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6. Conteneurs et cales à poisson


6.1 Conception des caisses et des conteneurs isothermes pour les pirogues et les bateaux de pêche artisanale

Des conteneurs de types et de matériaux très différents sont utilisés pour le transport de la glace et du poisson, depuis les simples paniers de roseaux, de bambou, de canne ou d'herbes tressés aux caisses en bois, en métal et en plastique. Des isolants tels que ceux présentés au Chapitre 5 sont utilisés pour la fabrication de ces conteneurs afin de retarder la fusion de la glace. Le choix des matériaux dépend dans une grande mesure des conditions économiques locales et du type de pêche.

Bien que les estimations varient, les pertes de poisson frais en milieu tropical et subtropical sont parfois très importantes, et c'est principalement entre sa capture et sa vente au point de débarquement que le poisson perd l'essentiel de sa qualité et de sa valeur. La disponibilité et l'utilisation accrues de conteneurs bien conçus sur les pirogues et les bateaux de pêche artisanale limiteront probablement les pertes de poisson frais dans les pêches artisanales.

Plusieurs facteurs font cependant obstacle à cet objectif. Citons notamment le coût assez élevé des conteneurs isothermes, généralement produits dans les pays industrialisés et donc importés. La dépense supplémentaire que représente l'achat de caisses en métal ou en plastique suffit parfois à dissuader les pêcheurs. Ils se tournent plus volontiers vers les paniers ou d'autres conteneurs de fabrication locale qui leur reviennent moins cher à l'achat. A mesure que la pêche se développe et que la qualité des produits devient plus importante, ils ont davantage tendance à opter pour les caisses en métal ou en plastique.

Dans certaines régions tropicales, le coût et la disponibilité de la glace posent davantage problème que le coût des glacières. Indépendamment des obstacles technologiques qui se posent parfois, on pourrait améliorer la conception et la construction des conteneurs isothermes de fabrication locale, ce qui permettrait aux artisans-pêcheurs de les acheter plus facilement et à moindre coût.

6.2 Conteneurs à poisson isothermes

Les conteneurs isothermes embarqués sur les pirogues et les bateaux de pêche artisanale visent essentiellement à:

La capacité des conteneurs isothermes à retarder la fusion de la glace est un critère important d'évaluation et de sélection. Les avantages que présentent ces conteneurs seront probablement davantage appréciés par les artisans-pêcheurs des pays tropicaux où la glace fond beaucoup plus vite que dans les climats froids ou tempérés.

6.2.1 Facteurs de conception et aspects relatifs à la fabrication des conteneurs isothermes

De manière générale, les conteneurs isothermes portables ou fixes présentent les caractéristiques suivantes:

On trouvera au Tableau 6.1 des informations relatives aux caractéristiques physiques de certains matériaux utilisés pour la fabrication des conteneurs à poisson.

6.2.2 Conteneurs isothermes fabriqués dans le commerce

Il existe dans le commerce une vaste gamme de conteneurs isothermes dont les caractéristiques sont adaptées à différents besoins: type de manutention, taille, pouvoir isolant, mode de transport, solidité, durabilité et matériaux de construction. Dans les pays en développement, il s'agit souvent d'articles importés, ce qui veut dire qu'ils sont coûteux notamment par rapport aux caisses sans isolation et aux conteneurs traditionnels de fabrication locale.

TABLEAU 6.1
Caractéristiques de certains matériaux utilisés pour la fabrication des conteneurs à poisson1

Type de matériau

Densité

Conductivité thermique

Résistance des matériaux

Résistance à la traction

Résistance à la flexion


(kg/m3)

(W m-1 h-1 °C-1)

(kg/mm2)


Bois tendre

350-740

0,11-0,16

5-8

8-12

Bois dur

370-1,100

0,11-0,255

8-14

10-15

Contreplaqué 2

530

0,14

3,5-9,3

variable

Alliage d'aluminium

2 740

221

20-30

30-40

Acier doux

7 800

45,3

24-43

20-28

Plastique renforcé de fibre de verre

64-144

0,036

20-50

30-100

Polyéthylène haute densité

960

0,5

5-10

13-15

Zostères intercalées dans du papier fort (non comprimées)

73,6

0,036

-

-

Zostères intercalées dans de la toile de jute (non comprimées)

215

0,049

-

-

Toile de jute (non comprimée)

107

0,036

-

-

Feuille de polyéthylène recouverte de deux couches de toile de jute et d'une autre feuille de polyéthylène (non comprimées)

500

0,054

-

-

Feuille de polyéthylène recouverte de quatre couches de toile de jute et d'une autre feuille de polyéthylène (non comprimées)

580

0,046

-

-

Panneau isolant en fibre de canne (non comprimée)

216

0,048



1 Les chiffres sont fournis à titre purement indicatif étant donné la grande diversité des matériaux.
2 Résistance à la traction du contreplaqué trois plis en parallèle du grain de surface; les panneaux de contreplaqué ont une résistance à la flexion correspondant environ à 85 pour cent de celle d'une poutre pleine de même taille et de même bois.

