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5. MAQUEREAU


5.1 Identité du stock

Le maquereau du sud (Scomber japonicus - Houttuyn 1782) est une espèce nérito-océanique que l'on rencontre dans l'Atlantique Est.

Dans la zone d'étude il apparaît dans les captures au Maroc, en Mauritanie, au Sénégal et en Gambie, bien qu'il soit plus abondant dans la partie nord de la zone. Dans la zone C au nord du Cap Blanc et en Mauritanie, le maquereau a été enregistré à partir de la côte jusqu'à une profondeur supérieure à 300 m, et la distribution est liée aux conditions hydrologiques (FAO 2001). Il convient de noter qu'il est difficile de trouver des concentrations de cette espèce pendant les campagnes acoustiques.

Dans les groupes de travail précédents (FAO 2001; FAO 2002), deux stocks ont été analysés à partir d'informations en provenance des pêcheries. Cependant, en raison d'incertitudes concernant l'identité du stock de cette espèce et en raison de sa nature fortement migratrice, le groupe de travail a décidé d'essayer d'évaluer également la pêcherie totale de cette espèce.

Dans les sections suivantes, la pêcherie nordique se réfère à la pêcherie entre le nord du Maroc et le Cap Bojador et la pêcherie méridionale à la pêcherie du Cap Bojador au Sénégal méridional.

5.2 Les pêcheries

La pêcherie nordique entre Tanger et le Cap Bojador est opérée par les senneurs côtiers du Maroc qui ciblent la sardine. Pendant l'été (mai-août) cette flottille cible également le maquereau quand cette espèce apparaît dans cette zone (principalement entre Cap Juby et Cap Ghir). Au sud du Cap Bojador, la pêcherie est opérée par les chalutiers pélagiques de différents pays (Fédération de Russie, Ukraine, UE et autres) qui opèrent sous contrats de pêche ou fonds de collaboration internationale. Le maquereau normalement n'est pas l'espèce cible principale pour ces flottilles. Au Sénégal et en Gambie, le maquereau est considéré comme capture accessoire par les flottilles artisanale et industrielle.

Les caractéristiques des différentes flottilles sont décrites dans les sections 2.2, 3.2 et 4.2.

Les Tableaux 5.2.1 et 5.2.2 présentent la capture et l'effort du Scomber japonicus par pays et flottille dans la zone d'étude pour la période 1990-2002. La série d'effort de la Mauritanie a été révisée par rapport à celle de l'année dernière.

La Figure 5.2.1 présente la capture totale et la capture par pays. La figure montre que la capture totale de Scomber japonicus a augmenté, passant d'environ 20 000 tonnes en 1991 à plus de 200 000 tonnes en 1997. Depuis 1997, on peut observer une tendance à la baisse générale avec une capture totale d'environ 100 000 tonnes en 2002. La tendance de la capture totale reflète principalement le développement des pêcheries dans la Zone C au nord du Cap Blanc qui, pendant presque toutes les années sauf 1992, 1996 et 2002, a constitué la majeure partie de la capture. La réduction observée de la capture dans la Zone C au nord du Cap Blanc depuis 1998 peut s'expliquer par l'échéance de l'accord de pêche avec la Fédération de Russie à la fin 1999 quand les chalutiers russes opérant dans le cadre de cet accord ont cessé leurs activités et par le fait que les chalutiers opérant dans le cadre des accords de location ou des fonds de collaboration internationale (d'Ukraine et d'autres pays) ont cessé d'opérer à la fin 2001. Par conséquent, l'effort de pêche dans cette partie de la Zone C a été réduit presque à zéro en 2002. La capture totale de la pêcherie nordique oscille entre 10 000 et 30 000 pendant cette période. En 2002, la capture de cette pêcherie était d'environ 22 700 tonnes, soit une légère diminution par rapport à la capture d'environ 25 600 tonnes de 2001 (Tableau 5.2.1).

La capture totale du maquereau en Mauritanie montre une tendance à la hausse du début des années 1990 à 1996, année où la capture est montée en flêche jusqu'à environ 100 000 tonnes. De 1996 à 1999 la capture a diminué, puis elle a augmenté de 1999 à 2002. En 2002, la capture de la Mauritanie était la plus élevée de la région. Deux des flottilles les plus importantes opérant en Mauritanie sont la flottille russe et celle de l'UE. La flottille UE opérant en Mauritanie cible la sardinelle, mais quand la sardinelle n'est pas disponible elle cible d'autres espèces de petits pélagiques tels que le maquereau et la sardine. La flottille russe ne cible pas une espèce spécifique. L'augmentation observée dans la capture de 2001 à 2002 était probablement due à quelques grosses captures de maquereau par la flottille UE en juillet et août 2002. Ces captures ont coïncidé avec les plus grosses captures de sardinelle. La flottille russe pêchant en Mauritanie a été également forcée de se tourner vers le maquereau en raison du manque de sardinelle et de maquereau.

