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CONSULTATION D'EXPERTS FAO-EMPRES SUR LE BÉTAIL

La Sixième Consultation d'experts sur le système de prévention d'urgence pour les maladies animales transfrontalières (EMPRES)-Programme pour le bétail s'est tenue à Rome, en Italie, du 2 au 4 octobre 2002. Le thème de la réunion, «La mise en œuvre d'EMPRES dans un environnement de services vétérinaires publics faiblissants», a été choisi au vu de la situation actuelle dans laquelle les foyers de maladies animales transfrontalières ont augmenté et sont devenus difficiles à contrôler en raison de services vétérinaires publics affaiblis, en particulier dans les pays en développement.

La tendance des gouvernements ces dernières années à décentraliser et à privatiser nombre de leurs services a eu des répercussions particulières sur la lutte contre les maladies transfrontalières

La réunion a été ouverte par Mme Louise O. Fresco, Sous-Directrice générale, Département de l'agriculture de la FAO, qui a accueilli les participants et confirmé l'engagement continu de la FAO dans EMPRES comme programme prioritaire. Le Dr Yves Cheneau, Chef du Service de la santé animale, a attiré l'attention dans ses remarques introductives sur le thème de la réunion, qui était de traiter de la nécessité de renforcer les services vétérinaires dans les pays membres, en particulier dans le monde en développement.

La tendance des gouvernements ces dernières années à décentraliser et à privatiser nombre de leurs services a eu des répercussions particulières sur la lutte contre les maladies transfrontalières, pour laquelle une solide ligne de commandement doit être maintenue entre les autorités vétérinaires centrales et le personnel opérationnel de terrain. La libéralisation du commerce international, avec la formalisation des règles sanitaires conformément à l'Accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a créé une pression supplémentaire sur les pays pour qu'ils soient capables de démontrer qu'ils possèdent un service vétérinaire effectif, y compris une capacité de suivi et de signalement du statut des maladies du bétail. Par ailleurs, il est reconnu à l'échelle mondiale que la production et le commerce à la fois formel et informel du bétail entre les pays augmentent et représentent une menace croissante pour la propagation des maladies animales transfrontalières. Plusieurs foyers récents l'ont démontré, en particulier l'épidémie de fièvre aphteuse en 2001 au Royaume-Uni, et l'ampleur de l'inquiétude du public exprimée dans le monde lors de tels événements. Ainsi, il y a un intérêt croissant, à la fois dans les pays en développement et au sein de la communauté des donateurs, pour l'amélioration des services vétérinaires dans les pays en développement, en particulier pour améliorer la lutte contre la propagation des maladies animales transfrontalières.


Participants à la consultation d'experts FAO-EMPRES
PHOTO. FAO

Le Dr Juan Lubroth, haut fonctionnaire du Groupe EMPRES pour les maladies infectieuses, a souligné les objectifs de la réunion. Ceux-ci étaient de développer des stratégies assurant, face aux défis adressés aux services vétérinaires nationaux, que les capacités d'alerte précoce et d'intervention rapide face aux incursions de maladies animales transfrontalières ne périclitent pas. Il a insisté sur la nécessité de partager les expériences de ce qui a ou n'a pas fonctionné par le passé, le besoin de définir ce qui est attendu à l'avenir de services vétérinaires publics de qualité, et de trouver des moyens de convaincre les organisations partenaires de fournir l'assistance appropriée. Enfin, il a attiré l'attention sur le fait qu'il était essentiel de promouvoir une plus grande acceptation du besoin de travailler avec la communauté afin de trouver des mécanismes effectifs pour circonscrire les maladies animales.

Etaient présents à la réunion des experts dans divers domaines de la science vétérinaire et de la production animale, les organisations partenaires telles que l'OIE, l'UA/IBAR, le Fonds international de développement agricole (FIDA), l'Organisation panaméricaine de la santé/Organisation mondiale de la santé (OPS/OMS), la Banque mondiale, l'Union européenne (UE), l'Institut international de recherche sur le bétail (International Livestock Research Institute - ILRI), la Division conjointe FAO/AIEA et le personnel de la FAO (sur le terrain et au siège), et des observateurs. Des présentations techniques ont été faites par des experts et d'autres participants, suivies par des discussions et débats animés. Les conclusions et recommandations de la consultation d'experts du Sous-Directeur général de la FAO sont soulignées plus loin.

Question de la décentralisation des services vétérinaires gouvernementaux

La consultation d'experts a reconnu qu'une gestion effective par l'autorité vétérinaire centrale à l'égard du personnel opérationnel sur le terrain constitue une composante vitale de la lutte contre les maladies animales transfrontalières

La consultation d'experts a reconnu qu'une gestion effective par l'autorité vétérinaire centrale à l'égard du personnel opérationnel sur le terrain constitue un composante vitale de la lutte contre les maladies animales transfrontalières. La tendance commune d'encourager la décentralisation des services gouvernementaux, avec ce qui a souvent été une perte de responsabilités à la fois de contrôle financier et de gestion pour le gouvernement central au profit du terrain, est une des principales sources d'inquiétude concernant la lutte contre les maladies du bétail. En particulier, dans le contexte des conditionnalités de la Banque mondiale pour le financement, les départements vétérinaires du gouvernement national ne sont pas correctement avertis des options disponibles lorsqu'on leur présente le besoin de maintenir le contrôle de gestion.