Par ailleurs, il est sûr que les conteneurs isothermes n'ont parfois pas pu trouver leur place dans les pêcheries des pays en développement du fait de leur taille ou de leur capacité. En effet, le matériel et les installations nécessaires à la manutention des grands conteneurs remplis de glace et de poisson, comme les grues et les chariots à fourche, font souvent défaut dans ces pêcheries. Dans la plupart des sites où les artisans-pêcheurs débarquent leurs prises, la manutention est encore manuelle, ce qui limite nécessairement la taille des conteneurs utilisables.

Les conteneurs isothermes sont fréquemment fabriqués en plastique renforcé de fibre de verre et en polyéthylène haute densité (PEHD) et isolés avec des mousses plastiques.

L'un des modèles le plus souvent employé dans le secteur de la pêche est fabriqué en PEHD à double paroi et isolé en mousse polystyrène ou polyuréthane expansée. Ils sont généralement monoblocs et fabriqués par rotomoulage. Les parois en PEHD ont une épaisseur de 3 à 6 mm, et l'épaisseur totale varie en fonction de la taille et de la capacité du conteneur. Ces conteneurs se prêtent à une manutention relativement brutale et sont jugés préférables à ceux construits dans d'autres matériaux, comme le plastique renforcé de fibre de verre qui a tendance à être plus cassant, moins résistant au choc et fracturable.

ENCADRÉ 6.1
Recommandations pour la manutention des conteneurs en PEHD

  • Ces conteneurs ne doivent pas être percés par des couteaux, des gaffes ou des aiguilles qui endommageraient la couche de PEHD protégeant la mousse polyuréthane, ce qui réduirait sensiblement leur efficacité thermique et leur durée de vie.

  • Ils ne doivent pas être exposés à des températures de plus de 50 °C ou de moins de -40 °C; il ne faut pas les exposer à une flamme nue.

  • Bien que fabriqués à partir de matériaux résistants au choc, ils ne doivent pas être soumis à des stress mécaniques intenses (comme des charges trop lourdes ou une manutention d'une brutalité excessive).

  • Après utilisation, il faut bien les nettoyer à l'eau, avec des détergents liquides ou moussants, des brosses et des éponges, à la main ou avec des nettoyeurs haute pression. Il ne faut les ranger qu'une fois qu'ils sont bien secs; en effet, une fois fermés, l'eau ne s'évapore quasiment plus et l'humidité peut favoriser l'apparition de moisissures et de bactéries. Il ne faut pas utiliser de solvants organiques pour nettoyer les conteneurs en PEHD.

TABLEAU 6.2
Caractéristiques techniques et conductance thermique de quelques conteneurs en PEHD

Capacité nette

Epaisseur de polyuréthane

Conductance thermique

Poids approximatif

(litres)

(mm)

(W m-2 °C-1; kcal m-2 °C-1)

(kg)

70

30-50

0,546 (0,4695)

12

200

30-50

0,388 (0,3336)

25

450

30-50

0,388 (0,3336)

63

680

57-63,5

0,310 (0,2668)

66

Source: Fabricants canadiens et danois de conteneurs isothermes en PEHD.

Le PEHD est néanmoins un matériau coûteux, issu de la pétrochimie, et dont le prix varie en fonction des cours du pétrole. Si on y fait attention, les conteneurs isothermes en PEHD ont une durée de vie de cinq à sept ans. En revanche, ils ne sont normalement pas réparables et doivent être remplacés en cas de rupture. Les conteneurs en polyéthylène de densité moyenne peuvent cependant être ressoudés. LE PEHD est censé supporter des températures de 100 °C à -40 °C. A faible température, il devient cependant cassant, ce qui explique que les conteneurs en PEHD ne sont pas recommandés dans les environnements froids, par exemple dans les chambres de congélation du poisson. On trouve dans le commerce des conteneurs ayant une capacité de 50 à 1 100 litres. Des recommandations pour la manipulation des conteneurs en PEHD sont fournies à l'Encadré 6.1. Leur efficacité thermique varie en fonction de leur conception et de leur utilisation. Au Tableau 6.2, on trouvera des indications sur la conductance thermique de quelques conteneurs PEHD employés pour réfrigérer le poisson.

6.2.3 Conteneurs isothermes de fabrication locale

Dans les pays en développement, on utilise des matériaux très divers pour fabriquer des conteneurs isothermes: bois, contreplaqué, bambou, feuilles métalliques (en acier galvanisé ou en alliage d'aluminium), nipa, feuilles de palmier, copeaux et sciure de bois, herbe et paille sèche, bourre de coco et balle de riz. Depuis quelques années, ces pays se tournent vers les plastiques comme le polystyrène expansé, les feuilles de polyéthylène, le PVC et le plastique renforcé de fibre de verre. Les artisans-pêcheurs ont peu à peu pris conscience des avantages que présentent les conteneurs isothermes et des efforts ont été engagés pour fabriquer des bons conteneurs à partir des matériaux disponibles localement. Dans la plupart des régions tropicales, l'innovation consiste principalement à intégrer des matériaux isolants dans les conteneurs à poisson fabriqués sur place; on dispose ainsi de conteneurs améliorés qui, comme les modèles d'origine, sont pratiques, peu coûteux et adaptés aux conditions locales.

