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Exemples/Etudes de cas


Etude de cas 1. Les petites exploitations avicoles: le modèle du Bangladesh

Les étapes qui mènent au succès

Les activités des petites exploitations avicoles dans le modèle du Bangladesh ciblent les couches les plus pauvres de la société, notamment les analphabètes et les femmes démunies, qui ne possèdent ni terre ni bien si ce n’est leur travail. Le modèle est un exemple de développement effectif basé sur l’association d’activités organisationnelles, techniques et socio-économiques qui comprennent la formation de groupes, le crédit, la formation technique et la production avicole. En devenant membres des groupes villageois, les bénéficiaires accèdent à l’aide technique, au microcrédit et à la formation correspondante, leurs revenus et leur statut social s’améliorent en quelques années. Le modèle du Bangladesh est le résultat d’un long processus où participent des organisations gouvernementales et non gouvernementales (ONG).

Le modèle de la petite exploitation avicole - étape par étape

L’élaboration du modèle a été possible grâce à un système d’entreprises interdépendantes qui ont offert la formation, les plans d’épargne et de crédit, et le soutien. Les bénéficiaires ont accueilli favorablement les interventions qui ont eu un effet immédiat sur leur environnement socio-culturel, économique et naturel. La production avicole a répondu à leurs besoins en leur permettant d’augmenter leurs revenus par la vente des œufs et des poulets, et de renforcer leur influence dans les prises de décisions.

Les étapes suivantes sont conçues pour créer un environnement dynamique et assurer la durabilité des interventions.

Etape n° 1: La formation des groupes, le crédit et la formation technique

Les petits exploitants, notamment les femmes, sont sélectionnés pour leur statut économique et social inférieur et l’intérêt qu’ils portent à l’aviculture. Des groupes villageois de 30 à 40 personnes ont été formés. Au cours de leur réunion hebdomadaire, les groupes reçoivent une formation d’un à trois jours sur l’épargne, les systèmes de microcrédit et les techniques de base de la gestion avicole, qui comprennent les aliments pour volailles, les bâtiments et le contrôle des maladies. Les groupes deviennent les centres de partage des expériences et fournissent la caution sociale nécessaire à la garantie des prêts.

Etape n° 2: La campagne de vaccination

Les vaccinateurs basés dans les villages, qu’on appelle travailleurs avicoles, reçoivent une formation initiale de trois jours durant laquelle ils apprennent à vacciner les volailles et à manipuler et nettoyer les bouteilles isolantes, les seringues et les aiguilles. Pour que le processus soit durable, les vaccins et le matériel sont vendus aux travailleurs agricoles par le biais des petits prêts accordés par les ONG locales. Les vaccinations, les médicaments et les services sont fournis aux petits aviculteurs moyennant paiement en espèces ou en nature. Les travailleurs avicoles assurent un service à domicile pour tous les types d’oiseaux, ce qui est la vraie raison du succès du programme de vaccination. Une campagne de vaccination contre la maladie de Newcastle a fait baisser la mortalité de 41 à 19 pour cent en un an.

Etape n° 3: Des races améliorées

Depuis les années 30, le Bangladesh fait des efforts pour améliorer les races de volailles à des fins de production intensive. Depuis son indépendance en 1972, l’accent est mis sur les races adaptées aux conditions villageoises. Les petites fermes avicoles crées pour produire des œufs fertiles de races améliorées ont permis de relancer la capacité de ponte des poules villageoises à 200 œufs par jour.

Etape n° 4: Les entreprises de soutien

Des entreprises villageoises ont été crées pour fournir le soutien nécessaire à la durabilité des activités avicoles. Elles sont:

Résultats

Les projets des petites exploitations avicoles du Bangladesh ont amélioré les conditions de vie des familles des bénéficiaires dans plusieurs domaines. Les résultats suivants montrent les accomplissements des projets mis en œuvre depuis 1993:

D’ici 2004, plus de 2 millions de villageois bénéficieront des projets mis en œuvre par les ONG nationales sous la responsabilité du gouvernement du Bangladesh.

Les raisons du succès

95 pour cent des bénéficiaires du modèle des petites exploitations avicoles du Bangladesh sont des femmes. Elles sont d’une pauvreté extrême et ont accès à moins de 0,2 hectare de terre. Ce n’est qu’en vendant leur main d’œuvre qu’elles gagnent leur vie.

