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DOCUMENT 8: RÉSUMÉ CHRONOLOGIQUE DE LA PLANIFICATION ET DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE


SODEVPLAN-I

C'est le premier plan quinquennal de développement, introduit en 1971. Il fixe des objectifs indicatifs pour l’agriculture et l’industrie, et spécifie des investissements publics et des politiques à appliquer pour atteindre ces objectifs. Les objectifs stratégiques étaient de supprimer progressivement le contrôle étranger sur tous les secteurs de l'économie, et d’utiliser des fonds de l'état pour l’investissement dans les capacités productives afin d’atteindre une autosuffisance pour les produits industriels clé. Dans le domaine agricole, les trois objectifs principaux étaient: (i) l’autosuffisance en produits alimentaires essentiels; (ii) une dépendance réduite sur les exportations vers le marché mondial (vu comme une source d'instabilité des prix domestiques, de l’emploi et des revenus); et (iii) le développement rural. La politique économique devait être plus interventionniste, utilisant davantage des licences d’importation, les quotas à l’importation et l'allocation de monopoles temporaires comme autant d’incitations pour les investisseurs locaux. Généralement, l’accent était mis sur l'importance de réaliser des économies d'échelle et d’améliorer la coordination par la mise en place de grandes compagnies et organismes unifiés et à dimension nationale. SODEVPLAN-I reçut un appui considérable de la part des agences internationales de développement, particulièrement en ce qui concerne l’infrastructure et le programme de développement rural intégré (PDRI). SODEVPLAN-I réalisa la plupart de ses objectifs de croissance sectorielle, et dépassa même un certain nombre de ses objectifs en matière d’investissements publics pour la création de capacités de production. Le PDRI fut généralement considéré comme un succès, surtout par les agences internationales de développement qui l’avaient appuyé. Le «Modèle Southlandien de PDRI» fut rapidement adopté et transféré à d’autres pays. Par la suite, cependant, les experts de ces mêmes agences de financement changèrent d’avis et ont depuis exprimé leur scepticisme quant au succès du PDRI au Southland.

SODEVPLAN-II

C'est le deuxième plan quinquennal de développement, qui couvre la période 1976-80. Il constitua une évolution par rapport à l’approche réussie qui avait été suivie dans le SODEVPLAN-I. Ce plan s’attaqua à un certain nombre de problèmes identifiés par le gouvernement au milieu des années 1970. Tout d’abord, le gouvernement s’inquiétait de ce que la croissance de l'emploi se trouvait en dessous de celle de la production. Deuxièmement, il y avait le problème de la forte migration des zones rurales vers les villes, et des conditions de vie dans le secteur urbain informel. Troisièmement, enfin, le contrôle de la capacité productive par l’étranger subsistait dans différents domaines. Les deux premières questions furent traitées grâce à un ensemble des mesures: (i) l'accent mis sur le développement rural dans le cadre du PDRI devait porter davantage sur un essor des cultures à forte exigence en main d’œuvre, à travers des dépenses accrues en terme de crédit et de subventions sur les intrants; (ii) le FSB devait faire preuve de plus d’activisme et stimuler la production agricole en offrant aux producteurs des prix incitatifs tout en s’assurant que cela n’entraînerait pas de hausse des prix de la nourriture dans les zones urbaines (l’idée que cela exigerait le paiement par l’état de subventions au FSB qui s’était jusque là, pour la plus grande part, autofinancé était généralement acceptée). Le problème du contrôle par l’étranger fut traité en introduisant un système plus strict de contrôle des investissements étrangers, en réduisant la possibilité de rapatriement des profits et dividendes, et en fixant des dates butoir auxquelles les parts majoritaires dans certains secteurs devaient être transférées à des citoyens southlandiens. Ces dates butoir furent fixées à 1978 pour les exploitations agricoles et à 1980 pour les banques. SODEVPLAN-II fut un succès exceptionnel en terme de croissance globale.