On a aussi cherché à mettre au point des conteneurs isothermes adaptés aux pirogues et aux petites embarcations, au type de pêche, au volume des captures et aux caractéristiques de l'espèce la plus souvent capturée. L'aspect capital pour la fabrication locale des conteneurs isothermes demeure la sélection et la disponibilité des matériaux isolants, la présence d'ouvriers spécialisés dans la fabrication et la réparation des conteneurs et la formation des pêcheurs en cours d'emploi pour leur apprendre à bien manipuler les conteneurs afin de ne pas les endommager et donc, de ne pas réduire leur pouvoir isolant. Dans plusieurs régions tropicales, des conteneurs isothermes fabriqués localement pour les besoins de la pêche artisanale ont donné de bons résultats. Le Tableau 6.3 présente plusieurs de ces projets (voir également les Figures 6.1 et 6.2, pages 80 et 81).

L'adoption de conteneurs améliorés ou de nouveaux types de conteneurs isothermes par les artisans-pêcheurs tient à plusieurs facteurs. Il faut donc procéder à des essais de terrain pour s'assurer de leur efficacité et recueillir des données économiques en situation de travail. Dans la pratique, la viabilité d'un conteneur de fabrication locale dépendra des priorités des pêcheurs et des exigences du marché (exportation ou marchés locaux). Si les conteneurs sont trop lourds, de capacité insuffisante en raison de la place qu'occupe l'isolant, ou trop fragiles pour les conditions de travail à bord, les pêcheurs ne les utiliseront pas régulièrement. L'hygiène et le nettoyage facile des conteneurs sont également des facteurs importants si les poissons sont exportés.

Dans certains pays tropicaux, on utilise très souvent des conteneurs moulés en polystyrène expansé, de fabrication locale, pour réfrigérer le poisson à bord des bateaux de pêche artisanale. Aux Philippines par exemple, des glacières moulées en polystyrène expansé d'une capacité de 30 à 40 kg (dimensions intérieures approximatives: L = 51 cm × l = 35 cm × H = 35 cm) sont embarquées sur les pirogues à balancier et les petits bateaux de pêche pour réfrigérer, transporter le poisson (en mer et à terre) et le commercialiser. Le polystyrène est protégé par un cadre extérieur en bois ou des parements d'acier galvanisé qui soutiennent et protègent le conteneur et résistent à une manutention brutale. La Figure 6.3 (p. 83) présente un modèle de ce type. Les principaux avantages de ces conteneurs sont:

TABLEAU 6.3
Quelques conteneurs isothermes fabriqués localement pour la pêche artisanale

Zone géographique

Caractéristiques du conteneur

Type de bateau de pêche

Références

Asie (India)

Capacité: 175-200 kg de mélange glace/poisson

Poids: 40 kg

Conception: plastique renforcé de fibre de verre et mousse polyuréthane de 70 mm d'épaisseur, orifice de drainage de 10 mm de diamètre

Réalisation d'études de viabilité technique et financière basées sur des essais entrepris sur huit bateaux

Bateaux traditionnels de 5 à 12 m de long, à coque en bois, appelés navas

FAO (1991)

Afrique (Sénégal)

Capacité: 0,9-1,3 tonnes de poisson

Poids: 200 kg (deux trappes) et 270 kg (trois trappes)

Conception: plastique renforcé de fibre de verre et mousse polyuréthane de 100 mm d'épaisseur, drainage par conduite en PVC. Fabriqué sur mesure pour les pirogues locales

Réalisation d'études de viabilité technique et financière basées sur des essais entrepris sur plusieurs bateaux (rapport d'évaluation, Phase I, Projet: Amélioration de la conservation du poisson à bord des pirogues, CAPAS, Sénégal, 1983 et projet FAO GCP/INT/398/ NOR)

Par la suite, plusieurs expériences ont été tentées en République unie de Tanzanie, au Kenya, en Gambie, en Guinée-Bissau et en Guinée pour introduire dans ces pays des conteneurs isothermes de même conception

Pirogues traditionnelles, à coque en bois, de 14 à 18 m de long équipées de moteurs hors-bord

FAO (1985)

Asie (Indonésie)

Volume nominal: 5,15 m3. Dimensions extérieures approximatives: L = 4,96 m × l = 1,33 m × H = 0,78 m

Conception: conteneur isotherme d'EMRG fabriqué à partir de planches de bois, de mousse polystyrène expansée, avec revêtement intérieur de plastique renforcé de fibre de verre. Spécialement conçu pour les senneurs locaux.

Des études de viabilité technique ont été réalisées par l'Institut de recherche en technologie halieutique de Djakarta, suite à des essais effectués à bord d'un bateau prototype. En 1986, 3 ans après l'introduction de ce conteneur d'EMRG dans le détroit de Bali, environ 78 senneurs avaient adopté le même modèle.

Senneur traditionnel de 12,2 m de long (principale espèce capturée: Sardinella longiceps).

Putro (1986)

Asie (Indonésie)

Capacité: 48 kg de mélange glace/poisson

Poids: 24 kg

Dimensions extérieures: L = 1 025 mm × l = 295 mm (haut) et 260 mm (bas) × H = 400 mm

Conception: plastique laminé renforcé de fibre de verre monté sur un conteneur isotherme de mousse polystyrène expansée de 25,4 mm d'épaisseur, garni de contreplaqué 6,5 mm et protégé d'un cadre à cornières en aluminium. Il y a un couvercle de 505 mm × 280 mm à chaque extrémité de la surface supérieure. Les deux couvercles sont garnis d'un joint d'étanchéité en caoutchouc de 20 mm × 10 mm. Des cordages résistants font office de poignées aux deux extrémités et permettent de soulever le conteneur. Un tuyau de drainage en PVC de 10 mm avec obturateur est posé sur l'une des faces latérales du conteneur. Conception adaptée aux pirogues locales. Deux modèles ont été fabriqués. Le second n'était pas revêtu de plastique renforcé de fibre de verre; la coque extérieure était constituée d'un cadre de bois et de contreplaqué, de mousse polyuréthane expansée de 25,4 mm d'épaisseur et d'une feuille d'aluminium. Les dimensions extérieures étaient les mêmes dans les deux modèles. Le second prototype pesait 17 kg.