Le succès du programme est dû à une série de mesures:

FIGURE 10 Une avicultrice bangladaise avec sa poule pondeuse. (Photo: Jens Christian Riise)

L’engagement à long terme est nécessaire pour que l’élimination de la pauvreté et la démarginalisation des femmes fassent partie du programme à long terme des ONG et des institutions gouvernementales (réseau danois pour le développement des petites exploitations avicoles, 2001).

Améliorer la production des poulets villageois en contrôlant la maladie de Newcastle

La maladie de Newcastle est une des principales contraintes à la production des poulets villageois. Normalement, les poussées de la maladie sont responsables de 50 à 100 pour cent de la mortalité dans les pays où la maladie est enzootique. Ces poussées sont peut être moins fréquentes dans les pays où elle n’est pas enzootique, mais le potentiel des pertes rend la vaccination obligatoire.

Depuis 1984, ACIAR a apporté son soutien à la recherche collective sur le contrôle de la maladie de Newcastle chez les poulets villageois, témoignant de l’importance de la maladie de Newcastle en Asie du Sud-Est et du manque de vaccins. ACIAR s’est appuyé sur les expériences antérieures du contrôle des maladies et de la recherche en Australie et dans les pays partenaires asiatiques.

La phase de recherche

Les études faites sur le contrôle de la maladie de Newcastle en Asie du Sud-Est et en Afrique ont porté sur:

Les résultats

L’objectif initial était de développer un vaccin contre la maladie de Newcastle qui puisse être utilisé dans des conditions rurales difficiles où le stockage à froid n’existe pas ou est peu fiable. Les vaccins V4-HR et I-2 ont donné de bons résultats. Sous forme lyophilisée, ces vaccins restent actifs pendant deux mois à des températures allant jusqu’à 28 °C. Le vaccin I-2 liquide - c’est-à-dire qui n’a pas été lyophilisé - demeure actif pendant deux semaines quand il n’est pas réfrigéré.

En Asie, le vaccin V4-HR était initialement mélangé au blé et aux granulés alimentaires des oiseaux villageois qui vivent dans les arbres. Cette méthode protégeait 60 pour cent du troupeau vacciné contre la maladie de Newcastle, mais elle s’est avérée coûteuse car la vaccination devait être renouvelée à courts intervalles. En Afrique, on n’a pas encore identifié de transporteur de vaccin satisfaisant. Le maïs, qui est la céréale la plus répandue en Afrique, contient un composant chimique qui désactive les vaccins de la maladie de Newcastle vivants. Des études menées au Mozambique ont montré que les aviculteurs villageois préfèrent utiliser les gouttes ophtalmologiques parce que cette méthode donne la meilleure protection et revient moins cher car elle n’a pas besoin d’être renouvelée trop souvent.

Une formation simple

La formation des aviculteurs villageois en vaccinateurs communautaires est facilitée par le fait que les vaccins vivants thermostables sont relativement faciles à utiliser. Quand on les sort de la réfrigération, il faut les envelopper dans un linge humide et les transporter dans un panier fermé. La dose est la même pour tous les oiseaux, quelque soit leur âge. Comme la surdose de ces vaccins n’est pas dangereuse, les vaccinateurs qui ne sont pas sûrs que la première goutte soit bien rentrée dans l’œil peuvent administrer une seconde dose.

La disponibilité des vaccins

Le vaccin V4-HR est un vaccin industriel patenté qui peut être acheté moyennant des devises étrangères. Dans les pays où les devises ne sont pas facilement disponibles, ACIAR distribue gratuitement des souches mères du vaccin I-2, permettant ainsi la production locale du vaccin contre la maladie de Newcastle. Toutefois, il est important de considérer les aspects sociaux et économiques de ce travail pour que le contrôle de la maladie de Newcastle soit durable. L’objectif de base est d’améliorer la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté des ménages ruraux et périurbains. La sécurité alimentaire durable est directement liée aux moyens d’existence durables, par conséquent le programme du contrôle de la maladie de Newcastle doit s’intégrer au contexte local.