SODEVPLAN-III

C'est le troisième plan quinquennal de développement, couvrant la période 1981-85. La pensée à la base de ce plan fut développée à la fin des années 70, une période qui vit la croissance économique la plus rapide de l'histoire du Southland. À cette période, l’optimisme était de rigueur par rapport aux perspectives d’une croissance économique continue. Ce nouveau plan ne proposa donc guère que peu de modifications à ce qui était considéré comme la bonne formule de croissance conçue dans le SODEVPLAN-I et raffinée dans le SODEVPLAN-II. Si changement il y eut dans la coloration de la politique suivie, c'était un fort accent mis sur les questions de distribution du revenu. Plusieurs études avaient en effet révélé que le nombre absolu de ménages ruraux en dessous du seuil de pauvreté avait augmenté au cours des années 70, en dépit d'un bon taux de croissance de la production agricole totale. De plus, le secteur informel dans les principales villes southlandiennes avait continué à croître à un taux alarmant, et il apparaissait clairement que les moyens d’existence de beaucoup de ménages du secteur informel dépendaient crucialement de la capacité du FSB à maintenir le prix de principaux aliments de base à un bas niveau, et d’assurer un approvisionnement aux prix officiels et en quantités suffisantes. En 1980, il y eut de graves émeutes, provoquées par l'incapacité du FSB d’approvisionner suffisamment les marchés de gros de la capitale. Paradoxalement, cela se produisit lors d’une année d’excellente récolte céréalière au cours de laquelle le Southland disposa même d’un petit surplus d’exportation! L'explication de ce paradoxe était que le FSB avait connu de sérieuses difficultés financières, l'achat de la récolte exceptionnellement bonne ayant épuisé l'intégralité de ses réserves financières ainsi que le prêt complémentaire que lui avait consenti la Banque centrale, alors même que le FSB perdait pendant deux années consécutives, 1979 et 1980, sa principale source de profit, à savoir l'importation de produits alimentaires à partir du marché mondial à des prix en dessous des prix de gros nationaux.

Par conséquent dans SODEVPLAN-III l’accent fut mis sur la notion de «besoins de base», thème qui correspondait bien avec la philosophie en cours dans les agences internationales de développement qui supportaient la stratégie de développement adoptée par le Southland. Des investissements considérables furent programmés dans le domaine de l’infrastructure rurale: eau, santé et écoles. Pour les régions urbaines, un programme d’amélioration des quartiers pauvres fut élaboré. Le FSB jouait un rôle central dans la stratégie gouvernementale de réduction de la pauvreté: reconnaissant la situation d'insécurité alimentaire de beaucoup de ménages ruraux, révélée par des enquêtes, le gouvernement confia au FSB la responsabilité d’assurer la disponibilité de la nourriture de base à des prix officiels sur les marchés des centres ruraux. On convint que le FSB aurait besoin d'un programme d'investissement en matière de stockage rural et de transport, et qu’il lui faudrait également des subventions régulières plus grandes.

Contrairement à ses prédécesseurs, SODEVPLAN-III ne fut que partiellement réalisé et fut éventuellement dépassé par la nécessité de changer les politiques suivies en réaction à la détérioration de l’économie. La première année du plan, 1981, fut la première dans laquelle le gouvernement prit conscience d’une situation de crise économique. Le déficit budgétaire avait augmenté de 3 à 6 pour cent du PIB (Figure 2[2]), la balance des paiements s’était nettement détériorée (Figure 3) et le taux d’inflation s’était accéléré (Figure 4) alors que les termes internationaux de l’échange étaient devenus défavorables (Figure 17). Les dépenses courantes de l’état augmentèrent brusquement, tout particulièrement le service de la dette (Figure 7) et des dépenses relatives aux subventions alimentaires distribuées au moyen du FSB (Figure 15). A partir de 1981, les investissements publics entrèrent dans une phase de déclin qui allait se poursuivre sur une longue période (Figures 4 et 5), leur part dans le PIB ne cessant de diminuer et, par conséquent, la plupart des infrastructures correspondant aux besoins de base prévus dans SODEVPLAN-III ne furent pas crées. La baisse des investissements publics fut en partie due à la pression créée par les dépenses courantes qui contribuaient à asphyxier l’investissement. Un autre facteur fut un changement dans les politiques poursuivies par les agences internationales de développement qui, à la demande du gouvernement, commencèrent à fournir un appui à la balance des paiements sur la base de mécanismes de prêts liés à des réformes de politique. Dans les faits, ce nouveau type de prêts n’était pas additionnel aux engagements que les donateurs avaient pris sur les dépenses d’investissement: les projets financés par l’extérieur furent donc retardés, rééchelonnés, et dans certains cas annulés.