Pirogues à balancier traditionnelles, non motorisées utilisées pour la pêche (LHT 4-6 m). En moyenne, ces pirogues capturent à la palangrotte profonde entre 10 à 20 kg de vivaneaux rouges par jour. Il leur arrive rarement de pêcher de grosses quantités, de l'ordre de 40 kg/ jour.

FAO (1992a)

Asie (Indonésie)

Le modèle en bois coûtait environ moitié moins cher que celui en plastique renforcé de fibre de verre. Ces conteneurs ont été spécialement conçus pour réfrigérer les vivaneaux rouges qui constituent l'espèce la plus abondante en pêche profonde et celle visée dans les plans d'exportation du projet.

Les premiers essais de terrain ont été réalisés sur deux pirogues; par la suite, ils ont été poursuivis dans le cadre du projet de développement de la zone côtière de la baie de Cenderawasih (PNUD/FAO INS/88/0911)

A la fin de la journée, les pirogues transfèrent leurs prises sur un bateau-mère où elles sont stockées en cale.


Amérique du Sud (Equateur)

Capacité: plusieurs modèles ont été fabriqués, avec des volumes nominaux de 1,166 m3 à 1,224 m3

Poids: de 72 à 89 kg avec les couvercles

Conception: trois modèles de conteneurs isothermes ont été fabriqués: a) flancs en bois (cadre en bois et en contreplaqué), et revêtement en bois recouvert de mousse polystyrène expansée de 25 mm d'épaisseur; b) idem, mais avec un revêtement de feuilles d'acier galvanisé; c) idem, mais avec un revêtement de plastique renforcé de fibre de verre et de mousse polyuréthane. Le dernier modèle a été jugé le plus prometteur étant donné sa légèreté et sa solidité.

Quatre conteneurs isothermes en stratifiés de plastique renforcé de fibre de verre ont été fabriqués et des tests de durabilité ont été réalisés dans le cadre du projet ODNRI/ODA (Institut des ressources naturelles pour le développement outre-mer/Agence de développement outre-mer) en collaboration avec le Instituto Nacional de Pesca. Durant les dernières années, un autre conteneur sur mesure en stratifiés (avec une isolation de mousse polyuréthane de 50 mm d'épaisseur) a été testé sur le terrain et introduit dans plusieurs communautés d'artisans-pêcheurs au titre du projet Programme de coopération technique pour la pêche (UE-VECEP ALA 92/43) et a également donné de bons résultats. D'autres conteneurs du même type ont également fait l'objet de tests sur le terrain en Colombie dans le cadre du même projet.

Pirogues et petites embarcations traditionnelles de pêche; les conteneurs de type a), b) et c) ont toutefois été spécialement conçus pour des bateaux en plastique renforcé de fibre de verre (LHT 7,2-7,5 m) pêchant la coryphène (Coryphaena sp.)

Wood and Grijalva (1988) Acero, (1997)1; Tilman(1999)2

1 Acero, 1997. Communication personnelle relative aux essais de terrain de conteneurs isothermes réalisés en Colombie sur des bateaux de pêche artisanale, avec références à un projet pilote sur l'introduction de conteneurs isothermes en Equateur dans le cadre du projet EU-VECEP ALA 92/43.

2 Tilman, 1999. Communication personnelle, avec références à l'introduction de conteneurs isothermes en Equateur dans le cadre du projet EU-VECEP ALA 92/43.

Leurs principaux inconvénients sont:

Ces glacières sont très souvent utilisées pour transporter par route les crevettes et les espèces de poisson réfrigérées de valeur élevée; leur durée de vie utile serait de 8 à 10 longs voyages (soit quelque deux mois) pour celles protégées d'un cadre en bois, et de 20 à 24 voyages (de cinq à six mois) pour celles revêtues d'acier galvanisé.

FIGURE 6.1
Exemple de caisse isotherme fabriquée sur mesure (Afrique occidentale)

Vue éclatée des plans

Source: FAO, 1985.

6.2.4 Caisses à poisson non isolées de fabrication locale

Quand les caisses à poisson en plastique coûtent trop cher, on utilise souvent des caisses en bois qui sont faciles à fabriquer avec des outils ordinaires, peuvent aisément être réparées et sont moins coûteuses que les glacières en plastique importées. La Figure 6.4 (p. 76) présente une caisse en bois semblables à celles construites localement pour stocker le poisson frais sur glace. On trouve toujours assez facilement du bois de type et de dimensions convenables. Autre avantage des caisses fabriquées localement, on peut leur donner les dimensions voulues pour les espèces locales. C'est un aspect important car le poisson ne doit pas être plié ou tordu dans les caisses lors du glaçage.