Les effets positifs

Les programmes de contrôle de la maladie de Newcastle dans les pays comme le Mozambique ont permis d’augmenter le nombre des poulets, le pouvoir d’achat des ménages, la consommation des produits avicoles et le pouvoir de décision des femmes. Les programmes de contrôle de la maladie de Newcastle durables ne peuvent être menés à bien que si toutes les parties prenantes participent au développement de la stratégie du contrôle national. L’expérience a montré que le contrôle durable de la maladie de Newcastle a quatre composantes essentielles:

FIGURE 11 Dona Marta Muholove répand des grains de maïs pour appeler ses poulets. Dona Marta est veuve, elle est à la tête d’une famille mozambicaine où il n’y a pas d’adultes pour surveiller le bétail. Elle a commencé à vacciner ses poulets contre la maladie de Newcastle l’an dernier et possède maintenant plus de 40 oiseaux. (Photo: Robyn Alders)


FIGURE 12 Recouvrement des coûts et activités de commercialisation associées au contrôle durable de la maladie de Newcastle chez les poulets villageois.

Source: Alders et al., 2001

La technologie de contrôle de la maladie de Newcastle distribuée gratuitement par ACIAR a été utilisée au Bhoutan, au Cambodge, au Ghana, en Malaisie, au Mozambique, au Myanmar, au Sénégal, en Tanzanie et au Vietnam, avec le soutien de AusAID (Agence australienne du développement international), de la FAO, du Fonds international de développement agricole (FIDA) et de la Banque mondiale.

Etude de cas 2: Le programme sud-africain Fowls for Africa®

Fowls for Africa® est un nouveau projet qui a pour but de mettre la production avicole à la portée de tous les exploitants, notamment de ceux qui appartiennent aux communautés rurales les plus pauvres. Il répond aux besoins de protéines animales à des prix abordables en permettant aux exploitants de produire des œufs et de la viande pour leur consommation personnelle et pour la vente. Sous le patronage de l’Animal Improvement Institute du Conseil pour la recherche agricole d’Afrique du Sud (ARC), Fowls for Africa® atteint ces objectifs en fournissant:

Le concept

Les PSC sont des franchises dont les propriétaires sont des membres de la communauté qui coopèrent avec l’ARC et qui les gèrent. L’ARC et ses fournisseurs approvisionnent les centres à prix coûtant. Les stocks, qui sont revendus avec profit par les centres, contiennent tout ce dont les producteurs avicoles ont besoin, c’est à dire les oiseaux, les aliments, les fournitures sanitaires et les matériaux pour la construction des basses-cours.

L’ARC forme les agents de vulgarisation et les futurs producteurs avicoles contre remboursement des frais. A la fin du cours, ils reçoivent un certificat qui tient lieu d’accréditation auprès des banques de développement ou des organes subsidiaires de l’administration locale, et facilite les demandes de prêts auprès des institutions financières. L’ARC vend à bas prix des trousses de premiers soins spéciales volailles; elles sont prévues pour soigner des troupeaux allant de 50 à 1 000 oiseaux et contiennent des brochures sur l’identification des maladies et autres, des vaccins et des médicaments. Elles permettent aux aviculteurs qui n’ont pas accès aux soins vétérinaires de s’occuper de la santé de leur troupeau.

Six races adaptées à survivre dans des conditions hostiles et à faibles intrants ont été identifiées, pourvu qu’un bâtiment, des aliments, de l’eau et une bonne hygiène soient fournis. Des œufs fertiles et des poussins d’un jour et de quatre semaines provenant de ces races sont stockés par l’ARC et mis à la disposition des PCS sous contrat. Ces races sont:

FIGURE 13 Le modèle «Fowls for Africa»: les partenaires, les intrants et les liens. (Source: ARC-LNR, 2001)

Etude de cas 3: La production avicole: secteur d’un programme agricole à petite échelle à Pinalto, au Guatemala