LES RELATIONS AVEC LE FMI JUSQU'A LA RUPTURE DE 1986

Le Southland est devenu membre du FMI en 1962, mais le gouvernement n’eut besoin d’avoir recours aux facilités du FMI pour la première fois qu’en 1982, du fait de la détérioration de la balance des paiements (Figure 3). Un prêt de 12 mois fut accordé, à condition que le gouvernement procède à une dévaluation de 24 pour cent (Figure 6), à des hausses de taux d’intérêt destinées à limiter la demande du secteur privé (Figure 8) et à des réductions du déficit budgétaire (Figure 2). Par la suite, des progrès substantiels furent réalisés vers l’atteinte des objectifs décidés avec le FMI.

Les relations avec le FMI devinrent plus difficiles en 1986. Le gouvernement s’était rendu compte de l’impossibilité de limiter ses dépenses dans les limites fixées par le FMI. Alors que l’investissement public était maintenu à l’intérieur de la fourchette établie, il s’avéra impossible de limiter la croissance des dépenses courantes. Dans l’agriculture, la cause en était la croissance continue du déficit du FSB, des subventions à AGRI-CREDIT, le déficit de fonctionnement des ZOIGMAS et les prêts au WRVA qui était au bord de la faillite.

PIRN

Plan intérimaire de redressement national. Ce «plan d’austérité» fut introduit en 1986, après la rupture de l’accord entre le gouvernement et le FMI. Les objectifs du PIRN étaient l’atteinte d’une autosuffisance accrue en produits agricoles et industriels de base, le contrôle de l’inflation par le contrôle des prix et la stabilisation du taux de change, et la limitation des augmentations des salaires dans les secteurs publics et privés, en retour à des limitations strictes sur les possibilités d’augmentation des prix des denrées alimentaires de base vendues par l’intermédiaire du FSB. Les dépenses de l’état devaient être réduites grâce à la re-programmation des investissements, et les dépenses du secteur privé limitées par des plafonds sur les prêts du système bancaire stricts, sauf dans le cas des «activités productives essentielles».

Au début, le PIRN semblait devoir être couronné de succès. La croissance du PNB par habitant fut positive en 1986, 1987 et 1988, aidée, entre autres facteurs, par une forte performance des exportations agricoles. Malheureusement, d’autres résultats étaient négatifs. Vers le milieu de l’année 1988, les réserves nettes de devises se situaient à «moins un mois d’importations». Il était clair que la position de la balance des paiements était intenable, et qu’une période d’ajustement très difficile s’annonçait pendant laquelle les devises seraient extrêmement rares. Le gouvernement et le MPD étaient tous deux divisés sur la manière d’avancer. Une faction favorisait une évolution vers une «économie de siège», avec un renforcement supplémentaire du rationnement des devises, une priorité renouvelée sur la substitution à l’importation, une recherche plus énergique des relations commerciales Sud - Sud et un éventuel refus de remboursement de la dette extérieure. En face, il y avait une «faction libérale» dans le MPD, qui favorisait la réouverture du dialogue avec le FMI et l’ouverture de négociations avec un éventail d’agences internationales de développement sur l’aide à un programme de libéralisation économique. Finalement, les arguments de la «faction libérale» l’emportèrent et, à la fin de 1988, les relations furent rétablies avec le FMI, la Banque mondiale et d’autres organisations de donateurs sur l’appui à un programme de restructuration et de libéralisation économique.

Lors de la réouverture des négociations avec le FMI vers la fin de 1988, les deux parties étaient d’accord sur l’objectif immédiat de mettre en place un niveau minimal de sauvegarde des réserves en devises pour la balance des paiements, et d’appuyer cette mesure par un programme de profonde réforme des politiques à réaliser sur une période d’environ cinq ans. En réalité, les négociations se prolongèrent au cours des années 1989 et 1990, sans qu’un accord ait pu être trouvé. L’enveloppe proposée par le FMI qui comprenait des restrictions de crédit, des coupes profondes dans les dépenses publiques et la dévaluation de la monnaie nationale était impossible à faire accepter aux membres sceptiques du gouvernement (même dans la «faction libérale»). En 1990, la crise économique atteignit un nouveau niveau d’intensité. Le PIB chuta considérablement, alors que la capacité productive dans l’ensemble de l’économie du pays connaissait une sous-utilisation croissante.