Au Sénégal, les captures de maquereau s'échelonnaient entre 1 000 et 9 000 tonnes pour la période 1990-2002, avec un maximum de 8 900 tonnes observé en 1999. Les captures en Gambie étaient comprises entre 50 et 350 tonnes.

Les Figures 5.2.2a et 5.2.2b montrent l'effort nominal pour la pêcherie méridionale (jours de pêche) et la pêcherie nordique (nombre de voyages). Comme indiqué précédemment, il convient de noter que le maquereau n'est pas l'espèce cible principale de ces flottilles.

5.3 Indices d'abondance

5.3.1 Capture par unité d'effort

Les captures totales, l'effort total en jours de pêche et les CPUE en tonnes par jour de pêche de 1992 à 2002 sont présentés dans le Tableau 5.3.1. En ce qui concerne la standardisation de l'effort, quelques petits changements ont été apportés par rapport à l'année dernière. Pour la standardisation, des captures quotidiennes de plus de 35 tonnes avec plus de 50 pour cent de maquereau de la flottille russe ont été employés. Une grande quantité a été obtenue par de longs traits. L'effort standardisé a été obtenu pour la pêcherie méridionale et puis estimé pour l'ensemble de la pêcherie.

La Figure 5.3.1 montre les CPUE standardisées pour le maquereau.

Les basses CPUE observées en 2002 pourraient s'expliquer par le fait que les navires en Mauritanie ont été forcés de se tourner vers le maquereau bien que cette espèce soit également dispersée (non dense) pendant les périodes de faible disponibilité de sardinelle et de maquereau. Il n'y a aucune raison de penser que la réduction des CPUE qui a été observée soit un résultat d'un déclin de la biomasse.

5.3.2 Campagnes acoustiques

Cette espèce, connue pour sa grande mobilité, n'est que partiellement couverte par les prospections d'évaluation au moyen des techniques acoustiques.

De 1994 à 2000, la biomasse du maquereau dans les eaux marocaines et le nord de la Mauritanie, a varié entre 100 000 tonnes et 900 000 tonnes (campagnes AtlantNIRO).

La Figure 5.3.2 présente les séries chronologiques d'estimation de biomasse des campagnes du N/R DR. FRIDTJOF NANSEN. En 2001 et 2002, la biomasse du maquereau a été évaluée autour de 300 000 tonnes. Les principales concentrations ont été enregistrées entre Cap Bojador et Cap Barbas.

5.4 Echantillonnage

Le Tableau 5.4.1 montre l'intensité de l'échantillonnage du maquereau au large de l'Afrique nord-occidentale en 2002.

Dans la zone au nord du Cap Juby, exploitée par les senneurs côtiers marocains, le nombre d'échantillons prélevés pour le suivi de la structure des captures est de 25 à 32 individus par échantillon. Ces échantillons sont insuffisants pour couvrir toutes les tailles débarquées et analyser la dynamique de la population.

Pour les chalutiers pélagiques russes, les échantillons ont été prélevés à bord des navires commerciaux. Les observations les plus intensives ont été pratiquées au cours du troisième trimestre 2002. Comme la plupart des poissons étaient jeunes, le nombre de poissons âgés était relativement bas par rapport au nombre de poissons mesurés.

5.5 Données biologiques

Les distributions des tailles pour la pêcherie du nord ont été analysées pour la période 1992-2002 (Figure 5.5.1a-b). Pour la quasi-totalité des années, on peut observer des hausses tous les 2 cm. Ceci est probablement dû au fait que la flotte, la majeure partie de l'année, cible la sardine et que le maquereau est seulement considéré comme capture accessoire, mais en été la flottille cible également le maquereau. Une autre raison pourrait être que les poissons sont mesurés sans suivre une méthode standardisée c'est-à-dire que les petits poissons sont groupés jusqu'à ½ cm et les plus grands jusqu'à 1 cm. Toutefois comme le bruit peut être réduit en groupant par tranche d'âge, ces données ont été employées pour préparer la matrice de capture à l'âge.