Prudencia Ramos, une veuve avec six enfants, a pu améliorer le régime alimentaire de sa famille, accroître considérablement ses revenus et transmettre son savoir à ses voisins. Elle y est parvenue par le biais d’un programme agricole intégré à petite échelle, parrainé par l’institut agricole et alimentaire Ezra Taft Benson de Pinalto, au Guatemala. Le programme, conçu pour répondre aux besoins alimentaires d’une famille de sept personnes et engendrer un revenu, consistait à appliquer une technologie de pointe aux semailles du maïs et des haricots noirs, et à créer un jardin familial et une entreprise avicole. Le jardin fournissait les légumes riches en vitamines et en sels minéraux qui manquaient grandement dans le régime alimentaire familial. La production avicole a permis d’augmenter l’apport en viande et de réaliser des bénéfices. Quand elle a adhéré au programme, le revenu annuel de Prudencia était de 350 dollars EU; le rendement annuel du maïs était de 500 kg, celui des haricots de 50 kg. Prudencia a obtenu un crédit pour construire un petit poulailler et acheter dix poussins d’un jour de poulets à griller. Elle a réinvesti les recettes de la vente de ses poulets et avec le temps, elle a pu élargir son troupeau à 300 oiseaux. Pour le marché, elle préparait 25 poulets par jour et se rendait dans la ville la plus proche en camion pour les vendre. Avec ses voisins, elle a formé une coopérative de production qui a finalement réuni 1 600 oiseaux. Au bout de trois années de participation au programme, son revenu annuel avait été multiplié par huit, de 350 à 2 900 dollars EU, grâce à la vente de ses poulets et à l’accroissement de la production du maïs à 1 500 kg par an, et des haricots à 200 kg par an (Johnston, Flores et Guzman, 2001).

Etude de cas 4: La production de canards au Cambodge

Les races

Il existe au Cambodge quatre races courantes de canards et leurs croisements. Elles diffèrent dans leur capacité à produire les œufs ou la viande, et dans la taille et le nombre des œufs produits. Les races Angkam et Sompuwv et leurs croisements sont les plus communs. Il est souvent difficile d’identifier les races pures dans les troupeaux de canards à majorité hybrides. Le canard Angkam, qui est légèrement plus petit que le canard Sompuwv, est un authentique producteur à deux fins; ses œufs de 80 g sont plus petits que ceux du canard Sompuwv dont les œufs pèsent entre 100 et 120 g, mais il en produit davantage.

Le canard de Pékin est un canard blanc de grande taille essentiellement produit pour sa chair, courant dans les zones périurbaines à proximité des plans d’eau, comme par exemple au nord de Phnom Penh.

Le canard musqué, ou Kpar, appartient en réalité à la famille des oies. Il est facilement identifiable grâce à l’excroissance sur son bec. On le trouve en petit nombre autour des maisons des exploitants qui ne sont pas spécialisés dans l’élevage des canards. Le comportement naturel et la taille de la cane musquée lui permettent d’incuber 10 à 15 œufs, par rapport à cinq à huit pour les poules locales. Ces canes sont parfois utilisées par les aviculteurs pour incuber les œufs d’autres canes ou de poules. Elles sont rarement consommées pour leur chair parce qu’on dit dans certaines régions qu’elle est contaminée; cette croyance tend progressivement à disparaître.

Les systèmes de production

L’élevage commercial des canards, principalement des races Angkam et Sompuwv ou de leurs croisements, est intensif dans les provinces de Takeo, Kompong Cham, Kampot et les régions de Kompong Thom dans les zones où l’eau est disponible en saison sèche. Grâce à des incubateurs artificiels, 200 à 400 poussins d’un jour sont vendus en une seule fois aux aviculteurs éleveurs, généralement en septembre, plusieurs mois avant la moisson.

Pendant le premier mois, les canetons sont gardés au chaud à l’intérieur de la cabane, où ils sont nourris de poisson (pour les protéines) et de brisures de riz. Quand la récolte est terminée, les aviculteurs transportent les canards dans les rizières où ils se nourrissent d’insectes, d’escargots et des grains de riz tombés des plants. Les canards se promènent en liberté dans les rizières, qui que soit le propriétaire du champ. Pendant cette période, ils n’ont besoin d’aucun ou de peu de complément alimentaire.

FIGURE 14 Des gardiens de troupeaux de canards en Asie se déplacent avec leurs canards qui se nourrissent le long du parcours; ils couvrent ainsi de longues distances. (Photo: Peter Spradbrow).

Les canards élevés au Cambodge trouvent des marchés au Vietnam au moment du Nouvel An chinois, en février. A l’approche de la saison sèche, les canards vont sur les lacs chercher leur nourriture, comme les escargots, les insectes et les herbes aqueuses; on leur donne du riz en supplément. Au Nouvel An Khmer, en avril, quand les canards ont entre cinq et six mois, les aviculteurs vendent jusqu’à 90 pour cent des mâles pour leur chair. Ace moment-là, leur poids est d’environ 1,5 kg. Quelques femelles sont vendues, mais on les garde généralement pour la production des œufs. Les ventes qui ont lieu à cette période de l’année consolident les liquidités de l’entreprise.