FIGURE 6.2
Caisse à poisson isotherme de forme standard (Inde)

Note: toutes mesures sont données en millimètres (mm)

Les caisses en bois présentent cependant plusieurs inconvénients: elles sont lourdes et absorbent l'humidité, qu'il s'agisse de mucus, de sang, d'autres débris de poisson ou de bactéries. La contamination peut alors se propager au poisson, ce qui accélère son altération ou son infection par des organismes pathogènes. Pour maintenir de bonnes conditions d'hygiène dans les caisses en bois, il faut les laver et les brosser immédiatement après utilisation avec une solution désinfectante contenant du chlore ou un autre agent nettoyant. Outre le lavage et la désinfection systématique des caisses, on les tapisse souvent de feuilles de polyéthylène pour que le poisson ne soit pas directement en contact avec le bois. Les feuilles de polyéthylène doivent être jetées après usage.

6.3 Conception de la cale à poisson

A la construction d'un nouveau bateau de pêche, on peut d'emblée prévoir et installer une cale à poisson d'une efficacité optimale, ce qui permet d'éviter les difficultés liées au rééquipement et à la réhabilitation thermique des cales de bateaux existants.

6.3.1 Casiers, étagères ou caisses: avantages et inconvénients

Sur les bateaux de pêche artisanale à pont étroit, les captures sont généralement entreposées de la manière suivante: empilées au fond de la cale; mises sous glace au fond de la cale; entreposées sous glace dans des compartiments individuels; entreposées sous glace sur des étagères individuelles; conservées sous glace dans des caisses à poisson; conservées sous glace ou dans de l'EMRG dans des bacs ou des réservoirs isothermes.

Dans toute la mesure du possible, on évitera les deux premières méthodes pour ne pas endommager le poisson et lui faire perdre ainsi sa qualité et sa valeur. Les captures peuvent également être abîmées lors des déplacements des membres d'équipage dans la cale. En outre, le poisson stocké en fond de cale est comprimé par le poids des couches supérieures; plus le tas est haut, plus les poissons seront endommagés du fait de la compression. De plus, les couches inférieures baignent dans les déchets fluides et sont contaminées par les bactéries. L'écoulement de l'eau de fusion de la glace sur le poisson entreposé en fond de cale aura tendance à le nettoyer, à condition qu'il y en ait assez.

L'un des avantages du stockage en compartiments individuels est que l'on peut trier les captures par espèce, par taille, etc. Les problèmes dus aux meurtrissures par compression, aux pertes de poids et à la contamination continuent cependant à se poser.

On peut améliorer les compartiments de stockage en vrac en aménageant des étagères à différentes hauteurs, ce qui permet de ne pas écraser les couches inférieures de poisson. Des travaux de recherche appliquée réalisés sur des bateaux de pêche commerciale en Nouvelle-Angleterre par New England Fisheries Development Foundation Inc. ont permis de définir un écart optimal de 53 à 61 cm (21-24") entre les étagères. D'autres études sur le stockage du poisson frais en étagères réalisées en Europe et au Canada concluent aux mêmes résultats.

FIGURE 6.3
Modèle commun de caisse en styromousse, avec couvercle et cadre de protection en bois


FIGURE 6.4
Modèle commun de caisse à poisson en bois, non isolée, de fabrication locale

L'un des inconvénients liés au stockage du poisson en vrac est qu'il nécessite davantage de manutention. Les prises sont en effet manipulées de leur capture jusqu'au stockage en cale, puis de nouveau sur le quai lors du débarquement, d'où une accumulation de retards et de dégâts causés au poisson. Dans certains pays où la manutention est coûteuse, on s'est employé à rationaliser le processus. Au Canada par exemple, on intercale des filets entre les couches de glace et de poisson, ce qui permet de débarquer le poisson couche après couche, en utilisant le mât de charge, plutôt que de transférer les poissons un par un dans des caisses qui sont ensuite débarquées de la cale. Ce système n'est pas parfait non plus car une partie des captures est abîmée par les filets au cours du débarquement. On utilise aussi des pompes à poisson, mais surtout pour les petites espèces pélagiques. Certains systèmes de pompage peuvent endommager les poissons de plus grande taille, ce qui implique une déperdition supplémentaire de qualité et donc des prix plus bas.

L'une des meilleures solutions pour protéger les captures et minimiser la manutention est d'utiliser des caisses de transbordement empilables et, depuis quelques années, des conteneurs ou des bacs plastiques isothermes.

Il existe des caisses de transbordement en bois, en métal ou en plastique, chaque matériau présentant des avantages et des inconvénients, comme on peut le voir au Tableau 6.4.

Dans de nombreux pays, les caisses en plastique sont devenues la norme pour le stockage du poisson frais à bord des navires de pêche étant donné les avantages évidents qu'elles présentent par rapport à d'autres matériaux. C'est notamment le cas quand les captures sont destinées à l'exportation. Les marchés d'exportation exigent systématiquement des produits de haute qualité et de bonnes normes d'hygiène que l'on peut respecter au mieux en utilisant des caisses de transbordement en PEHD (voir la Figure 6.5).