Afin de préparer la matrice de capture à l'âge pour l'ensemble de la pêcherie, la clé russe âge- longueur de la pêcherie méridionale a été appliquée à la distribution des tailles de la pêcherie du nord. Des estimations ont été faites pour les vides dans la clé âge-longueur (Tableau 5.5.1a-f).

La Figure 5.5.2 présente les distributions des tailles des campagnes du N/R DR. FRIDTJOF NANSEN en 2000, 2001 et 2002 (mai-juillet et novembre-décembre). On peut observer deux modes, l'un autour de 20-23 cm et l'autre plus petit de 26-28 cm environ pour les campagnes effectuées en novembre-décembre 2000 et 2001. En 2002 deux modes ont été également observés mais le premier était de 18-20 cm environ avec un nombre plus important de juvéniles pendant la campagne du printemps (mai-juillet).

Le rapport suivant entre le poids en grammes et la longueur totale en millimètres a été utilisé: W=0.0000003L3.585 (2002 données, Fédération de Russie).

5.6 Evaluation

Analyse des données

Les Figures 5.6.1 et 5.6.3 présentent les captures par classe d'âge par année pour la pêcherie méridionale et la pêcherie totale (pêcheries sud + nord) respectivement pour le Scomber japonicus. Les Figures 5.6.2 et 5.6.4 présentent les niveaux de capture enregistrés par âge.

La Figure 5.6.1 montre un modèle variable avec recrutement à la pêcherie à l'âge 2 pour les classes d'années 92, 94 et 96, recrutement à l'âge 3 pour les classe d'années 93 et 95 et à l'âge 4 pour la classe d'année 91. Ceci peut indiquer du bruit dans les données qui pourrait être causé par la disponibilité différente par catégories d'âge dans la pêcherie selon les années, hypothèse fausse de l'unité de stock, problèmes avec les lectures d'âge ou problèmes dans l'échantillonnage. Le même modèle général que pour la pêche méridionale peut être observé pour la pêcherie totale (Figure 5.6.3), bien qu'avec légèrement moins de bruit dans les données. On peut observer pour la pêcherie totale que les classes d'années 1994 et 1996 suivent le même modèle que les classes d'années 1993 et 1995. Un groupe de travail qui s'est réuni à Nouadhibou, Mauritanie en décembre 2002 a également insisté sur la grande variabilité des modèles de pêche au cours des dernières années.

Les logarithmes des quotients de capture pour la région du sud (Figure 5.6.2) présentent de grandes contradictions dans la matrice de capture. Pour beaucoup d'années, le nombre par classe d'âges est plus grand pour la catégorie d'âge la plus élevée que pour la catégorie d'âge la plus basse de la même cohorte. A l'exclusion des logarithmes des quotients de capture pour les âges plus jeunes (0-1 et 1-2), les logarithmes des quotients de capture pour toute la pêcherie se sont avérés légèrement meilleurs (Figure 5.6.4). Dans la figure on peut voir que les logarithmes des quotients de capture pour le groupe 2-3 sont consistants pour la période 1996-1999; pour le groupe 4-5 les estimations sont consistantes pour les trois dernières années.

Il se peut que les données reflètent de vrais quotients d'âges dans les captures. Cependant, les résultats observés ne sont pas favorables aux méthodes d'analyse faites par VPA, qui exigent une disponibilité stable des catégories d'âge.

Méthodes

Malgré les contradictions dans les données, le groupe de travail a décidé de faire des analyses exploratoires en utilisant l'analyse intégrée des captures par âge (ICA) et l'analyse prolongée des survivants (XSA). Les analyses ont d'abord été faites sur la pêche méridionale et puis sur toute la pêche.

En résumé, les données suivantes ont été employées pour les analyses ICA et XSA:

Les données sont présentées dans le Tableau 5.6.1.

Pêcherie méridionale

Les données de composition d'âge et de poids moyen par âge des captures par année utilisées par le groupe de travail 2002 (FAO 2002) ont été ajournées en incluant 2002. Les données 2001 ont été également ajournées afin de refléter les statistiques finales de cette même année. La série disponible couvre la période 1992-2002.

On a assumé que l'ogive de maturité et la mortalité naturelle étaient les mêmes que dans le dernier groupe de travail (FAO 2002).