Les femelles commencent à pondre dès l’âge de six mois; la vente de leurs œufs permet de financer leur nourriture journalière. Un aviculteur de Takeo a remarqué: «La vente de 30 œufs permet de financer l’achat des aliments de 100 canards pendant une journée». Les œufs des canards Sompuwv, de taille plus grosse, sont les plus prisés et sont consommés cuits ou crus; les œufs des canards Angkam, plus petits, sont communément commercialisés sous la forme de brae - ou œufs noirs salés. Beaucoup d’aviculteurs trouvent un arrangement financier avec les fournisseurs des canards d’un jour, ce qui leur assure une certaine sécurité financière.

La commercialisation

Les œufs proposés aux consommateurs sont soit embryonnés, soit bong dteer goan, c’est-à-dire salés, soit bong dteer brae, c’est à dire frais ou cuits. Les aviculteurs vendent les œufs frais aux consommateurs ou aux transformateurs. La transformation la plus simple consiste à les faire bouillir. Les incubateurs où sont produits les canetons d’un jour produisent aussi des œufs embryonnés, qui sont des œufs fertiles incubés entre 18 et 21 jours; la période d’incubation totale est de 28 jours. Pour préparer les œufs salés, on les place dans un mélange de sel et de cendres de balles de riz pendant environ un mois Le sel absorbé par l’œuf permet de le conserver - procédé utile aux aviculteurs. Les œufs frais, cuits ou embryonnés ne se conservent pas au-delà d’un ou deux jours. Les œufs frais affichent les prix les plus bas, ensuite viennent les œufs cuits et les œufs salés; les œufs embryonnés sont vendus le double des œufs frais (Maclean, 1998).

Etude de cas 5: Un système agricole intégré riz-poisson-fougères-canards aux Philippines

En 1995-1996, un projet de recherche qui intégrait un riz à haut rendement, un poisson génétiquement modifié, des fougères aquatiques et des canards a engendré une hausse de la production du riz et des canards. Ce projet a eu lieu au centre d’aquaculture d’eau douce de l’Université d’état de Central Luzon, avec le soutien de la FAO et de l’Université catholique de Louvain en Belgique. L’accent était mis sur la production, les facteurs économiques et le contrôle des insectes et parasites comme les plantes adventices et les limaces de la pomme cythère.

Le projet était composé d’un riz à haut rendement IR64, du poisson tilapia du Nil génétiquement modifié et des fougères azolles aquatiques, cultivées dans les rizières des basses terres irriguées. Des colverts âgés de neuf mois ont été intégrés au système à raison de 400 oiseaux par hectare, dont 367 femelles prêtes à pondre et 33 mâles. La fougère azolle, cultivée en monoculture et incorporée comme engrais organique avant le repiquage du riz, fournissait la moitié des besoins d’engrais azoté du riz; l’autre moitié était fournie par de l’engrais chimique. La fougère servait d’agent de lutte contre les mauvaises herbes et d’alimentation aux tilapias et aux canards. Les canards se déplaçaient librement en quête de nourriture dans les rizières pendant la période de jachère, avant le repiquage du riz. Une cabane à canards avait été construite à l’aide de matériaux locaux bon marché au-dessus de l’étang d’élevage où se tenaient les canards quand ils ne sortaient pas chercher leur nourriture.

La ponte des canes dépassait les 60 pour cent, par rapport à une moyenne nationale de 35 pour cent pour celles qui sont élevées dans des systèmes de gestion plus traditionnelle. La formation de troupeaux de canards a permis de réaliser des économies de nourriture et de lutter efficacement contre les limaces herbivores de la pomme cythère. 400 colverts par hectare de rizière, qui cherchent leur nourriture pendant 30 à 48 jours de jachère avant le repiquage, font baisser la densité des limaces de la pomme cythère à un niveau tel qu’elles ne nuisent plus aux jeunes plants de riz.

L’étude a montré qu’en intégrant le tilapia du Nil, la fougère azolle et les colverts dans un même système, la production du riz est supérieure à celle obtenue en pratiquant la monoculture classique du riz, la rizipisciculture et la riziculture associée à l’élevage des canards (Cagauan, Branckaert et Van Hove, 1998).


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