LES ASPECTS AGRICOLES DES CRISES ECONOMIQUES DES ANNEES 90

Dans le secteur agricole, la récolte de 1990 fut presque aussi mauvaise que celle, désastreuse, de 1989 (voir Figure 10). Après des années relativement bonnes en 1991-1993, le pays connut une sécheresse sévère en 1994-1995 avec comme résultat une récolte de céréales à 40 pour cent en dessous du niveau normal. Depuis lors, après une année relativement bonne en 1996, la production céréalière annuelle diminua progressivement vers les niveaux atteints dans les années 70. Les conditions climatiques, en général moyennes et/ou au dessus de la moyenne pendant ces dernières années, représentaient un facteur inquiétant. Ainsi la détérioration dans le secteur agricole était principalement due à la dégradation de l’environnement économique général dans lequel le secteur opère. Avec une vieille flotte de camions (dont 65 pour cent étaient inopérants du fait d’une pénurie des pièces de rechange), le FSB n’a pas su remplir son obligation d’achat de la production dans les régions à coûts de transport élevés. De plus, vers 1990, il s’est trouvé à court de liquidité en plein milieu de la campagne d’achat et a dû donner aux fermiers des bons de paiement à la place d’argent. La transformation du FSB en FSA (Food Security Agency = Agence pour la sécurité alimentaire) en 1997 fut suivie, en 1998 et au cours des années suivantes, par une forte régression de la production.

Le sentiment général est que les services apportés par l’état aux producteurs agricoles se sont détériorés très sérieusement au cours des années. L’approvisionnement en intrants agricoles s’est avéré irrégulier et insuffisant (et souvent lié au paiement de pots de vin). Les chercheurs et les vulgarisateurs furent démoralisés par les réductions budgétaires portant sur leurs moyens de travail, et furent de moins en moins visibles dans les zones rurales. Beaucoup de bons vulgarisateurs quittèrent les services de l’état pour aller travailler avec des ONG. Bien que les fournitures d’eau et d’électricité aux zones irriguées se soient améliorées pendant la première phase de PIRN, celles-ci régressèrent après 1988.

L’approvisionnement en nourriture des marchés fut en général maintenu à un niveau satisfaisant, quoiqu’il fût médiocre à plusieurs reprises en 1989 et 1990. Les approvisionnements en vivres se virent facilités par des importations accrues (Figure 10). Le FSB s’était rendu compte que les importations (en particulier l’aide alimentaire) étaient un moyen de plus en plus attrayant d’assumer son mandat en zones urbaines, les coûts et la fiabilité des approvisionnements par les importations étant plus attractifs que les achats locaux. Des voix commencèrent à s’élever pour accuser le FSB d’ignorer la dimension rurale de son mandat, tant comme acheteur que comme fournisseur. Des études menées par des instituts de recherche indépendants révélèrent que dans les zones rurales (en particulier en ZN 3) l’insécurité alimentaire s’aggravait parmi les 40 pour cent de ménages plus pauvres. Finalement, avec la réforme du FSB et la création du FSA en 1997, et à cause des réticences du secteur privé à entrer dans la commercialisation des céréales, les producteurs virent, dans plusieurs régions rurales, les prix chuter et les incitations à produire un surplus s’évanouir. Ils eurent alors tendance à retourner vers une agriculture de subsistance, particulièrement pour les plus petits d’entre eux, pour lesquels une agriculture intensive à forte utilisation d’intrants (basée sur le système variétés hybrides et engrais) n’est guère rentable dans les conditions économiques régnantes. Les zones les plus sérieusement touchées furent celles situées dans les régions du pays les plus éloignées où les coûts de transport font de la commercialisation des céréales une activité dont le profit est douteux.

Dans ce sombre contexte, il y a néanmoins quelques signes positifs qui soulignent des opportunités. Par exemple, la production du tabac par les petits fermiers a considérablement augmenté depuis 1995, principalement du fait que la compagnie privée qui avait acheté TOBACSO s’est engagée par contrats de production avec des producteurs organisés en petits groupes appuyés par une ONG internationale. Des succès semblables ont été observés pour la canne à sucre et, dans une mesure plus limitée, pour le coton.