Pêcherie totale

La matrice des captures par âges pour la pêche nordique a été préparée pour la période 1992-2002 en utilisant les compositions des tailles de la flotte marocaine de sennes tournantes dans les zones Nord, A et B, et les clefs d'identification âge-taille russes de la zone statistique CECAF 34.1.3 avec les modifications suivantes:

De façon générale, il a été noté que les captures marocaines étaient formées d'individus plus petits que les captures russes et que par conséquent certaines classes de tailles n'avaient pas été représentées dans les clefs russes. Pour surmonter ce problème une estimation des pourcentages de distribution d'âge a été faite pour des poissons les plus petits. Des estimations ont été également faites pour les vides dans la matrice âge-taille.

Les clefs russes âge-taille sont préparées par trimestre, mais tous les trimestres ne sont pas disponibles pour chaque année. En outre, la composition des tailles de la flottille de senneurs n'est pas toujours disponible sur une base trimestrielle. Par conséquent, pour la période 1992-2000 il a été décidé de préparer des clefs annuelles âge-taille. En raison de l'absence d'une clef âge-taille pour 1993, la clef 1994 a été appliquée à cette année.

Pour 2001 et 2002, les distributions d'âges ont été préparées par trimestre et puis additionnées. Comme la clef âge-taille pour 2001 était très pauvre (seulement un trimestre échantillonné et avec beaucoup de vides) il a été décidé d'appliquer la clef 2002 à cette même année.

La capture par âges pour la pêcherie totale a été obtenue en additionnant la composition pour les pêcheries méridionale et nordique.

En ce qui concerne le poids moyen par âge et l'ogive de maturité, les mêmes matrices que pour la pêche méridionale ont été employées incluant une estimation pour l'âge 0. L'estimation du poids pour ce groupe a été faite en utilisant une équation taille-poids (voir section 5.5).

Résultats et discussion

Pêcherie méridionale

L'analyse des résultats obtenus par ces deux méthodes a mis en évidence que les résidus de passage d'ICA étaient très élevés tandis que ceux de XSA étaient légèrement inférieurs. Toutefois, comme les résidus n'étaient pas satisfaisants, ces résultats n'ont pas été retenus.

Pêcherie totale

Les résultats avec XSA ont été obtenus en utilisant les configurations suivantes:

La configuration suivante a été employée pour ICA:

La Figure 5.6.5 présente les résultats des évaluations de Scomber japonicus en employant XSA et ICA. La figure montre qu'avec XSA les résidus ont une tendance décroissante par année tandis que les résidus avec ICA ne semblent pas avoir de tendance. Cependant, la valeur totale des résidus est légèrement plus haute pour ICA que XSA. La biomasse du stock reproducteur (SSB) et la trajectoire de mortalité par pêche pour les deux méthodes sont différente en termes de niveau et de tendance pour SSB et F. Les contradictions de ces résultats peuvent être expliquées par les données insuffisantes et par la distribution différente de la pêcherie par rapport aux catégories d'âge pour différentes années. Une analyse exploratoire complémentaire et des études de définition du stock devraient cependant être réalisées.

5.7 Recommandations d'aménagement

Comme ceci était la première épreuve pour évaluer toutes les pêcheries assumant un stock, et en raison des incertitudes des résultats, le groupe de travail n'est pas en mesure de donner des conseils sur les niveaux de capture basés sur ces évaluations. Comme approche de précaution, le groupe de travail recommande que les niveaux de capture n'excèdent pas la moyenne enregistrée au cours des cinq dernières années.

5.8 Recherche future

  1. Améliorer l'échantillonnage afin de couvrir toutes les distributions des tailles et rassembler du matériel biologique pour la détermination de l'âge et l'identification du stock.
  2. L'échantillonnage de tailles de la pêche nordique devrait être amélioré c.-à-d. la façon de mesurer et le groupage devraient être standardisés (longueur totale et un centimètre en dessous).
  3. Organiser des études afin de définir les CPUE en utilisant les données d'effort disponibles, effort nominal et effort normalisé, comme cette pêcherie est exploitée par différentes flottilles et différentes stratégies.
  4. Vérifier et passer en revue la mortalité naturelle appliquée à l'évaluation du stock. La valeur utilisée dans cette évaluation est plus haute que la valeur appliquée pour la même espèce dans le groupe de travail du maquereau pour la zone sud ICES (M=0.2).
  5. La prévision précise de la force de recrutement est nécessaire.
  6. L'extension de la zone couverte par les campagnes acoustiques effectués par le N/R DR. FRIDTJOF NANSEN et les bateaux de recherche locaux à une profondeur de 500 m dans toute la région.
  7. Les otolithes de Scomber japonicus devraient être collectés par les campagnes acoustiques.


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