Les différences entre les divers modèles de caisses de transbordement en plastique tiennent essentiellement au stockage des caisses vides. Certaines sont emboîtables, ce qui est extrêmement utile quand on manque de place comme c'est souvent le cas sur les bateaux de pêche artisanale. Les modèles non emboîtables sont généralement employés sur les gros bateaux comme les chalutiers de pêche fraîche où l'espace ne joue pas un rôle aussi important. Toutes les caisses de transbordement en plastique sont aujourd'hui conçues pour que l'eau de fusion et les déchets qui s'écoulent des caisses au sommet de la pile ne pénètrent pas dans les caisses du dessous.

6.3.2 Isolation: aspects importants pour la conception

Pour la conception de l'isolation thermique des cales, le but est principalement d'obtenir la meilleure valeur R avec l'isolant choisi et de sélectionner comme revêtement le meilleur matériau disponible, tout en perdant le moins de volume intérieur et en optant pour une solution économique.

TABLEAU 6.4
Caractéristiques des caisses à poisson non isolées

Matériau

Avantages

Inconvénients

Bois

Selon la région ou le pays, les caisses en bois seront moins chères à fabriquer; il se peut aussi que le bois soit le seul matériau disponible que les pêcheurs peuvent se procurer pour un coût raisonnable

On trouve dans la plupart des pays des menuisiers capables de construire et de réparer des caisses en bois

Les caisses peuvent être construites aux dimensions correspondant aux besoins locaux

Durée de vie relativement courte en raison de la manutention brutale et des réparations fréquentes. Doivent souvent être remplacées

Gaspillage considérable de ressources forestières parfois précieuses

Difficiles à nettoyer et à maintenir aseptisées

Pour supporter une manutention brutale, les caisses doivent être fabriquées dans des bois lourds

Métal

Les caisses en métal sont habituellement fabriquées en panneaux soudés d'alliage léger

Relativement robustes et légères à manipuler

Résistantes à une manipulation brutale

Faciles à nettoyer

Relativement durables

Généralement plus cher que le bois ou le plastique, pas toujours disponible localement

Assez facile à réparer si on dispose d'un équipement de soudage pour alliage

Très bruyantes à manipuler

Plastique

Coût raisonnable

Légères, solides et durables

Disponibles dans le commerce quasiment partout dans le monde

Spécifiquement conçues pour la pêche du point de vue de la facilité de manutention et de l'empilement dans les cales à poisson

Faciles à nettoyer

Difficiles à réparer

Plus chères à l'achat que les caisses en bois

Certains modèles ne s'emboîtent pas, ce qui peut poser des problèmes de stockage des caisses vides

On prend pour hypothèse de base le fait que les apports de chaleur seront plus importants à travers la cloison de la salle des machines et le pont de pêche exposé à la lumière du soleil; il faut donc prévoir une meilleure isolation dans ces zones. Pour de plus amples informations sur les types d'isolants adaptés aux bateaux de pêche, on se reportera au Chapitre 7.

Sur les bateaux modernes, la mousse polyuréthane à alvéoles fermées ou l'un de ses dérivés est l'isolant habituellement choisi et mis en œuvre à la construction. En règle générale, la mousse est appliquée sur place, sur une épaisseur légèrement plus importante que nécessaire. Une fois que la mousse a pris, on la ramène à une épaisseur uniforme au moyen de râpes rotatives ou manuelles. Un revêtement de fibre de verre ou autre matériau adéquat est ensuite monté sur la mousse pour la protéger des chocs, offrir une surface facile à nettoyer et empêcher toute infiltration d'humidité. La mousse polyuréthane est pratique car elle n'est ni dissoute, ni dissociée par le styrène contenu dans les revêtements de fibre de verre, comme le font les mousses à base de polystyrène expansé.

On utilise également divers matériaux de finition brevetés pour recouvrir et protéger la mousse appliquée sur place. Il existe par exemple un plâtre au ciment contenant des additifs à base de polymères. On l'applique par-dessus la mousse à la truelle sur une épaisseur d'environ 12 mm.

Le revêtement doit aussi être d'une épaisseur suffisante pour offrir une bonne résistance mécanique et ne pas se briser en cas de chute de blocs de glace ou de caisses dans la cale, ce qui provoquerait des crevasses difficiles à nettoyer où les bactéries pourraient se propager.

FIGURE 6.5
Caisses en PEHD empilables

Les mousses polystyrènes ne doivent jamais être en contact direct avec le styrène présent dans les résines polyester généralement utilisées dans les moulages en fibre de verre. On emploie habituellement les méthodes suivantes pour garnir les coques et protéger la styromousse:

D'autres matériaux isolants comme les panneaux ou les granulés de liège sont aussi fréquemment utilisés bien qu'ils aient une valeur R inférieure à celle des mousses plastiques. Les matériaux très hygroscopiques comme la laine de verre, la laine de roche, la paille et la sciure ne devraient pas être utilisés comme isolant dans les cales à poisson car ils perdent quasiment tout leur pouvoir isolant une fois mouillés. Par ailleurs, les matériaux d'origine végétale ont tendance à attirer les insectes et la vermine.

C'est finalement au constructeur ou au propriétaire du bateau en construction ou en cours de rééquipement qu'il incombe de décider comment la cale sera isolée. Sa décision sera fonction des matériaux et des compétences disponibles localement et de son opinion quant au meilleur moyen de parvenir au résultat souhaité contenu du budget dont il dispose.