Le Programme Spécial de Sécurité Alimentaire (PSSA) appuyé par la FAO a démontré que, dans la mesure où les producteurs avaient les intrants agricoles et les semences requises, il était possible d’augmenter la production agricole. Le programme a donc aidé à renforcer les arguments de ceux qui croient que la politique agricole devrait être réformée et que le secteur agricole devrait se voir accorder un rôle central dans la stratégie de développement du pays, si les objectifs de réduction de la pauvreté doivent effectivement être atteints. Les leçons tirées du PSSA devraient être incorporées dans la nouvelle stratégie agricole ou de sécurité alimentaire.

Les années récentes ont vu l’industrialisation croissante des zones rurales, surtout dans les zones périphériques des petites villes. Les activités productives sont en général fortement demandeuses en main d’œuvre et incluent le textile, le tannage, la fabrication de chaussures, la production d’habits et des opérations d’assemblage de base. Une part disproportionnée des emplois créés vont aux hommes, à cause de leur plus grande mobilité, et la majorité des travailleurs sont des émigrés à la recherche d’emploi hors de leur exploitation agricole, dans la mesure où les conditions de culture dans les ZN 3 et 4 ont empiré et que les chances de trouver un emploi agricole dans ces zones ont diminué. On s’est inquiété de la nécessité de protéger l’environnement dans les régions rurales nouvellement industrialisées. Le suivi de la situation est inadéquat et les ressources hydriques sont particulièrement vulnérables. En plus, quelques environnementalistes ont soutenu que ce processus d’industrialisation, en bordure des zones urbaines, se faisait au détriment du développement du secteur agricole, du fait de l’attraction qu’exerçaient ces nouveaux secteurs d’activités sur la force de travail agricole. Toutefois, jusqu’à présent ces inquiétudes ne semblent pas fondées, dans la mesure où la croissance de l’industrie rurale a été et semble demeurer très faible suite à la disponibilité limitée d’énergie.

PROGRAMME DE REFORME DE L’AGRICULTURE

L’appui du FMI fut d’abord fourni à l’aide d’une Facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) et, plus tard, à travers une Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC). La Banque mondiale avait initialement envisagé d’offrir une série de prêts: sous son programme de Prêt d’ajustement sectoriel (SECAL), un prêt fut accordé pour réhabiliter le secteur industriel en 1993. Ce prêt était lié à de fortes réductions de la protection accordée à l’industrie domestique; d’autres SECAL destinés aux secteurs agricole et alimentaire devaient également suivre. Initialement, en 1994 et 1995, la Banque mondiale désirait se concentrer sur l’aide aux réformes dans les secteurs agricole et alimentaire, avec un second SECAL qui serait disponible après l’approbation par la Banque mondiale d’un Document cadre des politiques agricoles. Ce document aurait dû être présenté à la deuxième table ronde des donateurs en 1994. Entre-temps, la Banque mondiale avait introduit un nouvel instrument de prêt sous le nom Programme d’investissement sectoriel par lequel l’ensemble des donateurs soutiennent une stratégie de réforme d’un secteur. Ceci a mené au lancement du Programme d’investissement pour le secteur agricole (PISA) en 1998 en appui au développement des secteurs agricole et alimentaire.

Le processus de réforme macroéconomique et du secteur industriel fut lancé rapidement. Les comptes des transferts courants et de transferts de capitaux furent libéralisés. Le taux de change fut lui aussi libéralisé et déterminé par le marché plutôt que sous le contrôle de la Banque centrale. Commença alors, en février 1993, une série de dévaluations et des bureaux de change furent autorisés à fonctionner pour faciliter le change des devises étrangères.

Dans le domaine de l’industrie, les réformes semblent avoir été couronnées de succès si l’on considère les objectifs poursuivis: une protection limitée aux frontières a signifié des importations moins chères; une plus grande compétition interne fut créée par un programme de privatisation; un code des investissements extérieurs fut adopté qui supprimait les restrictions dont souffrait l’IDE. Pourtant, les infrastructures restèrent faibles et une sensation de risques excessifs fit que le secteur privé ne montra que des signes timides d’intérêt pour investir. L’industrie semble toutefois avoir assez bien réagi aux opportunités d’exportations et les exportations manufacturières ont connu une certaine augmentation. Peu de progrès, en revanche, ont été faits par rapport aux objectifs fiscaux, ce qui soulève ainsi la question du réalisme des objectifs d’augmentation de collecte de taxes convenus avec le FMI.

