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BRÉSIL[9]


1 INTRODUCTION

Avec une superficie de 8,5 millions de kilomètres carrés, le Brésil occupe environ la moitié de l’Amérique du Sud. Son territoire est situé pour l’essentiel entre l’Équateur et le tropique du Capricorne. La grande diversité des cultures s’explique par l’immensité et la variété du territoire. Les régions les plus importantes du point de vue agricole sont le Sud, le Sud-Est et le Centre-Ouest.

Selon le recensement agricole de 1995/96, les superficies cultivées occupent environ 50 millions d’hectares et les pâturages environ 178 millions d’hectares. Les principaux produits agricoles sont le café, le sucre, le soja, le manioc, le riz, le maïs, le coton, les haricots et le blé. Le Brésil produit environ 20 milliards de litres de lait par an et se place à la sixième ou septième place mondiale. La production de viande est de l’ordre de 15 millions de tonnes (troisième rang mondial).

L’agriculture représente environ 10 pour cent du PIB, emploie environ 20 pour cent de la main d’œuvre et environ 20 pour cent des revenus d’exportation lui sont imputables. Le soja et les produits dérivés, le café, le sucre, le jus d’orange et la viande sont les principaux produits d’exportation.

De profondes transformations sont intervenues dans l’économie brésilienne au cours de la dernière décennie. L’interruption du processus inflationniste est fondamentale et s’est traduite par des modifications allant dans le sens du renforcement de l’efficacité, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Dans le secteur public, il a été nécessaire, pour parvenir à un équilibre budgétaire à long terme, de modifier les procédures, surtout celles liées à l’élaboration et à la mise en place des politiques. Le processus budgétaire, qui le plus souvent n’était pas contraignant par le passé, joue maintenant un rôle de plus en plus important dans la détermination des priorités.

Ces transformations concernent également les politiques commerciales. Au début des années 90, le Brésil a encouragé une réforme fondamentale de ses droits de douane. Il avait déjà engagé des discussions avec l’Argentine, pour la création d’une zone de libre échange entre les deux pays. L’abandon du protectionnisme antérieur au profit de modalités plus libérales, dans les échanges, a encore renforcé l’efficacité du secteur privé, notamment dans l’agriculture. Le chemin à parcourir pour parvenir à la libéralisation des échanges, tant dans l’agriculture que dans les autres secteurs, est encore long, mais la portée de ce processus dépendra de manière significative de la volonté des partenaires commerciaux du Brésil de poursuivre la libéralisation et du résultat des négociations commerciales multilatérales.

Les politiques agricoles ont également subi des modifications importantes au fil des années. Au cours des années 70 et pendant une partie des années 80, les crédits subventionnés ont été les instruments essentiels du soutien intérieur. Vers la moitié des années 80, l’accent a été mis sur la baisse des crédits et le soutien intérieur reposait essentiellement sur des mécanismes de soutien des prix, les pouvoirs publics ayant constitue des stocks de nombreux produits. L’analyse de ces politiques a montré qu’elles avaient une portée limitée sur l’efficacité et qu’elles conduisaient à une hausse du prix des terres, à une concentration accrue de la propriété foncière et à une détérioration de la répartition des revenus (Brandão et Carvalho, 1992; Brandão et Rezende, 1989). Ces politiques ont été pour la plupart abandonnées dans les années 90, du fait des difficultés financières du secteur public, et de nos jours, le soutien interne accordé à l’agriculture commerciale, n’est pas déterminant.

Au début des années 70, le Brésil a encouragé une réforme totale du système de recherche agricole, avec la création de l’EMBRAPA (Office brésilien de recherché publique) et en investissant considérablement dans la formation des experts. Depuis, la plupart des gouvernements ont maintenu le cap, pour les politiques agricoles, et le Brésil est maintenant doté d’un système solide de recherche agricole auquel on est redevable, en grande partie, de l’accroissement très net de la productivité observée dans le secteur.

L’évolution de l’économie mondiale a aussi entraîné des modifications. L’Accord du Cycle d’Uruguay a imposé de nouvelles limites aux types de politiques qui peuvent être mises en place. De même, des accords régionaux comme le MERCOSUR, ont établi d’autres restrictions dans les politiques d’échanges. Le Brésil s’est aussi engagé dans des négociations en vue de la création d’autres zones de libre échange, comme celles entre le MERCOSUR et l’UE, la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) et d’autres accords bilatéraux, comme l’accord de coopération qui vient d’être signé avec le Mexique.

On relève une forte demande de politiques sociales, portant sur des initiatives comme la réforme agraire et les programmes de réduction de la pauvreté. Dans cette optique, et en tenant compte des restrictions budgétaires auxquelles sont confrontées les autorités brésiliennes et des réglementations du système d’échanges internationaux, il ne restera pas beaucoup de place pour la mise en place de mesures de soutien interne, comme celles adoptées avant les années 90. Les points susmentionnés et le fait que le Brésil dispose d’avantages comparatifs pour les produits agricoles et dérivés de l’agriculture, font que les négociations sur les échanges agricoles occupent une place prioritaire dans l’ordre du jour économique des autorités brésiliennes.


[9] Étude réalisée pour la FAO par Antônio Salazar P. Brandão, professeur d’économie à l’Université de Rio de Janeiro (UERJ). Nous remercions Alexandre Pessôa Brandão pour l’aide fournie lors de la préparation des données et Ignez Vargas pour les suggestions concernant une version antérieure du présent document.

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