PESTE PORCINE AFRICAINE

La peste porcine africaine menace de nouveau l'industrie porcine du Ghana

Après plus de trois ans d'absence, la peste porcine africaine est malheureusement réapparue dans la région nord du Ghana en septembre 2002. En décembre 2002, le décès d'un nombre de porcs estimé à 7 061 têtes a été signalé suite à la maladie, alors qu'on estime à 1 743 le nombre de porcs abattus et consommés par leurs propriétaires. Le foyer dans le district de Zabzugu a probablement été introduit depuis le Togo, où il semble qu'un foyer s'est déclaré à Bassare, une ville située à environ 30 km de la frontière Ghana-Togo.

Contexte
Le Ghana, avec une population d'environ 20 millions de personnes, a une population porcine estimée à 354 678 de têtes, qui se répartit comme le montre le tableau.

Les systèmes de production porcine les plus courants au Ghana sont des systèmes d'élevage libre (en divagation), semi-intensifs et intensifs. Le lieu est un facteur déterminant du type de système adopté; dans le cas présent, la majorité des porcs dans la zone affectée sont élevés dans les systèmes semi-intensifs et en divagation.

Introduction de la peste porcine africaine au Ghana
La peste porcine africaine est endémique au Cameroun depuis 1982, dans le sud du Sénégal et en Guinée-Bissau au moins depuis les années 70, et au Cap-Vert depuis les années 60. Un foyer de peste porcine africaine semble être apparu au Nigéria en 1973. Cette maladie virale mortelle qui affecte les porcs est devenue une cause de forte inquiétude depuis le foyer inattendu de peste porcine africaine en Côte-d'Ivoire en avril 1996. Ont suivi en 1997 des foyers au Bénin, au Nigéria et au Togo, ainsi qu'une fréquence accrue au Cap-Vert.

Cette inquiétude était justifiée par la déclaration de peste porcine africaine au Ghana en octobre 1999. Le Ghana avait jusqu'alors réussi à tenir la maladie à l'écart malgré l'infection successive de ses deux proches voisins, la Côte-d'Ivoire et le Togo. Les foyers se sont déclarés dans la région du Grand Accra et dans des parties de la région de la Volta. Des mesures d'enrayement ont été prises pour éradiquer l'infection, suivies par une intensification des activités de surveillance. La quarantaine mise en place en septembre 1999 a été levée en octobre 2000. Les deux derniers foyers se sont déclarés en février 2000 et ont été rapidement étudiés et enrayés; aucun autre cas n'a été signalé ou découvert. Il a été estimé qu'environ 1 000 porcs sont morts de la maladie et 6 607 autres ont été abattus. La FAO a procédé à une intervention d'urgence par le biais du programme de coopération technique, «Assistance d'urgence pour éradiquer la peste porcine africaine du Ghana» (contribution de 306 000 dollars EU), qui s'est déroulée de décembre 1999 à début 2001.

Dans l'étude socioéconomique effectuée, il a été estimé que 13 323 494 dollars EU ont été dépensés pour éradiquer la maladie. Le Ghana a éradiqué la maladie très rapidement et les zones affectées étaient petites et limitées.

Une détection rapide a été facilitée par des années de développement de systèmes épidémiologiques avec une préparation à l'urgence grâce à des plans d'intervention d'urgence. Tout cela a été rendu possible grâce au soutien politique apporté à un service vétérinaire solide, bien équipé et motivé.

Lors du foyer de 1999, une détection précoce du foyer, lorsque le nombre des zones affectées était encore peu élevé, et l'imposition d'une interdiction de mouvement pour les porcs et la viande peu après la suspicion ont servi à minimiser le nombre des zones couvertes par les équipes d'abattage. Cette promptitude a également contribué à la réussite de la mise en œuvre de l'opération d'abattage. De plus, le virus était très virulent et cela a en soi causé un dépeuplement total des zones affectées avant que les équipes d'abattage ne les atteignent. Une levée partielle de l'interdiction d'abattage pour les grands exploitants commerciaux leur a permis de réduire leur stock et de percevoir des revenus suffisants pour couvrir les coûts de fonctionnement de leurs exploitations.

La mise en place d'une unité de diagnostic de la peste porcine africaine au sein du Laboratoire central d'Accra et les offres de formation du personnel, d'équipement et d'autres biens de consommation ont rendu possible la mise en œuvre d'activités de sérosurveillance. Le laboratoire joue encore un rôle vital et actif et a été en mesure d'effectuer des diagnostics de confirmation du foyer actuel.

Zones affectées et mesures prises suite au signalement
La zone affectée par le foyer est située à 812 km au nord-ouest de l'administration centrale vétérinaire d'Accra. La communication est bonne et les téléphones cellulaires fonctionnent dans la ville régionale la plus proche, Tamale (à environ 650 km d'Accra), qui possède également un terrain d'aviation. La zone affectée est connectée au réseau téléphonique fixe. Le réseau routier est bon, en particulier jusqu'à Tamale.

L'équipe d'intervention d'urgence/intervention rapide mise en place pendant le foyer de peste porcine africaine de 1999 était encore intacte et a été réactivée par le Directeur immédiatement après que les signalements de mortalité porcine sont arrivés du nord du pays. Cette action louable a permis la confirmation rapide du diagnostic du foyer au laboratoire vétérinaire à Accra en recourant au test d'immuno-fluorescence. La capacité de ce laboratoire en matière de diagnostic de la peste porcine africaine a été renforcée au cours du précédent projet de lutte contre la peste porcine africaine, TCP/GHA/8925, par la formation du personnel et la fourniture d'équipements et de réactifs. Des échantillons de tissus ont été préparés pour être expédiés à l'Institut vétérinaire d'Onderstepoort en Afrique du Sud et aux Etats-Unis pour une isolation et une caractérisation du virus, afin de mieux élucider les paramètres épidémiologiques de la peste porcine africaine en Afrique de l'Ouest.

Des mesures de contrôle incluent une opération d'abattage (on estime qu'environ 6 000 porcs seront abattus) et une campagne de sensibilisation de l'opinion ciblant les producteurs de porcs de la région.

Déplacements des animaux et questions commerciales
A ce jour, aucun mouvement ou marché important de porcs n'a été signalé dans la zone affectée. Les activités normales impliquent de petits négociants, principalement des femmes, qui sont dans le commerce du porc cru et cuit, et vendent essentiellement le soir et la nuit dans et autour des principales villes et des principaux centres de commerce.

Il faut préciser qu'il existe de forts liens ethnoculturels entre les populations du district de Bassari au Togo et du district de Zabzugu-Tatale au Ghana. L'échange de porcs et de produits dérivés est chose commune au cours des enterrements intéressant des personnes des deux districts. Une campagne concertée et ciblée de sensibilisation a été organisée dans les districts affectés par le responsable PACE de la communication. Les leaders d'opinion de la communauté et les petits producteurs de porcs ont été activement impliqués dans cette campagne et sensibilisés aux mesures de contrôle de la peste porcine africaine, qui affecte leurs moyens de subsistance.

Pour plus d'informations, reportez-vous au site Internet de l'OIE: http://www.oie.int/;
au site Internet EMPRES: http://www.fao.org/ag/AGA/AGAH/EMPRES/index.htm;
au Bulletin EMPRES n^o 16: http://www.fao.org/DOCREP/003/Y0482E/y0482e05.htm#I