6.3.3 Effet de carène liquide

Une autre considération très importante, parfois oubliée ou mal comprise, doit être prise en compte dans la conception des cales à poisson: il s'agit d'éviter les dangers résultants de l'effet de carène liquide. Cette expression fait référence à une situation potentiellement périlleuse causée par le libre déplacement de grandes quantités de liquide d'un bord à l'autre du bateau, ce qui provoque une élévation du centre de gravité de la coque et déstabilise le bateau. Le même phénomène peut survenir lorsqu'on stocke du poisson frais, notamment de petits pélagiques comme les sardines, dans une cale qui ne comporte pas de compartiments ou de cloisons transversales, ou dont les compartiments ont été installés de telle manière qu'il reste trop d'espace au-dessus du dernier plateau. Cet effet se fait davantage sentir sur les bateaux partiellement chargés où il peut s'amplifier à la gîte.

Le problème peut également se poser lorsque les cuves ou réservoirs à poisson contiennent de l'EMRG. Il faut prévoir et calculer précisément la diminution de franc-bord lorsque les réservoirs sont pleins, faute de quoi on réduit considérablement la réserve de stabilité avant immersion du livet de pont à la gîte. Il faut donc impérativement confier aux architectes navals la conception des bateaux de pêche qui utilisent cette méthode de stockage. L'une des façons d'éviter l'effet de carène liquide sur ces bateaux consiste à arroser continuellement les captures à l'EMRG, ce qui permet de se passer de réservoirs.

Il est arrivé que des bateaux coulent en raison de l'instabilité résultant de cuves d'EMRG partiellement remplies, ou des déplacements de part et d'autre de la cale de poisson frais mal entreposé. La Figure 6.6 illustre les dangers liés à l'effet de carène liquide et montre comment l'installation de casiers peut en limiter l'impact sur la stabilité du bateau.

FIGURE 6.6
Effet de carène liquide: cuves ou réservoirs à poisson à moitié pleins et cales équipées et dépourvues de cloisons longitudinales

Source: Comité national de formation du secteur de la pêche, 1983 et Garde-côtes canadiens, 1980.

Cette publication n'a pas pour objet de fournir des indications précises sur le calcul de l'effet de carène liquide. Il est donc très fortement recommandé de faire appel à un architecte naval avant d'équiper un bateau d'un système de stockage d'EMRG et pendant les travaux. Pour de plus amples informations sur la question, on se reportera au Chapitre 4 dans l'ouvrage de Hind (1967).

6.3.4 Hygiène des cales à poisson

L'hygiène des cales des bateaux de pêche artisanale modernes peut être très simplement assurée en respectant les principes suivants:

Outre le matériel nécessaire et les instructions données aux membres d'équipage, il faut aussi veiller à ce que la cale à poisson soit garnie d'un revêtement facile à nettoyer; on présente dans le paragraphe ci-dessous certains des matériaux utilisables à cette fin.

Différents types de revêtement sont employés dans les cales à poisson et les caisses isothermes pour offrir une surface lisse et facile à nettoyer. Sur les bateaux en bois, la cale est habituellement recouverte de planches en bois ou d'un «plafond» fixé à l'intérieur de la coque dans la cale. Les planches en bois absorbent l'humidité, les bactéries, etc. et ont l'inconvénient d'être difficiles à nettoyer sans un puissant désinfectant. Il arrive que la forte odeur des désinfectants s'imprègne dans la chair du poisson stocké en cale. Pour parer à cette difficulté, d'autres types de revêtement ont été mis au point et adaptés aux cales à poisson. On obtient un résultat à peu près satisfaisant en peignant l'intérieur de la cale avec des peintures spéciales, mais ce n'est quand même pas une solution satisfaisante car la peinture s'écaille facilement et le bois est alors de nouveau exposé aux infiltrations d'humidité et de contaminants.

On a d'abord utilisé des feuilles de zinc ou d'acier galvanisé fixées à l'intérieur du vaigrage; les jointures étaient soudées ou scellées avec une pâte de remplissage qui bloquait les entrées d'eau et de mucus de poisson contaminé. Ce type de revêtement permet aux fluides de s'écouler en fond de cale d'où ils peuvent être évacués par pompage dès que nécessaire. Il est facile à nettoyer, mais exige un bon entretien pour veiller à l'étanchéité de certains endroits, comme les joints et les trous de fixation qui peuvent être endommagés par les coups de pelle et le déplacement des caisses dans la cale. Certains revêtements métalliques présentent aussi l'inconvénient d'être légèrement toxiques du fait de la présence de zinc et de produits anticorrosion.

Dans de nombreux pays, les stratifiés ont largement remplacé les revêtements métalliques en raison de leur manutention facile et de leur coût raisonnable. Leur résistance au choc est également supérieure à celle des fines feuilles de métal car ils n'offrent aucun joint ou point de fixation dans lesquels le matériel de manutention pourrait s'accrocher; bien évidemment, on choisira un stratifié d'épaisseur suffisante.

Auparavant, on laissait souvent l'eau de fusion et les déchets de poisson s'écouler en fond de cale à travers les joints du vaigrage et du plancher. La stagnation des déchets provoque cependant une pollution microbienne qui dégage une forte odeur de pourri et finit par contaminer le poisson entreposé en cale. Une contamination directe n'est pas à exclure si les eaux en fond de cale sont ballottées par gros temps, car si les déchets liquides se sont introduits dans la cale par les joints, ils peuvent aussi y retourner par le même chemin, d'autant plus quand le fond de cale n'est pas régulièrement purgé.