En tant que membre fondateur de l’Organisation mondiale du commerce, du CCM et du SCC, le gouvernement s’est engagé dans la libéralisation du commerce. Ceci a impliqué l’abolition des systèmes de licences à l’importation et le démantèlement des barrières commerciales, avec un passage à l’utilisation de tarifs sur quelques produits manufacturés qui furent substantiellement réduits. Dans le domaine agricole aussi, les tarifs ont été réduits conformément aux engagements pris à l’OMC et aux accords régionaux. La libéralisation du commerce a ouvert l’économie à une compétition accrue de l’extérieur, ce qui a fait quelques victimes: quelques sociétés ont disparu du fait de la compétition, ce qui a entraîné une augmentation du chômage, surtout en zone urbaine. Ceci a convaincu le gouvernement à signer, avec d’autres pays, une proposition pour établir à l’OMC une «Boîte de développement» qui négocie dans le cadre des négociations commerciales multilatérales en cours. La libéralisation du commerce, combinée avec des taux d’intérêt élevés, a eu un effet inflationniste sur l’économie et a par conséquent causé une appréciation du taux de change réel, en dépit de la série de dévaluations nominales.

Encouragé par ce qui semble être un succès de la privatisation des entreprises d’état dans le secteur industriel, le gouvernement a aussi inclus dans son programme la privatisation de TEXTCO, SOSUCO, TOBACSO et de quelques fermes étatiques, avec l’objectif de permettre aux secteurs agricole et alimentaire de bénéficier plus pleinement du processus de réforme en cours dans d’autres domaines de l’économie.

Parallèlement aux réformes industrielles et macroéconomiques, le gouvernement a conçu un ambitieux Programme d’élimination de la pauvreté (PEP) avec l’objectif de réduire les impacts sociaux négatifs des politiques telles que la rationalisation fiscale et la privatisation. Ceci reflète un retour à la philosophie des «besoins de base» qui avaient une place centrale dans le SODEVPLAN-II. Cependant, le gouvernement se rend compte qu’il ne peut pas entreprendre de manière plausible d’immenses programmes de subvention pour réduire la pauvreté. Il y a des pressions considérables aussi bien sur le plan national qu’international pour éviter de telles politiques qui se sont avérées impossibles à assumer dans le passé. Le gouvernement du Southland a donc commencé à explorer des voies nouvelles, efficaces et durables pour réduire les effets socialement défavorables de sa politique économique. Un financement d’un montant total de cinq millions de dollars EU par an sur cinq années a été débloqué à travers un Fonds social de développement (SDF). Les projets ont pour l’instant porté sur des programmes de «nourriture pour le travail» et d’«argent pour le travail» dans les régions rurales et de cantines scolaires gratuites dans le but d’essayer de s’attaquer aux besoins de base des groupes vulnérables, particulièrement ceux dans les régions urbaines. En général pour que de telles mesures soient efficaces, il est nécessaire que le gouvernement assure leur meilleure intégration dans le programme de réforme des politiques.

En 1994 et 1995, le processus de réforme a souffert d’un revers inattendu sous la forme d’une sécheresse sévère qui a eu des effets profonds sur l’économie, affectant indirectement les marchés et le contexte de politique économique. Le Southland reçut 360 000 tonnes d’aide alimentaire dont la présence rapide a permis d’éviter beaucoup de souffrance humaine potentielle.

En plus d’être distribuée par le FSB et le PEP, l’aide alimentaire fut également vendue sur le marché avec la production locale. La faible infrastructure de commercialisation en zones rurales signifia que l’efficacité de cet appui fut quelque peu amoindrie. Ceci mit en lumière la faiblesse inhérente de l’économie. En dépit de l’aide alimentaire et des importations accrues, en particulier de céréales, les prix alimentaires augmentèrent dramatiquement du fait de leur rareté, ce qui entraîna une dégradation des revenus réels et créa une pression immense sur le gouvernement pour qu’il attribue davantage de ressources aux subventions alimentaires, en contraste flagrant avec sa politique d’austérité fiscale. La migration augmenta encore la pression démographique dans les zones urbaines et dans les ZN 1 à 3. La pénurie et le rationnement de l’électricité frappèrent la production manufacturée. Il y eut une dévaluation à la hauteur de la crise, l’inflation atteint un record de 21 pour cent qui n’avait plus été connu depuis dix ans, et le gouvernement commença à s’inquiéter des prix des produits alimentaires.

