques (Lantz et Murat, 1990).

Annexe 1: Tailles de première maturité utilisées

Espèce

Sexe

Type de Lm

Lm mini (cm)

Lm max (cm)

Lm50 (cm)

Lm retenue (cm)

Référence

Lm citée par l'ICCAT (cm)

Acanthocybium solandri

U

FL



75

75

Battaglia, R., 1993


Coryphaena hippurus

M

FL



90

90

Hoxenford, H.A., 1986


Euthynnus alletteratus

U

FL

35



35

Collette, B.B. and C.E. Nauen, 1983

42 cm Est Atl.

Istiophorus albicans

U

EFL

81



81

Battaglia, R., 1993


Katsuwonus pelamis

F

FL



40

40

García-Cagide, A., R. Claro and B.V. Koshelev, 1994

M 51 cm / F 52 cm

Makaira nigricans

M

LJFL

161

252


161

Skillman, R. and M. Young, 1976


Scomberomorus brasiliensis

U








Scomberomorus cavalla

F

FL

58,5

114


58

Sturm, M.G. de L., 1990


Sphyraena barracuda

F

FL

58


66

66

García-Cagide, A., R. Claro and B.V. Koshelev, 1994


Tetrapterus albidus

U

FL



164

164

Mather, F.J. III et al., 1974


Tetrapterus pfluegeri

U

EFL



45

45

Battaglia, R., 1993


Thunnus alalunga

U

FL



90

90

ICCAT, 2001

90

Thunnus albacares

F

FL

125

175

130

110

Arocha F., Lee D. W., Marcano L. A., Marcano J. S.,

110

Thunnus atlanticus

M

FL



39

39

García-Cagide, A., R. Claro and B.V. Koshelev, 1994


Thunnus obesus

U

FL



100

100

ICCAT, 2001

100

Thunnus thynnus

U

FL







Xiphias gladius

F

LJFL



180

180

ICCAT, 2001

180

Lm: taille de 1ère maturité sexuelle

M: mâle F: femelle U: non sexé

Lm50: taille à laquelle 50% de l'échantillon est mature


Bibliographie

Clement J.C., 1980. Le marché des produits de la mer en Martinique. Rapport d’étude. Affaires Maritimes, service de Développement et d’Aide Technique 215 p.

Daniel P., 1995. Approche systémique des entreprises de pêche martiniquaises. Identification des points de blocage socio-économiques. Rapport d’étude, Contrat Ifremer/Région Martinique n° 90/1211221. Rapport Ifremer, Laboratoire RH Antilles: 79 p.

Doray M., Reynal L., Carpentier A., (Sous presse). Synthèse régionale sur la pêche des poissons pélagiques hauturiers et le développement des DCPs ancrés aux Petites Antilles in Rapport de la 1ère réunion du groupe de travail FAO Petites Antilles pour le développement durable de la pêche associée aux DCPs ancrés. Le Robert, Martinique, 8-11 Octobre 2001. FAO Fisheries Report No. Port-of-Spain, FAO.

Failler P., 1996. Système des relations de travail de la pêche martiniquaise. Impact du RMI et du non-enrôlement des matelots sur les relations de travail au sein de la pêche artisanale en Martinique. Rapport de synthèse, Convention n°94/1212042 Affaires maritimes/Comité des Pêches maritimes de la Martinique/Ifremer: 21 p.

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[10] Ifremer, délégation des Antilles Laboratoire de Recherche Halieutique Pointe Fort, 97231, Le Robert Martinique (F.W.I.) [email protected] [email protected] [email protected]
[11] Ifremer, délégation des Antilles Laboratoire de Recherche Halieutique Pointe Fort, 97231, Le Robert Martinique (F.W.I.) [email protected] [email protected] [email protected]
[12] Ifremer, centre de Boulogne 150, quai Gambetta BP 699 62321 Boulogne-sur-Mer Cedex France [email protected]
[13] Ifremer, délégation des Antilles Laboratoire de Recherche Halieutique Pointe Fort, 97231, Le Robert Martinique (F.W.I.) [email protected] [email protected] [email protected]

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