Au moment où la demande en poisson de qualité commençait à croître, on a constaté que les nouveaux revêtements employés dans les cales permettaient d'envoyer tous les déchets liquides provenant du poisson et de la glace vers un puisard central situé au point le plus bas du plancher de cale. Une pompe affectée à ce puisard permet d'évacuer les eaux usées à l'extérieur. Ce système est maintenant installé en standard sur de très nombreux bateaux de pêche; il peut même être adapté à d'assez petits bateaux (entre 7 et 8 mètres), il existe aussi d'autres systèmes. Sur les plus grands bateaux, on pose parfois une grille sur toute la longueur de la cale. Si le sol est relativement plan, comme c'est généralement le cas sur les grands navires, c'est un système pratique car les eaux usées peuvent s'introduire dans le puisard à partir de n'importe quel point sans qu'on ait à les acheminer vers un puisard central. Sur les bateaux dont la cale est traversée par un tunnel d'arbre, les puisards sont normalement installés de part et d'autre. Le tunnel d'arbre ne doit pas servir de puisard.

6.3.5 Mise en œuvre des isolants sur des bateaux anciens

De nombreux bateaux d'un certain âge n'ont pas de cale à poisson isotherme; les sorties de pêche étaient généralement courtes, et les bateaux passaient peu de temps sur les lieux de pêche car le poisson était abondant. Dans la plupart des pêcheries, cette époque est révolue. Du fait de l'appauvrissement des stocks halieutiques, les bateaux doivent désormais se déplacer sur de plus grandes distances et passer davantage de temps à pêcher. Il est donc capital d'optimiser les revenus tirés des captures, l'isolation et la glace devenant ainsi des éléments prépondérants de cette équation.

Les propriétaires de bateaux confrontés à la nécessité de longues sorties de pêche estiment généralement qu'ils amélioreront leur profit en isolant thermiquement les cales à poisson. Leur calcul se révélera correct dans la majorité des cas, les coûts de rééquipement étant normalement assez vite amortis du fait du prix de vente plus élevé auquel se vend le poisson de qualité.

FIGURE 6.7
Installation isotherme typique d'un bateau de pêche en bois

Coupe de la cale à poisson d'un bateau de pêche en bois qui prévoit une ventilation entre les membrures, le vaigrage et le fond de cale. On notera le système de ventilation à la tonture de plat-bord.

Ce bateau est équipé de deux puisards parce que le tunnel d'arbre traverse la cale. Si le tunnel d'arbre ne gène pas, un seul puisard suffit généralement. La vidange s'effectue au moyen d'une pompe à membrane ordinaire. Sur certains bateaux, on utilise des pompes électriques équipées de crépines pour empêcher le blocage du dispositif.

Source: d'après la FAO, 1988.

Les vieux bateaux de pêche sont pour la plupart en bois et il faut prendre soin de maintenir une bonne ventilation dans les espaces derrière le vaigrage, en fond de cale et entre les membrures afin d'éviter la pourriture. Certains propriétaires de bateaux en bois signalent toutefois que la mousse directement pulvérisée ou appliquée sur place dans les espaces entre les membrures et sous le vaigrage de plafond a permis de retarder le pourrissement. Ces constatations se rapportent surtout à des bateaux pêchant en eaux froides ou tempérées et doivent donc être prises avec prudence, surtout pour les bateaux opérant dans des régions tropicales. On trouvera à la Figure 6.7 la coupe d'une installation isotherme typique à bord d'un bateau de pêche en bois.

FIGURE 6.8
Pont thermique sur les parois isothermes des bateaux de pêche en acier

Les bateaux à coque métallique posent généralement moins de problèmes; on peut facilement les isoler thermiquement avec des mousses pulvérisées, des panneaux de mousse, des mousses coulées sur place ou tout autre matériau disponible. Des problèmes de pont thermique peuvent se poser au niveau des membrures lorsqu'elles ne sont pas parfaitement recouvertes par l'isolant (voir la Figure 6.8). Il n'y a pas d'autre solution que de noyer les membrures dans l'isolant. Ce n'est pas un problème avec les revêtements de fibre de verre ou de ciment. Toutefois, s'il s'agit d'un revêtement intérieur en métal, on risque d'avoir des problèmes de soudage. En général, on soude sur les membrures une série de pattes qui dépassent de l'isolant et sur lesquelles on peut ensuite fixer et souder le revêtement métallique.

L'isolation thermique des bateaux de pêche en fibre de verre ne pose guère de problème. En fait, les fabricants stockent généralement des mousses polyuréthanes à deux composants destinées à diverses applications structurales, aux caissons de flottabilité et, bien sûr, aux caisses et conteneurs isothermes en fibre de verre fournis avec leurs bateaux. Il arrive que les constructeurs de grands bateaux s'adressent à des sous-traitants spécialisés dans l'isolation thermique qui disposent de tous les matériaux et de l'équipement nécessaires pour effectuer le travail en très peu de temps. L'utilisation croissante de la mousse pulvérisée dans les constructions civiles permet aux constructeurs de bateaux d'avoir plus facilement accès à des méthodes d'isolation thermique à la fois efficaces et économiques.


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