En contraste avec le désastre total de 1994-1995, les conditions climatiques furent excellentes en 1996. Bien que la production agricole ne retrouva pas son niveau d’avant la sécheresse, elle s’améliora substantiellement, contribuant à une réduction des volumes d’importation. Cependant, le relâchement de la politique fiscale pendant la campagne des élections de 1995 entraîna pour le Southland une perte de compétitivité à l’exportation.

Dans l’ensemble, le pays connut une stabilité macroéconomique très relative et l’on observa une croissance régulière du PIB seulement pendant la période 1992-1999. La croissance ralentit en 2001 et 2002 malgré les résultats relativement bons de l’agriculture. Les dévaluations nominales du taux de change furent érodées par l’inflation et n’entraînèrent que peu d’amélioration dans les termes de l’échange, en particulier durant les deux dernières années où l’inflation avait accéléré d’environ deux points pour approcher les 10 pour cent et le taux réel de change avait continué à s’apprécier. Les dépenses publiques en termes réels n’avaient guère chuté malgré le succès apparent du processus de réforme. Désirant éviter une répétition du fiasco de 1986, le gouvernement reprit une fois encore son programme d’austérité fiscale en 2001. Les dépenses d’investissement public continuèrent à chuter, atteignant un plancher historique de 0,7 pour cent du PIB en 2001. Cependant, la reprise des subventions à l’alimentation et l’augmentation des dettes mirent encore une fois le gouvernement dans une situation financière difficile.

Par ailleurs, le processus progressif, mais lent, de décentralisation n’a pas encore conduit à une meilleure formulation de projets locaux qui correspondent davantage aux besoins de la population locale. La nouvelle phase de décentralisation, qui devrait commencer très prochainement, envisage un rôle croissant des gouvernements locaux, ce qui comporte le risque de voir une grande masse de ressources allouées à l’infrastructure (santé, éducation et peut-être transport) et peu de moyens à l’agriculture, comme cela a été observé dans plusieurs autres pays.

Jusqu’à présent, l’agriculture n’a guère répondu de façon significative à la libéralisation du commerce et à la mise en œuvre du PISA. Bien que les intrants à bon marché soient maintenant disponibles, en partie grâce à la libéralisation mais aussi du fait de la réforme de la politique industrielle, ils ne semblent pas parvenir jusqu’à la masse des petits et moyens producteurs, cela malgré le PSSA de la FAO, les projets des ONG et les contrats de production et autres accords d’intégration signés avec les producteurs. Les plus grands exploitants des zones ZN 1 et ZN 2 ont cependant augmenté leur recours aux intrants agricoles modernes. La réaction de la production rurale aux prix plus élevés reste limitée. Le niveau d’organisation des producteurs reste faible, surtout dans le cas des petits exploitants.

La production agricole, surtout céréalière, ne progresse pas au même rythme que la croissance démographique. La faible réaction de l’offre agricole au processus de réforme a, pour le moment, été mise au compte du besoin de réforme dans ce secteur. L’espoir des décideurs était que les petits producteurs bénéficieraient de prix plus incitatifs, mais, malheureusement, cela n’a pas été le cas. Les revenus dans les régions rurales ont continué à chuter par rapport à ceux des régions urbaines et rurales industrialisées. Les fermes d’état ont été privatisées, mais peu de terres ont été redistribuées, les chefs de ménage de sexe masculin étant les seuls à recevoir des lots. Les réformes mises en œuvre dans le cadre du PISA ont produit des résultats décevants: le crédit a diminué, de même que l’utilisation d’intrants, et les services agricoles se sont encore dégradés. Le secteur public s’est retiré, mais ni le secteur privé ni les associations/groupes professionnels n’ont été en mesure de remplir le vide ainsi créé. Le système tout entier nécessite d’être repensé. Les leçons des quelques cas de succès doivent être tirées et généralisées.


[2] Figure se trouvant dans l’annexe statistique distribuée séparément.

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