La consultation d'experts a recommandé qu'EMPRES et le personnel de la Banque mondiale rédigent un document soulignant les contraintes spécifiques qui se posent à la lutte contre les maladies animales transfrontalières par le processus de décentralisation des budgets et responsabilités des gouvernements et décrivant les moyens par lesquels des exceptions peuvent être faites au processus, dans le cadre des conditionnalités de la Banque mondiale, afin de maintenir une autorité centralisée pour la lutte contre les maladies transfrontalières du bétail.

Formulation de projet

La consultation d'experts a reconnu l'importance des questions suivantes en présentant le dossier pour l'appui à la lutte contre les maladies animales transfrontières aux responsables politiques:

La consultation a recommandé qu'EMPRES collabore avec la Commission européenne pour mettre au point un document conceptuel guidant les pays en développement dans l'amélioration de leur stratégie pour accéder à l'aide de l'UE dans la lutte contre les maladies animales transfrontalières.

Prestation de services vétérinaires axés sur la pauvreté

Etant donné l'importance fondamentale du bétail pour les populations rurales pauvres en Afrique et le besoin de développer des services vétérinaires élémentaires appropriés dans les zones rurales, il a été recommandé qu'EMPRES promeuve la nécessité pour les services vétérinaires étatiques à la fois d'apprendre et de contribuer à la formulation des stratégies nationales de réduction de la pauvreté et du processus participatif d'évaluation de la pauvreté.

Réactualiser les Directives de la FAO pour le renforcement des services de santé animale dans les pays en développement

La consultation d'experts a recommandé que le document des Directives de la FAO pour le renforcement des services de santé animale dans les pays en développement soit revu à la lumière des changements survenus depuis sa publication en 1991, reconnaissant en particulier le besoin de prendre en compte les directives de l'OIE pour l'évaluation des services vétérinaires.

Plan mondial d'action contre les maladies animales transfrontières

La Conférence scientifique internationale OIE/FAO sur la fièvre aphteuse, qui s'est tenue à Paris en avril 2001, a reconnu la nécessité d'accorder une attention particulière aux programmes coordonnés internationalement pour la lutte contre la peste bovine, la fièvre aphteuse et la peste porcine classique et africaine. Le cadre pour une action mondiale sera développé au cours de l'année prochaine, dans lequel les différentes régions du monde et les gouvernements nationaux peuvent développer leurs priorités. La consultation d'experts a avalisé cette initiative.

Des mécanismes doivent être développés pour permettre aux services vétérinaires nationaux et aux agences internationales, y compris la FAO, de promouvoir plus fortement les besoins et les bénéfices d'une lutte contre les maladies animales transfrontières à tous les niveaux, des responsables politiques nationaux à la communauté des éleveurs.

Systèmes de prestation de services vétérinaires dans les zones éloignées et peu sûres

Les systèmes de prestation de santé animale communautaire (Community-based animal health - CAH) dans les zones éloignées et mal desservies sont des outils clés du renforcement des services vétérinaires des pays en développement. Des services vétérinaires de qualité sont essentiels pour la lutte et l'éradication des maladies animales transfrontières.

Il a été recommandé qu'EMPRES fournisse un appui et des directives plus approfondis pour le développement de systèmes de prestation CAH. Ce faisant, EMPRES devrait prendre en compte le rôle des associations d'exploitants et la possibilité d'intégrer les systèmes de prestation CAH dans des programmes de développement général, y compris des initiatives de gestion des conflits.

Etant donné l'importance de la participation de la communauté dans la lutte contre les maladies animales transfrontalières et le besoin d'améliorer le flux à double sens des informations sur les maladies animales transfrontalières entre les communautés et l'épidémiologie nationale, EMPRES devrait promouvoir une utilisation plus large de l'épidémiologie participative par les services vétérinaires gouvernementaux.

Améliorer la sensibilisation de l'opinion publique

La consultation d'experts a conclu que les services vétérinaires nationaux n'ont généralement pas beaucoup de succès pour promouvoir la nécessité d'une lutte contre les maladies animales transfrontières face à leurs responsables politiques, et que cette insuffisance se reflète aux niveaux tant du budget national que du succès à obtenir l'appui des donateurs.

Il a été recommandé que des mécanismes soient développés pour permettre aux services vétérinaires nationaux et aux agences internationales, y compris la FAO, de promouvoir plus fortement les besoins et les bénéfices d'une lutte contre les maladies animales transfrontalières à tous les niveaux, des responsables politiques nationaux à la communauté des éleveurs.

Régionalisation et commerce

Il existe une prise de conscience croissante de l'importance vitale du commerce du bétail et des produits dérivés pour le développement de nombreuses régions du monde. Tous les problèmes qui entravent le commerce, y compris les maladies animales transfrontalières et la sécurité alimentaire, doivent être abordés pour accéder à des marchés lucratifs. Ce travail peut inclure la considération de la nécessité de directives régionales pour le commerce, non comme des normes inférieures aux standards internationaux, mais comme un moyen de parvenir à des améliorations progressives des normes sanitaires pour le commerce du bétail et des produits dérivés.

Il a été recommandé que des efforts soient faits pour définir plus clairement les contraintes techniques, de commercialisation, financières et sociologiques qui se posent à ce type de commerce et d'identifier les stratégies et les mécanismes permettant de les surmonter. Une approche qui devrait être étudiée est la faisabilité de la mise en place de zones d'exportation dans les pays, si possible par le biais de partenariats privés/publics, où peuvent être concentrés les efforts de production, de lutte contre les maladies certifiées, de transport et de commercialisation.


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